DAPP chez le chien et le chat

DAPP chez le chien et le chat

• La dermatite allergique aux piqûres de puces (DAPP) est une cause majeure de prurit chez les chiens et la principale cause chez les chats.
• Bien connue des vétérinaires, la DAPP est parfois difficile à diagnostiquer en raison du manque de tests spécifiques et de l'absence de visualisation des puces.
• Même avec un traitement préventif bien conduit, il est parfois difficile de faire comprendre aux propriétaires que leur animal souffre de cette dermatite.

Biologie de Ctenocephalides felis felis

• Les puces adultes ne représentent qu'environ 5% de la population parasitaire totale.
• Le cycle de vie minimal des puces est de 14 jours à 27°C.
• En habitat standard, le cycle de vie dure 3 à 5 semaines selon la température et l'humidité.
• En l'absence de stimulation, le cycle de vie peut durer plus de 6 mois.
• L'accouplement et la ponte se déroulent sur l'hôte.
• La ponte peut commencer 20 heures après l'éclosion.
• Une femelle pond 20 à 30 œufs par jour.
• Les œufs tombent de l'animal en raison de l'assèchement du chorion, au gré des mouvements de l'animal.
• L'éclosion se produit en 1 à 6 jours (1 jour à 27°C, 3 jours à 19°C).
• Une exposition à 3°C pendant 24 heures est fatale pour 60% des œufs, mais 40% survivent.
• Les larves sont apodes et possèdent des pièces buccales broyeuses.
• Les larves présentent photophobie et géotropisme positif.
• Les larves se nourrissent de squames, de débris alimentaires et de déjections de puces adultes riches en hémoglobine.
• Les larves peuvent ingérer des embryophores de Dipylidium caninum.
• Il existe 3 stades larvaires, le dernier pouvant mesurer 5 mm.
• La vie larvaire dure entre 10 et 20 jours.
• La larve III tisse un cocon qui agglutine poussières et débris et colle au substrat, formant une structure résistante.
• L'éclosion est stimulée par des trépidations, la chaleur, et le CO2.
• La survie des imagos à jeun est de 50% à 12 jours (19°C) ou 10 jours (27°C).
• La piqûre après l'éclosion se produit en moins d'une minute (97% des puces sont gorgées en 1 heure).
• La survie sur l'hôte est de 6 à 8 jours chez le chat (113 jours sur des chats avec collerettes).
• 25% des puces déposées sur un chat sont encore vivantes après 7 jours.
• Les puces prennent plusieurs repas sanguins par jour.
• Le repas est initié par l'injection de salive contenant de l'estérase et de l'hyaluronidase.
• Les femelles peuvent multiplier leur poids par 15, avec une consommation d'environ 13,5 μl/jour.
• Les déjections sont émises en continu, dès 8 à 10 minutes après le début du repas.
• Il existe des risques de transmission de divers agents pathogènes par piqûre et déjections.
• Les agents comprennent Dipylidium, FeLV, calicivirus félin, Mycoplasma hémotropes, Yersinia pestis, Rickettsia typhi et Bartonella henselae.

Pathogénie, Clinique et Diagnostic de la DAPP

• La DAPP peut être déclenchée par une exposition séquentielle ou continue aux piqûres de puces.
• Certains chiens exposés en permanence peuvent développer une forme de "tolérance".
• La réaction allergique est liée à une protéine de 18 kD (Ctefl) dans la salive de puces.
• Cette protéine induisant 100% de positivité en IDR sur des chiens sensibilisés expérimentalement et 80% sur des chiens cliniquement atteints.
• En Floride, 40% des chiens sains et 80% des chiens atopiques présentent une IDR positive aux puces.
• Un état atopique pourrait prédisposer à l'expression d'une DAPP.
• Classiquement, la réaction allergique lors de DAPP se compose d'une réaction immédiate et d'une réaction retardée.
• Chez le chien, les lésions se trouvent surtout dorso-lombaires, à la base de la queue, sur le périnée et la face postérieure des cuisses, avec grattage des flancs et mordillement des membres possibles.
• La présence d'un prurit dorso-lombaire est spécifique à plus de 85% pour une DAPP.
• Un prurit du visage se manifeste dans 10-20% des cas, des oreilles, des doigts et du ventre se manifeste dans 20-30% des cas.
• Un prurit facial et/ou podal n'exclut pas la possibilité d'une DAPP.
• Une localisation dorso-lombaire, même si évocatrice, n'élimine pas complètement une telle hypothèse.
• Une atteinte papuleuse ombilicale avec réflexe de grattage est évocatrice de DAPP.
• Les complications sont les surinfections bactériennes superficielles voire profondes et la dermatite pyotraumatique
• Surtout chez le berger allemand, des lésions nodulaires fibro-prurigineuses dorsales peuvent apparaitre.
• Le diagnostic est avant tout clinique autant chez le chien que chez le chat.
• La présence de déjections de puces (observation microscopique de préférence) est un élément positif pour la suspicion clinique.
• Une absence de déjections de puces n'élimine pas une DAPP.
• L’histopathologie est non spécifique avec un aspect allergique avec, éventuellement, une prépondérance éosinophilique
• L'intérêt de tester la salive de puces en IgE ou en IDR est très modeste pour plusieurs raisons:
  • Les tests n'explorent pas Ctefl, mais un extrait total de broyats de puces.
  • La spécificité et la sensibilité varient selon les laboratoires.
  • Les IDR doivent être observées à 15 minutes, 24 heures et 48 heures.
  • la spécificité et la sensibilité du dosage IgE n'ont pas été étudiées depuis plus de 20 ans.
• En conclusion, le diagnostic de la DAPP est clinique et anamnestique, sans nécessité d'IDR ni de dosage d'IgE.

Traitement médical

• Le traitement médial consiste à:

  • Protéger contre les nouvelles piqûres (insecticides)
  • Stopper le mécanisme allergénique
  • Diminuer le prurit
  • Gérer les complications courantes

• Il est important de stopper le prurit et de cibler le mécanisme allergique.

• Une charge allergénique de déclenchement est importante dans toute réaction allergique.

• Un nombre N d'allergènes est nécessaire pour une poussée, et N/X pour maintenir les symptômes.

• Casser ce mécanisme allergique est important, car un petit nombre de piqûres suffit au maintien des symptômes.

• Traitements suggérés :

  • Oclacitinib pour une poussée prurigineuse récente.
  • Corticothérapie topique (acéponate d'hydrocortisone) pour une inflammation localisée.
  • Corticothérapie orale (0,5-1 mg/kg/j de prednisolone) sur 5 à 10 jours pour une inflammation nette et un prurit ancien.

• Gérer les complications éventuelles comprend:

  • Utiliser des shampooings, un topique antibiotique, et antibiothérapie systémique en fonction de l'aspect clinique)

• Utiliser la tonte et le nettoyage local lors de dermatite pyotraumatique est indispensable.

Insecticides

• Le spinosad et les isoxazolines sont les familles de choix pour la prévention des puces.
• L'intéret est du à leur rapidité d'action (speed of kill).
• La forme en comprimé est adaptée lors de shampooings nécessaires.
• Les produits d'action ne permettent pas d'éviter les piqures lors d'une exposition, 97% des puces écloses piquent en moins d'1 h (certaines même en moins d'1 minute!
• Il est possible d'associer un autre antiparasitaire si d'autres protections sont recherchées (moustiques, phlébotomes):
  • Pyrèthrinoïdes : Effet knock-down et action sur moustiques avec attention à la toxicité chez les chats et les poissons.
    • Deltaméthrine (Scalibor®), Fluméthrine (Seresto® chat-chien).
    • Perméthrine (Activyl Tick Plus®, Advantix®, Duowin®, Effitix®, Frontline Tri-Act®, Pulvex shampooing®, Vectra 3D ®).
  • Néonicotinoïdes :
    • Imidaclopride (Advantage®, Advantix®, Advocate®, Seresto®).
    • Nitenpyram (Capstar®) : Rapidité d'action, mais pas de durée.
    • Dinotéfurane (Vectra 3D®, Vectra felis®): bon compromis.
  • Phénylpyrazoles :
    • Fipronil (Broadline®, Effipro ®, Effitix®Eliminall ®, Flevox ®, Frontline ®, Frontline Combo ®, Frontline Tri-Act ®, Strectis®).
    • Pyriprole (Prac-tic ®).
  • Oxadiazine : Indoxacarb (Activyl® Activyl Tick Plus ®) : nécessite une bio-activation.
  • Lactones macrocycliques :
    • Avermectines : Sélamectine (Stronghold ®), Moxidectine (Advocate ®).
    • Spinozynes : Spinosad (Comfortis ®) (Trifexis supprimé).
  • Isoxazolines :
    • Fluralaner (Bravecto ®).
    • Afoxolaner (Nexgard®, Nexgard Spectra ®).
    • Sarollander (Simparica ®, Strongold Plus ®.
    • Lotilaner (Credelio ®).
  • Régulateurs de croissance :
    • Analogues de l'hormone juvénile :
      • Méthoprène ou S-méthoprène (Broadline®, Frontline Combo®, Strectis®).
      • Pyriproxifène : Duowin spray®, Effipro Duo ®, Vectra 3D ®, Vectra felis ®.
    • Inhibiteurs de synthèse de chitine :
      • Lufenuron (Program ®).
  • Traitement de l'environnement : Attention à la toxicité des pyréthrinoïdes.
    • Perméthrine + pyriproxifène : Parastop Plus ®.
    • Tétraméthrine + S-méthoprène : Tiquanis Habitat ®.
• Un chien traité permet de stériliser le milieu en 6 à 10 semaines.
• Il est nécessaire de traiter simultanéement tous les animaux d'une maison.
• Il est conseillé de maintenir le traitement de l'animal tout au long de l'année.
• Le choix de l'antiparasitaire dépend de l'animal, de la présence de congénères, du mode de vie, de l'environnement, de la nécéssité de protéger contre d'autres parasites, de la sensibilité du propriétaire et de son observance.