Chapitre 2: Apprentissage par Expérience Directe

• Voici les notes d'étude mises à jour :

Chapitre 2 : Apprentissage par Expérience Directe (Non-Social)

• Ce chapitre se concentre sur l'apprentissage associatif, l'habituation, la sensibilisation, l'insight, la distinction entre association et compréhension des règles, et l'apprentissage implicite versus explicite.

Conditionnement Classique

• Découvert par Pavlov, il implique la création d'associations entre des stimuli.
• Inclut des phénomènes associés, conditionnement de second ordre, mécanismes sous-jacents, réponse compensatoire, conditionnement à la peur et applications pratiques.

Conditionnement à la Peur

• Étudié chez l'enfant à travers l'expérience du Petit Albert par Watson & Rayner (1920).
• Également étudié chez l'adulte (Mertens et al., 2021).
• Suite au conditionnement d'Albert, exposé à un rat, il développe une phobie envers divers animaux et objets à poil.
  • SI (Stimulus Inconditionnel) : bruit métallique fort.
  • RI (Réponse Inconditionnelle) : peur.
  • SN (Stimulus Neutre) : vue d'un rat.
  • SC (Stimulus Conditionnel) et RC (Réponse Conditionnelle) : vue d'un rat et peur.
• Le processus de généralisation est la tendance pour une réponse conditionnée (RC) à se produire pour des stimuli similaires au stimulus conditionné (SC).

Petit Albert : Contexte et Détails de l'Expérience

• L'expérience du Petit Albert a été menée par John Watson dans les années 1920.
• L'expérience visait à démontrer que tout comportement peut être "programmé".
• Albert B., âgé de 9 mois, a été conditionné pour avoir peur des animaux à fourrure.
• Albert a développé une phobie des fourrures qu'il a gardée toute sa vie.
• La méthodologie et les conclusions de cette expérience sont fortement contestées, mais elle révèle comment nos réactions sont parfois conditionnées.
• Watson a observé les réactions apeurées des enfants face à des bruits inattendus, se demandant si ces réactions sont innées ou issues d'expériences.
• Watson souhaitait démontrer que même un enfant émotionnellement stable pouvait développer une phobie.
• Le petit Albert était probablement le fils d'une assistante-infirmière.
• Avant de commencer le conditionnement, une batterie de tests cognitifs et émotionnels a été réalisée sur Albert.
• Lors de la phase de conditionnement, un rat blanc a été présenté au petit garçon, puis chaque fois à qu'il le touchait, Watson produisait un bruit effrayant.
• Albert a associé un stimulus neutre (rat) à un stimulus anxiogène (bruit métallique), transférant l'émotion (peur) au premier.
• Au moment de la dernière expérience, Albert avait un an et vingt et un jours, il était prévu que l'enfant soit retiré avant qu'un déconditionnement ne soit mis en œuvre.
• Le petit cobaye est décédé à l'âge de 6 ans d'une maladie sans rapport avec l'expérience.
• Watson a fait le tour des États-Unis pour présenter les conclusions de l'expérience.

Identité du Petit Albert

• L'identité du petit Albert est restée longtemps inconnue.
• En 2009, le psychologue Hall Beck a annoncé qu'il s'agissait de Douglas Merritte, fils de l'assistante-infirmière Arvilla Merritte.
• Il serait né le 9 mars 1919 et les expériences auraient débuté en décembre 1919.
• En 1922, Douglas aurait développé une forme grave d'hydrocéphalie, conduisant à son décès trois ans plus tard.
• Selon d'autres études, Douglas aurait souffert d'hydrocéphalie dès sa naissance.

Critique de l'Expérience

• De nombreux psychologues doutent des résultats de Watson.
• Il n'est pas certain que le petit Albert ait réellement développé une phobie des animaux à poils.
• Les réactions d'Albert pourraient être attribuées à la fatigue, au son lui-même ou au fait d'être dans la même pièce que les adultes.
• Le protocole expérimental comporte un certain nombre de problèmes qui rendent les résultats difficiles à interpréter : Description confuse, évaluation quantitative de la peur insuffisante, répartition temporelle et séquence des stimuli ne respectant pas les règles de distribution aléatoire.
• Toutefois, Watson a identifié un phénomène réel et a ouvert la voie à de nouvelles études.
• Le romancier visionnaire Aldous Huxley s'est inspiré de l'expérience du petit Albert dans son roman Le Meilleur des mondes.

Expérience de Mertens et al. (2021)

• L'étude a inclus 102 participants.
• Elle a établi un conditionnement à la peur.
• La mesure de la réaction de peur s'est faite via la réponse électrodermale.
• Des images sont présentées aléatoirement, chacune 8 fois, pour mesurer la réponse électrodermale pendant la présentation du stimulus visuel (SC).

Remarques sur le Conditionnement à la Peur

• Peut se faire avec seulement une ou deux associations stimulus neutre (SN) - stimulus inconditionnel (SI).
• Le conditionnement classique peut s'établir rapidement avec des stimuli inconditionnels aversifs.

Phobies Spécifiques et Conditionnement

• Les phobies peuvent être expliquées par le conditionnement dont les ouvrages de De Houwer (2020) et Scheveneels et al. (2021) en témoignent.
• Un épisode de conditionnement est une expérience où une association se crée entre l'objet de la phobie et un événement causant une réponse de peur.
• L'association entre l'objet de la phobie et le stimulus qui entraîne la peur, serait particulièrement forte.
• La surgénéralisation est la peur pour tout ce qui évoque l'objet ou la situation phobique.
• Le problème d'extinction se produit lorsque la réduction du conditionnement ne fonctionne pas correctement, participant ainsi à la phobie.

Troubles Anxieux et Conditionnement Classique

• Les dérèglements du conditionnement classique à la peur sont souvent impliqués dans les troubles anxieux.
• Ces troubles comprennent les phobies spécifiques, l'anxiété sociale, le syndrome de stress post-traumatique et le TOC.
• Les troubles seraient associés à des problèmes de conditionnement de signaux indiquant l'absence de danger.

Applications du Conditionnement Classique

• Il y a une application dans le traitement des phobies et élimination de comportements.

Phobies

• Les phobies touchent environ 7% de la population.
• Les phobies les plus fréquentes concernent les insectes, les souris, les serpents, les hauteurs et les transports en commun.
• Une phobie spécifique est une peur persistante, intense et irraisonnée déclenchée par la présence ou l'anticipation d'un objet ou d'une situation spécifique.
• Les exemples incluent les hauteurs, l'avion, les animaux, les injections et le sang.
• Le sujet reconnaît le caractère excessif de sa peur.

Conditionnement Thérapeutique des Phobies

• Le conditionnement à la peur peut être un mécanisme du développement des phobies spécifiques.
• Le conditionnement classique peut être utilisé dans le traitement des phobies grâce à la thérapie par exposition et le contre-conditionnement.

Thérapie par Exposition

• C’est une approche thérapeutique largement utilisée dans le traitement des phobies et autres troubles anxieux.
• Le principe est l'amenée du patient à s'engager vers le stimulus qui provoque l'anxiété.
• L'exposition graduée à l'objet ou situation problématique se fait en commençant par des formes atténuées du stimulus.
• Dans le cas d'une phobie des chiens, l'exposition progresse de l'image d'un chien à un chien en plastique, puis un chien derrière une vitre, pour finir par un contact direct avec un chien ou plusieurs.
• Ceci permettrait un processus d'extinction car le stimulus conditionné (SC), comme le chien, n'est plus suivi d'un stimulus inconditionnel (SI) comme l'attaque ou la morsure.
• Le SC (ex. chien) n'entraîne donc plus la réponse de peur.

Contre-Conditionnement

• Une stratégie complémentaire consiste à établir un contre-conditionnement.
• Dans le cas d'une phobie des chiens, cela peut impliquer de manger des aliments appréciés et savoureux tout en écoutant une musique préférée en présence d'un chien à distance.
• Il est également possible d'utiliser des objets liés au stimulus phobogène au début.
• Le contre-conditionnement, tout comme les thérapies cognitives et comportementales, offre de nombreuses façons de traiter les phobies.

Élimination de Comportements

• La thérapie par aversion vise à réduire l'attractivité d'un comportement en l'associant à un stimulus aversif.
• Elle est utilisée pour les addictions, comme l'addiction à l'alcool.
• Un exemple est l'administration d'une substance émétique pour induire la nausée suivie de la consommation d'alcool.

Conditionnement Opérant

• Également appelé conditionnement instrumental ou conditionnement de type II.
• C’est un type d’apprentissage où le changement de comportement est fonction des conséquences du comportement.

Description du Conditionnement Opérant

• Un comportement (cpt) produit par hasard devient fréquent si suivi d'une conséquence positive.
• Illustré par un pigeon appuyant sur un bouton et recevant de la nourriture.

Composantes du Conditionnement Opérant

• Comportement opérant : Actions suivies de conséquences qui affectent la probabilité ou l'intensité de ces actions.
• Conséquences opérantes :
  • Renforçateur : Événement qui suit le comportement et augmente sa production ultérieure.
  • Punition : Événement qui suit le comportement et diminue sa production ultérieure.
• Stimulus discriminatif : Signal que la réponse sera suivie d'une conséquence opérante; les comportements sont renforcés ou punis en sa présence.
• Le terme "opérant" souligne le caractère actif du sujet humain ou animal, à l'origine du comportement et qui produit un changement dans l'environnement.
• Un rat ne produit un comportement opérant que lorsque la lumière est allumée, illustrant un apprentissage d’une liaison S-R-S (Stimulus-Réponse-Stimulus).

Types de Contingence

• Le conditionnement opérant se distingue selon :
  • Si le comportement est suivi d’un renforcement ou d’une punition.
  • Si la conséquence est la présentation (contingence positive) ou le retrait (contingence négative) de quelque chose.
• Cela donne 4 combinaisons réponse-conséquence.
• Une punition positive consiste à ajouter quelque chose de désagréable, comme une corvée supplémentaire pour une mauvaise note.

Utilisations et Manifestations

• Le conditionnement opérant permet la production de comportements nouveaux et le dressage animal.
• Chez l'humain, il est présent dans l'éducation, la prévention, les conduites superstitieuses, les relations interpersonnelles, etc.
• Exemple : Nora parle à d’autres hommes, son ami Samuel l’ignore (punition négative pour Nora, renforcement négatif pour Samuel si elle arrête de parler).

Punition vs Récompense

• L’apprentissage basé sur les récompenses et celui basé sur les punitions impliquent des réseaux cérébraux différents (Wächter et al., 2015).
• Il n'y a pas de réponse définitive quant à l'utilisation préférentielle de la punition ou du renforcement.
• Les recherches suggèrent que le renforcement conduit globalement à un meilleur apprentissage que la punition.
  • C'est particulièrement vrai dans l'éducation.
  • La récompense favorise une relation positive avec l'autre personne, tandis que la punition induit une relation négative et conflictuelle.
• Il existe une prédisposition innée à être plus sensible aux récompenses pour apprendre (Palminteri & Lebreton, 2022), mais des variations interindividuelles existent.
• Chez l’humain, les renforcements efficaces incluent la félicitation, l'approbation et l'attribution de prestige.

Problèmes Spécifiques à la Punition dans l’Éducation

• La punition supprime un comportement indésirable, mais n'indique pas nécessairement le comportement souhaité.
• Elle peut entraîner un rejet de la personne qui administre les punitions.
• Elle peut provoquer des réactions émotionnelles fortes qui interfèrent avec l'apprentissage.
• L'enfant pourrait apprendre que la punition est un moyen de contrôle.
• L'efficacité rapide de la punition peut conduire à des abus.

Différences entre Conditionnement Opérant et Classique

• Similitudes : contiguïté temporelle, répétition, extinction, récupération spontanée, généralisation.
• Différences :

| | Conditionnement classique | Conditionnement opérant | | ----------- | ----------- | | Comportement | Involontaire et peu flexible | Volontaire et flexible | | Déclenchement | Réponse à un stimulus | Émis par le sujet | | Fonction | Fonction de ce qui précède | Fonction des conséquences | | Association | S-S-R (Stimulus-Stimulus-Réponse) | S-R-S (Stimulus-Réponse-Stimulus) |

Apprentissage Latent

• L'apprentissage latent remet en cause la loi de l'effet.
• Expérience de Tolman et Honzik (1930) :
  • Rats dans un labyrinthe pendant 16 jours.
  • Trois groupes :
    • Groupe 1 : nourriture dès le 1er jour à la sortie du labyrinthe.
    • Groupe 2 : nourriture à partir du 11ème jour.
    • Groupe 3 : jamais de nourriture.
  • Résultats : Les rats peuvent apprendre en l'absence de renforcement ou de punition, ce qui contredit un principe behavioriste.
  • Tolman a interprété ce résultat en suggérant que les rats construisent une représentation mentale du labyrinthe.
• Cette expérience ouvre une approche cognitive de l’apprentissage, expliquant l’apprentissage par l’acquisition de connaissances.

Watson après le Petit Albert

• Watson a été expulsé de l'université Johns Hopkins en 1920 en raison d'une liaison avec son assistante, Rosalie Rayner.
• Toutefois, ses théories sont confirmées par ses expériences et sa célébrité grandit.
• Watson s'est prononcé contre toute forme d'eugénisme, affirmant que l'on pouvait faire d'un enfant n'importe quel spécialiste, indépendamment de ses talents ou de sa race.