Syllabus Conception des Projets - 1 PDF

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WittyRiemann

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Institut Supérieur de Développement Rural de Bukavu

2011

Erick Kasuku Kalaba

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project planning development planning project management economic development

Summary

This syllabus covers planning concepts, development strategies, and project execution in a regional context, specifically focusing on impoverished communities in the Democratic Republic of Congo. It includes sections on project design, financial aspects, implementation, follow-up, and evaluation.

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1 REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO R.D.C ENSEIGNEMENT SUPERIEUR, UNIVERSITAIRE ET RECHERCHE SCIENTIFIQUE ESURS COURS DE PLANIFICATION DE PROJET : CONCEPTION, ELABORATION, MANAGEMENT ET GESTION, FINANCEMENT, SUIVI ET EVALUATION DES...

1 REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO R.D.C ENSEIGNEMENT SUPERIEUR, UNIVERSITAIRE ET RECHERCHE SCIENTIFIQUE ESURS COURS DE PLANIFICATION DE PROJET : CONCEPTION, ELABORATION, MANAGEMENT ET GESTION, FINANCEMENT, SUIVI ET EVALUATION DES PROJETS DE DEVELOPPEMENT (Version revisitée) Dispensé par : Le Chef de travaux Erick KASUKU KALABA - Licencié et Technicien Supérieur en Développement Rural (TSDR/AO) - Consultant indépendant en développement - N° Tel. mob. OO243853622932 et OO243813179462 E-mail : [email protected] Novembre 2011 2 LIMINAIRE En termes plus accessibles : PLANIFIER C’EST PREVOIR DANS LE PRESENT CE QUE L’ON VA FAIRE DANS LE FUTUR. Mais il est vrai aussi que L’ ECHEC DE LA PLANIFICATION C’EST LA PLANIFICICATION DE L’ ECHEC. Faire une bonne planification est une tache très délicate qui exige que le planificateur (ou l’étudiant) soit suffisamment outillé. Ce document apporte un peu de lumière et d’appui à ce sujet. Ce cours de Planification occupe une place de choix par rapport à ce paramètre. En effet ; il est le cours qui permet à l’étudiant de se servir des différentes composantes de sa formation (formation socio économique, formation aux techniques d’agriculture ; d’élevage ; de santé, de génie rural…), et de les intégrer pour nourrir ses capacités à élaborer, à exécuter et à évaluer les plans, les programmes et les projets de développement dans une approche régionale au profit des populations déshéritées. C’est précisément à ce niveau que se situe la spécialité de l’étudiant à former et qui le différencie même des autres techniciens formés ailleurs (agronomes, vétérinaires, enseignants, infirmiers, ingénieurs civils…). Ce cadre planificateur est initié aux techniques d’intervention en milieu pauvre et est spécialement formé pour accompagner les populations dans leur développement à travers une évolution pertinente de leur portée. Voilà pourquoi le présent enseignement se propose d’aborder pour être plus ou moins complet les aspects suivants : - Introduction à la planification du développement, - La conception des projets de développement ; - L’élaboration des projets de développement ; - Le financement des projets de développement ; - La gestion et le management des projets de développement ; - Le suivi et l’évaluation des projets de développement. Mais il faut préciser enfin, qu’il ne s’agit ici que d’un syllabus de cours à l’usage des étudiants. C.T.Erick KASUKU KALABA Technicien supérieur en développement rural TSDR/AO Consultant en développement. 3 OBJET DU COURS Les pays en voie de développement et plus particulièrement leurs milieux pauvres, sont le théâtre des situations peu épanouissantes qui freinent l’essor socio économique de leurs populations. C’est face à l’interpellation d’une telle situation que des techniciens en développement et d’autres cadres polyvalents d’animation et de promotion des populations pauvres et rurales sont formés. En tant qu’agent de développement, ce cadre est avant tout un planificateur, un homme occupé à découvrir les vrais besoins des groupes sociaux, à repérer les moyens de les satisfaire, à identifier les contraintes de programmer des besoins réels des bénéficiaires. C’est pour cela que ce cours de Planification au lieu de s’atteler sur les problèmes de la régionalisation du développement, se propose : 1) D’initier les étudiants à la terminologie et aux principes de la planification du développement, 2) De fournir aux étudiants des notions sur des projets concrets de développement et sur les stratégies d’intégration de ceux ci dans les programmes et plans de développement régional ou national, 3) D’armer les étudiants des techniques nécessaires à la conception, à l’élaboration, à la gestion, à l’analyse et à l’évaluation des projets de développement, 4) D’outiller les étudiants quant à la façon de suivre des projets et de chercher leur financement. Ceci étant le cours sera surtout abordé dans un contexte micro économique plus proche de la réalité de terrain pour que le futur planificateur formé puisse s’en servir, même après sa formation, comme outil de travail quotidien en matière de développement. Comportements terminaux du cadre planificateur à former Le cadre planificateur qui aura suivi ce cours régulièrement devra : 1). Au niveau de savoir - Connaître les différentes étapes de la planification concrète du développement du niveau régional (micro-économique) et les questions qui se posent à chacune de ces étapes ; - Etre sensibilisé aux problèmes aux quels se butte le planificateur lors du diagnostic du milieu , lors de la conception, l’élaboration, la réalisation, le financement et l’évaluation des projets de développement. ; 4 2). Au niveau du savoir-faire - Etre capable de faire seul ou avec la participation de la population un diagnostic du milieu, de concevoir, d’élaborer et d’évaluer un projet de développement au niveau régional, d’initier et suivre un dossier de financement ; - Etre capable d’utiliser certaines techniques simples et très usuelles dans la planification et la gestion des projets (ZOPP, MCL, MARP, PERT-CPM, Diagramme de GANTT, Tableau de bord ; Tableau des risques …). 3). Au niveau du savoir être Les éléments suivants doivent caractériser le cadre formé : - Habitué à travailler en groupe, - Habitué à écouter, à observer, à analyser objectivement les situations concrètes et y repérer des valeurs essentielles et fondamentales qui peuvent donner lieu à des projets concrets mais aussi tenir compte des conditions et circonstances significatives lues dans le contexte de travail, - Habitué d’un sens de respect des délais à observer, - Etre innovateur tout en restant réaliste. 5 1ère PARTIE : INTRODUCTION A LA PLANIFICATION DU DEVELOPPEMENT Pour comprendre ce qu’est la planification et la planification du développement, il importe d’abord de cerner le sens d’un certain nombre de concepts qui sont souvent utilisés lorsqu’on aborde cette technique. Chap.1. NOTIONS DE BASE SUR LA PLANIFICATION Tables de matières 1.1. La Notion de « planification » 1.1.1. La planification et les niveaux opérationnels 1.1.2. Les étapes de la planification 1.2. Concept « Développement » 1.2.1. Eléments définitionnels 1.2.2. Les étapes d’un processus de développement 1.3. La planification du développement 1.3.1 Eléments de définition 1.3.2 Caractéristiques de la planification de développement 1.4. La planification régionale 1.4.1. Précision des concepts 1. Planification régionale 1.1. Analyse régionale 1.2. Phases de l’analyse régionale 2. La régionalisation et le régionalisme 3. La région 1.4.2 Domaines régionalisables 1.5. Différence entre PLAN, PROGRAMME et PROJET dans la planification 6 1.1. LA NOTION DE « PLANIFICATION » 1.1.1. La planification et les niveaux opérationnels La planification est une activité complexe à ne pas simplifier, aux aspects divers. Elle est définie de plusieurs façons selon les auteurs en fonction de leurs orientations théoriques. Ainsi, le concept de planification change de sens et de contenu selon qu’on se trouve dans un environnement à orientation capitaliste, socialiste ou mixte. Voici quelques définitions y relatives : a) La planification est une politique consistant à élaborer et à mettre en œuvre le plan ayant pour objet de réduire la part de l’incertitude dans l’évolution de l’économie. (P. MASSE) b) La planification c’est le fait de canaliser, coordonner les énergies et les ressources nationales ou régionales selon le cas, sans oublier l’aide extérieure en vue de démarrer aussi rapidement que possible le développement économique et social du pays. C’est donc déterminer un ensemble cohérent d’objectifs et des moyens à mettre en œuvre pour les réaliser tel qu’un processus de croissance économique et social puisse effectivement prendre naissance dans le pays ou dans la région au cours d’une période de temps déterminé (R.P.FYOT). c) Planifier c’est être capable de contrôler le futur par des actions à amorcer dans le présent. (A.WILDAVSKI) d) La planification représente une tentative de coordonner la prise de décision économique à long terme en vue de donner la direction et d’accélérer le développement d’un pays. (Charles BLITZER) e) La planification est un effort organisé. Conscient et continu dont le but est de choisir les meilleurs moyens pour atteindre les objectifs soigneusement précisés. (A.WATERSON) De toutes les manières, plusieurs auteurs sont plus ou moins d’accord pour dire que dans son essence, la planification est un effort organisé, rationnel, conscient et continu, dont l’intention précise est de choisir les voies et les moyens les meilleurs en vue d’atteindre des objectifs clairement définis et dans une période de temps précise. De ce consensus, il ressort que toute bonne définition du concept « planification » doit contenir trois éléments : - Elle est « un choix », - Elle néccessite de projeter dans le prèsent « des actions à entreprendre », - Ces actions visent à influencer positivement le futur des groupes cibles. NB : La planification est un choix parce qu’elle implique une décision selon laquelle quelque chose doit être faite pour changer le statu quo. On choisit donc des actions parmi une multitude d’actions qu’il faut entreprendre dans le présent ou dans un avenir proche pour influencer le futur d’une organisation (entreprise, institution, une entité territoriale…). 7 La planification peut se faire à 5 niveaux opérationnels différents : - UOB (unité opératrice de base) au niveau des ménages, - UOL (unité opératrice locale) au niveau d’un village, d’un quartier etc. - UOR (unité opératrice régionale) au niveau d’une région de planification, - UON (unité opératrice nationale) au niveau des nations, - UOI (unité opératrice internationale) au niveau des plusieurs pays. 1.1.2. Les étapes de la planification Considérant les questions essentielles que doit se poser un planificateur averti, on peut distinguer six étapes couvrant l’ensemble de ces questions essentielles : a). La recherche : Elle répond aux questions : - où en est-on ( quelle est la situation du moment dans le secteur concerné par la planification) ? - où va-t-on, vers quel avenir et est ce que cela vaut il la peine ? Les réponses à ce questions nécessitent : - une recherche de l’histoire (le diagnostic) et une recherche prévisionnelle (le pronostic). b). La définition des objectifs : où va-t-on aller ? Ici on peut distinguer : - Les objectifs absolus : mesurables, - Les objectifs relatifs : comparables par ex : augmentation de la production de 50 T en 2002 à 6O T en 2004. c). L’établissement des stratégies : quoi faire pour s’y rendre ? La réponse à cette question nécessite : a) l’élaboration des moyens alternatifs. b) le choix stratégique. d). La définition de la tactique : comment faire cela ? - Affectation de tâches, budgets, répartition des calendriers, méthodes et - Affectation des ressources humaines et financières et autres. e) La mise en œuvre du projet Lorsque les éléments de la tactique sont définis et réunis, on passe à la réalisation (opérationnalisation ou implémentation ou mise en œuvre du projet) f). Le contrôle : comment s’assurer que tout cela se fait correctement ? Il s’agit du choix des points de contrôle, méthodes, fréquences (c’est le suivi et l’évaluation du projet ). 1.2. LE CONCEPT de « DEVELOPPEMENT » 1.2.1. Eléments de définition Le terme « développement » semble être compris de tous, mais souvent différemment tant il signifie beaucoup de choses à la fois. Le concept « développement » sous-entend un processus ascendant de changement vers le stade ultime qui touche à des aspects matériels, financiers, éducationnels, psychologiques,… 8 Le développement constitue donc un processus multidimensionnel qui implique non seulement des améliorations du revenu, mais aussi des changements dans les structures des institutions scolaires, administratives et dans une certaine mesure des attitudes populaires, des coutumes et des croyances. Le développement est en fait toute démarche de l’homme dans le sens d’équilibrer la société en s’attaquant à toute entrave pour la réalisation de « l’avoir plus » et de « l’être plus », bref du bien être général (le mieux être). Souvent les économistes désignent par développement la croissance économique (un progrès économique généré par une combinaison optimale des facteurs de production : ressources naturelles, financières, humaines,…). Actuellement, il semble être reconnu par tous que le développement est plus qu’une simple croissance économique, car il influe sur toutes les activités de la communauté nationale y compris la transformation de la structure économique et sociale pour une harmonisation des rapports sociaux. 1.2.2. Les étapes d’un processus de développement Tout processus de développement doit passer par 4 étapes : 1). Mobiliser tous les intrants c’est-à-dire toutes les ressources existantes dans le milieu concerné (matérielles, humaines, techniques, financières), 2). Combiner et réengager ces ressources dans des activités réorganisées dans le sens de promouvoir le développement (Entreprises, ONGD, ILD,…), 3). Faire participer les partenaires de combinaisons productives au re- aménagement de leurs éléments constitutifs ainsi qu’à l’affectation de leurs résultats, 4). Combiner les changements des conditions d’existence de la population dont font partie les producteurs. Il faut donc, modifier les ressources productives et les réengager dans des combinaisons beaucoup plus productives. Ces deux premières étapes sont indispensables pour toute entreprise, qu’elle soit publique, privée, capitaliste ou non et constituent même la condition de croissance pour toute organisation. Mais seules, ces deux étapes ne suffisent pas pour assurer à une organisation la durabilité de sa croissance dans le temps et déclencher un développement solide. Il faut également que les acteurs soient adaptés aux outils qu’ils utilisent et que ces outils soient aussi adaptés aux acteurs. Autrement dit, il faut adapter réciproquement les équipements et les qualifications de travailleurs. A ce moment, on cesse de s’occuper de la croissance des produits et on intègre l’artisan de cette croissance : le travailleur, la personne humaine. Plus cette adaptation des équipements aux qualifications des producteurs sera préoccupante, plus il y aura des personnes capables de participer plus efficacement à la production et plus il y aura des individus qui se réaliseront dans leur travail de producteurs grâce à un « savoir plus » que leur confère cette préoccupation adaptatrice au processus de changement. A partir du moment où, en plus de cette intégration de l’acteur seront combinés les changements obtenus dans la production (croissance des produits) et les changements d’existence sociale (transformation des conditions de vie) de la 9 population dont font partie les producteurs, on parlera d’un développement : une croissance au niveau de toute personne et de toute la personne. 1.3. PLANIFICATION DU DEVELOPPEMENT 1.3.1. Eléments de définition Plusieurs définitions on été tentées au sujet du concept « développement » dont par exemple : 1. La planification du développement est l’organisation de l’emploi des moyens disponibles pour chercher la plus grande efficacité en vue d’obtenir les résultats les plus rapides de développement économique et social. (P. POUMALLOU) ; 2. La planification du développement est une stratégie qui vise la modification des institutions dont il s’agit afin d’assurer l’accélération du taux de croissance économique et sociale ayant pour but : réformes et croissances. (A WATERSON) ; 3. La planification du développement est la planification par le gouvernement des mesures qui ont pour but de permettre au développement de se dérouler mieux qu’il ne l’eut fait sans elle. C’est l’établissement des plans ou des programmes d’action en vue de réaliser rationnellement la construction et la reconstruction du pays. (E. HAGEN). Dans les pays développés où les structures politiques, administratives et économiques fonctionnent généralement d’une manière satisfaisante, on fait souvent la planification anticyclique qui cherche à réaliser le plein emploi de ressources ainsi que le progrès économique et social en se servant des institutions en place. Par contre dans les pays peu développés, l’économie présente souvent de Déséquilibres comme le sous emploi des ressources, les difficultés concernant la balance de paiements et toute une gamme de goulots d’étranglement qui entravent la production et la distribution. Dans ces pays, le développement est difficile sans modification préalable des structures économiques et sociales traditionnelles. Ainsi, ces pays sont obligés de planifier le progrès économiques et atteindre de ce fait la transformation des systèmes institutionnels qu’ils jugent néfastes à l’expansion de forces productives, comme à la construction d’une société plus équilibrée et plus équipée. A la différence de la planification anticyclique qui se borne à vouloir stimuler la demande par le libre jeu de marché et les institutions existantes, la planification de développement veut vaincre les obstacles structurels traditionnels à la croissance économique. La planification de développement vise deux objectifs : - La croissance économique accélérée et - La reforme des structures. C’est dans cet ordre d’idées qu’on différencie, tenant compte de la finalité, le plan de croissance du plan de développement. 10 Le plan de croissance : a pour finalité l’accroissement de la production. Les moyens à mettre en œuvre pour accroître cette production sont déterminés en fonction de cet objectif et l’on s’attache principalement à ceux dont la liaison avec l’accroissement du produit est apparente : l’investissement surtout, mais aussi la main d’œuvre. Dans ce cas, les reformes de structures ne sont envisagées qu’au second degré et dans la mesure où elles sont jugées indispensables pour assurer la pleine efficacité des facteurs primaires de la croissance. Le plan de développement : lui tend avant tout à modifier les structures afin de rompre avec le « s/développement ». C’est pourquoi son élaboration est précédée par une analyse systématique des problèmes institutionnels. L’accroissement de la production ne sera pas écarté. Cependant, il sera considéré comme un moyen de financer le développement. Disons donc que si l’on dit d’un pays qu’il planifie son développement, il faut que celui-ci s’attache de façon délibérée et soutenue à accélérer son taux de croissance économique et social et à corriger les conditions structurelles qu’il juge être un obstacle à cette accélération. 1.3.2. Caractéristiques de la planification du développement Outre les facteurs qui tentent d’expliciter le rôle du plan, la planification du développement est une entreprise universellement soumise à un certain nombre de caractéristiques qui définissent son identité : 1). Elle est une opération de prévision : car elle organise l’avenir. Il lui faut donc, à partir d’une situation actuelle, dégager les tendances et les problèmes, pour prévoir leur évolution et les problèmes futurs qui surgiront des modifications de la situation, notamment celles provoquées par les effets de la planification elle-même. 2). Elle est une opération de sélection : car il n’est pas possible de traiter à la fois de la même manière tous les aspects du développement d’autant plus que les ressources financières, humaines et physiques sont limitées. En outre les tendances, les problèmes et leurs solutions éventuelles sont divergents, voire contradictoires. Il faut donc établir des hiérarchies, des échelles de valeur, des priorités sur quoi portera l’effort principal, dans quelle mesure et de quelle façon. 3). Elle est une opération de coordination : un concert de différents domaines. Tous les domaines du développement concourent à la réalisation des buts qu’on s’est fixés et sont coordonnés par le planificateur. Donc la planification ajuste et harmonise les buts que l’on s’est fixés, coordonne les moyens d’action, repartit les ressources de toute nature de façon à respecter un certain équilibre. 4). Elle est une opération d’autorité : car elle est un acte politique puisqu’en soi le plan appartient à un pays, une région, un gouvernement qui en a la responsabilité. Il ne peut y avoir de planification sans autorité reconnue, suffisamment forte de telle façon que les orientations, les ordres émanant de lui et les décisions qu’il prend soient respectées. 11 5). Elle est une opération continue : car le plan est forcément programmé pour une durée déterminée, mais on prévoit également l’enchaînement d’une séries d’actions dans l’avenir. 6). Elle est une opération holiste, intégrale et intégrée :Elle doit considérer l’ensemble de la situation et tous les aspects du développement bien qu’elle puisse décider de n’agir que sur un petit nombre d’éléments. C’est pourquoi elle doit choisir les éléments paraissant plus important ou plus déterminants sur les quels elle agira. 7). Enfin, elle est une opération participative et concertée car elle exige dans l’ensemble une attitude psychologique et une discipline d’esprit particulière : une attitude de coopération constante de toutes les forces vives de la nation 1.4. LA NOTION DE « PLANIFICATION REGIONALE » 1.4.1. Précision des concepts 1. Planification régionale : c’est l’établissement d’un plan de développement du niveau régional. C’est une approche de planification utilisée pour corriger les imperfections d’une planification qui porte sur un espace trop global. Pour prendre en compte les disparités physiques, sociales et économiques, le planificateur utilise une unité spatiale et socio-économique plus petite, généralement désignée par le terme « régional ». Pour préparer la planification régionale, on passe inéluctablement par une opération fondamentale appelée : approche régionale, ou analyse régionale ou encore analyse structurale. 1.1. Définition de l’analyse régionale L’analyse régionale est une analyse du développement d’une région en partant de la confrontation des besoins à satisfaire et des moyens c'est-à-dire des potentialités, des équipements existants et potentialités à mettre en œuvre. Elle porte sur l’ensemble de la réalité économique et non comme on le croit parfois, sur une partie de celle-ci. Dans ce cas précis, elle permet de procéder à un contact global avec l’ensemble de la région et avec les données diverses déjà disponibles. 1.2. Phase de l’analyse régionale a) Recensement des données cartographiques et autres - Permet d’obtenir une série aussi complète que possible des cartes existantes portant sur le relief, l’hydrologie, la géologie, les données climatiques, les ressources minérales connues,les ressources énergétiques inventoriées, les communications (routes, rail, voies navigables), divisions administratives, les agglomérations urbaines etc., - Aide à élaborer une carte des régions naturelles et des zones homogènes, avec indication de leurs problèmes signalés par des personnalités connaissant bien la région, 12 - Permet d’avoir une première idée des structures existantes et de préparer déjà le premier voyage d’exploration de l’ensemble de la région, - Permet de recueillir toute la documentation imprimée ou dactylographiée portant sur les statistiques, les situations démographiques, techniques, économiques, sociologiques ainsi que les ouvrages de géographie déjà publiés sur la région, - Permet d’obtenir un certain nombre de données globales disponibles dans les services officiels. Ces données seront par la suite, soumises à la vérification des spécialistes et complétées selon les besoins. b) Le contact physique et interview collective au sein de la communauté Cette deuxième phase consiste à parcourir ou survoler la totalité des zones homogènes, en se faisant accompagner par une personne connaissant très bien la région. Dans chaque zone, on interviewe les autorités et techniciens, on visite des exploitations rurales, des ateliers et s’il y a lieu, des usines d’extraction, ou de transformation de divers types, les écoles , les hôpitaux, les marchés, les coopératives,les banques,… En réalité, cette phase se caractérise par le fait que le travail devient une sorte d’imprégnation de la réalité totale de la région et une sensibilité à l’ensemble de la région et que l’on se laisse imbiber par les ambiances rurales villageoises, extra coutumières et autres,… en notant toutes les observations faites et toutes les conversations importantes avec les populations locales. Ce contact direct, après l’étude des données cartographiques et statistiques, permet déjà de saisir la trame complexe, zone par zone de toute la région. c). L’établissement de la problématique de développement Après les deux premières phases, il s’agit, les hypothèses de base une fois réunies, d’esquisser une problématique consistant à chercher l’adaptation des questionnaires types à la réalité rurale, urbaine, économico sociale que l’analyse doit livrer élément par élément. C’est le moment de parcourir la documentation et les statistiques recueillies afin de dégager sur cartes et sur graphiques une première perception des structures, des flux, des évaluations démographiques et économiques. Enfin de compte, ce contact global avec la région permet de présenter : - Un diagnostic de la situation de la région dans toute sa totalité - Des propositions de réformes préalables au plan régional, - Des hypothèses de développement régional. NB. Les renseignements recueillis à partir de ce contact global aident pour l’étude finale : - à tracer les priorités du développement pour le long terme ; 13 - à présenter avec précision les principales lignes d’une politique de développement régional permettant aussi de définir les objectifs du plan régional ; - à poser la base du plan de développement régional 2. Régionalisation : Du point de vue du planificateur, la régionalisation est une technique de lutte contre les disparités socio-économiques et va donc à l’encontre des personnalisations excessives que l’on résumerait sous l’appellation de « régionalisme » (on pourrait aussi dire de provincialisme). Il s’agit de corriger les excès non seulement liés aux systèmes de production mais encore à une vision trop lourdement centralisatrice. Ceci entraîne la prise en compte des particularités régionales non celles de particularisme. Il peut par exemple être tentant de spécialiser une région dans ce qu’elle est le mieux à même de réaliser tant que cette spécialisation ne porte pas atteinte à l’ensemble national. Dans ce cadre, la planification régionale tend, tout en respectant la personnalité des régions ; à les intégrer plus étroitement dans l’ensemble national alors que le régionalisme multiplie les barrières ou les renforce. Il faut donc ici définir la région plutôt à partir des disparités à faire disparaître qu’à partir d’une personnalité plus ou moins factice. 3. La région : sur le plan politique : une région désigne une circonscription administrative, à l’intérieur d’un pays, (c’est l’acceptation courante) ; soit un agrégat des nations ou un ensemble regroupant des zones appartenant à plusieurs Etats (emploi fréquemment utilisé par les organismes des Nations Unies). Ex : la région des grands lacs. Sur le plan économique, une région est une zone où les conditions économiques et autres facteurs sont à l’origine des phénomènes économiques et sociaux qui sont les mêmes pour toute la zone. Ex : le bassin d’un fleuve constitue une région économique. Mais la région, au sens où l’entendent les planificateurs et les aménageurs est un élément d’un ensemble spatial défini à partir des concepts physiques, économiques et humains qui souvent ne se superposent pas pour former un espace géographique unique. Toutefois, il importe de remarque qu’en Planification, lorsque le terme région désigne un ensemble plurinational, plusieurs difficultés apparaissent : a). Un ensemble plurinational se présente obligatoirement comme un agrégat d’espaces économiques clos même si certains caractères communs suggèrent l’intérêt d’une étude d’ensemble ; b). Chaque élément de l’ensemble plurinational relève d’un pouvoir de décision différent (le pouvoir national). La planification de l’ensemble pose donc d’emblée le problème de la répartition des ressources par décision centralisée. 14 C’est pourquoi il est plus courant et plus aisé en planification de considérer la région comme une subdivision territoriale étendue qui vient dans la hiérarchie immédiatement après les pays. Dans ce cas, le terme coïncide alors avec ce qu’on appelle selon les autres pays, provinces, préfectures,… Dans cette acceptation, la planification régionale tend, tout en respectant la personnalité des régions, à les intégrer plus étroitement dans l’ensemble national. 1.4.2. Les domaines régionalisables Régionaliser une planification c’est faire intervenir des critères régionaux soit dans l’étude, soit dans l’exécution d’un programme. Sont régionalisables, les domaines dans lesquels les facteurs de production essentiels (potentialités physiques et autres facteurs ou structures de production) ou les besoins à satisfaire sont liés soit à des données géographiques, soit à des données sociologiques ou socio-économiques. Mais la notion de « régionalisable » et de « non régionalisable » doit être nuancée. 1.4.2.1 Secteur Primaire (potentialités physiques) : a). Domaine agro-pastoral et domaine minier : agriculture, élevage, pêche & mines. Ils sont basés sur des ressources physiques géographiquement localisées, b). La production de l’énergie : met fréquemment en œuvre des potentialités physiques (gisement des combustibles, fossiles, potentiel hydroélectrique…). Ce domaine malheureusement est rarement limité à la région sauf cas d’espèce. 1.4.2.2. Le secteur secondaire : Il peut exister des industries à caractère régional, comme l’artisanat ou la petite industrie de consommation,de matériaux de construction, des services (garages, hôtellerie). Mais, dans l’ensemble, l’activité industrielle a un caractère national et elle ne peut être planifiée qu’à l’échelon national. C’est pourquoi on dit que même si certaines composantes de ce secteur peuvent être régionalisables, l’industrie est par essence non régionalisable car pour l’industrie : - Son marché est d’autant plus rarement limité à celui de la région, - L’approbation des unités industrielles peut nécessiter des ententes inter – régionales, - Les liaisons interindustrielles qu’elle suscite (en a mont et en aval), et ses besoins en services sont peu compatibles avec un espace trop limité, - Elle soulève des problèmes de main d’œuvre spécialisée et de financement qui ne sont pas toujours solubles à l’échelon régional. 1.4.2.3. Les services économiques (commerce, transport,…) : Pour les mêmes raisons que dans le secteur secondaire, les services économiques ne peuvent qu’exceptionnellement être planifiés au niveau régional. Ce secteur est inducteur de modifications structurales. 15 1.4.2.4. Les services sociaux : Liés aux besoins des populations en place, la planification des services sociaux au niveau le plus bas ne peut être que régionalisable. C’est le cas surtout de la santé souvent sous un autre aspect : celui de la répartition des ressources nationales à lui affecter de sorte que l’importance de choix financier risque de laisser le niveau national seul maître de la décision. 1.4.2.5. Les ressources financières : Sans doute, la région a un revenu monétaire et une épargne qui lui sont propres (épargne du petit exploitant agricole ou artisanal : impôts locaux). Mais la majeure partie de l’épargne disponible pour l’investissement et la quasi-totalité de l’épargne disponible pour l’investissement moderne proviendra soit d’entreprises importantes du secteur moderne ayant un caractère presque national, soit de l’impôt (qui sauf la réserve des impôts locaux déjà indiqués) sera essentiellement l’impôt national. La masse monétaire sera donc à la disposition de la nation et non la région. Aussi, la part des ressources financières pour le développement venant de l’extérieur (fonds privés ou publics), subventions, participants ou prêts, endettement extérieur ne peut être appréciée qu’à l’échelon national. 1.4.2.6. Relations avec l’extérieur : il peut arriver qu’une région dégage des surplus importants par suite d’une production qui est sa spécialité ou qu’elle est particulièrement bien placée pour fournir (ex : KASAI avec le diamant, SHABA avec le cuivre,…). L’arbitrage des balances financières est toujours une prérogative au niveau national, il en résulte souvent des conflits et tentions internes qui ne peuvent que menacer l’ensemble national. stop 1.5. DIFFERENCE ENTRE LE PLAN, PROGRAMME ET PROJET Il n’est pas rare d’entendre qu’un même document à des moments et dans des milieux différents, soit interprété en termes de plan, de programme et de projet. C’est pour éviter une telle confusion qu’il nous revient d’apporter une précision sur la nomenclature propre à chaque terme. 1.5.1. Le plan Ce terme a plusieurs significations et il change de contenu d’après les autres auteurs, les écoles et les domaines dans lesquels il est utilisé. Le plan est un document indicatif qui établi des prévisions sur l’évolution probable du développement économique et social d’une région ou d’un pays pour une période donnée, définit les objectifs qu’il est souhaitable d’atteindre et recense les moyens d’y parvenir. L’association ou l’accord d’exécuter le plan ou une partie de celui-ci doit être donné par les autorités de l’unité opératrice impliquée dans la planification. Quand les détenteurs du pouvoir donnent le feu vert, dès lors le plan devient programme. En 16 réalité le plan trace les grandes orientations à suivre qui incarnent les vœux de l’autorité. 1.5.2. Le programme Il fixe définitivement certaines priorités, prévoit les moyens financiers nécessaires et désigne les personnes qui doivent assumer son exécution dans un ensemble plus vaste. Un programme est un plan détaillé. C’est un écrit destiné à faire connaître les détails d’une activité. C’est un ensemble d’instructions et d’informations nécessaires à l’exécution d’opérations déterminées. Un programme peut donc se définir comme étant un ensemble d’activités (de projets) organisées, ayant un objectif précis, limitées dans le temps et dans l’espace. 1.5.3. Le projet Le projet est un ensemble d’activités qui, avec l’apport des différentes ressources. Vise à réaliser certains avantages. (Dirk Des met) C’est donc un ensemble d’activités qui donnent prépondérance aux objectifs immédiats et précis. A la lumière de ces définitions, on remarque que le plan, programme et projet sont des concepts qui s’apparentent l’un à l’autre mais avec nuance propre à chacun. Le projet peut être considéré comme un ensemble des solutions partielles a des problèmes fondamentaux. A la différence d’un projet, le programme est un ensemble de projets coordonnés, c'est-à-dire, identifiés par catégorie, qui répondent à un but précis cohérent dans le temps et distribués selon une structure géographique et un calendrier précis. C’est déjà une solution avancée aux problèmes. A la différence du programme, un plan peut être fractionné en plusieurs programmes. Ces derniers constituants aussi des documents plus concrets et plus réalistes que le plan. Le plan donne l’image globale de la vie nationale, régionale ou territoriale d’un pays dans un ou plusieurs domaines d’activités nationales. Il traduit la volonté politique du développement d’un pays. Ex : la ZAMBIE a dressé son premier plan quinquennal pour la période 1866-197O et l’a prolongé jusqu’en 1971. En voici les objectifs : - diversification de son économie pour limiter la dépendance du secteur miner à l’égard de l’extérieur, - augmentation de l’emploi et des revenus ruraux par rapport à ceux urbains, - élargissement de l’enseignement et de la formation, - l’amélioration des moyens de transport et de communication, - l’amélioration des conditions de vie entre autres au niveau de l’habitat et de soins médicaux, ici s’arrête le plan. Dans le cadre de ce plan, la Zambie a élaboré plusieurs programmes au niveau des secteurs concernés, afin d’acquérir aussi vite que possible son indépendance. Ces programmes visaient les buts suivants : 17 - L’Autofourniture de l’énergie électrique, - Assurer sa propre issue vers la mer, - La « Zambisation » des cadres. A suivi enfin, l’élaboration des projets spécifiques qui a permis de réaliser des programmes. Ainsi, des barrages ont été construits, la construction d’une voie ferrée a été entamée. Un pipe-line a été installé, des routes ont été faites, une université a été fondée. Chap. II. LA PLANIFICATION DU DEVELOPPEMENT Table des matières 2.1. Nécessité d’un plan de développement 2.2. Rôle et contenu du plan de développement 2.3. Types de planification et/ou de plans 2.3.1. Classification selon la finalité 2.3.2. Classification selon le mode d’intervention de l’Etat 2.3.2.1. La planification impérative 2.3.2.2. La planification indicative 2.3.2.3. La planification mixte 2.3.3. Classification d’après la portée des objectifs 2.3.3.1. La planification macro-économique 2.3.3.2. La planification sectorielle 2.3.3.3. La planification par projets 2.3.4. Classification d’après la durée 2.4. Processus d’élaboration d’un plan de développement 2.4.1. Préparation du plan de développement 2.4.2. Elaboration du plan de développement 2.4.3. Mise en œuvre du plan de développement 2.5. La prise en compte des considérations sociales dans la planification du 18 développement 2.6. Expérience de planification du développement social et économique du ZAIRE (actuel Congo) 2.1. NECESSITE D’UN PLAN DE DEVELOPPEMENT Planifier est la tâche qui consiste à déterminer les moyens d’atteindre des objectifs qu’on s’est choisis. Il apparaît ainsi que plusieurs domaines de la vie individuelle ou collective peuvent être planifiés : une promenade, la composition familiale, les études, la construction d’une maison, etc. La vie économique et sociale d’un pays ou d’une région mérite une planification car celle-ci sert de guide pour entreprendre des actions actuelles qui résulteront en un avenir meilleur (le développement). Jusque récemment, on a associé le plan à un type d’organisation économique : l’économie centralisée qu’on appelle économie planifiée (cfr U.R.S.S., Chine,…). Dans le type d’organisation, le plan est l’instrument par lequel l’organisme central détermine les orientations souhaitables et les politiques pour les réaliser. A l’opposé de l’économie centralisée, l’économie libérale ou économie de marché laisse les décisions économiques aux agents économiques individuels. Les décisions individuelles, prises librement, sont coordonnées par l’interactions des forces du marché (USA, Canada, Grande-Bretagne,..). Mais, même les pays du libéralisme pur planifient aujourd’hui leurs économies pour corriger les excès du libéralisme (France, USA,…). Dans les pays en voie de développement, le plan semble constituer une nécessité pour les 3 raisons suivantes : - la nécessité de corriger les structures socio-économiques dans le sens qui favorise le développement : par exemple, planifier les investissements pour introvertir une économie structurellement extravertie ; - Le besoin de pallier la carence de connaissances économiques et sociales (études, analyses,…) de façon à informer les acteurs socio-économiques sur les contextes de leurs actions ; - Le fait que pour nos pays en voie de développement, le recours aux ressources financières extérieures est plus conditionné par l’existence d’un plan. Dans ces pays, le rôle essentiel du plan est de faciliter et de guider la mutation sociale, modifier les mentalités et orienter les populations vers des voies meilleures en vue d’atteindre le développement. Plus qu’à coordonner les projets des agents économiques, le plan vise à susciter les forces qui adoptent les grands projets de développement. 2.2. ROLE ET CONTENU DU PLAN DE DEVELOPPEMENT Le rôle du plan de développement dépend de la nature des pays. Mais de manière générale, dans toute société développée à économie marchande ou à 19 économie planifiée, l’objet du plan de développement est de coordonner et d’orienter les activités productives afin d’éviter des crises, d’assurer la croissance optimale et l’équilibre entre secteurs (G.TURIN). Dans les pays sous développés, le rôle essentiel du plan est de faciliter et guider la mutation sociale, modifier les mentalités et orienter les populations vers des voies meilleures en vue du développement. Quelle que soit la technique de planification retenue, le plan comprend : - Une projection des besoins à moyen terme (période de plan) et long terme (horizon) ; en fonction de leur hiérarchie (leur priorité du point de vue de la collectivité), cette projection fournit les objectifs ; ces objectifs sont établis par branches ou secteurs, ils correspondent à des « finalités » définies par le pouvoir politique ; - Une prévision des ressources disponibles pour tous les facteurs de production durant les mêmes périodes (contraintes et enveloppes). - L’allocation des ressources prévisibles entre les besoins conformément à la « stratégie de développement » choisie par le pouvoir politique (les options) ; - L’ensemble des décisions doit être cohérent (cohérences ressources- emplois, cohérences sectorielles, cohérences temporelles, etc.). Bref, contraintes, objectifs, stratégie et calendrier sont les éléments constitutifs d’un plan de développement. 2.3. TYPES DE PLANIFICATION ET/OU DE PLANS On distingue différents types de planification et/ou de plans selon les critères de classification adoptée. 2.3.1. Classification selon la finalité Nous avons déjà distingué le plan de croissance du plan de développement. 2.3.2. Classification d’après le mode d’intervention de l’Etat On parle ici de planification indicative, impérative ou mixte. 2.3.2.1. La planification indicative (planification souple, capitaliste) Liberté : laisser aller, laisser faire, idée de base / intérêts privés comme moteurs des investissements). L’Etat se borne à indiquer les orientations souhaitées et laisse les agents économiques libres de prendre ou non leurs décisions dans le sens souhaité par le plan. Toutefois, l’Etat intervient indirectement dans ces décisions en arrêtant des mesures fiscales, monétaires et autres qui incitent les agents économiques à se comporter dans la ligne tracée par le plan. Ex. France (pays développés occidentaux), il s’agit d’une coordination des efforts particuliers en vue d’aboutir à l’harmonisation de la croissance et du développement. Cette planification est dite souple par le fait que, en dehors des secteurs d’infrastructures de base, l’Etat n’est pas propriétaire de tous les facteurs de production, notamment des secteurs de pointe. L’Etat établit seulement les bornes 20 dans lesquelles la croissance doit s’opérer. Ce type de planification est basé sur l’initiative privée, le rôle de l’Etat étant le maintien de l’ordre public et des équipements collectifs : routes, monnaies,… L’idée de base ici est que l’intérêt privé peut être un moteur efficace pour le développement car encouragé, cela permet de mettre au point nombreux initiatives et investissements. Critique de ce type de planification Souvent à cause de ces intérêts individuels, les intérêts sociaux sont négligés (infrastructures publiques : enseignement, autres services d’intérêt collectif). Cela peut créer à la longue un déséquilibre entre les différents secteurs car les gens n’investiront pas là où ils ne se trouvent pas en tant que privés, de grands intérêts. Aussi, il y a risque que l’économie du pays soit laissée entre les mains des étrangers qui viennent souvent investir leur argent. Ces investisseurs étrangers peuvent utiliser aussi cette liberté pour développer une industrie orientée vers le marché extérieur et non vers les besoins nationaux. Exemple : exploitation minière, planification des cultures industrielles. Or, il parait que l’extension de ces secteurs n’exerce souvent qu’une influence réduite sur le développement général du pays. 2.3.2.2. La planification impérative (Planification socialiste) C’est lorsque l’Etat intervient directement dans la gestion de l’ensemble de l’économie nationale. C’est une planification centralisée comme cela se faisait dans l’ex URSS (socialiste), ce système apparaît comme une sorte des réactions contre les abus de planification libérale et l’exploitation de la classe ouvrière par les propriétaires du capital en vue de protéger les individus contre les inégalités sociales et économiques. Ce type de planification résulte du fait que l’Etat est propriétaire de tous les facteurs de production. Ceci lui permet suivant les degrés d’avancement, de supprimer les mécanismes de marché. Ce système de planification socialiste est en fait la planification de la vie économique de la société à l’échelle nationale, c'est-à-dire une gestion planifiée de l’ensemble de l’économie nationale. C’est une économie organisée à l’échelle du pays tout entier et orientée par le plan d’Etat uniquement ayant pour objectif l’amélioration de la vie du peuple, la multiplication de ses richesses matérielles et spirituelles, la consolidation de l’indépendance et le renforcement de la défense du pays. L’Etat possède tous les pouvoirs : il est le seul propriétaire des moyens de production, fixe de manière autoritaire les prix, les salaires, planifie et détermine la production, la consommation, les investissements à réaliser. De ce fait, la planification se propose d’établir les besoins actuels et à venir de la société en biens matériels et en services, d’établir les sources, les méthodes et les délais de la satisfaction des besoins. Conditions essentielles : Ce genre de planification suppose un cadre institutionnel particulier avec un appareil politico administratif important, des syndicats jouant le rôle d’animateurs de la production et de stimulant du plan ; des sanctions pénales pour les délits 21 économiques ; enfin, la suppression de la propriété privée de manière à anéantir tout sentiment d’exploitation par les capitalistes. Critique de ce type de planification Il est très coûteux parce qu’il exige un gros appareil bureaucratique. Cette dictature de l’Etat qui contrôle toute l’économie risque en même temps d’étouffer les initiatives et la liberté de la personne humaine. Il exige aussi une administration très compétente qu’on n’à pas partout. 2.3.2.3. La planification mixte (de type concerté) : Elle combine les deux types précédents. Elle est impérative en ce qui concerne le secteur public (administrations, entreprises publiques et mixtes, …) et elle est indicative quand au secteur privé (ménages, entreprises privées,…). Le Congo, alors Zaïre avait opté pour ce type qui est en vogue dans beaucoup des PVD (Pays en voie de développement). Elle a pour but principal de maintenir un niveau de demande effective qui assure l’utilisation la plus complète possible des immobilisations de la main d’œuvre et des autres ressources économiques. Elle visse aussi à élever le taux de croissance des revenus. Mais elle laisse au secteur privé le soin de déterminer l’orientation de cette croissance. Elle ne cherche pas non plus à diriger les investissements publics afin d’accélérer le taux de croissance. Elle cherche au contraire à éviter de mettre en danger la stabilité économique en provoquant l’inflation ou en menaçant l’équilibre de la balance des paiements. Dans ce type, l’Etat intervient donc là où sont incapables d’innovations les privés (domaines des secteurs publics) et donne en même temps les orientations générales quant aux initiatives privées pour garantir l’équilibre général de l’ensemble. Critique du type de planification mixte Ce type est pratique et basé sur l’idéologie économique et sociale. Selon les circonstances, tantôt il s’incline plus vers le libéralisme … pendant qu’une planification mixte, de type concerté doit appliquer les deux à la fois. 2.3.3. Classification d’après la portée des objectifs Ici on distingue la planification macro-économique, la planification sectorielle et la planification par projets. 2.3.3.1. La planification macro-économique Elle définit les objectifs globaux sous forme des stratégies et des politiques d’ensemble qui fixent le cadre général et du plan. C’est dans cette planification qu’on détermine par exemple le régime de l’économie nationale (socialisme, libéralisme concerté,…) la politique du crédit, le système monétaire, etc. Elle fait une présentation intégrée de l’ensemble de connaissances et des règles d’action qui permet de comprendre les mécanismes et l’enchaînement des phénomènes du développement économique et social d’une nation et d’intervenir sur celui-ci en 22 agissant de manière cohérente sur ses différents secteurs et facteurs de production. Elle consiste donc à définir un cadre global réaliste cohérent où doit se réaliser le développement et souhaite à orienter chaque secteur dans une direction favorable au développement. 2.3.3.2. La planification sectorielle Elle est basée sur l’idée de pole de croissance et d’effet d’entraînement. Ici la planification ne porte que sur un ou quelques secteurs clés considérés comme pouvant entraîner le reste de l’économie. Exemple : Planifier dans le secteur agricole en considérant que l’augmentation de la production agricole permettra d’améliorer l’approvisionnement des manufactures en matières premières et réduire la dépendance vis-à-vis des biens alimentaires importés. 2.3.3.3. La planification par projets : Elle consiste à concentrer l’effort sur quelques bons projets identifiés comme nécessaires et prioritaires, susceptibles d’amorcer le développement d’un secteur ou de l’ensemble de l’économie. Cette planification est par essence micro-économique et par conséquent, elle n’a pas une vision de l’ensemble de l’économie. Cependant, c’est par là que presque tous les pays en voie de développement ont commencé. Le choix d’un de ces types de planification doit dépendre du diagnostic de l’économie qui identifie la nature des problèmes à résoudre. Lorsque ceux-ci sont nombreux et se posent à tous les niveaux de la vie nationale, il faut un plan complet qui combine les trois approches partielles ci-dessous. 2.3.4. Classification d’après la durée Le plan est établi pour une durée déterminée: - 10ans : plan décennal ; - 5 ans : plan quinquennal ; - 2ans : plan biennal, etc. Ce qu’il importe de noter ce sont les facteurs qui déterminent la durée d’un plan. On peut citer, entre autres : - La nature de problèmes à résoudre par le plan : problèmes structurels ou problèmes conjoncturels ; - Les données techniques qui déterminent le temps de maturité des projets. Ex : temps différents pour construction d’un barrage, d’un pont ou pour former des cadres ; - Les considérations politiques influencent aussi la durée d’un plan dans la mesure où celui-ci peut correspondre plus ou moins aux échéances d’un mandat politique ou d’une législature. 23 2. 4. PROCESSUS D’ELABORATION D’UN PLAN DE DEVELOPPEMENT La planification est une suite d’actions se déroulant en phases successives subdivisées en sous-phases : il s’agit de la phase de préparation, celle d’élaboration, et en fin celle de la mise en œuvre du plan. 2.4.1. Préparation du plan de développement Cette phase consiste à faire le diagnostic de la situation économique et sociale afin d’identifier la nature et les causes des problèmes à résoudre. A ce niveau, on doit éviter la lacune courante qui consiste en la non prise en compte des données sociales par le planificateur. Il ne faut pas seulement s’arrêter aux données économiques (PNB, déficit budgétaire, les prix, salaires, politique monétaire et fiscale, etc.) mais aussi considérer les caractéristiques culturelles et les structures sociales de la région concernée. 2.4.2. Elaboration du plan de développement C’est la phase ou l’on produit le document du plan comme tel. On y retrouve les sous phases suivantes : la définition des objectifs, la rédaction du projet de plan et de la définition des programmes sectoriels. Les objectifs sont les orientations que poursuit le plan. Ils se présentent généralement sous forme chiffrée. Exemple : - Le plan quinquennal 1986-1990 du Zaïre avait comme un des objectifs à long terme de réduire la dépendance extérieure du Zaïre en la ramenant à 50 % en 2000. - Autre objectif du même plan : un taux de croissance du P.I.B de 4% par an. Les objectifs peuvent être globaux (lorsqu’ils concernent les grands agrégats macro-économiques) ou détaillés (lorsqu’ils concernent les secteurs : agriculture, transports, industries…) La réalisation des objectifs se fait au moyen des stratégies, des politiques et des programmes. Contrairement aux objectifs, les stratégies ne sont pas quantifiables. Elles fixent la durée du plan, les stratégies adoptées sont précisées dans des mesures concrètes qu’on appelle politiques. Par exemple le plan quinquennal 1986-1990 du Zaïre a arrêté une stratégie d’ensemble, « le libéralisme concerté ». Cette stratégie est traduite dans une politique qui fait prendre à l’Etat 70% des investissements sociaux et d’infrastructures et 30% d’investissements productifs. Après avoir défini les objectifs, les stratégies et les politiques, il faut en examiner la cohérence avant de rédiger le document du plan proprement dit. Tester la cohérence consiste principalement à évaluer l’adéquation entre les ressources et leurs emplois, ainsi que la liaison entre le court et long terme. Vient en suite l’étape de définition des programmes sectoriels et régionaux, qui fixent les moyens à mettre en œuvre pour réaliser les objectifs, déterminent les unités socio- économiques par le plan et désignent même leurs localisations. Le document du plan doit contenir : une analyse de la situation avec un compte rendu critique du passé et l’exposé des enseignements qu’on peut en tirer, le rappel des orientations générales, l’exposé de l’ensemble des objectifs, l’ensemble des projets, la présentation régionales des projets, les résultats escomptés et 24 l’utilisation des ressources disponibles, les ressources financières et l’investissement, la balance commerciale et de paiement… 2.4.3. Mise en œuvre du plan de développement Cette phase concerne l’exécution, le contrôle et le suivi du plan. Toutes ces actions nécessitent la mise en place des structures et d’une organisation. Les structures à installer sont certes économiques (entreprises, coopératives …) mais aussi institutionnelles et politiques (organes de mobilisation des intervenants). Exemple : Les institutions du plan quinquennal de 1986-1990 du Zaïre étaient structurées comme suit : - un organisme central : département du plan (Gouvernement) ; - un organisme consultatif et technique : le conseil National de Planification (CNP) ; - au niveau régional : l’exécutif est assuré par les gouverneurs de régions, assistés par les conseils régionaux de planification ; - des cellules de planification ont été créées dans les différents ministères ainsi que dans les principaux organismes et entreprises pour l’élaboration et l’exécution des plans sectoriels. Un des éléments principaux dans la mise en œuvre d’un plan de développement est le suivi. Il s’agit d’un processus de contrôle de l’exécution du plan, qui permet d’en ajuster régulièrement les objectifs et les politiques pour tenir compte des circonstances changeantes. On introduit ainsi une certaine flexibilité dans le processus de planification, sans laquelle celui-ci serait rigide et donc fragile. Une façon d’éliminer la rigidité est l’établissement soit des plans annuels, soit des plans glissants. Les plans annuels déterminent les tranches annuelles d’exécution insérées dans le plan à moyen terme. Ils indiquent en détails la part du plan à exécuter chaque année, ils permettent de modifier le plan à moyen terme à la lumière de nouvelles informations et des circonstances changeantes. Enfin, les plans annuels peuvent être coordonnés aux budgets annuels et permettre ainsi une mobilisation régulière des fonds. Quant aux plans glissants, ce sont des plans à court terme qu’on rééchelonne chaque année. Un plan glissant est celui qu’on révise à la fin de chaque année et des estimations, des objectifs et des projets pour douze nouveaux mois sont ajoutées à la suite de ceux qui s’appliquent à l’année achevée. Le plan est donc renouvelé à la fin de chaque année, sa durée restant constante pendant qu’il glisse dans le temps. Concluons en énumérant des facteurs qui déterminent la réussite d’un plan de développement : a) La cohérence : coordination de la multitude de décisions que comporte le plan pour éviter les contradictions ; b) Le réalisme : faisabilité du plan tant au niveau des objectifs que des ressources. Il faut éviter les plans utopiques ou irréalistes ; c) Modification des intervenants : la participation de l’ensemble des agents socio-économiques ; 25 d) Le suivi : le courage de constater les erreurs commises et de les corriger. 2.5. LA PRISE EN COMPTE DES CONSIDERATIONS SOCIALES DANS LA PLANIFICATION DU DEVELOPPEMENT Les planificateurs classiques sont souvent accusés d’un « économisme » étroit. La planification est alors basée sur le données statistiques issues de la comptabilité nationale. Or pour la plus part des pays en voie de développement, plusieurs données socioculturelles ainsi que celles du secteur informel échappent à la comptabilité nationale et partant aux planificateurs. Or, c’est le plan qui détermine les politiques de développement. Comme le développement doit pouvoir toucher l’ensemble de la population tant urbaine que rurale, les données sociales méritent une considération particulière dans le processus de planification. Par données sociales nous entendons une connaissance des comportements et des structures sociales ainsi que leur mise en relief des objectifs sociaux. Il faut alors qu’au sein de l’organisme central de planification, il y ait aux côtés du planificateur économique, le planificateur social qui s’intéresse généralement aux facteurs sociaux et aux objectifs sociaux du développement. Cela permettra notamment d’élaborer les stratégies intersectorielles intéressant les groupes vulnérables de la population. La planification doit arriver à fixer des normes sociales officielles en fonction des ressources dont on dispose et du temps considéré. Ces normes permettraient d’apprécier qualitativement l’amélioration des conditions de vie de la population ; surtout de la population pauvre. Exemple des normes sociales : - Normes de revenu : fixer un revenu minimum en fonction de la dimension familiale ; - Normes de nutrition : quantité et qualité d’aliments nécessaires au maintien de la santé : calories et protéines ; - Normes de logement : espace vital minimum, nombre des pièces requises, - Normes de santé : nombre de lits par institution sanitaire pour autant des populations, - Normes d’éducation : nombre d’élèves par classe, nombre d’enseignants pour autant d’élèves - Autres normes sociales : protection des personnes âgées, des femmes, des handicapés, des groupes minoritaires des paysans, des habitants de taudis ou bidonvilles, etc. 2.6 EXPERIENCE DE PLANIFICATION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL ET ECONOMIQUE DU ZAIRE (Actuelle RDC) Avant 1960, la planification du développement est effectivement intervenue dans la gestion économique du Congo Belge avec le premier plan décennal 1949-1958, qui était en fait un programme de dépenses publiques d’infrastructures et qui a été réalisé en grande partie. Le deuxième plan décennal était déjà élaboré lorsque la colonie accédait à la souveraineté internationale. 26 Après l’indépendance la planification se limitait au niveau soit des propagandes politiques (1960-1965) soit des réflexions sur les méthodes et les modèles de développement (1966-1971). C’est à partir de 1972, que le programme de planification a démarré effectivement avec la création du service du plan rattaché au bureau du Président qui deviendra le département du plan en date du 23 février 1977. Les travaux du service et du département du plan ont aboutis en 1977 au premier plan triennal de redressement (le plan Mobutu : C’était un plan d’urgence qui n’a connu qu’une exécution très limitée). En 1982, des idées pour la préparation d’un plan quinquennal sont émises par le congrès de l’ancien parti unique (le MPR). Ce qui a aboutit au plan quinquennal 1986-1990 dont la réalisation n’a pas été fameuse faute d’un suivi efficace alors que la gestion de la chose publique est resté marquée par l’inconscience, le détournement et l’impunité. Le taux d’exécution tant financier que physique du plan de développement est resté bas si bien qu’on doit parler d’un échec. II ème PARTIE : CONCEPTION, ELABORATION, MANAGEMENT ET GESTION DES PROJETS DE DEVELOPPEMENT Nous avons vu que le planificateur du développement inclut un ensemble d’opérations complexes qui se situent soit au niveau macro-économique et micro- social (grands ensembles nationaux ou régionaux), soit au niveau micro – économique et micro – social (unités de production et/ou de consommation : Entreprises, projets, villages, associations philanthropiques, etc.) Le planificateur rural agissant beaucoup plus au niveau des unités opérationnelles de base et des projets ; c’est pourquoi cette partie du cours consacrée à la conception, et management des projets retiendra particulièrement notre attention. CHAPITRE 1. GENERALITES SUR LES PROJETS TABLE DE MATIERES 1.1 Définition d’un projet…………………………………………………………………… 1.2.Typologie des projets……………………………………………………..………. 1.3.Le cycle de vie d’un projet : - Identification des idées de projet…………………………………………….. - Préparation et analyse des projets……………………………………….. - Evaluation des dossiers de projets…………………………………………… - Mise en œuvre des projets…………………………………………………. - Evaluation rétrospective des projets………………………………………….. - Tirer des enseignements du cycle de projet - Schéma du cycle du projet………………………………………………………….. 1.4. Les conditions de réussite d’un projet - Réalisme du projet 27 - Motivation des acteurs du projet - Participation au projet - Organisation au sein du projet 1.5 La gestion des activités de planification d’un projet :………………………………. 1.1. DEFINITION D’UN PROJET Les définitions sont multiples. Pour le cas d’espèce on peut dire que : 1. Dans le langage courant, on désigne par projet tout ce qu’on se propose de faire ou tout but à atteindre. Exemple : projet de lettres, de discours,… 2. En construction ou travaux publics, un projet est un dessin représentant le bâtiment à exécuter conformément aux intentions de celui qui fait bâtir, 3. Selon J.PRICE GITTINGER : les projets constituent le « fer de lance »du développement, 4. Pour POUMAILLOU : un projet est un ensemble de moyens de toute sorte dont la mise en œuvre, de façon coordonnée, est estimée nécessaire pour obtenir un résultat de développement économique et social concourant à la réalisation des objectifs du plan, 5. Pour DIRK DESMET : le projet est un ensemble d’activités qui avec l’apport de différentes ressources, vise à réaliser certains avantages. C’est un ensemble d’activités qui donnent prépondérance aux objectifs immédiats et précis. 6. Pour le développement rural, le projet peut se définir comme « un ensemble d’objectifs et de moyens reliés entre eux par un calendrier visant à modifier plus ou moins partiellement les éléments constitutifs du monde rural et/ou leurs relations naturelles ». 7. En planification et gestion des projets et cela de façon consensuelle, un projet de développement est (1) un ensemble complet d’activités et d’opérations qui nécessitent une (2) consommation des ressources rares et limitées (humaines, naturelles et matérielles, financières …) et dont (3) on attend (4) des résultats, revenus ou autres avantages monétaires ou non monétaires pour l’amélioration durable des conditions de vie des populations concernées. On peut relever dans tout projet, les dimensions identitaires suivantes :  L’élément volontariste : le projet est une opération décidée par la volonté du promoteur dans un but clair, il ne tombe donc pas du ciel comme une manne ;  L’échéance (élément temps) : le projet se déroule sur une durée déterminée de temps ;  Elément complexité : le projet nécessite la mise en œuvre et la combinaison des intrants et des moyens divers (humain, financier, matériel, technique, temporel…)  La finalité : le projet a toujours un but à atteindre et c’est pour cela que les parties prenantes ou détenteurs d’enjeux s’engagent. 28 1.2. TYPOLOGIE DES PROJETS On peut établir la typologie des projets de plusieurs manières dépendamment de critères qu’on se choisit. En effet, toute classification est arbitraire mais reste cependant indispensable. Nous envisageons pour cet enseignement sept critères. Ces critères retenus sont : - le secteur d’activités du projet ; - Les fonctions spécifiques à remplir ; - Le critère juridique (nature juridique du projet) ; - Le critère des objectifs ; - Le critère de bénéficiaires ou utilisateurs du projet ; - Le critère de la dimension du projet ; - Le critère du champ d’activités. 1.2.1. Secteurs d’activités des projets : Suivant ce critère, on peut parler de projets agricoles, miniers, sociaux, d’infrastructures, d’éducation, commercial… 1.2.2. Fonctions spécifiques à remplir par les projets : On peut parler de : - Projets pilotes : ce sont des tentatives qui consistent à monter à petite échelle les techniques qui pourront être appliquées et essayées plus tard à une plus grande échelle - Projets expérimentaux : ce sont des tentatives qui consistent à découvrir les meilleurs moyens de surmonter les contraintes imposées par les conditions locales, ou rechercher les manières de transférer et d’adapter dans un milieu où elles n’ont pas encoure été essayées des techniques qui ont connu de succès ailleurs. - Projets de démonstration : il s’agit des projets qui consistent à faire connaître (diffuser) des techniques et méthodes largement appliquées. I.2.3. Critère Juridique (nature juridique des projets) Au sujet de ce critère, on peut distinguer trois types de projets : 1. Les projets de type administratif Ce sont des projets entrepris à l’initiative (initiés, organisés, financés, exécutés) avec les seules ressources et sous la seule responsabilité des services publics. Ex. : Projet d’infrastructures, projet de production en régie employant une main d’œuvre salariée (ferme d’état) 2. Les projets de type privé Ce sont des projets entrepris à l’initiative (initiés,financés,organisés,mis en route) avec les ressources et sous la responsabilité d’agents économiques particuliers (collectivités de base ou individus). Ex. : - Projets industriels ou artisanaux 29 - Projets ruraux entrepris sans contribution décisive des services publics (investissements humains, cotisation) 3. Les projets de type concerté A cause des limitations techniques et financières des agents économiques particuliers, les projets privés ont souvent une portée limitée. Pour atteindre les résultats voulus, l’état : - soit apporte son secours à des initiatives privés ; - soit prend lui-même l’initiative du projet et en assume une partie des charges sans intervenir directement dans la production qui est confiée à des individus ou à des collectivités indépendantes. Exemple :- l’Etat met à disposition des engins pour aider à la construction d’une piste dont le parcours sera décidé par des particuliers, - L’Etat fournit certains matériaux pour la construction d’un pont dont la responsabilité incombe à la collectivité locale ; -Dans un milieu rural ou urbain, la population construit une école, l’état fournit des enseignants. Dans le cas du projet concerté, il importe de déterminer d’un commun accord la part de chacun dans la réalisation du projet. Cet accord peut prendre la forme d’un contrat ou d’un quasi-contrat (engagement sans sanction ni formalisme).Aussi des réunions de concertation doivent avoir lieu régulièrement pour faire le point de la situation et apporter des nouvelles orientations pour un bon avancement des projets. Il convient de noter que tous les projets dits projets locaux peuvent s’accroître au fur et à mesure que se développe la capacité de gestion d’une population ou d’un organisme donné. I.1.2.4. Critère des objectifs Selon les objectifs visés, on peut distinguer : 1. Le projet de l’homme d’affaires ou projet de type capitaliste But : Réaliser les bénéfices à tout prix. Il vise donc une grande efficacité. Ceci suppose une rigueur dans la gestion financière. Cette rigueur doit s’imposer également pour les projets de développement. Dans ce type de projet, les considérations humanitaires ne sont prises en considération que dans la mesure où cela accroît la productivité. Il se préoccupe peu des considérations de développement voir morales. Exemple : - un bar dans un quartier ou un village - plantation d’un homme d’affaire. 30 2. Le projet de développement Le même souci de compression des frais, et dans certains cas de rentabilité, doit présider à l’élaboration de ces projets. Les projets de développement ont pour objectifs de transformer les structures mentales et institutionnelles, d’opérer dans une grande mesure des mutations profondes dans la collectivité ou la région. Ils visent non seulement un mieux être des populations, mais aussi un plus être. Il y en a à caractère économique et à caractère social. Le projet à caractère économique vise l’accroissement du revenu ou d’autres grandeurs économiques. Ils ont souvent un effet multiplicateur immédiat. Les préoccupations de rentabilité directe ou diffuse y occupent une place centrale. (accroissement de l’avoir plus). Les projets à caractères économiques peuvent être privés, administratifs ou paraétatiques, c'est-à-dire concertés. Les projets à caractère social sont des projets dits à fonds perdus (dispensaires, écoles, centres de jeunesse ou d’animation). Leurs effets sont lents, se font sentir à moyen ou long terme. Ils sont difficilement quantifiables. Il est donc mal aisé d’apprécier, d’évaluer leur rentabilité financière quoi qu’il est possible, dans certains cas, d’assurer à ces projets une part d’autofinancement. (Ex. : hôpital ou projet de formation ad-hoc) N.B. : le véritable projet de développement est à caractère économique et social à la fois (socio-économique) intégrant des mutations qualitatives et quantitatives pour un mieux être durable. I.2.5. Critère de Bénéficiaire ou Utilisateur des services offerts par le projet. Les bénéficiaires ou utilisateurs d’un projet peuvent être soit des collectivités soit des individus. 1. Projets Collectifs Sont ceux circonscrits : - au niveau du village ou quartier (un pont, une route, un puits…) ; - au niveau d’un groupe de villages ou quartiers (dispensaires) ; - au niveau d’une collectivité (une coopérative) ; - au niveau d’une région ; - au niveau d’une nation ; - au niveau multinational. 2. Projets individuels : Ce sont des projets dont le bénéfice revient non à un groupe ou à une collectivité, mais à un individu (et à sa famille). On peut citer : - l’amélioration de l’habitat, - l’amélioration des cultures vivrières et industrielles, - Création de petites et moyennes entreprises, - Défense et restauration des sols etc. Les désirs individuels sont de plus en plus de désirs collectifs. Ces projets individuels 31 par exemple ; l’adduction d’eau chez un particulier, peuvent parfois une dynamique semblable à des projet collectifs. Ce ne sont plus de faits insolites, isolés mais des faits qui peuvent engager aussi à long terme toute une collectivité. La dynamique de groupes est alors en branle à ce moment là. I.2.6.Critère de champ d’activité Le projet peut porter sur : 1. Un seul secteur d’activité Ex : l’agriculture, la petite industrie, la santé etc… Et même à l’intérieur d’un secteur sur un domaine bien déterminé. Ex : la production en agriculture. 2. Plusieurs secteurs Ex : agriculture, habitat, scolarisation, infrastructure, etc… En fonction de besoins et aspirations de populations. Dans le premier cas, il s’agit d’un projet spécialisé dans le second, d’un projet intégré.  Le Projet Spécialisé Il peut poursuivre : - Un seul objectif. Ex : Accroissement de la production du coton (projet spécialisé uni-fonctionnel); - Plusieurs objectifs. Ex : Production, crédit, commercialisation, élevage (projet spécialisé multi-fonctionnel). Dans l’un ou l’autre cas, le ou les objectifs doit ou doivent être précis et réaliste(s) et il faut éviter la dispersion des moyens en hommes, en matériel et en finances. Ce type de projet (spécialisé) est approprié lorsque des lacunes importantes n’existent que dans un secteur déterminé, considéré comme stratégique sur le plan du développement. Exemple : la production : cela suppose que des structures adéquates existent déjà dans les domaines de la commercialisation, du crédit, de l’infrastructure etc. Toutefois, au fur et à mesure qu’un projet spécialisé se développe, des besoins nouveaux peuvent apparaître. Par souci d’adaptation et de subsistance. Il s’agira : - soit de développer les domaines voisins complémentaires du secteur ; - soit de mettre sur pied un projet intégré (en raison par ex du gaspillage des revenus et leur fuite, engendrés par le projet spécialisé (uni-fonctionnel). Il convient de noter qu’il y a interdépendance entre les divers domaines du secteur agricole : recherche, production, crédit, formation, transformation, conditionnement, commerce, infrastructure. Le développement de l’agriculture est limité par le degré de développement du domaine le plus faible, tout comme dans une cuve aux douves (tonneaux) inégales, le niveau d’eau est limité par la douve la plus courte. Une action visant uniquement le domaine limitatif, est exposé à être assez tôt freiné par les domaines voisins devenus à leur tour limitatifs. D’où la valeur éducative des actions intégrées 32  Le projet Intégré Il est le projet de développement par excellence. L’on se préoccupe non seulement d’atteindre des objectifs de production ou de revenu. Mais aussi d’améliorer le niveau de vie et le mode de vie des populations. Ce type de projets intègre les différents secteurs de la vie économique et sociale d’une population. Cette intégration peut être verticale (lorsqu’elle part d’un seul domaine pour s’étendre, par après sur plusieurs autres domaines) ou horizontale (lorsqu’elle part de plusieurs domaines à la fois). En effet : - rien ne sert d’accroître les revenus d’une population si parallèlement on favorise l’alcoolisme ou les dépenses à caractères sociologiques ; - il ne suffit pas d’apprendre aux gens de produire plus. Il faut également chercher avec eux les solutions qui leur permettent de mener une vie plus humaine. Le projet intégré, de par, ses ambitions mêmes, est difficile à gérer, il s’échappe aux tracasseries de l’administration classique, il peut devenir un monstre de papier, incapable à la longue de combler les espérances placées en lui. C’est pourquoi, un tel projet ne doit pas vouloir tout faire. Il a tout intérêt à chercher des formes de décentralisation. I.2.7. Critère de la dimension Les questions aux quelles il faut répondre sont les suivantes à ce niveau :  Faut-il mettre sur pied des petits projets (solutions progressives par étapes) ou de grands projets (solutions globales) ?  Comment distinguer le petit du grand projet ? 1. Trois critères de distinction des grands et des petits projets. Trois grands critères sont utilisés à ce sujet :  Le rayonnement : le petit projet est celui dont l’impact est principalement local. (aire géographique limitée).  Le coût : le petit projet est à la portée financière des populations locales.  La technologie : qui peut être maîtrisée par la population locale ; elle peut être gérée localement. Exemple : - Route zonale vers route régionale - Aménagement de points d’eau vers un système d’adduction - Dispensaire vers hôpital général - Ecole primaire vers un collège Il est à remarquer que les projets peuvent changer de nature suivant le stade de développement atteint par la zone, la collectivité ou le village. Ainsi par exemple : avec l’accroissement des revenus et la progression du niveau technique, il y a banalisation des grands projets (ils servent à tous). 33 2. Les grands projets (macro-projets) Pourquoi les grands projets rencontrent plus de faveur ? Cette catégorie des projets présente les grands avantages suivants : Avantages :  Leur dimension a un aspect voyant et publicitaire très important ;  Leurs résultats immédiats sont plus faciles à évaluer (par exemple une usine, un complexe agro-industriel, une centrale hydro-électrique, un système d’irrigation sont autant d’unités de production qui engendrent des plus values importantes, d’où une contribution plus grande au P.I.B.) ;  Utilisation importante des mains d’œuvres locales, d’où réduction du chômage (à nuancer) ;  Soutenus par des puissants groupes d’intérêts leur mise en œuvre bénéficie des nombreux appuis tant au niveau local qu’au niveau extérieur.Ils présentent quant même quelques inconvénients :  Coût élevé car le seuil de rentabilité est élevé ;  Les équipements et la technologie doivent en général être importés ce qui n’est pas nécessairement un mal en moyen terme ;  Les effets d’entraînement en amont et en aval se répercutent surtout sur l’extérieur ;  Grands équipements, d’où manque de souplesse et d’adaptation par rapport aux populations locales ;  et parfois suréquipements relatifs. 3. Les petits projets (micro-projets) Ils sont souvent négligés car : - les communautés locales ont un poids social dérisoire ; - ils constituent des solutions de problèmes précis et relativement mineurs à l’échelle nationale ; - ils sont extrêmement nombreux et variés dans la même aire géographique ; - ils ont un faible impact politique et - ils ont des faibles effets d’entraînement si on les prend isolément. Mais il faut dire qu’il existe une dynamique du petit projet. Progressivement, il devient un grand projet au fur et à mesure du développement des aptitudes et des ressources de la population. Exemple : - Une école primaire peut conduire à la construction d’un collège ; - Un atelier de réparation à la fabrication des certaines pièces ; - Un centre d’animation rurale à un réseau des centres dotés d’un centre d’appui technique et d’une station d’élevage des bœufs de trait. A long terme, un petit projet a donc une portée comparable à celle du grand projet. Il s’agit comme dit plus haut d’une solution progressive par étape et dans l’autre d’une solution globale. 34 Avantages de petits projets :  Permettre à la population de trouver progressivement une issue à ses problèmes  Permettre la participation de la population tant au niveau de la conception que de l’exécution, il en résulte un plus grand dynamisme ;  Souplesse d’adaptation car il existe des possibilités d’extension progressive (essais et tâtonnement) ce qui permet d’éviter un hiatus trop marqué entre le niveau de technicité et le degré de formation de la population ;  Suscitent des filières originales de progression et favorisent le développement de la créativité dans les communautés locales.  Sont facilement reproductibles et exercent des effets d’entraînement et d’invitation auprès des communautés voisines ;  Peuvent être intégrés dans un projet réseau dont les parties sont coordonnées et impulsées à un niveau supérieur. Ce qu’il importe de définir ce sont les politiques locales de développement. I.3. LE CYCLE DE VIE D’UN PROJET La manière dont les projets sont planifiés et exécutés suit en général, un ordre logique selon lequel chaque phase du projet conduit à la phase suivante.C’est cet ordre logique que l’on appelle souvent de « cycle du projet ». Pour la COMMISSION EUROPENNE : « la planification et la mise en œuvre des projets suivent une séquence bien établie,qui débute par une stratégie convenue,qui mène à l’idée d’une action donnée,qui est ensuite formulée,mise en œuvre,et évaluée en vue d’ameliorer la stratégie et les interventions futures. »Cette séquence constitue le cycle de projet. Il y a différentes façons, toutes également valables, de subdiviser ce cycle. J.PRICE CITTINGER retient l’ordre suivant : Identification, préparation et analyse, évalunttion ex ante, mise en œuvre et évaluation rétrospective. 1.3.1. Identification des idées du projet (projets potentiels) Le premier stade du cycle consiste à découvrir des projets potentiels. Pour TEAR FUND : « ce moment consiste à identifier ce sur quoi le projet va porter et trouver qui devraient en bénéficier et quels sont les besoins. Une évaluation des besoins permettra de présenter à ce niveau une vue d’ensemble des problèmes des communautés locales et les intérêts de toutes les parties prenantes et une évaluation des capacités aidera à identifier les problèmes que le projet devrait traiter. » Les suggestions pour alimenter cette identification peuvent provenir d’une infinité de sources. Elles viendront, le plus souvent de spécialistes avertis et de responsables locaux. Il est important que la communauté locale prenne l’initiative de l’identification des projets qui répondent à ses besoins réels. Les agents de développement et autres spécialistes doivent seulement jouer le rôle de « facilitation » pour aider la 35 base à s’exprimer, analyser ses problèmes et à choisir ses projets. Ils doivent agir comme des « accoucheurs » ; c’est la femme qui conçoit l’enfant et qui le met au monde ; l’accoucheur n’étant qu’un facilitateur D’autre part, au cours de la préparation d’un plan de développement, un certain nombre de suggestions précises concernant des projets proviennent des organismes responsables de l’exécution des projets. Des études sectorielles et enquêtes antérieures permettent aussi d’identifier des nouveaux projets. (OUT PUT : liste des besoins ; des problèmes et des intérêts des parties prenantes et des idées de projet éventuels ) 1.3.2. Préparation et analyse du projet Une fois que les projets ont été identifiés, commence la mise en place d’un mécanisme de préparation et d’analyses progressives plus détaillées des plans du projet. 1.3.2.1. Analyse du projet ou des idées de projet : la première démarche dans la préparation et l’analyse d’un projet consiste à entreprendre une étude de faisabilité qui fournira assez des renseignements pour décider si l’on peut ou non commencer une planification plus poussée du projet ou des idées de projet ( cfr chapitre 3 au point qui concerne le contenu d’une étude de faisabilité des projets) Cette étude prendrait en compte les considérations sociales, techniques, financières et économiques. Les études de faisabilité montrent à la fin (parmi plusieurs alternatives), la possibilité ou le projet qui a plus de chances d’être valable. A ce moment là, les solutions de rechange (alternatives de projets) moins porteuses de promesses, auront été éliminées. Pour un projet agricole par exemple, on procédera à des études pédologiques, des analyses hydrologiques, l’examen approfondi des modes de cultures, l’estimation mois par mois des besoins en main d’œuvre, le budget détaillé de l’exploitation agricole etc. Les projets complexes doivent être préparés par des équipes de spécialisation, par des consultants ou des organismes d’assistance technique. Voici un tableau qui peut aider à orienter le choix d’une des alternatives des solutions. Exemple d’un check list pour la sélection des alternatives des solutions N° Critères à Considérer Alternatives des Observation solutions A1 A2 A3 A4 1 Facilité dans la réalisation 2 Importance de la solution 3 Coût nécessaire 4 Résultats attendus 5 Temps nécessaires de réalisation 6 Part de l’aide extérieure et participation locale 7 Possibilité de maîtrise de la solution par la base 8 Technologie utilisée réparable localement 36 9 Avancée démocratique 10 Durabilité des effets du projet 11 Obstacles majeurs 12 Valorisation des moyens disponibles localement 13 Observations particulières (OUT PUT : document des études de faisabilité et d’approfondissement) et le choix de l’idée ou des idées porteuses. 1.3.2.2. La préparation des dossiers de projet (design ou prodoc) Lorsqu’on a fait le choix de ou des idées porteuses, on élabore le dossier du projet (design). Au cours de cette phase, qui peut durer plusieurs jours, voir des années, le planificateur :  Fixe l’objectif à atteindre et le but à réaliser ;  Confirmer les études de faisabilité commencées plus haut ;  Définit les moyens financiers et les ressources nécessaires (intrants, inputs)  Détermine les responsabilités ;  Coordonne les attributions ;  Produit tous les autres plans détaillés (cadres logiques, budgets détaillés et chronogramme etc.) Il faut noter que c’est toujours pendant cette période que toutes les réflexions en rapport avec la conception sont faites et sont couplées à une étude du milieu de base qui prépare la mise à jour d’une action donnée et qui estime qu’avant de proposer un projet concret, il est indispensable de connaître la zone où il sera implanté :Ses caractéristiques (géographiques, démographiques, socio- économiques, politiques et administratives), les blocages au développement (mentalités, qualités de services éducatifs, agricoles, administratifs, infrastructurels,…) les potentialités (ressources humaines, naturelles, leadership, problèmes clés,…). (OUTPUT : design ou prodoc) I.3.3. Evaluation du dossier de projet Généralement, après qu’un projet ait été préparé, il convient d’en effectuer l’examen critique ou d’évaluer, de façon indépendante, l’analyse faite. Ceci fournit l’occasion de revoir chaque aspect du plan du projet pour vérifier si la proposition est convenable et saine avant d’engager des sommes importantes. Si l’équipe d’évaluation conclut que le projet est bien conçu, on peut demander le feu vert à l’investissement. Par contre, si elle découvre de graves imperfections, l’analyse peut se trouver dans la nécessité de modifier le plan du projet. Cette évaluation préalable à la mise en œuvre est dite Evaluation ex-ante. Remarque : Parlant de cette période, on doit entendre donc l’ensemble des étapes par lesquelles il faut passer avant de prendre la décision de réaliser le projet. Ainsi 37 l’idée de départ (gestation) est approfondie à base des enquêtes particulières, des discussions, des calculs techniques et économiques. I.3.4.Mise en œuvre du projet (Période d’opérationnalisation ou d’exécution ou d’implantation du projet). Il est évident que tout effort de planification et d’analyse d’un projet vise à ce que ce dernier puisse fonctionner au profit de la collectivité. Cette période d’actualisation ou d’exécution du projet consiste à gérer les activités et ressources nécessaires dites intrants (inputs) en vue d’obtenir des résultats escomptés (attendus) et appelés extrants (outputs). C’est le passage de l’état virtuel à l’état du projet réel. La mise en œuvre et la gestion du projet constituant l’étape la plus importante, la mise en œuvre d’un projet doit être souple. Ainsi comme les circonstances sont appelées à changer, les directeurs de projets doivent pouvoir réagir intelligemment à ces changements. Même en cours d’exécution, les responsables peuvent être amenés à remodeler et replanifier certaines parties ou même la totalité du projet. TEAR FUND estime à ce propos que : « pendant l’exécution du projet, il est important d’effectuer un suivi et une revue de la progression de l’évolution du projet et de tout changement extérieur qui pourrait l’affecter car les plans du projet devraient être adaptés chaque fois qu’il sera nécessaire. » Quand les changements sont de moindre importance, on les opère et on tient informé les autres partenaires. Lorsque ce sont des grands changements, il y a lieu d’associer tous les partenaires car c’est une nouvelle négociation. I.3.5. Evaluation rétrospective du projet La phase finale d’un cycle d’un projet est l’évaluation rétrospective. On observe systématiquement toutes les causes de succès et d’échec de l’expérience pour en tirer des leçons pour l’avenir, l’évaluation rétrospectives, dite évaluation ex- post ne se limite pas forcement aux projets terminés. Elle consiste, en fait, un outil important de la gestion des projets en cours et on peut envisager des évaluations rétrospectives en règles à différents moments de la vie d’un projet. On peut aussi procéder à une évaluation quand un projet est en difficulté : C’est le premier pas vers une replanification. Une évaluation rétrospective bien faite devrait précéder toute prévision de projet « complémentaire », c'est-à-dire découlant d’un projet en cours. Enfin, une évaluation rétrospective devrait s’intégrer dans la phase d’exploitation normale. De l’évaluation rétrospective on tirera des programmations de chaque aspect de la conception ou du projet, de sorte que l’on puisse revoir les plans des projets en cour et mieux planifier les projets futurs si celui que l’on évalue est terminé. De fois on fait aussi une évaluation ex-ex-post, pour les projets terminés, pour voir si leurs effets sont restés durables dans les temps et dans l’espace. Remarque : Cette période qu’il convient d’appeler contrôle régulation permet d’apprécier les résultats obtenus face au but et à l’objectif fixé. Son but est d’aider les gestionnaires du projet à apporter des améliorations éventuelles aux projets. En 38 effets, il s’agit du contrôle des résultats qui peut déboucher à une replanification des activités compte tenu des ajustements exigés par les faiblesses décelées. La banque mondiale relève six phases dans le cycle du projet :  L’indentification ou définition du projet ;  La préparation : examen d’aspects techniques, institutionnels, économiques et  L’évaluation : examen systématique et complet de tous les aspects du projet ;  La négociation : discussion entre les deux parties et signatures de l’accord de prêt pour l’exécution du projet ;  La réalisation et la supervision : exécution, surveillance d’activités et rédaction

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