Économie de l'internet et des réseaux PDF
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Université Laval
Curien, Nicolas
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These notes provide a detailed overview of network economics, specifically focusing on the internet and related systems. The document delves into various concepts, including network structures, types, and economic considerations, such as the effects of network size and the role of regulation and competition in the digital economy.
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Économie de l'internet et des réseaux Au terme de ce module, vous devriez être en mesure : Connaître les caractéristiques principales d’une économie des réseaux ; Comprendre la constitution d’effets de réseaux autour des consommateurs, leurs enjeux et conséquences ; Comprendre les...
Économie de l'internet et des réseaux Au terme de ce module, vous devriez être en mesure : Connaître les caractéristiques principales d’une économie des réseaux ; Comprendre la constitution d’effets de réseaux autour des consommateurs, leurs enjeux et conséquences ; Comprendre les dynamiques d’adoption de biens et services en réseau ; Connaître et identifier les principales stratégies des entreprises du numérique cherchant à favoriser et valoriser des effets de réseaux ; L'élaboration d’une économie de réseaux peut être retrouvée à partir du xixe siècle, avec le développement de nombreuses infrastructures (physiques) en réseau, notamment dans les transports (réseaux ferroviaires), l’énergie (réseaux électriques) et la communication (réseaux télégraphiques et téléphoniques). Les investissements liés à l’architecture globale des réseaux sont parfois chaotiques, mais justifient souvent des monopoles publics ou privés, afin notamment de supporter les coûts fixes très importants liés aux infrastructures. Ce modèle de développement se retrouve dans de nombreux services médiatiques, et est au cœur de l’apparition et du développement de l’économie numérique trouvent sa source dans les années 1980, autour du rapprochement de l’informatique et des réseaux de télécommunications. Une distinction se développe de plus en plus entre infrastructures, infrastructures et services, les derniers étant les plus souvent visés par la notion d’« économie numérique ». Le texte ci-dessous précise les contours économiques des réseaux ainsi que leurs caractéristiques principales. Curien, Nicolas (2005). "Des objets aux concepts", Chapitre I - Économie des réseaux. coll. Repères. Paris, La Découverte. p. 6-18 Économie des réseaux 1. Définitions clés Réseau : Ensemble structuré permettant des échanges (flux de personnes, données, matières) entre plusieurs points. Deux visions principales des réseaux : ○ Vision de l'ingénieur : Met l’accent sur l’agencement physique (topologie, maillage, flux). Outils : théorie des graphes pour optimiser la planification des infrastructures. Objectifs : minimiser les coûts, maximiser l'efficacité des infrastructures. ○ Vision de l’économiste : Considère le réseau comme un support d’intermédiation économique entre offreurs et demandeurs. Importance des interactions entre marchés économiques et réseaux physiques. 2. Morphologie des réseaux Trois couches principales : 1. Infrastructure : ( couche basses ) Réseau physique (ex. : routes, câbles, centrales électriques). Support pour les échanges à longue ou courte distance. 2. Infostructure : Couche intermédiaire contrôlant l’optimisation de l’utilisation de l’infrastructure. Exemples : systèmes de commande, logiciels de gestion. 3. Services finaux : ( couches hautes) Prestations offertes directement aux utilisateurs (ex. : téléphonie, électricité). Différenciés en nature, qualité, ou prix selon les besoins des segments de clientèle. 3. Typologies des réseaux Réseaux techniques : ○ Télécommunications : infrastructure physique (câbles), infostructure (protocoles comme IP), services finaux (voix, données, TV). ○ Électricité : centrales (services finaux), réseaux de distribution (infrastructure), gestion des flux énergétiques (infostructure). ○ Transport aérien : aéroports (infrastructure), gestion des vols (infostructure), transport des passagers (services finaux). Réseaux non techniques : ○ Commerce : points de vente (infrastructure), relations producteurs-grossistes (infostructure), ventes aux clients (services finaux). ○ Banque : agences physiques (infrastructure), systèmes de gestion (infostructure), produits financiers (services finaux). 4. Concepts économiques des réseaux Effets de club : ○ Avantages pour un utilisateur augmentent avec le nombre d’utilisateurs. ○ Exemples : téléphone (plus d'interlocuteurs), Internet (plus de services disponibles). Économies d’échelle : ○ Réduction du coût unitaire avec l’augmentation de l'utilisation du réseau. Économies d’envergure : ○ Utilisation d’une même infrastructure pour divers services (ex. : voix et données sur le même réseau). 5. Régulation et concurrence Défis : ○ Coexistence de monopoles naturels (infrastructure) et de concurrence (services finaux). ○ Risques de subventions croisées (un service finance un autre). Objectifs de la régulation : ○ Promouvoir une concurrence saine. ○ Garantir un service universel sans distorsion du marché. 6. Critères pour définir un réseau 1. Présence d’effets de club. 2. Synergies entre services ou niveaux. 3. Subventions croisées entre utilisateurs/services. 4. Conflits entre monopoles et zones concurrentielles. 5. Forte intervention des régulateurs. Au cœur des réseaux, entourant dans le contexte numérique certains biens et services, se situe l’interdépendance des demandes des différents acteurs économiques, et principalement des consommateurs. Afin de clarifier cet enjeu central, l’extrait d’un manuel rédigé par Thierry Pénard et Éric Malin présente ci-dessous les effets de réseaux, ainsi que leur modalités et influences sur la demande des consommateurs. Prêtez également attention aux problématiques importantes de verrouillage et d’adoption par les consommateurs, permettant déjà de bien comprendre certaines stratégies des entreprises dans l’économie numérique. Éric Malin et Thierry Pénard (2010). "La demande de biens et services en réseaux". Chapitre I - Économie du numérique et de l'Internet. Paris, Vuibert. p.13-30 1. Les effets de réseau : Définition et implications Définition des effets de réseau : Effets de réseau directs : Plus un réseau compte d’utilisateurs, plus il est bénéfique pour chaque utilisateur. Par exemple, dans un réseau de télécommunication, la valeur augmente avec le nombre de participants, car cela élargit les possibilités de communication (effet de club). Effets de réseau indirects : En augmentant le nombre d’utilisateurs, on peut aussi profiter d’une variété accrue de biens et services complémentaires (ex : plus de logiciels pour un système d’exploitation répandu). Cela entraîne aussi une réduction des coûts de production, car les fabricants sont incités à produire davantage à moindre coût. Exemples : Télécommunication : Plus il y a d’utilisateurs sur un réseau, plus il devient facile de communiquer avec un grand nombre d’interlocuteurs. Logiciels : Un logiciel est plus attrayant s'il permet d'échanger facilement des informations avec d'autres utilisateurs. 2. Verrouillage des consommateurs et coûts de changement Coûts de changement : Définition : Lorsqu’un consommateur change de produit ou de service (comme passer d'un système d'exploitation Windows à Mac), il peut faire face à divers coûts, tels que l’apprentissage d’une nouvelle interface, ou l’achat de nouveaux équipements compatibles. Types de coûts : ○ Coûts d'apprentissage : Temps et effort nécessaires pour maîtriser un nouveau produit ou service. ○ Coûts de conversion : Nécessité de changer de matériel ou de logiciels compatibles. ○ Coûts de fidélité : Plus un utilisateur reste longtemps sur un service, plus il accumule des avantages ou des programmes de fidélité (ex : programmes de points chez un opérateur mobile), ce qui le décourage de changer. ○ Coûts de recherche : Effort et temps pour trouver un nouveau service adapté et comprendre ses caractéristiques. Verrouillage (lock-in) : Phénomène : Lorsque les coûts de changement sont trop élevés, les consommateurs peuvent se retrouver bloqués dans l'utilisation d'un service, même si un autre service est techniquement supérieur. Conséquence : Cela limite l’adoption de nouveaux produits, même plus performants, et favorise une inertie dans les choix. 3. Influence des effets de réseau sur la demande Jeux d’adoption : Lorsqu’un nouveau service ou produit en réseau est introduit, les consommateurs doivent anticiper si d’autres consommateurs l’adopteront. Cela crée une dynamique de coordination, où chacun veut rejoindre le réseau le plus grand (pour profiter des effets de réseau). Les décisions d'adoption se fondent sur des attentes liées à la taille future du réseau. Exemple de la courbe de diffusion logistique : Effet boule de neige : Lorsqu'un réseau atteint une masse critique d’utilisateurs, son adoption se répand rapidement. Cependant, avant ce point, l’adoption peut être lente et incertaine. Saturation : Après une forte croissance, le réseau atteint une taille maximale (stade de saturation). 4. Stratégies d’adoption des entreprises Verrouillage et standardisation : Les entreprises cherchent à verrouiller les consommateurs dans l’utilisation de leurs produits en rendant difficile le passage à la concurrence (exemple : incompatibilité des formats de logiciels ou de matériel). La stratégie de compatibilité (par exemple, rendre les anciens jeux compatibles avec une nouvelle console) peut également jouer un rôle clé dans l’adoption d’un produit. 5. Problèmes de coordination et d’inefficacité Multiplicité des équilibres : Lorsqu'il y a plusieurs réseaux en concurrence, il peut y avoir un problème de coordination où les consommateurs choisissent un réseau moins performant par simple inertie ou par peur de quitter un réseau déjà établi. Dépendance au sentier (path dependence) : Le choix initial des consommateurs peut définir de manière irréversible quel réseau sera adopté, même si ce choix n’est pas optimal à long terme. 6. Capital social et réseaux sociaux Les choix des consommateurs ne sont pas purement individuels : ils sont influencés par leur environnement social (famille, amis, collègues). Cela peut renforcer l’adoption d’un produit ou service si leur entourage l’a déjà adopté. Web 2.0 et réseaux sociaux : Les plateformes comme Facebook ou MySpace illustrent ces phénomènes d'effets de réseau, où la valeur du réseau est directement liée au nombre d’utilisateurs et aux interactions sociales qui y prennent place. 7. Conclusion : Valeur d'un réseau La valeur d’un réseau ne repose pas uniquement sur ses caractéristiques techniques. Ce qui est souvent plus déterminant, ce sont les interactions sociales et la disponibilité de biens complémentaires qui augmentent la valeur du réseau pour ses utilisateurs. LES DÉFINITIONS IMPORTANTES Coûts de changement - Ensemble des dépenses en ressources rares (temps et argent principalement) que devrait supporter un consommateur voulant passer d’un bien ou service en réseau à un autre. Plus ils sont importants et plus le consommateur est lié à un réseau particulier : il est plus difficile et couteux de « sortir » du réseau, même au profit d’un réseau substitut (qui propose un bien ou un service similaire). Les entreprises peuvent en tirer bénéfice pour maintenir les consommateurs « captifs » auprès de leurs offres ; elles doivent en revanche proposer de compenser ces coûts (par un support technique, un soutien administratif, des réductions et subventions, etc.) pour attirer les consommateurs d’une offre concurrente. Dépendance de sentier - Idée que certains choix et décisions passés, dont le contexte n’est plus nécessairement d’actualité, continuent d’orienter les possibilités et choix actuels. Ainsi par exemple de la disposition des touches sur un clavier : initialement optimisée pour un usage sur machine à écrire (afin d’éviter que les barres ne se bloquent), elle s'est maintenue sur les claviers d’ordinateurs (la disposition n’est plus nécessairement optimale, mais l’habitude a été prise). Il s’agit en quelque sorte d’une forme d’externalité dans le temps. Effets de réseaux / Effets de club / Rendements croissants d’adoption - Désignent l'augmentation de l’utilité tirée par un consommateur utilisant un bien ou service, due au grand nombre de consommateurs. Autrement dit, plus les utilisateurs sont nombreux, et plus il est intéressant pour chacun d’être connecté au réseau. Les effets de réseaux peuvent être simples, au sein d’un même groupe d’utilisateurs. Par exemple, un individu connecté au réseau Facebook trouvera ce dernier d’autant plus utile qu’un grand nombre d’autres individus utilisent le réseau. Les effets de réseaux peuvent également être croisés, entre groupes différents. Par exemple, les annonceurs publicitaires sur le réseau Facebook trouvent ce dernier d’autant plus utile qu’un grand nombre d’individus ont un profil et sont actifs sur le réseau. Ces effets de réseaux croisés sont au cœur de la valorisation des plateformes à plusieurs versants. Externalités - Une externalité désigne le fait que l’activité d’un acteur possède une influence sur les autres acteurs, en leur donnant un avantage sans contrepartie monétaire ou un désavantage sans compensation. Les effets de réseaux sont un exemple d’externalité (généralement positive dans ce cas). Les externalités peuvent dans certains cas être négatives (pollution, surexploitation, saturation d’un réseau, etc.). Les externalités sont considérées comme directes, lorsqu’elles ont une conséquence immédiate pour les autres acteurs (par exemple, un logiciel utilisé par de nombreux consommateurs offre des possibilités d’échanges de fichiers, un soutien entre pairs, un partage d’expériences, etc.) ; elles sont considérées comme indirectes, lorsqu’elles permettent d’anticiper des conséquences à venir (par exemple, une amélioration continue du logiciel, de nouvelles versions, le développement d’applications complémentaires, etc.). Nikos Smyrnaios (2017), « Les condions d'émergence de l'oligopole de l'internet », Chapitre 3 - Les GAFAM contre l'internet. INA Éditions, p.49-70 Notes de cours : Les GAFAM et l’émergence de l’oligopole numérique 1. Les conditions d’émergence Marchandisation de l’internet : ○ Transformation de l'internet en un espace économique dominé par des entreprises oligopolistiques. ○ Contexte : dérégulation et financiarisation de l'économie depuis les années 1970. Particularités de l'économie numérique : ○ Non-rivalité des biens numériques : plusieurs personnes peuvent consommer un bien simultanément sans réduire sa disponibilité. ○ Non-excluabilité : difficulté à limiter l'accès à certains biens, favorisant les "passagers clandestins" (consommateurs ne payant pas). Rendements croissants : ○ Les coûts fixes élevés (infrastructure) sont amortis par l'échelle croissante des utilisateurs. ○ Coût marginal proche de zéro pour chaque utilisateur additionnel. 2. Modèles économiques des GAFAM Diversification des sources de revenus : ○ Publicité (Google, Facebook). ○ Vente de biens et services numériques et physiques (Apple, Amazon, Microsoft). Discrimination par les prix : ○ Modulation des tarifs selon la demande : gratuité, abonnements, achats unitaires. 3. Avantages concurrentiels et externalités Externalités positives : ○ L'activité de sites gratuits (comme Wikipédia) enrichit les services marchands (exemple : moteurs de recherche). Effet de club : ○ Utilité croissante d'un service avec le nombre d'utilisateurs (exemple : WhatsApp). 4. Stratégies des GAFAM Abaissement des coûts de transaction : ○ Facilite les échanges économiques auparavant coûteux ou impossibles (exemple : Uber, Airbnb). Effet "Winner-takes-all" : ○ Domination des leaders du marché grâce à leur perception comme étant les meilleurs (exemple : Google dans la recherche). 5. Pratiques controversées Optimisation fiscale : ○ Utilisation de filiales dans des paradis fiscaux pour réduire les contributions fiscales. ○ Exemples : Google en Irlande, Apple aux Bermudes. Exploitation des travailleurs : ○ Sous-traitance dans des pays à bas coûts (Foxconn pour Apple). ○ Conditions de travail précaires dans les centres logistiques (exemple : Amazon). 6. Régulation et dérégulation Faiblesse des régulateurs : ○ Retards dans les procédures judiciaires face aux pratiques anti-concurrentielles. ○ Exemple : procédure contre Google sur Android en Europe (toujours non résolue). Manque de moyens : ○ Les régulateurs manquent de ressources humaines, techniques et financières pour agir efficacement. 7. Stratégies mondialisées Standardisation des produits : ○ Produits et services peu adaptés aux marchés locaux (exemple : Google News en Europe). Convergence technologique : ○ Plateformes comme iTunes regroupant des contenus variés (musique, films, logiciels). Une définition... Standard technologique / Verrouillage - Un standard technologique est une norme partagée par plusieurs acteurs, définissant des composants pouvant fonctionner ensemble, assurant une compatibilité dans un système ou entre systèmes, et faisant de biens distincts des compléments ou substituts. Ainsi par exemple du standard du Blu-Ray Disc partagé par différents acteurs industriels et qui permet l’utilisation d’un support commun à des lecteurs compatibles produits par des acteurs distincts. Le verrouillage technologique désigne au contraire le choix stratégique d’un acteur d’avoir recours à des composants, systèmes et normes incompatibles avec les autres acteurs. Ce choix permet de renforcer fortement les coûts de changements des consommateurs et de créer une forte différenciation avec la concurrence (on peut penser aux stratégies et positionnement d’Apple notamment). La gratuité à la croisée des nouveaux modèles d'affaires sur l'Internet ’importance de la gratuité sur Internet Contexte économique : ○ L'usage d'Internet ne cesse de croître depuis les années 1990. ○ Cependant, la rentabilité des entreprises numériques reste incertaine, notamment après l'éclatement de la bulle spéculative. ○ Exemples en France : Des groupes comme Carrefour et Auchan ont réduit leurs ambitions en ligne après des échecs coûteux. ○ Question : pourquoi les acteurs marchands peinent-ils à rentabiliser leurs investissements malgré la multiplication des usages ? La gratuité comme modèle dominant : ○ Présente partout : portails, peer-to-peer, logiciels libres. ○ Repose souvent sur des comportements coopératifs (logique de don/contre-don). ○ Défi : comprendre si la gratuité est une stratégie économique (modèle media) ou une simple extension des pratiques non marchandes. 2. Définition de la gratuité et distinction marchande/non marchande Gratuité et échanges payants : Sur Internet, les échanges peuvent être gratuits (sans contrepartie monétaire) ou payants. Exemples : ○ Gratuit : partage d'informations dans des forums. ○ Payant : souscriptions à des services premium. Activités marchandes : Acteurs ayant pour objectif de faire du profit ou d'équilibrer leurs comptes. Exemples : ○ Sites de commerce électronique (Amazon, eBay). ○ Fournisseurs de services payants. Activités non marchandes : Acteurs sans visée lucrative. Exemples : ○ Administrations publiques partageant des études. ○ Contributions bénévoles dans les communautés en ligne. Gratuité dans les modèles marchands : Modèle media : ○ Basé sur la publicité : offre gratuite pour les consommateurs en échange de leur attention (audience vendue aux annonceurs). ○ Exemples : journaux gratuits, moteurs de recherche. Synergies gratuites/payantes : ○ Intégration des contenus gratuits pour enrichir des services payants. ○ Exemple : Amazon utilise les avis gratuits des clients pour attirer plus d'acheteurs. 3. Les fondements économiques de la gratuité Caractéristiques de l’information sur Internet : Bien public : ○ Non rival (utilisable simultanément par plusieurs utilisateurs). ○ Accessible gratuitement sur de nombreuses plateformes. Numérisation et accessibilité : ○ Internet rend l’information omniprésente sans nécessité de support matériel. ○ Coûts de production et de diffusion proches de zéro. Défis liés à la valorisation commerciale : Bien d’expérience : ○ La valeur de l’information n’est souvent perçue qu’après consommation. ○ Conséquence : faible disposition à payer des utilisateurs. Coûts de protection élevés : ○ Protection juridique (droits d’auteur) et technique (cryptage) coûteuse pour les producteurs. Logique du don/contre-don : Anticipation que les contributions gratuites incitent d’autres utilisateurs à faire de même. Renforcement par les effets de réseau : plus il y a de participants, plus le contenu gratuit est abondant et attractif. 4. Modèles économiques intégrant la gratuité Exemples de modèles réussis : 1. Amazon : ○ Sollicite des avis utilisateurs pour enrichir ses fiches produits. ○ Incite les contributions par des récompenses symboliques (classement des meilleurs contributeurs) ou monétaires (chèques cadeaux). 2. Autobytel : ○ Offre des recommandations gratuites pour acheter une voiture. ○ Fidélise les utilisateurs tout en monétisant les relations avec les concessionnaires. Complémentarité entre gratuité et monétisation : La gratuité attire des utilisateurs, qui deviennent ensuite des clients potentiels pour des services payants. Stratégie basée sur la confiance et la qualité des interactions. 5. La gratuité et les systèmes de réputation Défis de la confiance en ligne : Anonymat et absence de contact physique favorisent les comportements opportunistes. Exemples de risques : ○ Non-livraison de produits achetés. ○ Qualité inférieure aux attentes. Exemple : eBay : Met en place un système d’évaluations après chaque transaction : ○ Avis positifs, neutres ou négatifs. ○ Score global permettant de mesurer la fiabilité des vendeurs et acheteurs. Résultats : ○ Une bonne réputation augmente la probabilité de vendre et d’obtenir de meilleurs prix. 6. Les limites et fragilités des modèles basés sur la gratuité Modèle économique fragile : Dépendance à la publicité et aux subventions pour maintenir les services gratuits. Risque : saturation des marchés publicitaires ou baisse d’audience. Concurrence accrue : Les services gratuits doivent constamment innover pour attirer les utilisateurs. Exemples : intégration de fonctionnalités communautaires (chats, jeux, forums) pour fidéliser les internautes. 7. Impact global sur l’économie numérique Complémentarité entre marchand et non-marchand : Les acteurs marchands s’inspirent souvent des pratiques non marchandes pour construire leurs modèles économiques. La gratuité est un ingrédient essentiel des « économies de la connaissance », où l’information est à la fois une ressource et un moteur de croissance. Exemples de réussites : Amazon, eBay et d’autres entreprises ont su intégrer la gratuité dans leurs stratégies pour réduire les coûts et améliorer leurs services. 8. Conclusion La gratuité n’est pas simplement une contrainte économique, mais un levier stratégique pour attirer et fidéliser les utilisateurs. Les modèles économiques viables combinent la gratuité et la monétisation pour maximiser leur impact.