Acquisition et linguistique LNG2002-B Séance 2 PDF

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EarnestEmpowerment

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Université de Montréal

2024

Olena Chuprina

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language acquisition linguistics language development cognitive science

Summary

This document is a lecture on language acquisition from 2024. It covers various theories and components of language acquisition, including innatist and learning-based perspectives. The lecture also explains concepts like language acquisition device and universal grammar and presents an overview of methods to study infant language development.

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Acquisition et linguistique LNG2002-B Séance 2 Olena Chuprina Université de Montréal Hiver 2024 Acquisition du langage: introduction Plan Composantes d’une théorie de l’acquisition du langage Hypothèses sur l’acquisition du langage Rejetées vs. acceptées Théories innéistes vs théories basées sur l’...

Acquisition et linguistique LNG2002-B Séance 2 Olena Chuprina Université de Montréal Hiver 2024 Acquisition du langage: introduction Plan Composantes d’une théorie de l’acquisition du langage Hypothèses sur l’acquisition du langage Rejetées vs. acceptées Théories innéistes vs théories basées sur l’apprentissage (fonctionnalisme, cognitivisme) Acquisition de la phonologie: perception Directives pour le travail final Questions sur la lecture LNG2002-B| H2024 1 Acquisition L1: introduction Question générale : Comment les enfants apprennent-ils à parler? Sous-questions: Le langage est-il une habileté cognitive indépendante? Le langage est-il modulaire*? Le langage est-il inné? Quelles sont les étapes principales qui mènent à l’état final de la grammaire ? Pourquoi L1 est-elle plus facile à apprendre que L2? Etc. *Module: mécanisme cognitif spécialisé pour le traitement d’informations spécifiques, précisément définissables (par ex. le langage, la musique). LNG2002-B| H2024 2 Composantes de la théorie d’acquisition Caractéris)ques du domaine à apprendre Temps requis pour l’apprentissage Données auxquelles l’apprenant a accès Caractéristiques initiales de l’apprenant Mécanismes d’apprentissage LNG2002-B| H2024 3 Domaine: les langues humaines Les langues sont des systèmes arbitraires combinatoires de règles et de contraintes hiérarchiques et récursifs Différents des autres systèmes de communication (par ex. la communication des animaux) en ce qui concerne les dimensions de: abstraction créativité LNG2002-B| H2024 4 Temps requis pour l’acquisition Périodes: Pré-babillage Babillage Contrastes phonologiques Premiers mots Premières phrases Explosion lexicale Explosion syntaxique Etc. On observe les mêmes étapes quelle que soit la langue en acquisition LNG2002-B| H2024 5 Trois types de données dans l’input: Données auxquelles l’enfant a l’accès 1. Données positives (=phrases grammaticales) 2. Données négatives directes Par ex.: « On ne dit pas ‘tombé ballon’, on dit ‘le ballon est tombé’. » Assez rares Pas en début d’apprentissage Probablement pas un moteur d’acquisition (mais! il y a des points de vue différents) 3. Données négatives indirectes Le fait qu’un type de phrases ne soit pas présent dans l’input indique que ce type de phrases n’est pas possible dans la langue Par ex. *Lisent beaucoup de livres. LNG2002-B| H2024 6 Données négatives directes: exemple La mère : Un n arbre (insistant bien sur chaque son pour que l’enfant les entende nettement) L’enfant : Un ti narbe La mère : Non, un petit t arbre L’enfant : Ti zab La mère : Écoute, c’est pas un z arbre, un n arbre. L’enfant : Un tarbe. (Aimard, Paule. 1984. L’enfant et la magie du langage, Robert Laffont : Paris. P. 106) LNG2002-B| H2024 7 Langage adressé aux enfants (LAE) Des mots et des phrases se prononcent lentement Mots bien ar[culés LAE: style de langage pour parler aux bébés ou aux jeunes enfants Intonation exagérée Ton de la voix plus élevée (high pitch) Vocabulaire limité Beaucoup de répétitions En général, con[ent des énoncés courts Beaucoup d’impératifs et de phrases interrogatives Moins de subordonnées Porte le plus souvent sur « ici et maintenant » Lightbown&Spada2006 LNG2002-B| H2024 8 Caractéris)que de l’apprenant: composante sociale Il est démontré que les enfants suivent le regard de l’adulte, infèrent et reproduisent… Interactions entre l’enfant et l’adulte sont indispensables dans l’acquisition du langage Interactions entre les enfants et les adults ne sont pas toujours les mêmes, par ex. Isolation sociale Autisme LNG2002-B| H2024 « Social deprivation, whether imposed by humans or caused by atypical brain function, has a devastating effect on language acquisition ». (Kuhl 2004:836) 9 État initial de l’apprenant L’enfant naît avec certaines prédispositions spécifiques à l’acquisition du langage ØInnéisme À la naissance l’enfant est comme un « tabula rasa », « un récipient vide que son entourage remplira » Capacités innées de cognition générale (non spécifiques à l’acquisition du langage) ØPar ex. théories basées sur l’apprentissage (fonctionnalisme, cognitivisme) LNG2002-B| H2024 10 Mecanismes d’apprentissage Inneisme Théories basées sur l’apprentissage Mécanismes spécialisés destinés à l’acquisition de la langue Indépendants des autres capacités cognitives (DOMAIN-SPECIFIC) Mécanismes cognitifs généraux Par ex. LAD (Language Acquisition Device) qui implique l’existence de la grammaire universelle Mécanismes non spécifiques au traitement du langage, les mêmes que pour l’apprentissage d’autres domaines cognitifs (par ex. la musique) Mécanismes relevant de la cognition générale (DOMAIN-GENERAL) Stratégies: Analogie Analyse statistique etc. LNG2002-B| H2024 11 Théories (hypothèses) de l’acquisition Rejetées Imitation Apprentissage par renforcement Par ex.: le béhaviorisme (B.F. Skinner) Acceptées Innéisme (nativisme) Théories basées sur l’apprentissage (fonctionnalisme, approche « usagebased ») LNG2002-B| H2024 12 ImitaCon Apprentissage par imitation : Il s'agit souvent de la réponse spontanée que l'on donne (à tort) à la question : comment les enfants apprennent-ils à parler? Or, la langue des enfants comporte d'importants aspects créatifs : ils peuvent comprendre et produire des phrases jamais entendues, de même que des nouveaux mots. Cette idée est donc rejetée par l'ensemble des linguistes. LNG2002-B| H2024 13 Renforcement Apprentissage par renforcement : cette théorie, dont Skinner est le représentant le plus significatif, prétend que les enfants n'apprennent que par: renforcements positif (récompenses); renforcement négatif (privation). Dans sa théorie béhavioriste (1959) de l’apprentissage du langage, Skinner propose que le langage est semblable à n’importe quel autre comportement humain et relève des capacités générales d’apprentissage. À la naissance l’enfant est comme un récipient vide (« tabula rasa ») et son entourage le remplira par ses enseignements et renforcements positifs. !Or, les enfants sont en mesure de rejeter ou d'accepter une infinité de phrases pour lesquelles aucun renforcement n'a eu lieu. LNG2002-B| H2024 14 Renforcement De plus, plusieurs cultures non occidentales ne portent aucune aRenSon à l'apprenSssage correct ou incorrect de la langue des enfants de l’âge précoce. Malgré ces condiSons, les enfants de ces cultures apprennent leur langue maternelle avec une maîtrise comparable à celle des enfants occidentaux, et dans les mêmes temps. Ainsi, les linguistes ne croient plus que le renforcement joue un rôle significaSf dans l'apprenSssage du langage, et c'est aussi pourquoi on parle de l’acquisi5on du langage plutôt que de l’apprenSssage. LNG2002-B| H2024 15 Innéisme: hypothèse de la Grammaire Universelle Chomsky démolit l’hypothèse de Skinner et propose: les enfants naissent avec un dispositif biologique spécifique (LAD=Langage Acquisition Device) qui les rend capables à acquérir le langage à partir de l’environnement linguistique (l’input) l’enfant utilise les mécanismes spécialisés (« domain-specific »), destinés à l’acquisition de sa langue maternelle La Grammaire Universelle (la G.U. ou UG en anglais): architecture générale de la faculté de langage. Connaissances innées sur : § les types de structures linguistiques possibles; § les types d’opérations linguistiques possibles; § les contraintes sur ces opérations. Connaissances qui orientent l’enfant vers les règles de sa langue Connaissances qui font que les enfants ne développent pas de grammaires aberrantes (non possibles) LNG2002-B| H2024 16 Grammaire Universelle Principes Paramètres Contraintes - sont des entités formelles abstraites qui décrivent certaines caractéristiques universelles des langues naturelles. - sont responsables de la variation linguistique; régissent la façon dont les principes peuvent s’appliquer dans certains cas. -ne permettent pas de génération de la grammaire non possible. Exemple : chaque phrase a un sujet Exemple: le sujet pronominal peut être omis dans certaines langues En français le sujet est obligatoire: Je lis un livre *Lis un livre En italien le pronom sujet est optionnel: (Io ) Leggo un libro Exemple : un mot Qu- peut : Rester en place : T’as vu qui ? Se déplacer en tête de proposition: Qui t’as vu/Qui astu vu? Ne peut jamais se déplacer au milieu d’une phrase: *T’as qui vu ? LNG2002-B| H2024 17 Théories basées sur l’apprentissage Fonctionnalisme: cadre théorique qui considère de façon générale que le développement du langage est un apprentissage qui ne requière pas de structures cognitives lui étant spécifiquement dédiées. « Apprentissage basé sur l’utilisation » (ou « Usage-based learning », par ex. Tomasello 2003) L’enfant apprend sa langue: À partir de l’input seulement Par inférence, analogie, apprentissage statistique État initial: « tabula rasa » Des modèles statistiques de l’acquisition du langage ont été développés dans le cadre de cette approche qui suggèrent: Les enfants apprennent le langage en se basant sur les régularités statistiques présentes dans l’input Ils utilisent des mécanismes de cognition générale (« domaingeneral ») pour l’apprentissage du langage Ces mécanismes incluent, par ex.: analogie, analyse distributionnelle LNG2002-B| H2024 18 Problèmes avec le fonctionnalisme L’input auquel l’enfant est exposé est: Syntaxiquement simple Dégénéré (contient des pauses, hésitations, erreurs, phrases non complétées, etc.) Langage adressé aux enfants (motherese, child directed speech) est lent, simplifié, avec l’intonation exagérée, etc. ØIl y un écart entre les données auxquelles l’enfant a accès et sa compétence langagière : Problème de Platon Problème logique de l’acquisition du langage: Certaines propriétés de la langue sont trop abstraites, subtiles et complexes pour être apprises par l’enfant à la base de l’input uniquement Et pourtant, les enfants à développement typique réussissent acquérir toutes les subtilités de leur langue maternelle Comment ils le font? LNG2002-B| H2024 19 Connaissances innées (innéisme) Argument de l’exposé limité à l’input Argument de pauvreté de stimulus L’information que l’enfant reçoit de l’input n’explique pas toute sa compétence langagière: A) Input simplifié, dégénéré MAIS! B) Connaissance de dépendances structurelles (structure interne de la phrase) The boy who is unhappy is watching Mickey Mouse. Is the boy who is unhappy watching Mickey Mouse? *Is the boy who unhappy is watching Mickey Mouse? ØCertaines connaissances linguistiques innées: La Grammaire Universelle LNG2002-B| H2024 20 Attention! Quand les nativistes (innéistes) disent que le langage est inné cela ne veut pas dire que le français ou l’anglais (ou n’importe quelle autre langue) est inné. Cela signifie que la faculté du langage est innée. Les enfants ne parlent pas leurs langues dès la naissance mais ils sont prédéterminés génétiquement pour les acquérir. ØIls sont nés avec la capacité d’acquérir une langue. Ils n’ont pas besoin d'instructions ou d’enseignement explicite pour apprendre leur langue maternelle; l’acquisition du langage se fait naturellement. LNG2002-B| H2024 21 Aquisition de la phonologie Plan Pré-langage (pré-babillage): perception Habilités perceptuelles du bébé Discrimination des sons langue native vs. non native deux langues étrangères Développement des contrastes phonologiques (ou phonémiques) Perception catégorielle Aimant perceptuel Perte de la sensibilité des contrastes non-natifs (Indices facilitants la segmentation de la parole) LNG2002-B| H2024 22 Apprendre les sons: les tâches 1. Distinguer les sons de parole des bruits (/s/ vs bruit) Le bébé naissant préfère la parole plutôt que des sons de complexité égale (orientation innée vers le langage) Le bébé naissant réagit différemment à la parole et à un enregistrement de parole joué à l’envers 2. Distinguer les sons de parole entre eux (/p/ vs /b/) 3. Classifier les sons de parole en phonèmes de la langue: unités pertinentes 4. Repérer les phonèmes malgré les différences dans le locuteur, le rythme, l’accentuation, etc. LNG2002-B| H2024 23 Études sur la discrimination des sons de la langue native vs. non native Le bébé est capable de distinguer des sons de sa langue maternelle vs. des langues étrangères Langues à distinguer Langue maternelle du bébé Âge au moment de test Source français-russe français 4 jours Mehler et al. 1988 anglais-italien anglaisjaponais anglaisfrançais anglais anglais 2 mois 2 mois anglais 2 mois Mehler et al. 1988 Christophe and Morton 1998 Dehaene-Lambertz et Houston 1998 LNG2002-B| H2024 24 Discrimination des sons de la langue native vs. non native (par ex.: Mehler et al. 1988) Procédure: technique de succion de haute amplitude Dans la phase d’habituation le bébé français écoute des énoncés du russe Quand les taux de succion diminuent jusqu’au certain niveau, la phase de test commence Durant la phase de test les bébés du groupe contrôle continuent à entendre des énoncés du russe, tandis que les bébés du groupe expérimental commencent à entendre des énoncés en français Résultats: les bébés dans le groupe expérimental sucent plus vite que les bébés dans le groupe contrôle. LNG2002-B| H2024 25 Discrimination des sons de deux langues étrangères Les nouveau-nés sont capables de distinguer non seulement des sons de leur L1 (langue maternelle) par opposition aux sons d’une langue étrangère. Il paraît qu’ils distinguent aussi deux langues étrangères différentes Par exemple: le bébé de 4 jours né dans l’environnement du français peut distinguer entre des énoncés de l’anglais et de l’italien (étude de Mehler et al. 1988, ré-analysée dans Mehler et Christophe 1995) LNG2002-B| H2024 26 Comment ils le font? Les bébés utilisent l’information prosodique et suprasegmentale (par ex. accent, rythme, intonation) pour distinguer des langues Quand cette information est enlevée les bébés ne sont plus capables de distinguer deux langues différentes (Mehler et al. 1988) L’acquisition commence même avant la naissance: fœtus distingue des syllabes (par ex. « ee » et « ah » Zimmer et al., 1993) Øchangement de rythme cardiaque LNG2002-B| H2024 27 Acquisition des phonèmes Question importante: Est-ce que les enfants apprennent à distinguer des contrastes phonémiques de sa langue ou ils arrivent au monde avec une certaine habilité innée de le faire? Des études suggèrent que les nouveau-nés sont capables de distinguer des sons de la langue de leurs parents ou de n’importe quelle autre langue étrangère Avec le temps, parmi tous les sons possibles (encodés probablement dans la Grammaire Universelle= GU) le bébé choisit ceux qu’il entend dans l’input Input linguistique: sons que le bébé entend G.U. Tous les sons possibles LNG2002-B| H2024 Système de phonèmes de la langue cible 28 Contrastes phonémiques L’ensemble universel de sons est limité: environ 600 consonnes et 200 voyelles (Kuhl, 2004) Chaque langue « choisit» un certain nombre de phonèmes Une langue peut avoir entre 20 et 60 phonèmes Par ex. en français - 36 en anglais - 40 en italien - 33 LNG2002-B| H2024 29 30 Perception de phonèmes Perception du contraste entre les phonèmes est catégorielle C.-à-d. que, par exemple, des adultes sont capables de faire facilement une distinction entre les sons qui représentent deux phonèmes différents, par ex.: [p] vs. [b] Cependant ils ne sont pas capables de distinguer deux sons différents qui appartiennent au même phonème, par ex. /b/ VOT (voice onset time) /b/ - les cordes vocales vibrent au début d’articulation (env. 15 ms) /p/ - un délai important avant que les cordes vocales commencent à vibrer (env. 100 ms) LNG2002-B| H2024 Perception des adultes Les adultes: perçoivent très bien les contrastes phonémiques de leur langue maternelle voyelles fermées et ouvertes en français /l/ et /r/ en anglais ou en italien consonnes dures et molles en russe perçoivent assez mal les contrastes phonémiques d’une langue étrangère contraste /l/ et /r/ est difficile pour les Japonais voyelles fermées vs. ouvertes pour les Russes ou locuteurs d’anglais, etc. consonnes dures vs. molles pour les francophones Etc. LNG2002-B| H2024 31 Perception des bébés Le bébé à l’âge d’un mois a déjà des capacités incroyables pour la discrimination des consonnes Dès quatre mois, les bébés perçoivent les syllabes /pa/ et /ba/ de manière similaire aux adultes, ce que montre l’étude de Eimas at al. (1971) Procédure: Pendant quelques minutes les bébés écoutent une série de sons identiques [ba] La séquence de [ba] est ensuite suivie par [pa] (ba ba ba ba … pa). Un changement de vitesse de succion indique que les bébés perçoivent la différence entre les deux syllabes et qu’ainsi ils distinguent deux sons [p] et [b] LNG2002-B| H2024 32 pa-ba pa-pa (distincts) les mêmes sons Test de succion de haute amplitude : Chez les très jeunes bébés, on mesure grâce à une suce électronique, la vitesse de succion des bébés. 33 LNG2002-B| H2024 Perception des consonnes Les bébés distinguent des consonnes qui se différencient par: voisement, par ex. [ba] vs. [pa] (Eimas at al. 1971) lieu d’articulation, par ex. [ba] vs. [ga] (Morse 1972, Eimas 1974) mode d’articulation, par ex. [ba] vs. [ma] (oral/nasal) (Eimas & Miller 1980) LNG2002-B| H2024 34 Acquisition de phonèmes Phonèmes maternels : Dès l’âge d'un mois, le contraste entre [pa] et [ba] est acquis. À un an, les enfants connaissent leur système phonologique maternel. Pertes de contrastes : Après l’âge de six mois, les enfants perdent graduellement la capacité de reconnaître des contrastes non présents dans leur langue maternelle. Par exemple: les enfants apprenant l'anglais perdent rapidement la distinction entre [Y] et [U]; les apprenants du japonais perdent la distinction entre [r] et [l] vers 10 a 12 mois. Par contre, la capacité de reconnaître certains sons, comme les cliques, est préservée toute la vie. LNG2002-B| H2024 35 Distinguer les sons entre eux Le bébé naissant: Distingue presque tous les contrastes phonétiques existants dans les langues du monde (k’i-q’i; ra-la; ta-tha; etc.) Ne distingue pas les contrastes qui n’ont pas de valeur phonémique: perception catégorielle Le bébé de 5 mois: Catégorise les sons du langage, malgré la variation dans : les locuteurs (homme, femme, enfant), la longueur, la hauteur et l’intensité, le contexte (Kuhl 1983) LNG2002-B| H2024 Werker et Desjardins(2001): les enfants anglophones perdaient leur capacité de distinguer les phonèmes du salish (/k’/ – vélaire glottale vs. /q’/ - uvulaire glottale) quelque part entre 6 et 12 mois. 36 Catégorisation des phonèmes (Kuhl, 2004) LNG2002-B| H2024 37 Aimant perceptuel (Kuhl, 2004) Les exemplaires prototypiques d’un phonème (les plus fréquemment représentés) servent de base de catégorisation pour les autres exemplaires, et diminuent la discrimination des items à l’intérieur d’une catégorie Bébés habitués au prototype d’une voyelle reconnaissent d’autres occurrences de cette voyelle, même assez différentes 38 Perte de sensibilité Perte de sensibilité à un contraste phonétique ≠ perte de capacité perceptuelle Émergence d’un système de représentation permettant de coder les sons en catégories: des phonèmes Le code phonétique de la langue prend le dessus Attention sélective: Porter l’attention sur les indices acoustiques pertinents pour sa propre langue (informatifs du point de vue phonologique) Ignorer les contrastes non pertinents Perte de sensibilité est corrélée au développement linguistique ultérieur nécessaire pour passer à une autre étape LNG2002-B| H2024 39 Début de segmentation: approche statistique Probabilités transitionnelles: Les bébés sont capables de découvrir des probabilités de co-occurence de sons (syllabes) de sa langue maternelle (Saffran et al. 1996) Par ex. pret+ty ou ba+by apparaissent plus souvent ensemble que ty+ba dans pretty baby pret + ty et ba+ by > ty + ba Ceci pourrait mener à la découverte de segments de type morphologique (mots) Études récentes d’enfants de 8 mois ont démontré des capacités très développées de computation des éléments acoustiques Apprentissage statistique LNG2002-B| H2024 40 Probabilités transitionnelles Dans l’étude de Saffran et al. (1996) les bébés de 8 mois ont entendu une séquence des sons (trois « mots » à trois syllabes) pendant 2 minutes: bidakupadotigolabubidaku bidaku-padoti-golabu-bidaku… Durant la phase de test ils étaient capables de détecter des séquences de syllabes familières vs. non familières Mesure: temps d’écoute Les bébés ont écouté plus longtemps des « mots » non familiers = nouveaux LNG2002-B| H2024 41 Approche statistique L’apprentissage statistique n’est pas suffisant pour segmenter la parole: d’autres indices sont utilisés par les enfants Supposition : l’enfant a appris le mot « candle »; une approche statistique le mènerait à segmenter de façon erronée la séquence : « can deliver » Autres indices utilisés : la prosodie (accent) les contraintes phonotactiques allophones (variations de sons) LNG2002-B| H2024 42 Accent des mots Enfants (anglophones) sensibles à l’alternance fort-faible (pied trochaïque) dans la composition syllabique des mots; 7,5 mois (Jusczyk et al. 1999); Ex. baby, mommy, doctor, etc. LNG2002-B| H2024 43 Régularités phonotactiques Phonotactique maternelle : Dès l’âge de neuf mois, les bébés commencent à reconnaître les combinaisons de sons présentes dans leur langue maternelle, par exemple pl-, st-, -tr, etc. Contraintes phonotactiques: certaines combinaisons de sons ne sont pas présentes dans certaines langues Par exemple: st-, sk- en espagnol; Certaines combinaisons de sons se trouvent plus souvent dans la position initiale des mots que dans la position finale Par ex., en anglais: br- plus souvent dans la position initiale -nt plus souvent dans la position finale LNG2002-B| H2024 44 Variations allophoniques Un phonème peut être prononcé de plusieurs façons différentes : allophones Souvent ça dépend de la position dans le mot Par exemple: en anglais /t/ ne se prononce pas de même façon dans les mots tab et bat th aspiré au début t non aspiré à la fin Par ex. le dévoisement d’une consonne peut signaler la frontière entre deux mots (allemand, russe) En russe: /zub/ ‘dent’ se prononce zu[p] LNG2002-B| H2024 45 Kuhl, 2004 LNG2002-B| H2024 46 Résumé Étant donné que les bébés sont à la naissance des locuteurs potentiels de toutes les langues du monde ils sont dotés des mécanismes perceptuels qui leur permettent de s’ajuster à n’importe quelle langue. Ils commencent comme des apprenants universels et deviennent des locuteurs d’une ou plus langue(s) spécifique(s), ce qui dépend de leur environnement linguistique. L’expérience (ou l’input) guide l’enfant: parmi toutes les possibilités de sons, ceux qui sont pertinents pour sa langue maternelle seront choisis. LNG2002-B| H2024 47 Lecture Pour ce cours: Daviault (2011). Introduction, pp. 1-8 Daviault (2011). Ch. 2, pp. 32-39 Pour le prochain cours: Daviault (2011). Ch. 2 pp. 39-48 Répondre aux questions sur la page 48 LNG2002-B| H2024 48 Références: Boysson-Bardies, B. de (1996). Comment la parole vient aux enfants, Paris: Odile Jacob. Daviault, D. (2011). L’émergence et le développement du langage chez l’enfant, Montréal: Chenelière. Jusczyk, P. (1997). The discovery of spoken language. Cambridge, MA: MIT Press. Kail, M. (2012) L’acquisition du langage, Paris: PUF. Kail, M. et Fayol, M. (2000). L'acquisition du langage : Le langage en émergence. De la naissance à trois ans, Paris: PUF. Kuhl, P. (2004). Early language acquisition: Cracking the speech code. Nature Reviews. Neuroscience. 5, 831–843. Saffran, J. R., Aslin, R.N. et Newport, E.L. (1996). Statistical Learning by 8-Month-Old Infants. Science, 274(5294), 1926-1928. LNG2002-B| H2024 49

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