Fiche chapitre 4 : Mobilité sociale PDF

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This document provides an outline for a chapter on social mobility in France. It details the different types of social mobility and explains how social mobility works. It includes specific keywords such as 'social mobility', 'sociology', 'social class' and 'education'.

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Fiche chapitre 4 : Quelles sont les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale ? Le programme officiel : ◻ Savoir distinguer la mobilité sociale intergénérationnelle des autres formes de mobilité (géographique, professionnelle). ◻ Comprendre les principes de c...

Fiche chapitre 4 : Quelles sont les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale ? Le programme officiel : ◻ Savoir distinguer la mobilité sociale intergénérationnelle des autres formes de mobilité (géographique, professionnelle). ◻ Comprendre les principes de construction, les intérêts et les limites des tables de mobilité comme instrument de mesure de la mobilité sociale. ◻ Comprendre que la mobilité observée comporte une composante structurelle (mobilité structurelle) ; comprendre que la mobilité peut aussi se mesurer de manière relative indépendamment des différences de structure entre origine et position sociales (fluidité sociale) et qu’une société plus mobile n’est pas nécessairement une société plus fluide. ◻ À partir de la lecture des tables de mobilité, être capable de mettre en évidence des situations de mobilité ascendante, de reproduction sociale et de déclassement, et de retrouver les spécificités de la mobilité sociale des hommes et de celles des femmes. ◻ Comprendre comment l’évolution de la structure socioprofessionnelle, les niveaux de formation et les ressources et configurations familiales contribuent à expliquer la mobilité sociale. Plan du chapitre : Introduction I. Quelles sont les caractéristiques et les évolutions de la mobilité sociale en France? A. Principes de construction, intérêt et limites des tables de mobilité ? 1/ Tables de mobilité sociales : formes de mobilité, intérêts et limites 2/ Lecture des tables de mobilité sociale B. Mobilité structurelle et égalité des chances : une société plus mobile n’est pas nécessairement plus fluide. 1/ La mobilité structurelle 2/ La fluidité sociale 3/ une société plus mobile n’est pas nécessairement plus fluide. C. Mobilité descendante, reproduction sociale ou déclassement : quel est le degré de mobilité sociale en rance ? 1/ Mesurer la reproduction sociale II. Quels sont les principaux déterminants de la mobilité sociale ? A. L’effet de l’évolution de la structure socioprofessionnelle sur la mobilité structurelle B. Les effets des ressources et des configurations familiales sur la mobilité sociale nette 1/ Le rôle des ressources dans la mobilité sociale 2/ Le rôle des configurations familiales dans la mobilité sociale Conclusion Notion du programme : ◻ Déclassement (ou mobilité descendante) : situation où le statut social d’un enfant est situé plus bas dans la hiérarchie que celui de ses parents ◻ Fluidité sociale ou mobilité relative : probabilité d’atteindre une PCS en fonction d’origines sociales différentes. Elle se mesure principalement par les odds ratio (rapport de chances relatives) ◻ Mobilité ascendante : progression d’un individu dans la hiérarchie sociale ◻ Mobilité géographique : déplacement physique des individus sur un territoire ◻ Mobilité intergénérationnelle : changement de position sociale d’un individu ou d’un groupe social par rapport à la génération précédente. 1 ◻ Mobilité nette : différence entre la mobilité brute (observée) et la mobilité structurelle (celle liée aux transformations de la structure socio-professionnelle des enfants par rapport à celle de leurs parents). ◻ Mobilité observée (ou absolue) : changement de position sociale mis en évidence par les tables de mobilité. Elle est composée de la mobilité structurelle et de la mobilité nette ; ◻ Mobilité professionnelle ou intragénérationnelle : changement de PCS au cours de la vie active d’un individu ◻ Mobilité sociale : changement de position sociale d’un individu ou d’un groupe social ◻ Mobilité structurelle : changement de position résultat de la mutation des emplois et donc de la structure socio-professionnelle ◻ Reproduction sociale ou immobilité sociale : absence de changement de position sociale entre générations ◻ Table de mobilité : une table de mobilité croise la PCS du père à celle de son fils. La table de destinée montre que sont devenus les fils d’agriculteurs, d’artisans, de cadres, de PI, d’employés et d’ouvriers. La table d’origine montre l’origine sociale des agriculteurs, artisans, cadres, PI, employés, ouvriers. Exemples de sujets type Bac : EC1 – Mobilisation de connaissances Distinguez à l’aide d’un exemple la mobilité sociale intergénérationnelle et la mobilité professionnelle. Présentez deux limites des tables de mobilité comme instrument de mesure de la mobilité sociale. Montrez à l’aide d’un exemple que la mobilité observée comporte une composante structurelle. Montrez qu’une société plus mobile n’est pas nécessairement une société plus fluide. A l’aide d’un exemple, montrez que la mobilité sociale peut aboutir à des situations de déclassement. Montrez à l’aide d’un exemple que les niveaux de formation contribuent à expliquer la mobilité sociale. Montrez à l’aide d’un exemple que les ressources et configurations familiales contribuent à expliquer la mobilité sociale. EC3 – Raisonnement appuyé sur un dossier documentaire Montrez les effets de l'évolution de la structure socioprofessionnelle sur la mobilité sociale. Vous montrerez que les ressources et configurations familiales peuvent constituer un frein à la mobilité sociale. Vous montrerez que le niveau de formation joue un rôle important dans la mobilité sociale. Dissertation Quels sont les déterminants de la mobilité sociale en France ? Une société plus mobile se traduit-elle par plus d’égalité des chances ? L'évolution de la structure socioprofessionnelle suffit-elle à expliquer la mobilité sociale ? Le niveau de formation est-il le seul déterminant de la mobilité sociale ? Les ressources et configurations familiales sont-ils les seuls déterminants de la mobilité sociale ? 2 Introduction Dans une société démocratique, si l’égalité des chances est parfaitement réalisée, l’origine sociale d’un individu, héritée à la naissance, ne devrait pas avoir d’influence sur la position sociale acquise par cet individu une fois en âge de travailler. (MÉRITOCRATIE) L’idée est que la société permette aux enfants des classes populaires de progresser dans l’échelle sociale (grâce à l’école par exemple). Cela passe aussi par une baisse de la reproduction sociale, donc de la transmission d’une même position sociale d’une génération à une autre. En effet, cela pose un problème si tous les enfants d’ouvriers n’ont pas choisi de devenir ouvrier ou si tous les enfants de cadres ont plus de chance de devenir eux-mêmes cadres, réduisant les enfants des autres classes sociales d’accéder à des positions sociales valorisées par la société. L’ascenseur social fonctionne-t-il encore dans la société française contemporaine ? I. Quelles sont les caractéristiques et les évolutions de la mobilité sociale en France ? A. Principes de construction, intérêt et limites des tables de mobilité 1/Tables de mobilité sociale : formes de mobilité, intérêts et limites 3 Mobilité décroissante : Déclassement OU démotion sociale Mobilité horizontale: liée changement structure de l'économie (tertiarisation, féminisation, …) Immobilité social (diagonale tables de mobilité) → fils de cadre + de chance de devenir cadre que fils d'ouvrier ⇒ REPRODUCTION SOCIALE Remarque : L'INSEE réserve le terme de mobilité sociale à la mobilité intergénérationnelle. Elle réalise des études périodiques (en moyenne tous les 10 ans) dans le cadre des enquêtes formation et qualification professionnelle (FQP) ou lors des enquêtes emploi (annuelles) qui interrogent sur la profession du père depuis 1982 et celle de la mère depuis 2003. Ces enquêtes permettent de construire des « tables de mobilité » à partir desquelles sont développées les analyses de la mobilité sociale intergénérationnelle. Le panel de l’INSEE est formé de personnes âgées de 35 à 59 ans (actifs ou anciennement actifs). Il leur est demandé de préciser leur profession et celle de leurs parents à la fin de leurs études (environ 25 ans). Question 2 - Quel est l’intérêt des tables de mobilité sociale ? Principal obj: évaluer degré democratique société suivant 2 principes 1) Egalité des chances → pas hérédité sociale (TOCQUEVILLE “De la démocratie en Amérique” PUTAIN D’HGGSP DE PREMIERE DE COOOON) → égalité des chances (logique) 2) Méritocratie → selon talent + mérite Question 3 – Quelles sont les principales limites des tables de mobilité ? Les tables de mobilité sociale présentent plusieurs limites : Limites table de la mobilité sociale : - Femmes exclues ; diff à mesurer mobilité sociale femmes (comparaison par rapport à leurs pères CA RENSEIGNE PAS BEAUCOUP) - PCS on ne regarde pas ouvrier ingé quel contrat il possède (CDD ou CDI ou Intérim) - Groupe socio pro considérés comme comparables (entre générations): mobilité objective et subjective différentes (EX : instituteur selon Weber groupe de statut, mais maintenant déplacement mobilité subjective car moins reconnus) → Conduits à penser que groupes sociaux professionnels sont comparables entre génération mais c'est pas le cas - Nombre de catégories sociales (6) → limites : plus nombre réduit moins on aura de mobilité sociale, plus le nb est grand plus on aura de mobilité sociale Synthèse à retenir : Il s’agit de ne pas confondre : mobilité sociale et mobilité géographique, la 1ère n’implique pas de déplacement physique, mais un changement de position sociale, laquelle est décrite à l’aide de la grille des PCS ◻ Mobilité géographique : déplacement physique des individus sur un territoire ◻ Mobilité sociale : changement de position sociale d’un individu ou d’un groupe social Il s’agit aussi de distinguer la mobilité professionnelle ou intragénérationnelle et la mobilité intergénérationnelle : la 1ère concerne un changement de position sociale au cours de la vie 4 professionnelle, d’un même individu. La seconde consiste à comparer la position sociale des enfants à celle de leurs pères ◻ Mobilité intergénérationnelle : changement de position sociale d’un individu ou d’un groupe social par rapport à la génération précédente. ◻ Mobilité professionnelle ou intragénérationnelle : changement de PCS au cours de la vie active d’un individu Quand il est possible de hiérarchiser certaines positions sociales, notamment du point de la place dans la hiérarchie de l’organisation productive (entreprise ou administration), on peut identifier des mobilités ascendantes : ouvrier 🡪 technicien (PI) 🡪 CPIS ou employé (aide soignante) 🡪 PI (infirmière) 🡪 CPIS (cadre de santé). On peut à l’inverse observer des trajectoires de mobilité descende ◻ Mobilité ascendante : progression d’un individu dans la hiérarchie sociale ◻ Déclassement (ou mobilité descendante) : situation où le statut social d’un enfant est situé plus bas dans la hiérarchie que celui de ses parents Ainsi, la mobilité sociale peut être ascendante si elle implique une progression dans la hiérarchie sociale (ouvriers qui devient technicien), on parle alors d’ascension sociale. A l’inverse, une baisse de la position sociale correspond à un déclassement social Lorsqu’il y a mobilité sociale entre PCS différente mais proche socialement, on dit qu’il y a mobilité sociale horizontale. Par exemple, un fils d’ouvrier qui devient employé. ◻ Mobilité observée (ou absolue) : changement de position sociale mis en évidence par les tables de mobilité. 2/Lecture des tables de mobilité sociale a-Savoir lire une table de mobilité brute Mobilité sociale (probabilité fils de cadre deviennent cadre vs fils d'ouvriers) =/= fluidité sociale b-Savoir lire une table d’origine (ou table de recrutement) 🡪 Quelle est l’origine sociale des… “D'où viennent …” “Que faisaient leur père” c-Savoir lire une table de destinées 🡪 “Que sont devenus les fils de…” Ccl. : ◻ Table de mobilité : une table de mobilité croise la PCS du père à celle de son fils. La table de destinée montre que sont devenus les fils d’agriculteurs, d’artisans, de cadres, de PI, d’employés et d’ouvriers. La table d’origine montre l’origine sociale des agriculteurs, artisans, cadres, PI, employés, ouvriers. B- Mobilité structurelle et égalité des chances : une société plus mobile n’est pas nécessairement plus fluide 1 : La mobilité structurelle 5 La mobilité structurelle correspond à la mobilité contrainte ou forcée (effets structurels subis par les individus). C'est la mobilité imposée par l'évolution de la structure socioprofessionnelles de la population active (baisse du nombre d'agriculteurs dû à la mécanisation, hausse du nombre de cadres et de professions intermédiaires dû à la hausse de qualification des emplois, tertiarisation des emplois, désindustrialisation, mondialisation, féminisation…). Question 1 – Quelle part de la mobilité totale s’explique par les changements de la structure socioprofessionnelle ? 2015 : 15,8% mobilité sociale subie ou forcée car évolution structure pro / éco Entre génération père fils: - agriculture + PI Mobilité totale (65,2%) , mobilité structurelle ¼ mobilité sociale observée Question 2 – Quelles sont les 2 catégories socioprofessionnelles ayant le plus d’effet sur la mobilité structurelle en 2015 ? Les PI et les employés et ouvriers qualifiés PI (forte hausse PI, 25% structure pro fils et 16% père → augmentation 60%) et baisse agriculteurs (8,3% pères contre 2,8 fils → ⅓, divisé par 3) Une partie des mobilités sociales des enfants est due à la mobilité structurelle, laquelle désigne les changements de position sociales dus à la destruction d’emplois (qui rend plus difficile l’accès à certaines PCS) et la création d’autres emplois (qui rend plus facile l’accès à d’autres PCS). ◻ Mobilité structurelle : changement de position résultat de la mutation des emplois et donc de la structure socio-professionnelle Bien sûr, le fait des études joue un rôle, mais c’est bien la création d’emplois qui rentabilise ces études et qui est au point de départ de la mobilité. Car, sans cette création d’emploi, les études ne pourraient pas expliquer à elles seules les mobilités sociales. Ccl. : une partie de la mobilité sociale s’explique par la mutation des emplois et donc de la structure socioprofessionnelle, c’est ce qu’on appelle la mobilité structurelle. Par exemple, + de fils sont cadres aujourd’hui, car plus d’emplois de cadres ont été créés par rapport à l’époque des fils. Néanmoins, la mobilité sociale due à la mobilité structurelle est d’une intensité moindre aujourd’hui, car la mobilité structurelle explique ¼ des mobilités sociales observées en 2015 contre 40% à la fin des années 70. La part de la mobilité observée déduction faite de la mobilité structurelle est appelée mobilité nette. ◻ Mobilité nette : différence entre la mobilité brute (observée) et la mobilité structurelle (celle liée aux transformations de la structure socio-professionnelle des enfants par rapport à celle de leurs parents). 2/ La fluidité sociale (mobilité relative) (ou odds ratio) : une mesure relative de la mobilité sociale 6 Passer du stade ouvrier à cadre alors que fils d’ouvrier à Pi à ingénieur : mobilité mais pas fluidité Probabilité que tu deviennes ingé quand ton père est ingé par rapport à probabilité qu’un fils d’ouvrier devienne ingé Fluidité monte toujours (rapport de chance de changer de catégorie sociale (par rapport origine sociale)) vs mobilité (monte ou baisse) Table destinée Remarque : On peut appréhender la fluidité sociale en utilisant les rapports de chances relatifs à partir de la table de destinée. Dans le cadre des tables de mobilité, un rapport de chances relatifs égal à 1 traduit l’absence de lien entre l’origine sociale et la destinée sociale. En revanche, plus la valeur du rapport diffère de 1, plus la répartition des positions sociales est inégalitaire (la société est moins fluide). Une baisse des rapports de chances relatives dans le temps traduit une société plus fluide, donc plus mobile, avec des trajectoires ascendantes et descendantes plus nombreuses. Question 4 – Pourquoi la fluidité sociale permet de mieux mesurer le degré démocratique d’une société ? Méritocratie (en fonction de son mérite) et l'égalité des chances (en f° talent) (TOCQUEVILLE MAZAFAKA) → dépend structure économie donc économie structurelle : on ne retrouve pas dans table de mobilité égalité des chances mais par calculs fluidité sociale on peut savoir si égalité des chances respectées 3/ Une société plus mobile n’est pas nécessairement une société plus fluide ◻ Fluidité sociale ou mobilité relative : probabilité d’atteindre une PCS en fonction d’origines sociales différentes. Elle se mesure principalement par les odds ratio (rapport de chances relatives) Document e. La mobilité sociale est tombée en panne […] En étudiant la progression de la fluidité sociale entre 1953 et 1993, le sociologue Louis-André Vallet a montré que, tout en étant continue, cette progression [de la fluidité sociale] reste modeste, de l’ordre de 0,5 % par an. […] Le chercheur met aussi en évidence une détérioration, à partir de 1985, du ratio mobilité ascendante/mobilité descendante. Entre 1985 et 2003, la proportion d’hommes âgés de 35 à 59 ans qui connaissent une mobilité ascendante est passée de 18,7 % à 23,2 %, tandis que la part de ceux concernés par un déclassement social intergénérationnel passait de 4,8 % à 7,2 %. On avait donc 3,9 fois plus de chances de connaître une mobilité ascendante en 1985, en 2003 ce ratio était tombé à 3,2 Question 6: À partir des 2 exemples, montrez qu’une société présentant une plus forte mobilité sociale n’est pas nécessairement plus fluide. Société fictive 2: mobilité sociale + forte (+5 pts de %) cependant fluidité identique car rapport de chance est de 9 pour les deux ⇒ bien que 2 + mobile, ne donne pas plus d’égalité de chance fils de cadre et fils d’ouvrier → ascenseur social fonctionne mieux dans société fictive 2 Ccl. : Les tables de mobilité permettent de calculer des odds ratios qui sont des indicateurs permettant de mesurer l’égalité des chances et donc la fluidité sociale de 7 notre société. Moins l’origine sociale d’un individu influence le destin social, donc la possibilité d’accéder à une PCS donnée, plus on peut dire que la fluidité sociale est élevée. C- Mobilité ascendante, reproduction sociale ou déclassement : quel est le degré de mobilité sociale en France ? 1/Mesurer la reproduction sociale Question 1 – Comparez la reproduction sociale intergénérationnelle des hommes par rapport à celle des femmes en 2015. Reproduction sociale des femmes est moins élevée que celle des hommes: 29,5% (femmes) vs 34,8% (hommes) → femmes plus mobiles que les hommes (65,2% pour les H vs 65,2% pour les F), reproduction intergénérationnelle + forte pour les hommes (34,8%) même posit° sociale que leurs pères F + élevée pour les employés et ouvriers non qualifiés F - élevée pour agriculteurs, ACCE, cadres, employés et ouvriers qualifiés F et M: même pour PI 2/ Mesurer la mobilité ascendante Question 2 - Comparez la mobilité sociale ascendante des hommes par rapport celle des femmes en 2015. Mobilité ascendante plus importante chez les femmes (39,8%) que chez les hommes (27,6%). Filles en ascension sociale plus que les hommes. 3/Mesurer la mobilité descendante (déclassement social/démotion sociale) Question 3 - Comparez le déclassement social des hommes par rapport à celle des femmes en 2015. Femmes: déclassement social plus faible que hommes (11,7% et 15%) Surtout pour enfants de cadres: femmes que 3% alors que hommes 6% Question 4 – Distinguez les 3 types de déclassement. Intergénérationnel (de parent à enfant) Scolaire (perte de diplômes obtenus) → paradoxe d’Anderson (poste en dessous de ses qualifications) Professionnel (intragénérationnel → par rapport à soi même) : évolution défavorable à position de départ (surqualification) Question 5 – Comment a évolué le sentiment de déclassement social depuis les années 2000 ? Sentiment déclassement 40% en 2004 à 25% en 2021 : a diminué depuis années 2000 Question 6 – Le déclassement intergénérationnel est-il une réalité objective ? En fait, sociologues/eco pas d’accord → pas de panne ascenseur social : augmentation fils de cadres devenus ouvriers/employés + paupérisation de la classe moyenne 8 → panne ascenseur social : plus de mobilité descendante que ascendante ◻ Déclassement (ou mobilité descendante) : situation où le statut social d’un enfant est situé plus bas dans la hiérarchie que celui de ses parents Synthèse à compléter : Les caractéristiques et les évolutions de la mobilité sociale en France Principes de construction, intérêt et limites des tables de mobilité On distingue 3 formes de mobilité : - Mobilité géographique (changement de lieu de résidence) - Mobilité professionnelle ou intragénérationnel (1) (changement de poste, d'entreprise ou de profession en cours de carrière) - Mobilité intergénérationnelle (2) (comparaison des positions sociales parents-enfants) : l'INSEE réserve le terme de mobilité sociale à cette forme de mobilité. Elle réalise des études périodiques pour construire des tables de mobilité. Intérêts des tables de mobilité sociale Le principal objectif de l'analyse de la mobilité sociale est d'évaluer le degré démocratique (3) d'une société suivant deux principes : l'égalité des chances (4) (situation sociale acquise par un individu ne dépend pas de son milieu d'origine) et la méritocratie (5) (attribution des positions sociales est fonction des talents, des efforts et résultats des individus). Une société ayant une forte mobilité sociale peut s'accommoder d'importantes inégalités sociales car elles sont limitées dans le temps (pas d’héritage des positions sociales). Cependant, si l'existence de fortes inégalités sociales s'accompagne d'une reproduction du statut social intergénérationnel, cela reflète une société socialement peu démocratique. Limites des tables de mobilité sociale Les tables de mobilité sociale présentent plusieurs limites : - La difficulté de mesurer la mobilité sociale des femmes dû à une féminisation tardive du marché du travail. - Les tables de mobilité ne prennent pas en compte de la qualité des emplois (6) (seuls les CDI sont des positions stables). - Une table de mobilité ne prend pas en compte la mobilité subjective (7) (sentiment de déclassement notamment) : elle conduit à considérer que les groupes socioprofessionnels ont une reconnaissance sociale comparable dans le temps. - Le nombre de catégories sociales retenues influence la mesure de la mobilité : plus le nombre de catégories retenues est important, plus on va mesurer de changement entre les positions sociales des individus. Inversement, moins on utilise de catégories différentes, plus l’immobilité mesurée va être importante. Construction des tables de mobilité L'INSEE construit 3 types de tables de mobilité sociale : 9 - Table mobilité sociale : les enquêtés de l’INSEE sont des personnes âgées de 35 à 59 ans (actifs ou anciennement actifs). Il leur est demandé de préciser leur profession et celle de leurs parents à la fin de leurs études. Cela permet de construire des tableaux à double entrée croisant la catégorie socioprofessionnelle des hommes et celle de leurs pères. - Table des destinées (8) sociales : elle mesure, en pourcentages la position sociale des individus issus d’une catégorie donnée. Elle répond donc à la question : « Que deviennent les fils (ou filles) de ? ». - Table de recrutement (9) social : elle mesure, en pourcentages, l’origine sociale des individus appartenant à une catégorie donnée. Elle répond donc à la question : « D’où viennent les fils (ou filles) de ?». Mobilité sociale et fluidité sociale La mobilité sociale observée (totale) correspond à la somme des proportions des enfants qui n'ont pas les mêmes positions que leurs parents. L'immobilité sociale (10) est l'opposé (somme des parts en diagonale dans la table de mobilité sociale). La mobilité structurelle (11) correspond à la mobilité imposée par l'évolution de la structure socioprofessionnelle de la population active (salarisation, hausse du niveau de qualification des emplois, tertiarisation des emplois, féminisation…). La mobilité sociale nette (12) est l'écart entre la mobilité sociale observée (totale) et la mobilité structurelle. Cependant, une société mobile n’est pas nécessairement une société fluide. L’analyse en termes de fluidité sociale (13) permet de mesurer l'égalité des chances des individus pour atteindre une position donnée quel que soit leurs origines sociales et l'évolution de la structure socio-professionnelle. Elle se mesure par le calcul des rapports de chance (14) d’accès aux différentes positions sociales selon l’origine des individus. Ce rapport s’exprime par exemple sous la forme : "Les enfants de cadres (15) ont statistiquement X fois plus de chances que les enfants d’ouvriers (16) de devenir cadres." Dans une situation de fluidité sociale parfaite, la position sociale des individus ne dépendrait en aucune manière de leur origine sociale (17). Quand la fluidité sociale augmente, cela signifie qu’on progresse du point de vue de l’idéal méritocratique de l’égalité des chances. La mobilité sociale en France des hommes et des femmes Les tables de mobilité sociale de 2015 montrent que les femmes sont socialement plus mobiles que les hommes et que les femmes ont une mobilité sociale ascendante plus forte que celle des hommes. Elles connaissent également un déclassement plus faible que celui des hommes. Sur ce dernier point, il faut distinguer 3 types de déclassement : déclassement intergénérationnel (18) (positions des enfants inférieures à leurs parents), déclassement professionnel (19) ou intragénérationnel (position sociale qui s'est dégradée au cours d'une carrière) déclassement scolaire (20) (situation de surqualification à un poste dû à la baisse de la valeur des diplômes). Le déclassement intergénérationnel est 10 une préoccupation sociale depuis les années 1980 mais il ne fait pas l'objet d'un consensus scientifique. Type de déclassement Description Déclassement social C’est lorsqu’on se retrouve dans une position sociale inférieure intergénérationnel à celle de son père. Selon Peugny, 14% des fils de cadre nés entre 1944 et 1948 sont devenus ouvriers ou employés, contre 25% pour ceux nés entre 1964 et 1968. Déclassement C’est quand on perd son emploi et qu’on se retrouve dans une intragénérationnel ou situation professionnelle dégradée (perte d’emploi, emplois déclassement professionnel plus précaires, moins bien rémunérés). Cela concerne 7% des actifs selon Eric Maurin (peur du déclassement) Déclassement scolaire Le fait d’avoir un diplôme dont la valeur se dégrade au cours du temps. De sorte que l’on accède à des emplois moins enviables à diplôme égal (cf. Paradoxe d’Anderson – 1907- 1990). Pour autant, le diplôme reste une arme au sein d’une génération. Ccl. : si la reproduction sociale représente 1/3 des mobilités sociales, les trajectoires de mobilités ascendantes sont plus fréquentes que les situations de déclassement social. L’ascenseur social fonctionne encore mais s’élève moins vite. La reproduction sociale augmente lorsque l’on monte dans la pyramide sociale et les trajectoires de mobilités verticales, ascendantes ou descendantes, sont souvent courtes, on traverse rarement tout l’espace social en une génération : le déclassement des fils de cadres est plus fréquent vers les professions intermédiaires, de même que les fils d’ouvriers ou d’employés non qualifiés deviennent plus fréquemment ouvriers ou employés qualifiés. II. Quels sont les principaux déterminants de la mobilité sociale ? A- L’effet de l’évolution de la structure socioprofessionnelle sur la mobilité structurelle Question 1- Évolution de la structure socioprofessionnelle depuis les années 1980. Question 1-a- Quel était le principal groupe socioprofessionnel en 1982 et quelle évolution a-t-il connu par la suite ? Poids des ouvriers dans les catégories socioprofessionnelles en constante baisse jusqu'en 2019 (30,3% en 1982 et 19,6% en 2019) Question 1-b- Quels sont les 2 principaux groupes socioprofessionnels dont le cumul représente la majorité de l’emploi en 2019 ? En 2019, les deux principaux groupes socioprofessionnels sont les employés (26,8%) et PI (25,6%), leur cumul représente maj de l’emploi : 26,8 + 25,6 = 52,4% de l’emploi. Question 1-c- Quels sont les 2 groupes socioprofessionnels ayant connu les plus fortes variations positives de leur part dans l’emploi sur la période 1982- 2019 ? Justifiez votre réponse à l’aide de calculs adéquats. 11 - Cadres et professions intellectuelles supérieures (CPIS) : de 7,8% à 19,3% dans l’emploi → soit 11,5 pts de % de plus - PI : d'environ 19,5% à 25,6% → soit 6,1 pts de % en plus Question 1-d- De même, quels sont les 2 groupes socioprofessionnels avec les plus fortes variations négatives de leur part dans l’emploi sur la période 1982-2019 ? - Agriculteurs : de 7,1% à 1,5% → soit variation négative de 5,6 pts de % - Ouvriers : de 30,3% à 19,6% → soit variation négative de 13,7 pts de % Question 2 – Quelles évolutions de la structure socioprofessionnelle contribue à la mobilité sociale ? Développez votre réponse à l’aide des données des documents statistiques. Tertiarisation de l’économie (effet du PT) (variation négative des ouvriers dans l’économie de -10,7) → nv emplois secteur services marchands et non marchands Féminisation (1975 : tx d’activité de 52,7% et 2019 : 67,6% → s’égalise presque sur le taux d’activité des hommes, femmes minoritaires dans l’agriculture) → besoin main d’oeuvre 30 glorieuses, apparition PI Augmentation du niveau de qualification (niveau de qualification supérieur passe de 11% à 41%, et peu ou pas qualifiées passe de 57% à 17%) → massification scolaire Salarisation (81,4% en 1982 a 86,9% en 2022, indépendants: 18,6% a 13,1%) → indé a baissé depuis 2nde moitié XXe siècle, baisse des enfants commerçants pour devenir ouvriers Question 1F Comparez la destinée des femmes dont le père était profession intermédiaire à celle des hommes dont le père était profession intermédiaire Comment expliquer les différences ? Femmes dont le père était PI : sur 100 filles de père PI, 33 sont devenues PI à leur tour (reproduction sociale) ou ont opéré une trajectoire courte → pour 100 filles de père PI : 20 sont devenues CPIS (ascension sociale) et 24 sont devenues employées et ouvriers qualifiés (démotion sociale) Fils dont père PI: Moins de filles de PI sont PI que fils de PI à cause arrivée récente femmes marché du travail Question 1G Comparez la destinée des femmes dont la mère était profession intermédiaire à celle des femmes dont le père était profession intermédiaire (doc f). Comment expliquer les différences ? Femmes dont la mère était PI : sur 100 filles de mères PI : 37,7 filles sont PI (reproduction sociale), 29 filles sont CPIS (trajectoire courte : ascension sociale) et 19 filles sont employés et ouvriers qualifiés (trajectoire courte : démotion sociale). Femmes dont le père était PI : sur 100 filles de père PI, 33,8 sont devenues PI à leur tour (reproduction sociale) ou ont opéré une trajectoire courte → pour 100 filles de père PI : 20 sont devenues CPIS (ascension sociale) et 24 sont devenues employées et ouvriers qualifiés (démotion sociale) ⇒ Filles se reproduisent + en f° de leur mères que ceux de leur père: socialisation par imprégnation, féminisation des emplois → se dirigent vers emplois féminins 12 B- Les effets des ressources et des configurations familiales sur la mobilité sociale nette 1/ Le rôle des ressources familiales dans la mobilité sociale Document a. Capitaux familiaux et réussite scolaire Question 1 – Quel lien faites-vous entre réussite scolaire et mobilité sociale ? Selon l'analyse de Pierre Bourdieu: réussite scolaire permet accéder études sup + meilleurs emplois → mobilité sociale Mérite mais aussi compétences de chacun Ex: fils de cadres qui deviennent cadres (bac +5) Question 2 - Comment les ressources familiales contribuent à expliquer la mobilité sociale ? Réussite scolaire peut être expliquée autrement que par école laïque, république → Origine sociale parents → Lycée privé, cours particuliers, livres, chambres individuelles, ordinateur ⇒ K économique pèse lourd dans balance. Mais K culturel pèse le plus dans réussite scolaire → Objectivé (bibliothèque, oeuvres d’art, etc) permet d’arriver à l’école avec K culturel plus important que celui enfant classe popu (notamment K intériorisé (langage, syntaxe, richesse, argumentation)) 2/ Le rôle des configurations familiales dans la mobilité sociale Question 3 - La taille de la fratrie a-t-elle des effets sur la réussite scolaire et donc sur les trajectoires individuelles ? Oui, les enfants vivants dans des familles nombreuses ont moins de chance d’obtenir un haut niveau de diplôme que les enfants uniques: Enfants uniques: 30% sans diplôme / inférieur au bac Famille 5 enfants: 67% sans diplôme / inférieur au bac ⇒ corrélation négative entre taille fratrie et réussite scolaire (temps, budget) Question 4 – La situation conjugale des parents a-t-elle des effets sur la réussite scolaire et donc sur les trajectoires individuelles ? Oui enfants avec parents séparés sont plus sujets à l’échec scolaire (passant de 24,2 % lorsque les parents vivent ensemble à 30,8 % lorsque ce n'est pas le cas), surtout lorsque les parents sont hautement diplômés (car l’enfant ne bénéficie plus du 13 K scolaire) (presque trois fois plus de risques d'appartenir à la catégorie des élèves en difficulté lorsque ses parents sont séparés) ⇒ Quel que soit origine sociale, situat° familiale impact réussite scolaire (famille monoparentale) Question 5 – L’origine migratoire a-t-elle des effets sur la réussite scolaire et donc sur les trajectoires individuelles ? Oui, l'origine migratoire à des effets sur la réussite sociale au niveau social équivalent. Les enfants issus de l’immigration sont soumis à plus d’attentes de la part de leur famille que les enfants de francais. Notamment les jeunes hommes d'origine subsaharienne et maghrébine. Au contraire, les enfants de parents Asiatiques ont plus de réussite scolaire (2014 chez les garçons : 88% de bacheliers parents venant d’Asie alors que 76% de bacheliers parents Fr) ⇒ à K culturel identique, un enfant immigré va moins réussir qu’un enfant fr. Question 6 - Comment les configurations familiales contribuent à expliquer la mobilité sociale ? Les configurations familiales impactent la mobilité sociale de façons différentes. L’origine sociale, le nombre d’enfants dans la famille, si les parents sont divorcés ou que les enfants sont dans une famille monoparentale impactent tous la mobilité sociale. ⇒ Capitaux de Bourdieu complétés par K familial de Coleman Synthèse à compléter : Les principaux déterminants de la mobilité sociale L’effet de l’évolution de la structure socioprofessionnelle sur la mobilité structurelle Le processus de "destruction créatrice" (SCHUMPETEEEEEEEEEEEEEEEEER) lié au progrès technique (1) (innovations), théorisé par Joseph Schumpeter (1883 1950), est un des facteurs de la mobilité structurelle : des emplois sont détruits dans certaines branches et d'autres emplois sont créés dans d'autres segments. Cela contraint les individus à se diriger vers les secteurs en besoin de main d’œuvre. Depuis les années 1950, plusieurs processus explique la mobilité structurelle : - La salarisation (2) des emplois : le nombre d'emplois d'indépendants (3) s'est fortement réduit depuis la 2nde moitié du XXème siècle passant de 30% dans les 1950 à 20% dans les années 1980 et à 13% aujourd'hui. Les enfants d'agriculteurs, d'artisans, de commerçants ont été contraints d'accepter des emplois comme salariés (près de 90% des emplois disponibles). - La tertiarisation (4) des emplois : les effets du progrès technique ont eu un effet de déversement (5) d'emplois du secteur primaire (agriculture, mines) vers le secteur secondaire (industries, construction) puis vers le secteur tertiaire (services). L'emploi tertiaire représente aujourd'hui près de 80% des actifs (plus de 50% dans les services marchands et près de 30% dans les services non marchands) contre environ 50% dans les années 1960. - La hausse du niveau de qualification (6) des emplois : le progrès technique a également eu des effets sur la qualité des emplois. Il a augmenté le niveau d'exigence en termes de qualification (plus de cadres et de professions intermédiaires). La massification (7) scolaire a permis de répondre à ce besoin de main d'œuvre plus qualifiée. Aujourd'hui, plus de 40% des emplois sont occupés par des personnes diplômées du supérieur contre environ 10% dans les années 1980. 14 - La féminisation (8) des emplois : la volonté d'émancipation (9) économique des femmes et le besoin massif de main d'œuvre durant les "trente glorieuses" ont contribué à augmenter le taux d'activité des femmes. Aujourd'hui, plus de 2/3 des femmes sont actives (emploi + chômage) contre un peu plus de 50% dans les années 1970. Ces changements dans le système productif ont fait évoluer la part des catégories socio-professionnelles dans les emplois avec des catégories en expansion (cadres, professions intermédiaires) et d’autres en diminution (ouvriers, agriculteurs exploitants). Cela a contraint les individus à une mobilité structurelle (10). Les effets des ressources et des configurations familiales sur la mobilité sociale nette Les ressources familiales ont des effets sur la mobilité sociale L’héritage de capitaux est un facteur des inégalités de réussite scolaire et donc de mobilité sociale : - Capital économique (11) : plus il est élevé, plus les enfants bénéficieront des meilleures conditions matérielles pour réussir leur scolarité. C’est par exemples : chambre individuelle (donc propice à la concentration), équipement informatique et communication (PC, téléphone…), séjours linguistiques, cours de soutien scolaire, scolarité payante… - Capital culturel (12) : plus il est élevé, plus les enfants bénéficieront d’une socialisation conforme aux attentes scolaires (langage soutenu, capacité d’abstraction…). Par ailleurs, les objets culturels (livres, instruments de musique…) favorisent un rapport à la culture plus désintéressé propice à la curiosité et aux nouveaux apprentissages. - Capital social (13) : plus il est élevé, plus le réseau social des parents peut être une ressource contribuant à mieux connaitre les filières d’orientation (contacts avec des professeurs, des chefs d’entreprises…), à trouver un stage ou un emploi temporaire (renforcement des compétences pour le CV). Les effets des configurations familiales sur la mobilité sociale J James Coleman (1926-1995) érige les configurations familiales en capital familial (14) qui s'ajoute aux trois capitaux économique, culturel et social mis en avant par Pierre Bourdieu (1930-2002). Il fait, donc, référence aux configurations familiales qui sont les caractéristiques de la famille dans laquelle grandissent les jeunes (taille de la fratrie (15), situation conjugale (16) des parents, origine migratoire (17) de la famille…). Elles peuvent favoriser ou freiner la mobilité sociale. Par exemple, des sociologues ont montré que quelle que soit l’origine sociale, le rapport mobilité ascendante/déclassement est plus faible (18) pour les personnes issues de familles nombreuses (au moins trois frères ou sœurs). Moins les enfants sont nombreux et plus les ressources sont concentrées sur un petit nombre, ce qui peut faciliter la réussite scolaire. Par ailleurs, la position peut également influer sur la mobilité sociale (aide de la fratrie, modèle de réussite, contrainte de ressources moindre pour le dernier né si le ou les ainés ont déjà décohabité…). En outre, les jeunes qui grandissent dans les familles monoparentale (19) sont pénalisés dans leur trajectoire scolaire et de mobilité sociale par rapport aux autres configurations familiales (taux de pauvreté plus forte, encadrement familial plus limité dû à l’absence du 2nd parent). 15 Enfin, les enfants de familles immigré (20) rencontrent généralement plus de difficultés scolaires, ce qui a des effets sur leurs trajectoires individuelles et donc leur mobilité sociale. Cela s'explique notamment par le déficit en capital culturel de leurs parents car ils sont moins diplômés que le reste de la population. Synthèse du chapitre Les individus peuvent connaître différents parcours de mobilité : mobilité géographique lorsqu’ils changent de lieu de résidence, mobilité professionnelle lorsqu’ils changent de profession au cours de leur carrière, mais aussi mobilité sociale intergénérationnelle lorsque leur position sociale diffère de celle qu’occupaient leurs parents. Cette dernière forme de mobilité est souvent mise en avant dans des sociétés démocratiques qui valorisent l’idéal d’égalité des chances. Mais la France est-elle une 16 société mobile ? L’accès aux positions sociales est-il réellement indépendant de l’origine sociale des individus ? 1. Les caractéristiques de la mobilité : la France est-elle une société mobile ? 1.1. Mobilité ascendante, reproduction sociale ou déclassement : quel est le degré de mobilité sociale en France aujourd’hui ? L’analyse des tables de mobilité montre une certaine tendance à la reproduction sociale. Par exemple, en 2015, alors que seuls 19% des hommes de 30 à 59 ans étaient cadres, c’était le cas de 47% des fils de cadre. De même, 48% des fils d’ouvriers étaient eux-mêmes ouvriers, alors que seul un tiers des hommes de 30 à 59 ans sont ouvriers. La mobilité sociale est tout de même importante puisque les deux tiers des hommes se classent dans une catégorie sociale différente de celle de leur père. Mais cette mobilité sociale, plutôt ascendante, se fait entre des PCS proches (mobilité de proximité) : quand ils changent de position sociale, les hommes suivent des trajectoires courtes et ascendantes : un fils d’ouvriers mobile intègre plus généralement le groupe des professions intermédiaires que celui des cadres. Une partie significative de la mobilité sociale est aussi de la mobilité horizontale ainsi que descendante, i.e. entre des PCS de niveau hiérarchique équivalent (ouvriers et employés) ou plus faible : une part significative des fils de cadre connaissent ainsi un déclassement. (25% d’entre eux deviennent professions intermédiaires, et près de 20% d’entre eux deviennent ouvriers ou employés. 1.2. Mobilité structurelle et égalité des chances : une société plus mobile n’est pas nécessairement une société plus fluide La mobilité observée est en partie due à la transformation des emplois entre la génération des enfants et des parents (cf. 2.1). Certains individus vont donc changer de position sociale du simple fait de cette mobilité structurelle. Par exemple, la plupart des enfants d’agriculteurs ne pourront pas être eux- mêmes agriculteurs car la profession est en fort déclin. Pour autant, même si la mobilité observée peut être forte dans ce cas de figure, cela ne signifie pas pour autant qu’il y a une plus grande égalité des chances. Autrement dit, une société plus mobile n’est pas nécessairement une société plus fluide. Prenons l’exemple d’une société composée de cadres et d’ouvriers, connaissant entre deux dates un processus de tertiarisation se traduisant par une progression importante du nombre de cadres et une réduction du nombre d’ouvriers. La mobilité observée et la mobilité structurelle vont être élevées. Pour autant, si les nouveaux emplois de cadres sont autant ou plus qu’avant occupés par les enfants de cadres et non par les enfants d’ouvriers, alors cette société ne sera pas plus fluide, et l’égalité des chances n’aura pas progressé. Depuis plusieurs décennies, on note globalement une certaine amélioration de la fluidité sociale. L’inégalité des chances reste cependant importante puisqu’en 2015, les fils de cadres ont 35 fois plus de chance que les fils d’ouvriers ou employés non qualifiés de devenir cadres plutôt qu’ouvriers ou employés non qualifiés. 1.3. Les parcours de mobilité des femmes diffèrent-ils de ceux des hommes ? 17 La mobilité des femmes a longtemps été ignorée par les sociologues, en particulier du fait que pendant longtemps une part importante d’entre elles étaient inactives. Les taux d’activité féminins ayant rejoint les taux masculins, l’étude de la mobilité des femmes est devenue nécessaire et possible mais rencontre un problème méthodologique : faut-il comparer les filles aux pères (car ils sont nombreux à travailler et à définir l’origine sociale des filles) ou aux mères (ce qui est davantage logique mais qu’une partie encore importante d’entre elles n’occupait pas d’emploi) ? Si l’on compare les filles aux mères, on peut en tirer les constats suivants : - les femmes connaissent une très forte mobilité sociale (71% en 2015), supérieure à celle des hommes, - la mobilité sociale est fortement ascendante du fait du faible niveau socioprofessionnel des mères étudiées (ce sont les premières générations à être entrées massivement sur le marché du travail comme employées, secrétaires, ouvrières…), - cette mobilité sociale est en grande partie due à la profonde mutation de l’emploi féminin (hausse des qualifications, diversification des secteurs d’activité…). Si l’on compare cette fois les filles aux pères, on constate toujours une très forte mobilité sociale (du fait que les pères occupent majoritairement des emplois fortement masculins (ouvriers dans l’industrie par exemple), mais qu’elle est bien plus descendante que celle comparée aux mères (les pères occupant majoritairement des positions sociales supérieures à leurs conjointes). 1.4. Intérêt et limites des tables de mobilité Les éléments précédents démontrent l’intérêt des tables de mobilité, en particulier pour mesurer le degré d’égalité des chances dans nos sociétés démocratiques. Mais les tables de mobilité comportent cependant plusieurs limites. D’une part, le statut social d’une profession peut évoluer. Certaines professions peuvent voir leur prestige social augmenter ou diminuer avec le temps. Dans ce cas, une situation d’immobilité sociale (même profession) peut cacher en réalité une amélioration ou une dégradation de la position sociale de l’individu. Par exemple, si un enfant d’instituteur devient professeur des écoles, s’agit-il d’une situation de reproduction sociale ou de déclassement ? De plus, le nombre de catégories sociales retenues influence la mesure de la mobilité. Plus le nombre de catégories retenues est important, plus on va mesurer de changement entre les positions sociales des individus. Inversement, moins on utilise de catégories différentes, plus l’immobilité mesurée va être importante. Enfin, les tables de mobilité n’ont longtemps mesuré que la mobilité sociale des hommes (cf. 1.3) 2. Les facteurs de la mobilité : comment expliquer la mobilité sociale ? 2.1. Le rôle de l’évolution de la structure socio-professionnelle La mobilité sociale observée s’explique en partie par les transformations de la population active et l’évolution de la structure sociale. En effet, entre la génération des pères et celle des fils les emplois ne sont plus les mêmes dans la société. Certains emplois sont en déclin alors que d’autres sont au contraire en développement. On observe ainsi qu’en 2015, s’il n’y a que 2,6% d’agriculteurs dans la 18 génération des fils, il y en avait 8,5% dans la génération de leurs pères. Inversement la part des catégories salariées et plus qualifiées a augmenté, l’on est passé de 7% de cadres en 1982 à 17% en 2012 et de 20% à 25% de professions intermédiaires. (cf. chapitre sur la structure sociale) Cette évolution de la structure socioprofessionnelle a permis à des fils des différentes catégories d’obtenir une mobilité ascendante puisque le nombre de places dans les catégories de cadres et de profession intermédiaire a fortement augmenté. Inversement, le nombre de place d’agriculteurs à diminué entraînant une forte mobilité des fils d’agriculteurs : ainsi, si en 2015 81% des agriculteurs avaient un père agriculteur, les fils d’agriculteurs sont majoritairement devenus ouvriers (32,5% contre 25% qui sont devenus agriculteurs). Cette mobilité structurelle,« mécanique », provoquée par l’évolution de la structure de la population active entre pères et fils, explique environ un tiers de la mobilité observée. 2.2. Le rôle des niveaux de formation En France, toutes les enquêtes confirment le rôle majeur du niveau de diplôme dans l’obtention de la position professionnelle future. Le niveau de formation est donc un déterminant majeur de mobilité sociale dans notre société. Par exemple, 48% des diplômés de l’enseignement supérieur long (diplôme supérieur à bac + 3) deviennent cadres contre moins de 5% pour les diplômés de l’enseignement supérieur court (bac+2). A l’inverse, 84% des personnes sans diplôme ou titulaires du seul brevet deviennent ouvriers ou employés, contre 14% pour les diplômés de l’enseignement supérieur long. Si cela pourrait apparaître comme un signe d’une société méritocratique (le travail personnel permet d’obtenir un bon diplôme et donc une position sociale élevée), ce serait oublier que la réussite scolaire est encore très fortement influencée par les ressources et configurations familiales des individus. 2.3. Le rôle des ressources et configurations familiales On sait en effet que les ressources familiales (qu’il s’agisse du capital culturel, économique ou social accumulés, ou des stratégies que les familles peuvent mettre en œuvre compte tenu de ces capitaux) influencent la réussite scolaire donc la mobilité sociale. 19 Pierre Bourdieu a en effet montré que la famille transmet un ensemble de ressources culturelles objectives (livres, objets culturels, sorties culturelles) mais aussi incorporées à travers ce qu’il appelle l’habitus (le langage, le rapport au savoir, les savoir-faire valorisés, des connaissances, etc.). Or, le capital culturel valorisé par l’école correspond à celui des classes supérieures. (cf. chapitre 6). On sait également que selon les ressources culturelles et économiques dont elles disposent, les familles peuvent plus ou moins déployer des stratégies influençant la réussite scolaire – stratégie d’orientation vers des études courtes ou longues selon le milieu social d’origine (Boudon), stratégie résidentielle d’habiter un quartier favorisé où se situe l’école recherchée, stratégie d’inscription dans un établissement privé, etc. (cf. chapitre 6). Mais même après l’obtention d’un diplôme, les ressources familiales peuvent jouer par l’intermédiaire du capital social familial. Le réseau de relations des cadres, souvent plus étendu que celui des classes populaires, est plus souvent mobilisé pour favoriser l’insertion professionnelle de leurs enfants. Mais au-delà de ces facteurs importants de reproduction sociale, les études sociologiques permettent également d’expliquer des trajectoires plus atypiques (mobilité ascendante d’enfants de catégories populaires, ou déclassement d’enfants de catégories supérieures). Outre la question des ressources, celle des configurations familiales acquiert alors une importance explicative. Il faut alors comprendre comment se combinent le milieu social, la taille de la fratrie et la position dans la fratrie, la présence de membres de la parenté et l’intensité des relations qui les relie, la situation conjugale des parents, l’origine migratoire, etc.). Analysant le cas de la famille Belhoumi, famille algérienne de 8 enfants (cinq filles, trois garçons), de classe populaire, installée en France depuis 1977, le sociologue Stéphane Beaud montre par exemple comment l’insertion professionnelle relativement satisfaisante des garçons malgré leur faible niveau de diplôme s’explique en partie par leur position dans la fratrie et l’intensité des relations avec leurs sœurs aînées ayant mieux réussi scolairement et professionnellement, sœurs qui leur ont apporté un soutien moral et matériel déterminant, et ont pu les aider dans leur processus de recherche d’emploi. 20

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