Développement cognitif au préscolaire (3-5 ans) PDF
Document Details
Uploaded by WorthyIndium7151
UdeM
Tags
Summary
Ce document présente un aperçu du développement cognitif des enfants de 3 à 5 ans. Il aborde des concepts clés comme la pensée égocentrique, la centration, et le principe de conservation, et explique comment ces éléments évoluent au cours de la période préscolaire. Le document traite également d'autres aspects du raisonnement, tels que la théorie de l'esprit et la communication.
Full Transcript
Développement cognitif au préscolaire (3-5 ans) Les acquis En arrivant à 3 ans, les enfants peuvent déjà réfléchir à des choses non présentes et s’exprimer et comprendre les autres avec une certaine aisance. Leurs lobes frontaux sont relativement immatures, seront en plein...
Développement cognitif au préscolaire (3-5 ans) Les acquis En arrivant à 3 ans, les enfants peuvent déjà réfléchir à des choses non présentes et s’exprimer et comprendre les autres avec une certaine aisance. Leurs lobes frontaux sont relativement immatures, seront en plein développement entre 3 et 5 ans. Donc…. 3 limites cognitives de la période préscolaire selon Piaget ◼ Pensée égocentrique ◼ Centration, donc difficulté avec le principe de conservation ◼ Habiletés de classification rudimentaires 3 limites cognitives ◼ Plusieurs des grands développements cognitifs de la période préscolaire consisteront à surmonter ces limites, qui sont assez présentes vers 3 ans et diminueront graduellement à mesure que l’enfant traverse la période du 3-5 ans. ◼ Ici comme ailleurs, Piaget sous-estimait les enfants; ces limites sont plutôt des difficultés, et non des incapacités totales Pensée égocentrique ◼ Tendance à se représenter le monde en fonction de son propre point de vue ◼ L’enfant pense que les autres ont le même point de vue (qu’ils voient, pensent, se sentent de la même manière) que lui ◼ Ceci inclut les objets inanimés: l’enfant croit que ces objets sont comme lui; peuvent avoir des préférences, des intentions, etc. (pensée animiste) Pensée égocentrique ◼ Le problème des 3 montagnes de Piaget ◼ Que voit la poupée? ◼ Sera résolue avec l’apparition de la théorie de l’esprit, entre 3 et 5 ans Centration ◼ tendance à considérer un seul élément d’information alors que d’autres informations sont disponibles et pertinentes ◼ difficulté à intégrer différents éléments d’information ◼ conduit à une difficulté avec le principe de conservation Principe de conservation Compréhension de l’idée que la quantité d’une chose demeure la même si on n’a rien ajouté ni enlevé, même si la chose change d’apparence physique Exemples: Figure 9.2, p. 312 Le concept de conservation ◼ nombre: replacer 5 balles qui étaient en ligne droite pour en faire un cercle ◼ masse: aplatir une boule de pâte à modeler ◼ longueur: étirer un fil qui était enroulé ◼ volume liquide: verser de l’eau d’un verre haut et étroit vers un bol bas et large Il y a moins d’eau car elle monte moins haut. Problème de centration: difficulté à intégrer que l’eau monte moins haut MAIS est plus étendue Le concept de conservation Progression en 3 étapes: Il y a plus d’eau dans le verre plus haut 5-6 ans: période de transition, incorporent davantage d’information mais ne sont pas certains comment l’intégrer (ex.: étendue vs. hauteur). Sont incertains de leur réponse, conscients qu’ils pourraient se tromper 7 ans: comprennent le principe (mais trouvent que cela va de soi et que les plus petits sont un peu idiots…) Le concept de conservation Une fois que les enfants comprennent la conservation, ils l’expliquent de différentes façons: Compensation (étendue vs. hauteur) Réversibilité (quand tu l’as remis, c’était pareil) Identité (c’est la même eau) Ni addition ni soustraction: tu n’en as pas mis ni enlevé Le concept de conservation ◼ Une fois que les enfants comprennent un aspect de la conservation (ex.: liquide), ils ne généralisent pas les principes appris, ils doivent refaire le même processus pour les autres aspects de la conservation (ex.: longueur, masse, etc.). ◼ Ils approchent donc chacune de ces notions comme un problème nouveau, séparé. Ne voient pas la logique abstraite sous-jacente commune au principe de conservation (pensée logique pas encore acquise) Habiletés de classification Habileté à regrouper des choses sur la base de caractéristiques communes, ex.: taille, couleur, forme, etc. Dès 2-3 ans, on observe une capacité primitive de classification (ex.: par couleur, puis par forme, mais sans noter le changement) Mais ce n’est qu’au préscolaire que les enfants peuvent classer les choses de manière stable et cohérente (soit par forme, soit par couleur) Habiletés de classification Vers 4 ans, les enfants peuvent changer la règle de façon flexible (passer de forme à couleur) La centration limite encore les habiletés de classification (ont de la difficulté à classer par forme ET par couleur simultanément à 5 ans) Ont de la difficulté à faire de la classification hiérarchique, sera bien acquis seulement dans quelques années (cours 10) Autres éléments du raisonnement Autres éléments du raisonnement ◼ Le vivant ◼ Les nombres ◼ Sériation et inférence transitive ◼ Distinction apparence-réalité Le raisonnement au sujet des choses vivantes et non-vivantes L’âge préscolaire voit une importante progression de la compréhension de l’enfant du vivant Piaget croyait que les enfants de cet âge pensaient que tout ce qui bouge est vivant (vélo, nuage, …) On sait maintenant que leur pensée est plus claire à ce sujet , mais la démarcation vivant/non-vivant n’est pas toujours claire (ex.: plantes, voitures) 4 ans: théorie de base de la biologie: le vivant croît, se reproduit, et les petits ressemblent aux “parents” Vers 6 ans: compréhension de la biologie atteindra un stade quasi-adulte Concept de nombre ◼ Effets des additions & soustractions: comprendre que l’addition ajoute des items, et que la soustraction en enlève ◼ Comparer 2 groupes d’items avant et après manipulations Règle primitive: Ne tiennent pas compte de la différence de taille initiale. Il y en a plus là où on en a rajouté (2-3 ans) Règle qualitative: tiennent compte de la différence de taille initiale, mais non de sa magnitude (3-4 ans) Règle quantitative: tiennent compte de la différence exacte de taille initiale, et donnent ainsi la bonne réponse (5-7 ans) Concept de nombre ◼ Au début de préscolaire, ne voient pas bien le lien entre les mots (« deux », « trois ») et les quantités. Peuvent donner un objet, mais sont incertains quoi donner si on en demande 2, 3, 4,…. ◼ Comprennent que quand le mot change (« deux », « trois »), la quantité d’objets doit changer aussi; mais de combien?? Apprendre à compter 5 principes à maîtriser Un chiffre par objet: chaque objet correspond à un seul chiffre lorsqu’on compte. Ordre stable: on ne peut pas changer l’ordre des chiffres en comptant. Indépendance de l’ordre: l’ordre dans lequel on compte les objets n’affecte pas le résultat. Cardinal: le dernier chiffre correspond à la quantité recherchée. Abstraction: tout ensemble d’objets peut se compter (ma fratrie, les jours jusqu’à ma fête, …). S’acquièrent tous entre 3 et 5 ans. Sériation Habileté à ordonner des choses selon une progression logique, ex.: du plus petit au plus grand. Les enfants d’âge préscolaire peuvent trouver le plus grand ou le plus petit bâton d’un groupe. Mais ont de la difficulté à ordonner les bâtons par ordre de grandeur Semblent ne pas avoir de stratégie, et procéder par essais et erreurs C’est vers 5-7 ans que la sériation est acquise (planification) Inférence transitive Habileté à inférer la relation entre 2 objets sur la base de leur relation à un 3e. Si A = B et B = C , alors A = C Si A < B et B < C , alors A < C La difficulté pour les enfants est de retenir l’information en mémoire (mémoire de travail; fonction exécutive) S’ils arrivent à apprendre les prémisses de base, les enfants de 4 ans peuvent souvent trouver la réponse Ça demeure difficile en raison de la centration (information à coordonner) Distinction apparence-réalité À 3 ans, la distinction apparence-réalité est comprise par peu d’enfants Mettre un masque de chien sur un chat: le chat est devenu un chien Regarder une maison blanche à travers un plastique rouge transparent: la maison est devenue rouge À 6 ans, la distinction est bien acquise Les différences individuelles Développement normatif et développement individuel Les différences entre les enfants autour des tendances moyennes discutées jusqu’ici sont très frappantes et tout à fait normales Tests d’intelligence: cours 10 Mémoire, attention, planification et résolution de problèmes Registre Partie de la mémoire où l’information en sensoriel provenance des sens est brièvement entreposée. Mémoire de Partie de la mémoire où l’information travail (court- notée consciemment est entreposée 10- terme) 20 secondes. Mémoire à Partie de la mémoire où l’information est long-terme entreposée pour une longue période. Habiletés Processus qui contrôle le transfert d’attention d’information du registre sensoriel à la mémoire de travail. Habiletés de Processus qui retient l’information en mémoire mémoire de travail ou la transfère vers la mémoire à long-terme. Déployer son attention Bien que les enfants d’âge préscolaire peuvent porter attention à des événements intéressants, leur système attentionnel n’est pas encore pleinement développé. Porter attention à la bonne partie de l’information sensorielle, y rester concentré et ignorer les stimuli non-pertinents est une tâche difficile à 4-5 ans (fonctions exécutives) Les enfants d’âge préscolaire épuisent donc leurs ressources attentionnelles rapidement, perdent aisément leur concentration La mémoire au préscolaire Vers 3 ans, les enfants ne comprennent pas l’idée d’avoir besoin de se rappeler Vers 6 ans, ils comprennent le besoin de se rappeler, mais ne sont pas capables d’organiser une stratégie pour le faire, de penser à un plan pour se faciliter le rappel Vers 9 ans, ils peuvent organiser une stratégie de rappel de façon intentionnelle (ex.: mettre son devoir à signer sur la table de la cuisine) La mémoire au préscolaire Habiletés et limites Au préscolaire, les enfants peuvent être excellents avec la reconnaissance (savoir qu’un stimulus est familier) et le rappel libre (récupérer spontanément de l’information de la mémoire) Ils peuvent même faire mieux que des adultes assez fréquemment Par contre leurs performances de rappel délibéré demeurent inférieures à celles d’enfants plus vieux (ex.: série de chiffres) La mémoire au préscolaire Habiletés et limites Dans l’ensemble, performent mieux (relativement aux adultes) de façon spontanée Mais les enfants plus vieux et les adultes performent mieux lorsqu’on leur demande explicitement une tâche de rappel Les enfants du préscolaire manquent de stratégies pour bonifier leur performance (ex.: réviser pour maximiser la rétention) C’est plus tard qu’ils apprendront à utiliser des stratégies de façon délibérée La planification au préscolaire Penser à une séquence d’actions qui permettra d’atteindre un but. Puis, se souvenir des étapes (mémoire de travail) et accorder suffisamment d’attention à chacune. La planification au préscolaire Sophie ne peut suivre le chemin qu’une seule fois Elle veut photographier le kangourou Dans quelle boîte devrait-on laisser l’appareil photo de Sophie ? Difficile avant 5 ans La planification au préscolaire ◼ Place les boules comme sur la photo, en utilisant seulement 3 déplacements. Tu peux bouger une seule boule à la fois, et quand tu en soulèves une tu dois la déposer sur un des bâtons. Résolution de problèmes ◼ Théorie du chevauchement des stratégies ◼ Essaie, expérimente une variété de stratégies (d’où le chevauchement) ◼ Observe à quel point elles fonctionnent, sous 2 aspects: exactitude et rapidité ◼ Élimine les moins efficaces (diminution du chevauchement) ◼ Graduellement, sélectionne celle qui mène à des réponses rapides et exactes (élimination du chevauchement) Résolution de problèmes ◼ Théorie du chevauchement des stratégies ◼ Éventuellement: choisira directement la meilleure solution car il s’en souvient: la solution est arrimée au problème dans sa mémoire, plus besoin d’expérimenter ◼ À ce moment on observe (IRMf) que les réseaux cérébraux sous-jacents à la résolution de problèmes sont plus efficaces: meilleure connectivité entre les régions cérébrales responsables La cognition sociale La cognition sociale Réfère à la compréhension qu’a l’enfant des autres et des relations interpersonnelles Au préscolaire les enfants commencent à comprendre comment les autres pensent et se sentent, quelles sont leurs motivations, intentions et préférences, et comment ils sont susceptibles d’agir. Ces avancées dans la cognition sociale sont largement attribuables aux autres avancées cognitives…. … et contribuent fortement au développement socio-affectif La théorie de l’esprit La capacité d’attribuer aux autres (et à soi-même) des pensées, des intentions, des désirs et des croyances (états mentaux) Il s’agit donc de reconnaître que les autres personnes ont une vie mentale, et que celle-ci influence leurs actions. La théorie de l’esprit Principes à comprendre 1. Les états mentaux existent: établi avant cette période. 2. Les états mentaux sont basés sur le monde physique: p.ex., il faut regarder dans la boîte pour savoir ce qu’elle contient. 3. Les états mentaux peuvent varier d’un individu à l’autre (p.ex., enfant vs. autre personne) 4. Ces états mentaux peuvent être inexacts; les gens peuvent se tromper. 5. Les gens croient vraiment leurs idées, même si elles sont fausses 6. Ils agissent en fonction de ces idées Communication et théorie de l’esprit ◼ L’un des grands avantages du développement de la théorie de l’esprit est qu’elle procure d’excellents outils de communication: se demander si l’autre nous a compris, quelles choses demandent une explication et lesquelles vont de soi, etc. ◼ À l’âge préscolaire, les avancées sur ce plan sont tout à fait remarquables, les enfants deviennent de véritables partenaires de conversation, sensibles aux besoins de l’autre. Communication et théorie de l’esprit ◼ La réciproque est aussi vraie: les relations sociales favorisent beaucoup le développement de la théorie de l’esprit ◼ Développement cognitif → développement social → développement cognitif, etc. socio- affectif cérébral cognitif Influences positives sur la théorie de l’esprit ◼ Interactions sociales ◼ sécurité d’attachement ◼ conversations parent-enfant (et leur contenu) ◼ avoir une fratrie, plus âgée surtout ◼ Jeu de rôle, jeu symbolique, compagnons imaginaires ◼ Habiletés de langage de l’enfant ◼ Fonctions exécutives (ex., planification, flexibilité cognitive) Les grandes avancées cognitives ◼ Entre 3 et 5 ans, l’enfant a fait des progrès remarquables dans plusieurs domaines: mémoire, attention, planification, résolution de problèmes (fonctions exécutives), classification, plusieurs aspects du raisonnement, capacité à voir le point de vue des autres ◼ Ces avancées sont extrêmement importantes, font de l’enfant de 5 ans un être qualitativement différent de ce qu’il était à 3 ans ◼ Elles ne surgissent pas du néant (développement ordonné et cumulatif); elles se construisent sur les fondations cognitives, sociales, et affectives qui se sont développées pendant les 3 premières années de vie ◼ Elles sont cruciales pour la prochaine étape de développement majeure: l’entrée à l’école