CM 1 - Phobie SpéCifique PDF
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Ce document présente une description de la phobie spécifique (anciennement appelée "phobie simple"), incluant une distinction entre phobie et peur, les aspects sémiologiques de la phobie spécifique, sa définition selon le DSM, l'épidémiologie des phobies spécifiques, et une introduction à la prise en charge de la phobie.
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CM 1 – Phobie spécifique Trouble = peur de situations dans lesquelles l’individu, en contact avec des gens non familiers, pourrait être observé par autrui et se conduire de manière humiliante ou embarrassante Phobie spécifique (appelait « phobie simple » autrefois) : → trouble pouvant être extrêmem...
CM 1 – Phobie spécifique Trouble = peur de situations dans lesquelles l’individu, en contact avec des gens non familiers, pourrait être observé par autrui et se conduire de manière humiliante ou embarrassante Phobie spécifique (appelait « phobie simple » autrefois) : → trouble pouvant être extrêmement handicapant → trouble très fréquent → phobies localisées (= le sujet va avoir peur d’UN objet, d’UNE situation central auquel peut s’ajouter des phobies annexes), assez stables (= depuis au moins 6 mois), donnant lieu à des conduites d’évitement (le patient met en place toute une stratégie afin de contourner ce qui l’angoisse), de rationalisation (ex : trouver des arguments, pour lui et pour les autres, pour montrer que c’est mieux de prendre le train que l’avion : écologie…) ou d’aménagement (ex : temps que je le peux, je prends le train au lieu de prendre l’avion) → ne sont pas toujours accompagnées d’attaques de panique de survenue spontanée, d’état anxieux → le sujet reconnaît le caractère irrationnel, excessif de sa peur → ils consultent très tardivement car ils ont honte Peur ou phobie spécifique ? Dans la phobie spécifique, on retrouve : → notion d’intensité et d’incontrolabilité → peur très intense, incontrôlable et poussant à la fuite → peur anticipatoire lorsque le sujet redoute ou imagine à l’avance l’éventualité d’une confrontation → risque AP I/ Aspects sémiologiques de la phobie spécifique 1. Définition par la DSM → peur ou anxiété intenses à propos d’un objet ou d’une situation spécifique (ex : prendre l’avion, hauteurs, animaux, avoir une injection, voir du sang…) durant laquelle le sujet est exposé à l’éventuelle observation attentive d’autrui. Ce type de situation inclut des situations sociales et de performance → l’objet ou la situation phobogène est activement évitée ou vécue avec une peur ou une anxiété intense → la personne craint d’agir ou de montrer des symptômes d’anxiété d’une façon qui sera jugée négativement → l'objet ou la situation phobogène provoque presque toujours une peur ou une anxiété immédiate → les situations sociales sont évitées ou subies avec une peur ou une anxiété intenses → la peur ou l’anxiété est disproportionnée par rapport au danger réel engendré par l’objet ou la situation spécifique et par rapport au contexte socio-culturel → la peur, l’anxiété ou l’évitement causent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants → le trouble n’est pas mieux expliqué par les symptômes d’un autre trouble mental, comprenant la peur, l’anxiété et l’évitement de situations associées à des symptômes semblables aux symptômes de panique ou d’autres symptômes d’incapacité (comme dans l’agoraphobie, des objets ou situations liés à des obsessions (comme dans le TOC), des souvenirs d’évènements traumatiques (comme dans ESTP) ou des situations sociales (comme dans l’anxiété sociale) → un patient qui présente une phobie spécifique est plus à même de présenter d’autres troubles ex : anxiété généralisée, anxiété sociale Il faut spécifier si la phobie spécifique est en lien avec : - animal (araignée, insectes, chiens…) - environnement naturel (hauteur, tonnerre, eau…) - sang, injection, accident (aiguilles, actes médicaux invasifs…) - situationnel (avions, ascenseurs, endroits clos…) - autre (vomir, s’étouffer…) → souvent car vécu ou vu Les phobies spécifiques de type situationnel ont tendance à apparaître plus tardivement que les phobies type environnement naturel, animal ou sang, injection, accident Il est fréquent qu’un patient souffre de plusieurs phobies de différents types en même temps : - 75 % des patients éprouvent une peur concernant plus d’un objet ou d’une situation - En moyenne, une peur concerne 3 objets ou situation - Nécessité de spécifier à chaque fois les objets phobogènes On considère que plus de 500 phobies spécifiques sont répertoriées ! Est ce que tous les types de phobies spécifiques sont possibles à n’importe quel moment du développement de l’individu ? Il est impératif de connaître les peurs normales que l’enfant peut rencontrer au cours de son développement afin de ne pas les confondre avec les phobies spécifiques : - Enfance : peur des animaux (disparaissent le plus souvent avec l’âge, si persistent guérissent mal) - Adolescence : peur du sang, d’une plaie, d’actes médicaux - Adulte : phobies plus délimitées comme hauteurs, avion… II/ Épidémiologie des phobies spécifiques → on estime que les phobies spécifiques apparaissent chez 7 % à 9 % de la population → le trouble anxieux le plus fréquent est la phobie spécifique → la phobie spécifique (et même les troubles anxieux en général) est beaucoup plus fréquente durant l’adolescence qu’à l’âge adulte → la phobie spécifique concerne plus les femmes que les hommes car culturellement, c’est plus dur pour un homme de reconnaître qu’il a peur → la phobie spécifique est le plus précoce des troubles anxieux, il apparaît entre 7 et 11 ans mais elle peut se manifester pour la première fois à n’importe quel âge ! → la phobie spécifique chez les personnes âgées sont des phobies de type environnement naturel ex : phobie de chute, du vertige… Stabilité de la phobie spécifique ? → les phobies spécifiques de l’enfant disparaissent très souvent avant l’adolescence → les phobies spécifiques de l’enfance et de l’adolescence sont susceptibles de croître et de décroître durant toute cette période (elles seront plus importantes à certains moments qu’à d’autres) → si les phobies persistent après l’adolescence, elles annoncent une stabilité durant tout l’âge adulte chez la majorité des individus III/ Comorbidités → il n’est pas rare d’observer d’autres troubles dans le domaine des troubles anxieux → les phobies spécifiques sont de puissants prédicteurs d’autres troubles anxieux, ensuite de troubles de l’humeur et dans une moindre mesure de troubles liés à l’utilisation de substances → 61 % des cas de phobies présentent au moins un autre trouble mental au cours de la vie IV/ Étiologie Communément, on a l’habitude de croire que la phobie spécifique est consécutive à la confrontation avec un événement traumatique intense (conditionnement traumatique) MAIS ce n’est pas aussi systématique : toutes les phobies spécifiques n’ont pas vécu une expérience terrifiante, toutes les personnes ayant vécu un événement traumatique ne développeront pas une phobie ! 3 contextes d’apparition : La pathologie peut faire suite à différents contextes d’apparition : - Expérience directe, alerte réelle (ex : j’ai été mordu par un chien) - Apprentissage sociale : le patient se souvient avoir côtoyé une personne elle-même phobique et qui avait développé toute une série de stratégies d’évitement (= imprégnation) - Observation (expérience vicariante) : la personne a été en contact direct avec quelqu’un qui va souffrir d’une phobie spécifique et va le voir en grandes difficultés (situation moins fréquente) Concernent surtout les personnes fragiles ex : je suis assis dans l’avion à côté de quelqu’un qui en a la phobie Phase 1 : Conditionnement classique aversif → la personne apprend à avoir peur d’un stimulus neutre qui deviendra un stimulus conditionnel (ex : la pluie) par son association à un stimulus intrinsèquement aversif (ex : inondation) → un stimulus neutre et inoffensif (ex : la pluie) se transforme soudainement en stimulus traumatique, conditionné → si je ne me confronte pas à ma peur, elle va devenir de plus en plus intense → la peur résulte d’un apprentissage Phase 2 : Conditionnement opérant Skinner → le conditionnement opérant explique le maintien de la phobie spécifique → en évitant la situation anxiogène la personne renforce sa peur de se retrouver dans cette situation → les évitements comportementaux maintiennent l’émotion négative = levier d’action des psychothérapies TCC → la réaction de peur serait apprise par conditionnement classique et maintenue par conditionnement opérant, notamment au travers des comportements d’évitement V/ Autres hypothèses : génétiques, environnementales … Est ce qu’il existerait des facteurs génétiques expliquant l’apparition d’une phobie spécifique ? → au vu de différentes modalités d’apparition des phobies spécifiques, les modèles actuels s’efforcent d’intégrer les facteurs génétiques, les facteurs d’apprentissage et les facteurs de stress pour comprendre l’acquisition et le maintien des phobies spécifiques → méta-analyse : 10 études indépendantes portant sur les jumeaux pour 3 sous-types de phobies (phobie des animaux, phobie situationnelle et phobie du sang) : héritabilité moyenne de 30 % → approximativement 28 % des proches au premier degré de personnes souffrant de phobies spécifiques présentaient également une phobie en comparaison à 10 % des proches au premier degré d’un groupe contrôle → des individus peuvent être amener à percevoir de façon plus importante que d’autres, un objet comme étant à risque et de par cette vulnérabilité psychologique, développer une phobie spécifique VI / Prise en charge Consensus sur l’efficacité des TCC → le traitement psychologique privilégié de la phobie spécifique est depuis longtemps la thérapie d’exposition (= celui qui paraît le plus efficace) → la thérapie d’exposition encourage l’individu à se confronter de manière répétée et systématique à l’objet/la situation redouté(e) pour apprendre que les conséquences redoutées ne se produisent pas et réduire la réaction d’anxiété associées (= désensibilisation) → les méta-analyses montrent des effets de traitement robustes supérieurs au placebo et à d’autres psychothérapies → la thérapie d’exposition est le traitement privilégié de la phobie spécifique, les données probantes soutenant son efficacité, qu’elle soit dispensée sur plusieurs séances ou en une seule De nouvelles modalités d’exposition efficaces : → l’objectif est d’évaluer l’effet des applications de réalité virtuelle dans le traitement des troubles anxieux par rapport à la thérapie conventionnelle 17 études portant sur 827 participants Les études portaient sur la phobie spécifique, les TAS, l'agoraphobie et les TAP → par rapport aux groupes de contrôle passifs, les applications de RV sont associées de manière significative à des symptômes d'anxiété plus faibles Un traitement pharmacologique ? Aucun médicament n’a apporté la preuve de son efficacité dans le traitement des phobies spécifiques → la prescription ponctuelle de tranquillisants de type benzodiazépines, lorsque la confrontation au stimulus phobogène est inévitable (ex : un trajet en avion) est possible. Elle vise à diminuer l’intensité de l’anxiété. En aucun cas ils ne doivent être prescrits au long cours dans le traitement des phobies spécifiques → il est préférable de réserver l’usage des psychotropes aux phobiques spécifiques présentant un problème de comorbidité rendant le traitement médicamenteux nécessaire (anxiété généralisée, dépression…)