Méthodes et Statistiques S1 - Chapitre 1 PDF
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This document provides an overview of methods and statistics, focusing on data collection techniques such as observation, interviews, questionnaires, and experimental tasks. It explains different approaches, including descriptive and inferential statistics.
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Méthodes et statistiques S1 – Chapitre 1 L’objectif principal de ce cours est de faire connaître les premiers principes et méthodes d’une discipline dont l’objet essentiel est d’extraire et de séparer les informations essentielles des éléments numériques issus du recueil des données. Deux aspects im...
Méthodes et statistiques S1 – Chapitre 1 L’objectif principal de ce cours est de faire connaître les premiers principes et méthodes d’une discipline dont l’objet essentiel est d’extraire et de séparer les informations essentielles des éléments numériques issus du recueil des données. Deux aspects importants de la démarche statistique peuvent être étudiés : les statistiques descriptives (comme dans « décrire » les données en les résumant) et les statistiques inférentielles (comme dans « faire des inférences », tirer des conclusions à partir des données). Dans cette UE, nous traiterons principalement des statistiques descriptives, mais nous aborderons aussi les statistiques inférentielles en S2 (auxquelles sont surtout consacrées les UEs de L2 et L3). Nous présenterons donc les méthodes destinées à résumer au mieux possible une masse d’informations numériques qui, laissées en l’état, ne pourraient être interprétées, en raison principalement de leur nombre et de leur hétérogénéité. Chapitre I. Les techniques de recueil des données L’ensemble des données que nous sommes amenés à traiter est issu d’un recueil de données. Ce recueil des données peut être fait à travers quatre méthodes différentes : (1) l’observation, (2) l’entretien, (3) le questionnaire, (4) la tâche expérimentale ou le test. Nous allons détailler chacune de ces méthodes afin de comprendre quel type de données nous pouvons recueillir pour chacune d’elles. 1. L’observation 1.1. L'approche descriptive Avec l’approche descriptive, l’objectif est de fournir une image précise d'un phénomène ou d'une situation particulière, d’identifier les composantes de cette situation, et de décrire la relation qui existe entre ces composantes. Page 1 sur 9 1.2. L'observation systématique L’observation est l’étude du comportement tel qu'il se produit spontanément (au contraire d’une tâche expérimentale, le participant a alors une consigne), en milieu naturel ou en laboratoire. Cela permet d'obtenir une description exacte de certaines situations. Avec des observations répétées, il est possible de définir des données normatives (qui établissent une norme) concernant une population de participants (ou sujets) ou une classe de comportements. Ces comportements peuvent être observés de manière directe ou indirecte. L’observation directe Les spécifications scientifiques de l’observation systématique ont été élaborées dans les études biologiques du comportement, dans les études behavioristes, et en éthologie animale puis humaine. Cette méthode ne consiste pas seulement à reconnaître le comportement lorsqu'il se produit, mais aussi à le classer. Un comportement est tout mouvement, activité ou manifestation observable et mesurable (ou potentiellement mesurable) d'un organisme, soit directement (ex. : geste, activité motrice), soit par le biais d'instruments spécifiques (modifications physiologiques). Le comportement est une réalité appréhensible sous la forme d'unités d'observation, les actes, dont la fréquence et les enchaînements sont susceptibles de se modifier dans le temps. L'observation scientifique n'est pas juste une relation physique entre l'observant et l'objet. Ce n'est pas juste une attention ou un regard. Il s’agit d’un processus impliquant un plan d'observation, un type d'enregistrement, une grille de codage, des interprétations de résultats, des connaissances scientifiques, et un savoir-faire de l'observateur. Il existe différents niveaux d'organisation du comportement. Du plus bas au plus haut (pour information) : • Les composantes motrices des schèmes moteurs : Le schème moteur est une unité globale composée de plusieurs sous-unités déclenchées en séquence. • Les schèmes moteurs : Des unités de comportement appartenant à un registre d'activités spécifiques (parades agressives sexuelles...) • Les actes individuels : Ce sont des coordinations motrices produites par l'enchaînement de plusieurs schèmes moteurs ou mouvements. • Les échanges individuels avec l'environnement physique ou social Page 2 sur 9 • Les séquences interactives construites de plusieurs échanges - Les épisodes interactifs construits de plusieurs séquences • Les relations sociales entre deux ou plusieurs individus • Le comportement de groupes entiers : organisation hiérarchique, réseaux affiliatifs • Les comportements de populations entières et d'espèces : stratégies reproductives, migration. • Le comportement de groupes d'espèces, de familles et de genre L’observation indirecte On parle d'observation indirecte (ou armée) quand on part d'une inférence hypothétique se basant à la fois sur les données d'observation et sur des hypothèses. L’observation indirecte est possible seulement à travers une théorie qui explique l’inférence. Une propriété observable est l’indice fidèle d’une autre propriété seulement s’il existe entre les deux propriétés une relation définie comme constante, de telle façon que tout changement observable dans la première peut être interprété ou attribué comme un changement dans la seconde propriété. 1.3. Les étapes de l’observation L'observation naïve Cette étape permet l’élaboration de questions de recherche. Il s’agit d’observer sans aucune contrainte. L’observation est naïve car sans « a priori ». Cette première observation a pour objectif de comprendre les enjeux de la situation. Elle permet l’élaboration d'une liste descriptive des comportements. On peut par la suite procéder à une classification suivant le critère choisi (structure conséquences ou fonctions – relations avec l'environnement physique ou social). Les listes descriptives ne sont jamais exhaustives et sont constituées d'un grand nombre de comportements. Comment faire ensuite pour obtenir des mesures ? Il faut définir un plan d'observation : combien de temps, dans quelle situation, à quel moment, et dans quel ordre les participants seront observés ? Quelle grille d’observation ? La grille d'observation La première étape consiste à reconnaître les similitudes et les différences entre les comportements : Page 3 sur 9 1er temps : l'observation directe rend possible l'émergence des critères d'inclusion et d'exclusion : c'est la base de la classification. 2e temps : l'application systématique de ces critères aux évènements comportementaux assure d'en faire l'identification et l'assignation à des catégories ou classes appropriées. Ainsi, observer c'est abstraire et classer. La grille d’observation comprendra cette classification, et les comportements qui s’y reportent. Les mesures du comportement On peut utiliser plusieurs indicateurs caractérisant les comportements observés. La latence : C’est l'unité de temps, le temps écoulé à partir d'un évènement spécifique. La fréquence : Le nombre de comportements par unité de temps. Mesure du taux de comportement (Ex. : 60 fois en 30 minutes). La durée : Délimitée par l’onset (apparition du comportement) et l’offset (disparition du comportement). L’évènement : référence seulement à l'onset. Préoccupation de l'apparition seule. Est ce que ça s'est produit ? L’état : référence à l'onset et à l'offset. Préoccupation de la durée des comportements, ou de la séquence d'états qui s'enchaînent (le comportement est on ou off). Toutes ces mesures issues des observations correspondent aux données recueillies et pourront être traitées grâce aux outils statistiques. 2. L’entretien La méthode de l’entretien permet d’avoir une approche qualitative du phénomène psychologique. Son intérêt est d’appréhender des phénomènes qui ne sont pas observables, comme les ressentis ou les représentations de la personne. Différents types d’entretiens existent, en fonction de leur directivité. 2.1. L’entretien libre Les entretiens libres sont également appelés non-directifs. L’expérimentateur propose un thème, et n’intervient que pour relancer la conversation. Il formule une consigne de départ large et Page 4 sur 9 ambiguë, et adopte une attitude de compréhension et d’écoute attentive. Il s’interdit d’interrompre l’enquêté, de lui poser des questions, d’être directif, de lui imposer son cadre de référence, et de porter un jugement. Il peut ré-exprimer en d’autres termes les propos du participant afin de s’assurer de la bonne compréhension de certaines idées émises celui-ci. 2.2. L’entretien semi-directif Dans un entretien semi-directif, il s’agit d’obtenir les réactions du participant sur certains thèmes, mais avec les avantages de la non-directivité. Ainsi, l’expérimentateur propose un thème de départ et ne proposera les suivants que si l’individu ne les aborde pas spontanément. 2.3. L’entretien directif Ce type d’entretien est directif dans la forme mais reste toujours un outil qualitatif. Il demande d’avoir au préalable préparé un questionnaire structuré, ordonné, mais seulement composé de questions ouvertes (la participant répond ce qu’il veut, il n’a pas à choisir parmi des réponses proposées). Le participant répond aussi longuement et librement qu’il le souhaite à l’ensemble des questions définies au préalablement. La méthode de l’entretien permet de recueillir des données sous forme textuelle. Afin de traiter ces données, nous pouvons par exemple procéder à une analyse de corpus, afin d’extraire les idées principales et redondantes émises par le participant. Ces données restent cependant qualitatives, et il est donc relativement difficile de faire des statistiques. Par conséquent, l’analyse des données d’entretien ne sera pas abordée cette année. 3. Le questionnaire Les questions posées peuvent être de deux types : ouvertes ou fermées. Un questionnaire composé de questions ouvertes (réponses libres) est très semblable à un entretien directif, si ce n’est que les questions ne sont pas obligatoirement posées par un expérimentateur mais peuvent être proposées en version papier ou électronique, et donc lues par le participant lui-même. Dans le cas de questions fermées, des réponses préétablies par l’expérimentateur sont proposées, le participant doit faire son choix parmi les propositions. L’élaboration d’un tel Page 5 sur 9 questionnaire se déroule en plusieurs étapes bien définies : la pré-enquête, la construction du préquestionnaire, le test du pré-questionnaire, et la construction du questionnaire final. 3.1. La pré-enquête Cette étape consiste à rechercher les questionnaires déjà existants sur le sujet. En effet, lorsqu’on a le choix, on préfère utiliser des questionnaires standardisés (c'est-à-dire qui constituent des modèles car ils ont été éprouvés dans différentes situations), plutôt que de construire son propre questionnaire. 3.2. La construction du pré-questionnaire Le choix des questions est l’étape essentielle lors de la construction du pré-questionnaire. Il existe en effet plusieurs types de questions fermées, en fonction des possibilités de réponse. Ainsi, il peut s’agir de questions dichotomiques (réponses par oui /non, ou d’accord /pas d’accord), de questions à choix simple (non ordonné), ou de questions à choix ordonné. Pour ces dernières, il peut être demandé au participant de classer ses réponses dans un ordre croissant de préférence, par exemple, ou bien de se positionner sur une échelle de valeurs comme dans l’exemple suivant (échelle de réponse en sept points) : Dans quelle mesure, êtes-vous satisfait(e) de vos horaires actuels de travail ? (Entourez votre réponse) 1________2_______3________4________5________6_________7 insatisfait(e) Extrêmement Extrêmement satisfait(e) Le choix des questions sera donc ici fonction de la précision de la mesure que l’on souhaite. Bien évidemment, une question peut être posée de différentes façons. Ainsi, la question précédente aurait pu être posée de la manière suivante : Etes-vous satisfait(e) de vos horaires actuels de travail ? (Cochez la bonne réponse) □ OUI □ NON Page 6 sur 9 Un autre point important lors de la construction du questionnaire est d’anticiper les dimensions qui seront traitées par la suite. Par exemple, supposons que vous construisiez un questionnaire pour définir les motivations des étudiants de psychologie pour s’investir dans les statistiques. Votre questionnaire comportera certainement de nombreuses questions. Vous aurez donc un nombre considérable de données à votre disposition. Afin de traiter ces données, vous serez amené à rassembler des questions sous différentes dimensions (utilité des statistiques dans la formation, intérêt pour les statistiques en soit, etc.). Lors de la construction du questionnaire, il faut déjà anticiper le fait que vous allez rassembler ces questions, et faire en sorte qu’elles soient le plus homogènes possible, c'est-à-dire qu’elles fassent appel à la même précision de mesure (voir dans le Chap. 2, « les différents niveaux de mesure »). 3.3. Le test du pré-questionnaire Ce pré-questionnaire doit être testé et validé avant de le diffuser plus largement. Cela se déroule auprès de quelques personnes ciblées (2-3), afin de s’assurer que le vocabulaire est compréhensible et ne présente pas d’ambiguïté, que l’ordre des questions est perçu comme pertinent, que le questionnaire n’est pas trop long ni ennuyeux, etc. 3.4. La construction du questionnaire final Selon les remarques qui vous auront été faites par les testeurs du questionnaire, vous apporterez les modifications qui conviennent afin d’aboutir au questionnaire final, qui pourra être diffusé à l’ensemble des individus ciblés. 4. Les tâches expérimentales et les tests Une tâche expérimentale (ou épreuve) implique pour le participant de « faire quelque chose». Par exemple, l’expérimentateur peut lui donner la consigne d’appuyer le plus vite possible sur une touche quand un stimulus visuel particulier apparaît à l’écran. Cependant, les tâches expérimentales possibles sont en fait très variées. On appelle « test » une tâche expérimentale qui a été standardisée et étalonnée (pour plus de simplicité, on dit parfois seulement standardisée). Une épreuve standardisée signifie que la situation de passation est contrôlée, dans le but d’éviter les variables parasites. L’étalonnage implique qu’on connaît le résultat à cette épreuve d’un très grand nombre de participants, de telle sorte que tout résultat individuel peut être situé par rapport à une population de référence. Page 7 sur 9 Il existe deux grandes catégories de tests : les tests liés à une évaluation différentielle, et ceux en vue d’une évaluation clinique. 4.1. Les tests liés à une évaluation différentielle Ces tests permettent d’évaluer un participant par rapport à une norme (la population de référence, en général la population générale), et de quantifier ses traits particuliers en se référant à cette norme. On peut de plus distinguer les tests qui évaluent une performance maximale (tests de performance), de ceux qui évaluent un comportement typique (tests d’attitude). Les tests de performance (aptitude) Parmi les tests de performance, les plus connus sont certainement les tests de QI (quotient intellectuel). Dans ces tests de QI, on trouve la WAIS, la WISC, ou le test de Binet-Simon. Il s’agit de positionner l’individu passant le test par rapport à la performance de la population générale à ce test. Bien que très controversés car n’évaluant qu’un certain type d’aptitudes, les tests de QI sont encore très utilisés. Ces tests sont composés de plusieurs problèmes à résoudre relevant de différentes dimensions telles que les capacités verbales, arithmétiques, mnésiques, etc. Dans les tests de performance, nous trouvons également des tests très utilisés dans toutes les sous-disciplines de la psychologie. Voici d’autres exemples, en fonction du type d’aptitude qu’ils évaluent : • mémoire : MMS (mini mental state), test d’empan mnésique, test de Corsi • attention visuelle : test de Stroop • capacités visuo-spatiales : MFPT • calcul mental : test arithmétique de la WAIS… Les données recueillies sont numériques dans le sens où elles correspondent à un score à la fin de la passation du test, établi en fonction du nombre de réponses correctes et/ou du temps mis pour résoudre les problèmes. Les tests d’attitude (comportements typiques) Ces tests reposent sur des questionnaires qui permettent d’évaluer des attitudes (intérêts, personnalité, valeur, etc.). Contrairement aux tests de performance, il n’existe pas de bonne ou de mauvaise réponse. Page 8 sur 9 4.2. Les tests en vue d’une évaluation clinique Comme pour les tests liés à une évaluation différentielle, les tests d’évaluation clinique peuvent se distinguer selon que l'on cherche à évaluer les performances maximales (tests de mise en situation) ou une conduite typique (tests projectifs). Les tests de mise en situation Les tests de mise en situation consistent principalement en des jeux de rôles individuels ou collectifs permettant de mettre les individus dans certaines situations, et d’observer leur comportement. Ces tests sont actuellement très utilisés lors des recrutements. Il peut s’agir par exemple pour les entreprises de faire appel à un psychologue afin de tester les capacités de management ou de gestion du stress des cadres, quand ils sont soumis à la pression de la prise de décision. Les données que l’on obtient grâce à ces tests sont du même ordre que les données issues des observations. Les tests projectifs Les tests projectifs visent à connaître la personnalité, c'est-à-dire tout ce qui distingue un individu d'un autre, sa manière habituelle de sentir, de penser, et d'agir. Ces tests éclairent parfois l'origine des comportements et la structure profonde de la personnalité. Le test des taches d'encre de Rorschach est le test projectif le plus célèbre. Une tache, noire ou colorée, ne représente rien en soit. Si on demande à un individu : « Que représente cette tache ? », il ne peut répondre qu'en imaginant une solution. Sa réponse provient donc de son imaginaire et exprime ses idées, ses sentiments, ses opinions. Sa réponse donne une indication sur ce qu'il sait, ce qu'il sent, ce qu’il a senti et vécu autrefois. L'emploi de ce test nécessite de la part de l'examinateur une haute qualification psychologique car il s’agit d’interpréter les réponses des participants en termes de personnalité. Les données issues de ces tests sont entièrement qualitatives et ne se prêtent pas à l’analyse statistique dans le sens où l’objectif est d’évaluer le comportement d’un individu pour lui-même et non pas comme appartenant à un groupe. Page 9 sur 9