BP Afrique 3 - Connaissance des marchés de capitaux PDF
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L'École Supérieure de la Banque
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This document is a course material on capital markets, focusing on financial markets, capital markets in UEMOA and CEMAC zones. It covers definitions, roles, structures, and instruments of financial markets, like actions, bonds, collective investment organizations (OPC), and stock exchanges. The document describes the organization of the financial markets and the importance of the various markets.
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BP Banque - 3e année d'études Connaissance des marchés de capitaux Fascicule AFRIQUE BP AFRIQUE 3 - FASC CONNAISSANCE DES MARCHÉS DE CAPITAUX CONFORMITÉ-UF1-M1-Journée-2-FO 1 ESBanque Dernière mise à jour effectuée en septembre 2015 Support pédagogique conçu et diffusé auprès de ses étudiants et a...
BP Banque - 3e année d'études Connaissance des marchés de capitaux Fascicule AFRIQUE BP AFRIQUE 3 - FASC CONNAISSANCE DES MARCHÉS DE CAPITAUX CONFORMITÉ-UF1-M1-Journée-2-FO 1 ESBanque Dernière mise à jour effectuée en septembre 2015 Support pédagogique conçu et diffusé auprès de ses étudiants et animateurs par : © ÉCOLE SUPÉRIEURE DE LA BANQUE Ce support de formation constitue une œuvre de l’esprit protégée par les dispositions du Code de la propriété intellectuelle et dont les droits d’auteur sont la propriété exclusive de l’ESBanque. Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes des paragraphes 2e et 3e de l’article L. 122-5, d’une part, que "les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective" et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que "les analyses et courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information", toute reproduction et/ou représentation intégrale ou partielle, par quelque moyen que ce soit, non autorisée par l’ESBanque. ou ses ayants droit est strictement interdite et sanctionnée au titre de la contrefaçon par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux ESBanque SOMMAIRE INTRODUCTION................................................................................................................................................ 5 PARTIE 1 – LE MARCHÉ FINANCIER............................................................................................................. 7 Chapitre 1 – Le marché financier : définition, rôle et structure............................................................. 9 1. Définition du marché financier.................................................................................................................. 9 2. Les rôles économiques du marché financier............................................................................................ 9 3. La structure du marché financier............................................................................................................ 11 Évaluons nos acquis...................................................................................................................................... 13 Chapitre 2 – Les instruments d’un marché financier............................................................................ 15 1. Les actions............................................................................................................................................. 15 2. Les obligations........................................................................................................................................ 19 3. Les organismes de placement collectif (OPC)....................................................................................... 25 Évaluons nos acquis...................................................................................................................................... 29 Chapitre 3 – La bourse des valeurs mobilières..................................................................................... 31 1. Définitions............................................................................................................................................... 31 2. Organisation d’une place boursière........................................................................................................ 31 3. Les ordres de Bourse............................................................................................................................. 34 4. Les cotations.......................................................................................................................................... 38 Évaluons nos acquis...................................................................................................................................... 43 PARTIE 2 – LES MARCHÉS DE CAPITAUX EN ZONE UEMOA.................................................................. 45 Chapitre 4 – Les échanges interbancaires dans la zone UEMOA.......................................................47 1. Fondement des échanges interbancaires dans l’UEMOA..................................................................... 47 2. Organisation des échanges interbancaires dans l’UEMOA................................................................... 48 Évaluons nos acquis...................................................................................................................................... 55 Chapitre 5 – La bourse des valeurs mobilières dans la zone UEMOA : Abidjan...............................57 1. Opportunité d’une Bourse régionale des valeurs mobilières................................................................. 57 2. Organisation de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM)...................................................59 3. Fonctionnement de la BRVM................................................................................................................. 65 PARTIE 3 – LES MARCHÉS DE CAPITAUX EN ZONE CEMAC.................................................................. 71 Chapitre 6 – Les échanges interbancaires dans la zone CEMAC.......................................................73 1. Les systèmes et moyens de paiement de la CEMAC............................................................................ 73 2. Le marché monétaire ou marché des capitaux à court terme................................................................ 76 3. Les taux d’intérêt.................................................................................................................................... 81 Évaluons nos acquis...................................................................................................................................... 85 BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 3 ESBanque Chapitre 7 – les bourses des valeurs dans la zone CEMAC................................................................ 87 1. Nécessité d’un marché financier régional en Afrique centrale............................................................... 87 2. L’architecture générale de la bourse régionale...................................................................................... 88 3. L’architecture d’une bourse nationale (un exemple : le Douala Stock Exchange – DSX – au cameroun)................................................................................................................................................................ 91 ÉLÉMENTS DE RÉPONSE.............................................................................................................................. 95 BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 4 ESBanque INTRODUCTION Le marché des capitaux est un vaste ensemble qui s’est construit au fur et à mesure du développement et de la diversification des besoins de financement de l’économie. Dans le cadre du déroulement de l’activité économique et à l’issue de la répartition des revenus de la production, des agents économiques se retrouvent avec des capacités de financement et d’autres avec des besoins de financement. Comme il n’est pas possible de laisser une telle situation perdurer sans établir de relations entre les premiers et les seconds, les banques se sont tout naturellement intercalées entre ces deux types d’agents économiques, collectant les capacités de financement des uns pour distribuer du crédit aux autres sous leur propre responsabilité et à leur propre profit. Le marché de capitaux ainsi instauré par l’activité de collecte de ressources et de distribution de crédits des banques est le marché de l’intermédiation, ou marché du financement intermédié, ou encore marché indirect des capitaux. En effet, la relation de financement entre offreurs et demandeurs de capitaux qui s’établit ainsi via le système bancaire reflète une relation indirecte. Sous la pression du développement des besoins de financement des économies en croissance, les plus gros consommateurs de crédits (les grandes entreprises et les multinationales) sont sortis du bilan des banques pour aller chercher directement le financement dont ils avaient besoin auprès des épargnants. Des marchés directs du financement ou marchés désintermédiés se sont ainsi instaurés et développés ; le marché monétaire et le marché financier en constituent des exemples. Toute économie moderne demeure désormais ouverte sur le reste du monde et aucune stratégie de croissance et de développement de l’entreprise ne peut ignorer durablement les marchés étrangers. Les besoins et les offres de financement se sont également exprimés en devises, générant de ce fait un autre marché des capitaux : le marché des changes. Par ailleurs, le financement n’étant pas dénué de risques, les acteurs des différents marchés de capitaux évoqués ci-dessus ont grand intérêt à couvrir les risques liés à leurs positions sur les marchés de capitaux. Le marché des dérivés, où s’échangent des produits synthétiques fabriqués à l’image de ceux qui circulent sur les marchés précédemment évoqués, leur permet de prendre des positions inverses de ceux acquis sur les marchés de capitaux, afin d’annuler les risques pris. Enfin, les différents supports qui s’échangent sur les marchés organisés des produits de base (en anglais : commodities) viennent compléter les possibilités, pour les acteurs des marchés de capitaux, de trouver des contreparties et de renforcer l’activité sur l’ensemble des marchés. Les marchés de capitaux sont donc divers et pluriels et c’est par souci de simplification ainsi que pour des raisons pédagogiques que notre étude, bien qu’intitulée « Connaissance des marchés de capitaux » se limitera au seul marché financier, dont l’abord sera toutefois enrichi par les expériences en marchés de capitaux de l’UEMOA 1 et de la CEMAC 2. 1 2 Union économique et monétaire ouest africaine. Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 5 ESBanque PARTIE 1 – Le marché financier BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 7 CFPB LE MARCHÉ FINANCIER : DÉFINITION, RÔLE ET STRUCTURE Les objectifs pédagogiques : 1. Découvrir la notion de marché financier. Connaître le rôle économique d’un marché financier. Connaître les deux principales composantes d’un marché financier. Définition du marché financier La loi définit le marché financier comme « un lieu où s’échangent des instruments financiers », ces instruments financiers sont, en général, des actions et des obligations et les transactions peuvent être au comptant ou à terme. La caractéristique essentielle de ce marché est d’être dématérialisée, la passation des ordres et leur traitement étant, de nos jours, entièrement électroniques. Le marché financier joue un rôle économique très important. 2. Les rôles économiques du marché financier Financement Offre/demande Valorisation des actifs financiers Liquidité de l’épargne Cession d’actifs Les différentes fonctions économiques du marché financier peuvent être regroupées autour de quatre pôles principaux : un circuit de financement de l’économie nationale ; un moyen d’organiser la liquidité de l’épargne investie à long terme ; un instrument de mesure de la valeur des actifs ; un outil facilitant la mutation des structures industrielles et commerciales. 2.1. Un circuit de financement de l’économie nationale Tout marché se définit par une demande et une offre ; le marché financier n’échappe pas à la règle et demeure caractérisé par une demande ainsi qu’une offre de capitaux à long terme. La demande De nombreux agents économiques ont besoin de financer leurs investissements par le recours à des capitaux à long terme : les entreprises d’une certaine taille ont intérêt à rechercher des capitaux directement sur le marché financier en émettant diverses valeurs mobilières (actions, obligations, titres hybrides…) ; les États trouvent, sur ce même marché, le moyen de combler une partie de leur déficit budgétaire par l’émission d’emprunts obligataires ; les collectivités locales peuvent avoir besoin d’emprunter à long terme pour financer leurs réalisations d’équipements publics. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 9 ESBanque L’offre Les agents économiques susceptibles d’apporter des capitaux à long terme sont principalement les particuliers, les entreprises et les investisseurs institutionnels. Les particuliers, dont un certain nombre sont détenteurs de capitaux provenant de leur épargne (dont ils prévoient ne pas avoir besoin avant une échéance éloignée), peuvent placer cette épargne auprès des établissements de crédit, selon diverses formules leur assurant la sécurité, avec en contrepartie un rendement plus modeste. Le placement sur le marché financier leur permet d’espérer une meilleure rentabilité, voire la réalisation de substantielles plus-values en contrepartie d’une prise de risque de moins-values. Les entreprises qui sont à la recherche de rémunération ou de valorisation pour leurs capitaux disponibles ou qui veulent réaliser des acquisitions leur permettant d’assurer leur croissance externe par des prises de participations dans d’autres sociétés. Les investisseurs institutionnels (compagnies d’assurances, caisses de retraite – dans le monde anglo-saxon, ce sont les fameux fonds de pension – ou organismes de prévoyance sociale…) disposent souvent d’importants capitaux (par exemple, des réserves techniques) qu’ils doivent chercher à valoriser ; eu égard à la masse de ces capitaux, ils peuvent jouer un rôle très important sur le marché financier. Communément appelés « zinzins » (investisseurs institutionnels), ils sont les principaux investisseurs du marché. Notons que d’autres agents économiques (associations, investisseurs étrangers, fonds d’investissement et fonds spéculatifs…) peuvent également, pour des raisons diverses, vouloir placer leurs capitaux sur ces marchés. Le rôle du marché financier est d’assurer le lien entre les investisseurs et les demandeurs de capitaux et d’apporter, en particulier aux entreprises et à l’État, un concours précieux dans la recherche des ressources longues qui leur sont nécessaires. 2.2. Un moyen d’organiser la liquidité de l’épargne investie à long terme La seconde fonction du marché financier, complémentaire de la première, consiste à attirer, par son activité et sa liquidité, l’épargne qui hésiterait à s’engager en faveur d’investissements si elle n’était rassurée sur sa faculté de redevenir liquide. En permettant l’ajustement de l’offre et de la demande des titres, les mécanismes boursiers offrent la possibilité de répondre à cette attente, dans la mesure où les conditions de liquidité du marché sont réunies. En effet, les placements sur le marché financier présentent, par rapport à d’autres types d’investissement, notamment en actifs réels (par exemple, un bien immobilier), l’avantage d’être, en principe, immédiatement mobilisables : le détenteur d’un titre coté en Bourse a ipso facto la possibilité de le vendre à un autre investisseur, tant que le marché ne souffre pas d’absence de contreparties. La liquidité du marché d’un titre suppose donc que les intervenants soient en mesure de trouver une contrepartie à leurs opérations. Or, cela n’est possible que dans la mesure où le marché est suffisamment large (les spécialistes parlent de sa « profondeur »). Il faut dès lors qu’il existe une quantité importante de titres en circulation mis à la disposition du public (« flottant ») et que le volume quotidien des transactions soit assez étoffé pour permettre des échanges qui n’entraînent pas systématiquement des fluctuations significatives et erratiques des cours. 2.3. Un instrument de mesure de la valeur des actifs En affichant, à chaque séance de Bourse, des cours pour une action ou une valeur donnée, le marché financier est un instrument de mesure important de la valeur des entreprises inscrites à la cote à travers leur capitalisation boursière (valeur du cours d’une action multipliée par le nombre d’actions de l’entreprise). L’information donnée aux investisseurs présente de nombreux avantages : elle est régulière, publique et largement diffusée via des médias spécialisés ou non. A contrario, cette approche s’inscrit dans un contexte, celui de la Bourse, qui reste très sensible aux anticipations des acteurs, à l’évolution de l’environnement politique, économique, social et international : elle peut donc à certains moments pêcher dans l’estimation de la valeur d’une société, par défaut ou par excès. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 10 ESBanque En outre, elle tient compte de l’appréciation (la notation) que les professionnels de l’analyse financière et économique 1 portent, à un moment précis, sur telle ou telle affaire. Quoi qu’il en soit, la cotation boursière constitue, à côté des autres techniques d’évaluation des entreprises (analyse des bilans, EBITDA 2, expertises de l’outil de production, du fonds de commerce, perspectives de la firme sur son marché, actualisation des flux de trésorerie futurs...), une approche d’un accès facile et reconnue par la communauté bancaire, le monde des affaires et l’administration fiscale. Son grand mérite est de pouvoir anticiper la valeur des entreprises à moyen terme en formulant des hypothèses sur leur devenir. De plus, le processus d’évaluation est satisfaisant, car contradictoire en ce sens que l’ensemble des intervenants ne fait pas toujours, à un instant précis, les mêmes anticipations. En fixant à tout moment le prix d’une société, le marché financier apparaît comme l’une des pierres angulaires d’un capitalisme fondé sur la notion même de marché. 2.4. Un outil facilitant la mutation des structures industrielles et commerciales En donnant à des sociétés la possibilité de régler, au moyen de leurs titres, l’acquisition d’autres affaires, le marché financier facilite les regroupements d’entreprises. Le marché financier a toujours joué un rôle clé dans ce processus de concentration. Que ces opérations se réalisent à la suite d’un accord entre les sociétés concernées (opérations amicales) ou qu’elles interviennent contre le gré de l’entreprise qui doit entrer dans l’orbite d’une autre (opérations hostiles), elles participent, en tout état de cause, de façon constructive, à la mutation des structures industrielles et commerciales du pays. De la même manière, le marché financier permet à un entrepreneur qui cède une partie du capital qu’il détient au public, soit de disposer de fonds pour croître, se diversifier ou acquérir un concurrent, soit encore de se retirer en réalisant une plus-value par rapport à son investissement d’origine. 3. MARCHÉ PRIMAIRE MARCHÉ SECONDAIRE Introduction en bourse Négociation des titres Nouvelles émissions actions ou obligations Bourse des valeurs La structure du marché financier Le marché financier est essentiellement un marché où se traitent les opérations relatives aux valeurs mobilières, qu’il s’agisse de : leur émission sur le marché primaire ; leur négociation sur le marché secondaire. 3.1. Le marché primaire Définition On définit traditionnellement le marché primaire comme le « marché du neuf » des valeurs mobilières sur lequel les émetteurs d’actions, d’obligations ou d’autres types de valeurs lancent leurs opérations avec le concours des banques qui assurent la majeure partie de la commercialisation de l’émission auprès de leur clientèle. Il n’existe pas de lieu géographique abritant ce marché primaire qui est, en ce sens, immatériel. 1 2 Il existe en effet de grandes agences de notation financière qui sont par exemple Standard & Poor’s, Moody’s ou encore Fitch Ratings. EBITDA (Earning Before Interest Taxes Depreciation and Amortization du goodwill ou résultat d’exploitation avant intérêts, impôts et amortissements du goodwill). BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 11 ESBanque Les opérations sur le marché primaire Les principales opérations réalisées sur le marché primaire peuvent être regroupées en trois catégories principales : les émissions d’actions réalisées par les entreprises pour augmenter leurs fonds propres ou la mise sur le marché d’actions existantes d’une entreprise n’ayant pas encore fait appel à l’épargne publique, pour diversifier l’actionnariat ; les lancements d’emprunts obligataires assurant à leurs émetteurs la collecte de capitaux remboursables à long terme ; les émissions de produits « hybrides » se situant souvent à la frontière des actions et des obligations (exemple : les obligations convertibles). L’opération est réalisée par l’intermédiaire des banques qui, dans leur rôle de prestataire de services d’investissements à l’occasion de la gestion administrative des comptes-titres de leurs clients, informent ces derniers et exécutent leurs ordres. Exemple : souscription d’actions nouvelles par exercice des droits de souscription ou vente de tout ou partie de ces mêmes droits. 3.2. Le marché secondaire Définition Le marché secondaire est le « marché de l’occasion » des valeurs mobilières déjà cotées que l’épargnant souhaite revendre pour réaliser une autre opération ou retrouver son épargne. C’est, pour le public, la plus connue des composantes du marché financier puisqu’il est assuré par les Bourses de valeurs mobilières. Les opérations sur le marché secondaire Le marché secondaire permet de recevoir toutes les opérations sur les titres déjà émis et faisant l’objet d’une cotation : achats et ventes de titres au comptant ou à terme ; achats et ventes de titres dans le cadre particulier des OPA (offres publiques d’achat), OPE (offres publiques d’échange), OPV (offres publiques de vente) ; négoce de produits financiers complexes basés entre autres sur les valeurs mobilières, que l’on regroupe sous le nom de « dérivés ». BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 12 ESBanque ÉVALUONS NOS ACQUIS VRAI/FAUX Pour chacune des affirmations suivantes, cochez la case correspondant à la réponse exacte : Vrai Faux Les investisseurs institutionnels sont : a) Les compagnies d’assurances et caisses de retraite. b) Dans le monde anglo-saxon, les hedge funds. Les actions ont l’avantage : c) D’être en principe, immédiatement mobilisables. d) De présenter un risque de liquidité. Le flottant correspond à : e) Une quantité importante de titres en circulation mis à la disposition du public. f) La capitalisation boursière de la société Le marché primaire est : g) Celui sur lequel les émetteurs d’actions lancent leurs opérations. h) Le marché où sont négociés quotidiennement les titres. Le marché de l’intermédiation assure : i) L’activité de collecte de ressources et de distribution de crédits des banques. j) Les échanges sur le marché monétaire et le marché financier. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 13 ESBanque CHAPITRE 2 – LES INSTRUMENTS D’UN MARCHÉ FINANCIER Les objectifs pédagogiques : Comprendre le principe des principales valeurs mobilières émises sur le marché financier. En connaître les principales caractéristiques. Les agents économiques à la recherche de capitaux sur le marché financier vont avoir recours à l’émission de titres que souscriront les investisseurs. Ces titres, émis sur le marché financier et portant le nom de valeurs mobilières, possèdent la caractéristique de pouvoir être négociés sur le marché secondaire, soit de gré à gré, soit par transaction sur un marché organisé, le marché boursier, si cette valeur mobilière est admise à la cote. Les deux principaux types de valeurs mobilières émises sont les actions et les obligations. On ajoutera à ces deux types de titres ceux des OPC (organismes de placement collectif). Mots-clés ACTIONS OBLIGATIONS Droits de l’actionnaire Droits de l’investisseur Gestion Valeur nominale Répartition des bénéfices Taux nominal Participation aux augmentations de capital Prix d’émission Obligation à taux fixe Cession de titres Obligation à taux variable Obligation convertible 1. Les actions 1.1. Définition La constitution d’une entreprise d’une certaine importance peut requérir un montant de capitaux excédant les possibilités d’une seule personne. Il convient alors de choisir une forme sociale qui dépasse le stade du seul individu ; ce que le droit autorise grâce à ce que l’on appelle une société. Cela permet de regrouper un certain nombre d’investisseurs en divisant le capital nécessaire en un certain nombre de fractions qui sont représentées par des titres appelés actions. Ces titres seront répartis entre les investisseurs proportionnellement à leurs apports respectifs. L’action est une valeur mobilière représentative d’un apport de capital à une société. Elle est donc un titre de propriété et représente un droit d’association. Le propriétaire d’une action porte le nom d’actionnaire. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 15 ESBanque 1.2. Les droits de l’actionnaire 1.2.1. Droit à la gestion Au moins une fois par an, les sociétés doivent réunir leurs actionnaires en une AGO (assemblée générale ordinaire) destinée à leur permettre : d’exprimer par vote leur accord ou leur désapprobation quant à la gestion et à l’activité des dirigeants ; de nommer les successeurs des dirigeants dont le mandat arrive à expiration ou dont la révocation est prononcée ; de prononcer cette révocation ; d’approuver ou non les comptes qui leur sont présentés et de décider de l’affectation des résultats enregistrés par la société au cours de l’exercice écoulé. Lorsque la situation l’exige (décision importante, modification des statuts, augmentation de capital…), il peut être décidé de convoquer une assemblée générale extraordinaire (AGE) au cours de laquelle l’actionnaire exercera également son droit de vote. C’est principalement pour détenir ces droits de vote, donc pour disposer d’un certain pouvoir dans la société, que certaines entreprises se constituent un portefeuille de titres de participation, alors qu’un portefeuille de titres de placement ne vise que la rentabilité. 1.2.2. Droit à la répartition des bénéfices Lors de l’AGO, les actionnaires décident (par vote) de l’affectation du résultat dans la mesure où il est bénéficiaire. Il est alors procédé, en priorité, à l’affectation à la réserve légale lorsque cela fait partie des exigences légales et réglementaires et, le cas échéant, aux réserves statutaires. Le reliquat, après ces affectations, porte le nom de résultat distribuable. Ce résultat peut être réparti entre les actionnaires au prorata du nombre d’actions qu’ils détiennent, sous forme de dividende (bénéfice distribué à chaque action). Il peut, au contraire, être conservé dans l’entreprise (sous forme de réserves) pour assurer le financement de son développement, ce qui devrait permettre une augmentation de la valeur de l’action. La distribution de dividende est soumise à deux conditions : la réalisation de bénéfices, lesquels peuvent être antérieurs à l’exercice, s’ils ont été reportés sur le plan comptable ; la décision de l’AGO de distribuer ces bénéfices. 1.2.3. Droit de participer aux augmentations de capital Une entreprise se crée avec un capital initial ; au cours de son existence, elle peut être conduite à envisager l’augmentation de son capital d’origine, soit pour des motifs réglementaires (augmentation imposée par les textes), soit pour des raisons financières (financement d’investissements, de participations nouvelles, etc.). Cette augmentation pourra revêtir deux formes en fonction de la décision de la société de faire appel ou non à ses actionnaires pour apporter de l’argent frais : on parlera d’augmentation à titre onéreux lorsqu’un appel de fonds sera lancé ; prioritairement, ce sont les associés présents avant l’augmentation qui pourront y contribuer, grâce à la détention d’un droit de souscription attaché à chaque action détenue. Ceux qui ne souhaitent ou ne peuvent injecter de nouvelles sommes renoncent et vendent ce droit à un autre actionnaire ou à un futur actionnaire (exclusivement s’il s’agit d’une opération avec droits de souscription) ; on évoquera le terme d’augmentation à titre gratuit lorsqu’il y aura augmentation de capital par incorporation de sommes placées en réserves, ce qui, bien entendu, ne modifiera pas alors le montant des fonds propres de la société. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 16 ESBanque Un droit d’attribution sera octroyé aux actionnaires ; ainsi, si une société au capital de 500 millions FCFA réparti en 50 000 actions d’une valeur nominale de 10 000 FCFA décide de passer son capital à 600 millions FCFA par incorporation de réserves, elle remettra 10 000 actions nouvelles à ses actionnaires, à raison d’une action nouvelle pour cinq anciennes (donnant chacune un droit d’attribution) ; si un associé détient huit actions, il recevra une action et pourra soit vendre ses trois droits restants (les « rompus ») à un autre associé, soit en acheter deux pour compléter les trois premiers afin d’obtenir une action nouvelle supplémentaire. Le mécanisme est strictement le même dans le cas du droit de souscription, pour une augmentation de capital à titre onéreux, lorsqu’une préférence est conférée aux anciens actionnaires, ce qui leur permet alors d’acquérir les actions nouvelles à un prix avantageux par rapport au cours coté. 1.2.4. Droit de céder ses titres Les apports effectués au capital de l’entreprise, sous forme d’actions, le sont pour la durée de vie de la société. Il n’est donc pas possible à l’actionnaire d’exiger la restitution de ces sommes. Cette disposition aurait un effet dissuasif sur la souscription des actions émises si l’actionnaire ne disposait d’un autre moyen pour mobiliser son investissement et ainsi récupérer des fonds dont il peut avoir besoin. L’actionnaire peut, en effet, vendre ses titres sur le marché secondaire des actions. Cette vente peut s’effectuer de gré à gré pour un prix décidé d’un commun accord entre le vendeur et l’acheteur. Pour un certain nombre de sociétés de taille importante et pour lesquelles existent une offre et une demande de titres conséquentes, un marché est organisé : la Bourse des valeurs mobilières. Les cessions de titres s’opèrent sur ce marché à un prix (appelé cours de Bourse) qui fluctue en fonction de l’offre et de la demande. Ce cours de Bourse varie en fonction d’un certain nombre de facteurs : situation financière de l’émetteur ; perspectives d’avenir ; valeur actualisée des anticipations de rendement global du titre en cause ; politique de distribution de dividendes ; conjoncture du secteur d’activité ; conjoncture économique et politique du pays, etc. 1.2.5. Droit à la répartition de l’actif social Lorsqu’une entreprise cesse son activité, quelle qu’en soit la raison (décision volontaire, dépôt de bilan), elle doit d’abord rembourser ses créanciers sur le prix de cession de ses actifs. S’il subsiste un reliquat, il sera réparti entre les actionnaires au prorata de leur participation dans le capital de la société et on parlera de prix de liquidation. Ce prix peut être supérieur à la mise de fonds initiale de l’actionnaire qui réalisera, dans ce cas, une plusvalue ; il peut aussi s’avérer inférieur et l’épargnant aura perdu une partie (et dans les cas extrêmes la totalité) des sommes investies. Par contre, si la liquidation ne permet pas de désintéresser intégralement les créanciers, les associés ne seront pas tenus de les rembourser puisque leur responsabilité est généralement limitée au montant de leurs apports (sauf dans les sociétés de personnes et sauf cas particulier de dirigeants actionnaires ayant eu des agissements frauduleux). 1.3. Caractéristiques 1.3.1. Valeur nominale La valeur nominale d’une action est le résultat de la division du capital de la société par le nombre d’actions émises. Le montant minimum de la valeur nominale d’une action est en règle générale de 10 000 FCFA. Exemple Une société d’un capital de 50 millions de FCFA divisé en 5 000 actions d’un nominal de 10 000 FCFA. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 17 ESBanque 1.3.2. Les différents types d’actions On distingue juridiquement les actions d’apport et les actions de jouissance. Les actions d’apport Les actions d’apport ou de capital correspondent à un apport effectué et laissé à la disposition de l’entreprise, ce qui est le cas le plus fréquent. On distingue : les apports en numéraire (apport de liquidités) qui doivent être libérés au moins du quart lors de leur émission (exemple : 2 500 FCFA pour un nominal de 10 000) ; les apports en nature (biens matériels ou immatériels, apports en industrie…) qui doivent être intégralement libérés lors de leur émission. Elles donnent droit à un dividende qui peut être statutaire (c’est-à-dire si celui-ci est prévu par les statuts, comme, par exemple, 5 % du nominal de l’action) et éventuellement à un superdividende (au-delà de 5 % du nominal dans l’exemple précédent). Les statuts, qui déterminent les conventions entre les parties associées au sein de la société, peuvent également prévoir une distinction entre les actions d’origine et celles résultant d’augmentations de capital ultérieures. Elles peuvent ainsi conférer un droit de vote double aux premières, ce qui peut permettre par exemple aux fondateurs de conserver le contrôle de l’entreprise sans détenir la majorité des actions, ni même la minorité dite de blocage (plus d’un tiers du capital). Dans un tel cas, on parlera d’actions de type A (à droit de vote double, dans l’exemple) et d’actions de type B (à droit de vote simple). Il est même possible d’envisager des actions à dividende préférentiel (plus élevé ou prioritaire) sur les actions ordinaires. Les actions de jouissance Les actions de jouissance, qui sont très peu répandues, correspondent à un apport effectué à l’origine et remboursé pour sa valeur nominale à l’actionnaire par décision d’une AGE (assemblée générale extraordinaire) en général par ponction sur le premier dividende ou les réserves. Elles ne donnent droit qu’au superdividende, lorsqu’il est distribué. Toutefois, en cas de dissolution de la société et après remboursement de l’intégralité des actions d’apport, les actions de jouissance participent au partage de l’excédent d’actif, s’il en existe. 1.3.3. Les différentes formes d’actions Au point de vue juridique, les actions peuvent revêtir deux formes. Les actions au porteur Les actions au porteur pour lesquelles les émetteurs ne connaissent pas obligatoirement l’identité du titulaire étaient traditionnellement matérialisées par un titre, c’est-à-dire un document écrit à l’en-tête de la société et contresigné par ses principaux responsables. La détention de ce titre constituait la preuve de propriété. La commodité de cette forme de titre génère en contrepartie le risque de toute valeur au porteur : risque de perte et de vol, nécessité pour le porteur de surveiller la vie du titre (distribution de dividendes, augmentation de capital…). La transmission de propriété se faisait par simple tradition (remise du titre au nouveau propriétaire). Aujourd’hui, les titres sont généralement dématérialisés et le titre au porteur est simplement déclaré comme tel dans les écritures de la banque qui gère le compte-titres de son propriétaire. Les actions nominatives Pour cette forme d’actions, la preuve de la propriété est constituée par l’inscription du propriétaire de l’action sur un registre tenu par la société émettrice. Le porteur se voyait autrefois remettre un « certificat d’inscription nominative » attestant que le titulaire était inscrit pour X actions sur le registre de la société. La transmission de propriété s’effectue par transfert de titulaire sur le registre. L’avantage pour le titulaire de l’action se trouve dans la sécurité, tandis que l’émetteur y voit l’intérêt de connaître en permanence la répartition de son capital. L’opération consistant à transformer un titre au porteur en titre nominatif (ou vice versa) porte le nom de conversion. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 18 ESBanque En pratique, les actions nominatives sont aujourd’hui également l’objet d’écritures dans les livres de la banque détenant le compte-titres de leur propriétaire. Au point de vue matériel, les actions peuvent exister sous forme de titres vifs ou sous forme d’inscription à un compte-titres. Les titres vifs En voie de disparition, ces titres existent sous forme matérialisée (papier). Ils sont composés : − du corps du titre matérialisant le titre de propriété ; − des coupons matérialisant les droits attachés à l’action. Exemple : le coupon no 22 représentera le droit au dividende de l’année N : il sera nécessaire de détacher ce coupon, de le donner à une banque pour pouvoir toucher ce dividende ; le coupon no 23 représentera le droit de participer à l’augmentation de capital du 22 octobre N. Les titres dématérialisés Le plus souvent aujourd’hui, l’existence de ces actions prend la forme d’une ligne de titre inscrite sur un compte-titres ouvert chez un intermédiaire agréé. Outre la sécurité, l’avantage de cette forme consiste en la surveillance de la vie du titre opérée par le teneur de compte-titres et en l’information dont bénéficie le propriétaire. L’ensemble des titres présentant exactement des caractéristiques identiques (émetteur, nature, nominal, échéance, droits attachés…) constitue une ligne (par exemple 10 actions de nominal 10 000 FCFA de la société X). 1.3.4. Le prix d’émission Les actions peuvent être émises : 2. à leur valeur nominale – c’est notamment le cas lors de l’émission d’actions à la constitution de la société – on parle alors de titres émis au pair ; au-dessus de leur valeur nominale – c’est généralement le cas des titres émis lors d’une augmentation de capital ; la différence entre le prix d’émission et la valeur nominale constitue la prime d’émission. Par exemple : la valeur nominale peut être de 100 FCFA mais le prix d’émission déterminé par la valeur financière du titre être de 500 FCFA. Les obligations 2.1. Définition Un émetteur désireux d’emprunter des capitaux peut émettre un emprunt groupé appelé emprunt obligataire. Cette option est envisageable lorsque le montant décidé excède les possibilités d’un prêteur unique (banque) ou lorsqu’il estime que sa notoriété lui permettra d’obtenir des fonds directement du public à moindre coût. Exemple : une société désire lever un emprunt obligataire de 20 milliards de FCFA. Elle peut fractionner l’emprunt en 200 000 obligations d’un montant unitaire de 100 000 FCFA. Un investisseur désirant placer 10 millions de FCFA recevra en contrepartie 100 obligations et disposera d’une créance de 10 millions sur l’émetteur. Le contrat d’émission doit obligatoirement comporter un certain nombre d’indications : durée de l’emprunt, taux d’intérêt servi, conditions de paiement des intérêts et de remboursement du capital, garanties offertes… L’obligation est une valeur mobilière représentative d’un droit de créance sur l’émetteur d’un emprunt groupé. Le propriétaire d’une obligation porte le nom d’obligataire. Les principaux émetteurs d’emprunts obligataires sont les États, les organismes internationaux, les collectivités publiques et les sociétés commerciales. 2.2. Les droits de l’obligataire En tant que créancier, l’obligataire dispose d’un certain nombre de droits : BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 19 ESBanque droit à la rémunération ; droit au remboursement de sa créance ; droit de céder son titre ; droit de se grouper en « masse ». 2.2.1. Le droit à la rémunération Légitime contrepartie du prêt qu’il a consenti à l’émetteur, le créancier obligataire bénéficie d’une rémunération inconditionnelle (ce droit ne dépend pas des résultats dégagés par l’entreprise). Chaque année, l’investisseur dans une obligation recevra des intérêts, dépendant du montant nominal (par ex. 1 000 €) et du coupon servi (par exemple 5 %). Ainsi comme dans l’exemple, il recevra chaque année un coupon de 1 000 x 5 % = 50 € par an entre 2013 et 2018. Source : AMF 2.2.2. Le droit au remboursement de sa créance Comme tout créancier, l’obligataire a droit au remboursement de sa créance. Ce remboursement s’effectue selon les conditions prévues au contrat d’émission : date de remboursement (normalement à l’échéance) ; prix de remboursement ; éventuelle possibilité de remboursement anticipé… 2.2.3. Le droit de céder son titre L’obligation n’est remboursable par l’émetteur que selon les conditions prévues au contrat d’émission. Cette disposition aurait un effet dissuasif sur les souscripteurs si la faculté ne lui était donnée de céder ses titres. Le marché secondaire sera le lieu de rencontre de l’offre et la demande pour assurer la liquidité des placements obligataires. 2.2.4. Le droit de se grouper en « masse » Les détenteurs de titres d’un même emprunt obligataire ont une communauté d’intérêts. Si le contrat d’émission ou la législation du pays concerné le prévoit, ils peuvent se grouper en une « masse » ayant la personnalité juridique. Les représentants élus par cette masse peuvent assister aux assemblées générales de l’émetteur mais ne disposent pas de droit de vote (ils sont en effet les représentants de créanciers et non d’associés). BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 20 ESBanque 2.2.5. Le risque de taux et le risque de crédit Le risque de crédit Il dépend de la qualité du bilan et des perspectives d’activité d’une entreprise : la qualité de la signature de l’émetteur dont témoignent les notes attribuées par les agences de notation autorisées à opérer sur le marché ; si l’émetteur ne rembourse pas son crédit du fait d’une détérioration des conditions financières, il fait alors défaut ; c’est ce risque que les agences de notation cherchent à appréhender en notant la qualité des émetteurs obligataires en fonction entre autres de leurs revenus, de leurs marges, de leurs perspectives d’activité et niveau d’endettement. Par ailleurs, sans qu’il y ait défaut, les investisseurs face au risque que présentent certains émetteurs peuvent demander une rémunération pour compenser le risque pris sur l’obligation achetée. Sur le graphique ci-dessous, on observe lors de la première crise grecque, une augmentation des taux des obligations d’État à 10 ans sur les pays d’Europe du Sud face à la détérioration de la situation économique de ces pays. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 21 ESBanque Le risque de taux Pendant très longtemps, le placement obligataire a été considéré comme un placement dit « de père de famille ». Les nombreuses évolutions économiques, juridiques et techniques en ont modifié la nature ; et il présente, de ce fait, certains risques dont l’investisseur doit avoir connaissance, surtout s’il doit revendre avant l’échéance de l’emprunt les titres souscrits : le risque de moins-values sur le marché secondaire n’est pas à négliger pour les porteurs d’obligations à taux fixe, en cas de revente avant l’échéance ; en effet, en cas de fluctuation à la hausse des taux, les investisseurs évaluent généralement les titres à la somme des valeurs actualisées du rendement global du titre. Ainsi, le souscripteur d’une obligation : − de 100 000 FCFA au taux de 5 % évaluera son titre en année zéro à 100 000 + 5 000 ÷ (1 + 0,5) soient 100 000 FCFA, − si au cours de la même journée, après son acquisition, le taux passe à 10 %, son titre ne vaudra plus que 100 000 + 5 000 ÷ (1 + 0,10) soit 95 455 FCFA, − si dans cette même journée, le taux était plutôt passé à 2 %, le cours du même titre serait de : 100 000 + 5 000 ÷ (1 + 0,02) soit 102 941 FCFA, cet exemple montre ainsi que l’évolution du taux d’intérêt entraîne directement une incidence sur le cours du titre obligataire et que cette incidence est inversement proportionnelle : − lorsque les taux d’intérêt montent, le cours du titre obligataire s’infléchit, − et, à l’inverse, son cours s’apprécie lorsque les taux baissent. L’investissement dans un emprunt obligataire n’est donc pas dénué de tout risque si l’on compte revendre ses titres avant le terme, − si l’inflation redémarre, les emprunts à taux fixe risquent d’être pénalisés puisqu’ils perdront une partie plus ou moins importante de leur pouvoir d’achat ; au contraire, si elle diminue, ces mêmes emprunts se valoriseront plus vite que ceux à taux variable ou révisable dont la rémunération va suivre la baisse. 2.3. Caractéristiques des obligations 2.3.1. Valeur nominale La valeur nominale d’une obligation est précisée au contrat d’émission obligataire. Elle est le résultat de la division du montant de l’emprunt obligataire par le nombre d’obligations émises. Exemple : émission d’un emprunt obligataire de 20 milliards de FCFA divisé en 200 000 obligations : la valeur nominale (ou nominal) de chaque obligation sera de 100 000 FCFA. Elle constitue la base à partir de laquelle est calculée la rémunération. 2.3.2. Durée La durée d’un emprunt obligataire est prévue au contrat d’émission. Elle varie généralement entre 5 et 15 ans (voire des durées plus longues pour les emprunts d’État, qui peuvent même dans des cas extrêmes ne pas prévoir de date de remboursement : c’est ce que l’on appelle la rente). Le contrat d’émission peut également prévoir la possibilité pour l’émetteur de procéder à un remboursement anticipé. Si cette possibilité n’a pas été expressément prévue au contrat, tout remboursement anticipé est impossible. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 22 ESBanque 2.3.3. Rémunération Cette rémunération est inconditionnelle, c’est-à-dire qu’elle ne peut en aucun cas dépendre des résultats de l’émetteur. Le taux Le taux de la rémunération doit obligatoirement être prévu au contrat d’émission. Les emprunts obligataires peuvent prévoir diverses catégories de taux : taux fixe : le taux est prévu initialement et fixé pour toute la durée du contrat. Exemple : une obligation de nominal 100 000 FCFA au taux de 12 % servira à chaque échéance un intérêt de 12 000 FCFA. taux variable : la rémunération servie à chaque échéance sera calculée en fonction d’un index. Les principaux index sont à référence monétaire ou obligataire mais il existe aussi parfois une indexation sur la hausse des prix ou sur une matière première comme le prix de l’or par exemple. Exemple : taux moyen du marché monétaire ; taux moyen du marché obligataire. La rémunération peut être améliorée par l’offre d’une prime de remboursement. La date de paiement Le contrat d’émission d’un emprunt obligataire peut prévoir un paiement des intérêts : périodique : la périodicité est généralement annuelle, elle peut toutefois être : − trimestrielle, − semestrielle, in fine : les intérêts sont capitalisés et ne sont payés qu’à l’échéance de l’obligation, en même temps que le remboursement du capital. 2.3.4. Remboursement Date de remboursement Le contrat d’émission peut prévoir un remboursement (amortissement) des obligations : in fine, ce qui est désormais le cas le plus fréquent : toutes les obligations sont remboursées à la même date, à l’échéance de l’emprunt ; par tirage au sort. Exemple : emprunt obligataire : 200 000 obligations, remboursable en cinq tranches égales à la fin des 2e, 4e, 6e, 8e, 10e années. À chaque échéance, 40 000 obligations seront remboursées à leur porteur. Le choix des obligations à amortir sera effectué par tirage au sort. Prime de remboursement Le contrat d’émission peut prévoir un prix de remboursement supérieur au prix d’émission. La différence entre ces deux prix porte le nom de prime de remboursement. Le tableau ci-dessous donne les différents cas de figure. Prix d’émission Prix de remboursement Prime de remboursement au pair au pair / en dessous du pair au pair prime « en dedans » au pair au-dessus du pair prime « en dehors » en dessous du pair au-dessus du pair double prime (une en dedans et une en dehors) D’après le Dictionnaire thématique de la comptabilité : dictionnaire spécialisé et explicatif (Joseph ANTOINE, Jean-Paul CORNIL) Pair = valeur nominale BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 23 ESBanque La prime de remboursement accroît le rendement actuariel du titre obligataire et constitue ainsi un moyen supplémentaire de convaincre le souscripteur. En cas de dissolution de la société En qualité de créanciers de la société, les obligataires seront remboursés avant les actionnaires. Le contrat d’émission peut prévoir l’affectation d’une sûreté particulière en faveur des obligataires. 2.3.5. Forme des obligations Comme les actions, les obligations peuvent être au porteur ou nominatives. Elles pouvaient également exister sous forme de titres vifs mais elles sont, le plus souvent aujourd’hui, inscrites en compte. 2.4. L’obligation convertible L’obligation convertible est une catégorie d’obligation assortie d’un droit particulier lui conférant certaines caractéristiques des actions. L’obligation convertible est une obligation, émise par une société commerciale, conférant à son titulaire, en plus des droits des obligataires ordinaires, la possibilité de choisir le statut d’actionnaire en convertissant son titre en action. 2.4.1. Caractéristiques Le contrat d’émission des obligations convertibles prévoit que : durant la première période de la vie de l’obligation (généralement deux ou trois ans), ce titre est une obligation ordinaire ; à compter de l’expiration de cette période et jusqu’à l’échéance, l’obligataire dispose de la possibilité de demander l’échange de ses obligations contre des actions de la société émettrice. Émission Période de non convertibilité Échéance Période de convertibilité Option possible pour l'échange contre des actions La conversion d’obligation en action se fait selon une parité décidée lors de l’émission de l’obligation en fonction du nominal de l’obligation convertible et du cours de l’action à la date où l’obligation est créée (exemple : deux actions pour une obligation). 2.4.2. Avantages des obligations convertibles Avantage pour l’émetteur En contrepartie du droit dont dispose l’obligataire de demander la conversion en action, la société assortit l’émission d’un taux inférieur à celui des obligations ordinaires, ce qui lui permet de se procurer des capitaux à un taux intéressant. Au cas où le porteur de l’obligation convertible choisirait le statut d’actionnaire, les capitaux empruntés n’auront pas à être remboursés et la société émettrice accroîtra ses fonds propres, renforçant ainsi sa structure financière. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 24 ESBanque Avantage pour le souscripteur Le souscripteur bénéficie du statut de l’obligataire et court donc un risque moins important que s’il avait choisi directement le statut d’actionnaire. Ce statut d’obligataire lui permet de temporiser et d’étudier l’évolution du cours de l’action avant d’effectuer son choix : 3. en cas d’évolution défavorable du cours de l’action, le titulaire préférera conserver le statut d’obligataire avec la sécurité que celui-ci lui apporte ; en cas d’évolution favorable du cours de l’action, le titulaire exercera son droit et conservera les actions ainsi obtenues afin de profiter de son évolution favorable ou vendra immédiatement ses actions s’il préfère encaisser la plus-value. Les organismes de placement collectif (OPC) 3.1. Définition L’optimisation de la gestion d’un portefeuille de valeurs mobilières doit tenir compte d’un certain nombre de contraintes : diversification du portefeuille en actions (opportunités de plus-values), obligations (sécurité), diversification des secteurs économiques et géographiques (diminution du risque)… ; nécessité de constituer des lignes suffisamment importantes (afin de ne pas obérer la rentabilité du portefeuille par l’influence des minima des frais de Bourse) ; bonne connaissance des marchés, et des techniques boursières ; surveillance attentive des marchés… Le respect de l’ensemble de ces contraintes est la plupart du temps inaccessible à l’épargnant moyen, d’où l’idée de regrouper un certain nombre d’investisseurs afin de réunir une masse importante de capitaux et de confier la gestion de ces capitaux à un professionnel du marché financier. Des organismes se sont créés pour assurer cette gestion collective, lesquels portent le nom d’OPC (organisme de placement collectif). Ces OPC prennent généralement la forme de : SICAV : sociétés d’investissement à capital variable Les SICAV sont des sociétés anonymes dont le capital varie périodiquement en fonction des apports et des retraits des investisseurs. Le souscripteur est un actionnaire et souscrit des actions de SICAV. Leur création date de 1964. Les FCP : fonds commun de placement Les FCP sont des copropriétés de valeurs mobilières dont les parts sont émises ou rachetées à la demande des porteurs. L’investisseur n’a pas la qualité d’actionnaire, car le FCP n’a pas de personnalité morale Quel que soit leur statut juridique, les OPC fonctionnent sur des principes proches. 3.2. Principe Les OPC sont généralement constitués à l’initiative des banques. Le gestionnaire de la SICAV par exemple réunit un capital divisé en un certain nombre de parts et constitue un portefeuille de valeurs mobilières composé en fonction des objectifs qu’il vise (actions, droits d’attribution, droits de souscription, obligations classiques, obligations convertibles, liquidités…). La valeur totale du portefeuille, évaluée au cours de Bourse de ses constituants est divisée par le nombre de parts émises. Ce calcul donne la valeur liquidative de la part de la SICAV. Cette valeur liquidative est calculée périodiquement (après chaque séance boursière pour les plus importants des OPC) et publiée. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 25 ESBanque L’organisme gestionnaire va alors proposer au public la souscription de parts de cette SICAV. Chaque souscription donne lieu à création de nouvelles parts. Les capitaux ainsi recueillis seront investis dans le portefeuille, c’est-à-dire qu’ils serviront à acquérir de nouvelles valeurs mobilières. La souscription s’effectue à la valeur liquidative de la part, augmentée des frais d’entrée prévus aux statuts. De manière générale, les revenus encaissés par l’OPC (dividendes des actions et intérêts des obligations constituant le portefeuille) sont redistribués aux porteurs de parts, sauf objectif de capitalisation, sous déduction de frais de gestion destinés à rémunérer les frais de l’organisme gestionnaire. Cette redistribution s’effectue périodiquement, à des échéances prévues par les statuts de l’OPC. En plus de la publication régulière de la valeur liquidative, les OPC sont astreints à porter à la connaissance des porteurs de parts : les statuts et l’orientation donnée à la gestion du portefeuille ; un document d’information diffusé périodiquement et comprenant les informations suivantes : données comptables, politique de gestion suivie, composition du portefeuille… Lorsque le titulaire de la part d’une SICAV désire récupérer ses capitaux, il en demande le rachat. Ce rachat s’effectue au prix de la prochaine valeur liquidative calculée. Les parts rachetées par la SICAV sont annulées par celle-ci. 3.3. Classification des SICAV et FCP En fonction de leurs besoins et de leurs motivations (sécurité, recherche de revenus réguliers, désir de se constituer un capital ou de valoriser un capital existant, espoir de plus-values…), les investisseurs directs peuvent orienter différemment la constitution de leurs portefeuilles. De la même façon, les gestionnaires d’OPCVM peuvent créer différentes structures dont les compositions sont susceptibles de convenir aux différents besoins des investisseurs. On trouve ainsi différentes orientations : les OPCVM actions (nationales – internationales) ; Ils présentent en permanence une exposition minimale de 60 % sur les marchés actions. les OPCVM obligations et autres titres de créances (libellés en euro – internationaux) Ils évoluent en fonction des taux d’intérêt, le risque est mesuré par la sensibilité ; les OPCVM monétaires (euros – internationaux) investis en titres à durée de vie très courte) ; les OPCVM diversifiés (actions et obligations) ; Ils n’ont pas de règle d’affectation préétablie mais doivent, éventuellement, mentionner l’existence d’un risque de change. les fonds spécialisés dans différents secteurs économiques (industrie, services, nouvelles technologies, matières premières, etc.) ; les fonds spécialisés dans différents secteurs géographiques (Europe, Amérique, Asie, pays émergents, etc.) ; les fonds éthiques (projets dans les PMA, soutien aux ONG, opérations de microcrédit, produits estampillés « développement durable », etc.). En ce qui concerne la politique des revenus, on peut trouver : les OPCVM de distribution dont l’intégralité des revenus encaissés est distribuée aux porteurs de parts, trimestriellement, semestriellement ou annuellement ; les OPCVM de capitalisation dont les revenus encaissés sont conservés et réinvestis dans le portefeuille afin d’en augmenter la valeur liquidative, transformant ainsi les revenus en plusvalues. Les investisseurs peuvent ainsi choisir dans la gamme des OPC commercialisés celui ou ceux qui correspondent à leurs objectifs et bénéficier à la fois de l’expérience de gestionnaires spécialistes du marché financier et des avantages d’un portefeuille important et diversifié. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 26 ESBanque À titre d’information, on relève que l’Autorité des marchés financiers en France (AMF) classe les OPC en six catégories principales selon la nature de leur gestion et leurs risques : les monétaires : placements de trésorerie à faible risque et perspectives de gains limitées ; les obligataires : au moins 90 % de leurs actifs sont investis en permanence dans des titres de créances. Ces titres sont de faible risque, leur rendement dépend de l’évolution des taux et reste plus faible que les titres actions. Cette catégorie comporte trois « sous-catégories » : les françaises, les européennes et les internationales ; les actions : au moins 60 % de leurs actifs sont investis sur le marché des actions. Les perspectives de rendement sont évidemment plus importantes, mais les risques aussi. Cette catégorie comporte sept « sous-catégories » (les françaises, les françaises « petites capitalisations », les françaises « indicielles », les européennes, les pays émergents, les secteurs d’activité) ; les diversifiés : comprennent monétaires, obligations et actions. Le risque et le rendement dépendent des arbitrages du gestionnaire du fonds ; les fonds à formule : performance définie en fonction de l’évolution d’indices, de cours, d’actions… les fonds alternatifs : fonds utilisant des stratégies désolidarisées du marché (pour utilisateurs avertis). BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 27 ESBanque ÉVALUONS NOS ACQUIS VRAI/FAUX Pour chacune des affirmations suivantes, cochez la case correspondant à la réponse exacte : Vrai Faux Les actions au porteur 1) Les actions au porteur sont les actions pour lesquelles les émetteurs ne connaissent pas obligatoirement l’identité du titulaire. 2) La détention du titre ne constitue pas une preuve de propriété. Les actions d’apport 3) Les apports en numéraire (apports de liquidités) devant être libérés au moins du tiers lors de leur émission. 4) Les apports en nature doivent être intégralement libérés lors de leur émission. Les actions nominatives 5) La preuve de la propriété est constituée par l’inscription du propriétaire de l’action sur un registre tenu par la société émettrice. 6) La transmission de propriété s’effectue par transfert de titulaire sur le registre. La prime d’émission 7) La différence entre le prix d’émission et la valeur nominale constitue la prime d’émission à leur valeur nominale. 8) La prime d’émission représente les titres émis au pair. 16) Une catégorie d’obligation assortie d’un droit particulier lui conférant la possibilité d’être convertie en actions lors de certaines dates. 17) Une catégorie d’obligation assortie d’un droit particulier lui conférant la possibilité d’être convertie en actions à tout moment. 18) In fine, toutes les obligations sont remboursées à la même date, à l’échéance de l’emprunt. 19) Par tirage au sort. 20) La société assortit l’émission d’un taux inférieur à celui des obligations ordinaires, ce qui lui permet de se procurer des capitaux à un taux intéressant. 21) De convertir une partie de sa dette en actions. Les principaux droits de l’actionnaire sont : 9) La participation à la gestion de la société. 10) La répartition des bénéfices. 11) La participation aux augmentations de capital. 12) La cession de titres. Les obligations donnent : 13) Droit à des paiements réguliers d’intérêts. 14) Droit au remboursement de sa créance. 15) Ne donne pas le droit de céder ses obligations à tout moment. L’obligation convertible est : Les différents modes de remboursement des obligations sont : Les avantages d’une obligation convertible pour l’émetteur BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 29 ESBanque Vrai Faux 22) Les obligataires, en qualité de créanciers de la société, seront remboursés avant les actionnaires. 23) Le contrat d’émission ne peut prévoir l’affectation d’aucune sûreté particulière en faveur des obligataires. 24) Sociétés réunissant un capital divisé en un certain nombre de parts et constitue un portefeuille de valeurs mobilières. 25) Il existe six grands types d’OPCVM composés en fonction des objectifs qu’ils visent (actions, obligations classiques, obligations convertibles, monétaires, etc.). 26) Les OPCVM de distribution dont l’intégralité des revenus encaissés est distribuée aux porteurs de parts, trimestriellement, semestriellement ou annuellement. 27) Les OPCVM de croissance dont les revenus encaissés sont conservés et réinvestis dans le portefeuille afin d’en augmenter la valeur liquidative, transformant ainsi les revenus en plus-values. En cas de dissolution de la société Les OPCVM Deux types d’OPCVM existent : BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 30 ESBanque CHAPITRE 3 – LA BOURSE DES VALEURS MOBILIÈRES L’objectif pédagogique : Comprendre les principes et l’organisation d’une Bourse de valeurs mobilières. Principes et organisation d’une bourse de valeurs mobilières 1. Différents ordres de bourse Différents systèmes de cotation Définitions Les porteurs de valeurs mobilières disposent du droit de vendre leurs titres et tout investisseur peut acheter des titres. Il ne suffit pas de disposer de ce droit, encore faut-il que les vendeurs trouvent des acheteurs et inversement. Dans tous les pays à économie de marché, il est apparu nécessaire d’organiser le marché secondaire afin que chaque intervenant puisse trouver la contrepartie de l’opération qu’il désire effectuer. Cela nécessite la mise en place d’un marché organisé des échanges de titres : la Bourse des valeurs mobilières. Selon le contexte, le mot « Bourse » peut revêtir plusieurs acceptions et il désigne soit : 2. la réunion des professionnels et des intervenants : investisseurs, épargnants, spéculateurs, autorités de contrôle… ; le lieu où se réunissent ces intervenants pour effectuer les transactions (Bourse de New York, de Paris, de Londres, de Tokyo, d’Abidjan, de Douala par exemple) ; l’ensemble des opérations traitées pendant une séance boursière (la Bourse du 22 septembre) ; la tendance des cours (la Bourse est en hausse de 2,7 %). Organisation d’une place boursière Chaque Bourse dispose de sa propre organisation : le NYSE (New York Stock Exchange à Wall Street, la plus importante du monde en termes de capitalisation), Paris (Euronext Paris), celle d’Abidjan (la Bourse régionale de valeurs mobilières – BRVM – qui concerne les huit États membres de l’UEMOA), celle de Douala (DSX, Douala Stock Exchange) ont leurs propres structures. La structure propre à la Bourse d’Abidjan sera décrite lors de l’étude de la partie 2 tandis que la partie 3 traitera du Douala Stock Exchange et du projet de création de la Bourse régionale de l’Afrique centrale à Libreville (zone CEMAC). BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 31 ESBanque Cependant, quelle que soit la Bourse concernée, on y retrouve un certain nombre d’acteurs incontournables, décrits ci-après. Fonctionnement de la Bourse de Paris MARCHÉ Négociateur Conservateur Transmetteur d’ordre Teneur de compte 2.1. L’entreprise de marché L’entreprise de marché assume de nombreuses missions : l’organisation des négociations des valeurs mobilières ; l’agrément des intermédiaires de Bourse ; l’organisation de la cotation des valeurs mobilières ; la surveillance des cotations : surveillance des écarts de cours, interruptions et reprises des cotations… ; l’admission des valeurs à la cote ; la publication des cours cotés ; le calcul et la publication des indices boursiers ; la publication des données de marché (évolution des cours, volumes échangés…) ; la gestion des moyens matériels mis à la disposition de la Bourse… 2.2. Les intervenants post-marché Des structures qui peuvent être l’entreprise de marché elle-même, des filiales de l’entreprise de marché comme dans le cas d’Euronext à Paris ou des intermédiaires agréés assurent des fonctions complémentaires au négoce et à la détermination du prix : la compensation des valeurs négociées (LCH – Clearnet SA à Paris) ; la fonction de dépositaire central des titres dématérialisés (Euroclear France à Paris) ; le règlement et la livraison des titres négociés (Euroclear France à Paris, sur mandat de la Banque de France pour la partie règlement) 1 ; la conservation des valeurs mobilières (principalement les établissements de crédit, mais aussi parfois les intermédiaires spécialisés de Bourse). 1 À Abidjan, les fonctions de dépositaire central et de banque de règlement sont réunies dans une même structure qui porte justement le nom de dépositaire central / banque de règlement SA (DC/RB SA). BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 32 ESBanque 2.3. Les autorités de tutelle Les autorités de tutelle ont pour principales missions : la fixation des règles de fonctionnement du marché boursier ; l’établissement des règles de déontologie applicables à l’ensemble des intervenants sur le marché boursier, avec pour objectif la protection de l’épargnant ; la protection, la surveillance et le bon fonctionnement du marché financier, en disposant de pouvoirs de sanctions administratives et parfois même judiciaires (cas de l’AMF – Autorité des marchés financiers à Paris 1). Ce dernier rôle est particulièrement important. En effet, afin d’éviter la réédition de paniques catastrophiques du passé (krach de 1929 ou de l’automne 2008) susceptibles d’éloigner les investisseurs du marché, il est nécessaire de surveiller la stricte application des règles établies : diffusion de l’information aux investisseurs par les émetteurs de titres (en quantité et en qualité) ; répression des délits d’initiés (manœuvre délictueuse consistant à intervenir sur les marchés en disposant d’informations privilégiées, c’est-à-dire non portées à la connaissance du public) ; contrôle d’éventuelles manipulations de cours ; respect de la déontologie… À cette fin, les autorités de tutelle doivent disposer de pouvoirs de sanction et de saisine des autorités judiciaires. Note Selon la place boursière considérée, telle ou telle mission peut être l’apanage de l’entreprise de marché ou des autorités de tutelle. 2.4. Les intermédiaires de Bourse Qu’ils portent le nom d’agents de change, de sociétés de Bourse, d’entreprises d’investissements, de sociétés de gestion et d’intermédiation ou que ce soient les établissements de crédit eux-mêmes, le rôle des intermédiaires de Bourse que l’on regroupe souvent sous le terme de prestataires de services d’investissement est : de négocier les valeurs mobilières cotées pour le compte de leurs clients (ils en ont parfois le monopole) ; de tenir les comptes de titres de leurs clients… Intervention pour laquelle ils se rémunèrent par le biais de commissions perçues (courtages). Ils ont généralement l’obligation d’apporter leur garantie aux opérations qu’ils traitent pour le compte de leurs clients. Afin de pouvoir tenir leurs engagements, ils ont généralement l’obligation d’adhérer à un fonds de garantie alimenté par un prélèvement sur les courtages qu’ils encaissent. Exemple : un investisseur a donné l’ordre d’acheter 100 titres en Bourse. La négociation s’est effectuée au cours de 15 000 FCFA. Au moment de payer, l’acheteur est défaillant. L’opération n’est pas remise en cause et le vendeur touchera bien le montant de la transaction (1 500 000 FCFA, diminué des courtages) que paiera l’intermédiaire de l’acheteur. En contrepartie, cet intermédiaire prendra livraison des titres. 1 Évolution des autorités de contrôle en France : l’ordonnance du 21 janvier 2010 a autorisé la naissance de la nouvelle Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Elle remplace les autorités de contrôle des secteurs bancaires et de l’assurance : commission bancaire, Autorité de contrôle des assurances et des mutuelles (ACAM), CECEI et le comité des entreprises d’assurances. Elle est chargée de l’agrément et de la surveillance des établissements bancaires et d’assurances et veillera à la stabilité du système financier et à la protection des clients en coopération avec l’AMF. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 33 ESBanque 3. Les ordres de Bourse Afin d’être traité efficacement par l’intermédiaire chargé d’en assurer l’exécution, un ordre de Bourse doit comporter un certain nombre de précisions. 3.1. Les mentions d’un ordre de Bourse L’identité du donneur d’ordre. Le numéro du compte-titres auquel devront être crédités les titres achetés ; ou duquel devront être débités les titres vendus. Le numéro du compte espèces duquel devra être débité le montant de l’achat ou vers lequel sera crédité le montant de la vente. La valeur sur laquelle portera la transaction : la valeur doit être désignée très précisément : − action X ; − obligation Y - 8 % 2010 ; − obligation convertible Z… En effet, un même émetteur peut disposer de plusieurs types de titres cotés sur un même marché, voire plusieurs émissions obligataires. La plus grande précision devient alors nécessaire pour éviter toute erreur qui pourrait être coûteuse. Lorsque la codification de chaque valeur a été établie (ce qui est le cas sur les grands marchés comme Euronext 1), il est très fortement conseillé d’indiquer ce code valeur en vue d’accroître la sécurité de l’opération. La quantité de titres sur laquelle porte la transaction. La limite à laquelle est stipulé l’ordre (voir ci-après). Le marché sur lequel doit être exécuté l’ordre. La validité de l’ordre qui peut être stipulée : − jour ; − fin de mois ; − jusqu’à une date donnée… Si l’ordre ne peut être exécuté durant la séance boursière où il s’est présenté, il restera dans le carnet d’ordres de l’intermédiaire et sera présenté à la séance boursière suivante tant que sa limite de validité n’aura pas été atteinte. Si l’ordre atteint sa limite de validité sans être exécuté, il sera retiré du carnet d’ordres. On parle alors d’un ordre tombé. La date à laquelle le client a donné l’ordre. Il est conseillé de préciser l’heure afin que le client ne puisse formuler de réclamation au cas où son ordre, donné tardivement, ne pourrait être exécuté à la séance du jour. La signature du donneur d’ordre. Libeller un ordre de Bourse est un acte qui demande la plus grande attention. Les sommes en jeu peuvent, en effet, être considérables et une imprécision peut être génératrice d’erreurs dont la banque devrait éventuellement assumer la responsabilité. 1. La codification y est indispensable pour l’exécution d’un ordre : ainsi, Crédit Agricole SA, dénommé aussi CA SA, porte le code valeur FR0000045072 Paris délivré par Euronext Paris. Tout ordre de Bourse concernant cette valeur doit comporter ce code. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 34 ESBanque 3.2. L’indication de la limite d’un ordre de Bourse 3.2.1. Les différentes sortes de limites La limite d’un ordre de Bourse peut être indiquée de différentes manières, dont les principales sont les suivantes : l’ordre « au marché » : − aucune indication de prix n’est donnée ; − l’ordre sera exécuté quel que soit le cours coté ; − cet ordre est prioritaire par rapport aux autres types d’ordres ; l’ordre « à cours limité » : − l’ordre d’achat est assorti d’une limite supérieure ; − l’ordre de vente est assorti d’une limite inférieure. Exemple : acheter 100 titres à 10 400 FCFA signifie : n’acheter que si le cours coté est inférieur ou égal à 10 400 FCFA. Vendre 100 titres à 10 400 FCFA signifie : ne vendre que si le cours coté est supérieur ou égal à 10 400 FCFA. l’ordre « à seuil de déclenchement » parfois appelé ordre « stop » : − l’ordre n’est exécutable que si le seuil de déclenchement est franchi, à la hausse s’il s’agit d’un ordre d’achat, à la baisse s’il s’agit d’un ordre de vente ; − lorsque la limite de déclenchement est franchie, l’ordre devient un ordre « au marché ». Exemple : acheter 100 titres à seuil de déclenchement 25 800 FCFA (ou à 25 800 FCFA « stop ») signifie : n’acheter que si le cours devient égal ou supérieur à 25 800 FCFA. Vendre 100 titres à seuil de déclenchement 25 800 FCFA signifie : ne vendre que si le cours devient égal ou inférieur à 25 800 FCFA − un ordre d’achat à seuil de déclenchement sert à « prendre le train en marche » lorsqu’une hausse se produit sur un titre ; − un ordre de vente à seuil de déclenchement sert à se protéger contre une baisse se produisant sur un titre possédé en portefeuille ; l’ordre « à plage de déclenchement » encore appelé ordre « stop sans dépasser » : − l’ordre n’est exécutable que si le seuil de déclenchement est franchi : à la hausse s’il s’agit d’un ordre d’achat ; à la baisse s’il s’agit d’un ordre de vente ; − lorsque la limite de déclenchement est franchie, l’ordre devient un ordre limité au deuxième cours stipulé. Exemples : acheter 100 titres à plage de déclenchement 25 000 FCFA - 28 000 FCFA (ou à 25 000 FCFA « stop », sans dépasser 28 000 FCFA) signifie : n’acheter que si le cours devient égal ou supérieur à 25 000 FCFA, mais sans dépasser la limite de 28 000 FCFA. Vendre 100 titres à plage de déclenchement 25 000 FCFA - 23 000 FCFA (ou à 25 000 FCFA « stop », sans dépasser 23 000 FCFA) signifie : ne vendre que si le cours devient égal ou inférieur à 25 000 FCFA, mais sans descendre en dessous de 23 000 FCFA. ces ordres ont la même utilité que les ordres à seuil de déclenchement, mais présentent toutefois l’avantage d’éviter : d’acheter trop cher dans le cas d’un ordre d’achat, de vendre à un cours catastrophique dans le cas d’un ordre de vente. l’ordre assorti de la mention « tout ou rien », qui n’existe plus sur le marché parisien depuis octobre 2003, les différents types d’ordre étant tous fractionnables à l’ouverture du marché, sauf l’ordre à cours limité, qui doit obligatoirement être exécuté en totalité. La mention tout ou rien portée après l’indication de limite signifie que le donneur d’ordre interdit une exécution fractionnée. − Exemple : ordre de vente de 200 titres à 15 200 FCFA « tout ou rien » : l’ordre ne sera exécuté que s’il existe à la vente au moins 200 titres exécutables à 15 200 FCFA. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 35 ESBanque 3.2.2. L’expression des limites Les actions et les obligations convertibles Les cours sont déterminés et les limites sont exprimées en unités monétaires. Exemple : acheter 100 actions X à 23 500 FCFA. Vendre 150 actions Y à 18 200 FCFA. Les obligations Toutes les obligations ne présentent pas le même nominal. D’autre part, le prix qu’un investisseur acceptera de payer pour acquérir une obligation dépendra de la proximité du paiement de l’intérêt (encore appelé « détachement du coupon ») ; or les dates de détachement du coupon des différentes obligations s’échelonnent sur toute l’année. Ces deux éléments font que la comparaison des cours des obligations serait très difficile s’ils étaient exprimés en unités monétaires. La quasi-totalité des places boursières exprime donc les cours des obligations en pourcentage « au pied du coupon et en coupon couru ». Le cours au pied du coupon s’établit par confrontation entre les ordres d’achat et les ordres de vente selon la loi de l’offre et de la demande. Le coupon couru se calcule en tenant compte du taux d’intérêt et du temps écoulé depuis le paiement du dernier coupon. Exemple : le cours de l’obligation Z 8 % 2010 s’établit comme suit : cours : 101,30 % ; coupon couru : 6,354 %. Le nominal de l’obligation est de 100 000 FCFA. Pour calculer la valeur de cette obligation, il convient : d’additionner le cours et le coupon couru : 101,30 % + 6,354 % = 107,654 % ; d’appliquer ce pourcentage = 107 654 FCFA. au nominal de l’obligation : 100 000 x 107,654 % Eu égard à cette façon d’exprimer les cours, il convient de libeller les ordres de Bourse (achat et vente), concernant les obligations au pied du coupon, en pourcentage du nominal, sans tenir compte du coupon couru. Les « pas de cotation » On appelle « pas de cotation » l’écart minimum pouvant exister entre deux cours boursiers. Exemple : le Douala Stock Exchange (DSX) prévoit pour les actions un pas de cotation de 50 FCFA, et pour les obligations un pas de cotation de 0,10 %. Cela signifie qu’une action peut, lors d’une transaction, coter 10 250, 10 300 ou 10 350 FCFA mais ne cotera jamais 10 270 ou 10 330 FCFA. Il faut, bien évidemment, tenir compte du pas de cotation dans l’expression de la limite d’un ordre de Bourse. Un ordre à cours limité libellé à 10 270 FCFA serait corrigé à 10 300 FCFA par l’intermédiaire de la Bourse dans le cas d’un ordre de vente et à 10 250 FCFA dans le cas d’un ordre d’achat. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 36 ESBanque Circuit simplifié d’un ordre de Bourse Séance de Bourse (cotation) 3 3 Intermédiaire de Bourse Intermédiaire de Bourse 2 4 4 2 Banque D Compte-titres 6 5 Banque C D C X X D Compte espèces C Compte-titres 6 1 1 5 D Compte espèces C X X 6 6 Acheteur Vendeur 3.3. Le circuit d’un ordre de Bourse L’investisseur désirant acheter des valeurs mobilières s’adresse à sa banque qui lui fera signer un ordre de Bourse (achat). Le plus rapidement possible et en tout cas avant la séance boursière suivante, le banquier transmet l’ordre à son intermédiaire de Bourse. À ce stade, on dit que l’ordre est passé. L’intermédiaire de Bourse présentera l’ordre en Bourse à l’ouverture de la prochaine séance de cotation ou le jour même si la séance est en cours. De même, l’investisseur désirant vendre des valeurs mobilières s’adresse à sa banque, qui lui fera signer un ordre de Bourse (vente). Le plus rapidement possible, et en tout cas avant la séance boursière suivante, le banquier transmet l’ordre à son intermédiaire de Bourse, à ce stade l’ordre est passé. L’intermédiaire de Bourse présentera l’ordre en Bourse à l’ouverture de la prochaine séance de cotation. Si les ordres sont compatibles, la transaction sera effectuée. On dit alors que l’ordre est exécuté. L’intermédiaire de Bourse vendeur adresse alors à la banque du vendeur un avis d’opéré lui indiquant la date de la transaction, le cours d’exécution, le coût total de l’opération et le montant de ses courtages. La banque répercute l’information au vendeur en ajoutant ses commissions. Le compte-titres du vendeur est débité des titres vendus et son compte espèces est crédité du montant de la vente diminué des courtages et des commissions et, le cas échéant, des impôts (impôt de Bourse et/ou TVA). De même, l’intermédiaire de Bourse acheteur adresse à la banque de l’acheteur un avis d’opéré lui indiquant la date de la transaction, le cours d’exécution, le coût total de l’opération et le montant de ses courtages. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 37 ESBanque La banque répercute l’information à l’acheteur en ajoutant ses commissions. Le compte-titres de l’acheteur est crédité des titres achetés et son compte espèces est débité du montant de la transaction augmenté des courtages et des commissions et, le cas échéant, des impôts (impôt de Bourse et/ou TVA). À ce stade, l’opération est dénouée. Il est à noter qu’acheteur et vendeur peuvent être clients directs de l’intermédiaire de Bourse chez qui ils ont, dans ce cas, ouvert des comptes-titres. Il est évident que, dans ce cas, l’ordre ne transite pas par la banque, ni pour sa transmission, ni pour le dénouement. Note Dans la transmission d’un ordre de Bourse, le banquier n’est pas tenu à l’obligation de résultat, en revanche, il est tenu à l’obligation de moyens en mettant tout en œuvre pour que les ordres soient transmis dans les meilleurs délais. Il évite ainsi toute réclamation inhérente à des retards, voire des oublis de transmission d’ordres, lourds de conséquences en fonction de la fluctuation des cours. 4. Les cotations On appelle cotation la constatation officielle des cours des valeurs mobilières négociées à la Bourse. La détermination des cours s’effectue par la confrontation des offres et des demandes de titres qui se manifestent pendant une séance boursière. Quelles que soient les techniques utilisées, faisant appel ou non à l’informatique, ce qui est le plus souvent le cas aujourd’hui, par écrit ou oralement (à la criée), il existe deux grands types de cotations : le fixage (en anglais fixing) ; la cotation en continu. 4.1. Le fixage Le fixage est une technique consistant à confronter, à un moment donné, l’ensemble des ordres d’achat et de vente en possession des intermédiaires de Bourse. Cette confrontation permet de déterminer un cours auquel seront exécutés tous les ordres dont la limite est compatible avec le cours établi. Technique Un exemple permettra de comprendre cette technique. Supposons qu’au moment du fixage, pour une valeur déterminée, les ordres suivants soient présents sur le marché : Ordres d’achat Nombre d’ordres Nombre de titres Ordres de vente Nombre d’ordres Limite Au marché Nombre de titres Limite 3 300 8 300 2 150 26 300 4 300 26 500 1 150 26 200 5 250 26 200 2 100 26 100 1 200 26 100 1 50 26 000 2 100 26 000 4 150 25 800 1 50 25 800 6 200 25 700 1 50 25 700 5 250 25 500 3 100 25 500 2 100 25 300 2 50 25 300 1 50 25 000 4 300 25 000 BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 38 Au marché ESBanque La personne (ou le logiciel) chargée d’établir la cotation de cette valeur (d’en déterminer le cours) établira une feuille de cotation. Elle classera d’abord les ordres par limites décroissantes, comme cela est déjà le cas dans l’exemple cidessus, mais en couplant ordres d’achat et ordres de vente. Elle positionnera les ordres d’achat « au marché » au-dessus des ordres limités à 26 500, car les donneurs d’ordres sont d’accord pour acheter ce titre quel qu’en soit le cours, même s’il est supérieur à 26 500. Elle positionnera les ordres de vente « à tout prix » au-dessous des ordres limités à 25 000, car les donneurs d’ordres sont d’accord pour vendre ce titre quel qu’en soit le cours, même s’il est inférieur à 25 000. Elle inscrira ensuite en face de chaque limite, de chaque côté de la colonne centrale, le nombre de titres à l’achat et à la vente ainsi que le cumul de ces ordres. La feuille de cotation s’établira donc ainsi : Titres à l’achat Nombre Cumul 300 Cours Titres à la vente Nombre Cumul 300 « Au marché » à l’achat 1 700 300 26 500 1 700 150 450 26 300 1 400 150 600 26 200 1 400 250 100 700 26 100 1 150 200 50 750 26 000 950 100 150 900 25 800 850 50 200 1 100 25 700 800 50 250 1 350 25 500 750 100 100 1 450 25 300 650 50 50 300 1 500 25 000 600 300 1 500 « Au marché » à la vente 300 300 Dans cet exemple, le « pas de cotation » est de 100 FCFA. L’examen de la feuille de cotation fait apparaître le constat suivant : au cours de 25 700, 800 titres sont à la vente et 1 100 titres à l’achat. À ce cours, 800 titres s’échangeraient ; au cours de 25 800, 850 titres sont à la vente et 900 titres à l’achat. À ce cours, 850 titres s’échangeraient ; au cours de 26 000, 950 titres sont à la vente et 750 titres à l’achat. À ce cours, 750 titres s’échangeraient. Le cours coté sera 25 800, cours qui permet l’échange du plus grand nombre de titres. Les ordres obligatoirement exécutés seront les suivants : les ordres d’achat et de vente libellés « au marché » ; les ordres d’achat libellés à 26 000 et au-dessus ; les ordres de vente libellés à 25 700 et au-dessous ; les ordres d’achat et de vente libellés à 25 800 sont dits « à cours touché ». À ce cours, 850 titres sont à la vente et 900 titres à l’achat : la position du marché permet d’exécuter tous les ordres de vente à 25 800 ; par contre, 50 titres à l’achat ne seront pas servis : seuls 100 titres pourront être achetés sur les 150 qui étaient demandés à ce cours « touché ». En résumé, seront exécutés : à la vente : les ordres libellés « au marché » et à un cours égal ou inférieur à 25 800 ; à l’achat : − les ordres libellés « au marché » et à un cours supérieur à 25 800, − 100 des 150 ordres libellés à 25 800. Tous ces ordres seront exécutés au cours de 25 800. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 39 ESBanque Les ordres non exécutés resteront dans le carnet d’ordres et seront représentés à la Bourse suivante dans la mesure où leur date de validité n’est pas dépassée. Le fixage peut cependant intervenir plusieurs fois pendant la séance de Bourse : ainsi Euronext Paris pratique le fixage deux fois par journée d’ouverture du marché, à 9 h et à 16 h 30 pour le fixing A. Les ordres dont la validité est dépassée « tomberont » et seront retirés du carnet d’ordres. Le fixage est une méthode de cotation convenant aux valeurs à marché étroit que l’on qualifie encore de valeurs à moindre liquidité. 4.2. La cotation en continu La cotation en continu est encore appelée marché continu. La quasi-totalité des Bourses ayant adopté la cotation en continu a mis en place un système informatique pour gérer les transactions. C’est donc ce système qui sera décrit dans cet ouvrage. Une cotation en continu se déroule en trois phases : la pré-ouverture ; l’ouverture ; la séance. La pré-ouverture Durant cette phase, dont les horaires sont déterminés par le règlement intérieur de la Bourse en question (par exemple 9 h-10 h), les intermédiaires de Bourse peuvent introduire dans le « carnet d’ordres » (zone de mémoire où se trouvent les ordres à exécuter) les ordres reçus de leurs clients, qui peuvent être pour partie des ordres non exécutés lors de la journée précédente. Durant la pré-ouverture, aucune transaction ne peut avoir lieu. Le système informatique se contente d’indiquer les tendances du marché résultant des ordres en présence. L’ouverture À l’heure convenue (10 h dans notre exemple), le système informatique procède à la détermination du cours d’ouverture par un « fixage » effectué à partir de tous les ordres présents au carnet d’ordres, c’est-à-dire à un cours auquel le plus grand nombre de titres sera échangé 1. Tous les titres dont la limite est compatible avec le cours ainsi déterminé sont exécutés à ce cours. La séance Durant la « séance », des transactions peuvent intervenir à tout moment à l’intérieur de la plage horaire définie (par exemple : 10 h-16 h). Exemples Deux exemples suffiront à présenter clairement le principe de la cotation en continu durant la séance. Premier exemple : un ordre d’achat de 50 titres, libellé « au marché » est introduit dans le carnet d’ordres à 10 h 28. Cet ordre est immédiatement confronté aux ordres de vente figurant au carnet d’ordres lors de son arrivée. Supposons que les meilleures contreparties (ordres de vente) soient les suivantes 2 : 15 titres à 16 800 ; 20 titres à 16 850 ; 30 titres à 16 900. L’ordre d’achat de 50 titres au marché servira en priorité les ordres de vente libellés au plus bas jusqu’à son exécution complète. Il sera exécuté pour : 15 titres à 16 800, 20 titres à 16 850, 15 titres à 16 900, Total : 50 titres soit : soit : soit : pour 252 000 FCFA 337 000 FCFA 253 500 FCFA 842 500 FCFA … soit un cours moyen de 16 850 FCFA. 1 2 S’il existe deux cours où le même nombre de titres peut être échangé, celui le plus proche du cours de clôture de la précédente séance de Bourse sera retenu. Ici, le « pas de cotation » est de 50 FCFA. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 40 ESBanque Les ordres de vente à 16 800 et 16 850 seront exécutés et disparaîtront du carnet d’ordres, l’ordre de vente à 16 900 recevra une exécution partielle et le reliquat de 15 titres restera en carnet d’ordres. Second exemple : un ordre de vente de 100 titres, libellé à 12 400, est introduit dans le carnet d’ordres à 10 h 43. Cet ordre est immédiatement confronté aux ordres d’achat figurant au carnet d’ordres lors de son arrivée. Supposons que les meilleures contreparties (ordres d’achat) soient les suivantes : 30 titres à 12 500 ; 50 titres à 12 400 ; 40 titres à 12 300. L’ordre de vente de 100 titres à 12 400 servira en priorité les ordres d’achat libellés aux limites les plus élevées jusqu’à son éventuelle exécution complète. Il sera exécuté pour : 30 titres à 12 500 soit : 50 titres à 12 400 soit : Total : 80 titres pour 375 000 FCFA 620 000 FCFA 995 000 FCFA … soit un cours moyen de 12 438 FCFA. L’ordre ne pourra être entièrement exécuté. En effet, une fois servis les deux premiers ordres d’achat (qui disparaîtront du carnet d’ordres), la meilleure contrepartie deviendra l’ordre à 12 300 dont la limite est incompatible avec la limite désirée par le vendeur. Le reliquat non exécuté (20 titres) prendra position au carnet d’ordres (il est placé en attente) assorti de sa limite : 12 400. Les ordres arrivant en cours de séance seront introduits au carnet d’ordres dès leur arrivée (au fur et à mesure) et seront exécutés dès qu’ils trouveront une contrepartie compatible avec leur limite. Le cours de la dernière transaction de la séance porte le nom de cours de clôture. La cotation en continu est une méthode convenant aux valeurs à large marché. Elle se réalise sans interruption (sauf en cas de suspension de cotation) au fur et à mesure de l’arrivée des ordres d’achat et de vente pendant la plage horaire d’ouverture de la Bourse, au cours déterminé par la confrontation de l’offre et de la demande du moment, le cours de l’ouverture et de la clôture résultant toutefois d’un fixage. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 41 ESBanque ÉVALUONS NOS ACQUIS VRAI/FAUX Pour chacune des affirmations suivantes, cochez la case correspondant à la réponse exacte : Vrai Faux a) Le marché primaire concerne l’émission des valeurs mobilières. b) L’actionnaire est un créancier de la société. c) Une société ayant réalisé des bénéfices doit verser un dividende à ses actionnaires. d) Une augmentation de capital à titre onéreux donne lieu à création d’un droit d’attribution. e) En cas de liquidation de la société, les actionnaires passent immédiatement après les salariés lors de la répartition de l’actif social. f) La valeur nominale minimum d’une action est de 10 000 FCFA. g) Pour une action nominative, la preuve de la propriété du titre résulte de l’inscription du nom du porteur sur le titre. h) Les titres vifs sont ceux qui existent matériellement. i) Une hausse des taux sur le marché obligataire entraîne une hausse du cours des obligations émises précédemment. j) Tout obligataire a le droit d’assister aux assemblées générales de la société émettrice. k) Le remboursement anticipé d’un emprunt obligataire n’est permis que si cette possibilité a été prévue au contrat d’émission. l) Si la société subit des pertes, l’obligataire ne touche aucun revenu. m) Toutes les obligations sont remboursées à l’échéance. n) Une obligation convertible peut être convertie en action sur l’initiative de la société. o) Il existe des OPCVM spécialisés dans l’investissement en obligations. p) Si j’ai acheté un titre en Bourse et que le vendeur est défaillant, je cours le risque que les titres ne soient pas livrés. q) Dans un ordre d’achat à seuil de déclenchement, la limite constitue un cours maximum au-dessous duquel l’ordre ne sera pas exécuté. r) Un ordre de vente de 300 titres à 15 000 « tout ou rien » sera obligatoirement exécuté s’il existe en face un ordre d’achat à 15 200. s) Les obligations cotent en pourcentage, au pied du coupon et en coupon couru. t) Si une valeur cote au fixage, tous les ordres exécutés lors du fixage le sont au même cours. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 43 ESBanque EXERCICE SITUATION Une valeur cote au marché continu. Sur le carnet d’ordres figurent les ordres suivants : vente de 60 titres à 8 500 ; vente de 40 titres à 8 550 ; vente de 20 titres à 8 600 ; vente de 70 titres à 8 700. À 14 h 32, un ordre d’achat de 150 titres à 8 650 est introduit sur le carnet d’ordres. TRAVAIL À RÉALISER a) Cet ordre est-il exécutable intégralement ? b) Calculez le cours moyen d’exécution. BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 44 ESBanque PARTIE 2 – Les marchés de capitaux en zone UEMOA BP Afrique 3 - Fasc- Connaissance des marchés de capitaux 45 CFPB CHAPITRE 4 – LES ÉCHANGES INTERBANCAIRES DANS LA ZONE UEMOA Les objectifs pédagogiques : 1. Comprendre l’organisation et le déroulement de ces échanges dans l’UEMOA. Apprécier l’apport de ces échanges dans la profitabilité des banques. Fondement des échanges interbancaires dans l’UEMOA 1.1. Nécessité des échanges interbancaires Mobilisation de l’épargne Création monétaire Financement de l’activité économique La fonction économique de la banque La banque joue un rôle essentiel dans le système économique moderne au travers de sa quadruple fonction de mobilisation de l’épargne, de création monétaire, de financement de l’activité économique par l’intermédiation qu’elle réalise et de sommet de la pyramide des paiements : mobilisation de l’épargne : la banque œuvre constamment à collecter les avoirs monétaires des particuliers et des entreprises afin de prêter aux agents économiques en déficit d’épargne. Dans beaucoup de pays du Sud, elle est quasiment la seule institution à remplir ce rôle ; créa