Approches interculturelles en psychologie PDF
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Université de Mons
Dimitri Cauchie
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Summary
These notes provide an overview of Intercultural psychology, covering approaches, critiques, and the ecocultural model. They explore the relationship between culture and psychology, including the influence of culture on human psychology and the contribution of psychology to culture.
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Approches interculturelles en psychologie Dimitri Cauchie Chargé de cours place du Parc 18 (0.16) 7000 Mons [email protected] cultures Psychologie(...
Approches interculturelles en psychologie Dimitri Cauchie Chargé de cours place du Parc 18 (0.16) 7000 Mons [email protected] cultures Psychologie(s) et Courants de la psychologie (inter)culturelle Approches interculturelles en psychologie Master en sciences psychologiques Psychologie(s) et cultures Courants de la psychologie (inter)culturelle « Une culture caractérise un groupe social ; la psychologie est propre à l’individu. Comment ces deux domaines peuvent-ils être reliés ? Par quels biais la culture influence-t-elle la psychologie humaine ? Et comment la psychologie humaine contribue-t-elle à façonner la culture ? » 3 Psychologie(s) et cultures Courants de la psychologie (inter)culturelle Liens entre cultures et comportements ? 2 erreurs fondamentales à éviter ! Sous-estimer l’influence de la culture Penser qu’il existe une seule manière universelle d’être, de penser et d’agir. → Evolutionnisme, universalisme, généralisation. Surestimer l’influence de la culture Au contraire, penser que tout comportement humain s’expliquerait par la culture. → Permanence, essentialisme, particularisation. 4 Psychologie(s) et cultures Courants de la psychologie (inter)culturelle Critiques de l’anthropologie Évolutionnisme Théorie d'après laquelle le développement d'un peuple et de sa culture serait unilinéaire : partant d'un stade initial archaïque (« primitif »), il tiendrait à évoluer jusqu'à un degré supérieur (de « civilisation »). Critique envers Tylor : Selon les évolutionnistes, il n’existerait qu’une seule culture à différents stades de son évolution, stades qui expliqueraient les différences entre les peuples (des « sauvages » aux « civilisés »). 5 Psychologie(s) et cultures Courants de la psychologie (inter)culturelle Critiques de la psychologie occidentale Universalisme Principe postulant que les processus psychologiques fondamentaux sont des éléments que tous les êtres humains partagent (mais dont les manifestations sont susceptibles d'être influencées par la culture). → Vocation universaliste de la psychologie Tendance à la généralisation des résultats observés dans les laboratoires européens et nord-américains à l’entièreté de l’humanité sans en vérifier la justification ; à reproduire un modèle de l’être humain « typique de la modernité ». Selon les universalistes, la diversité des pratiques culturelles pourrait très souvent cacher une similitude sous-jacente au niveau des processus et des fonctionnements psychologiques par-delà les diversités socio-historiques, religieuses, linguistiques, ethniques et culturelles. Les appartenances culturelles sont au mieux considérées comme un épiphénomène sous lequel on peut apercevoir la « vraie » nature humaine. 6 Psychologie(s) et cultures Courants de la psychologie (inter)culturelle Critiques de la psychologie occidentale Absolutisme psychologique Approche qui assume que les phénomènes psychologiques sont essentiellement les mêmes, peu importe la culture. Recherches empiriques impliquant la comparaison de différentes cultures ou sous-cultures à l'aide des mêmes instruments de mesure en assumant que ces instruments mesurent les mêmes construits psychologiques peu importe la culture. 7 Psychologie(s) et cultures Courants de la psychologie (inter)culturelle Critiques de la psychologie occidentale Essentialisme psychologique Perception qui mène à la croyance qu'une catégorie « naturelle » (sexe, âge, ethnicité…) reflète non seulement des attributs de surface, mais aussi des « essences » (génétiques, raciales, linguistiques) révélant la vraie nature, inaltérable et immuable du groupe. Les essentialistes adoptent un point de vue relativiste poussé à l’extrême où tout se vaudrait et serait acceptable ! Relativisme culturel ? Point de vue qui suppose que tout est relatif au contexte culturel, qu'il est essentiel d'éviter de juger les autres cultures en fonction de ses propres schèmes, qu'il faut plutôt comprendre les cultures pour ce qu'elles sont, selon leurs propres termes et sans les juger. → Relativisme « absolu » A l’extrême, au plan moral, le relativisme culturel absolu mène à l’acceptation aveugle de n’importe quelle pratique sous couvert de « respect culturel », voire à la légitimation d’atteinte aux droits humains fondamentaux (cf. mutilations génitales féminines). 8 Psychologie(s) et cultures Courants de la psychologie (inter)culturelle Liens entre cultures et comportements ? Sous-estimer l’influence de la culture ? Les perspectives évolutionniste et universaliste ne sont actuellement plus privilégiées, mais on continue à chercher s’il existe ou non des principes universaux qui guident les attitudes et les comportements. Critiques émises à l’encontre de la DUDH : droits et libertés individuels ancrés dans des cultures davantage individualistes ; contradictoire avec des cultures collectivistes (africaines, chinoises…) ou avec certains systèmes sociaux (castes hindoues) → « Charte africaine des droits de l’homme et des peuples » (OUA)… 9 Psychologie(s) et cultures Courants de la psychologie (inter)culturelle Liens entre cultures et comportements ? Surestimer l’influence de la culture ? « Chaque culture formerait un tout distinct et cohérent, fermé sur lui-même, qui n’entretiendrait avec les autres aucun rapport d’influence ». → « Culturalisme » ; « racialisation de la notion de culture » : les cultures sont considérées comme distinctes, homogènes, stables, déterministes et essentialistes (définissent les individus dans leur essence). Attitude menant à oublier que d’autres facteurs importants, et très variables au sein d’une même culture, influencent le comportement (position sociale, situation politique et économique, personnalité) alors que les frontières culturelles sont souvent très floues et que les cultures s’empruntent depuis toujours certains de leurs éléments. Important de tenir compte de l’évolution temporelle des cultures (non figées dans le temps), souvent accélérée par les phénomènes de mondialisation, d’industrialisation et de développement technologique. 10 Psychologie(s) et cultures Courants de la psychologie (inter)culturelle Psychologie(s) (inter)culturelle(s) ? 3 grandes branches en psychologie (inter)culturelle : 1. psychologie (inter)culturelle comparative (Cross-Cultural Psychology) 2. psychologie culturelle (Cultural Psychology) 3. psychologie interculturelle (interactionniste)/psychologie des contacts de cultures (Intercultural Psychology, Psychology of Intercultural Relations…) Situées entre 2 grands « pôles », 2 types d’approches méthodologiques: « émiques » ou « étiques ». emic etic 11 Psychologie(s) et cultures Courants de la psychologie (inter)culturelle Psychologie(s) (inter)culturelle(s) emic etic Approches émiques (emic) Approches étiques (etic) Approches méthodologiques Approches méthodologiques cherchant la compréhension de comparatives cherchant la l'ensemble des caractéristiques compréhension de l'ensemble des humaines qui ne se retrouve que caractéristiques humaines dans une culture particulière. à partir d'éléments communs à toutes les cultures. Plutôt culturalistes, Plutôt universalistes, essentialistes et évolutionnistes et relativistes. absolutistes. 12 Psychologie(s) et cultures Courants de la psychologie (inter)culturelle Psychologie(s) (inter)culturelle(s) (1) Psychologie (inter)culturelle comparative (Cross-Cultural Psychology) La PCC concerne « l’étude des similarités et des différences au niveau du fonctionnement psychologique individuel entre divers groupes culturels ou ethnoculturels, des changements continus des variables qui reflètent ce fonctionnement, et des relations entre les variables psychologiques et les variables socioculturelles, écologiques et biologiques » (Berry et al., 2011). Comparaison des cultures sur différents critères psychologiques (valeurs, attitudes, perception, cognition, développement…). A l’origine, la PCC était ancrée dans une approche « transculturelle », essentiellement étique : les chercheurs souhaitaient valider l’universalité des modèles scientifiques psychologiques et des processus psychosociaux. 13 Psychologie(s) et cultures Courants de la psychologie (inter)culturelle Psychologie(s) (inter)culturelle(s) (2) Psychologie culturelle (Cultural Psychology) La PC tente de mettre en évidence des liens de cohérence entre la psychologie individuelle et l’appartenance à une culture particulière, envisagée comme un tout complexe. Elle est le prolongement de l’anthropologie psychologique qui s’intéressait à la relation intime entre les structures socioculturelles et le développement psychique individuel. Approches essentiellement relativistes, émiques : méthodes de recherche utilisées proches de celles de l’ethnographie. Une théorie principale : la conception du Soi varie en fonction des cultures ; le Soi serait indépendant dans les cultures occidentales et interdépendant dans les cultures extrêmes orientales. Le besoin d’estime de Soi positive n’est pas universel mais typique des sociétés occidentales (Heine, Lehman, Markus, et Kitayama, 1999). 14 Psychologie(s) et cultures Courants de la psychologie (inter)culturelle Psychologie(s) (inter)culturelle(s) (3) Psychologie interculturelle (interactionniste) (Intercultural Psychology ; Psychology of intercultural relations) La PII s’intéresse plus précisément aux contacts culturels (psychologie des contacts de cultures) et vise à « proposer un schéma d’analyse pour cerner l’ensemble des processus (psychiques, relationnels, groupaux, institutionnels) générés par les contacts de cultures ethniques, nationales, régionales, générationnelles, de genre, etc. » (Guerraoui et Troadec, 2000). Etudes des processus d’adaptation, d’acculturation et des stratégies identitaires (psychologie de l’immigration, rencontre de deux groupes sociaux, orientations d’acculturation…). 15 Psychologie(s) et cultures Courants de la psychologie (inter)culturelle Psychologie(s) (inter)culturelle(s) emic etic La distinction des courants n’est plus aussi claire ! Les objectifs initiaux de la PCC étaient jugés irréalistes ou illusoires par la PC : les points de vue relativistes de la PC ont progressivement été introduits dans la PCC qui n’est plus strictement universaliste (à mi-chemin entre approches étiques et émiques). Beaucoup de psychologues culturels actuels ont aussi recours à la comparaison interculturelle et à l’expérimentation, mêlent points de vue relativistes et méthodologies étiques (universalistes). Les psychologues interculturels actuels tentent de concilier les aspects transculturels et culturalistes pour prendre en compte l’universalité de certaines fonctions psychologiques et la spécificité culturelle d’autres aspects de la psychologie humaine. 16 Psychologie(s) et cultures Courants de la psychologie (inter)culturelle Psychologie(s) (inter)culturelle(s) En synthèse… Psychologie et cultures ? Approches étiques Approches émiques transculturalistes culturalistes (déterminisme universaliste) (relativisme essentialiste) Psychologie (inter)culturelle Psychologie Psychologie comparative interculturelle (interactionniste) culturelle transposition des hypothèses de la études de la relation, la coexistence entre rejet de l’universalité et postulat d’un psychologie générale, explorer d'autres communautés culturelles différentes psychisme humain inséparable des cultures afin de découvrir des variations vivant dans un même espace social éléments culturels propres à chacun culturelles, et générer une psychologie davantage universelle + sous branches : psychologie clinique interculturelle, ethnopsychiatrie, ethnopsychanalyse, psychologies indigènes, éducation comparée, approche psychopédagogique, anthropopédagogie culturelle, approche psycho-organisationnelle, etc. 17 Psychologie(s) et cultures Courants de la psychologie (inter)culturelle Psychologie(s) (inter)culturelle(s) emic etic Les deux modèles théoriques sont interdépendants : « le psychologique est ancré dans, et génère, le socioculturel ; le socioculturel est ancré dans, et génère, le psychologique ». Principe d’interdépendance dynamique (Markus & Hamedani, 2007) 18 cultures Psychologie(s) et Le modèle écoculturel (Berry et al.) Approches interculturelles en psychologie Master en sciences psychologiques Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Contexte Influences écologique écologiques Comportements observables Adaptation biologique Transmission génétique Adaptation Transmission culturelle culturelle Contexte Caractéristiques sociopolitique inférées Acculturation VARIABLES VARIABLES CONTEXTUELLES VARIABLES DE PROCESSUS PSYCHOLOGIQUES (de fond, arrière-plan) (effets) Au niveau du groupe, Au niveau individuel de la population 20 Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) La théorie écoculturelle conceptualise cet ancrage socioculturel du psychologique. → Le modèle écoculturel « met en relation des caractéristiques psychologiques avec des facteurs d’arrière-plan tels que le contexte écologique et sociopolitique, à travers un ensemble de processus situé au niveau du groupe et au niveau de l’individu ». (Licata & Heine, 2012) 21 Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Il s’agit d’un cadre conceptuel général dans lequel on peut situer la plupart des questions posées par la psychologie (inter)culturelle, en tenant compte du principe d’interdépendance dynamique. Il distingue des catégories de variables qui peuvent intervenir dans l’explication des similarités et différences dans le comportement humain à travers les cultures. 22 (Licata & Heine, 2012) Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Les variables contextuelles / d'arrière-plan (contextes écologique et socio-politique) influencent des processus : certains se situent au niveau de la population (adaptations biologique et culturelle) d'autres se situent au niveau individuel (influences écologiques, transmission génétique, transmission culturelle et acculturation) et établissent un lien avec les variables psychologiques (caractéristiques observables et caractéristiques inférées). 23 (Licata & Heine, 2012) Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Contexte écologique Milieux dans lesquels les êtres humains interagissent avec un environnement physique donné (facteurs climatiques, approvisionnement en eau, qualité des sols, température, etc.). Facteurs ayant un impact sur la quantité et la qualité de la nourriture disponible sur un territoire, ainsi que les méthodes de production de nourriture envisageables. Distinguer : – adaptation au niveau phylogénétique (une large partie de l'adaptation biologique : histoire de l'espèce, manière dont les groupes humains se sont adaptés à leurs milieux, etc. → ex. : variations de la couleur de la peau // niveau d'ensoleillement) – adaptation au niveau ontogénétique (tous les processus adaptatifs qu’une personne mobilise au cours de son existence / expérience individuelle → ex. : développement du système immunitaire en fonction des germes rencontrés). 24 (Licata & Heine, 2012) Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Contexte écologique Un exemple de résultat culturel de l’adaptation aux contextes écologiques : la distinction plus ou moins forte des rôles sexuels dans les sociétés ! – moins forte dans les sociétés de (chasseurs-)cueilleurs, plutôt nomades et de tailles restreintes ; – plus forte dans les sociétés agricoles (agriculture et élevage), plutôt sédentaires et propices à la croissance démographique : plus structurées, hiérarchisées, souvent patriarcales. Dans les sociétés qui vivent essentiellement de la cueillette, les femmes ont un rôle actif dans l’acquisition de la nourriture, la subsistance du groupe dépend de leur travail. Conséquences sur de nombreux traits culturels de ces groupes (organisation des relations maritales, type de pratique éducative, liberté accordée aux femmes, etc.). 25 (Licata & Heine, 2012) Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Contexte sociopolitique Déterminés par l'histoire des sociétés humaines et par leurs interactions (niveau de richesse, structuration de la société, nature et organisation du pouvoir, influence sur d'autres sociétés). Valeurs prédominantes d'une société fortement influencées par les contextes sociopolitiques et influencent en retour ! Effet sur les processus d'acculturation : il détermine en partie la possibilité qu'aura la société de s’acculturer, d'une part, en rendant la rencontre culturelle possible (ou pas) et (si rencontre il y a) en déterminant les modalités de cette rencontre → politiques d'immigration et d'intégration. 26 (Licata & Heine, 2012) Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Adaptation biologique Adaptation culturelle et adaptation biologique ne sont pas indépendantes : des différences génétiques peuvent se refléter dans les pratiques culturelles (valeurs, interdits alimentaires…) et inversement : – aversion pour le lait en Afrique ou en Asie (absence génétique de lactase) ; – lien entre prévalence historique de maladies infectieuses et valeurs dominantes/traits de personnalité ; transmission de normes comportementales spécifiques (nombreuses épidémies personnalité plus introvertie, normes sexuelles plus restrictives, tendances collectivistes davantage valorisées…). 27 (Licata & Heine, 2012) Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Adaptation culturelle Toutes les inventions qui permettent au groupe de s'adapter aux contraintes écologiques, tout en tenant compte de l'histoire du groupe et du contexte sociopolitique : – exemple : choix d'élever du bétail quand c’est possible → conséquences dans d'autres domaines de la vie culturelle. Vision fonctionnaliste de la culture, mais toutes les caractéristiques d'une culture ne peuvent pas être réduites à leurs aspects fonctionnels (Segall et al., 1999). Les mêmes conditions écologiques, ou les mêmes structures sociopolitiques, peuvent donner lieu à des significations culturelles différentes. 28 (Licata & Heine, 2012) Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Influences écologiques Impacts sur le sur la cognition ou le comportement : influences indirectes (influence au travers de processus d'adaptation biologique ou culturelle - aversions alimentaires) ou directes : 29 (Licata & Heine, 2012) Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Influences écologiques Figures de l'illusion de Müller-Lyer : – la tendance à être victime d'illusions perceptives diffère selon les groupes culturels - cultures occidentales/non-occidentales (Segall, Campbell et Herskovits, 1966) ; – « hypothèse du monde charpenté » : rectangles figures non rectangulaires perçues comme des représentations de formes rectangulaires vues en perspective s'explique par les caractéristiques visuelles des environnements respectifs des différents groupes. 30 (Licata & Heine, 2012) Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Transmission génétique Pour les psychologues évolutionnistes, certains de nos comportements sont explicables par la théorie de l'évolution (Darwin) : – des comportements procurant un avantage se rencontrent dans tous les groupes culturels (par exemple dans la compétition sexuelle) ; – les facteurs liés à la sélection naturelle peuvent être à l'origine de tendances comportementales transculturelles (pouvant se manifester de manière différente en fonction du contexte culturel). Il serait erroné d'opposer processus culturels et processus biologiques lorsque l'on tente d'expliquer le comportement humain car les deux sont étroitement liés (Berry et al., 2011) ; il serait important de prêter une attention à ce type d'explication (même critique). 31 (Licata & Heine, 2012) Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Transmission culturelle « L’ensemble du processus par lequel un individu, né avec une gamme de potentialités comportementales, est amené à développer un comportement confiné dans une gamme beaucoup plus réduite, la gamme de ce qui est coutumier et acceptable pour lui en fonction des normes de son groupe ». (Child, 1954) Processus par lequel un groupe culturel perpétue ses caractéristiques comportementales : il permet la prolongation intergénérationnelle ; se réalise essentiellement à travers l’éducation ; contribue à structurer tout groupe de la façon la plus large, la plus profonde et la plus durable ; spécifique à chaque société, il permet à chacun de se distinguer et d’affirmer une identité culturelle propre. 32 Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Transmission culturelle : formes du processus Endogroupe Exogroupe différentes modalités notamment en cas de contacts culturels Culture d’origine Culture étrangère Transmission oblique Transmission verticale Transmission oblique (autres adultes et (parents) (autres adultes et institutions) institutions) enculturation enculturation socialisation acculturation socialisation resocialisation Transmission horizontale Transmission horizontale (pairs) (pairs) développement enculturation acculturation socialisation psychologique resocialisation de l'individu 33 Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Transmission culturelle Mène à l’acquisition d’une compétence culturelle par les individus au fur et à mesure de leur passage de l’état de nourrisson à celui d’adulte : par des processus de transmission (enculturation et socialisation), l’enfant devient par étapes et intégrations successives un adulte adapté à sa société (Dasen, 2000). 1ers mois de la vie : transmission verticale prédominante et primordiale (nourrisson confiné à l’espace familial). Essentiel de la transmission ? Pas seulement… différences psychologiques notables entre enfants d’une même famille, développement différent des enfants d’un même environnement. Transmission horizontale : rôle déterminant (peu aisé de déterminer les comportements et attitudes des enfants qui relèvent de l’une ou l’autre de ces transmissions). Transmission oblique : apprentissage culturel tout au long de l’existence : passage à l’université, insertion dans le monde du travail… = acquisition de nouvelles normes. 34 (Plivard, 2014) Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Transmission culturelle « L’acceptation par le groupe (l’appartenance) passe par l’appropriation d’un savoir-être, défini culturellement, qui est rendue possible par les processus d’enculturation et de socialisation ». (Belkaïd et Guerraoui, 2003) Enculturation et socialisation étroitement liées, parfois amalgamées, mais deux processus différents. 35 Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Transmission culturelle Enculturation ? Appropriation par l'individu, tout au long de son existence, des éléments de culture au sein de laquelle il évolue en famille, par la scolarité, le culte et les modes de productions économiques. → Apprentissage sans enseignement délibéré, non volontaire, le plus souvent inconscient → processus passif. Les corps, les esprits et les dynamiques identitaires et psychosociales endogroupes prennent forme au cours de l'enculturation. 36 Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Transmission culturelle Socialisation ? Acquisition par l'individu des attitudes, des valeurs et des normes propres à un groupe social, en vue de s'approprier les statuts et les rôles qui lui sont prescrits et/ou qu'il convoite face à autrui au sein des divers groupes constitutifs de la société élargie. → Efforts délibérés, intentionnels, pour rendre le comportement « acceptable », conforme aux normes du groupe, issu d’une volonté d’éduquer → « enculturation active ». 2 grandes étapes (Berger et Luckmann, 1966) : - socialisation primaire (cellule familiale, puis école) ; - socialisation secondaire, plus diversifiée que la première et qui s’effectue par le biais d’agents socialisateurs liés aux relations sociales de l’individu (enrichissement du répertoire de normes, valeurs et rôles en transformant parfois ce qui a été acquis lors de la socialisation primaire). 37 Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Transmission culturelle Pour Camilleri (1989), l'enculturation (ou endoculturation) correspond aux processus par lesquels l'individu intériorise et s'approprie la culture de son groupe. Ce processus ne serait qu'une partie d'un autre plus général, la socialisation, où l'individu est confronté à l'ensemble des significations collectives issues de son groupe : – processus par lequel les individus, apprenant les modes d’agir et de penser de leur environnement, les intériorisant en les intégrant à leur personnalité, deviennent membres de groupes ou de collectivités au sein desquels ils acquièrent un statut spécifique (Ferréol & Jucquois, 2003) ; – ne pas confondre le système de significations collectives, durables et étendues avec « les séries de significations collectives, fluentes et sans lendemain que nous partageons à tout instant avec les personnes qui nous sont proches (famille, amis, concitoyens... ) » (Vinsonneau, 2000). 38 (Plivard, 2014) Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Transmission culturelle L'enculturation désigne le processus d'intériorisation du code culturel (valeurs, normes, règles, croyances) alors que la socialisation relève du processus par lequel l'individu trouve sa place dans les structures familiales et sociales de son groupe, nécessitant un ajustement permanent entre ses désirs et les exigences issues de ces structures. « Il sait comment se comporter et ce qu’on attend de lui. » 39 (Plivard, 2014) Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Acculturation « L'ensemble des phénomènes résultant du contact direct et continu entre des groupes d’individus de cultures différentes, avec des changements subséquents dans les types de culture originaux - modèles culturels initiaux - de l'un ou des deux groupes. » (Redfield, Linton et Herskovits - mémorandum du Social Science Research Council de 1936) A distinguer de (Cuche, 2004) : changement culturel : changement endogène possible par mécanismes internes (acculturation = changement exogène → pas les mêmes lois) ; assimilation : véritable déculturation, phase ultime (potentielle) du processus d'acculturation. Réserve de Camilleri (1989) : contact direct entre les groupes pas nécessaire ! → effets de la mondialisation des moyens de communication et des médias de masse (ex. : marché des loisirs saturé de produits nord-américains - produits cinématographiques et télévisuels, musiques, jeux vidéo…). 40 (Plivard, 2014) Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Acculturation Produit de la mixité et de l'interpénétration de cultures différentes en contact (adaptations, aménagements culturels, métissage…). Les modalités de l'acculturation sont variables : si la relation entre les groupes est asymétrique et s'apparente à de la domination (Camilleri, 1989), les « changements culturels » peuvent être plus soutenus et profonds chez les membres du groupe culturel minoritaire que chez ceux du groupe culturel dominant et majoritaire ; ≠ si les échanges sont réciproques et plus ou moins équilibrés. 41 (Plivard, 2014) Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Acculturation 5 paramètres à prendre en compte : son origine (endogène ou exogène), sa vitesse (rythme de réalisation), son étendue (selon le nombre de sous-systèmes impactés par la transformation), sa profondeur (selon la proximité du « noyau culturel » ou des éléments impactés ), sa « reliabilité » (selon que les produits de la transformation sont susceptibles de s'accorder au contexte). Un changement s'amorcera sous forme de crise avec une probabilité d'autant plus élevée qu'il sera exogène, rapide, étendu, profond et non reliable. 42 (Plivard, 2014) Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Acculturation … à contextualiser selon 3 critères (Bastide) : un critère politique, relatif à la manipulation ou non des réalités sociales (acculturation spontanée - sans contrôle de l'un ou l'autre des groupes -, organisée - volonté de façonner le groupe dominé à son image, pour son propre bénéfice -, ou planifiée - accord entre les groupes en présence ?) ; un critère culturel, relatif à l'homogénéité ou non des cultures en présence (écart différentiel entre les cultures ?) ; un critère social, relatif à la prise en compte du caractère ouvert ou clos d'une société (l’acculturation sera d'autant plus lente qu'une société est close). 43 (Plivard, 2014) Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Acculturation Les processus culturels sont ouverts et dynamiques : les cultures se construisent les unes au contact des autres ; le développement d'une culture est assujetti aux enjeux de pouvoirs et aux luttes sociales, une culture n'étant alors qu'un agencement provisoire (Barth, 1969). L’acculturation est un processus normal d'évolution et d'adaptation, qui n'est en aucune manière un processus de dégénérescence des cultures, et qui peut mener au progrès (Abdallah-Pretceille, 1999). 44 Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Individu ? Flèches remontant des caractéristiques psychologiques vers les variables d'arrière-plan ? Les êtres humains sont considérés comme des participants actifs des contextes sociaux et environnementaux dans lesquels ils vivent plutôt que comme les réceptacles passifs d’influences externes. Contre-pied du déterminisme principe d'interdépendance dynamique : – les croyances et valeurs contribuent à constituer l'environnement ; – l'adaptation du groupe contribue à constituer le contexte sociopolitique, mais aussi écologique, puisque l'Homme modifie son environnement. 45 (Licata & Heine, 2012 ; Plivard, 2014) Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Individu ? L’individu agit sur sa propre socialisation : pas seulement une pression exercée par les agents socialisateurs marge de manœuvre, liberté, liens sociaux préférentiels avec certains groupes plutôt qu’avec d’autres (Aïssani, 2003). Il imprime sa propre marque et se place en élément moteur de sa propre enculturation : pas modelé par la culture comme un objet. Le changement social reste possible : processus de transmission et d’acculturation ne se réduisant pas à une stricte reproduction sociale, tout en contribuant à la cohésion sociale. « C'est l'acculturation qui transforme les sociétés fermées en sociétés ouvertes » (Abdallah-Pretceille, 1999). 46 (Licata & Heine, 2012 ; Plivard, 2014) Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) prend en compte les différents modes d’adaptation et de transmission, culturels ou génétiques Contexte Influences écologique écologiques Comportements observables Adaptation biologique Transmission génétique Adaptation Transmission culturelle culturelle Contexte Caractéristiques sociopolitique inférées Acculturation VARIABLES VARIABLES CONTEXTUELLES VARIABLES DE PROCESSUS PSYCHOLOGIQUES (de fond, arrière-plan) (effets) Au niveau du groupe, Au niveau individuel de la population pour expliquer les comportements variés des individus 47 Psychologie(s) et cultures Le modèle écoculturel (Berry et al.) Dans ce modèle, la culture est donc considérée comme une « réponse fonctionnelle, (une) adaptation aux contextes écologique et sociopolitique, qui influence le comportement par l'intermédiaire des processus de transmission culturelle et d'acculturation » (Dasen, 1998). « … l’homme est un animal suspendu dans les toiles de signification qu’il a lui-même tissées, je tiens la culture pour être ces toiles… » (Geertz, 1973) 48