Histoire Des Faits Économiques Et Sociaux Licence I PDF
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Université Marien Ngouabi
2023
Bill-Denis Loubelo
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This document is a chapter from a university course on economic and social history, specifically focusing on the concept of the welfare state. The welfare state is defined as the intervention of the state in the social sphere through the security system. The chapter discusses different aspects of the welfare state, including its historical context, its role, and its significance.
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Chapitre 3 : État-providence, Inégalités et Trente glorieuses 2023-2024 UNIVERSITE MARIEN NGOUABI FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES DÉPARTEMENT DES LICENCES LICENCE I HISTOI...
Chapitre 3 : État-providence, Inégalités et Trente glorieuses 2023-2024 UNIVERSITE MARIEN NGOUABI FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES DÉPARTEMENT DES LICENCES LICENCE I HISTOIRE DES FAITS ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX Document IV Chapitre 04 : État-providence, Inégalités et Trente Glorieuses. Bill-Denis LOUBELO (Maître-Assistant, CAMES) Dr. Sacré Cloli ATSAMEKOU Dr. Jehu Ehud MODI Année académique 2023-2024 1 UMNG/FSE BILL-DENIS LOUBELO Chapitre 3 : État-providence, Inégalités et Trente glorieuses 2023-2024 Thème 01 : Le rôle économique et social de l’État Pendant très longtemps, l’État a eu pour fonction principale d’assurer la sécurité, intérieur et extérieur, de la nation. Les dépenses publiques étaient donc entièrement destinées à financer les trois activités correspondant à ce qu’on a appelé l’État- gendarme ou État-protecteur, à savoir le maintien de l’ordre (police), la justice et la défense nationale. Ces fonctions sont dites « régaliennes » (justice, armée, police). C’est au cours de la première moitié du XXe siècle que se développent les interventions économiques et sociales de l’État. Cette évolution correspond surtout à un changement des mentalités concernant le rôle de l’État. L’ampleur de la crise des années 1930 est telle que peu à peu s’impose l’idée d’un recours nécessaire à l’État pour soutenir l’activité économique. Après le second conflit mondial, les besoins de la reconstruction donnent une nouvelle impulsion au rôle économique de l’État alors que la création de la Sécurité sociale en 1945 instaure l’État-providence. 1.1. État-providence Ce terme est employé pour la première fois par le député Émile Olivier en 1870. L’État providence est dans un sens un strict et historique l’intervention de l’État dans le domaine social par l’intermédiaire de la Sécurité sociale, lequel vise à garantir un revenu aux personnes touchées par certains risques sociaux (accident du travail, maladie, chômage, vieillesse, etc.). Les assurances sociales sont apparues dès la fin XIXe siècle (en Allemagne, avec Bismark notamment), mais c’est véritablement en 1942, avec le rapport Beveridge qui organise le système britannique de sécurité sociale, qu’apparait l’État-providence, ce Welfare State (l’État de bien-être) désignant alors la responsabilité de l’État en matière de progrès social. Si l’État-providence correspond strictement au système de protection sociale (la crise de l’État-providence fait alors référence aux problèmes de financement des prestations sociales comme par exemples les retraites), cette notion est de plus en plus utilisée dans un sens large pour désigner les interventions économiques et sociales de l’État. Celle-ci continuent à se développer durant les années 1950 et 1960 et connaissent un regain avec la crise économique de 1973 (indemnisation du chômage, versement des préretraites par exemple). Il importe de faire la distinction entre les deux conceptions de l’État. La comptabilité nationale caractérise l’État au sens large avec le terme administration publique. Quant à l’État au sens strictes, ses recettes (impôts) et ses dépenses sont inscrites dans le budgets de l’État. Au sens larges, les interventions économique et sociales de l’État correspondent alors aux dépenses publiques portant sur ces domaines (subventions et aides économiques, allégements de charges sociales pour l’emploi de chômeurs par exemple) auxquelles s’ajoutent les prestations sociales (ce que les ménages reçoivent) de la sécurité sociale. 2 UMNG/FSE BILL-DENIS LOUBELO Chapitre 3 : État-providence, Inégalités et Trente glorieuses 2023-2024 Depuis une trentaine d’années, ce sont moins les dépenses publiques (budget de l’État au sens strict) que les dépenses liées à l’État-providence (la protection sociale) qui expliquent le développement du rôle économique et sociale de l’État (sens large des administrations publiques. L’État (sens strict du budget) et la protection sociale sont donc deux institutions différentes. Comment expliquer la croissance du rôle économique et social de l’État ? Parmi les nombreuses explications données au rôle croissant de l’État dans la vie économique et sociale, on peut mentionner celle de l’économiste allemand Wagner (loi de Wagner émise à la fin XIXe). Celui-ci a montré que les dépenses de l’État augmentaient plus rapidement que la production en raison des éléments suivants : l’amélioration du niveau de vie entraine un accroissement des dépenses consacrées à l’éducation ; le développement économique s’accompagne d’investissement très importants (infrastructures, recherche) ; enfin, la réglementation (dépenses d’administration générale) s’accroît avec l’industrialisation et l’urbanisation. Aujourd’hui, on peut résumer l’ensemble des interventions de l’État en trois grandes fonctions : ► production : production de biens et services comme la défense ou l’éducation nationale (biens collectifs), qui sont fournis gratuitement par les administrations publiques ; ► régulation : stabilisation économique, c’est-à-dire maintien de la demande globale au niveau désiré, étant donnée les autres variables économiques et les choix collectifs (politique économique) ; ► redistribution : versement des prestations en cas de maladie, accident, chômage, retraite, etc (État- providence), subventions aides aux entreprise. 1.2. Protection sociale La protection sociale est le système de prise en charge par la collectivité des conséquences d’un certain nombre de situation pénalisantes pour les individus en matière de niveau de vie. Ces situations sont en général qualifiées de risques sociaux : maladies, vieillesse, maternité, chômage, accident du travail, invalidité, pauvreté. D’un point de vue financier, la protection sociale repose sur le versement de prestations sociales à des ayants droit, qui sont les personnes concernées par la réalisation du risque social. Elle suppose par conséquent également de financement, ce financement étant assuré soit par des cotisations, soit par des impôts. La protection sociale désigne donc l’ensemble des instituions et mécanisme, fondés sur l’idée d’une solidarité nationale, qui garantissent des ressources aux individus placés dans des circonstances particulières (maladie, chômage, accident, famille, vieillesse). L’expression de Sécurité sociale, est synonyme de protection sociale mais elle désigne plus spécifiquement les organismes et les institutions qui gèrent la protection sociale. La notion d’assurance sociale, dont l’origine remonte aux première lois française de 1928 et 1930, correspond aussi à la protection sociale, mais elle met 3 UMNG/FSE BILL-DENIS LOUBELO Chapitre 3 : État-providence, Inégalités et Trente glorieuses 2023-2024 plutôt l’accent sur les mécanismes (les lois, la réglementation qui organisent le versement des ressources et décident des prélèvements). Enfin, l’État-providence est une notion d’origine historique qui désigne aussi, le système de protection sociale. La notion du modèle sociale désigne l’ensemble des règles et institutions organisant la protection sociale des individus et le marché du travail La notion de l’État-providence doit être maniée avec précaution en France, la protection sociale, est indépendante de l’État (au sens strict de l’administration et des ministres) ainsi que budget de l’État. En revanche, les organismes de Sécurité sociale constituent, avec l’État et les collectivités locales, ce que l’on nomme les administrations publiques. Concrètement, cette indépendance des institutions de protection sociale signifie que ce ne sont pas les impôts qui financent les dépenses de protection sociales (c’est-à-dire les prestations sociales versées), mais des prélèvements spécifiques, différents des impôts des agents économiques et qui s’appellent des cotisations sociales. Rappelons que les cotisations sociales et les impôts forment les prélèvements obligatoires. Cette présentation de la protection sociale doit cependant être quelque peu nuancée car certaines dépenses du budget de l’état (donc financées par l’impôt) correspondent de prestations sociales. Il s’agit par exemple du minimum vieillesse pour les personnes âgées sans ressources ou encore des allocations de chômages destinées à ceux qui n’ont pas versé de cotisation pour bénéficier de l’assurance chômage. Ces dépenses sociales de l’État correspondent au principe de l’assurance. La société reconnaît à chacun de ses membres le droit minimum de ressources même s’il pas cotisé auparavant. La plus grande partie du système de protection sociale repose donc sur le principe de l’assurance (on verse des cotisations pour percevoir des prestations si certains événements se réalisent). Les assurances sociales reposent sur un principe de solidarité (il s’agit d’une redistribution des actifs vers les inactifs, des biens portant vers les malades, etc.), ce qui entraine deux conséquences : les cotisations sociales sont calculées en fonctions des ressources des individus et non d’après le coût du risque (dans le cas contraire, les personnes âgées paieraient des cotisations exorbitantes tandis que les jeunes actifs moins souvent malades, ne verseraient presque rien) ; les prestations sociales versées sont calculées en fonction de ce coût de risque et non d’après les cotisations payées (dans le cas contraire un individus ayant peu de revenu et donc de faibles cotisations ne serait guère indemnisé en cas de problème grave). Les défis économiques et sociaux de la protection sociale correspondent aux trois défis décrit par Pierre Rosanvallon (1981) : ► Crise de financement : L’augmentation des recettes est structurellement moins rapide que celle des dépenses ; ► Crise d’efficacité : la protection sociale a de plus en plus de mal à faire face aux défis auxquels elle est confrontée, notamment avec l’augmentation du chômage et de la pauvreté ; ► Crise de légitimité avec la remise en cause de l’État-providence, la montée du libéralisme économique et la concurrence internationale. 4 UMNG/FSE BILL-DENIS LOUBELO Chapitre 3 : État-providence, Inégalités et Trente glorieuses 2023-2024 Thème 02 : Les inégalités économiques Depuis le début du XXe siècle, on constate une tendance à la baisse des inégalités économiques (revenu, patrimoine) au niveau mondial entre les pays, alors que les inégalités au sein d’un grand nombre de pays (développés ou en développement) tendent à augmenter. Les inégalités sont des écarts de ressources, de statuts, de conditions entre individus ou catégories sociales. Une inégalité ne doit pas être confondue avec une différence. Les différences constituent un ensemble de traits – naturels et/ou culturels – qui distingue des individus, des groupes sociaux ou des communautés sans que l’on puisse a priori les tenir inégaux : différences d’âges et de sexe, d’aspect physique (couleur de la peau ou des cheveux, taille) de valeurs et d’opinions, de normes et façon de faire). Une différence quelconque entre deux individus ou deux groupes d’individus devient une inégalité quand elle est traduite en termes d’avantages ou de désavantages par rapport à une échelle de valeurs. 2.1. Les différentes inégalités économiques 2.1.1. Les inégalités de revenu Le revenu est un flux de ressources issues directement ou indirectement de l’activité économique. Il est le plus souvent une ressource monétaire mais il peut correspondre à une ressource réelle (logement de fonction par exemple). On distingue les revenus primaires des revenus de transfert. Les premiers rémunèrent les facteurs de production travail et capital (salaires, intérêts, dividendes, loyers, revenus mixtes des travailleurs indépendants). Les revenus de transfert correspondent à des droits sociaux (santé, chômage, retraite) et se versent principalement sous la forme de prestations sociales. Les inégalités de revenu apparaissent lors de la distribution des revenus primaires, mais également après la redistribution des revenus de transfert. 2.1.2. Les inégalités de patrimoine Le patrimoine correspond à l’ensemble des avoirs, financiers ou non (une action ou un logement par exemple), et des dettes d’un agent économique. Les inégalités de patrimoine dépendent principalement de la concentration de la propriété. Cependant, elles ont des effets sur les inégalités de revenu car la propriété du patrimoine donne lieu au versement de revenus : intérêts, dividendes ou loyers par exemple. 2.2. Les différentes dimensions des inégalités 2.2.1. Les inégalités économiques Les inégalités de revenu et de patrimoine sont les principales formes d’inégalités économiques. Cependant, d’autres inégalités économiques sont constatées : l’accès à un emploi stable ou précaire, le chômage, la consommation, l’épargne. Au sens général, la pauvreté désigne l’incapacité pour un individu de satisfaire un certain nombre de besoin essentiel (alimentation, habillement, logement, santé, etc,). 5 UMNG/FSE BILL-DENIS LOUBELO Chapitre 3 : État-providence, Inégalités et Trente glorieuses 2023-2024 Sont considérés comme pauvre les personnes dont le ressources sont inférieurs un à un certain seuil. Par exemple, la banque mondiale fixe le seuil de pauvreté absolue à 1,25 dollar par jour. Les inégalités économiques englobent le phénomène de pauvreté monétaire. Est considérée comme pauvre en France toute personne ayant un revenu inférieur à 60 % du revenu médian. Ce seuil de pauvreté mesure une pauvreté relative dans le sens où elle évolue en fonction du revenu médian. La pauvreté absolue touche les personnes qui ne disposent pas des ressources qui leur permettent de satisfaire leurs besoins essentiels : se nourrir, se vêtir, se chauffer, se loger. Cette pauvreté peut être mesurée par un minimum vital. 2.2.2. Les inégalités sociales Les inégalités sociales sont des différences entre individus ou groupes sociaux portant sur des avantages ou des désavantages dans l’accès à des ressources socialement valorisées (la santé, l’obtention d’un diplôme qui favorise l’entrée dans une profession, l’accès à des fonctions politiques). Autant d’accès qui peuvent être différenciés entre hommes et femmes et selon les milieux sociaux 2.3. Les principaux outils de mesure des inégalités On distingue les outils statiques des outils dynamiques, ces derniers permettant de savoir si les inégalités sont héréditaires. 2.3.1. Les rapports inter-quantiles Pour mesurer les inégalités de revenu, on classe la population en tranches, les quantiles, en fonction de leur revenu. On mesure les inégalités de revenu en fonction du rapport de revenu entre ces tranches. Le rapport inter-quantile le plus utilisé est le rapport inter-décile. Le rapport du dernier décile D9 et du premier décile D1 (donc D9 / D1) évalue l’inégalité des revenus. On peut mesurer d’autres rapports inter-quantiles. Le rapport inter-centile mesure les écarts de revenu entre les 1 % les plus riches et les 1 % les plus pauvres. 2.3.2. La courbe de Lorenz et le coefficient de Gini La courbe de Lorenz est une représentation graphique permettant de visualiser la distribution d’une variable (patrimoine, revenu) au sein d’une population. Le plus souvent, pour construire la courbe, la population est divisée en déciles. Le coefficient de Gini est un indicateur synthétique d’inégalités de revenu. Il varie entre 0 et 1. Il est égal à 0 s’il y a égalité parfaite dans la distribution des revenus (tous les revenus sont égaux). Il est égal à 1 si un seul agent économique concentre l’ensemble des revenus. Entre 0 et 1, l’inégalité est d’autant plus forte que le coefficient de Gini est élevé. 6 UMNG/FSE BILL-DENIS LOUBELO Chapitre 3 : État-providence, Inégalités et Trente glorieuses 2023-2024 Thème 03 : Les inégalités de développement Le développement, est un phénomène qualitatif, irréversible et qui ne peut s’observer que sur une longue période. Le développement désigne l’ensemble des transformations structures démographique, économiques, sociales et culturelles qui accompagnent la croissance de la production. On insiste ici sur l’aspect structurel (industrialisation, urbanisation, salarisation, institutionnalisation, etc ) et qualitatif (transformation des mentalités, des comportements, etc.) de l’évolution de long terme. En premier sens traditionnel, le développement économique est une croissance du revenu par tête, durable ou auto-entretenue et largement diffusée dans les différentes couches de la population. En un deuxième sens, le développement est l’accession progressive de la population à la satisfaction de ses besoins fondamentaux ou plus simplement une réduction progressive et durable de pauvreté. En un troisième sens, il s’agit de l’amélioration des capacités humaines, ce qui a été clairement mis en relief par A. Sen (prix Nobel d’économie, 1998), et antérieurement en France, notamment par F.Perroux. Mais le développement peut être aussi conçu comme cette transformation de la société qui permet durablement et cumulativement la croissance du revenu moyen, la satisfaction des besoins fondamentaux, la réduction de la pauvreté, l’amélioration des capacités humaines. 3.1. Mesure des inégalités de développement On peut distinguer les indicateurs de richesse et les indicateurs de niveau de vie. Le PIB est un indicateur de richesse très imparfait, notamment parce qu’il ignore les coûts environnementaux comme la finalité des biens et services. C’est pourquoi la banque mondiale a récemment proposé de définir la richesse d’une nation non comme une variable de flux de production, mais comme une variable de stock de capitaux (capitaux liés à la nature, capitaux économique et ressources humaines mesurés par le niveau d’éducation et de nutrition) autorisant le développement d’une nation. Les indicateurs du niveau vie, montrent comment la croissance de la richesse des nations profite aux individus. La banque mondiale, a pour indicateur le PIB par habitant, mesure qui rencontre les mêmes limites que la notion du PIB. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a récemment proposé deux autres indicateurs l’IDH et l’IPH. L’indicateur de développement humain (IDH) est supposé mieux mesurer le processus complexe du développement que l’indicateur que l’indicateur du PNB par habitant de la banque mondiale. L’IDH est un indice composite, sans dimension, compris entre 0 et 1 et prend en compte trois indices quantifiant respectivement : ► la santé, mesurée par l’espérance de vie à la naissance ; ► le savoir ou le niveau d’éducation, mesuré par la durée moyenne de scolarisation pour les adultes de plus 25 ans et la durée attendue de scolarisation pour les enfants d’âge scolaire ; ► le niveau de vie mesuré à partir logarithme de revenu brut par habitant. 7 UMNG/FSE BILL-DENIS LOUBELO Chapitre 3 : État-providence, Inégalités et Trente glorieuses 2023-2024 L’IDH se veut être un outil de mesure commun aux différent pays pour rendre compte, mieux qu’un indicateur purement monétaire, de la dimension qualitative socio-économique. L’amélioration de l’IDH peut cachet cacher une répartition inégale des progrès réalisés ou la persistante de zones de pauvretés. En 1997, le PNUD a proposé un nouvel indicateur, l’indicateur de pauvreté humaine (IPH) fondé sur trois éléments : l’espérance vie, le niveau d’éducation et les conditions de vie, mesurées à partir des trois variables : l’accès au service de santé, l’accès à l’eau potable et la part des enfants de moins de 5 ans victimes de malnutritions. L’analyse de ces critères fait apparaître de fortes inégalités de développement dans le monde. Longtemps, on a opposé pays développés aux pays sous-développés. A la notion pays sous-développé on préfère l’expression pays en voie de développement (PVD) ou, plus simplement pays en développement. Aujourd’hui, les pays en développement (PED) ne forment plus un ensemble homogène car il existe aussi des entre eux de fortes inégalités. 3.2. Une typologie des pays en développement (PED) Face à une diversité des PED, les organisations internationales retiennent une classification de ces pays selon leur niveau de développement. On distingue : ► les nouveaux pays industriels (NPI). Ceux-ci correspondaient notamment aux quatre « dragons » d’Asie (Corée du Sud, Taïwan, Singapour et Hong Kong) ainsi qu’à quelques pays d’Amérique latine (Mexique, Brésil, Argentine). Les NPI se caractérisaient par les éléments suivants : un rythme de croissance économique très rapide, une part importante, par rapport aux PED, du secteur manufacturier dans le PNB, une part croissante des services, un degré d’ouverture sur l’extérieure très élevé (entre 60 et 70 %), des excédents commerciaux conséquent. Ce sont les filiales des entreprises multinationales qui sont à l’origine du développement des NPI, ces délocalisations étant destinées à profiter du faible niveau de salaire. La très forte croissance économique de tous ces pays et de quelques autres (Thaïlande, Indonésie, Chine notamment), les années 1990 a rendu caduque cette notion de NPI. L’ensemble de ces économies, situées en Asie, en Amérique latine ou Europe centrale, sont aujourd’hui qualifiées de « pays émergent ». Cette notion vise à caractériser leur important taux de croissance (entre 5 et 10 % par an) et leur intégration rapide à l’économie mondiale d’un point de vue commercial (exportations importantes) et financier (ouverture des marchés financiers aux capitaux extérieurs). ► Les pays de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) sont des pays dont au moins 30 % des exportations de marchandises sont constituées de ventes de pétroles et de gaz. ► les pays les moins avancé (PMA) regroupent les pays les plus défavorisés de la planète pour les quels des mesures particulières doivent être prises. Autour d’une 8 UMNG/FSE BILL-DENIS LOUBELO Chapitre 3 : État-providence, Inégalités et Trente glorieuses 2023-2024 cinquantaine, principalement en Afrique, les PMA se caractérisent par un faible niveau de revenu par habitant, un taux d’alphabétisation inférieur à 20 %, un très faible poids du secteur industriel (moins de 10 % du PNB) et des perspectives de développement extrêmement limitées. 3.3. Les causes des inégalités de développement ► Les facteurs naturels et démographiques. L’absence de richesses du sous-sol ainsi que les effets défavorables d’un climat tropical ont souvent été présentés comme des causes naturelles du sous- développement. Pourtant, certains pays ont réussi à combattre ces handicaps : Australie ou Sud des États-Unis pour les effets du climat, Japon pour l’absence de ressources naturelles, tandis que certains PED ne présentent pas ces handicaps. La forte croissance démographique ne constitue pas d’avantage une explication du phénomène car dans de nombreux pays d’Asie ou d’Amérique latine, la croissance de la population a accompagné et favorisé la croissance économique. ► La thèse du retard de développement Certains économiques considèrent le développement comme un processus linéaire, toutes les sociétés devant passer par les mêmes étapes du développement. Ainsi, Rostow, dans les étapes de la croissance économique (1960) décrit le passage des sociétés par cinq phases : la société traditionnelle, les conditions préalables au démarrage, le décollage, le progrès vers la maturité et l’ère de la consommation de masse. ► Le sous-développement, conséquence du développement. Le sous-développement correspond alors au bocage de croissance, selon l’expression de François Perroux, résultant de la domination des pays développés. Les sous- développement des un serait la conséquence du dépècement des autres. Plusieurs manifestations de ce processus sont ainsi mises en avant : - L’ « échange inégal » qui maintient les pays en développement dans la production de produits de bases (d’origine agricole et minière) et les condamne à servir de débouchés aux produits manufacturés des pays industrialisés ; - Le développement des cultures d’exportation réservées aux marchés étrangers (coton, arachides, tabac) aux dépens des cultures vivrières permettant d’améliorer le niveau de subsistance des populations ; - La dégradation des termes de l’échange qui appauvrit les PED puisqu’ils achètent de plus en plus cher des produits étrangers alors que les prix des produits qu’ils exportent eux-mêmes diminuent ; - Le développement du dualisme économique et social, c’est-à-dire la coupure, la fragmentation des structures économiques et sociales en deux groupes séparés 9 UMNG/FSE BILL-DENIS LOUBELO Chapitre 3 : État-providence, Inégalités et Trente glorieuses 2023-2024 (opposition entre un secteur moderne et un secteur traditionnel, dans l’agriculture comme dans l’industrie ; opposition entre les villes et les compagnes, etc.). ► Le rôle des institutions Les analyses du développement tendent aujourd’hui à accorder une place déterminante au cadre juridique et politique dans lequel les acteurs économiques réalisent leurs échanges. Le cas de la chine ainsi que l’exemple inverse de la plupart des pays d’Afrique montrent l’importance d’un Etat fort dans l’explication du développement ou du non développement. Néanmoins, même si Taïwan et la Corée du Nord ont aussi été caractérisés par un régime autoritaire fort lors de leur décollage, le cas de l’Inde, qui est la plus grande démocratie du monde (quoique très inégalitaire), et du Brésil témoignent de la compatibilité entre démocratie et développement. Le facteur essentiel se trouve, en définitive, dans la stabilité politique et dans la sécurité juridique des contrats passés entre les agents économiques (confiance, respect des contrats, institutions financières solides). En garantissant le fonctionnement normal des institutions, l’Etat joue un rôle central dans le développement. 10 UMNG/FSE BILL-DENIS LOUBELO Chapitre 3 : État-providence, Inégalités et Trente glorieuses 2023-2024 Thèmes 04 : Les Trente Glorieuses Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’Europe va connaitre une trentaine d’années (1945-1973) de forte croissance économique conjuguée à un faible taux de chômage. Les gouvernements prennent acte des erreurs passées et des politiques erronées menées au lendemain de la crise de 1929 pour mettre en place un capitaliste moins radical ou le secteur privé cohabite aux côtés du secteur public. Le développement de l’Etat providence repose sur une intervention croissante de l’Etat dans l’économie avec des nouvelles politiques en faveur de la relance conjoncturelle et de la redistribution. Sur le plan international, les gouvernements choisissent de coopérer et de développer les échanges internationaux. Ces deux actions contribueront à la croissance économique. Jean Fourastié (1979) a qualifié la croissance exceptionnelle des pays industrialisés qui débute à la fin de la seconde guerre mondiale de « Trente Glorieuses ». Cette période prendra fin avec le premier choc pétrolier. Pour la première fois, le model capitaliste n’a pas connu d’alternances cycliques composées de périodes d’expansion et de récession. Tout au long de ces trente années ; la croissance de la production a été très vive et le chômage était pratiquement absent. 4.1. Le dynamisme de l’activité économique Les années 1950-1973 se caractérisent par le dynamisme et la régularité de la croissance économique. Les tableaux ci-dessous font ressortir le caractère sans précédent des performances de croissance du PIB global et du PIB par tête. De telles performances dépassent très largement celle de la période 1870-1913 et contrastent avec la relative atonie des années 1913-1950. Les économies allemande et japonaise, sorties exsangues de la Seconde Guerre mondiale, connaissent un rétablissement spectaculaire comme le montrent les tableaux ci-après. Tableau 4.1. Taux de croissance du PIB 1820-1870 1870-1913 1913-1950 1950-1973 1973-1998 Royaume-Uni 2,05 1,90 1,19 2,93 2,00 France 1,27 1,63 1,15 5,05 2,10 Allemagne 2,01 2,83 0,30 5,68 1,76 Italie 1,24 1,94 1,49 5,64 2,28 Europe de l’Ouest 1,65 2,10 1,19 4,81 2,11 Japon 0,41 2,44 2,21 9,29 2,97 Source : d’après Maddison (2001) Le produit intérieur brut par habitant (ou PIB par tête) est la valeur du produit intérieur brut (PIB) réalisée dans une année sur un territoire donné (un pays ou une région) divisée par le nombre d’habitants de ce territoire. C’est un indicateur du niveau de développement d’un pays. 11 UMNG/FSE BILL-DENIS LOUBELO Chapitre 3 : État-providence, Inégalités et Trente glorieuses 2023-2024 Tableau 4.2. Taux de croissance du PIB 1820-1870 1870-1913 1913-1950 1950-1973 1973-1998 Royaume-Uni 1,26 1,01 0,92 2,44 1,79 France 0,85 1,45 1,12 4,05 1,61 Allemagne 1,09 1,63 0,17 5,02 1,60 Italie 0,59 1,26 0,85 4,95 2,07 Europe de l’Ouest 0,95 1,32 0,76 4,08 1,78 Japon 0,19 1,48 0,89 8,05 2,34 Source : d’après Maddison (2001) Dans la plupart de ces pays le dynamisme de la croissance permet d’atteindre un niveau de chômage extrêmement bas. Sur la période 1950-1973, le taux de chômage n’est en moyenne que de 2,6 % pour l’ensemble de l’Europe de l’Ouest et seulement de 1,6 % au Japon… Le chômage est au voisinage du taux frictionnel qui résulte du processus d’ajustement sur le marché du travail. Contrairement à certaines représentations tenaces, les années 1950-1970 ne sont pas des années d’inflation galopante : 2,3 % de moyenne annuelle seulement en RFA, 3,5 % en Italie, 4,9 % en France et au Japon. L’inflation ne s’accélère véritablement qu’au début des années 1970, sans d’ailleurs immédiatement se retourner contre l’activité. 4.2. Les facteurs de la croissance La croissance du PIB ne résulte pas pour l’essentiel d’un accroissement quantitatif du facteur travail. En France sur le période 1950-73 le nombre d’heures de travail stagne (autour de 37 900 millions par an). En Grande-Bretagne, en Allemagne et en Italie, il recule même légèrement. La croissance démographique est certes assez rapide sous l’impulsion d’un recul de la mortalité et d’un regain de la natalité à partir de 1946 (baby-boom) mais la croissance de la population active reste très modérée notamment du fait de l’allongement de la durée des études. La croissance est donc due à l’amélioration de la productivité du travail sous l’effet de plusieurs phénomènes. ► L’amélioration des niveaux moyens d’éducation et de formation apparaît déterminante. En Europe de l’Ouest, on assiste à une massification de l’enseignement secondaire et à une envolée des effectifs du supérieur. La part des dépenses consacrées à l’éducation augmente dans le budget des États et en volume les dépenses d’éducation sont accrues d’environ 10 % par an. ► L’intensification des transferts de main-d’œuvre de l’agriculture où elle reste relativement peu productive vers l’industrie contribue à expliquer structurellement la hausse de la productivité moyenne. Le fait que ce facteur joue peu dans le cas de la Grande-Bretagne peut expliquer une partie de son « déficit de croissance » vis-à- vis de pays d’Europe continentale comme le France ou l’Italie. 12 UMNG/FSE BILL-DENIS LOUBELO Chapitre 3 : État-providence, Inégalités et Trente glorieuses 2023-2024 ► L’Europe et le Japon bénéficient également d’un transfert de technologies américaines (sous forme d’achats de brevets et de licences). La plupart des innovations qui fondent la croissance des années 1950-1960 remontent d’ailleurs en réalité à la première moitié du XXe siècle aux États-Unis (électronique, pétrochimie, industrie aérospatiale…). ► Les États-Unis parviennent à conserver leur domination technologique durant les Trente Glorieuses grâce à d’importants moyens consacrés à la recherche et développement (industrie spatiale, pharmacie…) même si la croissance américaine est sur la période plus faible. ► La mise en œuvre des transferts de technologie s’accompagne d’un haut niveau d’investissement. Entre 1950 et 1970 le taux de Formation Brute Capital Fixe atteint des niveaux très élevés en Europe Occidentale (jusqu’à 25 % en RFA) et culmine au Japon à 30 % de moyenne. ► La stabilité financière favorise l’accumulation du capital : entre 1945 et 1973 les crises financières sont deux fois moins fréquentes que sur la période postérieure 1973- fin 1990. ► La stabilité politique est assurée sur la période et les institutions de l’État providence assurent une certaine paix sociale (sécurité de l’emploi, hausse des salaires avec l’ancienneté, progression des salaires réels, conventions collectives et plus largement forte protection des individus…). Les États conservent des marges de manœuvre de politiques économiques. Les politiques budgétaires, monétaires et de change permettent d’absorber les chocs et contribuent à la régularité de la croissance (relance Kennedy-Johnson aux États- Unis, plan Rueff et dévaluation du franc en 1969 en France…). 4.3. La réouverture des économies La réouverture commerciale des économies apparaît comme un trait marquant de la période. Depuis la fin des années 1940, le commerce international connaît une forte expansion. Le rebond de l’immédiat après-guerre est suivi d’une accélération continue, avec une croissance moyenne du volume des exportations mondiales de 6,1 % par an sur 1953-1958, 7,4 % sur 1958-1963, 8,3 % sur 1963-1968, 9,2 % sur 1968-1973, presque le double du taux de croissance (pourtant exceptionnel) du PIB mondial. Pour l’Europe occidentale le rapport exportations de marchandises sur PIB passe à prix constants de 9,3 % en 1950 à 15,9 % en 1970. La reprise du commerce international a devancé celle des investissements directs (notamment américains) dans les années 1960 et la libération des flux de capitaux au seuil des années 1980. 13 UMNG/FSE BILL-DENIS LOUBELO Chapitre 3 : État-providence, Inégalités et Trente glorieuses 2023-2024 Cette expansion du commerce est favorisée par la baisse continue des coûts de transport via le renforcement des infrastructures routières, le gigantisme du transport maritime ou encore l’intensification du trafic aérien. Le développement du commerce international exerce en théorie un effet positif sur la croissance mondiale par plusieurs canaux. ► L’argument le plus souvent avancé est celui de la spécialisation des économies à partir d’avantages comparatifs en termes de coûts de production. Cette spécialisation permet une économie globale de facteurs de production et partant un déplacement de la frontière de production. ► L’ouverture commerciale favorise également la diffusion internationale de l’innovation à travers les flux de services (brevets, licences…) et de marchandises (surtout les biens d’équipements). ► L’ouverture commerciale permet aussi l’exploitation d’économies d’échelle statiques et dynamiques à travers la constitution de grands marchés et l’allongement des séries produites. ► À travers l’intensification de la concurrence, l’ouverture commerciale constituerait enfin un facteur de rationalisation tous azimuts au sein des économies, un catalyseur de la croissance économique. Au niveau microéconomique en particulier, la concurrence commerciale accélère de facto la recherche de gains de productivité, l’effort d’adaptation à la demande, et sous certaines hypothèses le rythme de l’innovation (controverse sur le lien entre structure de marché et intensité de l’innovation). 4.4. Une croissance inflationniste et inégale selon les secteurs La seconde révolution agricole débute après-guerre. La productivité du travail est multipliée par 6 en France, contre 4 aux Etats- Unis sur la période. La croissance de la productivité moyenne dans l’agriculture est aussi forte que celle que connait l’industrie et s’établit à environ 6% entre 1950 et 1973. L’utilisation de machines agricoles et de tracteurs accroit la productivité des agriculteurs, tandis que les rendements bénéficient de l’usage généralisé d’engrais, de désherbants sélectifs et de nouveaux types de semence. L’agriculture s’« industrialise » et pour ce faire recourt massivement aux crédits bancaires. Pourtant, alors que la production agricole augmente, la demande de produits agricoles est assez stable et ne permet pas d’absorber toutes les productions. Des politiques agricoles sont alors mises en œuvre et visent à soutenir les prix des produits mais aussi à encourager, par des mesures financières, la réduction des surfaces cultivées (gel des terres). Ces politiques revêtent un caractère de plus en plus européen et l’instauration du fonds européen d’orientation agricole (FEOGA) à la suite du marché commun garantit aux agriculteurs des prix négociés. Les excédents agricoles accroissent les charges des 14 UMNG/FSE BILL-DENIS LOUBELO Chapitre 3 : État-providence, Inégalités et Trente glorieuses 2023-2024 budgets nationaux et européen et engendrent la mise en œuvre de politiques de quotas de production afin d’encadrer les volumes mis sur le marché. La production industrielle progresse très rapidement dans les secteurs porteurs de croissance, tels que les secteurs automobiles, électronique et pétrolier. Au contraire, les industries traditionnelles qui ont accompagné la première révolution industrielle (charbon, textile, métallurgie) connaissent une faible croissance de leur productivité et leur besoin en main-d’œuvre est stable. La concurrence de nouveaux producteurs internationaux tels que le japon ou l’inde dans le secteur textile et le japon dans le secteur automobile se fait plus vive. L’industrie automobile européenne et américaine connait alors les difficultés face à l’augmentation de l’offre de véhicules japonais de bonne qualité qui sont obtenus à des couts de production inférieurs. En France, les constructeurs opèrent des regroupements au cours des années 1970. La saturation des besoins des biens de consommation durable se fait sentir mais les innovations de produits, notamment dans l’électronique, et l’apparition de l’informatique continuent de soutenir les investissements. La croissance des Trente Glorieuses est inflationniste. Alors que le début du 19ème siècle jusqu’au premier conflit mondial, la hausse des prix était en moyenne de 0,25%, la période de forte croissance s’accompagne de la montée de l’inflation. L’absence de phase de récession et de crise s’explique par la réussite des politiques conjoncturelles contra-cycliques. Or, c’est précisément au cours des périodes de récession que les hausses de prix des périodes de croissance sont amorties, engendrant un trend d’inflation faible. Les cycles courts s’alternaient, les 4 ou 5 années d’expansion et de hausses des prix étaient suivies de 4 ou 5 ans de crise et de baisse de prix, à long terme les prix étaient stables. Les politiques de croissance et de plein d’emploi, d’après-guerre, en atténuant et en évinçant les phases d’ajustement par les prix favorisent l’augmentation continue des prix sans qu’ils ne connaissent de correction à la baisse. Il existe traditionnellement trois causes qui expliquent l’inflation, la période d’après-guerre les combine toutes les trois. - l’inflation par la demande : l’augmentation de la demande dans les secteurs porteurs ne pouvait être satisfaite immédiatement car l’offre ne pouvait réagir instantanément à cet accroissement. Les entreprises augmentaient leurs prix afin d’équilibrer le marché de leur produit. La demande était soutenue par une politique de hausse des revenus salariaux ; - l’inflation par les coûts est très visible à la suite des accords de Grenelle (1968) en France qui débouchement sur une hausse généralisée des rémunérations. L’inflation se déclenche lorsque les hausses de salaires dépassent la hausse de la productivité. La productivité est différente selon les secteurs tandis que les principes de justice sociale commandent une augmentation identique pour tous les secteurs. Le pouvoir des syndicats, à l’époque, explique les hausses de rémunération même dans 15 UMNG/FSE BILL-DENIS LOUBELO Chapitre 3 : État-providence, Inégalités et Trente glorieuses 2023-2024 les secteurs qui ne connaissent pas de gains de productivités. Ces hausses de salaire accroissent les coûts de production qui sont répercutés dans les prix de vente ; - L’inflation par la monnaie résulte des politiques monétaires expansionniste qui, en augmentant les liquidités dans l’économie, alimentent l’inflation par la demande. La théorie quantitative de la monnaie indique, quant à elle, que toutes choses étant égales par ailleurs, une hausse de la quantité de monnaie en circulation accroît le niveau d’inflation. 16 UMNG/FSE BILL-DENIS LOUBELO