Les MICI - UE1-EC1 - PDF
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CHRU Nancy
Prof : GUILLET-THIBAULT Julie
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Ce document présente une introduction aux maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI), en se focalisant sur la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique. Des informations sur l'épidémiologie et les facteurs potentiels sont abordés.
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05/11/2024 Prof : GUILLET-THIBAULT Julie Ronéo Scripteurs : Eva VELJKOVIC, Bellma SADIKU, Lauriane PIERSON et Aglaé THOMAS UE1-EC1 Les MICI I.Définition MICI = Maladies Inflammatoires Chroniques de l’Intestin Les deux plus fr...
05/11/2024 Prof : GUILLET-THIBAULT Julie Ronéo Scripteurs : Eva VELJKOVIC, Bellma SADIKU, Lauriane PIERSON et Aglaé THOMAS UE1-EC1 Les MICI I.Définition MICI = Maladies Inflammatoires Chroniques de l’Intestin Les deux plus fréquentes : Maladie de Crohn (MC) qui touche le tube digestif et principalement l’intestin grêle (IG). Dans le cas de la MC orale, qui est la première manifestation, on peut être amené à faire nous même un 1 diagnostic en tant que dentiste. er Rectocolite hémorragique (RCH) qui touche la partie terminale du TD notamment le gros intestin dans sa partie descendante et le rectum. Un point commun entre MC et RCH : inflammation d’une partie du tube digestif (TD) II. Épidémiologie Souvent diagnostiquées chez les jeunes de 20 à 30 ans, voire de plus en plus tôt pour la maladie de Crohn (à l’adolescence voire avant). Pic à 60 ans Les MICI touchent les hommes et les femmes, un peu plus les femmes. 15% des cas concernent les enfants (âge moyen de diagnostic entre 12-14 ans). Ce sont des pathologies des pays industrialisés, cela s’explique selon 2 hypothèses : 1. Parce que dans les autres pays sous-développés, il n’y pas de dépistage car ce n’est pas une priorité 2. Parce que c’est une maladie environnementale avec une fréquence augmentée due à l’exposition aux perturbateurs endocriniens et au type d’alimentation. En France : 5 nouveaux cas de maladie de Crohn /100 000 habitants 1 05/11/2024 Prof : GUILLET-THIBAULT Julie Ronéo Scripteurs : Eva VELJKOVIC, Bellma SADIKU, Lauriane PIERSON et Aglaé THOMAS UE1-EC1 III. Maladie de Crohn Décrite pour la 1 fois par Burril Crohn, médecin américain, en 1932 ère Maladie inflammatoire du TD pouvant aller de la bouche (maladie de Crohn oral) à l’anus (mais touche principalement l’IG). Elle peut intéresser simultanément ou successivement 1 ou plusieurs segments du tube digestif, par exemple très souvent le côlon et/ou iléon (entraînant des colites et/ou iléite) ⇒ les douleurs abdominales poussent à la recherche de cette maladie. Maladie chronique évolutive qui se manifeste par poussées : Phases d’activité = « poussées de Crohn », douloureuse, symptomatologique, gênantes au quotidien Phases de rémission (quiescence) +/- complètes et prolongées, pendant lesquelles les patients ont un « semblant de vie normale ». 2 05/11/2024 Prof : GUILLET-THIBAULT Julie Ronéo Scripteurs : Eva VELJKOVIC, Bellma SADIKU, Lauriane PIERSON et Aglaé THOMAS UE1-EC1 A. Épidémiologie de la maladie de Crohn Pathologie des pays riches et industrialisés +++ La MC touche : USA > Europe du Nord-Ouest > Australie > Afrique du Sud (très peu au Japon, pourtant un pays industrialisé, car l’alimentation est très différente) En France : Existence d’un gradient Nord-Sud : majorité dans le Nord (une des hypothèses expliquant ce phénomène est l’action protectrice potentielle d’un régime méditerranéen) La MC touche toute classe socio-économique. Données du registre EPIMAD (France) entre 1988-90 et 2006-7 : Augmentation de 30% de l’incidence dans la population générale Augmentation de 79% de l’incidence chez les 10- 19 ans ⇒ NB : Cette augmentation vient probablement du fait que l’on a plus recherché cette maladie. B. Étiologies de la maladie de Crohn Les étiologies sont mal connues mais on sait que : C’est une maladie auto-immune : le corps synthétise des anticorps contre sa propre muqueuse digestive = réponse immunitaire inappropriée Il existe des facteurs génétiques prédisposant (si 2 parents atteints de MC, 30 à 50% de risque d’avoir un enfant atteint de MC) Le tabac constitue un facteur de risque déclenchant et aggravant car il crée de l’inflammation. 3 05/11/2024 Prof : GUILLET-THIBAULT Julie Ronéo Scripteurs : Eva VELJKOVIC, Bellma SADIKU, Lauriane PIERSON et Aglaé THOMAS UE1-EC1 Facteurs psychologiques (stress) probablement en cause, les patients atteints ont souvent un profil psychologique particulier. Modification du microbiote = dysbiose (greffe fécale qui peut modifier le microbiote et qui peut permettre de guérir) (enfant qui a des antibiotiques avant 2 ans a plus de risque de développer une MICI) Facteur alimentaire est toujours évoqué mais jamais confirmé (sucres raffinés, carence en fibres...), ce qui expliquerait peut-être le gradient Nord-Sud de la France. C. Physiopathologies Actuellement, on suppose qu’il s’agit d’une maladie plurifactorielle. Hypothèses : Les facteurs environnementaux et favorisants Sur terrain génétiquement prédisposé (comme vu au-dessus) Entraînent une cascade de réaction Et aboutissent à l’apparition de la maladie La maladie de Crohn est une réponse immunitaire inadaptée. 4 05/11/2024 Prof : GUILLET-THIBAULT Julie Ronéo Scripteurs : Eva VELJKOVIC, Bellma SADIKU, Lauriane PIERSON et Aglaé THOMAS UE1-EC1 Dysbiose= anomalie du microbiote NB : Antibiotiques avant 2 ans : flore intestinale déréglée => prise antibio précoce pourrait être facteur de risque D. Clinique Douleurs abdominales importantes et peuvent être localisées ou diffuses. Diarrhée glairo-sanglante Signes d’occlusion à l’interrogatoire (Syndrome de Koenig) ; pas de selles pendant plusieurs jours et d’un seul coup des diarrhées profuses pendant plusieurs jours. ⇒ NB : il s’agit d’un signe évocateur, détectable à l’interrogatoire AEG = Altération de l’État Général (asthénie, anorexie (ici perte d’appétit, ne pas confondre avec l’anorexie mentale, amaigrissement) Fièvre (infections favorisées). Manifestations extra-intestinales : articulaires (arthrite), buccales, oculaires (uvéites), cutanées (érythèmes noueux). Particularités pédiatriques qui entraînent souvent un retard diagnostic fréquent : Douleurs abdominales souvent bénignes de l’enfant. Début insidieux (insidieux : adjectif qualifiant l’apparence bénigne d’une maladie masquant dans un premier temps la gravité réelle de cette dernière) Parfois plusieurs années s’écoulent avant le diagnostic. => Retard de croissance chez 40 à 50% des enfants, lorsque le diagnostic est tardif, parce qu’ils vont avoir des troubles d’absorption : stagnation croissance staturo-pondérale, une mauvaise alimentation à cause de la douleur, et fatalement des carences 5 05/11/2024 Prof : GUILLET-THIBAULT Julie Ronéo Scripteurs : Eva VELJKOVIC, Bellma SADIKU, Lauriane PIERSON et Aglaé THOMAS UE1-EC1 E. Lésions intestinales Photo la plus à gauche : aspect pavimenteux et gonflé de la muqueuse que l’on peut retrouver dans la bouche qui doit nous alerter : c’est un aspect pathologique de la MC. 2ème photo : cette lésion ressemble à un aphte, c’est également le type de muqueuse que l’on peut retrouver dans la bouche (mis à part cette lésion, le reste de la muqueuse a un aspect sain) F. Manifestations ano- périnéales Fissures anales Fistule anale Abcès anaux Fistule : trajet anarchique qui se crée en parallèle du conduit principal G. Manifestations extra-intestinales Fréquentes (15 à 48% des cas) Maladie de Crohn orale (MCO) Arthralgies Atteintes oculaires (uvéite, épisclérite) Atteintes cutanées (érythèmes noueux, pyoderma gangrenosum) 6 05/11/2024 Prof : GUILLET-THIBAULT Julie Ronéo Scripteurs : Eva VELJKOVIC, Bellma SADIKU, Lauriane PIERSON et Aglaé THOMAS UE1-EC1 PYODERMA GANGRENOSUM ERYTHÈME NOUEUX H. Manifestations buccales (IMPORTANT !) Les manifestations buccales peuvent précéder les signes intestinaux ⇒ rôle du dentiste important car, en principe, on effectue un examen buccodentaire chaque année contrairement à une coloscopie. Ces manifestations buccales permettent parfois un diagnostic précoce de la MC. Chéilite (inflammation de la lèvre) granulomateuse (lèvres gonflées et rouge avec impression de décollement et petits grains jaunes en surface notamment à la jonction cutanéo-muqueuse) Fissures et hyperplasie focale de la muqueuse buccale (lésions ailleurs que sur la linea alba = ligne à l’intérieur de la joue marquée par l’engrènement des deux arcades → morsures) Ulcérations linéaires profondes : ressemblent à un aphte linéaire, très souvent localisées dans le fond de vestibule Macrulite (hypertrophie gingivales inflammatoire) Lésions non spécifiques : ulcérations aphtoïdes (récidivantes), glossite, érythème péri-buccal... 7 05/11/2024 Prof : GUILLET-THIBAULT Julie Ronéo Scripteurs : Eva VELJKOVIC, Bellma SADIKU, Lauriane PIERSON et Aglaé THOMAS UE1-EC1 I. Diagnostic Endoscopie digestive (aspect macroscopique + biopsies) Vidéocapsule (caméra dans une gélule ingérée qui filme le TD) Entéro IRM = meilleur moyen pour détecter la MC (obtenir un rdv peut prendre énormément de temps pour un adulte mais beaucoup moins pour un enfant) Bilan biologique on fait une NFS (rechercher : leucopénie, anémie, PCR (protéine C réactive, et vitesse de sédimentation sont augmentées car marqueurs de l’inflammation mais non spécifiques) et CRP Possible dosage de la calprotectine fécale (protéine d’inflammation contenue dans les PNN), assez spécifique : augmentée en cas de poussée, < 150µg/g de selles en rémission J. Traitements 2 types : TTT permettant la mise en rémission : traitement de la poussée (soulager douleur) Enfant : traitement nutritionnel chez l’enfant (Modulen®) pour lui faire rattraper un peu son retard de croissance Adulte : corticothérapie à HAUTE DOSE ! Donc faire attention aux effets secondaires : risques= ostéoporose, diabète TTT de fond (car on ne guérit pas de la MC) : diminue la fréquence et la gravité des poussées Souvent un traitement immunosuppresseur (azathioprine : Imurel®), immunothérapie (anti TNFα : adalimumab : Humira®, infliximab : Remicade®) Chirurgie des complications : On ne guérit pas de la maladie de Crohn en faisant une résection de la portion digestive malade, puisqu’elle peut atteindre tous les segments : de la bouche à l’anus. On fait donc de la chirurgie uniquement pour traiter les complications. Abcès, fistules, Sténoses (réduction du tube intestinal) En cas de complications ou d’échec des TTT médicaux : possibilité de résection intestinale (en dernier recours) pour éviter la pire des complications : cancer NB : les complications ne surviennent presque jamais chez l’enfant et rarement chez le jeune adulte car les complications surviennent avec le temps. 8 05/11/2024 Prof : GUILLET-THIBAULT Julie Ronéo Scripteurs : Eva VELJKOVIC, Bellma SADIKU, Lauriane PIERSON et Aglaé THOMAS UE1-EC1 K. Maladie de Crohn et odontologie Place particulière du chirurgien-dentiste pour dépister les lésions orales Vigilance face aux traitements : Corticothérapie au long cours = immunosuppression, risque de diabète cortico induit Immunosuppresseurs, immunothérapie... engendre un risque infectieux plus élevé ⚠️ Si patient immunodéprimé : antibioprophylaxie pour les actes invasifs + exam bucco-dentaire 2 fois/an RAPPEL : antibiothérapie pour actes invasifs (= causant une bactériémie) chez l’adulte : - 2g amoxicilline 1h avant soin invasif - sinon en cas d’allergie : 600mg de clindamycine Nb : problème immunosuppresseur : peut ne plus fonctionner après un certain temps -> nécessité de changer le TTT Cf. Recommandations ANSM 2011 (www.ansm.sante.fr) : document très important à consulter, il distingue la population générale, les immunodéprimés et les personnes à risque d’endocardite infectieuse et établit des recommandations adaptées à chacune de ces populations.=> jusqu'à sortie des recommandations 2025 IV. Rectocolite hémorragique C’est une maladie auto-immune. Semblable à la maladie de Crohn, elle porte un nom différent car elle ne touche qu’une partie du TD contrairement à la MC qui peut se manifester à plusieurs endroits du TD. Elle est localisée au niveau du côlon (partiel ou total) et du rectum (toujours) : partie basse du tube digestif. Alternance de phases de poussée et de rémission TTT de fond = immunosuppresseur Différences avec la MC : L’anus et l’IG sont épargnés Tabac : facteur protecteur (elle l’a dit mais elle n’a pas d’explication) 9