Sociologie Séance TP - Izkor : Slaves of Memory (1991)

Document Details

IdolizedSunflower

Uploaded by IdolizedSunflower

UCLouvain Saint-Louis Bruxelles

Imane El Mouden

Tags

sociology film analysis memory history

Summary

This document contains lecture notes on a sociology class with detailed analysis of the 1991 film Izkor: Slaves of Memory by Eyal Sivan. The notes discuss the historical context of the film, including the Shoah and Israeli-Arab conflicts. It's an analysis of the film's portrayal of memory and its cultural significance.

Full Transcript

**Sociologie : séance TP** - **Séance 1 (23 SEPTEMBRE) : Projection de *Izkor : Slaves of Memory* (1991) d'Eyal Sivan -- 97 min** **[Les esclaves de la mémoire]** **Izkor, les esclaves de la mémoire\"** est un film documentaire réalisé par Eyal Sivan, sorti en 1990. Il traite du lien comple...

**Sociologie : séance TP** - **Séance 1 (23 SEPTEMBRE) : Projection de *Izkor : Slaves of Memory* (1991) d'Eyal Sivan -- 97 min** **[Les esclaves de la mémoire]** **Izkor, les esclaves de la mémoire\"** est un film documentaire réalisé par Eyal Sivan, sorti en 1990. Il traite du lien complexe entre la mémoire collective et l\'identité nationale en Israël, en se concentrant sur la commémoration de la Shoah et les guerres israélo-arabes. Le film explore la manière dont ces événements historiques sont intégrés dans l\'éducation des jeunes Israéliens et comment cette mémoire façonnée influence leur perception de l\'identité nationale et des conflits contemporains. Le film montre des élèves d\'écoles israéliennes dans des cérémonies de commémoration et interroge la façon dont la mémoire de l\'Holocauste est utilisée pour renforcer un sentiment de solidarité nationale, tout en questionnant les enjeux éthiques et politiques liés à cette instrumentalisation de l\'histoire. \"Izkor\" propose une réflexion critique sur la transmission de la mémoire collective et sur les conséquences qu\'elle peut avoir sur le présent et l\'avenir. Le documentaire a suscité des débats importants en Israël et à l\'étranger en raison de son approche sensible et controversée sur la façon dont un État peut utiliser l\'histoire et la mémoire pour influencer les générations futures Dans **\"Izkor, les esclaves de la mémoire\"**, la fête de Pâques (ou **Pessa\'h** en hébreu) est mentionnée, mais elle n\'est pas célébrée dans le film pour des raisons spirituelles ou religieuses comme dans la tradition juive classique. Pessa\'h commémore l\'exode des Hébreux d\'Égypte, symbolisant la libération de l\'esclavage. Elle est donc une fête liée à la mémoire collective du peuple juif. Dans le contexte du film, cette fête pourrait être interprétée comme une métaphore puissante qui interroge la relation entre mémoire et identité nationale.Le film se concentre sur la manière dont la mémoire est enseignée et utilisée dans le cadre de la formation nationale israélienne, et Pessa\'h, en tant que moment clé de la mémoire juive, pourrait illustrer comment des événements historiques sont récupérés et intégrés dans un discours national plus large. La célébration de Pessa\'h dans le film pourrait aussi refléter la façon dont certaines commémorations, telles que celles des guerres ou de l\'Holocauste, viennent se superposer à d\'autres traditions mémorielles plus anciennes, comme la libération des Hébreux d\'Égypte, pour forger une continuité identitaire forte. Nous etiens esclaves en egpyptes et nous sommes descendant des escalves des pharaon , le seigneur Dieu nous a fait sortir pas la force de sa main et si dieu nous avait pas sortit nous serons esclave du pharaons et nous seront encore esclave nous seront pas un peuple , mais le seul fait que dieu nous a sortis c'est ce que dieu nous a donner l'opportunité detre organiser en tant que peuple, d'avoir la liberté et l'indépendance de notre pays. La **Hagada** (ou **Haggadah**) est un texte juif qui est lu lors du **Seder de Pessa\'h**, la célébration de la Pâque juive. Elle raconte l\'**Exode** des Hébreux hors d\'Égypte, guidés par Moïse, et commémore la libération du peuple juif de l\'esclavage. Le mot \"Hagada\" signifie \"récit\" ou \"récitation\", et son objectif est de transmettre cette histoire fondamentale de génération en génération. La Hagada contient : - Le récit de la sortie d\'Égypte. - Des bénédictions et des prières. - Des psaumes et des chants traditionnels. - Des passages de la Torah et des Midrashim (interprétations rabbiniques). - Le rituel des 4 coupes de vin, qui symbolisent les 4 étapes de la rédemption, et la consommation des aliments symboliques (pain sans levain, herbes amères, etc.). Elle est conçue pour être un guide tout au long du Seder, qui est une cérémonie conviviale et interactive. Elle permet non seulement de se souvenir de l\'histoire, mais aussi de transmettre les valeurs de liberté, de justice et de solidarité. Chaque communauté juive peut avoir des variantes de la Haggada, mais l\'essence reste toujours la même : rappeler l\'importance de la libération du peuple juif de l\'oppression. La Shoah a renforcé la conscience de leur ascendance juive et de leur singularité, marquée par l\'extermination. L\'identité juive se transmet ainsi de génération en génération. En Égypte, lors de la période d\'esclavage des Hébreux, ce qui est symboliquement associé à quelque chose de \"salé\" ce sont les **larmes** des esclaves. Lors du Seder de Pessa\'h, pour rappeler la dureté de cette servitude, un aliment appelé **karpass** (généralement du persil, du céleri ou d\'autres légumes) est trempé dans de l\'eau salée avant d\'être consommé. L\'eau salée représente les larmes versées par les Hébreux pendant leur esclavage sous la domination égyptienne. Ce geste symbolique au cours du repas du Seder permet de se souvenir de la souffrance et de l\'oppression qu\'ils ont endurées avant leur libération. L\'idée de \"salé\" dans ce contexte est donc liée à cette image de la douleur, de la souffrance et des larmes, contrastant avec le message de liberté et de délivrance célébré lors de la Pâque juive Les **fils d\'Israël** furent un peuple qui s\'unissait **progressivement, individuellement**, forgeant ainsi leur identité collective. Leur histoire commence dans la **Torah**, un texte fondateur qui représente à la fois un **ensemble de lois**, une **foi**, et un **cadre de vie**. Ce texte servait de guide pour la communauté, aussi bien spirituellement que socialement, dans le **pays d\'Israël**. Ce peuple était **unifié** et non fragmenté, ce qui constitue une spécificité que l\'on appelle aujourd\'hui **\"juif\"**. L\'histoire et les traditions du **pays d\'Israël** sont au cœur de cette identité. Il s'identifie en fonction de ce qu'ils ont subit, cela fait partis de leur identité. Une famille juive, vue à la télévision, exprime une grande frustration et colère face à la situation de violence en Israël. « encore les arabes » **Oshic**, qui vient d'avoir 13 ans, cherche à en savoir plus sur les lieux où ses parents ont vécu avant la création d'Israël. Il explique que ses amis attribuent la responsabilité des conflits actuels aux Arabes, qu\'ils voient jeter des pierres et tenter de récupérer leur territoire. Ils perçoivent les Arabes comme des assassins qui veulent tous les tuer et créer leur propre État. Oshic est marqué par ce qu\'il retient de la Shoah : que les peuples ont souvent haï les Juifs et cherché leur mort, comme Hitler ou le pharaon de l'Exode, car ils les voyaient comme un peuple intelligent, particulièrement dans les domaines comme la médecine. À ses yeux, c'est pour cela que tant de Juifs ont été persécutés. Aujourd\'hui, Oshic pense que l\'on est perçu comme plus puissant lorsqu\'on possède une armée, ce qui, selon lui, expliquerait pourquoi certains cherchent à expulser les Juifs. Cependant, il ne désire pas mourir au combat. Il préfère servir son pays en tant qu\'infirmier ou cuisinier dans l\'armée, plutôt que d\'être envoyé dans les territoires occupés pour se battre. Il souhaite contribuer autrement à la défense d\'Israël. Pour lui, pendant la Shoah, les Juifs n\'étaient ni libres ni délivrés. C\'est le jour de l\'indépendance qui marque leur liberté. Cependant, il reconnaît qu\'aujourd\'hui, Israël impose sa volonté aux Arabes, et c\'est pour cela qu\'ils se battent. Il pense qu\'ils n\'ont pas raison de combattre, mais admet qu\'ils ont raison de vouloir être libres, tout comme les Juifs ont dû se battre pour leur propre liberté. Keren, 14 ans et demi, d\'origine marocaine, vit en Israël. Elle est en 4ème et a grandi dans ce pays. Elle explique que l\'éducation met souvent l\'accent sur les aspects négatifs de l\'histoire. Ses parents vivaient bien au Maroc, où les relations avec les Arabes étaient bonnes, contrairement à la situation actuelle en Israël, où la cohabitation est plus difficile. Selon elle, il est important de se souvenir des souffrances d\'Israël. Elle souhaite rejoindre l\'armée et faire carrière, estimant qu\'il est honorable de mourir pour la patrie. Pour elle, le peuple, la nation, et le pays sont ce qui permet de vivre aujourd\'hui. Elle compare cela à une sirène, un symbole qui renvoie constamment au passé et qui est souvent utilisé. Keren ajoute qu\'on commence l\'apprentissage de la Torah dès le plus jeune âge. Elle souligne que dès l\'enfance, on conditionne les jeunes à connaître l\'histoire des Juifs et leurs souffrances. \"Le sang juif crie vengeance,\" dit-elle, soulignant ainsi l\'importance de la mémoire collective Un **vieux monsieur** : partage ses réflexions sur la Shoah, rappelant que c'est une tragédie que les Juifs ont subie, et non qu\'ils ont infligée à d\'autres. Il souligne l\'importance de la mémoire, surtout lors de **Pâque**, qui coïncide souvent avec le **jour de l\'indépendance** en Israël. Il va jusqu\'à dire qu\'il serait légitime, selon lui, de tuer des réfugiés arabes, car des atrocités similaires ont été commises contre les Juifs par le passé. Il justifie cette position en disant que ce qui a été fait aux Juifs leur donne aujourd\'hui le droit de se défendre de la même manière. Il critique également le système éducatif, qui, selon lui, a perverti les esprits en n\'insistant pas sur les **valeurs nationalistes** ou la défense de la nation. Il regrette que l\'éducation ne mette pas assez l\'accent sur la capacité à résister aux agressions extérieures. Il se demande si l\'idée de **Frantz** -- que la voie qui mène à l\'humanité peut aussi mener à la **bestialité** -- reflète ce que le peuple allemand a suivi jusqu'au bout durant la Shoah.Pour lui il fait partie du public , il leur appartient , il fait partie de ce peuple/ Selon lui, l\'horreur de la Shoah n'a aucun sens, car elle échappe à toute compréhension rationnelle. Il conclut qu'il n'y a pas de leçon morale à en tirer, seulement une nature d'horreur incompréhensible. Pour lui, si les choses continuent ainsi, cela mènera à la **destruction d\'Israël**. Il estime que la **mémoire de la Shoah** est utilisée pour détourner les questions essentielles concernant les **valeurs**, la **nature** et les responsabilités du **peuple juif**. En se référant constamment à ce que cette mémoire collective leur a fait subir, on finit par utiliser cette tragédie pour justifier les actions présentes, comme si elle définissait la nature profonde du peuple juif. Il pense que c\'est un moyen pratique de détourner **tout devoir** et **toute responsabilité** en évitant de répondre aux questions difficiles. Puisque le peuple juif a subi la Shoah, cela semble l\'exonérer de ses actes actuels et de toute remise en question moral. Reviens la question de pourquoi nous avons fait un état sur les ruines de la shoah ? C'est des pionniers refugier qu'ils l'ont fait. - Ils versent de l'eau des arbres pour représenter les justes de la nation. - Visite de musée pour voir l'extermination à la chaine - Jour de l'indépendance va être célébré Les **Juifs des ghettos** font référence à des communautés juives qui vivaient dans des quartiers spécifiques, appelés **ghettos**, souvent sous des conditions imposées par les autorités locales ou occupantes. Historiquement, les ghettos ont été créés pour isoler les Juifs du reste de la population, en les forçant à vivre dans des zones fermées ou restreintes. Ces ghettos existaient dans plusieurs régions d'Europe, mais leur utilisation a été particulièrement marquante pendant la **Seconde Guerre mondiale** sous l'occupation nazie. Voici deux périodes marquantes liées aux **Juifs et aux ghettos** : 1. **Les ghettos médiévaux et de la Renaissance** : Dans certaines villes européennes à partir du Moyen Âge, des quartiers étaient désignés comme ghettos pour les Juifs. Ces quartiers étaient souvent séparés physiquement du reste de la ville, et les Juifs y vivaient sous des restrictions légales et économiques strictes. Le terme \"ghetto\" est apparu à Venise en 1516, quand les Juifs furent contraints de vivre dans un quartier spécifique de la ville. 2. **Les ghettos nazis pendant la Seconde Guerre mondiale** : Durant l'occupation nazie, de nombreux ghettos ont été créés dans les pays occupés d'Europe de l'Est, comme en Pologne et en Lituanie. Les Juifs étaient forcés de vivre dans des conditions extrêmement dures, souvent dans des espaces surpeuplés, privés de soins médicaux, de nourriture suffisante, et de liberté de mouvement. Les plus grands ghettos étaient celui de **Varsovie** et celui de **Łódź**. Ces ghettos servaient parfois de transition avant la déportation vers des camps de concentration ou d\'extermination. Les **Juifs des ghettos** étaient donc une population marginalisée et isolée, vivant sous des conditions très difficiles. Pendant la Shoah, la vie dans les ghettos nazis était marquée par la famine, la maladie et la violence, et ces ghettos faisaient partie du plan nazi visant à détruire la population juive européenne Symboliquement, le 15 mai 1948, des rescapés de la Shoah ont assisté à la création de l\'État d\'Israël. Si le but de l\'extermination était d\'anéantir le peuple juif, cela souligne l\'importance de leur survie. Sans la Shoah, on peut comprendre l\'existence d\'Israël, mais pour saisir pleinement sa signification, il est essentiel de connaître le passé et les souffrances endurées. La **Conférence de Biltmore** s\'est tenue à l\'hôtel Biltmore à New York en **mai 1942**, au milieu de la **Seconde Guerre mondiale**. Elle a rassemblé des leaders sionistes venus des États-Unis et d\'autres parties du monde pour discuter de l\'avenir du peuple juif et du projet sioniste en Palestine, alors sous mandat britannique. Cette conférence est importante parce qu\'elle marque un tournant dans les objectifs du mouvement sioniste. Avant cela, le sionisme visait surtout à promouvoir l\'immigration juive en Palestine et à développer des institutions juives sur place, sans formuler explicitement de revendication politique. Mais à la **Conférence de Biltmore**, les participants ont adopté une résolution beaucoup plus ambitieuse : **Objectifs clés de la Conférence de Biltmore :** 1. **Création d\'un État juif** en Palestine : La conférence a appelé à l\'établissement d\'un **État juif** indépendant, ce qui était la première fois que le mouvement sioniste formulait cette exigence aussi clairement. 2. **Immigration juive illimitée** : Les participants ont demandé l\'abolition des restrictions britanniques sur l\'immigration juive en Palestine, car elles empêchaient les Juifs européens, persécutés pendant la Shoah, de trouver refuge. 3. **Mobilisation du soutien américain** : L\'une des priorités de la conférence était de garantir le soutien des États-Unis au projet sioniste, en plus du Royaume-Uni, qui contrôlait la Palestine. Les dirigeants sionistes savaient que les États-Unis deviendraient une puissance dominante après la guerre. **Contexte :** La conférence a lieu dans le contexte de la Shoah, pendant que les Juifs d\'Europe sont exterminés par les nazis. Cet événement tragique a renforcé la conviction des sionistes que le peuple juif avait besoin d\'un État sûr, où il pourrait se défendre et prospérer. La **Conférence de Biltmore** est un moment clé parce qu\'elle a cristallisé le mouvement sioniste autour de l\'idée de la création d\'un État juif en Palestine. Elle a également marqué le début d\'une pression plus intense sur les Britanniques et la communauté internationale pour qu\'ils acceptent cette idée. La création de l\'État d\'Israël en 1948 est en partie l\'aboutissement des objectifs formulés lors de cette conférence. En résumé, la **Conférence de Biltmore** a renforcé le sionisme politique en faisant de la création d\'un État juif indépendant son objectif principal, une idée qui allait se réaliser six ans plus tard avec la fondation d\'Israël. Un jeune de 17 ans souhaite s\'engager dans l\'armée, prêt à combattre et à répondre aux attentes militaires. Pour lui, ce n'est pas un lavage de cerveau, mais plutôt un devoir de rendre hommage. Il estime qu'il doit se battre pour honorer ceux qui sont tombés avant lui. Les cérémonies sont perçues comme plus officielles. - **Défilé militaire** en hommage aux Juifs exterminés et aux soldats morts pour Israël. - **Commémoration des soldats israéliens** morts dans les conflits. **Critique de l\'interview :**\ On lui demande : \"Ne crains-tu pas de faire de ces jeunes des esclaves de la mémoire, de simples marionnettes ?\" Il répond que chacun a sa vie sociale, mais ajoute que l'unité et la cohésion sont essentielles pour cultiver l'esprit de l'école et de l'armée. Les soldats israéliens commémorés sont ceux morts dans les conflits contre les pays arabes - **Séance 2 (30 SEPTEMBRE) : Intervention de Michel Staszewski** **Intervenant : Michel Staszewski** - **Historien de formation**, membre de l\'Union progressiste juive de Belgique - Militant contre le racisme, l\'antisémitisme, et la xénophobie - Critique engagé de la politique d\'Israël depuis 50 ans, avec des proches vivant en Israël - A publié un livre : *Déconstruire entre mythes et préjugés* **Thèmes abordés :** 1. **Histoire, idéologie, et mythes** : Il souligne la confusion entre histoire, idéologie et mythe. L'un des enjeux de son livre et de son film est de réapprendre à distinguer les mythes des faits historiques. 2. **Film encore d'actualité** : Les célébrations d\'événements historiques sont souvent représentées de façon mythique. Cela pose problème pour comprendre la situation actuelle en Israël, car les médias et l'État israélien nous présentent une histoire mythique justifiant la création d\'Israël. **Déconstruction de plusieurs mythes historiques :** **1. Le mythe de l\'antisémitisme éternel :** L'idée que les Juifs ont toujours été persécutés est un mythe. En réalité, les persécutions dépendent du contexte historique et géographique. Par exemple, les persécutions sous les tsars russes et après la Seconde Guerre mondiale sont souvent exagérées pour renforcer l'idée d\'un antisémitisme constant. Ce mythe est comparable à celui des chrétiens persécutés, qui dépend aussi des périodes et des pays. - **Historique :**\ Le terme \"antisémitisme\" a été popularisé à la fin du 19ème siècle par Wilhelm Marr. Il a cristallisé une haine raciale envers les Juifs, différente de l\'antijudaïsme religieux. Ce mythe a été renforcé par des événements comme l\'**Affaire Dreyfus**, qui a montré l\'antisémitisme latent en France. **2. Le mythe de la haine entre musulmans et juifs :** Le mythe selon lequel les Juifs et les Musulmans se sont toujours détestés est faux. Bien qu\'il y ait eu des discriminations, notamment des impôts spécifiques pour les Juifs dans certains pays musulmans, il n\'y avait pas de haine généralisée. Cette coexistence a été plus tolérante comparée à l\'Europe chrétienne du Moyen Âge. - **Historique :**\ Sous les dynasties musulmanes comme les Almohades, des conversions forcées ont eu lieu, mais en général, les Juifs ont pu vivre et participer activement à la vie culturelle dans les sociétés musulmanes. **3. Le mythe de l'État d\'Israël comme refuge :** Israël a été conçu comme un refuge pour les Juifs persécutés, avec le soutien des grandes puissances (États-Unis et URSS). Cependant, cette conception est mythifiée. En réalité, une petite minorité de Juifs (environ 5 %) était présente en Palestine avant le mouvement sioniste. - **Historique :**\ La **Déclaration Balfour (1917)** a promis un \"foyer national\" pour les Juifs en Palestine, ce qui a contribué à l\'immigration juive. La création de l\'État d\'Israël en 1948, après le plan de partage de l\'ONU, a été l\'aboutissement de ce projet, mais au prix de la **Nakba**, l\'exil forcé de centaines de milliers de Palestiniens. **4. Le mythe de la civilisation judéo-chrétienne :** Ce mythe est récent et a émergé pour justifier la discrimination contre les Musulmans en opposant deux civilisations prétendument en conflit, alors qu\'il y a toujours eu une interaction entre les civilisations musulmane et chrétienne. **5. Le mythe que les Juifs du monde entier forment un seul peuple :** Ce mythe ignore la diversité des communautés juives à travers le monde. Tous les Juifs n\'ont pas toujours souhaité retourner en Palestine après leur exil supposé au 1er siècle après JC. Il y a eu des conversions locales qui expliquent la dispersion des Juifs à travers le monde. - **Historique :**\ Les conversions de Juifs à travers l\'histoire, notamment au Yémen, en Turquie, au Maroc, et dans le royaume des Khazars au 7ème siècle, montrent que la communauté juive est beaucoup plus diverse qu\'un peuple unifié. **Hypothèse sur les Palestiniens :** Michel Staszewski avance que la majorité des Palestiniens pourraient être les descendants des anciens Juifs d\'Israël. **Sionisme, antisionisme et antisémitisme :** - **Staszewski se positionne comme antisioniste**, mais distingue cela de l\'antisémitisme. - Pour lui, le sionisme n'a pas protégé les Juifs, et Israël n\'est pas un refuge depuis les événements du 7 octobre 2023. L'État a besoin d'une armée surdimensionnée pour survivre, ce qui alourdit le fardeau des jeunes Israéliens. **Critique de l\'occupation israélienne :** - **Colons israéliens** : Les colons qui prennent des terres palestiniennes sont souvent vus comme des agresseurs, justifiant ainsi la résistance des Palestiniens. La distinction est faite entre l\'antisémitisme et la haine de l\'occupant. - **Contexte des attaques du 7 octobre 2023** :\ Les conditions de vie à Gaza (sous-alimentation, manque d'électricité, d'eau potable) ont aggravé les tensions. Le 7 octobre, bien que des crimes de guerre aient été commis, ils sont souvent interprétés comme une haine envers l\'occupant israélien, et non comme de l\'antisémitisme. **Influence des lobbys pro-israéliens et voix dissidentes :** Les lobbys pro-israéliens, notamment aux États-Unis, influencent largement la politique étrangère, mais des voix juives critiques s'élèvent également. Il existe même des **chrétiens sionistes**, très nombreux et influents, qui soutiennent Israël. **Questions / Réponses de Michel Staszewski :** 1. **Pourquoi parle-t-on d\'antisémitisme alors que les Arabes sont aussi sémites ?** - Il reconnaît qu\'il s\'agit d\'une erreur de langage, mais cette notion est restée telle quelle dans l'usage. 2. **Le Hamas et la définition du terrorisme :** - Michel explique que l\'étiquetage du Hamas comme organisation terroriste a permis de justifier sa destruction, bien qu\'Israël ait négocié avec eux. Il critique la diabolisation des critiques d\'Israël en tant qu\'antisémites. 3. **Attaques contre les Palestiniens :** - Michel souligne que les Palestiniens ne sont pas attaqués parce qu'ils sont antisémites, mais parce qu'ils défendent leurs terres face aux colons israéliens. **Question clé posée :** \"**Est-ce que la déconstruction des mythes sur le sionisme et l\'antisémitisme pourrait aider à stopper les attaques d\'Israël, et comment faire face à l\'influence des lobbys qui les soutiennent ?**\" - Michel répond qu'il est essentiel de connaître l'histoire et les éléments juridiques pour formuler des revendications justes. Il critique la presse commerciale, souvent financée par des États, mais note qu\'il existe des voix dissidentes, y compris juives, contre les politiques d\'Israël. - **Séance 3 (7 OCTOBRE) : Projection de *Spaces of Exception* (2018)** **Réalisé par Malek Rasamny et Matt Peterson**\ **Durée : 90 minutes**\ Suivie d'une rencontre avec Malek Rasamny Le film *Spaces of Exception* est structuré en cinq chapitres et met en parallèle la situation des **réserves amérindiennes** aux États-Unis et des **camps de réfugiés palestiniens**. Il cherche à mieux comprendre le lien entre les communautés marginalisées et leur relation à la terre, ainsi que les conditions de vie difficiles auxquelles elles sont confrontées, tout en soulignant leur lutte pour la souveraineté. **Chapitre 1 : Réserves amérindiennes et oppression coloniale** **Contexte historique :** - **Pine Ridge**, une des réserves amérindiennes les plus pauvres et les plus grandes des États-Unis, est le site d'événements tragiques dans l'histoire des Lakota, notamment le **massacre de Wounded Knee** en 1890. Cet événement est souvent qualifié de génocide par les Lakota, car des militaires américains ont tué des centaines de femmes et d'enfants désarmés. Le film décrit Pine Ridge comme un camp de concentration à cause des conditions de vie précaires et du contrôle imposé par le gouvernement américain. **Les bisons et le génocide spirituel :** - Le film met en lumière la destruction systématique des bisons, qui représentaient une source essentielle de subsistance et d'identité pour les Lakota. Leur extermination par les colons a été une tactique de guerre destinée à affaiblir la résistance amérindienne. Pour les Lakota, la perte de ces animaux n\'était pas simplement économique mais aussi spirituelle. **Relation spirituelle à la terre :** - Pour les Lakota, la terre n'est pas seulement un bien matériel, mais un élément central de leur destin spirituel. Le film montre comment les Amérindiens se sentent prisonniers d'un système où l\'homme blanc leur impose d\'attendre des aides ou de faire la queue pour recevoir des services. Ils disent que \"l\'homme blanc veut faire croire que nous ne sommes qu\'un mythe\", en référence à leur marginalisation culturelle et politique. **Suicides et alcoolisme :** - L'alcool, introduit par les colons, est décrit comme un moyen de déstabilisation sociale, menant à une épidémie d'alcoolisme et de suicides dans la communauté Lakota. Le film fait un parallèle avec les théories de Durkheim sur le suicide, en soulignant l\'importance des liens sociaux dans la prévention du désespoir dans ces communautés. **Années 1970 à Pine Ridge :** - Durant cette période, plus de **76 meurtres** non résolus ont eu lieu à Pine Ridge dans le cadre de la répression contre l\'**American Indian Movement (AIM)**. Cette violence montre que l\'oppression coloniale a continué bien après l\'époque des massacres. **Symbolique du tambour :** - Un témoin dans le film explique que le tambour représente un lien avec leur patrimoine et leur résistance culturelle. C'est un symbole d'unité et de mémoire, permettant aux jeunes de rester connectés à leurs racines malgré les efforts du gouvernement américain pour les assimiler. **Chapitre 2 : Camps de réfugiés palestiniens** **Contexte historique :** - Le **camp de Balata**, situé en Cisjordanie près de Naplouse, a été créé en 1951 pour abriter des réfugiés palestiniens chassés de leurs terres lors de la **Nakba** de 1948, après la création de l'État d\'Israël. Le film montre comment ces camps, initialement construits pour accueillir 5 000 personnes, abritent aujourd'hui jusqu\'à 30 000 réfugiés dans des conditions de vie extrêmement denses et précaires. **Chômage et précarité :** - Les taux de chômage dans le camp de Balata atteignent 60 %, et beaucoup de familles vivent dans une extrême pauvreté. Les résidents n\'ont souvent pas reçu leurs salaires depuis des mois, et l\'occupation israélienne continue de rendre la situation intenable en réduisant toute discussion sur la question des réfugiés palestiniens. Les camps deviennent des bastions de la résistance, notamment pendant la **seconde Intifada (2000-2005)**. **Vie sous occupation :** - Les témoignages dans le film décrivent la frustration des Palestiniens face à l\'occupation israélienne. Ils se battent pour leur survie dans des conditions de plus en plus difficiles, tout en rêvant de liberté et de sécurité. Cependant, beaucoup reconnaissent que leur situation continue d'empirer. Les jeunes du camp sont souvent confrontés à des arrestations arbitraires et à la violence de l'armée israélienne. **Métaphore de la mariée :** - Les Palestiniens utilisent une métaphore dans le film pour illustrer leur relation à la terre : \"La mariée est belle, mais elle est avec un autre homme\", symbolisant le désir inassouvi de retourner sur leur terre, qui reste occupée. **Chapitre 3 : Les Iroquois et leur lutte pour la souveraineté** **Contexte historique :** - Les **Iroquois**, aussi appelés les **\"cinq nations\"**, sont une des confédérations amérindiennes les plus puissantes d'Amérique du Nord. Ils sont installés à la frontière entre le Canada et les États-Unis. Le film raconte comment ils ont perdu leur souveraineté à travers la violation de nombreux traités, notamment celui de **1942**, mais continuent de se battre pour leur autonomie. **La maison longue :** - La \"maison longue\" est un symbole central dans la culture iroquoise, représentant la communauté et la famille. Elle incarne l\'idée d'unité et de paix, et les Iroquois se voient comme des gardiens de cet héritage, même face à la modernité. **Violations des traités et CIA :** - Les Iroquois accusent les États-Unis et le Canada de continuer à violer leurs droits souverains. Ils estiment que des agents comme la **CIA** sont envoyés pour manipuler et détruire leur esprit communautaire. Le film montre comment les Iroquois refusent de se soumettre à l\'autorité des deux nations, se considérant toujours comme un peuple à part. **Chapitre 4 : Réfugiés palestiniens au Liban** **Contexte historique :** - Après la **Nakba** de 1948, des centaines de milliers de Palestiniens ont fui vers le Liban, où ils vivent encore aujourd\'hui dans des camps de réfugiés, notamment à **Beyrouth**. Ces réfugiés sont privés de droits civiques et sociaux, et vivent dans des conditions extrêmement précaires, soumis à des restrictions sévères sur la construction de logements et sur l\'accès à l\'emploi. **Vie sous contraintes :** - Wafa Hussein, une réfugiée palestinienne vivant dans un camp à Beyrouth, décrit les conditions de vie dans ces camps comme une \"guerre d'existence\". Le camp est devenu de plus en plus exigu, et les réfugiés n\'ont pas accès à des services de base comme l\'électricité ou les soins de santé. **Souffrances intergénérationnelles :** - Les Palestiniens du camp vivent dans l\'espoir de retourner un jour en Palestine, bien que beaucoup d\'entre eux reconnaissent que ce rêve est de plus en plus difficile à réaliser. Ils sont un peuple éduqué et tourné vers l'avenir, mais les restrictions libanaises rendent leur vie très difficile. L'**UNRWA**, l\'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, fournit une aide mais n'arrive pas toujours à répondre à tous les besoins, et des maladies comme la thalassémie sont courantes dans les camps. **Chapitre 5 : Les Navajos et l'exploitation de leurs terres** **Contexte historique :** - Le film se penche ensuite sur la communauté des **Navajos** à **Black Mesa** en Arizona, qui subit les conséquences de l\'exploitation des ressources naturelles, notamment l\'uranium et le charbon. Depuis les années 1960, des entreprises exploitent ces terres sans le consentement des Navajos, provoquant des déplacements forcés de milliers de familles. **Santé publique et désastre environnemental :** - Les Navajos sont confrontés à de nombreux problèmes de santé (asthme, maladies respiratoires et cardiaques) en raison de la pollution générée par les mines et les centrales nucléaires. Le film montre comment leur culture et leur langue sont menacées, car ils sont contraints d'abandonner leur mode de vie traditionnel pour survivre. **Résistance culturelle :** - Malgré cela, les Navajos continuent de résister en transmettant leur culture et leur langue. Ils refusent de disparaître malgré les pressions du gouvernement et des entreprises. Le film souligne l\'importance de la résistance culturelle pour les Navajos, qui voient leur survie liée à la préservation de leur héritage. **Conclusion du film :** Le film *Spaces of Exception* montre comment les Amérindiens et les Palestiniens sont tous deux enfermés dans des \"espaces d\'exception\", des lieux où leur souveraineté est niée et où leur existence même est un acte de résistance. Les deux communautés partagent une histoire de dépossession et de marginalisation, mais elles continuent de se battre pour leur droit à l\'autodétermination. Comme le dit un homme du camp de Balata : \"Nous sommes, grâce à Dieu, comme les montagnes. Jamais secoués par le vent.\" **[Question/Réponses]** 1. **Comment le film a-t-il été reçu et comment la comparaison a-t-elle été faite ?**\ Le film *Spaces of Exception* a été bien accueilli pour sa capacité à établir un parallèle entre les Amérindiens et les Palestiniens, deux peuples opprimés par des systèmes coloniaux. La comparaison repose sur deux points principaux : le processus de génocide à long terme (via la marginalisation, l\'expropriation et l\'oppression) et l'utilisation de l'espace et du temps pour contrôler ces populations. Ces communautés sont emprisonnées dans des espaces confinés (réserves et camps), tandis que leur avenir reste incertain, marquant une oppression continue sur plusieurs générations. Les livres, les reportages participent à cette mémoire a. **Quelles sont les deux principales similarités entre les deux situations ?**\ Les deux principales similarités entre les Amérindiens et les Palestiniens sont : b. **La dépossession de la terre** : Les deux peuples ont été déplacés de force de leurs terres ancestrales. Les Amérindiens ont été confinés dans des réserves, et les Palestiniens dans des camps de réfugiés. c. **Le contrôle sur l'espace et le temps** : Les réserves et les camps limitent la mobilité physique et enferment ces communautés dans des cycles de pauvreté et de précarité, les empêchant de reconstruire leur avenir de manière indépendante. 3. **Pourquoi la situation au Liban et en Palestine s'est-elle détériorée ?**\ La situation s'est détériorée à cause de plusieurs facteurs : la guerre civile libanaise (1975-1990), qui a laissé le pays politiquement instable ; l'absence de droits civiques pour les réfugiés palestiniens au Liban, exacerbant la pauvreté et l\'exclusion ; et l\'occupation israélienne des territoires palestiniens depuis 1967. En Palestine, l\'occupation militaire et la colonisation israélienne, ainsi que l\'absence d\'une solution politique viable, ont aggravé la situation, emprisonnant les Palestiniens dans un cycle de violence, de pauvreté et de répression 4. **Pourquoi les États-Unis refusent-ils de reconnaître pleinement les droits des peuples autochtones alors qu\'ils se positionnent publiquement contre la colonisation ?** 5. **Les martyrs sont souvent considérés comme des super-guerriers, mais est-ce que toute personne qui meurt dans un camp de réfugiés est automatiquement un martyr en raison de leur acte de résistance, ou seulement ceux qui ont activement participé à des actions de résistance ?**

Use Quizgecko on...
Browser
Browser