Lectures pour la séance 8 - Petrocratia - Timothy Mitchell

Lectures pour la séance 8 : *Chapitre 1 de Petrocratia de Timothy Mitchell :* Soleil souterrains Démocratie de masse et combustibles fossiles = phénomènes récents et qui s'entrelacent. 1^er^ lien : les combustibles fossiles ont permis une réorganisation des systèmes énergétiques , et en conjonct...

Lectures pour la séance 8 : *Chapitre 1 de Petrocratia de Timothy Mitchell :* Soleil souterrains Démocratie de masse et combustibles fossiles = phénomènes récents et qui s'entrelacent. 1^er^ lien : les combustibles fossiles ont permis une réorganisation des systèmes énergétiques , et en conjonction avec d'autres mutations, cette réorganisation a permis les nouvelles formes de vie collective et notamment la politique de masse (fin du XIXe). Il y a 200 ans l'énergie principale était le soleil, permet de cultiver des champs de céréales mais aussi d'entretenir des prés d'herbes pour élever des animaux... mais aussi énergie éolienne et hydraulique. 1800 : les énergies renouvelables sont rapidement remplacées par l'énergie solaire souterraine (les dépôts de carbone formés il y a 150 à 350 milliards d'années) Le développement du charbon engendra un accroissement de la force motrice, bouleversant les relations humaines dans l'espace et le temps et favorisant l'émergence de mouvements politiques de masse. (GB : force motrice multiplié par 13 entre 1800 et 1870 puis X presque 5 entre 1870 et 1907). Dans l'espace : Conversion de l'énergie solaire en vue d'une utilisation humaine demandait de grande quantité de terre (champs, fleuves,forêts). Cela favorisait alors des des formes d'habitats dispersées, aux abords de ces différents espaces. Dans le temps : La production énergétique dépendait des cycles de culture, de la durée de vie des animaux et du temps nécessaire au renouvellement des espaces. Le charbon et le pétrole ont rendu disponible une quantité d'énergie équivalant à des décennies de croissance organique ainsi que d'immenses quantités de biomasse, et facilement transportables (ex : 1L d'essence actuelle = 25 tonnes de ressources marines). Les populations ne dépendent alors plus de vastes étendues de terre et peuvent ainsi libérer les territoires (ex : en GB charbon = libération d'un territoire équivalant à la surface du pays). Ainsi, une majorité de la population pouvait désormais se concentrer dans les villes, dont la taille n'était plus limitée par les anciennes contraintes énergétiques. Le remplacement des énergies renouvelables par le charbon explique en grande partie la « Grande Divergence » après 1800 entre le NO de l'Europe et l'Asie + Proche-Orient. L'industrie moderne se développant dans les régions où les voies fluviales rendaient le charbon facile d'accès. Par ailleurs, ces formes de concentration (d'E thermique et mécanique) et de proximité se combinèrent à un mouvement d'expansion mondiale mondiale et de contrôle à distance. En effet, la production de certaines matières premières industrielles (ex : coton) reposait toujours sur l'E solaire, nécessitant donc de quantités croissantes de territoires pour produire les matérieux à transformer. Pour l'auteur donc l'industrialisation repose sur une transformation agraire et coloniale plus qu'un phénomène urbain. Car le charbon dégage de l'espace. Et le colonialisme est un autre phénomène permettant d'acquérir de nouveaux espaces et ainsi d'augmenter la production fondée sur l'énergie solaire (sucre, coton,...). Pour Kenneth Pomeranz l'industrialisation de l'Europe supposait de nouveaux modes de gestion des populations coloniales : les empêcher de produire les biens nécessaires à leur propre subsistance pour fournir leur production à l'Europe. Mais aussi les empêcher d'imiter les productions européennes. Cela s'est fait au travers de la dépossession des populations locales et de l'esclavage ou encore par un régime de PP. Ainsi l'Europe détenait des quantités de terres suffisantes pour une production de masse fondée sur le charbon et concentrée dans les villes. C'est ainsi, grâce à la forte concentration de la population dans les villes, que la mobilisation de nouvelles forces politiques fut rendue possible et ouvrant donc l'« ère de la démocratisation » (Eric Hobsbawm).