Présentation sur l'Anxiété et l'Attention Sélective PDF
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Université de Genève
Grazia Ceschi
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Ce document traite de l'attention sélective et de l'anxiété, en explorant les modèles théoriques et les données empiriques liées au sujet. Différentes définitions et explications sont fournies sur les concepts d'anxiété trait, anxiété état, stress, angoisse, et neuroticisme. Le document inclut également des informations sur les conséquences et l'évaluation de l'anxiété. L'approche cognitive de l'anxiété selon Beck est abordée et des études empiriques reliées au biais d'attention sélective sont présentées.
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Attention sélective et anxiété : Modèles théoriques, données empiriques Grazia Ceschi...
Attention sélective et anxiété : Modèles théoriques, données empiriques Grazia Ceschi Psychopathologie Cognitive Mercredi 20 novembre 2024 MR 380 1 Bonjour l’angoisse ! Définitions Peur ? Anxiété-trait ? Anxiété-état ? Stress ? Angoisse ? Neuroticisme ? TAG ? Conséquences Evaluation Positives ? Normale ? Négatives ? Pathologique ? Différents concepts (définitions) dans le terme poubelle de l’anxiété, avec un même construit psychologique. Angoisse = Peurs profondes (abandon,…), anxiété,… Terme langage courant, anxiété dans le DSM-5. Changement de terme = volonté 2 de changer de cadre théorique (psychianalyse —> psycho contemporaine). Le neuroticisme est une prédisposition caractérielle qui est très corrélée au terme de l’anxiété « trait » (de personnalité). L’anxiété trait est un terme utilisé en psycho clinique alors que neuroticisme est utilisé dans psycho de la personnalité, mais =. TAG: diagnostic DSM en psycho clinique pour le trouble de l’anxiété généralisée. Stress: cadre théorique de psycho affective (versant non-clinique des émotions) = anxiété-état en psychopatho (réponse adaptative à un événement/stresseur, « un événement environnemental non-partagé » en lien avec le circuit de la peur comme dans le PTSD). Anxiété: Processus psychologique qui varie du normal au pathologique selon une frontière de sévérité (selon DSM, réponse adaptative non-adaptée, donc 1 fonctionnement quotidien altéré, durée prolongée (durée + sévérité). Conséquences positives sont d’être prévenu du danger (attention, le feu ça brûle). Forme de pensée focalisée sur le futur alors que dépression est une évaluation cognitive projetée sur le passé - dans les 2 cas, pas tjr (au présent, ex: phobie) Incidence Plus d’1 personne sur 4 (en 2005) ou sur 3 (en 2015) de la population générale souffrira d’au moins un trouble anxieux pendant sa vie. 2005: 25.0 % (Kessler et al., 2005) 2015: 33.7 % (Bandelow & Michaelis, 2015) Pourcentage substantiel de sous-diagnostic et sous-traitement de ces troubles : démontré (Bandelow & Michaelis, 2015) Borwin Bandelow, MD, PhD; Sophie Michaelis, MD (2015). Epidemiology of anxiety disorders in the 21st century. Dialogues in Clinical Neuroscience, 17(3) 327-335. Chiffres basés sur une sous-représentation 3 car sous-diagnostic + sous-traitement —> Réponse comportementale adaptative à l’anxiété est l’évitement, donc la plupart de consultent pas, parfois déni etc. Chez bcp, pensent que c’est un fonctionnement normal car toute la famille est comme ça donc on ne se fait pas de soucis même pour ses propres enfants (ceux qui sont bizarres ce sont les personnes « légères » qui ne prennent pas les dispositions nécessaires). Très peu de personnes anxieuses en psychiatrie (+ femmes que d’hommes) —> Plutôt chez le généraliste pour des troubles somatophormes du style insomnies, difficultés à se concentrer… Le médecin prescrit des médicaments qui génèrent une dépendance (ex: somnifères, bendodiazémines) alors qu’une prescription de TCC fonctionnerait mieux (inconvénients : + honéreux en argent + temps). Apparition des troubles anxieux 25 % 50 % 75 % Age [années] Trouble anxieux 6 11 21 Phobie spécifique 5 7 12 Anxiété de séparation 6 7 10 Anxiété Sociale 8 13 15 Agoraphobie sans troubles paniques 13 20 33 Trouble panique 16 24 40 TAG 20 31 47 Kessler et al., Arch. Gen. Psychiatry, 2005, 62, 593-602 Trouble qui se présente 4de manière très précoce, c’est l’une des raisons de sa banalisation (surtout anxiété sociale, phobies comme monstres, 7 ans +-). Un peu plus tard peut se présenter le trouble d’anxiété généralisée (50% des cas avant 31 ans) et qui devient très souvent chronique. TAG ratio femmes d’âge mûre/hommes de 2/1. 2 Etiologie multi-factorielle Twenge, JM, (2000).The age of anxiety. Birth cohort change in anxiety and neuroticism, 1952-1993. JPSP, 79, 1007-1021. Pourcentage de variance expliquée Facteurs génétiques 39% 31% Facteurs familiaux 10% Facteurs socio-culturels (effet de cohorte) 20% Autre 1950 1990 : + 1 sd Diminution connectivité sociale (divorces, etc) Augmentation catastrophes sociales, naturelles, techniques (chômage, etc.) ANXIÉTÉ-ÉTAT 1950-1990 5 La plupart des patients expliquent que leur anxiété proviennent de leur famille alors que c’est un facteurs expliquant que 10% de la variance totale de l’anxiété, donc illusion que la famille est responsable. 2x + de responsabilité concernant la cause est liée à un climat social culturel en crise (facteurs socio-culturels) —> +1sd de 1950 à 1990 à cause d’une réduction de la connectivité sociale et l’augmentation de catastrophes, rendant vulnérable. 3x + de responsabilité provenant d’autres sources telles que la possibilité d’évolution (travail sur soi, part de main prise). Période: 1970-2010 Echantillons: k=1703 Populations: N=205 000 Nations: 57 6 ANXIÉTÉ-TRAIT 1970-2010 - Monde occidental Méta-analyse dans un environnement avec universités etc, la plupart anglophones. 3 Worldwide dataset, showing a significant increase in anxiety (d=.343; B=073, Beta=.157; t=6.55,p Taille d’effet cohen d relativement faible (0,3) mais significatif entre l’âge et le niveau d’anxiété au travers de toutes les études représentées. —> L’anxiété a augmenté au fur et à mesure des 40 années, ce qui est explicable par la population étudiée (étudiants). Conclusion: Même si l’anxiété semble augmenter depuis le COVID, il faut relativiser en se rendant compte que l’anxiété se développe différemment d’une population à l’autre (elle diminué au Royaume-Uni et est restée stable en Australie, par exemple). Trouble d’Anxiété Généralisé (TAG) DSM-5-TR, 2022 A. Anxiété et soucis excessifs (plusieurs jours pendant au moins 6 mois; diverses thématiques) B. Soucis difficiles à contrôler C. 3/6 symptômes (présents plusieurs jours) : Agitation ou sensation d’être survolté ou à bout Fatigue Troubles concentration ou mémoire Irritabilité Tension musculaire Troubles sommeil D. Détresse importante, altération sociale ou professionnelle Moyennes de temps par jour passé à se faire des soucis [min]; Mesure auto rapportée patients TAG: 310 min (>5h) personnes contrôle: 55 min ( Sur-estimation de la menace + sous-estimation de mon potentiel de maitrise dans le cas de l’anxiété. Le biais d’attention sélective: Détection de l’anxiété + rapide que les autres (reste du cours porté là dessus). Le biais d’inhibition: Désengagement difficile une fois que la menace est détectée (biais directement lié au 2e). 5 Première théorie cognitive de l’anxiété Beck & Clark, 1978; Bower, 1981 CONSEQUENCES SCHEMA Biais de COGNITIF traitement de DYSFONCTIONNEL l’information Evénement (congruent à la Menace +++ Potentiel de Maîtrise --- menace perçue) Ex: Attention sélective, mémoire, perception de la menace : +++ Biais d’interprétation Biais d’attention sélective + inhibition Le 1er biais (interprétation) 11 aliénise tout le reste du processus cognitif, car lorsque la perception de la menace est décuplée et que le potentiel de maitrise est sous-estimé, l’attention sélective va se focaliser sur la menace (réponse adaptative), un biais de mémoire s’observera aussi car on se souviendra + de ça (voir que de ça) et un biais d’interprétation s’observa finalement, car je me dirai que cette menace est partout vu que je n’ai vu que ça (ou presque). Exemple: Si j’ai la phobie des serpents et que j’en vois un, je vais paniquer (menace +++, potentiel de maitrise -), ce qui va avoir pour effet que je vais me concentrer là-dessus pour m’en protéger et ne plus faire attention à rien d’autre. Par la suite, je ne me souviendrai (presque) que de ça et j’aurai l’impression qu’il y avait des serpents partout (ce qui est faux). Premières données empiriques Williams, et al., 1997 Anxiété: biais attention biais mnésiques Dépression : biais attention biais mnésiques En 1997, selon Beck, 12 que ce soit l’anxiété ou la dépression, un schéma cognitif affectant l’attention et la mémoire s’observe. Ce qui différencie les deux, c’est que l’anxiété est dirigée vers la menace (futur), alors que la dépression vers l’échec (passé). Problème: La description de biais mnésiques s’est révélé difficile chez les anxieux, pareil pour les biais d’attention chez les dépressifs. Aujourd’hui: L’anxiété est illustrée comme un trouble attentionnel (attention sélective vers l’objet menaçant) et la dépression est illustré comme un trouble mnésique (mémoire en faveur des événements de vie négatifs). La recherche oriente ses hypothèses sur le processus d’attention sélective pour l’anxiété. 6 Anxiété et Attention sélective Anxiété biais d’attention sélective pour la menace Seuil perceptif réduit pour certain stimuli (menaçants) qui, de ce fait, ont une plus grande probabilité d’être perçus et donc, potentiellement, de déclencher de l’anxiété (cercle vicieux). L’un 13 de ces hypothèses postule une boucle rétroactive entre l’anxiété et l’objet de menace (double causalité) et que, chez certains, la perception de la menace précède l’anxiété (exemple: ceux qui ont une facilité à percevoir les serpents seront plus amenés à développer une phobie). Le lien inverse a déjà été étudié et s’est avéré correct (ce qui n’exclue pas cette hypothèse) - ceux qui présentent une phobie présentent plus facilement de l’anxiété lorsqu’ils sont exposés à l’objet phobique (menace). Biais d’attention sélective 14 14 7 Biais d’attention sélective (AE x AT) AT (ADM) MODÈLE MULTIPLICATIF 15 (anxiété-trait * anxiété-état) - 1er modèle explicatif de l’attention sélective. Le stimulus perçu est évalué par le mécanisme de décision affective (ADM), qui lui va en déduire le degré de menace sur un continuum allant de « pas du tout » à « très » menaçant. Si le stimulus est lu comme très menaçant, la personne va activer sa prédisposition anxieuse (anxiété trait), suite à quoi 2 types de réponse pré-établies peuvent émerger (réponse anxiogène orientant l’attention vers le stimulus, réponse d’évitement orientant l’attention ailleurs que sur le stimulus). L’anxiété-trait générera l’un ou l’autre réponse selon les prédispositions de chacun (anxiété-état). Si on a une prédisposition à l’anxiété, la réponse engendrera une fixation. Ce modèle est vrai uniquement pour une menace d’intensité faible (car tests en laboratoire conformes à l’éthique). Conclusion: Le biais d’attention sélective s’observe de deux manières (fixation ou évitement). Limites du modèle En cas de forte menace L’évitement n’est pas adaptatif Anxiété + Dépression L’absence de biais d’attention sélective n’est pas prédite Le biais d’attention sélective observé dans le modèle multiplicatif ne s’observe pas chez les patients anxio-dépressifs (réponse du l’anxiété-état) 16 8 Biais d’attention sélective (AS + AT) GES VES MODÈLE ADDITIONNEL (Modification du modèle multiplicatif) En gros, le biais d’attention17sélective s’observerait que chez les patients qui ont une anxiété-trait élevée et/ou anxiété-état élevée. Le stimulus est lu, cette fois-ci, par le système d’évaluation de la valence (VES) et sa lecture va dépendre de l’anxiété-trait, de l’anxiété-état, des expériences préalables (déjà vécu ou non) et de l’état de préparation biologiquement déterminé (j’ai peur des serpents alors que je n’en ai jamais vu). La réponse évaluative va toujours de très anxiogène à pas du tout anxiogène sur un continuum et, en fonction de celle-ci, la réaction du système d’engagement vers un but (GES - système de motivation) sera différente. Si le danger est perçu élevé, je vais arrêter ce que je fais pour me concentrer sur le problème (= biais d’attention sélective vers la menace, motivation à réagir) ; Si le danger est perçu non-menaçant, je ne vais pas réagir et continuer mes activités (pas de motivation pour se préparer à l’action). Ce modèle ne considère plus l’anxiété-trait (disposition) comme un style de réponse mais un seuil de réactivité évaluative et rend compte de la dépression aussi car désengagement malgré la perception d’une menace (anédonie). Mesures explicites de l’anxiété Echelles validées : 1. STAI – Etat 2. STAI – Trait (neuroticisme) 3. BAI 4. FQ 5. Etc. 18 9 19 Anxiété-état: Évaluation des ressentis et sentiments actuels, à l’instant T, sur 4p (non - oui) Anxiété-trait: Évaluation générale, sur 4p (presque jamais - presque toujours) Mesures implicites: Les biais d’attention sélective pour la menace Tâches couramment utilisées : 1. Stroop Emotionnel 2. Tâche de détection de cibles (DPDT) —> Aussi pour rééduction des TA (DPDT) Stimuli : mots, images (Emo vs. Neutre) VD : TDR, erreurs 20 10 Dot Probe Detection Task (DPDT) Ceschi & Antille, 2003 X point fixation stimuli cible 1000 ms 500 ms [ TdR ] -24 paires M-n -24 paires m-n -24 paires n-n Photo IAPS (Lang, et al. 95) Présentation de 500ms (temps optimal), de 34 ms (subliminal) ou 700ms (longue) de deux stimulus (1 menaçant, 1 neutre) présentés 21 l’hémichamps par rapport au point de fixation. Ensuite, présentation de la cible (flèche vers le haut/bas, à gauche/droite). Le temps à droite/gauche de de réaction pour définir si la flèche est vers le haut ou le bas est calculé. L’idée est que si un biais d’attention sélective s’observe pour l’image menaçante (ici, le requin qui peut être l’objet d’une phobie), alors le temps de réaction pour dire si la flèche va vers le haut/bas sera moindre dans le cas où celle-ci apparait du même côté que l’image menaçante et inversement (puisque focalisation sur la gauche dans cet exemple). PS: Le temps optimal permet d’éviter une réponse évaluative tardive (réaction d’évitement, de défense). 22 11 23 24 12 25 26 13 27 Données empiriques 28 Même paradigme, mais avec des mots. 14 Style de réponse (AT x AE) MacLeod & Matthews, 1988 : Paradigme : DPDT (Mots menaçants) Population : étudiants VI : 2 A T : haut vs. bas X 2 AE : plusieurs mois avant vs. 1 sem. Avant examen. Pour l’AE, condition qui met dans un état anxieux (examens). Résultats : Pas de différence plusieurs mois avant; Différence 1 sem. avant = vigilance AT haut > AT bas. Mogg et al., 1994: (Idem) Résultats : AT haut + AE stress vigilance face à la menace. AT bas + AE stress évitement de la menace. 29 Résultats: Seul le groupe d’étudiants ayant une prédisposition à l’anxiété (neuroticisme, anxiété-trait) ont présenté un biais d’attention sélective et ce, dans la condition où ils étaient à une semaine des examens (état anxieux). Un biais d’attention d’évitement est observé dans la même condition pour ceux qui n’ont pas d’anxiété-trait. Seuil de réponse et intensité de la menace (AT + AE) Mogg et al., 2000 : Paradigme : DPDT (images IAPS, P. Lang) Population : étudiants VI : 2 Menace sévère (corps mutilés) vs. faible (soldat) x 2 AT: haut vs. Bas Présentation: 500 ms pour temps de présentation optimale Résultats : Tous les participants, même ceux avec des scores AT-bas, montrent une vigilance pour les menaces sévères (CQFD modèle de Mogg & Bradley, 1998) 30 15 A suivre … le 27 novembre 2024 31 16