Politiques Économiques PDF
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Les politiques économiques sont des actions délibérées de la puissance publique pour atteindre des objectifs économiques et sociaux. Ce document a trait aux politiques de stabilisation de la conjoncture, aux cycles économiques, dont les origines et conséquences sont mentionnés. Il décompose également les mécanismes économiques tels que la consommation, l'investissement et la demande de monnaie.
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POLITIQUES ÉCONOMIQUES INTRODUCTION GÉNÉRALE La « récession Covid » et la reprise : taux de croissance annuel du PIB réel Quels sont les effets d’une récession ? -Augmentation du chômage -Baisse du niveau de vie -Impact considérable sur l’économie du pays. Graphique représentant l’évolution d...
POLITIQUES ÉCONOMIQUES INTRODUCTION GÉNÉRALE La « récession Covid » et la reprise : taux de croissance annuel du PIB réel Quels sont les effets d’une récession ? -Augmentation du chômage -Baisse du niveau de vie -Impact considérable sur l’économie du pays. Graphique représentant l’évolution du taux de chômage aux États Unis : ` Les politiques de stabilisation de la conjoncture : 1) Comment fonctionne le système économique (et comment il « dysfonctionne ») 2) Les trois mécanismes clés : consommation, investissement, demande de monnaie 3) Deux types de politiques économiques : la politique budgétaire et la politique monétaire. Qu’est ce qu’une politique économique ? Définition : Une politique économique est une action délibérée de la puissance publique en vue de réaliser certains objectifs économiques et sociaux, et qui se traduit par la mise en œuvre des moyens nécessaires pour atteindre ces objectifs. Mots-clefs : Action délibérée, puissance politique, objectifs économiques et sociaux, moyens nécessaires. Première typologie : par les objectifs 1)L’allocation des ressources rares. 2)La redistribution des revenus et du patrimoine. 3)La stabilisation de la conjoncture. L’allocation des ressources rares : -Dans les économies capitalistes, l’allocation des ressources rares se fait principalement par le marché (offre/demandes coordonnées par les prix). -Mais on peut être confronté à des défaillances de marché. >Monopoles naturels (industries de réseau etc) >Biens collectifs (éducation, défense etc) >Externalités (pollution, épidémie etc). -Politiques économiques correspondantes >Grands travaux et infrastructures >Services publics >Réglementations environnementales et sanitaires. La redistribution des revenus et du patrimoine : -Les revenus et le patrimoine sont inégalement répartis entre les groupes sociaux >Détenteurs du capital vs travailleurs >Cadres vs ouvriers/employés >Actifs vs chômeurs >Personnes âgées vs jeunes. -Cette distribution inégale peut être corrigé grâce à différents outils >Impôts sur le revenu et le patrimoine >Cotisations sociales >Prestations sociales >Services publics La stabilisation de la conjoncture : -L’activité économique connaît des cycles, expansions vs récessions. -Les politiques économiques cherchent à corriger les effets des cycles. >Maintenir l’activité économique (PIB) >Limiter l’augmentation du chômage >Limiter les faillites d’entreprises >Stabiliser le niveau général des prix. Deuxième typologie : par les moyens 1)La politique fiscale (« tax policy ») 2)La politique budgétaire (« fiscal policy) 3)La politique monétaire 4)La politique commerciale 5)La réglementation juridique. Troisième typologie : par les domaines d’intervention 1)Politique d’éducation et de formation 2)Politique de santé 3)Politique industrielle Etc. Quatrième typologie : par horizon temporel 1)Politique « conjoncturelle » (court terme) 2)Politique « structurelles » (long terme). Séance 2 : Les cycles économiques PIB et taux de croissance Rappels sur le PIB : -Le PIB mesure le niveau d’activité économique sur une année -Trois méthodes équivalentes pour mesurer le PIB : >Par la production : valeur de tous les biens et services finaux >Par la valeur ajoutée : montant total de la valeur ajoutée produite >Par les revenus : somme de tous les revenus (salaire, loyers, profits, etc…) -Calcul du PIB à plusieurs échelles >Nationale >Régionales >Mondiale -Le PIB par habitant est une mesure du niveau de vie matériel. PIB nominal vs PIB réel : -Le PIB « nominal » agrège les biens et les services aux prix courants. -Le PIB « réel » agrège les biens et les services à prix constants >En pratique, le calcul du PIB réel est plus compliqué que ça, mais le principe est le même. -Le PIB réel élimine l’effet des variations de prix -Le PIB réel se concentre sur les variations de quantités produites. Le taux de croissance : Le taux de croissance (« growth rate » en anglais, noté g) est le taux de variation du PIB réel d’une année à l’autre. Il est exprimé en pourcentage de l’année de départ. Exemple du PIB réel de la France : >PIB réel de la France en 2021 = 2 501Mds€ (prix 2021). >PIB réel de la France en 2022 = 2 564Mds€ (prix 2021). Les différentes situations du taux de croissance Lorsque le taux de croissance est positif (g > 0), on parle de « croissance » ou d’« expansion » économique Lorsque g est proche de 0, on parle de « ralentissement » ou de « stagnation » économique Lorsque g < 0 durant plus de deux trimestres consécutifs, on parle de « récession » ou de « dépression » économique Lorsque g chute brutalement, on parle de « crise » économique. Limites du PIB et de la croissance : -Le PIB par habitant n’est pas un bon indicateur de bien être >Dans certains cas, les activités prises en compte peuvent même affecter négativement le bien être (vente d’armes etc) >Le PIN ne permet pas de saisir les dimensions immatérielles du bien être (santé, éducation etc…) -Au-delà d’un certain niveau de PIB par habitant, la croissance ne permet plus d’augmenter le bien-être -Si les inégalités sont importantes, le PIB par habitant n’est pas représentatif du niveau de vie de la population -La croissance s’accompagne d’une détérioration de l’environnement >Épuisement des ressources naturelles, pollutions, changement climatique, effondrement de la biodiversité, etc. Les cycles économiques La définition des cycles « Les cycles des affaires sont un type de fluctuation qui affectent l’activité économique générale des pays où la production est essentiellement le fait d’entreprises privées. Un cycle économique est constitué d’expansions qui interviennent de façon approximativement simultanée dans de nombreuses branches de l’activité économique, suivies par des récessions, contractions et reprises qui affectent également l’ensemble de l’activité économique, celles-ci débouchant sur la phase d’expansion du cycle suivant. » (Burns et Mitchell, Measuring Business Cycles, 1946). Exemple d’évolution du taux de croissance de la France et de l’Allemagne : À l’échelle internationale : La temporalité des cycles : -Cycle Kondratiev (« ondes longues ») : 35 à 50ans -Cycles Juglar (« cycles majeurs ») : 5 à 10ans -Cycles Kitchin (« cycles mineurs ») : 3 à 4ans La grande dépression : -Que se passe-t-il dans les Roaring Twenties aux États-Unis ? >Augmentation de la production et de la consommation (produits électroménagers, voitures, etc.) >Développement des marchés financiers (achats/ventes d’actions des Entreprises) -Quel événement marque le début de la Grande Dépression ? >Black Thursday, 24/10/1929 : effondrement des prix sur les marchés financiers >Entraîne une chute de la consommation et de l’investissement -Quelles sont les conséquences de la Grande Dépression ? >Augmentation du chômage et de la misère sociale >Montée du fascisme en Europe (mais ce n’est pas la seule cause). Les cycles de Juglar des dernières décennies : Trois réponses face aux cycles économiques : -Libéralisme : laisser l’économie s’auto-réguler >Différents courants : libéralisme classique, ordolibéralisme, néolibéralisme >L’intervention de la puissance publique ne ferait qu’aggraver la situation -Socialisme : abandonner le capitalisme et développer un autre système économique > Socialistes et communistes sont d’accord sur cet objectif (mais pas sur les moyens d’y arriver) > Mise en place d’une propriété collective des moyens de production et d’une planification -Interventionnisme : la puissance publique doit intervenir pour « stabiliser » l’économie > La puissance publique peut donner une direction à l’économie, sans pour autant remettre en cause le capitalisme > C’est dans cette perspective que s’inscrit la suite du cours Objectifs des politiques de stabilisation : -Limiter l’amplitude des cycles économiques -Contrer les effets négatifs des cycles économiques (chômage, etc.) -Éviter d’entrer dans une spirale récessionniste -Question : comment la puissance publique peut-elle influencer les variations du PIB ? Conclusion : -Le taux de croissance (du PIB réel) est le principal indicateur de la dynamique de l’économie. -Les économies suivent des cycles ayant différentes temporalités : Kondratiev, Juglar et Kitchin. L’objectif des politiques de stabilisation est de limiter l’amplitude de ces cycles et leurs effets négatifs. Les origines de la macroéconomie John Maynard Keynes, The General Theory, 1936 Le choc de la Grande Dépression des années 1930 Le chômage devient une préoccupation centrale Keynes propose une nouvelle manière de concevoir l’économie > « J’ai appelé ma théorie une théorie générale. Par là, j’ai voulu signifier que j’étais principalement intéressé par le comportement du système économique dans son ensemble, avec des revenus globaux, des profits globaux, un produit global, un emploi global, un investissement global, une épargne globale [...]. » Va a l’encontre des approches antérieures, centrées sur les comportements individuels (approche dite « néoclassique ») Pour désigner cette nouvelle approche, on parle de « macroéconomie » La macroéconomie « keynésienne » devient très influente après la Seconde Guerre mondiale Elle est progressivement remise en cause à partir des années 1970...... mais elle fait son retour en temps de crise (crise de 2008 notamment) La représentation de l’économie La comptabilité nationale Représenter l’économie de façon « agrégée » Cinq catégories d’« agents » économiques Trois catégories d’« opérations » économiques Catégories d’agents économiques Ménages Sociétés non financières Sociétés financières Administrations publiques Reste du monde (non-résidents) Les ménages Groupes d’individus vivant au même domicile Principales fonctions économiques des ménages ▷ Ils possèdent et fournissent les facteurs de production en échange d’un revenu (salaire, loyers, intérêts, dividendes, etc.) ▷ Ils consomment une partie de leur revenu ▷ Ils épargnent le reste de leur revenu Les sociétés non financières Différentes formes juridiques (SA, SARL, groupe, filiale, entreprise individuelle, etc.) Principales fonctions économiques des sociétés non financières ▷ Elles produisent des biens et services marchands et non financiers qu’elles vendent aux ménages ou à d’autres entreprises ▷ Elles versent des revenus aux ménages (salaire, loyers, intérêts, dividendes, etc.) ▷ Elles investissent dans des biens d’équipement pour accroître leur capacité de production Les sociétés financières (banques, assurances, etc.) Différentes formes juridiques Principales fonctions économiques des sociétés financières ▷ Elles produisent des services financiers qu’elles vendent aux ménages ou aux entreprises ▷ Elles créent la monnaie sous forme de crédits alloués aux ménages et aux entreprises ▷ Elles servent d’intermédiaires financiers entre l’épargne des ménages et les besoins d’investissement des entreprises. Les administrations publiques Trois types d’entités ▷ Les administrations publiques centrales ▷ Les administrations publiques locales ▷ Les administrations publiques de sécurité sociale Principales fonctions économiques des administrations publiques ▷ Produire et distribuer des biens et services non marchands ▷ Redistribuer une partie du revenu sous forme de prestations sociales (Retraites, remboursements de soins, allocations chômage, etc.) Le reste du monde Regroupe toutes les entités non-résidentes (ménages, sociétés financières et non- financières, administrations publiques) Cette catégorie permet de retracer toutes les opérations entre résidents et non résidents (exportations, importations, etc.) Les opérations économiques Opérations sur biens et services ▷ Consommation (finale et intermédiaire) ▷ Investissement ▷ Exportations et importations Opérations de répartition du revenu ▷ Répartition primaire du revenu (salaires, loyers, intérêts, dividendes, etc.) ▷ Répartition secondaire du revenu ou redistribution (impôts, transferts sociaux, etc.) Opérations financières ▷ Crédits/emprunts ▷ Placements (obligations, actions, etc.) Le circuit de l’économie Une représentation simplifiée de l’économie On suppose que l’on est en économie « fermée » ▷ Pas d’importations et d’exportations Trois catégories d’agents ▷ Ménages, entreprises, administrations publiques Trois opérations sur les biens et services >Consommation finale des ménages >Investissement des entreprises >Dépense publique L’épargne des ménages finance l’investissement des entreprises Les impôts financent la dépense publique La consommation des ménages La consommation des ménages désigne l’ensemble des achats de biens et services finaux réalisés par les ménages. Biens : nourriture, smartphone, ordinateur, etc. Services : cinéma, concert, cours de sport, etc. L’investissement des entreprises L’investissement désigne l’ensemble des biens d’équipements achetés par les entreprises afin d’augmenter leur capacité de production. Bien d’équipements : machines, outils, usine, etc. Attention, pas la même chose qu’investissement au sens de « placement financier » Différent aussi des consommations intermédiaires qui sont incorporées dans le produit final. Les dépenses publiques Les dépenses publiques correspondent à toutes les dépenses réalisées par les administrations publiques afin de fournir des services publics à leurs usagers. Achats de matériel : ordinateurs, voitures, etc. Paiement des fonctionnaires et autres salariés du public Principe d’équilibre dans le circuit des biens et services Tout ce qui est produit est vendu et acheté. L’offre de biens et services est donnée par la production domestique Y La demande est répartie en trois composantes : C, I et G Donc l’égalité entre l’offre et la demande agrégées se traduit par : Y= C + I + G Principe d’équilibre dans le circuit du revenu Tous les revenus perçus sont dépensés. Le revenu global se répartit entre revenu disponible et impôts : Le revenu disponible se répartit entre consommation et épargne : L’épargne est égale à l’investissement : S= I Les impôts financent la dépense publique : T= G En combinant ces équations, on a : Conclusion : La macroéconomie keynésienne émerge en réponse à la Grande Dépression La comptabilité nationale fournit une représentation agrégée de l’économie en termes d’agents et d’opérations En économie fermée, l’équilibre sur le circuit économique se traduit par l’équation : Y= C+I+G Exercice pour la semaine prochaine 1) On suppose que les impôts sont inférieurs aux dépenses publiques : T < G. C’est l’épargne des ménages qui permet de combler le déficit public. Réécrivez l’équation d’équilibre sur le circuit du revenu. 2) On suppose que l’on est en économie « ouverte », c’est-à-dire qu’il y a des exportations (X) et des importations (M). On suppose également qu’il y a un déficit commercial : M > X. a) Réécrivez l’équation d’équilibre sur le circuit des biens et services. b) Réécrivez l’équation d’équilibre sur le circuit du revenu. >Aide : pour cela, il vous faudra prendre en compte le fait que l’investissement est également financé par un flux d’épargne étrangère égale à M− X. Offre vs demande Qu’est-ce que l’offre (en macroéconomie) ? En macroéconomie, l’offre désigne les capacités productives disponibles, et par extension la production potentielle qu’elles représentent. -Capacités productives : stock de capital et travailleurs -Production potentielle : PIB maximum que l’on pourrait produire si on utilisait au mieux toutes les capacités productives disponibles Qu’est-ce que la demande (en macroéconomie) ? En macroéconomie, la demande désigne la disposition des ménages, des entreprises et des administrations publiques à acheter des biens et services. -Cette disposition dépend de nombreux facteurs : revenus actuels, vision du futur, etc. -Trois composantes principales de la demande : consommation des ménages, investissement des entreprises et dépenses publiques. La loi de Say « Il est bon de remarquer qu’un produit terminé offre, dès cet instant, un débouché à d’autres produits pour tout le montant de sa valeur. En effet, lorsque le dernier producteur a terminé un produit, son plus grand désir est de le vendre, pour que la valeur de ce produit ne chôme pas entre ses mains. Mais il n’est pas moins empressé de se défaire de l’argent que lui procure sa vente, pour que la valeur de l’argent ne chôme pas non plus. Or, on ne peut se défaire de son argent qu’en demandant à acheter un produit quelconque. On voit donc que le fait seul de la formation d’un produit ouvre, dès l’instant même, un débouché à d’autres produits. » (Jean-Baptiste Say, Traité d’économie politique, 1803). ➔ L’offre crée sa propre demande. -Aussi appelée la « loi des débouchés » -Implique qu’il ne peut pas y avoir de sous-utilisation durable des capacités de production -Un taux de chômage élevé est forcément passager et doit se résorber naturellement (sans intervention de l’État). Critique de la loi de Say par Keynes -Le revenu gagné n’est pas forcément dépensé >La monnaie peut être recherchée pour elle-même >Engendre une demande inférieure à l’offre et un ajustement de la production à la baisse. -Les producteurs font face à une « incertitude radicale » >S’ils ont une vision pessimiste des débouchés futurs, ils réduisent leur production et leur investissement, ce qui engendre une réduction de la demande >Il y a une dimension « auto-réalisatrice » dans les prédictions collectives des producteurs L’approche keynésienne par la demande -Il faut accorder plus d’attention aux déterminants de la demande >Lien entre le revenu des ménages et leur consommation >Lien entre la vision du futur et l’investissement des entreprises -La puissance publique peut intervenir pour soutenir la demande >Augmenter les dépenses publiques quand les autres composantes de la demande sont faibles Deux visions de la politique économique : -Politique de l’offre >Favoriser au maximum la rentabilité des entreprises >Maintenir des salaires bas >Réduire l’imposition des entreprises -Politique de la demande >Favoriser la consommation des ménages >Augmenter les salaires >Réduire l’imposition des ménages La consommation Raisonnement en agrégé -Choix de consommation individuels : préférences et prix (approche néoclassique) -La consommation en agrégée : les ménages dans leur ensemble (approche keynésienne) >Hypothèse : les prix sont constants. Les déterminants de la consommation 1) Consommation « autonome » (ou « incompressible ») 2) Consommation dépendante du revenu disponible La « loi psychologique fondamentale » (Keynes, The General Theory, 1936) « La loi psychologique fondamentale sur laquelle nous pouvons nous appuyer en toute sécurité [...], c’est qu’en moyenne, les hommes tendent à accroître leur consommation à mesure que leur revenu croît mais non d’une quantité aussi grande que l’accroissement du revenu. » La fonction de consommation : -c0 et c1 constantes -c0 > 0 et 0 < c1 < 1 -c0 est la consommation autonome -c1 × YD est la consommation dépendante du revenu disponible -c1 est appelé la « propension marginale à consommer » (PMC) Exemple de fonction de consommation : C= c0 + c1 × YD c0 = 20 Mds€ c1 = 0.8 YD = 500 Mds€ Quel est le niveau de la consommation agrégée (=l’ensemble des ménages)? Réponse : C= 20+ 0.8× 500= 20+ 400= 420 Mds€ Exemple de fonction de consommation : -Les 20% les plus pauvres consomment le plus en propension de leurs revenus (+100% de leurs revenus). Les déterminants de la propension à consommer -Toutes les catégories de la population n’ont pas la même propension à consommer -La catégorie de revenu est particulièrement importante >Les plus pauvres ont une propension à consommer très élevée >Les plus riches ont une propension à consommer faible -Les inégalités de revenu ont un impact sur la PMC >Plus les inégalités sont fortes, plus la PMC est basse >Plus les inégalités sont faibles, plus la PMC est élevée. Conclusion : -Deux conceptions de l’économie >L’approche par l’offre fondée sur la loi de Say >L’approche par la demande développée par la macroéconomie keynésienne -La consommation des ménages est une composante essentielle de la demande -Les déterminants de la consommation >Consommation autonome >Consommation dépendante du revenu disponible déterminée par la propension marginale à consommer (PMC) -Les inégalités de revenu ont un impact sur la PMC >Plus les inégalités sont fortes, plus la PMC est basse >Plus les inégalités sont faibles, plus la PMC est élevée. ——————————————————————————————————————— Effet multiplicateur et rôle de la consommation L’équilibre macroéconomique Ce qu’on a vu jusqu’ici : Y= C + I + G C= c0 + c1 ×(Y−T) Ce qu’on peut en déduire : Y= c0 + c1 ×(Y−T) + I + G Composante de l’équilibre macroéconomique : Le multiplicateur keynésien -> Multiplie les composantes de la demande. L’effet multiplicateur et la propension marginale à consommer (PMC) Impact sur le PIB d’un changement de la consommation autonome Répartition du revenu et croissance Inégalités, PMC et multiplicateur -Les inégalités de revenu ont un impact sur la PMC (rappel de la séance précédente) >Plus les inégalités sont fortes, plus la PMC est basse >Plus les inégalités sont faibles, plus la PMC est élevée -Donc aussi un impact sur le multiplicateur >Plus les inégalités sont fortes, plus le multiplicateur est bas >Plus les inégalités sont faibles, plus le multiplicateur est élevé Impact sur le PIB d’un changement du multiplicateur Salaires et profits (rappels d’Economie S2) -Dans une économie capitaliste, la répartition entre salaires et profits est la principale source d’inégalité des revenus >Les salaires sont les revenus des travailleurs >Les profits (distribués ou réinvestis) sont les revenus des capitalistes -La répartition entre salaires et profits dépend de plusieurs facteurs >Salaire de subsistance permettant la reconstitution de la force de travail >Lien entre chômage et salaires (courbe de Phillips) >Législation sur les conditions de travail (nombre d’heures de travail par jours, congés payés, protection contre les licenciements, etc.) -Grandes évolutions de la répartition entre salaires et profits en France >Jusqu’en 1860, le partage évolue en faveur du capital >Entre 1860 et 1980, le partage évolue en faveur du travail >Depuis 1980, le partage évolue en faveur du capital Inégalités et croissance -La répartition du revenu joue un rôle crucial dans la croissance >Pour que la demande soit suffisamment importante, une part importante du revenu doit aller vers les groupes sociaux qui ont une PMC élevée -Revenus du travail vs revenus du capital >Revenus du travail = salaires des travailleurs (sert principalement à la consommation) >Revenus du capital = profits des capitalistes (sert principalement à l’investissement) -La quête du profit contre la croissance? >Pour augmenter leurs profits, les capitalistes cherchent à limiter les revenus du travail >Mais cela empêche la demande d’augmenter et restreint la croissance Répartition du revenu et multiplicateur Le « fordisme » -Henry Ford (1863-1947) >Industriel américain, fondateur du constructeur automobile Ford >La Ford T (1908) est la première automobile « grand public » aux États-Unis -Le fordisme et l’organisation du travail >Division du travail dans la continuité du taylorisme >Ajoute l’organisation du travail autour d’une chaîne de montage (travail à la chaîne) -La fordisme et la répartition du revenu >Les travailleurs doivent être en mesure d’acheter les produits de leur travail >L’augmentation des salaires doit suivre les gains de productivité «Only disaster can result when the fundamental principles of business are disregarded and what looks like the easiest way is taken. These fundamentals, as I see them, are : 1) To make an ever increasingly large quantity of goods of the best possible quality, to make them in the best and most economical fashion, and to force them out onto the market. 2) To strive always for higher quality and lower prices as well as lower costs. 3) To raise wages gradually but continuously and never to cut them. 4) To get the goods to the consumer in the most economical manner so that the benefits of low cost production may reach him. » (Henry Ford en 1930) -Le fordisme se diffuse dans les économies occidentales après la Seconde Guerre mondiale >Permet le développement d’une production de masse et d’une consommation de masse dans la période des « Trente Glorieuses » -Progression des salaires avec les gains de productivité >Rôle fondamental des syndicats pour négocier les hausses de salaire >Mise en place des conventions collectives à l’échelle des entreprises ou des secteurs -Crise du fordisme à partir des années 1980 >Les salaires ne suivent plus les gains de productivités >L’ouverture au commerce international complique l’articulation entre l’offre et la demande. Théorie du ruissellement vs relance par la consommation -La « théorie du ruissellement » dans les débats politiques >L’enrichissement des plus riches (en particulier les revenus du capital) permettrait d’accroître l’investissement et d’augmenter l’emploi, bénéficiant aussi au plus pauvre >« les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain »(Helmut Schmidt, chancelier d’Allemagne de l’Ouest, en 1974) >« trickle-down economics has never worked »(Joe Biden, en 2021) >Plutôt un slogan politique qu’une vraie théorie économique -L’approche keynésienne contredit la théorie du ruissellement >Pour augmenter la demande, il faut d’abord relancer la consommation >Cela passe notamment par une augmentation des salaires et une diminution des profits (en proportion de la valeur ajoutée) >L’investissement des entreprises découle en partie de la hausse de la consommation La relance par la consommation et ses limites Les limites de la relance par la consommation -Pour le moment, on a raisonné en économie fermée >Une hausse de la consommation domestique se traduit par une hausse de la production domestique -Que se passe-t-il en économie ouverte? >Une hausse de la consommation domestique peut se traduire par une hausse de la production domestique ou une hausse des importations >Si la hausse de la consommation entraîne une hausse des importations trop importantes, cela peut entraîner une dégradation de la balance commerciale (exportations-importations) -Il faut rester prudent sur l’effet d’une hausse de la consommation Exemple dans le cas de la France -François Miterrand est élu président en 1981 >Mise en œuvre d’une programme socialiste >Augmentation du nombre de fonctionnaires (et donc des salaires versés) >Augmentation du salaire minimum (SMIC) de 20 % >Augmentation des transferts sociaux : retraites, allocations familiales et logement, etc. -L’augmentation du revenu des ménages se traduit par une augmentation des importations >Le déficit commercial est multiplié par 4 entre 1981 et 1982 -Le « tournant de la rigueur » de 1982-1983 >Le gouvernement socialiste arrête les réformes en faveur des travailleurs >Les raisons sont multiples, mais le déficit commercial joue un rôle important Conclusion -Le multiplicateur keynésien dépend de la propension marginale à consommer (PMC) >Plus la PMC est élevée, plus le multiplicateur est élevé >Plus le multiplicateur est élevé, plus une augmentation de la demande autonome a un effet positif sur le PIB -La répartition du revenu joue un rôle central dans la croissance >Le « fordisme » est fondé sur une évolution des salaires qui suit l’augmentation de la productivité >Après la Seconde Guerre mondiale, cela a permis un développement conjoint de la production de masse et de la consommation de masse -L’ouverture commerciale perturbe ce fonctionnement >L’augmentation de la consommation domestique n’entraîne pas nécessairement une augmentation de la production domestique >La consommation peut alimenter les importations et creuser le déficit commercial. Le chômage Définition du chômage Une personne est au chômage si elle vérifie les conditions suivantes : ▷ Elle a entre 15 et 64 ans ▷ Elle n’a exercé aucune activité économique au cours de la dernière semaine ▷ Elle est disponible pour travailler et peut accepter toute opportunité d’emploi qui se présente dans les quinze jours ▷ Elle recherche activement un emploi Critères définis par l’Organisation Internationale du Travail (OIT) Permet de faire des comparaisons internationales La mesure du chômage Définition de la population active La population active désigne l’ensemble des personnes ayant entre 15 et 64 ans qui occupent un emploi (salarié ou non) ou qui sont au chômage (au sens défini précédemment). On utilise aussi les notions suivantes : ▷ Population active occupée pour les personnes qui ont un emploi ▷ Population active non occupée pour les personnes qui sont au chômage ▷ Population inactive pour les personnes en âge de travailler (15-64 ans) n’exerçant pas et ne recherchant pas d’emploi Dans quelle catégories se trouvent les personnes suivantes ? Un étudiant sans emploi : inactif Une étudiante exerçant un emploi : active en emploi Une personne qui vient de finir ses études et qui cherche un emploi : active au chômage Un père au foyer : inactif Une personne en incapacité de travailler du fait d’un handicap : inactive Le taux de chômage Le taux de chômage est le rapport entre le nombre de personnes au chômage et la population active. 𝑈 𝑈 𝑢= = 𝑁 𝑈+𝐸 U est le nombre de personnes au chômage (unemployed) N est le nombre de personnes dans la population active E est le nombre de personnes en emploi 𝑈 𝑈 𝑢= = 𝑁 𝑈+𝐸 Résumé des principaux faits stylisés sur le taux de chômage À partir des années 1970, les pays développés connaissent des périodes où le taux de chômage est élevé ▷ En France, pic du taux de chômage à la fin des années 1990 (12 %) ▷ Aux États-Unis, premier pic au début des années 1980 et second lors de la crise de 2008 (10 %) Par rapport à l’ensemble des pays de l’OCDE, la France a actuellement un taux de chômage assez élevé (environ 7 %) ▷ L’Espagne a le taux de chômage le plus élevé (plus de 12 %) ▷ La République tchèque a le taux de chômage le plus faible (environ 2,5 %) Le taux de chômage varie en fonction des groupes sociaux ▷ Les plus jeunes ont un taux de chômage plus élevé que les plus âgés ▷ Les plus diplômés ont un taux de chômage plus faible que les moins diplômés (surtout chez les jeunes) ▷ Les femmes ont un taux de chômage plus faible que les hommes (surtout chez les jeunes) Quelles sont les limites du taux de chômage ? Le taux de chômage ne prend pas en compte : Les personnes qui arrêtent de chercher du travail par découragement Les personnes qui ne peuvent plus travailler à cause d’un accident de travail Les personnes qui ont un emploi à temps partiel et qui voudraient travailler plus Le « halo » du chômage Le halo du chômage est composé de personnes sans emploi qui, soit recherchent un emploi mais ne sont pas disponibles dans les deux semaines pour travailler, soit n’ont pas effectué de démarche active de recherche d’emploi dans le mois précédent mais souhaitent travailler. Ces personnes sont considérées comme étant inactives et elles ne sont donc pas prises en compte dans la définition standard du chômage. ▷ En France, en 2023, on compte environ 2 M de personnes dans le halo du chômage ▷ C’est presque autant que le nombre de personnes au chômage (2,3 M) Les explications du chômage Pourquoi certaines personnes sont-elles au chômage ? « Parce que ça prend du temps de trouver un emploi » ⇒ chômage frictionnel « Parce qu’elles ne veulent pas travailler » ⇒ chômage volontaire « Parce qu’elles ne trouvent pas d’emploi » ⇒ chômage involontaire Le chômage frictionnel Le chômage frictionnel désigne une situation de chômage liée au délai nécessaire à une personne pour trouver un nouvel emploi dans des conditions « normales » de fonctionnement du marché du travail. Ce délai est dû aux démarches mise en œuvre pour trouver un emploi (recherche, candidature, sélection, etc.). Il est généralement considéré comme étant inférieur à 6 mois. ▷ Du fait de ce chômage frictionnel, le taux de chômage ne peut jamais atteindre 0 % ▷ Lorsque le taux de chômage est inférieur à 4 %, on considère en général qu’on est en situation de « plein emploi » ▷ Le chômage frictionnel peut être réduit en améliorant le fonctionnement du marché du travail (meilleure circulation de l’information entre les demandeurs d’emplois et les entreprises, etc.). Le chômage volontaire Le chômage volontaire désigne une situation où un individu choisit de ne pas travailler même s’il pourrait potentiellement trouver un emploi. Ce choix peut s’expliquer par divers facteurs : ▷ Les offres d’emplois disponibles proposent une rémunération insuffisante ou des conditions de travail trop difficiles ▷ L’individu espère trouver un emploi plus conforme à ses qualifications et à ses aspirations ▷ Il souhaite prendre du temps pour se consacrer à d’autres activités (loisirs, projets personnels, etc.) Le chômage involontaire Le chômage involontaire est une situation dans laquelle une personne souhaite travailler et est disponible pour le faire, mais ne parvient pas à trouver d’emploi. Le chômage involontaire résulte de causes externes diverses : ▷ Insuffisance de l’activité économique qui limite les offres d’emploi disponibles ▷ Changements technologiques qui rendent certains emplois obsolètes (automatisation, etc.) ▷ Compétences qui ne correspondent pas (ou plus) aux besoins des entreprises Le chômage involontaire et l’approche par la demande Dans la perspective keynésienne, la demande détermine l’activité économique 1 𝑌= 𝑥 (𝑐0 − 𝑐1 𝑥 𝑇 + 𝐼 + 𝐺) 1 − 𝑐1 L’activité économique peut être faible pour diverses raisons ▷ Multiplicateur trop faible (par exemple à cause des inégalités) ▷ Consommation autonome trop faible ▷ Autres composantes de la demande autonome Une faible activité économique implique peu d’offres d’emplois ▷ Les entreprises n’embauchent pas si elles ont du mal à vendre leurs produits C’est une défaillance collective de l’économie ▷ L’individu au chômage n’a pas de contrôle sur cette situation. Chômage volontaire vs chômage involontaire Nombre d’offres d’emploi non pourvues inférieur à 300 mille ▷ La plupart de ces offres ne sont pas pourvues à cause de l’inadéquation des profils des candidats et non du fait d’un manque de candidats C’est beaucoup moins que le nombre de personnes qui souhaiteraient trouver un emploi ▷ 2,2 M de personnes au chômage au sens strict ▷ 2 M de personnes supplémentaires dans le halo du chômage Même si toutes les offres d’emploi étaient pourvues, il resterait beaucoup de monde au chômage Le chômage est donc très largement involontaire Chômage et politiques économiques Pourquoi le chômage est-il si important dans le débat public ? Au niveau collectif, il signifie une perte de création de richesse ▷ Si toutes les personnes au chômage travaillaient, la production de richesse (PIB) augmenterait fortement Au niveau individuel, le chômage est source de mal être ▷ Perte de revenu et donc de capacité à satisfaire des besoins matériels ▷ Isolement social et sentiment d’inutilité ▷ Impact sur la santé physique et mentale L’assurance chômage Système d’indemnisation des personnes au chômage ▷ La durée et le montant de l’indemnisation dépendent de nombreux critères et changent régulièrement ▷ Répond à la perte de revenu liée au chômage mais pas aux autres problèmes (isolement, etc.) Existe dans la plupart des pays développés ▷ Créé en 1958 en France Attention : les personnes qui sont en situation de chômage ne bénéficient pas forcément de l’assurance chômage ▷ Une personne peut être considérée comme étant au chômage (critères définis plus haut) mais ne pas avoir droit à une indemnisation ▷ C’est notamment le cas des chômeurs « en fin de droit » ▷ Inversement, une personne peut bénéficier de l’indemnisation et ne pas être considérée comme étant au chômage ▷ Par exemple, si la personne a repris un travail mais que celui-ci est moins bien rémunéré que son précédent travail Le partage du temps de travail Mieux répartir l’emploi pour un même niveau d’activité ▷ Par exemple, si on a 30 M de personnes qui travaillent en moyenne 1600h par an, cela fait 48 Mds d’heures travaillées au total ▷ Si le nombre d’heures travaillées total reste le même, mais on passe 1500h par personne, on a besoin de 2 M de personnes en plus Mesures de réduction du temps de travail individuel ▷ Réduction de la durée légale de travail hebdomadaire ▷ Augmentation du nombre de jours de congé ▷ Avancement de l’âge de départ à la retraite La réforme des 35 h en France Loi « Aubry » votée en 1998 ▷ Martine Aubry, ministre des affaires sociales du gouvernement de Lionel Jospin ▷ La durée légale de travail hebdomadaire passe de 39h à 35h Débat entre économistes sur l’impact de la réforme du l’emploi ▷ Certains estiment que l’impact a été nul, voire négatif ▷ D’autres que la réforme a entraîné la création d’environ 350 mille emplois Remise en cause partielle des 35h par les gouvernements de droite ultérieurs ▷ Augmentation du nombre d’heures supplémentaires autorisées en 2003 (gouvernement de Jean-Pierre Raffarin) ▷ Défiscalisation des heures supplémentaires en 2007 (gouvernement de François Fillon) ▷ Malgré tout, les 35h restent le cadre de référence pour la durée légale de travail hebdomadaire Relancer la croissance économique Le principal remède au chômage envisagé par les gouvernements reste la relance de la croissance ▷ Plus le niveau d’activité économique augmente, plus on a besoin de travail et donc on réduit le chômage ▷ Attention, si la productivité augmente, il faut que l’activité augmente plus vite pour créer des emplois Dans une perspective keynésienne, la relance de la croissance passe par la demande 1 𝑌= 𝑥 (𝑐0 − 𝑐1 𝑥 𝑇 + 𝐼 + 𝐺) 1 − 𝑐1 On a déjà vu quel rôle peut jouer la consommation Dans les prochaines séances, on va voir le rôle des autres composantes de la demande Conclusion : La mesure du chômage et ses limites ▷ La définition officielle prend uniquement en compte les personnes disponibles pour travailler et qui recherchent activement ▷ Le « halo » du chômage permet d’élargir le périmètre Les évolutions du taux de chômage ▷ Périodes de taux de chômage élevé depuis les années 1970 ▷ Le taux de chômage varie en fonction des groupes sociaux (âge, etc.) 3 explications principales du chômage ▷ Frictionnel, volontaire, involontaire ▷ En France, le chômage est très largement involontaire 3 Les politiques économiques peuvent intervenir sur le chômage ▷ Compenser la perte de revenu avec un système d’assurance chômage ▷ Réduire le temps de travail individuel pour mieux répartir les emplois ▷ Relancer la croissance économique La politique budgétaire Définition On appelle politique budgétaire tout usage du budget (dépenses et recettes) d’une administration publique comme moyen d’atteindre des objectifs de politique économique. Différents types de politiques budgétaires : ▷ Politique budgétaire « expansive » : hausse des dépenses ou baisse des prélèvements obligatoires ▷ Politique budgétaire « restrictive » : diminution des dépenses ou augmentation des prélèvements obligatoires Impact de la politique budgétaire La dépense publique est une composante de la demande autonome 1 𝑌= 𝑥 (𝑐0 − 𝑐1 𝑥 𝑇 + 𝐼 + 𝐺) 1 − 𝑐1 1 Toute hausse de G a un effet positif sur Y, dans une proportion 1−𝑐1 Inversement, toute baisse de G a un effet négatif sur Y (dans la même proportion) 1 𝑌= 𝑥 (𝑐0 − 𝑐1 𝑥 𝑇 + 𝐼 + 𝐺) 1 − 𝑐1 1 c0 c1 I G T Y 1 − 𝑐1 400 0.75 4 200 100 100 2500 400 0.75 4 200 120 100 2580 400 0.75 4 200 120 120 2520 Y = 4 × (400 − 90 + 200 + 120) = 4 × 630 = 2520 Que peut-on déduire de ces calculs quant aux effets d’une politique budgétaire expansive, avec ou sans augmentation des impôts ? Une politique budgétaire expansive a un effet positif sur le PIB dans les deux cas L’effet est beaucoup plus important lorsque l’on n'augmente pas les impôts Mais cela peut poser un problème d’endettement à long terme (à suivre) Histoire des politiques budgétaires Rappels sur la Grande Dépression Début de la Grande Dépression en 1929 ▷ Black Thursday, 24/10/1929 : effondrement des prix sur les marchés financiers américains ▷ Entraîne une chute de l’activité économique réelle ▷ La crise se diffuse aux pays européens Conséquences sociales et politiques dramatiques ▷ Augmentation du chômage (jusqu’à 25 %) et de la misère sociale ▷ Montée du fascisme en Europe (mais ce n’est pas la seule cause) Réaction de l’administration Hoover (1929-1933) Herbert Hoover (1874-1964) devient président en mars 1929 ▷ Membre du parti républicain ▷ Conservateur en matière de politique économique et sociale Hoover tarde à prendre conscience de l’ampleur de la crise ▷ Il pense qu’il s’agit d’une récession de courte durée Peu de changement dans les politiques économiques ▷ Pas de diminution des investissements publics (chemins de fer, etc.), mais pas d’augmentation non plus ▷ Augmentation des impôts pour équilibrer le budget public ▷ Refus de mettre en place une assurance chômage Hoover perd les élections de 1932 ▷ Sa réaction face à la Grande Dépression est jugée insuffisante Arrivée de l’administration Roosevelt Franklin Delano Roosevelt devient président en mars 1933 ▷ Ne pas confondre avec Théodore Roosevelt, président de 1901 à 1909 Critique du capitalisme et des intérêts financiers ▷ Il accuse les milieux financiers d’être à l’origine de la crise ▷ Il veut réguler beaucoup plus fortement l’économie américaine ▷ Pas pour autant socialiste/communiste Le « New Deal », une politique interventionniste ▷ « Relief » : mise en place d’une assurance chômage, d’un système de retraite et d’autre dispositifs d’assistance ▷ « Recovery » : augmentation de la dépense publique (notamment dans les infrastructures) et relance de la consommation ▷ « Reform » : régulation du système bancaire et financier, et encadrement du marché du travail Premier discours présidentiel de Roosevelt, 4 mars 1933 « Primarily this is because the rulers of the exchange of mankind’s goods have failed, through their own stubbornness and their own incompetence, have admitted their failure, and abdicated. Practices of the unscrupulous money changers’ stand indicted in the court of public opinion, rejected by the hearts and minds of men. [...] They know only the rules of a generation of self-seekers. They have no vision, and when there is no vision the people perish. [...] The measure of the restoration lies in the extent to which we apply social values more noble than mere monetary profit. » « Our greatest primary task is to put people to work. This is no unsolvable problem if we face it wisely and courageously. It can be accomplished in part by direct recruiting by the government itself, treating the task as we would treat the emergency of a war, but at the same time, through this employment, accomplishing greatly needed projects to stimulate and reorganize the use of our natural resources. » Politique budgétaire pendant le New Deal Dès 1933, construction d’infrastructures par la Public Works Administration (PWA) ▷ Relancer l’activité économique par un grand programme d’investissement dans les infrastructures du pays ▷ Bâtiments gouvernementaux, aéroports, hôpitaux, écoles, routes, ponts, barrages, etc. ▷ PWA finançait les projets mais des entreprises privées étaient chargées de réaliser les travaux À partir de 1935, compléter par la Works Progress Administration (WPA) ▷ Même objectif de construction d’infrastructures pour le pays ▷ La WPA emploie directement des personnes qui n’arrivent pas à trouver d’emploi dans le secteur privé ▷ Atteint au maximum 3 M d’employés en 1938 Impact du New Deal Impact positif du New Deal sur l’économie des États-Unis ▷ Le PIB repart à la hausse ▷ Le chômage diminue Mais le New Deal ne résout pas complètement la crise ▷ Nouvelle récession en 1938 ▷ Le chômage reste au-dessus de 15 % ▷ L’ampleur de la politique budgétaire n’était pas suffisante Les États-Unis sortent définitivement de la Grande DépressioN au cours de la 2GM ▷ Mise en place d’une « économie de guerre » ▷ Le chômage est inférieur à 5 % à partir de 1942 L’héritage du New Deal Réaction à la crise de 2008 ▷ Interventions plus rapides des gouvernements occidentaux pour limiter la récession ▷ L’ampleur de la politique budgétaire varie en fonction des pays ▷ Le gouvernement britannique parle de « global New Deal » « Green New Deal » aux États-Unis et en Europe ▷ Objectif de combiner une relance économique et la transition écologique ▷ Rôle central des travaux d’infrastructures pour la transition ▷ Mis en avant aux États-Unis par Jill Stein (Green Party) et Alexandria Ocazio- Cortez (Democratic Party) ▷ Dans l’UE, le « Green Deal » est devenu le cadre de référence pour la politique environnementale Les dépenses publiques aujourd’hui Qui dépense ? Les « dépenses publiques » correspondent au montant global des dépenses des « administrations publiques » : Les administrations publiques centrales ▷ L’État (présidence, gouvernement, ministères, parlement, justice) ▷ Les autres organismes d’administration centrale (universités, musées, etc.) Les administrations publiques locales ▷ Les collectivités locales (régions, départements, communes) ▷ Les autres organismes d’administration locale (lycées, etc.) Les administrations publiques de sécurité sociale ▷ Les principales branches (santé, retraite, famille, chômage) ▷ Les autres organismes de sécurité sociale (hôpitaux, etc.) Les grandes catégories de dépenses publiques Dépenses de fonctionnement ▷ Consommations intermédiaires ▷ Rémunération des salariés Paiement des intérêts de la dette Prestations sociales et autres transferts sociaux Subventions et autres transferts courants Dépenses d’investissement (infrastructures, recherche et développement, etc.). Conclusion Une politique budgétaire expansive permet d’augmenter l’activité économique ▷ L’effet multiplicateur amplifie l’impact sur le PIB ▷ La politique budgétaire est un outil essentiel pour sortir d’une crise Le New Deal repose sur une politique budgétaire expansive ▷ L’administration Roosevelt met en place un programme de grands travaux d’infrastructure pour relancer l’économie ▷ Le New Deal a un impact positif mais il ne permet pas de sortir complètement de la Grande Dépression ▷ L’économie américaine sort réellement de la crise au cours de la 2GM Les dépenses publiques se répartissent entre différents types d’administrations et de dépenses ▷ En France, ce sont les administrations centrales et de sécurité sociale qui concentrent l’essentiel des dépenses ▷ En France, les principales dépenses concernent les prestations sociales et la rémunération des agents publics LA DETTE PUBLIQUE Déficit budgétaire et dette publique Rappel : Politique budgétaire : usage des dépenses publiques pour stabiliser la conjoncture Effet multiplicateur : 1 € dépensé permet d’augmenter le PIB de plus de 1 € Question : Est-ce que les administrations publiques peuvent dépenser sans compter ? Définition La « dette publique » correspond à l’ensemble des engagements financiers de toutes les administrations publiques. Elle est principalement constituée d’obligations émises par les administrations publiques, également appelées « bons du Trésor ». Caractéristiques d’une obligation : ▷ Montant du principal (fonds empruntés) ▷ Maturité (date de remboursement du principal) ▷ Intérêts versés chaque année (« coupon ») ▷ Taux d’intérêt (fixe) = coupon/principal ▷ Une obligation peut être revendue (marché secondaire) ▷ Le remboursement final se fait au propriétaire de l’obligation quand elle arrive à maturité Résumé sur les bons du Trésor Bon du Trésor : contrat de dette entre une administration publique et un créancier Le principal : le montant emprunté par les administrations publiques Les intérêts : montant que les administrations publiques paient aux créanciers chaque année La maturité : durée après laquelle le principal doit être remboursé ▷ Peut aller de 15 jours à 100 ans Qui sont les créanciers ? Les créanciers directs ▷ Les banques ▷ Les sociétés d’assurance ▷ Les fonds de pension ▷ Les fonds d’investissement ▷ Certaines grandes entreprises Les créanciers indirects ▷ Les épargnants (essentiellement des ménages fortunés), nationaux et étrangers D’où vient la dette publique ? La dette publique est la somme cumulée dans le temps du déficit budgétaire des administrations publiques. Deux soldes budgétaires différents : Solde primaire = recettes fiscales (T) - dépenses publiques (G) Solde secondaire = solde primaire - paiement des intérêts ▷ Solde secondaire < 0 : déficit budgétaire ▷ Solde secondaire > 0 : excédent budgétaire _____________________________________________________________________ La dette comme accumulation de déficits (∆D)t = Dt+1 − Dt = Gt − Tt + it × Dt Dt (ou Dt+1) : dette publique à l’année t (ou t + 1) Gt : dépenses publiques à l’année t Tt : recettes fiscales à l’année t it : taux d’intérêt moyen sur la dette publique Qu’est-ce qui fait évoluer la dette publique ? 1) Augmentation des dépenses publiques =⇒ hausse du déficit et de la dette (toutes choses égales par ailleurs) 2) Baisse des recettes fiscales =⇒ hausse du déficit et de la dette (toutes choses égales par ailleurs) 3) Hausse du taux d’intérêt =⇒ hausse de la dette (toutes choses égales par ailleurs) Le ratio dette/PIB Le ratio dette/PIB (Dt/Yt) est le principal indicateur de « soutenabilité » de la dette publique car il compare la dette de l’État avec sa principale source de revenu (le PIB, sur lequel l’État prélève l’impôt). À quelle condition a-t-on une augmentation du ratio dette/PIB ? 𝐷𝑡 + 1 𝐷𝑡 > 𝑌𝑡 + 1 𝑌𝑡 L’évolution du ratio dette/PIB 𝐷𝑡 + 1 𝐷𝑡 > ⇐⇒ 𝐺𝑡 − 𝑇𝑡 > (𝑔𝑡 − 𝑖𝑡) × 𝐷𝑡 𝑌𝑡 + 1 𝑌𝑡 𝐷𝑡 + 1 𝐷𝑡 < ⇐⇒ 𝐺𝑡 − 𝑇𝑡 < (𝑔𝑡 − 𝑖𝑡) × 𝐷𝑡 𝑌𝑡 + 1 𝑌𝑡 gt : taux de croissance du PIB Un déficit primaire n’implique pas nécessairement une hausse du ratio dette/PIB ▷ On peut avoir 0 < Gt − Tt < (gt − it ) × Dt L’écart entre le taux de croissance et le taux d’intérêt joue un rôle fondamental ▷ Plus (gt − it ) est important, plus on peut avoir de déficit primaire sans hausse du ratio dette/PIB L’effet d’une politique budgétaire restrictive est ambiguë ▷ Une diminution de Gt réduit le déficit primaire (Gt − Tt ), mais cela a un impact négatif sur gt (multiplicateur budgétaire) Une politique budgétaire restrictive, visant à réduire les déficits publics, peut aboutir à une augmentation du ratio dette/PIB. Les dettes publiques dans le monde Résumé des principaux faits stylisés sur les dettes publiques Les pays développés ont des ratios d’endettement élevés ▷ La plupart sont au-dessus de 100 % (à part l’Allemagne) ▷ Le Japon est à plus de 250 % Les pays en développement ont des ratios d’endettement plus faibles ▷ Moindre confiance des institutions financières ▷ Crises de la dette dans les années 1980 et 1990 Les ratios d’endettement les plus élevés ont été atteint pendant les guerres mondiales ▷ Après la 2GM, les ratios d’endettement des pays développés ont chuté grâce à une forte croissance D’où vient la dette publique ? Principaux facteurs de l’évolution du ratio dette/PIB 𝐷𝑡 + 1 𝐷𝑡 > ⇐⇒ 𝐺𝑡 − 𝑇𝑡 > (𝑔𝑡 − 𝑖𝑡) × 𝐷𝑡 𝑌𝑡 + 1 𝑌𝑡 Le déficit primaire (Gt − Tt) ▷ Plus le déficit primaire est important (toutes choses égales par ailleurs), plus le ratio dette/PIB augmente L’écart entre le taux de croissance et le taux d’intérêt (gt − it) ▷ Plus cet écart est important (toutes choses égales par ailleurs), moins le ratio dette/PIB augmente On peut décomposer l’accumulation de dettes publiques en fonction de ces deux facteurs Le cas de la France : résumé Les dépenses publiques ont baissé (en % du PIB) Les recettes fiscales ont baissé (en % du PIB) Le taux de croissance a baissé Le taux d’intérêt a augmenté Dans le cas de la France, l’augmentation du ratio dette/PIB s’explique principalement par l’évolution défavorable de la différence entre le taux de croissance et le taux d’intérêt, et par la diminution des recettes fiscales en % du PIB. Conclusion : La dette publique est la somme cumulée des déficits publics Le ratio dette/PIB est l’indicateur le plus pertinent pour mesurer l’importance de la dette publique Deux facteurs principaux déterminent l’évolution du ratio dette/PIB ▷ Le déficit primaire (Gt − Tt ) ▷ L’écart entre le taux de croissance et le taux d’intérêt (gt − it ) Le ratio dette/PIB a tendance à augmenter dans les pays développés depuis les années 1980. L’INVESTISSEMENT Les déterminants de l’investissement Reprenons le fil de notre raisonnement L’objectif est la stabilisation de la conjoncture Qu’est-ce qui cause les fluctuations ? Principe d’équilibre : égalité entre la production (PIB) et la demande agrégée ▷ En économie fermée, les composantes de la demande agrégée sont la consommation, l’investissement et la dépense publique Fonction de consommation : revenu disponible et propension marginale à consommer Effet multiplicateur : toute variation d’une composante de la demande autonome engendre une variation plus importante du PIB 1 𝑌= 𝑥 (𝑐0 − 𝑐1 𝑥 𝑇 + 𝐼 + 𝐺) 1 − 𝑐1 Impacts des différentes composantes de la demande autonome : Variation de la consommation autonome Variation des dépenses publiques Variation de l’investissement Rappel de la définition de l’investissement L’investissement désigne l’ensemble des biens d’équipement achetés par les entreprises afin d’augmenter leur capacité de production. Biens d’équipement : machines, outils, usine, etc. Attention, pas la même chose qu’investissement au sens de « placement financier » Différent aussi des consommations intermédiaires qui sont incorporées dans le produit final Trois facteurs qui influencent l’investissement d’une entreprise 1) Remplacement suite à la « dépréciation » des biens d’équipement utilisés par les entreprises ▷ La dépréciation du capital désigne l’usure des biens d’équipement qui les rend inutilisables au bout d’un certain temps 2) Variation de la demande pour les biens ou services produits par l’entreprise ▷ Si l’entreprise anticipe une augmentation de la demande, elle va investir pour augmenter ses capacités de production 3) Coût de l’emprunt comparé au rendement de l’investissement ▷ La plupart du temps, l’entreprise ne peut pas financer seule son investissement ▷ Elle doit emprunter de l’argent auprès des banques ou sur les marchés financiers ▷ Le coût de l’emprunt est donné par le taux d’intérêt Le rôle des anticipations L’investissement dépend des anticipations des entreprises quant à leur rentabilité future. Dans un monde incertain, les anticipations sont au mieux des paris sur l’avenir, de la « spéculation ». Comment se forment les anticipations ? Biais pour le présent ▷ Tendance à considérer que la situation actuelle va se poursuivre Comportements moutonniers ▷ Tendance à imiter les comportements des autres entreprises « Esprits animaux » (Keynes) ▷ Prise de décision spontanée et non sur la base d’une analyse approfondie Les esprits animaux « Even apart from the instability due to speculation, there is the instability due to the characteristic of human nature that a large proportion of our positive activities depend on spontaneous optimism rather than on a mathematical expectation. Most of our decisions to do something positive can only be taken as a result of animal spirits–of a spontaneous urge to action rather than inaction, and not as the outcome of a weighted average of quantitative benefits multiplied by quantitative probabilities. » (John Maynard Keynes, The General Theory, 1936) Caractère « autoréalisateur » des anticipations Cercle vertueux optimiste ▷ Les entreprises sont optimistes et elles augmentent leurs investissements ▷ Cela augmente la demande adressée aux entreprises et les revenus des ménages ▷ La consommation des ménages augmente et renforce l’optimisme des entreprises Cercle vicieux pessimiste ▷ Les entreprises sont pessimistes et elles diminuent leurs investissements ▷ Cela diminue la demande adressée aux entreprises et les revenus des ménages ▷ La consommation des ménages diminue et renforce le pessimisme des entreprises Les anticipations sont « autoréalisatrices » ▷ Si les entreprises sont optimistes alors la situation économique tend à s’améliorer ▷ Si les entreprises sont pessimistes alors la situation économique tend à se détériorer Problème de coordination collective ▷ Aucune entreprise n’a intérêt individuellement à aller contre l’avis général des autres entreprises ▷ Besoin d’un acteur extérieur et suffisamment puissant pour influencer les anticipations : l’État Exemple de la Grande Dépression L’investissement chute de plus de 80 % entre 1929 et 1932 ▷ La crise de 1929 engendre de nombreuses faillites et une perte générale de confiance ▷ L’augmentation du chômage entraîne une perte de revenu des ménages et une chute de la consommation ▷ Les entreprises n’osent pas investir car elles craignent de ne pas trouver de débouchés Le New Deal permet de rompre le cercle vicieux des anticipations pessimistes ▷ L’État crée des débouchés pour les entreprises à travers son grand programme d’infrastructure ▷ L’assurance chômage permet de relancer la consommation des ménages. Fonction d’investissement et équilibre macroéconomique La fonction d’investissement Comment résumer les déterminants de l’investissement ? On raisonne en agrégé et on prend en compte les facteurs les plus simples et qui sont communs à toutes les entreprises. La fonction d’investissement : I = b0 + b1 × Y − b2 × i ▷ b0 : l’investissement autonome dépendant de l’état d’esprit des entreprises (b0 > 0) ▷ b1 : la sensibilité de l’investissement à la demande agrégée (0 < b1 < 1) ▷ −b2 : la sensibilité de l’investissement au taux d’intérêt (b2 > 0) Nouvelle équation d’équilibre Y=C+I+G C = c0 + c1 × (Y − T) I = b0 + b1 × Y − b2 × i Donc : Y = c0 + c1 × (Y − T) + b0 + b1 × Y − b2 × i + G 1 𝑌= 𝑥 (𝑐0 − 𝑐1 𝑥 𝑇 + 𝑏0 + 𝐺 − 𝑏2 𝑥 𝑖) 1 − 𝑐1 − 𝑏1 Y : offre/production/revenu agrégé (PIB) 1/1-c1-b1 : le multiplicateur « keynésien » c0 − c1 × T + b0 + G : la demande autonome −b2 × i : l’influence du taux d’intérêt 1 𝑌 = 1−𝑐1−𝑏1 𝑥 (𝑐0 − 𝑐1 𝑥 𝑇 + 𝑏0 + 𝐺 − 𝑏2 𝑥 𝑖). L’activité économique (Y) diminue lorsque le taux d’intérêt (i) augmente. Exemple : 1 𝑌 = 1−0.5−0.3 𝑥 (400 − 0.5 𝑥 100 + 200 + 100 − 10000 𝑥 𝑖)Exemple : = 5 × (650 − 10 000 × i) ▷ i = 0, 01 (1%) =⇒ Y = 2 750 ▷ i = 0, 02 (2%) =⇒ Y = 2 250 ▷ i = 0, 03 (3%) =⇒ Y = 1 750 La relation décroissante entre Y et i 1 𝑌= 𝑥 (𝑐0 − 𝑐1 𝑥 𝑇 + 𝑏0 + 𝐺 − 𝑏2 𝑥 𝑖) 1 − 𝑐1 − 𝑏1 Qui contrôle le taux d’intérêt ? Besoin de mieux comprendre le fonctionnement du système monétaire et financier. Conclusion Les déterminants de l’investissement ▷ Les anticipations des entreprises quant à la demande future ▷ Le taux d’intérêt représente le coût de l’emprunt Intégration de la fonction d’investissement dans l’équilibre macroéconomique Résultat : une relation décroissante entre Y et i ▷ Si le taux d’intérêt augmente, l’activité économique diminue ▷ Si le taux d’intérêt diminue, l’activité économique augmente Question : qui contrôle le taux d’intérêt ? SYSTEME MONETAIRE ET FINANCIER Les instruments financiers Besoin et capacité de financement Emprunteur : un agent économique avec un besoin de financement Créancier : un agent économique avec une capacité de financement Les deux agents doivent s’accorder sur les modalités de leur relation ▷ Droits et devoirs de chacun ▷ Sous forme d’un contrat Différentes contrats constituent différents instruments financiers Principaux instruments financiers Crédits bancaires Obligations Actions Crédits bancaires Emprunteurs : entreprises et ménages Créanciers : banques Termes du contrat : ▷ Montant du principal (fonds empruntés) ▷ Remboursement du principal selon un échéancier prédéfini ▷ Taux d’intérêt (fixe ou variable) Exemple : ▷ Principal de 100 000 € ▷ Remboursement de 10 000 € chaque année ▷ Taux d’intérêt fixe de 1 % : 1000 € la première année, 900 € la deuxième, etc. Obligations Emprunteurs : entreprises et administrations publiques Créanciers : tout le monde ▷ Principalement des institutions financières (banques, assurance, fonds d’investissement), mais aussi des entreprises non financières, des ménages et des administrations publiques Termes du contrat : ▷ Montant du principal (fonds empruntés) ▷ Maturité (date de remboursement du principal) ▷ Intérêts versés chaque année (« coupon ») ▷ Taux d’intérêt (fixe) = coupon/principal Une obligation peut être revendue Le remboursement final se fait au propriétaire de l’obligation quand elle arrive à maturité Actions Emprunteurs : entreprises Créanciers : tout le monde ▷ Principalement des institutions financières et des entreprises non financières, mais aussi des ménages et des administrations publiques Termes du contrat : ▷ Droit de vote à l’assemblée générale de l’entreprise (en général proportionnel au nombre d’actions) ▷ Versement de dividendes (montant par action fixé chaque année) Une obligation peut être revendue Une obligation peut être rachetée par l’entreprise ▷ Cela revient à détruire l’action La relation décroissante entre Y et i 1 𝑌= 𝑥 (𝑐0 − 𝑐1 𝑥 𝑇 + 𝑏0 + 𝐺 − 𝑏2 𝑥 𝑖) 1 − 𝑐1 − 𝑏1 i représente le coût de l’emprunt pour les entreprises, c’est-à-dire le taux d’intérêt moyen sur les crédits bancaires et les obligations. Qu’est ce qui détermine ce taux d’intérêt ? Besoin de mieux comprendre le fonctionnement du système bancaire. Le système bancaire Un système à deux niveaux Les banques commerciales sont des institutions financières (privées ou publiques) ▷ Leur principale fonction consiste à accorder des crédits aux ménages et aux entreprises ▷ Elles hébergent également les comptes bancaires des ménages et des entreprises ▷ Les sommes disponibles sur ces comptes sont appelées les « dépôts » La banque centrale est une institution financière publique ▷ C’est « la banque des banques » ▷ Elle accorde des prêts aux banques commerciales ▷ Elle héberge les comptes des banques commerciales et gère les transactions entre ces comptes ▷ Les sommes disponibles sur ces comptes sont appelées les « réserves » Exemple : que se passe-t-il quand on demande un crédit Immobilier ? La banque crée des dépôts sur le compte de l’emprunteur ▷ La banque n’a pas besoin d’emprunter les sommes qu’elle prête ▷ On dit que « les crédits font les dépôts » Le client s’engage à des actions futures ▷ Remboursement du principal selon l’échéancier prévu ▷ Paiement des intérêts en fonction d’un certain taux d’intérêt (fixe ou variable) Les réserves Les réserves constituent la « monnaie des banques » Elles sont créées par la banque centrale lorsqu’elle accorde des crédits aux banques ▷ Les banques doivent payer des intérêts sur ces crédits et les rembourser Elles sont détenues par les banques commerciales sur leurs comptes hébergées par la banque centrale Les banques commerciales utilisent les réserves pour régler leurs comptes entre elles Exemple Eric, un client du Crédit Agricole (CA), retire 100 € à un distributeur qui appartient à la BNP ▷ CA doit 100 € à BNP La même journée, Sabrina, cliente BNP, règle par carte bancaire un achat de 200 € auprès d’un commerçant, qui est client chez CA ▷ BNP doit 200 € à CA À la fin de chaque journée, les banques commerciales règlent leurs comptes entre elles ▷ BNP doit transférer 100 € à CA sous forme de réserves Pour cela, elles utilisent les réserves dont elles disposent déjà ou elles en empruntent à la banque centrale ▷ BNP peut demander un crédit de 100 € à la BCE sous forme de réserves La politique monétaire Qu’est-ce que la monnaie ? Monnaie « fiduciaire » ▷ Les pièces et les billets Monnaie « scripturale » ▷ Les réserves : comptes courants des banques commerciales auprès de la banque centrale ▷ Les dépôts : comptes courants des entreprises et des ménages auprès des banques commerciales Définition de la politique monétaire Une politique monétaire est une politique économique qui vise à modifier la quantité de monnaie en circulation dans l’économie. Une politique monétaire peut être utilisée pour réaliser différents objectifs de stabilisation. La politique monétaire est menée par la banque centrale. Le taux directeur Le taux d’intérêt auquel la banque centrale prête des réserves aux banques commerciales est appelé taux « directeur » La modification de ce taux directeur a un impact indirect sur les autres taux d’intérêt dans l’économie ▷ Les taux d’intérêt sur les crédits accordés aux ménages et aux entreprises ▷ Les taux d’intérêt des obligations émises par les entreprises et les administrations publiques Le taux directeur est le principal instrument de la politique monétaire ▷ Hausse du taux directeur =⇒ tous les autres taux d’intérêt augmentent ▷ Baisse du taux directeur =⇒ tous les autres taux d’intérêt diminuent Taux directeur, coût des réserves et quantité de monnaie La banque centrale fait varier le taux directeur, ce qui modifie le coût des réserves pour les banques commerciales ▷ Hausse du taux directeur =⇒ réserves plus coûteuses ▷ Baisse du taux directeur =⇒ réserves moins coûteuses La variation du coût des réserves entraîne une variation de la quantité de crédits bancaires ▷ Réserves plus coûteuses =⇒ moins de crédits ▷ Réserves moins coûteuses =⇒ plus de crédits La variation du crédit bancaire entraîne une variation de la quantité de monnaie en circulation ▷ Moins de crédits =⇒ moins de monnaie en circulation ▷ Plus de crédits =⇒ plus de monnaie en circulation En résumé Grâce au taux directeur, la banque centrale dirige l’activité de création monétaire des banques commerciales Il y a deux options principales de politique monétaire Politique monétaire « restrictive » ▷ Hausse du taux directeur =⇒ baisse de la quantité de monnaie en circulation Politique monétaire « expansive » ▷ Baisse du taux directeur =⇒ hausse de la quantité de monnaie en circulation 1 𝑌= 𝑥 (𝑐0 − 𝑐1 𝑥 𝑇 + 𝑏0 + 𝐺 − 𝑏2 𝑥 𝑖) 1 − 𝑐1 − 𝑏1 Politique monétaire restrictive ▷ Hausse du taux d’intérêt =⇒ baisse de l’activité économique Politique monétaire expansive ▷ Baisse du taux d’intérêt =⇒ hausse de l’activité économique Évolution des taux directeurs de la BCE et de la Fed Diminution rapide des taux d’intérêts en 2008 ▷ Politique monétaire expansive pour limiter l’impact de la crise des subprimes Maintien de taux faibles entre 2009 et 2021 ▷ Taux directeur à 0 pour la BCE entre 2016 et 2021 : toujours des inquiétudes sur le niveau d’activité économique dans la zone Euro ▷ Taux directeur de la Fed qui remonte entre 2016 et 2019, mais nouvelle chute pour faire face à la crise du covid Remontée des taux d’intérêts rapide en 2022 ▷ Politique monétaire restrictive Quel est l’intérêt d’une politique monétaire restrictive ? ▷ Une politique monétaire restrictive vise à réduire l’inflation ▷ À voir dans la prochaine séance Conclusion Le système bancaire est un système à deux niveaux ▷ Relations entre la banque centrale et les banques commerciales ▷ Relations entre les banques commerciales et les ménages/entreprises La banque centrale crée des réserves pour les prêter aux banques commerciales Les banques commerciales créent de la monnaie lorsqu’elles font des crédits aux ménages/entreprises La banque centrale contrôle le taux directeur et influence ainsi les autres taux d’intérêt ▷ Politique monétaire restrictive =⇒ baisse de l’activité économique ▷ Politique monétaire expansive =⇒ hausse de l’activité économique L’INFLATION L’évolution des prix Au sein d’une économie, les prix des biens et services évoluent au cours du temps. Il est facile de dire si individuellement le prix d’un produit augmente ou diminue, mais comment faire si l’on veut savoir quelle est l’évolution globale des prix? Il peut y avoir certains prix qui augmentent et d’autres qui diminuent en même temps. Pour avoir une idée de l’évolution globale des prix, on calcule un « indice des prix à la consommation ». L’évolution des prix : Au sein d’une économie, les prix des biens et services évoluent au cours du temps. Il est facile de dire si individuellement le prix d’un produit augmente ou diminue, mais comment faire si l’on veut savoir quelle est l’évolution globale des prix? Il peut y avoir certains prix qui augmentent et d’autres qui diminuent en même temps. Pour avoir une idée de l’évolution globale des prix, on calcule un « indice des prix à la consommation ». L’indice des prix à la consommation (IPC) Le calcul de l’IPC s’appuie sur un panier représentatif de biens et services, fixe au cours d’une année, dont les prix sont suivis chaque mois. Chaque mois, on calcule le prix du panier représentatif et on le compare à celui du premier mois (dont l’IPC est fixé à 100). On dit aussi que l’IPC mesure l’évolution du « niveau général des prix ». En France, le calcul de l’IPC est basé sur la collecte de 200 000 prix, dans 27 000 points de vente, répartis dans 106 agglomérations. Le taux d’inflation Le taux d’inflation est le taux de variation de l’IPC au cours d’une période donnée (mois, trimestre, année). 𝐼𝑃𝐶𝑡 − 𝐼𝑃𝐶𝑡 − 1 inf 𝑡 = 𝐼𝑃𝐶𝑡 − 1 Dans l’exemple précédent, le taux d’inflation au cours de l’année 2023 est : inf = 110−100/100 = 0, 1 = 10%. Dit autrement, dans cet exemple, le niveau général des prix aurait augmenté de 10 % au cours de l’année 2023. Trois notions pour décrire l’évolution des prix : Si inft > 0, on parle d’« inflation » Si inft < 0, on parle de « déflation » Si 0 < inft < inft−1, on parle de « désinflation » Des cas historiques extrêmes « Hyperinflation » allemande 1922/1923 ▷ Le taux d’inflation mensuel moyen est d’environ 400 % pendant plus d’une année ▷ Cela signifie que chaque mois les prix sont multipliés par 5 en moyenne Déflation pendant la Grande Dépression ▷ Entre 1929 et 1933, les prix diminuent d’environ 30 % aux États-Unis Crise économique argentine de la fin des années 1980 ▷ Le taux d’inflation annuel est d’environ 4 900 % en 1989 ▷ Cela signifie que les prix sont multipliés par 50 en une année Les impacts de l’inflation Valeur nominale vs valeur réelle Valeur nominale : valeur mesurée à l’aide des prix de l’année considérée Valeur réelle : valeur mesurée en déduisant l’effet de l’inflation Exemple : ▷ Taux de croissance du PIB réel = taux de croissance du PIB nominal - taux d’inflation ▷ En pratique, le calcul du taux de croissance du PIB réel est plus compliqué, mais l’idée est similaire Le pouvoir d’achat Le pouvoir d’achat est le revenu réel d’un ménage. Il mesure la capacité du ménage à acheter des biens et des services grâce au revenu dont il dispose. Taux de croissance du pouvoir d’achat = taux de croissance du revenu nominal - taux d’inflation Exemple : ▷ Le revenu d’un ménage passe de 4 000 € à 4 400 € entre 2023 et 2024 (augmentation de 10 %) ▷ Le taux d’inflation est de 6 % au cours de la même période ▷ Donc le pouvoir d’achat du ménage augmente de 4 % (10 - 6) La capacité d’achat que représente une somme d’argent donnée change au cours du temps ▷ En France, en 2023, avec 150 €, on peut acheter autant de produits qu’avec 100 € en 2000 L’évolution du pouvoir d’achat Qu’est-ce qui fait varier le pouvoir d’achat ? Lorsque les revenus augmentent plus que l’inflation, le pouvoir d’achat augmente ▷ Exemple : si les revenus augmentent de 10 % et l’inflation est de 6 %, le pouvoir d’achat progresse de 4 % Lorsque les revenus augmentent moins que l’inflation, le pouvoir d’achat diminue ▷ Exemple : si les revenus augmentent de 3 % et que l’inflation est de 6 %, le pouvoir d’achat diminue de 3 % L’indexation sur l’inflation Une « indexation » consiste à faire évoluer un type de revenus donné selon l’inflation. Cela a pour but de garantir aux personnes qui bénéficient de ces revenus que leur pouvoir d’achat ne diminue pas. Exemples en France : Les salaires sont indexés sur l’inflation entre 1952 et 1982 ▷ Aujourd’hui, seul le SMIC est encore indexé sur l’inflation Les retraites sont indexées sur l’inflation La plupart des aides sociales sont indexées ▷ RSA, allocations familiales, APL, etc. Les bourses étudiantes ne sont pas indexées L’inflation modifie la répartition du revenu réel Tous les types de revenu ne sont pas affectés de la même manière par l’inflation ▷ L’impact de l’inflation sur chaque type de revenu dépend de la réglementation en vigueur (indexation ou pas), mais aussi de mécanismes économiques que l’État ne contrôle pas directement (négociations salariales, etc.) Depuis 2021, en France, l’inflation induit une diminution des salaires réels ▷ Les personnes dont l’essentiel du revenu provient de leur salaire (ce qui est le cas de la plupart des actifs) voient donc leur pouvoir d’achat diminuer ▷ Pourtant, la productivité des salariés n’a pas diminué Cette perte est compensée par des gains d’autres groupes sociaux ▷ Les entreprises nationales et leurs propriétaires (si les marges augmentent) ▷ Des acteurs étrangers (si l’inflation est due à une augmentation des prix des importations) L’inflation et les instruments financiers Des instruments financiers fondés sur une valeur nominale ▷ Le remboursement des crédits et des obligations se fait sur la base de la valeur nominale du principal Rôle du taux d’intérêt nominal ▷ Le taux d’intérêt est censé permettre à la fois de couvrir la perte de valeur liée à une inflation modérée et d’offrir un gain réel au créancier Taux d’intérêt réel = taux d’intérêt nominal - taux d’inflation ▷ Si le taux d’inflation augmente soudainement, le taux d’intérêt réel peut devenir négatif L’inflation modifie la relation entre créancier et emprunteur ▷ Une augmentation de l’inflation est bénéfique aux emprunteurs et néfaste pour les créanciers ▷ Inversement, une diminution de l’inflation est bénéfique aux créanciers et néfaste pour les emprunteurs En résumé L’inflation modifie la répartition du revenu réel (flux) ▷ Les personnes dont les revenus ne sont pas indexés sur l’inflation peuvent être perdantes ▷ En France, depuis 2021, ce sont les salaires réels qui diminuent ▷ D’autres groupes peuvent bénéficier de l’inflation : propriétaires d’entreprises et acteurs étrangers par exemple L’inflation modifie la répartition de la fortune réelle (stock) ▷ Les agents endettés avec des taux d’intérêts nominaux fixes bénéficient d’une augmentation de l’inflation ▷ Les agents qui ont prêtés à des taux d’intérêts nominaux fixes souffrent d’une augmentation de l’inflation Et la déflation ? Pire que l’inflation ! Report des achats ▷ Si les ménages et les entreprises anticipent que la diminution des prix va se poursuivre, ils repoussent à plus tard leurs achats ▷ En conservant la monnaie, ils accroissent leur pouvoir d’achat Chute de la demande ▷ Le report des achats entraîne la diminution de la consommation des ménages et de l’investissement des entreprises ▷ La demande chute et elle entraîne la production avec elle On parle de « spirale déflationniste » ▷ La chute de la demande entraîne une nouvelle diminution des prix, qui entraîne une nouvelle chute de la demande, et ainsi de suite Politique monétaire et inflation Le rôle du taux directeur Pourquoi les banques centrales augmentent-elles le taux directeur lorsque l’inflation augmente ? Hypothèse : une forte inflation est due à un excès de création monétaire ▷ Si la quantité de monnaie en circulation augmente plus vite que la production de biens et services, alors les prix augmentent ▷ Dans cette perspective, la création monétaire est une cause de l’inflation Réaction : il faut ralentir la création monétaire ▷ Politique monétaire restrictive ▷ Hausse du taux directeur =⇒ baisse de la quantité de monnaie en circulation Objectifs des banques centrales Taux d’inflation positif ▷ Éviter à tout prix d’entrer dans une spirale déflationniste Taux d’inflation stable ▷ Les principaux problèmes liés à l’inflation apparaissent en cas de fortes variations du taux d’inflation Taux d’inflation faible (autour de 2 %) ▷ Garantir une valeur relativement stable de la monnaie ▷ Permet aux ménages et aux entreprises de s’engager dans leurs projets Croissance vs désinflation Conflit potentiel entre les objectifs de la politique monétaire Stimuler l’activité économique ▷ Politique monétaire expansive via la diminution du taux directeur Stabilité des prix ▷ Politique monétaire restrictive via l’augmentation du taux directeur Chaque banque centrale attribue un poids plus ou moins important aux deux objectifs ▷ Dans le cas de la BCE, la stabilité des prix est clairement l’objectif principal (cible d’inflation de 2 %) ▷ Dans le cas de la Fed, les deux objectifs sont pris en compte Critiques des politiques monétaires restrictives La monnaie n’est pas la seule cause possible de l’inflation Les produits importés ▷ L’inflation peut être déclenchée par l’augmentation du prix des produits importés à cause d’événements dans d’autres régions du monde ▷ Exemples avec la guerre en Ukraine : augmentation du prix du gaz en Europe suite à l’interdiction d’importer du gaz russe Le conflit sur la répartition de la valeur ajoutée ▷ Les travailleurs et les capitalistes cherchent à obtenir une part plus importante de la valeur ajoutée ▷ Si les travailleurs obtiennent une augmentation de leurs salaires, les capitalistes peuvent augmenter les prix pour maintenir leurs marges Impact sur la création monétaire ▷ Si le prix des biens d’équipement augmente, l’investissement coûte plus cher et donc il faut des crédits bancaires plus importants ▷ La création monétaire est une conséquence de l’inflation Prix des énergies Quel est l’impact du prix des énergies (gaz, pétrole, électricité, etc.) sur l’inflation ? Effet direct : consommation d’énergie par les ménages ▷ Les énergies font partie du panier représentatif utilisé pour calculer l’évolution de l’IPC ▷ Une hausse importante des prix de l’énergie implique un taux d’inflation élevé Effet indirect : consommation d’énergie par les entreprises ▷ Une hausse importante des prix de l’énergie entraîne une hausse des coûts de production des entreprises ▷ Cela se traduit en une augmentation des prix des produits finaux consommés par les ménages et donc en un taux d’inflation élevé L’effet des salaires sur l’inflation Les salaires sont une partie des coûts de production des entreprises. Une hausse générale des salaires implique donc une hausse générale des coûts de production et donc une hausse générale des prix de vente. Mais quand est-ce que les salaires augmentent ? Quand le rapport de force est favorable aux salariés, et notamment quand le taux de chômage est faible. ▷ Facilité à trouver un nouvel emploi pour le travailleur ▷ Difficulté à trouver un remplaçant pour l’entreprise ▷ Les entreprises augmentent les salaires pour conserver/attirer les travailleurs Taux de croissance, taux de chômage et taux d’inflation L’articulation entre croissance et inflation ▷ Taux de croissance élevé ⇒ taux de chômage faible ▷ Taux de chômage faible ⇒ taux d’inflation élevé ▷ Conclusion : un taux d’inflation élevé est une conséquence normale d’un taux de croissance élevé Effet d’une politique monétaire restrictive ▷ Augmentation du taux directeur ⇒ taux de croissance faible ▷ Taux de croissance faible ⇒ taux de chômage élevé ▷ Taux de chômage élevé ⇒ taux d’inflation faible ▷ Conclusion : une politique monétaire restrictive a bien un effet sur l’inflation, mais cela se fait aux dépends des travailleurs En résumé : trois formes d’inflation L’inflation par excès de création monétaire ▷ Une politique monétaire restrictive agit en réduisant la quantité de monnaie L’inflation par les prix des produits importés ▷ En particulier les matières premières : énergie, produits agricoles, etc. ▷ Une politique monétaire restrictive n’a pas vraiment d’impact sur ce type d’inflation L’inflation par les salaires ▷ Une politique monétaire restrictive agit en augmentant le taux de chômage Source de débats entre économistes ▷ Pas d’accord sur quelle est l’origine principale de l’inflation dans une situation donnée ▷ Pas d’accord sur la nécessité de mettre en œuvre ou pas une politique monétaire restrictive