Phytothérapie Cours 2 PDF
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Ce document est un cours de phytothérapie. Il présente les définitions et concepts de base de cette approche thérapeutique, ainsi que la législation et les pratiques liées aux plantes médicinales. Le contenu détaille les différents usages médicinaux des plantes.
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**PHYTOTHERAPIE** ***[INTRODUCTION]*** La phytothérapie est l'art d'utiliser les plantes pour se soigner. Du grec « phyton » qui signifie plante et « therapein » qui signifie soigner, il s'agit donc d'une thérapeutique allopathique (c'est-à-dire soigner par des substances qui ont l'effet inverse à...
**PHYTOTHERAPIE** ***[INTRODUCTION]*** La phytothérapie est l'art d'utiliser les plantes pour se soigner. Du grec « phyton » qui signifie plante et « therapein » qui signifie soigner, il s'agit donc d'une thérapeutique allopathique (c'est-à-dire soigner par des substances qui ont l'effet inverse à la pathologie dont souffre le patient) destinée à prévenir et traiter des troubles fonctionnels et des états pathologiques bénins par des plantes médicinales dénuées de toxicité dans les conditions normales d'utilisation. La phytothérapie existe depuis la nuit des temps, l'homme a eu recours aux plantes pour se nourrir mais aussi pour se soigner. Au fil des siècles, la connaissance des plantes médicinales se transmet de génération en génération. Au XIXe siècle, les chimistes ont réussi à isoler les principes actifs de certaines plantes : la quinine du quinquina, la morphine de l\'opium etc\.... Poursuivant ainsi leurs recherches, ils ont réussi, au début du XXe siècle à fabriquer des molécules synthétiques. Les plantes ne servant plus que de réserves à molécules chimiques. C'est alors que l'on délaisse progressivement la phytothérapie au profit des thérapeutiques de synthèse. Cependant ces dernières années on remarque un regain d'intérêt pour la phytothérapie et des thérapeutiques plus « naturelles ». Ce changement des mentalités a certainement été influencé par les nombreux scandales médiatiques (Médiator®, Diane 35®...) qui ont entaché la confiance de la population pour les médicaments de synthèse. Selon l'OMS, 80% de la population mondiale a recours aux plantes pour se soigner, ceci sous plusieurs formes : plantes séchées ou pas (tisanes) ou préparations immédiatement dérivées (poudres, teintures, extraits...). ***[PHYTOTHERAPIE]*** ***[1. DEFINITIONS ET LEGISLATION ]*** ***[A) LA PHARMACOPEE FRANÇAISE :]*** Il existe une distinction entre les drogues d'un usage médical exclusif de celles pouvant avoir un autre usage notamment alimentaire, cosmétique, ou comme complément alimentaire. C'est pourquoi le décret n°2008-841 du 22 août 2008 relatif à la vente au public des plantes médicinales inscrites à la Pharmacopée a libéralisé la vente de 148 plantes par des non pharmaciens, sous des formes bien précises. Cet article précise la ou les parties de plante autorisées ainsi que leur(s) forme(s) d'utilisation (en l'état, en poudre et/ou sous forme d'extrait sec aqueux). Elles peuvent être vendues par des personnes autres que des pharmaciens à condition de ne pas adjoindre à la commercialisation de ces plantes des indications thérapeutiques, auquel cas, la plante serait considérée comme médicament par présentation. ***[PLANTE MEDICINALE ]*** Les plantes médicinales sont des drogues végétales au sens de la Pharmacopée européenne dont au moins une partie possède des propriétés médicamenteuses. Il est peu fréquent que la plante soit utilisée entière, le plus souvent il s\'agit d\'une ou de plusieurs parties qui peuvent avoir chacune des utilisations différentes. Des plantes ayant des propriétés médicamenteuses peuvent avoir également des usages alimentaires ou condimentaires, ou encore servir à la préparation de boissons hygiéniques. Pour ces diverses utilisations, il s\'agit soit des mêmes parties de plantes, soit des parties différentes. Parmi les plantes médicinales nous pouvons distinguer deux moyens d'utilisation distincts : 1\. **La plante entière ou une partie de la plante est utilisée en l'état sans avoir subi d'extraction physico-chimique préalable.** \- Le terme de totum est alors employé pour désigner l'ensemble ou la partie du végétal utilisé. Le totum contient de nombreuses familles d'actifs agissant en synergie. Le patient peut l'ingérer sous forme de gélules contenant la poudre de plante, de comprimés ou de tisane (extraction des composés hydrosolubles). Exemple : la racine d'harpagophytum (Harpagophytum procubens L.) Cette utilisation de la plante médicinale se rapproche des utilisations originelles car on utilise la partie de la plante dans sa globalité et c'est la synergie des actifs contenues dans sa drogue végétale qui permet son effet thérapeutique. **2. La plante entière ou une partie de la plante subit une extraction physico-chimique.** On obtient alors un extrait aqueux, hydro- alcoolique\... selon le solvant d'extraction utilisé. Cet extrait liquide subit généralement une étape de dessiccation. On obtient alors un extrait sec. L'extrait sec est concentré en principes actifs de la même famille chimique. On utilise donc la plante pour en extraire son principe actif principal en vue d'un effet thérapeutique précis. C'est une thérapeutique beaucoup plus évoluée car on cible une molécule précise provenant de la plante médicinale et on l'extrait pour obtenir un concentré de ce principe actif. Exemple : l'extrait sec hydro alcoolique de millepertuis. Selon le mode d'extraction utilisé nous pouvons retrouver plusieurs indications pour la même plante car des principes actifs différents seront extraits. Le millepertuis est ainsi retrouvé sous plusieurs formes : \- L'extrait sec ainsi que la drogue végétale pulvérisée qui sont utilisés pour les états dépressifs mineurs à modérés \- L'extrait liquide par extraction dans une huile végétale qui est utilisée pour ses propriétés anti-inflammatoires sur la peau ***[DROGUE VEGETALE OU SUBSTANCE VEGETALE ]*** Dans une plante, la partie utilisée à des fins thérapeutiques est également appelée drogue végétale. Il s'agit de la plante, ou parties de plantes, d'algues, de champignons, de lichens, principalement entiers, fragmentés ou coupés, utilisés en l'état, le plus souvent desséchés, mais parfois frais. Certains exsudats n'ayant pas subi de traitements spécifiques sont également considérés comme drogues végétales. Les drogues végétales doivent être définies avec précision par la dénomination scientifique universelle selon le système binomial (genre, espèce, variété, auteur) Les substances végétales sont précisément définies par la partie de la plante utilisée et la dénomination botanique selon une nomenclature bien définie : prenons l'exemple du Ginseng : La famille commence toujours par une majuscule ex : Araliaceae \- Le genre commence par une majuscule et est écrit en italique ex : Panax \- L'espèce s'écrit en minuscule et en italique ex : ginseng Le nom de l\'espèce est parfois suivi de la première lettre en majuscule du nom de celui qui l\'a nommée pour la première fois. Ex : Panax ginseng ***[Médicament à base de plantes ]*** Les médicaments à base de plantes : Selon le CSP (code de la santé publique) à l'Art. L. 5121-1, 16, un médicament à base de plantes est un médicament dont la substance active est exclusivement une ou plusieurs substances végétales ou préparation à base de plantes ou une association de plusieurs substances végétales ou préparations à base de plantes. ***[Principe actif ]*** Le principe actif est une molécule présentant un intérêt thérapeutique curatif ou préventif pour l\'Homme ou l\'animal. Il est contenu dans une drogue végétale ou une préparation à base de drogue végétale. En fait, dans le langage courant, le terme se substitue à celui de constituant à effet thérapeutique. Lorsque l'on parle de médicaments « classiques », il est plus facile de distinguer le principe actif qui est la molécule présente dans le médicament et qui permettra l'effet thérapeutique désiré. Cependant, en phytothérapie, la notion de principe actif est plus complexe en raison du principe de « Totum » de la plante médicinale. Le Totum désigne le profil chimique et pharmacologique de la plante qui se compose d'un mélange complexe de substances présentes en quantités variables et qui produisent entre elles un effet de synergie responsable de l'activité de la plante. Cette synergie signifie que si l'on prend les molécules isolément, l'effet n'est pas le même que lorsqu'elles sont conjuguées : c'est le principe du « tout » supérieur à la somme des parties. ***[La Pharmacopée ]*** La Pharmacopée est un recueil, à caractère réglementaire, des matières premières (d'origine végétale, animale et chimique) susceptibles d'entrer dans la composition des médicaments (principes actifs et excipients). La pharmacopée rassemble l'ensemble des monographies permettant de contrôler la qualité d'une matière première. La Monographie est un texte qui présente l'ensemble des caractéristiques validant la qualité physico- chimique d'une matière première. On y trouve la définition, les caractères, l'identification, les essais et le dosage. \- La pharmacopée est un ouvrage règlementaire permettant de définir : - les critères de pureté des matières premières ou des préparations entrant dans la composition des médicaments - les méthodes d'analyse à utiliser pour en assurer le contrôle C'est cette pharmacopée qui permet d'encadrer la préparation et la vente de plantes médicinales en apportant un support règlementaire précis et de qualité. **Une liste de de plus de 500 plantes médicinales est divisée en 2 parties :** \- La liste A comprenant les plantes médicinales utilisées traditionnellement désignées comme toxiques et ne sont employées qu'en usage local, ou exclusivement sous forme de dilutions homéopathiques. \- La liste B des plantes médicinales (espèces ou genres botaniques) utilisées traditionnellement en l'état ou sous forme de préparation et dont les effets indésirables potentiels sont supérieurs au bénéfice thérapeutique attendu. En revanche, en dilution, elles peuvent servir à la préparation de médicaments homéopathiques et sont vendues exclusivement par les pharmaciens. ***[Législation]*** Les pharmaciens ont l'obligation de se fournir auprès de fournisseurs soumis à déclaration auprès de l'ANSM et les plantes qu'ils délivrent doivent répondre aux spécifications de la pharmacopée (art. L. 5138-3 du CSP). Cette connaissance complète des plantes médicinales associée à l'obligation qu'ils ont de fournir des plantes conformes aux spécifications de la pharmacopée, permet d'en sécuriser la dispensation et de répondre aux attentes grandissantes du public. Comme tout médicament, les médicaments à base de plantes sont pourvus d'indications thérapeutiques mentionnées dans la notice ou dans toute autre information relative au médicament à base de plantes tel le Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP) de leur dossier d'AMM. Ils répondent alors à la législation du médicament et sont donc soumis à une AMM avant commercialisation. On entend donc par phytomédicaments les produits à base de plantes ayant obtenu une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) ou un enregistrement auprès des autorités compétentes qui sont les Agences nationales (en France l'ANSM), ou dans certains cas, l'Agence Européenne pour l'Évaluation des Médicaments (EMEA: European Medicines Agency). ***[Les préparations à base de plantes ]*** Ce sont des préparations obtenues par traitement de substances végétales, tel que l\'extraction, la distillation, l\'expression, le fractionnement, la purification, la concentration ou la fermentation. Elles comprennent les substances végétales concassées ou pulvérisées, les teintures, les extraits, les huiles essentielles, les jus obtenus par pression et les exsudats traités. ***[Les matières premières]*** ***[1- L'approvisionnement]*** L'approvisionnement en plantes médicinales de trois façons distinctes : \- Par une structure non pharmaceutique ou par récolte personnelle : dans ce cas l'obligation de faire subir une ou plusieurs transformations aux plantes avant de les délivrer. Par un laboratoire à statut pharmaceutique agrée par l'ANSM : cela permet d'assurer la qualité des plantes ainsi que le respect de la règlementation en vigueur et des bonnes pratiques de fabrication et de stockage. En effet, tous les produits fournis sont contrôlés par le laboratoire qui en assure la qualité, les plantes sont étiquetées et le suivi et rendu possible par les mentions : ∙ Nom de la drogue et la partie utilisée ∙ Poids net ∙ Numéro de lot ∙ Date limite d'utilisation pour les produits en vrac. ***[Stockage et conservation des matières premières ]*** Il est essentiel de suivre les règles des BPP car des plantes bien conservées auront gardé un maximum de leurs principes actifs et en seront donc d'autant plus efficaces. Lors de la réception des matières premières, la première chose à faire est de vérifier l'intégrité du conditionnement qui doit être scellé hermétiquement. Les principales conditions de stockage des plantes médicinales à l'officine sont : \- Une température constante (une température élevée double la vitesse de dégradation des plantes) comprise entre 15 et 18° \- Un taux d'humidité inférieur à 60% \- Une fragmentation seulement au moment de la délivrance, ce qui permet de limiter le contact avec l'air \- Une conservation dans un récipient fermé hermétiquement, de préférence opaque et non réactif envers la plante En ce qui concerne la durée de conservation, elle est d'environ deux ans pour les fleurs, feuilles et tiges herbacées, et de quatre ans pour les racines, écorces et tiges plus coriaces. ***[Botanique :]*** La botanique, ou phytologie, est la science qui regroupe l\'ensemble des disciplines étudiant les végétaux, la science de la biologie de la plante. Cette biologie végétale est une branche de la biologie impliquant l\'étude scientifique des plantes vivantes; l\'étude des plantes mortes est la paléobotanique. Un organisme botanique est relatif aux végétaux. Traditionnellement, la botanique inclut également l\'étude des champignons (mycologie), des algues (algologie, phycologie) et les virus (microbiologie, phytopathologie). Le spécialiste est le botaniste, ou phytologiste. La botanique intègre la phyllotaxie, la science des feuilles. Aujourd\'hui, les botanistes étudient plus de 550.000 espèces d\'organismes vivants, en pratiquant à la fois un inventaire de la végétation à l\'aide d\'un relevé botanique, en étudiant les raisons de la distribution des espèces en géographique botanique (la géobotanique). La notion de région botanique permet ainsi de délimiter les espaces ou contrées incluant des plantes endémiques ou propres à quelques régions. ***[Champs d'action]*** La botanique couvre un large éventail de disciplines scientifiques, y compris la structure, la croissance, la reproduction, le métabolisme, le développement, les maladies, les propriétés chimiques, et les relations évolutives entre les groupes taxonomiques. La botanique a commencé avec les premiers efforts de l\'homme pour identifier les plantes comestibles, plantes médicinales, plantes aromatiques et plantes toxiques, ce qui en fait une des plus anciennes branches de la science. ***[L'homéopathie]*** L\'homéopathie est un concept créé en 1796 par un médecin allemand, Samuel Hahnemann. Il repose sur l\'idée qu\'une substance qui provoque un symptôme peut être utilisée pour traiter le même symptôme de la maladie. Les praticiens recourant à l\'homéopathie pensent qu\'elle fonctionne en stimulant le corps à se soigner lui-même. L'homéopathie est une méthode thérapeutique qui repose notamment sur le principe de similitude (du grec homoios « semblable » et pathos « maladie »), c'est-à-dire soigner par ce qui est semblable à la maladie. Elle consiste en effet, en l'administration à des doses très faibles ou infinitésimales, de substances susceptibles de provoquer, à des concentrations différentes, chez l'homme en bonne santé, des manifestations semblables aux symptômes présentés par le malade. ***[Spécialité médicale]*** Les médicaments homéopathiques sont administrés sous forme de granules ou de gouttes, à extrêmement faibles concentrations, à des dilutions infinitésimales. En France, il y a environ 5.000 médecins homéopathes qui prescrivent de l\'homéopathie à leurs patients ; ces consultations de médecins généralistes peuvent donc permettre un remboursement par la sécurité sociale. L\'homéopathie vétérinaire existe aussi pour les animaux.