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Toulouse III - Paul Sabatier University

Dr. Lapeyre-Mestre

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vaccins immunologie pharmacologie maladies

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Ce document présente un cours sur les vaccins, avec une introduction aux principes de la vaccination et une classification des vaccins basée sur le type de micro-organisme. Il couvre différents types de vaccins et les mécanismes immunitaires impliqués, ainsi que l’efficacité et la variabilité de la réponse vaccinale. Le document explique aussi la voie d’administration des vaccins et les effets indésirables potentiels.

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Dr. Lapeyre-Mestre​ ​ ​ Pharmacologie n°3&4​​ ​ Julie Pascal 17/01 10h-12h​ ​ ​ ​ ​ Ronéo 2​ ​ ​ Elisa Sabathier LES VACCINS I.​ Introduction Le princ...

Dr. Lapeyre-Mestre​ ​ ​ Pharmacologie n°3&4​​ ​ Julie Pascal 17/01 10h-12h​ ​ ​ ​ ​ Ronéo 2​ ​ ​ Elisa Sabathier LES VACCINS I.​ Introduction Le principe d’un vaccin est la modification d’une structure antigénique d’origine bactérienne ou virale afin de l'inactiver sur le plan infectieux tout en maintenant un pouvoir antigénique suffisant pour entraîner une réaction immunitaire. En effet, le but étant de ne pas provoquer l’infection ou la maladie associée à l’antigène mais de produire une réaction immunitaire suffisante pour pouvoir être protégé face au pathogène concerné dans le temps. La vaccination est donc l’activation du système immunitaire par un antigène. Ce mécanisme implique un grand nombre de cellules immunitaires comme le macrophage, les cellules dendritiques cutanées, les lymphocytes B et T mais aussi diverses cytokines qui seront produites par cette stimulation immunitaire. La vaccination s’appuie sur ce qu’on appelle la « mémoire immunitaire » qui va permettre de garder en mémoire l’antigène appartenant à un pathogène afin que lorsque le corps soit exposé à nouveau à celui-ci, il y ait la mise en place d’une défense rapide, spécifique et efficace pour mieux contrôler l’infection. L’efficacité du vaccin va dépendre de la réceptivité de l’hôte, de la capacité du vaccin lui-même selon sa nature à stimuler les moyens de défense et l’adaptation de la réponse immune produite à neutraliser l’agent infectieux. II.​ Protection vaccinale L’administration vaccinale se fait dans un site d’injection permettant de solliciter les cellules qui vont prendre en charge l’antigène soit les macrophages et les cellules dendritiques, afin qu’elles puissent apporter celui-ci dans un ganglion lymphatique ou va se dérouler la réponse immunitaire adaptative et la production d’anticorps. Cette protection vaccinale est permise principalement par la production d’anticorps qui est « l’expression finale de la mémoire immunitaire ». (La prof n’a pas précisé leurs actions que l’on est censé connaître) Elle est également permise par des évènements cellulaires qui vont se succéder avec notamment l’activation des lymphocytes cytotoxiques T CD8 qui vont produire des cytokines permettant de détruire l’agent infectieux en cas de réinfection, mais aussi la production de lymphocytes B mémoires qui auront la possibilité d’activer la réponse immunitaire à des temps distants de l’administration vaccinale. Ces réponses immunitaires vont donc être mobilisés de façon différente selon les types de vaccins, les antigènes mais aussi selon les caractéristiques hôtes. Ce schéma vient résumer de façon simple le déroulé de la réponse immunitaire contre un pathogène après avoir eu une injection de vaccin. En ordonnée on aura le dosage d’anticorps dans le sang qui est une façon de quantifier la réponse immunitaire. Le vaccin est donc administré en temps 0, on aura d’abord une réponse primaire due à la présentation de l’antigène présent dans le vaccin avec une production d’IgM plus importante que les IgG. Quelque temps après, la personne vaccinée va rencontrer à nouveau l’agent infectieux de façon naturelle, le système immunitaire va alors reconnaître l’antigène et déclencher sa réponse avec le recrutement des différentes cellules immunitaires cytotoxiques et la production d’anticorps IgG beaucoup plus importantes que les IgM. Cette production accrue des IgG perdure dans le temps et illustre la réponse meilleure et rapide du système immunitaire après l’administration d’une dose de vaccin. Le rappel vaccinal utilise le même principe avec une réactivation du système immunitaire afin de provoquer une protection qui va perdurer dans le temps. Question d’un étudiant : « On a vu une courbe comme ça en virologie sauf que la courbe des IgG ne descendait pas sous les IgM mais continuait à monter au fur et à mesure avec un pic après » Réponse : « Ce qui est important à retenir c’est l’effet des administrations ultérieures, le fait que la première injection recrute toutes les cellules immunitaires afin de garder en mémoire l’antigène puis que les rappels vont provoquer le rebond de cette réponse immunitaire avec un effet durable et rapide » III.​ Classification des vaccins 1)​ Selon le type de micro-organisme Il y a tout d’abord les vaccins contre les virus qui aujourd’hui couvrent beaucoup de pathologies dont l’objectif final de la vaccination sera de les faire disparaître, on y retrouve la polyomyélite, la rougeole, la rubéole, la varicelle, la grippe, l’hépatite A et B, la fièvre jaune ou encore la gastro-entérite (rotavirus). On retrouve également des pathologies qui peuvent survenir plus tard et qui ont de graves conséquences comme le papillomavirus pouvant induire des cancers. Il y a aussi des vaccins luttant contre des infections bactériennes, avec notamment le tétanos, la tuberculose, les pneumocoques, les méningocoques, l’haemophilus influenza (HIB) ou la typhoïde. Afin de faciliter les choses on a conçu des vaccins avec des valences, c’est-à-dire avec la possibilité dans une même formule vaccinale de lutter contre différents micro-organismes en même temps, on retrouve le vaccin bivalent (avec deux pathogènes différents), trivalent (avec trois pathogènes) etc.. 2)​ Selon le mode de préparation Ces vaccins sont intéressants car ils reflètent l’évolution chronologique de la vaccination. On retrouve en premier lieu le vaccin vivant atténué, c’est ce procédé qui est à l'origine du principe de la vaccination. Le principe est donc d’atténuer la capacité de l’agent pathogène à produire l’infection tout en gardant les capacités antigéniques. Aujourd’hui il n’en existe plus beaucoup, il y a le vaccin bactérien contre la tuberculose mais aussi les vaccins viraux contre la rougeole, rubéole la et la poliomyélite per os. Page 2 sur 11 ​ En deuxième, on retrouve les vaccins inactivés tués, cette technique n’est pas réalisable pour tous les pathogènes. Le principe est donc de détruire ou tuer le pathogène afin de produire un vaccin contre la poliomyélite injectable mais aussi un vaccin contre la grippe ou l’hépatite A. Ensuite il y a les vaccins sous unitaires qui sont des fractions antigéniques purifiées qui sont : -​ soit des particules virales purifiées afin de présenter la partie reconnaissable du virus au système immunitaire -​ soit des modifications de toxines naturelles (diphtérie et tétanos) -​ soit des fragments antigéniques capsulaire/membranaire de différentes bactéries comme le pneumocoque, méningocoque, coqueluche ou de virus comme la grippe.. On retrouve par la suite les protéines recombinantes qui permettent de produire ces extraits protéiques de façon purifiés pour l’hépatite B ou encore le papillomavirus. Plus récemment, à partir des années 90, les chercheurs ont fabriqué des vaccins à partir d’ADN plasmidiques ou d’ARN messager. Une des difficultés de cette technique est l’instabilité de la production de ces ARNm / ADNp qui sont vite détruits, donc pour contrer cette instabilité, il est nécessaire d’utiliser un vecteur (nanoparticule lipidique). L’avantage majeur de la production d’ARN messager est la rapidité de changement des protéines en cas d’évolution ou de mutation de l’agent infectieux. Grâce à cette technique on a pu développer des vaccins contre certaines pathologies comme le CMV, la Grippe ou le virus Zika. Pour finir, il y a la vectorisation virale. Le principe est de transporter une structure (ARN, ADN,..) sur des particules d’adénovirus non infectieux. Cette technique a aussi été développée dans les années 90, c’est une solution technologique qui a été mise en œuvre pour essayer de développer des vaccins contre Ebola, le VIH ou encore certains cancers mais qui n’est pas encore totalement au point. Les tentatives de prise en charge du SarsCov2 n’ont pas été très intéressantes non plus. IV.​ Petits points historiques La vaccination a beaucoup évolué dans le temps. 1)​ Jenner : le vivant atténué Le début de la vaccination remonte à la fin du 18ème siècle où l'on avait encore aucune idée de la cause réelle des pathologies infectieuses. En 1796, Jenner a eu l’idée d’injecter chez les êtres humains des extraits de pustules de variole qu’il avait récupéré sur des malades, de les modifier puis de les administrer à des individus afin de démontrer qu’il étaient ensuite immunisés contre la maladie. Page 3 sur 11 Il a eu cette idée car il a remarqué que les personnes qui trayaient les vaches et qui souvent avaient des plaies aux mains les mettant directement au contact du bovin, étaient protégées contre la vaccine (la variole des bovins). Il a donc injecté sa solution chez un enfant qui au final a été totalement immunisé contre la variole. C'est à partir de là qu’il a diffusé sa stratégie vaccinale. Anecdote : le mot vaccination provient donc de la « vaccine » à l’origine de ce mécanisme. Un siècle après, en 1885, Pasteur a pensé à faire une atténuation physique du virus afin de créer le vaccin contre la rage. Suite a cela il y a eu d’autres grandes découvertes, comme la possibilité de faire des cultures cellulaires afin de faire reproduire des structures antigéniques. 2)​ Vaccins inactivés, fragments et protéines recombinantes Puis dans la deuxième partie du XXème siècle le but a été d’affiner les techniques en extrayant des fractions antigéniques, en les purifiants et ensuite avec le génie biologique, de produire des protéines recombinantes non issue de la culture cellulaire pour avoir des productions de vaccins de façon facile et importantes. La prof a tiré ce schéma d’un article de recherche sur le Covid qui permet d’illustrer que la production de vaccins a ARNm a débuté dans les années 80. Vers les années 2009 => 2015 on peut voir qu’il y a eu quelques essais cliniques sur des stratégies vaccinales ayant comme support l’ARNmessager. Pour la grippe ces essais ont permis de démontrer qu’il y a une immunogénicité importante mais ils n’ont pas été retenus car la production de vaccins contre la grippe est très simple et peu onéreuse il n’a donc pas été nécessaire de retenir cette stratégie. On peut voir que la recherche ne cesse d’innover, on peut espérer que dans le futur nous aurons des vaccins pour énormément de pathologies différentes. Un des plus gros obstacles de ce temps reste le vaccin contre le VIH, cela fait plus de 4 décennies que les chercheurs essaient de trouver un vaccin en vain. V.​ Variabilité de la réponse vaccinale 1)​ Variabilité en fonction du type Ce schéma démontre la variabilité vaccinale sur une échelle de temporalité avec les premiers vaccins vivants atténués et les derniers vaccins à protéines recombinantes. Le but est de les améliorer pour leur donner une efficacité/immunogénicité suffisante tout en prenant en compte la sécurité d'emploi en réduisant au maximum les effets indésirables. Par exemple, les vaccins vivants atténués produisent une immunogénicité importante mais présentent des effets indésirables majeurs car ils peuvent provoquer des réactions immunitaires très fortes jusqu’à parfois reproduire la pathologie infectieuse pour laquelle ils sont censés protéger. Page 4 sur 11 Les vaccins à fragments qui sont soit des vaccins sous unitaires (souvent des morceaux de capside) soit des vaccins à protéines recombinantes (des fabrications de protéines recombinantes ou des ARNm), sont ceux présentant la meilleure sécurité avec le moins d’effets indésirables. Cependant, leur immunogénicité est moins importante que les vaccins vivants. Afin d’améliorer leur immunogénicité on y ajoute des adjuvants qui sont des supports sur lesquels sont administrés les fragments qui permettent de favoriser le recrutement de macrophages sur le site d’injection pour permettre de booster la réaction immunitaire. 2)​ Intensité L’intensité de la réponse va dépendre donc du type de vaccin (relation entre sécurité et immunogénicité), de l’âge de la personne vacciné avec notamment les personnes âgés qui ont une réponse immunitaire moins performante et les nourrissons qui ont un système immunitaire pas encore mature. Cela dépend aussi du nombre d'injections, de l’espacement des doses mais aussi de l’état immunitaire de l’individu avec surtout les immunodéprimés qui est une contre indication aux vaccins vivants atténués. 3)​ Composition antigénique Un vaccin avec un antigène de nature protéique va être plus efficace sur une immunisation de longue durée. En effet, les structures protéiques vont permettre la production d’anticorps et la stimulation des lymphocytes mémoire grâce aux cytokines. Il n’y aura donc pas la nécessité de faire des rappels fréquents. Un vaccin de nature polysaccharidique (souvent bactérien), va produire essentiellement des anticorps de type IgM ce qui va donner une immunisation de courte durée. Elle n’est pas pertinente chez les enfants de moins de deux ans en raison de leur immaturité immunitaire. Pour améliorer la durée d’immunisation du vaccin, on va donc vectoriser cette structure polysaccharidique sur une structure protéique ce qui permettra d’avoir une réaction immunitaire semblable à celle ayant un antigène protéique. 4)​ Voie d’administration La voie d’administration la plus performante est la voie sous cutanée ou intradermique mais elle n’est pas toujours facile à réaliser surtout chez les enfants. C’est pourquoi on privilégie souvent la voie intramusculaire, elle est moins efficace en termes de recrutement cellulaire, mais est beaucoup plus simple à réaliser. Cependant, lors de l’injection intramusculaire il faut faire attention aux structures nerveuses mais aussi prendre soin à ne pas injecter le vaccin dans le tissu adipeux car celui est beaucoup moins immunogène. Autrement dit : éviter les fesses. Question d’un étudiant : « la voie sous cutanée profonde elle correspond à quoi ? » Réponse : « À l'intradermique » Par voie intraveineuse il y a une neutralisation totale de l’antigène donc très faible immunogénicité. Page 5 sur 11 Il existe aussi quelques formes orales comme pour le vaccin contre la poliomyélite qui est un vaccin atténué, celui-ci n’est pas utilisé en France mais l’est dans certaines régions du monde ou la poliomyélite est encore présente. Enfin, certains vaccins peuvent être administrés par voie nasale, bronchique ou perlinguale, ils concernent les infections des voies aériennes. 5)​ Doses et rappels La dose est déterminée lors des études cliniques avant l’AMM du médicament. Elle va moduler la réponse immunitaire : A)​ Inhibition de la réponse immunitaire C’est un équilibre, si on injecte de trop fortes doses d’antigènes on aura une inhibition du système immunitaire. Si on injecte de faibles doses répétées on aura une désensibilisation. B)​ Immunostimulation On peut ajouter des adjuvants qui sont souvent des sels métalliques (phosphate d’aluminium) qui vont permettre de booster la réponse immunitaire. Ils vont permettre un relargage progressif de l’antigène afin de solliciter les structures du système immunitaire et de prolonger la réponse. Le point négatif est que certains individus font des réactions disproportionnés aux sels métalliques ce qui a provoqué énormément de débats. Beaucoup pensent que les sels d’aluminium entraînent des pathologies dysimmunitaires chroniques comme des atteintes musculaires diffuses mais cela n’a jamais été démontré par aucune étude. 6)​ Répétition de l’administration Certains vaccins ne demandent qu’une seule administration avec un rappel se faisant le plus souvent un an plus tard, puis d’autres après plusieurs années. D’autres vaccins vont nécessiter des rappels répétés. Les rappels servent à la réactivation de la réponse immunitaire de la même façon que le font les infections asymptomatiques qui peuvent survenir n’importe quand. Je vous remets ce schéma qui permet d’illustrer parfaitement les infections ou les rappels. Il existe aussi des vaccins que l’on doit refaire régulièrement comme le vaccin de la grippe, en effet le vaccin de la grippe est un vaccin pluri-valent dont les souches vaccinales utilisées sont différentes chaque année. Utiliser le vaccin de l’année précédente ne sert à rien car entre-temps les souches ne seront plus les mêmes. Ce n’est donc pas un rappel mais bien un nouveau vaccin. VI.​ Développement du vaccin 1)​ Phases Page 6 sur 11 Les vaccins sont des médicaments comme les autres ils nécessitent donc des essais précliniques puis des essais cliniques composées de trois phases pour obtenir l’autorisation de mise sur le marché. Normalement cela dure une quinzaine d’années. Or, en 2021, un an après avoir identifié le Covid on a été capable d’avoir un vaccin avec une AMM. Tout comme pour le vaccin de la grippe, cela s’explique par le fait que la technique et l’exploration étaient déjà connues, il suffisait donc de savoir quel fragment antigénique et quel support il fallait utiliser pour réaliser le vaccin. Normalement les essais cliniques de vaccination sont des essais dans lesquels on va tester, sur des échantillons de sujets importants (et en général en bonne santé), l’immunogénicité du vaccin c'est-à-dire la production d’anticorps. Pour le Covid les essais ont démontré qu’il y avait la réduction de formes graves après vaccin sur une période courte. Si la technologie est acquise, la phase préclinique consiste en la production de la souche vaccinale. Ensuite on va avoir des phases cliniques, la phase I où il y aura injection pour voir si il y a une réaction locale ou générale, la phase II qui va permettre de connaître la dose optimale à administrer et éventuellement le calendrier, puis finalement la phase III d’immunogénicité avant d’obtenir l’AMM et de passer en population générale. 2)​ Efficacité vaccinale L’efficacité vaccinale est une grande question : Le vaccin utilisé protège-t-il les sujets vaccinés ? Pour y répondre on a : -​ La mesure de l’efficacité sérologique qui reflète l’efficacité vaccinale dans les essais cliniques. -​ L’efficacité clinique qui correspond à l’effet protecteur réel du vaccin pour éviter des maladies. Cela a été validé dans le contexte de la vraie vie avec des études observationnelles qui comparent le pourcentage de réduction du taux d’attaque de la maladie chez la personne vaccinée à celle des sujets non vaccinés. Seulement il y a un paradoxe : pour une efficacité équivalente, la proportion de malades chez les sujets vaccinés augmente avec la couverture vaccinale. Par exemple, 5% de patients vaccinés sont malades si la couverture vaccinale est de 50% contre 20% si la couverture est de 80%. Cela peut parfois semer le doute quant à l’efficacité des vaccins. En effet un vaccin n’empêche pas totalement la survenue de l’infection mais permet surtout de diminuer l’intensité et la gravité de la pathologie infectieuse. 3)​ Exemple 1 : La poliomyélite La poliomyélite est un très bon exemple pour illustrer le fait qu’une couverture vaccinale complète ne peut pas empêcher la survenue de l’infection mais en réduire considérablement la survenue. C’est une maladie pouvant être mortelle ou laissant des séquelles motrices importantes. Avec ce vaccin on peut espérer atteindre la disparition de cette pathologie, même si pour l’instant seulement la variole a pu totalement être éradiquée. Page 7 sur 11 Comme on peut le voir sur ce graphique la poliomyélite a été pendant longtemps une catastrophe, en orange (courbe du haut) on a l’incidence par million d’habitants et en gris (en bas) on a la mortalité par millions d’habitants. Le graphique s’arrête à 2010 car aujourd'hui il n’y a plus de cas de poliomyélite en France. En 1958 un premier vaccin injectable a fait son apparition, avec une première diminution significative des cas. En 1962 un deuxième vaccin par voie orale voit le jour et on observe une deuxième dégringolade des cas jusqu’à 1964 où l’obligation vaccinale est instaurée, c’est à partir de ce moment la que la maladie a pu complètement disparaître en France. En 1988, l’OMS avait prévu l’éradication totale de la maladie dans les années 2000, ce n’est pas le cas mais on peut déjà comparer le fait que cette année là on recensait 350 000 cas de poliomyélite dans 125 pays alors qu’en 2023 il ne restait plus que 7 cas dans 2 pays. La difficulté a été la diffusion du vaccin dans tous les pays car dans certains pays les vaccinateurs étaient considérés comme apportant des idées négatives occidentales, ce qui a rendu difficile la diffusion de celui-ci. 4)​ Exemple 2 : La rougeole La rougeole est une pathologie infantile dite bénigne mais mortelle en raison des possibilités de développement d’encéphalites qui étaient l'une des premières causes de mortalité dans les pays en voie de développement. En France on est un pays riche où l’on a accès à tous les vaccins mis sur le marché, cependant, comme dans le reste du monde, on a quand même un défaut de couverture vaccinale ce qui a provoqué une reprise de l’épidémie de rougeole dans le monde depuis les années 2015. Sur ce graphique on voit l’évolution des cas de rougeole dans le temps. Cette carte date de 2008, mais elle permet de faire le parallèle entre la couverture vaccinale dans les départements français et la survenue des cas entre 2010 et 2011. On peut voir que les départements où la couverture vaccinale (carte d’en haut) est bonne, l’incidence de la maladie (carte d’en bas) est moins importante que les départements ayant une mauvaise couverture vaccinale. La vaccination permet donc la réduction de la survenue des cas dans cette pathologie. VII.​ Le calendrier vaccinal Ce qui est très important à retenir (item de rang A), c’est que les choses peuvent changer pour pleins de raisons (évolutions épidémiques, nouvelles formulations de vaccins, modifications des populations à risque). Et donc, comme c’est très évolutif, et qu’il y a une réelle réflexion sur les vaccinations dans notre pays, chaque année, le ministère de la santé produit une adaptation du calendrier vaccinal. Ce calendrier vaccinal est donc mis à jour en général vers avril-mai, mais cela peut varier. En effet, il a dernièrement été mis à jour en décembre 2024 en raison de nouveaux événements vaccinaux. Pour améliorer l’utilisation des vaccins en France, ce calendrier vaccinal est accessible à tout le monde sur le site du ministère de la santé. (lien : https://sante.gouv.fr/prevention-en-sante/preserver-sa-sante/vaccination/calendrier-vaccinal) Page 8 sur 11 Il y a aussi un site pour le grand public : https://vaccination-info-service.fr/ qui permet d’avoir des explications sur les vaccins qui existent avec les avantages et les inconvénients. Pour les professionnels de santé, une page spéciale qui leur est destinée existe également : https://professionnels.vaccination-info-service.fr/Ressources#1934. De plus, une semaine de la vaccination au mois d’avril permet de promouvoir l’utilisation de celle-ci. Aujourd’hui il existe un carnet de vaccination dématérialisé sur le site Mon espace santé. Ce carnet de vaccination a été créé dans l’objectif de simplifier les choses en comparaison au carnet de santé “papier”, un peu désuet à l’heure actuelle. Ci-dessus le calendrier simplifié des vaccinations pour l’année 2024 qui récapitule tous les vaccins importants au cours de la vie. Ce qui a été une action politique forte c’est de remettre l’obligation vaccinale pour les nourrissons de certains vaccins (à cause d’une diminution de la couverture vaccinale ces dernières années). Les vaccins concernés sont ceux contre le trio diphtérie, tétanos et poliomyélite (DTP), la coqueluche et Haemophilus influenzae de type b (Hib), avec une première injection à 2 mois, puis rappels à 4 et 11 mois et petite enfance et adolescence. Le BCG dans le premier mois de vie et l’hépatite B, le pneumocoque, ROR à 12 mois avec un rappel (sinon ce n’est pas efficace). Enfin, le méningocoque C, les autres vaccins n’étant pas obligatoires. Il y a 30 ans, la recommandation était de faire les rappels tous les dix ans, puis cela a été allégé. Aujourd’hui, il faut faire le rappel à 25 ans, notamment pour la coqueluche dont la couverture vaccinale a disparu. Il faut également pour les personnes âgées penser à faire le rappel pour le tétanos (jardinage), ainsi que la grippe et le Covid-19 tous les ans. Enfin, le vaccin contre le zona est indiqué chez les personnes de plus de 65 ans et chez les personnes immunodéprimées. Ce dernier vaccin a eu une ASMR de niveau III (ce qui est exceptionnel puisque les autres vaccins sont en général sans amélioration du service médical rendu ou avec une amélioration minime, sauf quand c’est un nouveau vaccin). Pour ceux qui sont intéréssés, voici le lien de l’évaluation de ce vaccin par la HAS pour avoir son SMR et son ASMR : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2024-%2003/recommandation_vaccinales_contre_le_z ona._place_du_vaccin_shingrix_2024-03-04_11-26-41_450.pdf Pour améliorer la vaccination, des mesures ont dû être prises comme l’élargissement en 2023 de la possibilité de vacciner à des professionnels de santé qui n’étaient avant pas autorisés à le faire (pharmaciens), ainsi que la possibilité de prescrire des vaccins (certains infirmiers, pharmaciens). VIII.​ Effets indésirables des vaccins Les vaccins sont soumis à la pharmacovigilance comme tous les autres médicaments. Page 9 sur 11 “On essaye de détruire un agent infectieux mais se faisant on fait mal à l’hôte qui va recevoir le vaccin” ceci représente toute la dualité d’accepter le principe d’une stratégie thérapeutique préventive (pour protéger d’une maladie que l’on n’a pas) avec le risque de développer des atteintes pathologiques qui ne sont pas acceptables. Les effets indésirables des vaccins regroupent : -​ Les réactions locales qui sont très fréquentes : les indurations nodules dans le cas de vaccin contre la tuberculose (donc ne se voit plus), douleurs (immédiat). -​ Les réactions générales avec des syndromes fébriles notamment chez les tout petits (utilisation de fragments pour éviter d’avoir ces réactions fébriles mais peut survenir tout de même). -​ Troubles peu spécifiques avec une stimulation de l’immunité par le vaccin qui en est à l’origine : troubles neurologiques (syndrome de Guillain Barré pour les vaccinations contre le virus de la grippe de type H5N1, convulsions, syndrome du cri persistant, encéphalopathie), atteintes articulaires, purpura thrombopénique, atteintes hématologiques diverses. Au moment de la vaccination contre le Covid, il y a eu beaucoup de questions sur les risques de cette vaccination avec des vaccins jamais utilisés à l’échelle de la population générale de façon aussi importante. On a donc beaucoup surveillé et exploré dans le monde entier la sécurité de ces vaccins. De façon assez inhabituelle, l’agence du médicament a produit des rapports réguliers sur toutes les informations qui remontaient et notamment dans l’identification de pathologies liées à la vaccination. Pour illustrer un des aspects qui a pu faire débat, les effets indésirables des vaccins contre le covid pour ceux que ça intéresse : https://ansm.sante.fr/dossiers-thematiques/covid-19-suivi-hebdomadaire-des-cas-deffets-indesirable s-des-vaccins Les vaccins ont d’abord été disponibles à partir du mois de janvier 2021 (d’abord les personnes âgées et les personnes à risques), et puis ensuite la population vaccinée s’est élargie. Au milieu de l’été 2021, quand on a commencé à élargir la population à des sujets plus jeunes, on a vu remonter des cas d’effets indésirables suite à la vaccination concernant des myocardites/péricardites chez des sujets jeunes sans antécédents. On s’est alors demandé si ces cas étaient attribuables au vaccin. Les dannois ont très rapidement monté une étude pharmacoépidémiologique pour étudier cette association. Ils ont donc réalisé une analyse de cohorte à l’échelle de la population en essayant d’identifier toutes les personnes qui avaient pu présenter une péricardite/myocardite pendant la période “intensive” du covid et de la vaccination. Ils ont regardé par rapport aux non vaccinés s' il y avait une augmentation de cas associé soit au vaccin de Pfizer soit à celui de Moderna et ils ont effectivement mis en évidence une augmentation du risque en particulier pour le vaccin moderna. Ils ont regardé en parallèle le risque de décès et ont montré qu’il valait mieux être vacciné dans cette période. Donc le vaccin, et surtout celui de Moderna, augmente le risque d'apparition de cette pathologie, mais ce sont des atteintes inflammatoires du péricarde/myocarde qui sont la plupart du temps rattachées à un épisode d’infection virale et ce que l’on retient c’est que c’est la réaction immunitaire qui peut se manifester par cette atteinte. Ils ont ainsi vérifié si le fait d'avoir été malade était associé à cette situation. Donc ici ils ont pris les sujets non vaccinés pour regarder s' il y avait Page 10 sur 11 une association avec le fait d’avoir été malade, et effectivement le fait d’avoir été infecté augmente considérablement la probabilité de décès. La conclusion à la suite de cette étude est que la balance bénéfice-risque reste très favorable au vaccin malgré le fait qu’avec l’administration de ce vaccin un sujet en bonne santé puisse développer une péricardite. Ce risque est avéré mais il est acceptable puisque le chance de protéger d’un décès est beaucoup plus importante avec le vaccin. De plus, ces myocardites et péricardites ont été considérées par d’autres études comme bénignes. IX.​ Conclusion ​ Le vaccin idéal n’existe pas mais on essaie d’y tendre. On considère que si l’on arrive à atteindre une couverture vaccinale supérieure à 95%, alors on est en mesure de réduire la survenue d’une pathologie. Quand on est autour de 80% ou en dessous ce n’est pas suffisant. On obtient une immunité prolongée avec un minimum d’injections et il existe peu d’effets indésirables qui sont maîtrisables. L’immunisation de masse est possible à partir du moment où on arrive à avoir peu d’effets indésirables, si le produit est facile à administrer, s'il est accepté par la population et s'il est peu coûteux. Page 11 sur 11

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