Analyse des Industries Culturelles: Approche par Secteur - CM PDF

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This document provides an analysis of cultural industries, focusing on the history, characteristics, and actors in the sector, from a theoretical perspective. It touches on financial aspects, technological innovations, and industry models. It's a good starting point for further study and research on economic and cultural topics.

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Analyse des industries culturelles : approche par secteur - CM INTRODUCTION 1/ Histoire de l’industrie culturelle L’art n’est pas exempt de la question financière et capitaliste. En effet, en 1960 à Venise le premier théâtre payant naît, on commence donc à payer pour pouvoir voir des spectacles....

Analyse des industries culturelles : approche par secteur - CM INTRODUCTION 1/ Histoire de l’industrie culturelle L’art n’est pas exempt de la question financière et capitaliste. En effet, en 1960 à Venise le premier théâtre payant naît, on commence donc à payer pour pouvoir voir des spectacles. 2/ Boom de l’information // avec l’industrie de l’information Entre 1836 et 1850, l'information s'industrialise. Les ventes de revues explosent, passant de 60 000 à 1 million. Émile de Girardin (1802-1881) invente le double marché avec La Presse (1836). Il baisse les prix pour attirer plus de lecteurs et d'annonceurs, introduisant aussi le roman-feuilleton. C'est la première marchandise vendue deux fois. Double marché Mécanisation technique Journaux comme investissements : centralisation des médias Découplage : location des outils de production 1. Contrats propriétaires-travailleurs 2. Partage des gains 3. Relation de subordination Ce modèle s'étend à l'art du 19ème siècle à aujourd'hui. 3/ Les caractéristiques de l’industrie culturelle Quelles sont les principales caractéristiques de la production industrielle des biens culturels ? En 1978, A. Huet et al. ont identifié dans Capitalisme et industries culturelles les traits distinctifs suivants : Reproductibilité : Les biens culturels sont reproductibles en masse. La "logique de l'équipementier" s'applique aux produits technologiques comme Apple ou Switch, où la valeur réside dans l'appareil plutôt que le contenu artistique. Paradoxalement, la reproduction massive peut créer de la rareté, comme pour les éditions limitées. Valeur d'usage incertaine et aléatoire : Le succès est imprévisible. L'industrie culturelle connaît plus d'échecs que de succès. Par exemple, seulement 10% des nouveaux livres réussissent. Ce secteur fonctionne comme un casino : peu de gagnants pour de nombreux perdants. 1 Analyse des industries culturelles : approche par secteur - CM L'hyper-concentration L'industrie culturelle est dominée par quelques grandes entreprises, formant un oligopole. Par exemple, dans l'industrie musicale, Sony, Universal et Warner règnent. Cependant, de nombreux acteurs indépendants coexistent, offrant diversité et innovation. Cette dynamique s'explique par les coûts élevés et les risques que les grandes entreprises ne peuvent pas toujours prendre, laissant de la place aux indépendants pour des créations plus originales. Intégration de la filière Certaines entreprises, comme Netflix, contrôlent toute la chaîne de production et de diffusion, rappelant le modèle des grands studios de cinéma des années 60. La création artistique dans le processus industriel Les artistes doivent se promouvoir constamment et faire face à une forte concurrence, soulevant des questions sur les écarts de salaires et de visibilité médiatique. Internationalisation L'exemple de la Corée du Sud et sa stratégie de "soft power" illustre l'exportation mondiale des produits culturels. 2 Analyse des industries culturelles : approche par secteur - CM LES ACTEURS DE LA FILIÈRE MUSICALE 1/ Baliser les acteurs de la filière Identifier les différents acteurs : les artistes, l'éditeur musical, le producteur phonographique, l'éditeur phonographique, le distributeur, le détaillant. Quel est le rôle de chacun d'eux ? Quels liens s'établissent entre ces acteurs ? Comment leur travail s'organise-t-il ? Auteur : compositeur avec droits sur son œuvre droits moraux : choix de diffusion, non cessible droits patrimoniaux : exploitation et profit de l'œuvre (droit d'auteur) Interprète : droit voisin : propriété de l'interprétation, permettant à l'interprète de contractualiser et être rémunéré pour son exécution de l'œuvre. Editeur : collaborateur clé de l'artiste, central dans la création de valeur Sa mission : valoriser la création via tous les canaux possibles. Essentiel pour le marché mondial, 99% des artistes internationaux en ont un. Le compositeur cède ses droits patrimoniaux à l'éditeur qui gère l'exploitation financière de l'œuvre. Rôles : démarcher les diffuseurs, négocier des contrats, financer la production. Malgré de faibles royalties pour les artistes, les éditeurs négocient efficacement l'exploitation de leur catalogue avec les plateformes de streaming. Producteur : finance l'enregistrement Gère les aspects techniques (studio, mastering) sans fonction artistique. Propriétaire de l'enregistrement via contrat avec l'éditeur. Editeur phonographique : responsable du packaging Gère l'aspect visuel et crée le support final, qu'il soit physique ou numérique pour le streaming. Son rôle est de donner une forme concrète au produit musical. Distributeur : gère la diffusion et la logistique Rôle crucial et coûteux. Les grands groupes dominent ce secteur, évoluant vers le numérique tout en restant centraux dans l'industrie. ⇒ Chaque acteur de la filière perçoit une part des revenus. 3 Analyse des industries culturelles : approche par secteur - CM ⇒ Le secteur musical se caractérise par une concentration verticale : les grands groupes intègrent édition, production et distribution. Trois majors (Warner, Sony, Universal) dominent, représentant 70% des revenus du secteur. ⇒ La numérisation remet en question leur contrôle sur la distribution. 2/ Parcours historique dans les innovations tech. Date clé - Innovation technique 1877 Phonographe : Premier appareil d'enregistrement sonore sur cylindre d'étain. 1887 Gramophone : Invention d'Emile Berliner permettant l'enregistrement sur disque plat. Première bataille de normes techniques : concurrence sur 20 ans, le disque l'emporte grâce à sa facilité de reproduction à grande échelle. → Concurrence des normes : soit entente sur une norme universelle, soit guerre pour la domination technique. → Enjeux stratégiques liés aux normes. Innovation : Invention répondant à un besoin social et s'intégrant durablement dans les pratiques. Ex : Le CD, réponse à la crise du disque des années 70. La technique découle de décisions et d'usages, non de nécessités absolues. Le phonographe répond à une demande de musique domestique, créant un nouveau marché. Ces innovations technologiques résultent de choix plutôt que de nécessités. Le retour des vinyles illustre qu'on peut dépasser l'idée de progrès constant. 1946 : Columbia lance les disques microsillons aux USA, augmentant la durée d'écoute ⇒ Lien technique-esthétique : dans l'industrie culturelle, la technique encadre et influence l'esthétique 1947 Bande magnétique : Permet de manipuler le temps musical, sortant de la linéarité. Capture complète du son, permettant une édition flexible. ⇒ Nouveau médium créant sa propre logique : la musique devient façonnable pour l'enregistrement, permettant une esthétique unique, distincte du live et reproductible. 1954 Multipiste : Superposition d'enregistrements dans divers contextes. → Studio devient espace de création. 4 Analyse des industries culturelles : approche par secteur - CM → Rythmiques centrales au mixage. ⇒ Technique influence l'esthétique musicale. 1982/1983 : Arrivée du CD (Disque Compact) Cette innovation répond à un besoin commercial et relance l'industrie musicale : → Déclin du marché du vinyle → Ventes stimulées par nouveaux lecteurs et prix élevés → Rééditions d'albums en format CD ⇒ Années 80 : stratégie commerciale forte autour du CD 2001 : iPod, Apple et iTunes, la musique devient un simple "contenu" Ces innovations ont transformé notre rapport à la musique. Désormais, on achète un appareil (ex: iPod) et y ajoute du contenu musical. Conséquences de ce nouveau modèle : 1. Rémunération inéquitable des acteurs de l'industrie 2. Streaming peu rentable pour les artistes, plus pour les éditeurs 3. Nombreux services de streaming déficitaires Exemple de Spotify : Survie grâce aux investisseurs Atout : millions d'abonnés Risque : perte d'abonnés pourrait effrayer les investisseurs 5 Analyse des industries culturelles : approche par secteur - CM SECTEUR DU JEUX-VIDÉO 1/ Introduction Le jeu vidéo : industrie culturelle récente et en pleine expansion Années 70 : Émergence des flippers et bornes d'arcade dans les lieux publics, introduisant l'électronique dans le jeu. Évolution : D'abord considéré comme abrutissant, le jeu vidéo devient une industrie culturelle majeure. Aujourd'hui : 2 milliards de joueurs, 200 milliards de chiffre d'affaires mondial Marché : Consoles (50%), PC (25%), Mobile (25%) 1977 : Atari lance la première console de jeu domestique, marquant le début d'une nouvelle ère technologique. 2/ Modèle historique des consoles Vidéo : Best selling game console of all time (1970-2022) La console est au cœur de l'industrie : Concentration des acteurs de l'industrie : oligopole Nintendo, Sony et Microsoft sont les principales entreprises de consoles de jeux vidéo. Ces trois géants dominent le marché actuel : 1. Ils représentent environ 90% du marché des consoles 2. Cette situation s'appelle un "oligopole" : un marché contrôlé par peu d'entreprises Créer une nouvelle console de jeu est très coûteux, nécessitant d'importants investissements en R&D et production. Seules les grandes entreprises comme SONY peuvent se le permettre, grâce à leurs ressources financières et leur capacité de distribution mondiale. Cette barrière à l'entrée rend le marché difficile d'accès pour les nouvelles entreprises. Il n'y a pas de remplacement technologique, mais plutôt une superposition : Les anciennes technologies ne disparaissent pas. L'écosystème des consoles survit depuis plus de 50 ans, aux côtés des jeux sur PC et sur mobile. → Les différents systèmes coexistent La relation entre la console (matériel) et les jeux (logiciel) est essentielle Une console seule n'est pas rentable : elle rapporte peu par rapport à ce qu'elle coûte à fabriquer. 6 Analyse des industries culturelles : approche par secteur - CM → C'est la vente des jeux qui génère les vrais profits. Produire des copies de jeux coûte moins cher, surtout avec les versions numériques. La console sert d'appât : son prix est choisi pour attirer rapidement beaucoup d'acheteurs. Ces acheteurs deviennent fidèles car leurs jeux ne marchent que sur cette console. Par exemple : Nintendo crée un monde fermé avec ses propres jeux exclusifs. Ils contrôlent tout : ils créent, publient et vendent leurs jeux eux-mêmes. La console influence fortement tous les aspects du jeu vidéo Le cycle de vie d'une console détermine la création et le lancement des jeux : Évitement des sorties avant une nouvelle console Jeux AAA lancés en début de cycle Les fabricants de consoles influencent grandement l'industrie du jeu. En résumé, l'industrie des consoles : Stimule l'innovation Équilibre profits à court et long terme 3/ Le modèle des jeux mobiles Le "free to play" : un nouveau modèle économique Les jeux mobiles ont révolutionné l'industrie en offrant des jeux gratuits accessibles à tous, sans limite d'âge ou d'équipement spécial. Popularisation : jeux accessibles partout, à tout moment Gratuité initiale, mais incitation aux micro-transactions Free to play - Play to win : monétisation innovante Ce modèle intègre le paiement dans le gameplay, créant un consentement unique à la dépense. Exemple : EA incite aux achats in-game à des moments stratégiques. ⇒ Fusion des modèles "gratuit" (publicité) et "free to play" (achats in-app) RÉSUMÉ Née dans les années 70, l'industrie du jeu vidéo est aujourd'hui leader en chiffre d'affaires. Elle partage des traits avec d'autres industries culturelles : concentration industrielle, lien hardware-software, et valorisation incertaine. Spécificité : les consoles ont structuré le secteur pendant 30 ans. L'arrivée des jeux sur mobiles a bouleversé cette organisation. 7 Analyse des industries culturelles : approche par secteur - CM SECTEUR DE L’AUDIOVISUELLE - LA TÉLÉVISION I/ Médias télévisées historiques La télévision : un média résilient malgré les prédictions. Comme pour la musique et les livres, les nouveaux formats coexistent avec les anciens. Le cinéma illustre cette tendance : les films sont disponibles sur divers supports, du DVD aux réseaux sociaux. → Contrairement à la citation de Victor Hugo, le nouveau ne supplante pas l'ancien, ils coexistent. La télévision en France : quelques chiffres clés 40 millions de Français regardent la télévision 22 millions suivent les journaux télévisés En moyenne, les Français passent 3h20 par jour devant la télé Évolution des habitudes : Depuis 7-8 ans, le temps passé devant la télé diminue Cette baisse est plus marquée chez les moins de 30 ans Les personnes âgées restent de grands consommateurs de télévision On parle plutôt d'une "érosion" que d'un abandon total : Les jeunes regardent toujours la télé, mais moins que leurs parents ou grands-parents Évolution de la télévision en France : Années 30 : Premières diffusions d'images à distance 1949 : Création de la première chaîne (future TF1) → La télévision entre dans les foyers, apportant le monde extérieur 1964 : Deuxième chaîne (future France 2) et arrivée de la publicité 1972 : Troisième chaîne (future France 3) 1975 : Indépendance accrue des chaînes → Les chaînes développent leur identité et ciblent des publics spécifiques, tout en restant sous contrôle de l'État. 8 Analyse des industries culturelles : approche par secteur - CM Premier modèle : Pendant longtemps, la principale source de financement de la télévision publique était la redevance TV (une taxe payée par les utilisateurs). Cette taxe permettait d'avoir un budget indépendant, financé directement par les téléspectateurs. Aujourd'hui, le modèle a changé de manière importante : c'est maintenant le budget de l'État qui finance principalement la télévision publique. En plus de ce financement public, il y a aussi un peu de revenus qui viennent de la publicité. Deuxième modèle : la télévision gratuite (commerciale) La télévision gratuite, financée par la publicité, débute en France en 1986. Aujourd'hui, elle rapporte 3 milliards d'euros au secteur audiovisuel privé, ciblant les créneaux à forte audience. Les chaînes organisent leurs programmes pour maximiser l'audience, cibler des publics spécifiques et optimiser les coûts. Ce "modèle de flux" diffuse quotidiennement de nouveaux contenus. Cependant, depuis 2004, les revenus publicitaires stagnent malgré l'augmentation des coûts de production. On observe l'émergence de chaînes "low cost" avec des débats 24h/24, qui : 1. Alimentent les discussions médiatiques 2. Réduisent les coûts, au détriment des productions de fiction et d'investigation L'audience de masse en direct reste populaire, notamment le journal télévisé avec 22 millions de téléspectateurs. La fiction perd de l'importance à la télévision car : 1. Les rediffusions sont coûteuses par rapport aux revenus publicitaires 2. L'audience pour la fiction télévisée diminue Évolution du paysage publicitaire : Les acteurs numériques dominent désormais, captant 80% des investissements publicitaires. Face à cette concurrence, la télévision traditionnelle s'adapte avec : Des programmes à la demande Le maintien de la concurrence pour les grandes audiences 9 Analyse des industries culturelles : approche par secteur - CM 3ème modèle : chaîne privée payante Canal+ : 10 millions d'abonnés en France, un modèle qui existe depuis 40 ans Principe de l'abonnement : les clients paient pour accéder à des contenus. Au début, Canal+ attirait les abonnés avec trois types de programmes : le sport, les films pour adultes et le cinéma. II/ Service de vidéo à la demande par abonnement En 2024, Netflix compte 270 millions d'abonnés et son action vaut 710 $, contre 3,80 $ en 2007 Évolution de Netflix : Débuts : location de DVD par courrier, pertes initiales importantes Stratégies de redressement : ○ Acquisition de droits à bas prix ○ Adaptation à internet (qualité vidéo, sous-titres multilingues) ○ Production de contenus originaux ○ Marketing axé sur le nombre d'abonnés ○ Fidélisation par recommandations personnalisées Netflix privilégie la rétention d'abonnés plutôt que le temps de visionnage. Malgré sa stabilité financière, l'entreprise reste dépendante des investisseurs et s'adapte avec une offre publicitaire moins chère. 10 Analyse des industries culturelles : approche par secteur - CM LE MANGA A) INTRODUCTION La France est le deuxième marché mondial du manga après le Japon, qui reste dix fois plus important. En France, le manga représente la moitié des ventes de BD et connaît la croissance la plus rapide dans l'édition. L'histoire du manga : une évolution rapide Au 19ème siècle, Hokusai utilise "manga" pour ses dessins du Mont Fuji, influençant les impressionnistes européens. Tezuka révolutionne le genre avec "Shin Takarajima", créant un nouveau style narratif. Le cinéma inspire le manga, qui devient un art unique montrant le mouvement sur papier. "Astro Boy" introduit les personnages récurrents, permettant des histoires plus longues. En 1917, "Shônen Club" lance les magazines manga, imprimés en noir et blanc sur papier bon marché. Le manga utilise un "grapholexique" pour exprimer émotions, sons et mouvements. Spécificités du manga : Cible des groupes précis : seinen (adultes), shojo (filles), shonen (garçons), seiji (politique) Classé par types d'histoires : sport, action, tranches de vie, etc. B) PLACE DU MANGA EN FRANCE 1 - Un mur de bouquin, contexte, un objet familier Le manga domine l'édition française, avec des collections dédiées chez les grands éditeurs. Omniprésent, y compris dans les bibliothèques publiques, il pose des défis de gestion des stocks pour les librairies. Malgré l'existence de mangas non-japonais, le Japon reste le principal producteur. Le manga se distingue par son expansion vers d'autres médias : jouets, animés, musique, jeux vidéo et publicité. Les fans contribuent activement à la diffusion du manga, participant bénévolement à la traduction, promotion et organisation d'événements. 2 - Développement du manga en France Arrivé dans les années 70, le manga se popularise via les dessins animés. La télévision française diffuse des animations japonaises adaptées : 11 Analyse des industries culturelles : approche par secteur - CM - Goldorak, Candy, Heidi : occidentalisés pour le public français - Le Club Dorothée (années 90) introduit des séries marquantes comme Dragon Ball, mais modifiées : Censure, réinvention des dialogues, suppression de scènes - Opposition aux "japoniaiseries" : critiques : "produits abrutissants", "magma informe" - Adaptation des mangas imprimés : Akira : colorisé, lecture de gauche à droite, dialogues francisés But : rendre les mangas accessibles au public français. 3 - Son adaptation au marché français L'intégration du manga en France s'est faite progressivement : Magazines comme Dorothée Magazine ont créé une communauté de fans Années 90 : Publication de séries TV populaires en format poche 1995 : Introduction du sens de lecture japonais, généralisé fin 90s Autres changements importants : Adaptation des traductions, notamment de l'humour Ajout de notes explicatives pour la valeur culturelle Adoption des catégories japonaises (Shonen, Shojo, Seinen) 2016 : Réédition d'Akira avec onomatopées japonaises et dialogues modernisés Ces évolutions ont établi le manga comme œuvre d'art reconnue. Exemple : One Piece, réédité en 2013 pour actualiser la traduction. Le marché du manga en France a évolué : Adaptation du format aux habitudes françaises Reconnaissance comme forme d'art et de culture Évolution de la perception et compréhension 12 Analyse des industries culturelles : approche par secteur - CM Le livre : permanence et mutation d’une filière historique L'industrie du livre, la plus ancienne des industries culturelles, s'est industrialisée au 19ème siècle. Générant 3 milliards d'euros annuels, c'est l'activité culturelle préférée en France : 25 millions de Français de plus de 15 ans achètent au moins un livre par an. A) Plusieurs singularités de l’industrie : 1. Le grand nombre de livres publiés Chaque année en France, environ 75 000 nouveaux titres sont édités, créant un vaste catalogue et une impression de surproduction. Récemment, on observe une légère baisse, particulièrement pour les nouveautés. 2. Rééditions et succès durable Les rééditions égalent les nouveautés en nombre. Des auteurs classiques comme Maupassant restent très populaires, illustrant une spécificité du secteur : la longévité du succès, même après le décès des auteurs. 3. Un public fidèle Les livres, essentiels à l'éducation et au développement intellectuel, sont perçus comme des outils d'émancipation et de formation personnelle, attirant ainsi un lectorat loyal. 4. La concentration des ventes Dans l'industrie du livre, les ventes se concentrent sur peu de titres : La majorité des livres vendent moins de 1000 exemplaires Les prix littéraires créent souvent des best-sellers L'effet "longue traîne" : 10% des ventes pour les grands succès, la plupart se vendent peu Parenthèse : Amazon propose presque tous les livres, contrairement aux autres distributeurs. Défis pour les librairies traditionnelles : Offre limitée Avantage aux éditeurs de best-sellers Gestion difficile des nouveautés due à l'effet "longue traîne" 13 Analyse des industries culturelles : approche par secteur - CM 5. Le livre reste principalement un produit physique Malgré l'existence du livre numérique, le format papier domine (80% des ventes). La production est numérisée, mais le produit final reste tangible. Cette particularité entraîne : Un besoin de points de vente variés (librairies, grandes surfaces, magasins culturels) Des défis logistiques (gestion d'entrepôts, transport) Ces contraintes font du livre un produit de consommation unique. 6. La loi sur le prix unique du livre (1981) En 1973, la FNAC ouvre ses portes, vendant des livres à bas prix. Cette pratique inquiète le secteur de l'édition. En 1981, la loi sur le prix unique du livre est adoptée, fixant un prix identique pour chaque livre, quel que soit le point de vente. Cette loi protège la diversité culturelle et soutient les nouveaux auteurs, permettant aux librairies indépendantes de prospérer grâce à leur expertise et leur service personnalisé. Répartition du prix d'un livre L'éditeur fixe le prix. Répartition typique : Auteur : 8-12% Fabrication : 15% Distributeur : 30% Libraire : 30% Éditeur : 20% TVA : 5,5% Le prix fixe du livre aide à garder le secteur stable. Cela permet d'avoir une grande variété de livres et de soutenir les petits libraires. Cette règle s'applique maintenant aussi aux livres numériques. Même les grandes entreprises comme Amazon doivent respecter le prix unique. 7. Le marché du livre croît par l'augmentation des prix plutôt que des ventes 14 Analyse des industries culturelles : approche par secteur - CM 8. La concentration du marché du livre en France Hachette et Editis, deux géants de l'édition, dominent le marché français du livre avec 50% du chiffre d'affaires. Leur influence est particulièrement forte dans le scolaire (60-70%), les dictionnaires et les points relais. Une tentative de fusion entre ces groupes en 2021 a été bloquée par la Commission européenne. Finalement, Hachette est resté avec Bolloré, tandis qu'Editis a été vendu à Czech Media Invest, soulignant l'importance de l'identité de marque dans ce secteur. Ces groupes d'édition ont une structure interne complexe, avec de nombreuses marques et filiales. B) Histoire du groupe Hachette De simple éditeur à acteur central de l'industrie, Hachette a évolué au fil des décennies. Ces 40 dernières années, les intérêts financiers ont transformé le livre en actif, élargissant les activités du groupe au-delà de l'édition traditionnelle. 1. Les débuts de Hachette : une vision éditoriale ciblée En 1826, Louis Hachette fonde une librairie à Paris. Ancien aspirant enseignant, il innove en ciblant le marché éducatif. Son partenariat avec Ambroise Rendu lui assure le quasi-monopole des manuels scolaires publics. Pionnier dans l'édition de livres, Hachette s'impose comme acteur majeur de la réforme éducative du 19ème siècle, sa position résistant aux changements politiques. 2. Réflexion fine et stratégique sur la distribution Inspiré par les "bibliothèques" de gare britanniques, Hachette développe un réseau de distribution basé sur le réseau ferroviaire français. En 20 ans, il couvre tout le territoire. Grâce à ses relations, Hachette obtient le monopole des bibliothèques de gare Profitant des lecteurs captifs dans les trains, Hachette : ○ Crée des guides de voyage et de la littérature jeunesse ○ Établit un réseau de distribution efficace, liant vente et transport Hachette devient un acteur majeur de la presse quotidienne jusqu'à l'après-guerre. Les relais actuels découlent directement des enseignes créées par Hachette, établissant un monopole de fait. Hachette se distingue non seulement comme éditeur, mais aussi comme stratège de la distribution, optimisant la diffusion de son offre. 15 Analyse des industries culturelles : approche par secteur - CM Le monopole de Hachette a des conséquences importantes : Capacité à créer des best-sellers via la publicité dans les journaux Pouvoir de censure : contrôle de la publication et de la promotion des œuvres Fin du 19ème siècle : Développement d'une presse spécialisée (mode, vie pratique) et introduction d'une logique multimédia 1953 : Révolution avec le Livre de Poche - Format inspiré des États-Unis et de l'Angleterre - Livres abordables avec couvertures colorées et marketing innovant - Transformation des pratiques de lecture et d'édition Le livre devient un bien de consommation courant, révolutionnant l'industrie éditoriale. —------------------------ + 1981 : Hachette est racheté par le groupe MATRA (avec comme acteur Lagardère), à l’époque c’estai le premier groupe d’édition français. A cette époque on est dans le moment où le groupe qui était relié à son passée historique, elle devient alors un membre d’un grand conglomérat. Les industries ne sont plus lié à leur métier d’origine, mais à une organisation capitalistiques. + Rachat par Vivendi 16 Analyse des industries culturelles : approche par secteur - CM LE SECTEUR MÉDIATIQUE I - La concentration des médias 1 - Un secteur public médiatique historiquement lié au pouvoir français Le secteur public reste significatif avec Radio France et France Télévision. Cependant, il fait face à des défis, notamment la suppression de la redevance audiovisuelle et une tendance politique centre-droit marquée. 2 - Les deux modèles de financement des médias Public : financé par l'État Privé : financé par la publicité et les abonnements Les propriétaires de médias ont une stratégie d'influence : Exemple : Les Echos et Le Parisien, appartenant à Bernard Arnault, présentent souvent une vision économique unique. Cette approche tend à promouvoir l'idée qu'il n'y a pas d'alternative au modèle économique dominant. 3 - Les médias en ligne Médiapart (2008) : Un nouveau modèle économique sur Internet Propose de l'information payante, ce qui était surprenant à l'époque En 2008, on pensait que l'information sur Internet devait être gratuite En 2015, Médiapart devient rentable avec le slogan "Seul le lecteur peut nous acheter" Les autres médias s'adaptent : Les grands journaux offrent gratuitement certains contenus, comme le fil d'actualité Ils rendent payants d'autres contenus, comme les archives et certains articles (contenu "premium") Au fil du temps, l'idée que tout doit être gratuit sur Internet disparaît progressivement 4 - Les médias indépendants L'indépendance des médias, bien que positive, soulève un défi : leur survie dépend de l'attrait pour les lecteurs lorsque le financement repose uniquement sur eux. Des modèles mixtes émergent, combinant revenus publicitaires en ligne et dons. Les médias indépendants se diversifient sur différents supports. Par exemple, "Le Média" tend à se rapprocher des médias traditionnels. Néanmoins, ces médias restent souvent en périphérie du paysage médiatique principal. 17 Analyse des industries culturelles : approche par secteur - CM II - Les ordonnances de 1944, sur le liberté de la presse et leur destin La presse payante en France : 2,5 milliards d'exemplaires vendus annuellement Malgré la baisse des recettes, ce secteur reste économiquement important, avec des enjeux financiers et d'influence considérables. Sites d'information payants : 24 milliards de visites annuelles La liberté de la presse, symbole puissant, représente un droit fondamental et un indicateur clé de liberté sociétale. Essentielle depuis la Révolution française, elle permet : La création d'un espace public de discussion L'échange libre d'idées et d'opinions Cette liberté est donc cruciale pour une société démocratique et ouverte. Habaneras, Archéologie des espaces publics bourgeois (1862) Habermas étudie la bourgeoisie, classe ayant le pouvoir économique mais non politique. La Révolution française a créé un nouvel espace public de débat, contrastant avec l'Ancien Régime. Cet espace public a permis : La confrontation d'idées La formation d'opinions éclairées Le dépassement des préjugés La création de consensus par le débat Lieux variés : cafés, salons, jardins publics, théâtres. La presse est devenue le principal vecteur de cet espace public. Limites : Débats souvent entre personnes aux idées similaires Influence croissante des intérêts commerciaux Cette évolution explique la formation de l'idéal médiatique et sa commercialisation. Au début du 20e siècle, avec des tirages massifs, la presse s'est vue influencée par des intérêts économiques et politiques. L'exemple de la presse collaborative pendant la Seconde Guerre mondiale illustre que l'information comme outil de liberté n'est pas toujours une réalité absolue. -> Une tension persiste entre l'idéal d'une presse libre et les intérêts qui l'influencent 18 Analyse des industries culturelles : approche par secteur - CM Article Acrimed : Les ordonnances de 1944 du CNR En 1944, le CNR a créé un système d'aides publiques pour la presse, visant à la libérer des contraintes du marché tout en la maintenant dans le secteur privé. Cependant, ce système a engendré une compétition pour les aides, renforçant les grands groupes de presse. Exemple : Bernard Arnault, propriétaire des Echos et du Parisien, a reçu environ 20 millions d'euros d'aides en 2003. Paradoxalement, ces aides, conçues pour protéger la liberté de la presse, peuvent parfois renforcer les positions dominantes dans le secteur médiatique. Les géants du numérique : un défi pour les médias traditionnels Google et d'autres acteurs numériques ont longtemps exploité gratuitement le contenu médiatique. En 2019, la donne a changé : Les entreprises numériques ont été sollicitées pour financer l'information. Google a initié des partenariats avec la presse et développé des outils collaboratifs. En contrepartie, Google exige une amélioration de la qualité des informations en ligne. Cette évolution a engendré une nouvelle dynamique, certains grands groupes de presse bénéficiant désormais d'une relation privilégiée avec Google. La concentration des médias : l'exemple de Robert Hersant Robert Hersant, figure majeure de la presse française, illustre la concentration médiatique : Propriétaire du Figaro et de la moitié de la presse régionale Actionnaire principal de La Cinq Cet exemple démontre comment un seul individu peut exercer un contrôle significatif sur le paysage médiatique. 19 Analyse des industries culturelles : approche par secteur - CM APPROCHE CRITIQUE DE LA NOTION D’INDUSTRIE CRÉATIVE I/ Introduction L'industrie créative repose sur la créativité, un concept adaptable à divers domaines : Tourisme Design Architecture Spectacle vivant Education Audiovisuel Ces secteurs, essentiels dans la transition vers une économie de services, génèrent emplois et richesses. Apparu il y a 40 ans, ce concept s'est développé dans les années 80 avec l'évolution économique. Les JO 2024 à Paris illustreront l'industrie créative française à travers le tourisme, la mode et l'animation. Plusieurs villes françaises ont adopté ce modèle : Lille, devenue capitale européenne de la culture en 2004, a revitalisé son tourisme et son patrimoine Nantes a transformé son île industrielle avec le "Voyage à Nantes" et "La Machine" Cette transformation a embelli la ville et permis le développement de projets durables. Document moodle : Croissance du secteur (+ 6%), nombre d'emploi créé 20 Analyse des industries culturelles : approche par secteur - CM II/ Comment la créativité s’est inscrite comme une valeur dans l’économie contemporaine et mondialisée L'industrie créative repose sur deux aspects qui semblent opposés : d'un côté, le travail créatif et artistique lié au talent humain et à notre sensibilité, et de l'autre côté, la logique économique. Une question importante se pose : comment l'économie arrive-t-elle à tirer profit de la création artistique ? Cette situation crée une tension entre deux forces : D'une part, la tendance à reproduire ce qui fonctionne bien et à créer des formules de succès D'autre part, le besoin constant de créer de nouvelles formes artistiques et esthétiques Cette relation entre l'économie et la création nous montre comment le capitalisme moderne s'est transformé, en adoptant une approche plus centrée sur l'esthétique et la créativité. La créativité est devenue le cœur du capitalisme moderne, qui met désormais l'accent sur l'aspect esthétique. Les industries de la culture et de la création ont servi d'exemple pour comprendre comment fonctionne l'économie d'aujourd'hui. Selon Marx, dans le travail traditionnel, l'ouvrier perd le lien avec ce qu'il produit : il ne contrôle ni son travail, ni le résultat, ni le sens de ce qu'il fait. L’artiste serait alors l’idéal du travail non aliéné ? Le travail artistique serait libre et détaché des contraintes économiques habituelles, comme la production en série et la vente Cependant, l'intégration du travail créatif dans les industries culturelles a trois conséquences majeures : La surproduction : création massive de contenu dont seule une petite partie réussira La compétition entre artistes : un système de classement constant basé sur des évaluations subjectives L'acceptation du système : les critères de jugement et la création de stars ne sont pas remis en question Cette approche justifie les écarts de salaires par le "talent créateur de richesse" 21 Analyse des industries culturelles : approche par secteur - CM Comment le travail est-il organisé aujourd'hui ? Franck Lepage (vidéo) Dans les années 70-80, les manuels de management parlaient surtout de "hiérarchie". Dans les années 90, ce mot a été remplacé par "projet". Le langage du travail a beaucoup changé. On utilise maintenant des mots plus positifs : un "subordonné" devient un "collaborateur", les "conflits sociaux" deviennent du "dialogue social", et les "licenciements" sont appelés "plans de sauvegarde de l'emploi". Le mot "projet" est maintenant partout dans notre vie quotidienne. Ce n'est pas qu'un simple mot : c'est une façon de travailler qui a une durée limitée, avec un début et une fin. Cette organisation par projet existe depuis longtemps dans la culture. Par exemple, un film est un projet où on engage des personnes pour une durée précise. Ce système de travail par projet a plusieurs caractéristiques : Les emplois sont instables et changent souvent Beaucoup de travailleurs doivent être disponibles en permanence, ce qui crée de l'insécurité Les travailleurs sont mis en compétition Le paiement se fait selon les tâches accomplies Dans le domaine créatif, on met l'accent sur l'individu : Chaque idée doit avoir un auteur Chacun prend des risques personnels Cette façon de travailler s'étend maintenant à tous les métiers : on est responsable de son travail de A à Z. Ce modèle, inspiré du travail artistique, s'est répandu dans toute l'économie. Contrairement à ce qu'on pensait, l'artiste n'est pas devenu un modèle de travailleur libre, mais plutôt un exemple du nouveau travailleur moderne : flexible, dévoué, responsable, et prêt à s'investir totalement dans son travail. 22

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