La Révolution Française et l'Empire - PDF
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Collège Saint Vincent de Paul
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This document provides an overview of the French Revolution and the Napoleonic Empire. It covers key topics such as the rise of nationalism, the role of the Enlightenment, social and political tensions leading up to the revolution, and the establishment of a new political order in France. The historical context and major figures are also discussed.
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H1 LA REVOLUTION FRANCAISE ET L’EMPIRE UNE CONCEPTION NOUVELLE DE LA NATION Introduction : La fin du XVIIIe siècle est marquée en France par des tensions sociales, politiques et financières. La révolte des Parlements depuis 1774, l’émergence des théories des Lumi...
H1 LA REVOLUTION FRANCAISE ET L’EMPIRE UNE CONCEPTION NOUVELLE DE LA NATION Introduction : La fin du XVIIIe siècle est marquée en France par des tensions sociales, politiques et financières. La révolte des Parlements depuis 1774, l’émergence des théories des Lumières ou bien encore la crise financière qui touche la monarchie de Louis XVI ont fait entrer le Royaume de France dans une ambiance prérévolutionnaire. Louis XVI, qui veut mettre fin à la crise politique majeure, convoque les États Généraux du Royaume en 1789. Lorsque ces derniers s’ouvrent à Versailles le 5 mai 1789, peu de personnes imaginent que vient de démarrer la plus grande rupture politique en France. Cette période est caractérisée par l’affirmation d’une notion centrale, celle de la Nation. Une nation, c’est un ensemble de personnes qui ont des caractéristiques communes (langue, histoire, religion parfois) et qui ont un sentiment d’appartenir à un même groupe. Problématique : Pourquoi la période révolutionnaire est-elle considérée comme une rupture majeure ? Comment les représentants de la Nation ont-ils cherché à construire une régime politique stable ? I. La Nation affirme sa souveraineté (1789-1792) A. Eté 1789 : La France entre en révolution. Le pouvoir aux représentants de la Nation. La crise de l’année 1788 avec l’opposition des Parlements à Louis XVI a démontré l’impasse politique. Les cahiers de doléances, rédigés partout en France pour la convocation des États Généraux, ont suscité un réel espoir de changement. Pour Louis XVI, l’objectif est de résoudre la crise politique en passant par-dessus les Parlements pour la mise en place du nouvel impôt. Ce malentendu sur les objectifs des États Généraux pose déjà problème. Le printemps 1789 est marquée par l’opposition à Versailles entre les députés du Tiers État, qui se sont proclamés en Assemblée Nationale (17 juin) et ont juré de ne pas se séparer avant la rédaction d’une Constitution (le Serment du Jeu de Paume du 20 juin). L’irruption du peuple dans la Révolution. A Paris, l’effervescence révolutionnaire s’accompagne d’une crise économique et de rumeurs annonçant la venue de troupes royales pour disperser les députés. Le 14 juillet 1789, des centaines de Parisiens s’emparent de la Bastille à la recherche d’armes. Un symbole du pouvoir arbitraire vient de tomber. Dans les provinces, la Grande Peur se répand. On craint des armées nobles, les châteaux des seigneurs sont attaqués et les titres de propriétés sont détruits. Dans la nuit du 4 au 5 août, les députés de l’Assemblée Nationale devenue Constituante votent la fin des privilèges. La Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen (26 août 1789) a pour objectif de poser les bases d’une société nouvelle. Cette déclaration qui s’inspire des Philosophes des Lumières, proclame la souveraineté de la Nation et l’autorité de la Loi. Elle énonce des droits naturels et individuels comme la liberté et l’égalité (libertés d’opinion, expression et de conscience religieuse). Cette déclaration marque le début d’un travail législatif intense des députés qui vont chercher à construire une France nouvelle. B. La naissance d’une Nation. La construction d’une nouvelle nation : Avec la fin de l’Ancien Régime, il faut construire une nouvelle nation basée sur les principes de la DDHC : La carte de la France est bouleversée : finis les découpages hérités de l’Ancien régime, les députés créent 83 départements. Les élections sont généralisées pour les fonctions administratives et judiciaires. L’Église est réorganisée selon les mêmes logiques : ses biens sont nationalisés (pour combler une partie des dettes) en novembre 1789. La constitution civile du clergé du 12 juillet 1790 impose aux membres du clergé de prêter serment de fidélité à la nation qui sont salariés par l’État. La monarchie constitutionnelle : La constitution est adoptée en 1791 après deux ans de travaux. Les pouvoirs sont séparés. Le pouvoir législatif revient à l’Assemblée élue au suffrage censitaire (seuls les citoyens payant des impôts peuvent voter, ce sont les citoyens actifs). Le pouvoir exécutif appartient au « Roi des français » qui dispose en plus du droit de véto sur les lois, dont il peut interdire l’application. C. La Nation et son Roi : vers la rupture. Fête de la Fédération : Le 14 juillet 1790, une grande fête est organisée pour célébrer l’unité de la Nation autour du Roi : c’est la fête de la Fédération qui se déroule au Champ de Mars. Les députés, la Garde Nationale, la famille royale prêtent serment de fidélité « à la nation, à la loi, au roi » devant une foule immense. Fuite du Roi En fait, Louis XVI qui se sent prisonnier de la situation, abuse de son droit de véto. Le 21 juin 1791, il est arrêté avec toute sa famille à Varennes alors qu’il cherchait à quitter la France. Le 17 juillet, la Garde Nationale tire sur la foule qui réclamait la destitution du Roi faisant une cinquantaine de morts et marquant le divorce entre les partisans du Roi et ceux qui réclament une République. La guerre contre l’Autriche : En Avril 1792, avec l’appui du Roi qui espère que les défaites militaires lui permettront de rétablir son autorité, les Girondins votent une déclaration de guerre à l’Autriche (avril 1792). Les défaites s’accumulent et la situation devient très difficile : En juillet 1792, La Patrie est proclamée en danger. De nombreux volontaires se retrouvent à Paris dans une ambiance explosive. Le 10 août, le palais royal des Tuileries est envahi par les sans-culottes (révolutionnaires issus des milieux populaires parisiens). Le Roi, accusé de trahison, est arrêté et emprisonné. L’Assemblée n’a pas d’autre choix : elle suspend le Roi et décide de l’élection au suffrage universel d’une Convention. II. La République et ses difficultés (1792-1799). A. Une République divisée qui exclut. Une Convention divisée : La Convention nationale élue en septembre proclame le 21 septembre 1792 la République après la victoire de Valmy, première victoire française sur les Autrichiens. Le nouveau calendrier républicain débute à la proclamation de la République. Cette assemblée voit s’opposer deux groupes de députés : Les Girondins, très attachés aux principes de 1789 et qui craignent les sans-culottes. Ils exercent le pouvoir dans les premiers mois de la République. Les Montagnards regroupent de nombreux députés de Paris et sont plus proches des sans-culottes avec des hommes comme Georges Danton, Jean-Paul Marat et Maximilien de Robespierre. Entre ces deux groupes, les députés de la Plaine qui permettent d’obtenir la majorité. Le procès de Louis XVI : La Convention s’occupe du sort du Roi, accusé de conspiration contre l’État et de trahison. Il est jugé au cours d’un procès légal qui voit sa condamnation à mort à une courte majorité. Louis XVI est guillotiné le 21 janvier 1793. L’attitude des Girondins dans le procès suscite la méfiance des sans-culottes. Vers la Guerre civile : L’exécution du Roi provoque la première coalition européenne contre la France et le soulèvement de la Vendée qui s’oppose à la levée en masse des soldats et au sort réservé à la religion. Les sans- culottes exigent des mesures exceptionnelles et obtiennent l’arrestation de députés girondins et de certains leaders comme Manon Roland, républicain ardente qui tenait un salon politique. Les Montagnards prennent le pouvoir mais ce coup de force entraîne la révolte des départements fidèles aux Girondins : c’est la révolte fédéraliste. La France est dans une situation de guerre civile. B. La Convention face aux guerres. Une république sociale : pour les députés de la Convention, les Français ne sont pas encore républicains. Pour accélérer leur conversion au nouveau régime, les révolutionnaires votent des lois sociales en faveur des paysans, des ouvriers, des plus modestes. Il publie des décrets pour une école gratuite et obligatoire. La loi du maximum fixe des prix sur les denrées alors qu’un contrôle sur les salaires se met en place. L’autre enjeu majeur est celui de la déchristianisation de la société. Un nouveau calendrier se met en place à partir de la proclamation de la république. Les fêtes, le nom de certaines villes, les prénoms changent et abandonnent les références chrétiennes au profit de valeurs révolutionnaires. Face à la situation intérieure et extérieure exceptionnelle, la Convention contrôlée par les Montagnards adopte des mesures d’exception : La nouvelle constitution de l’An I est suspendue. Le gouvernement est remplacé par un Comité de Salut Public, dominé par Robespierre. Le Comité de Salut Public est doté des pleins pouvoirs avec un temps limité et sous le contrôle de l’Assemblée. C’est la période dite de Terreur. La loi des suspects (septembre 1793) entraîne la multiplication des arrestations. La seconde levée en masse et le service militaire rendu obligatoire. Un déchaînement de violences contre les prêtres qui refusent de prêter serment, dans les régions fédéralistes, la Vendée qui fait plus de 100 000 morts. La situation s’améliore progressivement au prix de 17 000 exécutions. A l’extérieur, la victoire militaire de Fleurus (juin 1794) marque la fin de l’invasion. Certains Montagnards, qui veulent la fin de la Terreur, sont exécutés comme Danton. Robespierre est alors de plus en plus désigné comme un dictateur. En juillet, il est arrêté, jugé puis exécuté le 10 Thermidor an II (28 juillet 1794). Les sans-culottes et les autres Montagnards sont pourchassés. C’est la fin de la Terreur. C. La République confisque la démocratie. La République thermidorienne : Après la mort de Robespierre, la Convention est dominée par les députés modérés, souvent issus de la Plaine, qu’on appelle les Thermidoriens. Ils votent une nouvelle constitution qui donne naissance au Directoire. Le suffrage censitaire, qui réserve le droit de vote à une minorité aisée souvent issue de la bourgeoisie, est mis en place. Il profite aux propriétaires qui s’enrichissent, creusant les inégalités sociales. La crise économique et sociale entraîne un retour des inégalités et provoque des soulèvements populaires (1795). En 1796, l’État réprime le complot de Gracchus Babeuf, qui voulait fonder une « République des égaux ». En 1797, les royalistes sont proches de prendre le pouvoir mais, avec le soutien de l’armée de Napoléon Bonaparte, le Directoire arrête les députés royalistes. On parle de République sans démocratie. A l’extérieur, la guerre continue contre l’Autriche et la France s’engage dans une politique de conquêtes. Le Général français Napoléon Bonaparte, à la tête de l’armée d’Italie, devient très populaire après ses conquêtes en Italie (1797). Il créé des républiques sœurs en Italie sur le modèle français et impose la paix. Le gouvernement qui se sent menacé, l’éloigne en l’envoyant en Égypte combattre les Anglais. En 1799, Bonaparte revient clandestinement en France. Avec le soutien de l’armée, il s’empare du pouvoir par un coup d’État le 9 novembre 1799 (18 brumaire). III. De Bonaparte à Napoléon Ier, un empire héritier de la révolution. A. Un ordre politique autoritaire. Une République autoritaire : Le nouveau régime mis en place en 1799 conserve l’apparence de la République avec ses symboles (drapeau, calendrier révolutionnaire) mais c’est un régime autoritaire. Le régime concentre les pouvoirs entre les mains du Premier Consul, Bonaparte, qui est en plus à l’initiative des lois tandis que le pouvoir législatif est affaibli (4 assemblées). Le suffrage universel masculin est rétabli mais il est essentiellement utilisé pour des plébiscites (vote sur une question à laquelle les électeurs répondent par oui ou non). Napoléon Ier : En 1802, les Français acceptent le consulat à vie pour Bonaparte. Il instaure une forme de dictature : arrestation des opposants, censure de la presse, contrôle de la population par la police de Fouché. Puis en décembre 1804, il se fait sacrer Empereur des Français par le pape Pie VII à Notre Dame de Paris. Devenu Napoléon Ier, il organise autour de lui une cour impériale et constitue une noblesse d’empire. Napoléon Ier se pose en élément central de l’unité de la Nation. B. Une société réorganisée et encadrée. « Les Français sont comme des grains de sable qu’il faut stabiliser en jetant sur le sol quelques masses de granit », Napoléon Bonaparte. Une administration centralisée : Bonaparte s’appuie sur une administration centralisée et dépendante du pouvoir du Premier Consul puis de l’Empereur. Les préfets, nommés par Bonaparte à la tête de chaque département, ont une mission très large : ils représentent l’Etat, développent l’activité économique, surveillent la population et établissent des rapports et des statistiques. Le régime centralise l’enseignement afin de former les futurs cadres de la Nation : création des lycées en 1802 et de l’université en 1808. La Banque de France est fondée ainsi qu’une nouvelle monnaie, le franc germinal. La consolidation des acquis de la Révolution Française : Avec la mise en place du Code civil en 1804, Bonaparte consacre l’organisation sociale issue de la Révolution française en confirmant l’égalité devant la loi et la propriété privée. Ce code fixe durablement les bases des relations sociales et impose une vision très autoritaire de la famille et des relations dans le travail. La paix civile : Pour réconcilier les catholiques avec l’Etat et les rallier au Consulat, Bonaparte signe en 1801 un concordat avec le Pape qui reconnaît la liberté de culte et proclame la religion catholique comme « la religion de la grande majorité des Français ». Les prêtres doivent prêter serment à l’Etat qui les paye. Les nobles qui avaient fui pendant la Révolution peuvent revenir. La création de la Légion d’Honneur récompense les mérites militaires et civils et permet de s’attacher l’élite française. C. Un Empire fragilisé par la contestation européenne. L’Europe à l’heure napoléonienne : En Europe, Napoléon poursuit la politique de conquête commencée sous le Directoire. Les victoires militaires françaises entre 1802 et 1811 assurent à la France une domination quasi-totale sur l’Europe continentale. La Grande Armée de Napoléon, constituée de soldats français et étrangers issus du service militaire obligatoire (2 millions sous l’Empire), est placé sous le commandement direct de l’Empereur. Ses succès à Iéna, Eylau, Friedland, Wagram donnent l’illusion d’une armée invincible. Le grand Empire français, qui s’étend de Hambourg à Rome, est composé de 130 départements. Dans ces régions annexées à la France, les lois françaises sont appliquées. L’Empire est entouré d’états vassaux à la tête desquels Napoléon a placé des membres de sa famille ou des princes soumis. L’influence française en Europe se manifeste par l’adoption de codes civils dans de nombreux états vassaux (Italie, Grand-Duché de Varsovie, Royaume de Westphalie…) L’Angleterre est encore en guerre mais Napoléon espère la ruiner par le blocus continental. La présence militaire française en Europe provoque rapidement des soulèvements populaires. En Espagne, la population se soulève contre la volonté de Napoléon d’imposer son frère Joseph sur le trône. La présence française favorise l’émergence d’un sentiment national en Russie, en Prusse qui se retourne contre les armées napoléoniennes. La fin de l’Empire : En 1812, Napoléon se lance dans la guerre contre la Russie. Cette campagne tourne à la catastrophe avec la retraite de Russie qui coûte la vie à plus de 450 000 soldats de la Grande Armée. La défaite de Napoléon provoque une coalition européenne qui bat Napoléon à Leipzig en 1813. Face à l’invasion de la France, Napoléon abdique en 1814. Louis XVIII, frère de Louis XVI, est proclamé Roi des Français. En 1815, Napoléon tente un retour en France : ce sont les cent Jours durant lesquels Louis XVIII s‘enfuit et Napoléon reconquiert la France. Son retour pousse l’Angleterre, la Prusse et l’Autriche à relancer la guerre. Le 18 juin 1815, les Français sont battus à Waterloo. Napoléon abdique à nouveau puis est déporté sur l’île de Sainte Hélène où il meurt en 1821. Conclusion : La période révolutionnaire a marqué une rupture profonde en France où de nouveaux hommes se sont emparés du pouvoir et ont cherché à construire une nouvelle nation, basée sur les principes des Lumières édictés dans la DDHC. Cette construction de la Nation a parfois amené les députés à diviser et s’opposer à certains Français, menant à une guerre civile effroyable. Le Général Bonaparte a incarné cette Nation française conquérante mais le régime qu’il a mis en place a trop souvent rejeté les principes révolutionnaires. L’occupation française en Europe a bouleversé la carte du continent et a permis l’émergence des deux grandes idées politiques du XIXe : le nationalisme et le libéralisme.