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Summary

This document provides an introduction to the topic of capitalism. It discusses the role of markets and the government in coordinating economic activity.

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Fiche thème 1 Introduction : - Le capitalisme, tel que défini par Branko Milanovic, est un système économique où La coordination des agents économiques se fait principalement par le marché, autrement dit par la loi de l\'offre et de la demande, plutôt que par l\'État. Les moyens de p...

Fiche thème 1 Introduction : - Le capitalisme, tel que défini par Branko Milanovic, est un système économique où La coordination des agents économiques se fait principalement par le marché, autrement dit par la loi de l\'offre et de la demande, plutôt que par l\'État. Les moyens de production sont principalement privés, bien que des entreprises publiques existent toujours. - Le capitaliste vise à maximiser le profit pour accumuler du capital, qu\'il réinvestit ensuite. Milanovic affirme que depuis la chute du mur de Berlin (1989), le capitalisme est sans rival, bien qu\'il ne soit pas homogène et présente diverses formes en fonction des traditions historiques et des cultures locales. - Selon North, les institutions, qui sont des règles formelles (lois) ou informelles (culture, coutume) mises en place par l\'Homme, sont essentielles au fonctionnement du capitalisme. Elles sont comparées aux règles d\'un match de football : elles restreignent certes les actions, mais permettent le déroulement du jeu. Ainsi, sans institutions, le capitalisme ne pourrait pas fonctionner. - Le capitalisme repose sur le marché mais ne se réduit pas à lui. Des périodes, comme les Trente Glorieuses, ont montré un capitalisme florissant avec une forte intervention de l\'État. L\'évolution du capitalisme dépend des contextes historiques. Certains courants, tels que le libéralisme économique, prônent un État minimal, tandis que d\'autres, comme le keynésianisme, soulignent l\'importance de l\'intervention étatique dans la sphère économique et sociale. I. État minimal et régulation marchande : le marché se trouve au cœur de la dynamique capitaliste 1. Le marché : définition et autres considérations a. Définition - **Le marché** : est un lieu fictif ou réel qui met en relation deux acteurs, l'offre et la demande qui se mette d'accord sur un prix et une quantité. Le marché est donc un lieu d'échange généralement on distingue 3 types de marchés : - Marchés des biens et services - Marché du travail - Marché des capitaux b. Autres considérations - Avec le marché il y'a une propriété privée des moyens de production, par exemple sur marché bien et services l'offre est animée par des capitalistes qui cherchent à convaincre les consommateurs. Pour les libéraux comme les Classique, le marché est le meilleur moyen d'assurer l'allocation des ressources, travail et capital sont employés là où ils sont les plus efficaces, productifs. Cette confiance dans les marchés remonte au livre fondateur d'Adam Smith. 2. La métaphore de la « main invisible » (Adam Smith, 1776) - Adam Smith introduit la notion de la \"main invisible\" pour expliquer le fonctionnement du marché. Selon lui, lorsque les individus cherchent à satisfaire leurs intérêts personnels, ils contribuent, sans le vouloir, à l\'intérêt général. - La \"main invisible\" est une métaphore pour décrire l\'efficacité de la loi de l\'offre et de la demande, qui aboutit à des échanges bénéfiques pour tous. - Exemple : Boulanger pour être plus compétitif doit avoir un pain de meilleure qualité, ainsi le boulanger va vendre plus mais le consommateur aura un meilleur pain. 3. Les fonctions de l'État minimal, les « 3 devoirs du souverain » d'Adam Smith. - **Assurer la sécurité intérieure et extérieure** : Protéger la propriété privée via la police et l\'armée (fonctions régaliennes). - **Assurer la justice** : Faire respecter les droits et sécuriser les contrats, afin de prévenir les comportements déloyaux et garantir la sécurité des productions. - **Produire des biens collectifs** : L\'État doit fournir des biens collectifs (non rivaux et non excluables) que le marché ne prend pas en charge (ex. : éclairage public), ainsi que s'occuper de l'éducation, nécessaire pour compenser l\'effet négatif de la division du travail sur les travailleurs. 4. Le fonctionnement du marché néo-classique a. La concurrence pure et parfaite - **Atomicité** : Aucun acteur n\'a suffisamment de pouvoir pour influencer le prix. - **Homogénéité** : Tous les biens et services sont identiques et parfaitement substituables. - **Parfaite mobilité des facteurs de production** : Aucune barrière pour que le travail et le capital se déplacent. - **Libre entrée/sortie** : Pas de barrières à l\'entrée ou à la sortie pour les acteurs. - **Transparence de l'information** : Les informations utiles sont connues sans délai ni coût. b. Les gains à l'échange : la théorie des surplus - Sur le marché des biens et des services, producteurs et consommateurs sont rationnels. Le producteur maximise son profit en produisant tant que la recette marginale est supérieure au coût marginal. La fonction d\'offre est croissante avec le prix. Le consommateur, de son côté, maximise son utilité sous contrainte de budget. Il consomme tant que l\'utilité marginale est supérieure à la désutilité liée à la perte de budget, expliquant une demande décroissante avec la hausse des prix. - En concurrence pure et parfaite (CPP), le marché permet des gains à l'échange par le surplus des consommateurs (différence entre la disposition à payer et le prix d'équilibre) et des producteurs (prix d'équilibre moins la disposition à vendre). L\'équilibre permet une allocation optimale des ressources. - À long terme, le profit est instable en CPP, car l\'entrée de nouveaux concurrents réduit les prix. Pour générer des profits durables, les entreprises doivent innover et se différencier, entrant ainsi dans une situation de concurrence imparfaite. c. De l'optimum de Pareto à l'économie du bien être - A la suite de Valras, Pareto montre que l\'équilibre en CPP est optimal car on ne peut augmenter le surplus d'un individu sans diminuer celui d'un autre, ce qui définit l\'**optimum de Pareto**. À l\'équilibre, l\'allocation des ressources est Pareto-optimale, garantissant l\'efficacité économique maximale. Cependant, l\'optimum de Pareto ne garantit pas la justice sociale ni l\'égalité ; une situation peut être Pareto-optimale même si les ressources sont inégalement réparties. - Certains économistes, comme Hayek, estiment que les inégalités favorisent la croissance économique. Par exemple, la théorie du **ruissellement** suggère que réduire les impôts des plus riches encourage l\'investissement, créant de l'emploi et stimulant la croissance. Helmut Schmidt résume cette idée avec la phrase : \"Les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain.\" - Dans les années 1950, deux économistes démontrent le **premier théorème du bien-être**, qui stipule que tout équilibre général en CPP est nécessairement un optimum de Pareto. Cela signifie qu\'à l\'équilibre sur tous les marchés la situation est efficace au sens de Pareto. 5. La structure de marché la plus éloigné de la concurrence pure et parfaite : le monopole. - En théorie, le marché pourrait atteindre la **concurrence pure et parfaite (CPP)**, mais dans la réalité, cela est rare. Le **monopole** est l\'opposé de la CPP, où un seul producteur fait face à de nombreux consommateurs. Il existe trois types principaux de monopoles : - **Monopole réglementaire** : Imposé par la loi, comme la vente de médicaments en pharmacie. - **Monopole naturel** : Survient lorsqu\'une seule entreprise est plus efficace pour certaines productions, notamment les infrastructures, en raison des économies d\'échelle. - **Monopole d\'innovation** : Résulte de la différenciation par l\'innovation, permettant une rente temporaire (Schumpeter) qui stimule la création de nouveaux produits. - Le monopoleur est un **Price maker** et fixe les prix sous la contrainte de la demande. Pour maximiser son profit, il produit jusqu\'à ce que la **recette marginale** égale le **coût marginal**. Cependant, pour attirer des clients supplémentaires, il doit abaisser son prix, rendant la recette marginale décroissante. - En monopole, le **surplus du consommateur** est réduit par rapport à la CPP, car le monopole capte une partie de celui-ci sous forme de rente. Le **surplus total** est également plus faible, en raison de la **perte sèche** qui démontre que la situation de monopole est **sous-optimale au sens de Pareto**. II. Les fonctions de l'État 1. Définition(s) de l'État - L'état est une somme d'administration publique, il y'a trois types d'administration publique : - Administration publique centrale : État au sens strictes - Administration publique locale : commune, département, région - Administration publique de sécurité sociale : caisse d'allocation - Du point de vue des sciences politique l'État est une autorité qui s'exerce sur un peuple situé sur un territoire borné par des frontières reconnus. Max Weber nous dit que les hommes abandonnent le droit d'être violent et accordent le droit de cette violence légitime à l'État afin d'être protégé (fonctions régaliennes). 2. Une première approche du développement de l'État - L\'État joue un rôle central dans le développement du capitalisme, passant d\'un État minimal au début du 19e siècle à un **État-providence** contemporain. Selon la **loi de Wagner**, plus la société se développe, plus l\'État accroît ses dépenses publiques. Wagner avance deux raisons principales : - Le besoin croissant d\'infrastructures que seul l\'État peut financer avec l\'urbanisation et la complexité croissante de la société - La demande accrue pour des biens dits supérieurs, tels que l\'éducation et la santé, à mesure que le niveau de vie augmente. - Après la Seconde Guerre mondiale, l\'État s\'est systématiquement transformé en **État-providence**, visant le bien-être de la population par la protection contre les risques sociaux (retraite, chômage, soutien familial). Cela se fait par deux voies : - **L\'assurance** : financement via des cotisations sociales. - **L\'assistance** : financement par les impôts, visant à couvrir d\'autres risques sociaux comme l\'exclusion. - Il existe trois formes principales de prélèvements obligatoires : - Les **impôts** (ex. impôt sur le revenu) - Les **taxes** (ex. TVA) - Les **cotisations sociales** - Ces prélèvements ont évolué au fil du temps : initialement utilisés pour l\'armée, ils sont devenus la base du financement des dépenses publiques modernes, avec la **théorie du double monopole** (monopole militaire et fiscal) à la base de la construction de l\'État moderne. - L\'**impôt sur le revenu** a été introduit en 1914 pour financer la Première Guerre mondiale, mais il n'a jamais été supprimé ensuite. Le phénomène d'**effet de cliquet** explique que la population s'habitue aux dépenses publiques, rendant difficile toute réduction des taux de prélèvements obligatoires. Ainsi, l\'augmentation des dépenses publiques suit une progression par paliers, souvent après des guerres ou crises, car les citoyens finissent par accepter et s\'habituer à ces prélèvements même après la fin des événements. 3. Les 3 fonctions de l'État (Musgrave, 1959) - Selon Musgrave, l\'État joue trois fonctions principales dans l\'économie : - **Fonction d'allocation (long terme)** : L\'État met en place des politiques structurelles pour corriger les défaillances du marché, comme des politiques de l'emploi pour réduire le chômage. En CPP, l\'État peut intervenir pour éviter des situations de monopole, notamment par des politiques de concurrence. - **Fonction de régulation/stabilisation (court terme) :** L\'État applique des politiques conjoncturelles (inspirées de Keynes) pour stabiliser l\'économie en lissant les cycles économiques. En période d'expansion, l\'État peut freiner l\'inflation par des politiques de rigueur, tandis qu\'en période de récession, des politiques de relance sont mises en place. - **Fonction de redistribution **: L\'État-providence intervient pour réduire les inégalités économiques et sociales via : - **Redistribution verticale :** Réduction des inégalités à travers des impôts progressifs, des transferts de revenus et des services publics. - **Redistribution horizontale :** Protection contre les risques sociaux (chômage, maladie, etc.). - III. Les défaillances de marché - Les néo-classiques reconnaissent que le marché peut connaître des **défaillances** qui l\'empêchent d\'atteindre l\'**optimum de Pareto**. Bien que le marché soit censé allouer les ressources de manière optimale, des défaillances peuvent survenir, nécessitant l\'intervention de l\'État pour corriger ces défauts et rétablir l\'efficacité. 1. Les externalités positives et négatives a. Définition et approche micro-économique - Une **externalité** est une conséquence non prise en compte par le marché, qu\'elle soit positive ou négative, résultant de l\'action d\'un agent économique sans compensation monétaire. Cela signifie que l\'effet sur le bien-être des autres agents n\'est pas reflété dans le prix de marché. - En situation de **CPP**, l\'équilibre atteint est un **optimum de Pareto** grâce à la main invisible. Cependant, avec des externalités, les valeurs privées ne coïncident plus avec les valeurs sociales, indiquant une défaillance du marché. - **Externalités négatives** : Elles se produisent lorsque les actions d\'un agent entraînent des coûts non supportés par lui-même, mais par la société (coût social \> coût privé). En conséquence, les biens générant des externalités négatives sont souvent trop produits. - **Externalités positives** : Lorsque les actions d\'un agent génèrent des bénéfices pour des tiers non participants au marché (bénéfice social \> bénéfice privé). En conséquence, il y a un risque de sous-production de ces biens. - La source de ces externalités est due à des **droits de propriété mal définis**, qui empêchent le marché de réguler efficacement. Par exemple, la fumée d\'une usine n\'appartient à personne, donc il est difficile de trouver un responsable pour imposer une taxe et compenser les coûts. - Ainsi, la présence d\'externalités empêche d\'atteindre l\'**optimum de Pareto**, rendant l\'équilibre sous-optimal et indiquant une défaillance du marché nécessitant l\'intervention de l\'État pour corriger ces déséquilibres b. L'exemple pionnier de la représentation graphique des externalités positives. - Les « **districts industrials »** ou pôles de compétitivité (ex : Silicon Valley) sont des regroupements d\'entreprises sur un même territoire qui génèrent trois effets principaux : - **Bassin de main-d\'œuvre spécialisé**, réduisant les coûts liés à la recherche de travailleurs qualifiés. - **Concurrence entre fournisseurs**, permettant aux entreprises de négocier de meilleures conditions. - **Externalités de technologies**, où les connaissances se diffusent librement entre entreprises. - Un exemple d'externalité est la relation entre un apiculteur et un arboriculteur : les abeilles de l'apiculteur pollinisent les arbres fruitiers, améliorant les récoltes, tandis que l'apiculteur bénéficie d'un miel de meilleure qualité. C\'est une **double externalité**, où chaque partie profite des actions de l\'autre, créant des bénéfices mutuels c. Comment réduire les externalités négatives ? L'exemple de la pollution. - L\'objectif des solutions suivantes est d\'augmenter les coûts privés pour qu\'ils se rapprochent des coûts sociaux, réduisant ainsi les externalités négatives : - **Solution 1 : Taxe pigouvienne**\ La taxe pigouvienne vise à internaliser les externalités négatives, en faisant payer l\'émetteur de la pollution. Elle a deux avantages : inciter à utiliser des techniques moins polluantes et générer des recettes fiscales pour financer des projets durables. Cependant, elle est difficile à calibrer (risque de fraude si elle est trop élevée) et elle est forfaitaire (même pour tout le monde), créant des inégalités. Cette solution accorde un rôle central à l\'État, que Coase critique pour son caractère dirigiste. - **Solution 2 : Théorème de Coase**\ La solution coasienne propose de définir clairement les droits de propriété et de laisser les émetteurs et victimes des externalités négocier directement. L\'État se limite à établir les droits, et les deux parties négocient pour atteindre un équilibre qui neutralise partiellement l\'externalité négative. Le théorème de Coase stipule que si les droits de propriété sont bien définis et les coûts de transaction nulle, une négociation permet d\'atteindre l\'optimum social. - **Solution 3 : Marché des droits à polluer (Cap and Trade)**\ Inspiré de Coase, le marché des droits à polluer permet aux entreprises de choisir entre acheter des quotas de pollution ou investir pour réduire leurs émissions. Ce système a été utilisé pour la première fois aux États-Unis en 1990. Il offre une flexibilité pour les entreprises, mais il nécessite une application à grande échelle pour être réellement efficace. - **Solution 4 : Réglementation**\ L\'État peut imposer des normes que les pollueurs doivent respecter. C\'est une solution efficace pour interdire certaines productions nuisibles, mais elle présente des limites, notamment les coûts de surveillance et le manque d\'incitation à aller au-delà des normes établies. 2. La nature de certains bien perturbe l'allocation des ressources - Dans un article de 1954 Paul Samuelson explique que pour classer les biens il faut tenir compte de 2 critères : - - Excluabilité : restreindre l'accès - Rivalité : consommer = privé les autres a. Les biens communs - Les **biens communs** sont des ressources rivales qui ne permettent pas l\'exclusion, ce qui les rend vulnérables à la **surexploitation**. Gareth Hardin applique un raisonnement économique selon lequel les individus rationnels font un calcul coût-avantage et continuent de consommer librement les biens communs tant que cela leur rapporte un bénéfice supérieur au coût. Cette surexploitation mène à la **disparition** des biens communs, un phénomène connu sous le nom de **tragédie des communs**. - Pour éviter cette tragédie, **l\'État** peut intervenir de différentes manières : - **Privatisation des biens communs** : L\'État peut établir des droits de propriété privée pour encourager une gestion rationnelle des ressources. Hardin cite l\'exemple des \"enclosures\" en Angleterre, où la privatisation des pâturages a limité la surexploitation. - **Nationalisation ou quotas** : L\'État peut aussi choisir de nationaliser les biens communs, comme les forêts, pour en réguler l\'usage, ou instaurer des **quotas d\'accès** pour limiter leur exploitation, par exemple dans le cas des ressources halieutiques. Les quotas permettent de fixer une limite d\'utilisation. - **Elinor Ostrom** propose une autre approche, l\'**autogouvernance des communs**, où les communautés locales se coordonnent pour gérer les ressources sans intervention de l\'État ou du marché. Elle donne l\'exemple de systèmes d\'irrigation en Espagne du Sud, gérés collectivement par les agriculteurs depuis le 9e siècle. Pour réussir, il faut : - Un groupe limité de personnes pour faciliter la coordination. - Des règles collectivement adoptées, connues et comprises par tous. - Des réunions régulières pour évaluer la gestion des ressources. - Ostrom s\'oppose à la vision de Hardin, arguant que les communautés peuvent éviter la tragédie des communs par une gestion collective et auto-disciplinée. Elle a recensé plus de 500 cas où les biens communs ont été gérés durablement grâce à l\'autogouvernance, démontrant ainsi l\'existence d\'un **sens collectif** qui permet une gestion optimale des ressources, sans passer par la privatisation ou la nationalisation b. Les biens collectifs - Les **entreprises privées** n\'ont généralement pas d\'intérêt à produire des **biens collectifs**, car le **coût privé** est supérieur au **bénéfice privé**, ce qui pose un problème de rentabilité. Ces biens sont non-exclusifs, donc il est impossible d\'exclure quelqu\'un de leur utilisation par un prix, rendant difficile l\'individualisation du paiement (ex. : éclairage public). Bien que les biens collectifs soient très bénéfiques pour la société (bénéfice social élevé), les entreprises privées préfèrent se concentrer sur le profit à court terme, rendant cette production non rentable. - De plus, les biens collectifs sont non rivaux, donc une fois produits, ils suffisent pour tous, incitant les entreprises à adopter une attitude de **passager clandestin**, attendant que d\'autres produisent ces biens. En conséquence, le marché ne produit pas ces biens et c\'est **l\'État** qui doit le faire, en les finançant par l\'impôt. Selon **Paul Samuelson**, l\'État est le seul capable de déterminer la quantité optimale de biens collectifs qui maximise l\'intérêt général. - Cependant, un excès de biens collectifs pourrait entraîner une distorsion sur le marché (par exemple, augmentation des impôts qui réduit la compétitivité des entreprises et le pouvoir d\'achat des consommateurs). En cas de sous-production, l\'optimum social n\'est pas atteint. - Les **biens collectifs** peuvent aussi être produits par le marché, comme l\'illustrent les **phares anglais** au 17e siècle, initialement mal gérés par l\'État mais repris par des agents privés qui ont imposé un droit de passage aux navires. Aujourd\'hui, l\'État délègue souvent la production de biens collectifs aux entreprises privées, ce qu\'on appelle la **délégation de service public**, en contrepartie du respect de certaines règles. Par exemple, **70 % de la distribution d\'eau** est réalisée par des entreprises privées, selon François Lévêque. 3. Le cas des monopoles naturels : des monopoles recherchés mais contrôlés par la puissance publique. a. Un point de vocabulaire - Les monopoles naturels existent car il y'a des secteurs ou les rendements d'échelle sont croissant, c'est-à-dire que les couts fixe à l'entrée sont très élevée ce qui conduit les couts moyens et les couts marginaux à être décroissant. b. Définitions des monopoles naturels - Les **monopoles naturels** sont légitimes d\'un point de vue économique dans certains secteurs où les **coûts fixes** sont très élevés, comme les réseaux ferroviaires, les télécommunications, l\'eau ou l\'énergie. Ces secteurs admettent des **rendements d\'échelle croissants**, ce qui signifie qu\'une seule entreprise peut produire de manière plus efficace que plusieurs. Trop de concurrents réduirait la rentabilité de chaque entreprise, car le partage de la demande est inefficace. - Un **monopole naturel** est donc nécessaire pour capturer toute la demande et atteindre des **coûts moyens** plus bas, augmentant ainsi la rentabilité. Bien que le marché puisse naturellement sélectionner une structure de monopole, cela pose un risque : le monopoleur pourrait abuser de sa position et fixer des prix trop élevés, empêchant certains citoyens d\'accéder aux services publics. - Pour éviter cela, la théorie recommande souvent que les monopoles naturels soient **publics**, afin de prévenir la rente de situation au détriment du bien-être social. Même dans ce cas, il reste nécessaire de déterminer à quel prix les services doivent être facturés pour garantir un **optimum social** sans exclusion c. Les tarifications du monopole naturel - **Ramsey et Boiteux** ont proposé une solution consistant à discriminer les prix entre usagers, permettant à certains de payer plus cher pour que d'autres paient moins, tout en assurant l'équilibre budgétaire du monopoleur. Depuis les années 1970, avec le retour des idées libérales, les monopoles naturels publics sont critiqués pour leur manque d\'efficacité. - De plus, des **asymétries d\'information** se créent entre l\'État et les entreprises, le monopoleur pouvant surestimer les coûts de production pour obtenir plus de subventions, profitant de sa **rente informationnelle**. Pour résoudre ces problèmes, l\'État dissocie la partie **construction et entretien des infrastructures**, qui reste en monopole, de la partie **commerciale**, qui est ouverte à la concurrence et privatisée 4. L'asymétrie d'information - **Asymétrie d'information** : lorsqu'au cours d'un échange un des acteurs possède une meilleure information que l'autre, sur les marchés il apparait spontanément des asymétries d'information, ce qui conduit à un désordre qui empêche l'allocation optimal des ressources. - Chaque agent est capable de calculer cout/bénef se son action. Dans les années 60 les économistes vont réaliser cette hypothèse considérant que dans un échange marchand il peut exister des situations ou l'info utile n'est pas détenue par tous les participants. Si bien qu'un niveau micro économique se met en place qui tient compte des comportement opportunistes des agents. a. La sélection adverse - - Un exemple est celui des **\"lemons\"** sur le marché des voitures d\'occasion. Si l\'acheteur ne connaît pas l\'état réel du véhicule, les vendeurs sont incités à baisser le prix. Cela décourage les vendeurs de voitures de bonne qualité, qui quittent le marché, laissant uniquement des véhicules de mauvaise qualité, pouvant même mener à l\'effondrement du marché. Pour éviter cela, l\'État peut imposer des contrôles techniques. - Dans le marché des **assurances-santé**, les compagnies font face à une asymétrie d\'information sur l\'état de santé des clients. **Rothschild et Stiglitz** ont proposé la solution du **menu de contrats** pour y remédier. Les mutuelles offrent deux types de contrats : un contrat avec une couverture élevée à un prix plus élevé et un contrat avec une couverture plus légère et un prix réduit. Cela permet aux clients de se révéler selon leur niveau de risque, atténuant ainsi l\'asymétrie d\'information. b. L'aléa moral - L\'**aléa moral** est une asymétrie d\'information qui apparaît **après la signature d\'un contrat**. L\'agent profite de son comportement non observable pour agir de manière opportuniste. Par exemple, sur le marché de l\'**assurance santé**, les individus ayant une mutuelle prennent en moyenne moins soin de leur santé que ceux sans mutuelle. - Pour lutter contre l'aléa moral, il faut inciter l'agent à adopter le comportement souhaité. Par exemple, un employeur qui recrute un salarié fait face à une asymétrie d\'information quant à sa productivité réelle. Pour éviter un comportement opportuniste (comme un \"tir au flanc\"), une solution est d'offrir un **salaire d\'efficience**, c'est-à-dire un salaire plus élevé que celui du marché. Cela incite le salarié à travailler sérieusement pour éviter de perdre son emploi - Conclusion : Les asymétries d'informations perturbe l'allocation des ressources par le marché et rend donc la coordination plus complexe, la solution est de toujours redonner de l'info. IV. Le capitalisme est variable dans le temps : la théorie de la régulation - Le capitalisme repose à la fois sur le marché et l\'État, et il tend à se modifier selon le lieu et le contexte historique dans lequel il s\'exprime. Depuis le 19e siècle, il a connu de nombreuses transformations. La **théorie de la régulation**, développée par des économistes tels que **Robert Boyer** et **Michel Aglietta**, vise à expliquer ces changements et les divers modes de régulation qui ont structuré le capitalisme à différentes périodes. A. **Cinq grandes formes institutionnelles du capitalisme** Pour les régulationnistes, le capitalisme se caractérise par cinq formes institutionnelles, qui définissent la manière dont il est organisé et régulé. Ces cinq formes influencent la stabilité du système capitaliste et déterminent la façon dont il se régule : - **La monnaie** : Elle joue un rôle fondamental dans la régulation des échanges et la stabilité économique. - **La concurrence** : Elle influence la dynamique du marché, la compétitivité des entreprises et leur capacité à innover. - **Le rapport salarial** : La **valeur ajoutée (VA)** est répartie entre le travail et le capital. Toute augmentation de la part des profits pour le capital (taux de marge) se fait au détriment de la part des salaires, la VA étant considérée comme constante. Ce rapport est central pour comprendre les luttes entre travailleurs et détenteurs de capitaux. - **Les formes de l\'État** : L\'État peut prendre différentes formes (minimal, keynésien, providence), en fonction des périodes historiques et du rôle qu\'il joue dans la régulation de l\'économie. - **La mondialisation** : Elle détermine la force de l\'intégration au niveau international. Avec la mondialisation, il existe des gagnants et des perdants, en fonction de l\'ouverture aux échanges et aux capitaux. Pour les régulationnistes, la cohérence entre ces formes institutionnelles détermine la stabilité du système capitaliste. Lorsqu\'elles deviennent incohérentes, le capitalisme entre en crise, mais parvient toujours à se remodeler pour continuer à exister. B. **Régimes d\'accumulation et modes de régulation** - Les régulationnistes introduisent également le concept de **régime d\'accumulation**, qui désigne la manière dont le capitalisme organise la production et l\'accumulation de richesse. Le **régime d\'accumulation extensif** est celui du 19e siècle, basé sur l\'accumulation des facteurs de production (main-d\'œuvre et capital). À la fin du 19e siècle et au début du 20e, le régime évolue vers un **régime d\'accumulation intensif**, également appelé **taylorofordisme**. Dans ce régime, la production augmente grâce aux gains de productivité, sans avoir besoin d\'augmenter les volumes de travail et de capital, ce qui rend les facteurs de production plus productifs. Les gains de productivité permettent alors trois choses : - **Augmenter les salaires** pour motiver et fidéliser les salariés (salaire d\'efficience). - **Baisser les prix** afin de gagner en compétitivité, augmentant ainsi la demande et stimulant la production, générant de la croissance économique. - **Augmenter le profit** sans changer le prix, permettant d\'investir et donc de produire davantage, favorisant également la croissance. C. **Trois grands modes de régulation du capitalisme** Les régulationnistes identifient trois grands modes de régulation historiques qui permettent de comprendre comment le capitalisme s\'est transformé au cours du temps : - **Capitalisme Concurrentiel-Bourgeois (1850-1929)** Au cours du 19e siècle, un nouveau régime d\'accumulation émerge, qui remplace l\'ancien mode rural et artisanal, marqué par une concurrence faible. On distingue deux périodes dans ce capitalisme concurrentiel-bourgeois : - **Première phase (1850-fin 19e siècle)** : La **concurrence** est intense entre de nombreuses petites entreprises industrielles, avec un faible degré de concentration du capital. Les prix sont déterminés par le marché. Cette période est marquée par des fluctuations économiques régulières, notamment les **cycles de Juglar**, qui sont des cycles de moyen terme (7-11 ans). Les fluctuations sont attribuées aux évolutions de l\'industrie et, en particulier, à l\'évolution du **salaire réel** des travailleurs (calculé en divisant le salaire nominal par l\'indice des prix). Les contrats de travail sont **individuels**, l\'État est minimal et les règles sociales ne sont pas encore définies, rendant le rapport de force très défavorable aux travailleurs, qui sont nombreux et facilement substituables. Cette situation crée une forte pression sur les salaires et limite leur augmentation, ce qui finit par réduire la **demande**, provoquant des crises de débouchés (Marx). - **Deuxième phase (début 20e siècle-1929)** : Ce capitalisme concurrentiel devient progressivement un **capitalisme intensif** grâce aux gains de productivité (PG) et à l\'apparition de la **production de masse**. Cependant, malgré l\'augmentation de la production, il n\'y a pas de hausse des salaires suffisante pour stimuler une consommation de masse. Cette incohérence mène à la **crise de 1929**, qui est perçue par les régulationnistes non comme une crise financière, mais comme une **crise de surproduction**. La logique d\'accumulation est en effet incohérente : il y a une production de masse, mais pas de consommation de masse, ce qui entraîne la crise. - **Capitalisme Monopoliste/Fordiste (1950-1970)** - La période des **Trente Glorieuses** (1950-1970) est marquée par l\'émergence d\'un nouveau mode de régulation, appelé **fordisme**. Ce capitalisme repose sur un compromis social : les travailleurs acceptent des conditions de travail parfois difficiles en échange de hausses de salaires régulières, ce qui permet d\'alimenter la **consommation de masse** et de soutenir la croissance économique. Les gains de productivité sont transformés en **salaires plus élevés**, ce qui permet de soutenir la demande. - L\'**accumulation** reste **intensive**, mais les institutions sont plus favorables aux travailleurs : les **syndicats** jouent un rôle important, des **indexations des salaires** sur les prix sont mises en place, et l\'État-providence assure une **protection sociale** en cas de réalisation de risques (chômage, maladies, etc.). L\'objectif est de garantir une certaine stabilité économique. - Pendant les Trente Glorieuses, le **capitalisme s\'appuie sur l\'endettement** (les entreprises s\'endettent pour investir), ce qui alimente un **cercle vertueux** de hausse de la productivité, d\'augmentation des salaires, et de consommation de masse. Le développement des **crédits à la consommation** soutient également cette dynamique. - La fin de ce modèle survient dans les années 1970, avec les **chocs pétroliers** de 1973 et 1979, mais aussi en raison de l\'épuisement du modèle fordiste. La montée de revendications sociales, les grèves, et la contestation de la standardisation des produits mettent fin à ce mode de régulation. La demande devient plus exigeante en termes de diversité, rendant difficile le maintien de la production de masse homogène. - **Capitalisme Financier (années 1980 à aujourd\'hui)** - À partir des années 1980, le capitalisme entre dans une nouvelle phase : le **capitalisme financier** ou **patrimonial**, selon Michel Aglietta. Cette période est marquée par une montée en puissance des **marchés financiers** et une ouverture accrue des économies nationales aux capitaux étrangers. On parle de **globalisation financière**. - Ce capitalisme financier repose sur trois caractéristiques, les **\"3D\"** : - **Décloisonnement** : La communication entre les différents systèmes financiers devient totale, rendant possible la circulation des capitaux et la spéculation sur divers marchés (actions, devises). - **Déréglementation** : La suppression des règles encadrant la finance permet une libéralisation totale des mouvements de capitaux. - **Désintermédiation** : Au lieu de se financer par les banques, les agents économiques se financent directement sur les marchés financiers, rendant les **marchés financiers** centraux pour le financement de l\'économie. - Cette globalisation financière favorise la **concentration du capital**, la spéculation, et un alignement des intérêts des dirigeants sur ceux des actionnaires. Les entreprises deviennent **court-termismes**, cherchant des profits rapides au détriment des investissements à long terme et de la recherche et développement. Cela entraîne une **baisse de la part des salaires** dans la valeur ajoutée, une austérité salariale et une croissance économique moins stable. - Les crises financières deviennent de plus en plus fréquentes (crises de la dette, crises immobilières). La Banque Centrale est alors appelée à jouer un rôle important en tant que **gardien de la stabilité financière** et préteur en dernier ressort, pour tenter de prévenir des crises majeures. Pour les régulationnistes, la globalisation financière rend l\'économie de plus en plus **instable**, et les succès de la finance préparent paradoxalement la prochaine crise (paradoxe de la tranquillité, selon Minsky). D. **Conclusion** Le capitalisme a évolué en passant par trois grands modes de régulation : **capitalisme concurrentiel-bourgeois**, **capitalisme fordiste** et **capitalisme financier**. Chaque transformation résulte de la nécessité de surmonter des incohérences institutionnelles qui se créent au fil du temps, les crises jouant un rôle de catalyseur de changement. À chaque époque, la manière dont les **formes institutionnelles** (monnaie, concurrence, rapport salarial, formes de l\'État et mondialisation) sont ajustées détermine la stabilité et la pérennité du capitalisme, tout en influençant les gains de productivité, la répartition des richesses, et le rôle de l\'État dans la régulation de l\'économie V. Le capitalisme varie dans l'espace : le rôle des institutions 1. Parenthèse sur les État providence Après 1945, des formes d\'État-providence se sont établies dans les pays développés, et **Gosta Esping-Andersen**, dans son livre *Les Trois Mondes de l\'État Providence* (1990), distingue trois types d\'États-providence, chacun avec des caractéristiques spécifiques : - **État-Providence Libéral/Résiduel** - **Caractéristiques** : Dans ce type d\'État, la **marchandisation de l\'économie** est forte, et l\'on fait confiance au marché pour organiser les ressources et les opportunités. L\'État joue un rôle résiduel, se contentant de fournir une assistance minimale aux plus démunis, avec une forte dimension de **stigmatisation**. Les personnes qui reçoivent de l\'aide sont souvent perçues comme des \"assistés\", et l\'objectif est de les inciter à travailler pour sortir de cette situation. - **Philosophie** : L\'idée est de **minimiser l\'intervention de l\'État** dans la vie des individus. Les agents doivent s\'occuper de leur propre protection, ce qui entraîne des **inégalités importantes**. La croyance en la méritocratie est prédominante : ceux qui réussissent l\'ont mérité, et ceux qui échouent doivent en assumer la responsabilité. Cette approche est liée à la **théorie du ruissellement**, selon laquelle les inégalités stimulent la croissance économique en incitant les individus à ne pas devenir pauvres ou à ne plus l\'être. - **Exemple** : Cette forme d\'État-providence est typique des pays anglo-saxons tels que les **États-Unis**. - **État-Providence Conservateur/Corporatiste** - **Caractéristiques** : L\'État-providence conservateur, caractéristique de pays comme **l\'Allemagne** et la **France**, se distingue par un système de protection sociale basé sur l\'assurance par branches professionnelles, hérité de la première loi d\'assurance sociale instaurée par Bismarck en 1883. Le système est géré par des **corporations**, c'est-à-dire par des ententes entre l\'État, les syndicats de travailleurs et les syndicats patronaux. - **Protection Sociale** : Dans ce type d\'État-providence, les **partenaires sociaux** (syndicats patronaux et de salariés) gèrent la protection sociale, par exemple, l\'assurance-chômage. L\'État n\'intervient que si un accord ne peut être trouvé ou si les décisions prises ne conviennent pas au gouvernement. Cela entraîne une dynamique conservatrice, où les rôles de genre restent souvent traditionnels et où la place des femmes est minorée. - **Marchandisation** : La marchandisation est **moins élevée** que dans l\'État-providence libéral, mais plus forte que dans l\'État-providence social-démocrate. L\'accent est mis sur la responsabilité individuelle et sur un **filet de sécurité** pour les travailleurs assurés. - **État-Providence Social-Démocrate** - **Caractéristiques** : Cet État-providence, que l\'on retrouve dans les pays **scandinaves** (comme la Suède, le Danemark et la Norvège), vise l\'égalité des conditions. L\'État intervient massivement pour réduire les inégalités et pour promouvoir l\'égalité entre les citoyens. - **Protection Sociale Universelle** : L\'assistance sociale est **universelle** et très développée, offrant des aides pour des situations variées, telles que des allocations pour les étudiants ou des **congés parentaux** pour les deux parents, favorisant l\'égalité des sexes. La protection sociale ne se limite pas aux plus démunis, mais couvre l\'ensemble de la population pour assurer une sécurité économique et sociale. - **Changements dans les années 1990** : Avec la montée de la **mondialisation** et l\'augmentation du taux de chômage, les pays scandinaves ont introduit des réformes de leur marché du travail, en instaurant des politiques de **flexisécurité** qui combinent flexibilité pour les entreprises et sécurité pour les travailleurs. - **L\'État-Providence Français : Un Modèle Mixte** - La **France** est historiquement associée à un modèle d\'État-providence **conservateur**, mais la crise des années 1970-1980 a provoqué une montée du chômage de masse et de l\'exclusion sociale. Par conséquent, la France a adopté un modèle d\'État-providence plus **\"dual\"**. En plus du système d\'assurance, des dispositifs d\'assistance ont été introduits, tels que le **RSA** (Revenu de Solidarité Active) et la **CMU** (Couverture Maladie Universelle), permettant une meilleure prise en charge des populations exclues. - **Conclusion** Le capitalisme s\'appuie sur le marché et l\'État, mais la place de chaque institution varie en fonction des contextes nationaux et des conventions sociales propres à chaque région. Cette variation est aussi visible dans les **différentes formes d\'État-providence**, qui ont évolué après 1945. **Gosta Esping-Andersen** distingue trois types d\'États-providence, chacun reflétant une conception différente du rôle de l\'État et du marché dans la protection sociale. Ces formes d\'État-providence révèlent les divers arrangements possibles entre l\'État et le marché, influençant la manière dont le capitalisme s\'adapte et se transforme selon les contextes historiques et géographiques 2. « Le capitalisme contre capitalisme » (Michel Albert,1991). Une thèse aujourd'hui dépassée ? Michel Albert a analysé la chute du mur de Berlin comme la victoire du capitalisme, mais il souligne que cela ne signifie pas que le capitalisme est uniforme partout. Il distingue deux types de capitalisme : - **Capitalisme Anglosaxon (Néolibéral)** - **Caractéristiques** : Ce modèle est présent aux **États-Unis** et repose fortement sur les **marchés financiers**, avec un **État minimal**. La priorité est donnée aux projets à **court terme** et à la **responsabilité individuelle**, plutôt qu\'à la solidarité collective. L\'État-providence est libéral, offrant une faible protection sociale, et les mécanismes de solidarité passent par des actions de charité privée des plus riches envers les plus pauvres, plutôt que par une intervention étatique. - **Référence culturelle** : **Max Weber**, dans *L\'Éthique protestante et l\'esprit du capitalisme* (1905), explique que les régions à forte présence protestante sont propices au développement du capitalisme, car cette religion valorise le travail en tant que dévotion à Dieu. - **Conséquences** : Ce type de capitalisme crée un **fort dualisme social**, avec des inégalités importantes et une **faible classe moyenne**, car le système valorise les réussites individuelles et favorise les disparités de richesse. - **Capitalisme Rhénan (Europe/Allemagne)** - **Caractéristiques** : Ce modèle est plus **interventionniste**, avec un **secteur public plus important** et des prélèvements obligatoires plus élevés. L\'État-providence est **conservateur**, et le marché du travail est **plus rigide**. Les banques ont longtemps eu plus de poids que les marchés financiers dans le financement des entreprises, et une logique de **coopération sociale** prime, visant à concilier **économie de marché** et **progrès social**. - **Socialement** : Ce capitalisme se distingue par une **classe moyenne plus importante**, reflétant une moindre inégalité par rapport au modèle anglosaxon. - **Problème du modèle** : La thèse de Michel Albert s\'appuie sur l\'Allemagne, mais ce pays a traversé une période économique difficile après la **réunification**. Au début des années 2000, l\'Allemagne était même surnommée \"l\'homme malade de l\'Europe\" en raison de sa faible croissance et de son chômage élevé. Les **lois Hartz** ont introduit une forte flexibilité du marché du travail, augmentant la marchandisation de l\'économie, ainsi que la pauvreté et les inégalités, dégradant la qualité des emplois. - **Conclusion** Michel Albert a mis en lumière deux grands modèles de capitalisme, **néolibéral** et **rhénan**, chacun ayant ses forces et ses faiblesses. Cependant, les réformes en Allemagne et l\'évolution de son marché du travail ont rapproché le capitalisme rhénan du capitalisme néolibéral. Aujourd\'hui, la distinction entre ces deux modèles apparaît de plus en plus dépassée. 3. La variété du capitalisme : LME et CME Hall et Soskice proposent une approche théorique selon laquelle le capitalisme peut être divisé en **deux grands modèles**, héritiers de l\'histoire spécifique des nations. Ces deux modèles se distinguent par la manière dont les **entreprises se coordonnent** entre elles : - **Économies de Marché Libérales (LME)** - **Caractéristiques** : Dans ces économies, le **marché est prédominant**, avec une production décentralisée. Les entreprises sont en **concurrence** les unes avec les autres, et le marché du travail est **très flexible**, favorisant l\'adaptation rapide aux changements. - **Objectif** : Les entreprises dans les LME se concentrent sur une **rentabilité à court terme**. - **Exemple** : Ce modèle est typique des pays comme les **États-Unis** ou le **Royaume-Uni**, où la dynamique de marché joue un rôle central dans la coordination économique. - **Économies de Marché Coordonnées (CME)** - **Caractéristiques** : Dans les économies de marché coordonnées, la **coordination entre les entreprises et les syndicats** est essentielle. Les syndicats ont un rôle important et sont des **\"parties prenantes\"** des entreprises (aussi appelées **stakeholders**). - **Relations de Long Terme** : Il y a une relation de **confiance à long terme** entre les syndicats de salariés et les entreprises, favorisant la stabilité et la coopération plutôt que la pure concurrence. - **Exemple** : En **Allemagne**, les syndicats sont représentés dans les grandes entreprises, avec le droit de vote au **conseil d\'administration**. Cela illustre la manière dont la coordination se fait de manière moins marchande que dans les LME. - **Conclusion** Les deux modèles de Hall et Soskice sont les **Économies de Marché Libérales (LME)**, centrées sur la concurrence et la rentabilité à court terme, et les **Économies de Marché Coordonnées (CME)**, caractérisées par la coordination entre entreprises et syndicats, favorisant des relations de confiance à long terme. Ces différences reflètent les trajectoires historiques et institutionnelles propres à chaque nation. 4. Une autre typologie du capitalisme suivant l'espace : « les 5 capitalismes » de Bruno Amable ». Amable propose une **approche régulationniste** pour élaborer une typologie des **différents capitalismes** présents dans le monde. Sa classification s\'appuie sur des institutions telles que la **régulation du marché du travail**, l\'importance du système financier, la protection sociale et le modèle éducatif. Il distingue **cinq types de capitalismes** : - **Capitalisme Libéral (Anglosaxon)** - Typique des pays comme les **États-Unis**, ce modèle repose sur un **marché du travail flexible**, un système financier orienté vers la rentabilité à court terme, et une faible protection sociale. - **Capitalisme Rhénan (Européen)** - Présent principalement en **Allemagne** et dans d\'autres pays européens, ce modèle est caractérisé par une forte intervention de l\'État, un secteur public important et un **marché du travail réglementé**. - **Capitalisme Social-Démocrate** - Présent dans les **pays scandinaves**, ce modèle se distingue par un **État social-démocrate** qui investit beaucoup dans les **services publics**, l\'éducation et les infrastructures. Ces investissements favorisent la croissance économique, réduisent les inégalités, et améliorent l\'acceptation de l\'impôt. - **Capitalisme Méditerranéen** - Caractéristique des pays comme le **Portugal**, l\'**Espagne**, l\'**Italie** et la **Grèce**, ce modèle est marqué par une **forte réglementation des marchés** et une faible protection sociale. - **Capitalisme Asiatique** - Présent au **Japon** et en **Corée du Sud** (mais pas en Chine), ce modèle est basé sur un marché du travail parfois très réglementé, un système financier orienté par les **banques**, une faible protection sociale et un **système éducatif principalement privé**. - **Conclusion** Ces **différentes formes de capitalisme** résultent de compromis historiques, culturels et politiques. Amable conclut que la convergence vers un capitalisme néo-libéral n\'est pas assurée, en raison des résistances culturelles présentes dans chaque région. Il démontre ainsi que le capitalisme est **pluriel** et varie en fonction des contextes nationaux. 5. « Capitalisme Alone » (Branko Milanovic) ? Des défis et convergences des capitalismes. Capitalisme libéral versus capitalisme autoritaire. Quel capitalisme pour demain ? - **Uniformisation du Capitalisme sous la Forme Néolibérale** - Pendant les années 1990 et 2000, on a pensé que le capitalisme allait devenir **uniforme** sous sa forme néolibérale, surtout avec la globalisation financière et l\'hyper mondialisation. La plupart des pays développés ont adopté des réformes visant à **flexibiliser le marché du travail** afin de lutter contre le chômage. Certains auteurs, comme **Peyrelevade**, ont affirmé que le monde se marchandisait, et que toute activité économique et sociale serait soumise au capitalisme. - **Artus et Virard** décrivent le capitalisme des pays développés comme **néolibéral**, où la place du marché augmente tandis que les États-providence reculent, provoquant une montée des **inégalités** et une pression à la baisse sur les **salaires**. Les revenus du capital augmentent plus rapidement que ceux du travail, générant des inégalités croissantes. En parallèle, l\'**environnement** est négligé, ce qui constitue une menace pour la durabilité du capitalisme actuel. - **Critiques et Nécessité de Réforme** - **Rajan et Zingales** mettent en avant la nécessité de \"sauver le capitalisme des capitalistes\" qui oublient la soutenabilité du modèle. Le capitalisme génère à la fois des **gagnants et des perdants**, mais ces derniers ne sont pas assez compensés. Depuis les années 1980, l\'action sociale de l\'État s\'est contractée, ce qui a aggravé les **inégalités économiques et sociales**, comme l\'explique **Thomas Piketty**. Il soutient que le rendement du capital dépasse la croissance économique, favorisant l\'**accumulation de richesses** chez ceux qui possèdent déjà un patrimoine important. Cela conduit à un capitalisme de rente, et Piketty appelle à une **réforme** pour introduire plus d\'égalité des chances, par exemple en augmentant les impôts sur le capital. - **Pourquoi le Capitalisme N\'a-t-il Pas Succombé ?** Malgré ses problèmes, le capitalisme ne s\'est jamais effondré, en partie grâce à **trois béquilles** qui le maintiennent : - **Crédits** : L\'endettement des ménages est un facteur important de maintien de la consommation. - **Dette publique** : L\'État emprunte sur les marchés financiers pour soutenir la croissance après des crises, amortissant les effets de ces crises. - **Banque centrale** : Les banques centrales mènent des politiques monétaires conventionnelles (baisse des taux) et non conventionnelles (injection de liquidités) pour maintenir l\'économie à flot. Cependant, ces politiques créent des risques, notamment la formation de **bulles financières**. - **Capitalisme Libéral et Capitalisme Autoritaire** - Le capitalisme fait face à une autre forme de capitalisme qui se développe en **Chine** et en **Russie** : un **capitalisme d\'État autoritaire**. Ce modèle repose sur une bureaucratie efficace, une absence de règle de droit, et une intervention étatique forte dans l\'économie. **Branko Milanovic** souligne que ces deux types de capitalisme (libéral et autoritaire) ont chacun leurs spécificités, mais partagent un point commun : l\'accès au pouvoir politique est favorisé par le pouvoir économique dans le capitalisme libéral, tandis que dans le capitalisme autoritaire, c\'est le pouvoir politique qui mène au pouvoir économique. - **Recommandations pour Réformer le Capitalisme** **Artus et Virard** proposent deux solutions pour rendre le capitalisme plus **inclusif** et **durable** : - **Distribution du capital social** des entreprises aux salariés, pour réduire la pression sur les salaires et permettre aux salariés de se constituer un patrimoine. - **Capitalisme partenarial** : Une nouvelle gouvernance des entreprises, respectueuse des parties prenantes, prenant en compte la **responsabilité sociale** et **environnementale**. - **Conclusion** Le capitalisme actuel est confronté à des défis importants, notamment les inégalités croissantes, la pression environnementale, et la concurrence de nouveaux modèles de capitalisme autoritaire. Pour que le capitalisme soit durable, des réformes s\'avèrent nécessaires, visant à le rendre plus **inclusif**, à améliorer la **répartition des richesses**, et à s\'assurer qu\'il soit **socialement et écologiquement responsable**.

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