Éthologie, Animale Et Humaine PDF
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This document is an introduction to ethology, focusing on the scientific study of animal behavior. It covers key concepts and theories, including the study of choice blindness and the role of protein Pth2 and behaviour variation in fish.
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ÉTOLOGIE, ANIMALE ET HUMAINE 70.000.000.000.000 Éthologie L’éthologie, c’est quoi ? L’éthologie aujourd’hui est l’étude scientifique du comportement des animaux, y compris les humains. Elle regroupe plusieurs traditions de recherche : — Tradition expérime...
ÉTOLOGIE, ANIMALE ET HUMAINE 70.000.000.000.000 Éthologie L’éthologie, c’est quoi ? L’éthologie aujourd’hui est l’étude scientifique du comportement des animaux, y compris les humains. Elle regroupe plusieurs traditions de recherche : — Tradition expérimentale : études en laboratoire pour contrôler les variables. — Tradition naturaliste : observations dans le milieu naturel des animaux. Le cadre théorique majeur qui guide l’éthologie et la théorie de l’évolution qui permet d’expliquer l’origine et l’adaptation des comportements. Choice Blindness Lors d’une étude, 120 participants devaient choisir entre deux photos celle qu’ils préféraient. A leur insu, trois essais ont été manipulés : on leur a demandé de justifier leur préférence pour la photo qu’ils n’avaient pas réellement choisie. Seulement 30 % des participants ont détecté la manipulation, les autres justifiant leur “choix” de manière cohérente mais erronée. Cela met en lumière, les confabulations : des souvenirs fabriqué pour combler une lacune, prie pour réel. Par exemple, une personne pourrait dire : « j’ai choisi cette femme blonde parce qu’elle avait des cheveux foncées »une justification, impossible, mais prise pour vraie. Conclusion : Lorsqu’on évalue des comportements tels que l’attractivité faciale, on peut ne pas remarquer un changement important, montrant que nos justifications verbales ne sont pas toujours fiables. Cela prouve que le comportement observable est parfois un indicateur plus précis que les mots. Variation de la protéine Pth2 chez le zebra-fish – Effet de l’isolement sur le gène pth2 : L’isolement social chez Danio rerio (poisson-zèbre) modifie l’expression du gène pth2, responsable de la production de la protéine Pth2. – Rôle du Pth2 chez les rongeurs : au plus en rongeur, rester en groupe, au plus, il produit une certaine protéine. Lorsqu’il quitte ce groupe, la production de cette protéine chute. – Conséquence de l’isolement chez les larves de poisson-zèbre : Les larves élevées en isolement produisent très peu de Pth2. Cependant, après seulement 30 minutes de contact avec d’autres poissons, leur production de Pth2 remonte rapidement. – Retour à l’isolement : Si l’animal est de nouveau isolé, le taux d’expression du gène pth2 retombe en 6 heures, retrouvant les niveaux observés chez les individus isolés à long terme. – Perception des mouvements dans l’eau : L’expression du gène pth2 est directement influencée par le nombre de congénères présents, mais pas par leur simple présence visuelle ou chimique. Ce sont les mouvements de l’eau, causés par la nage des autres poissons, qui déclenchent la production de Pth2. Cette étude montre que des interactions sociales et des perceptions environnementales simples, comme les mouvements dans l’eau, peuvent avoir un impact profond sur l’expression génétique, lié au comportement social. Les deux traditions de recherche en éthologie : 1. Tradition européenne : Approche naturaliste de l’étude du comportement animal, focus sur le comportement inné et l’instinct. 2. Tradition américaine : Approche expérimentale et béhavioriste, accent sur le rôle de l’apprentissage dans la formation des comportements. Les deux courants historiques en éthologie : 1. Approche cartésienne : L’Homme et l’animal partagent un corps mécanique, mais seule l’Homme possède la raison. L’étude du comportement animal ne permet pas, selon cette approche, de comprendre la nature humaine. Ce qui différencie, l’homme de l’animal est le langage. 2. Approche darwinienne : Il existe une continuité entre humains et animaux, Les différences comportementales entre les espèces sont quantitatives et non qualitatives. La psychologie comparée étudie l’origine, la fonction, l’évolution des comportements et leur continuité biologique entre espèces. Qualitatif : relatif à la nature ou à l’essence de quelque chose. Une différence qualitative signifie qu’il y a un changement ou une distinction fondamentale, ou les deux éléments comparés ne partagent pas la même nature. Exemple : la différence entre une pierre et une plante est qualitative, l’une est vivante, l’autre non. Quantitatif : relatif à la quantité, à une mesure ou degré°. Une différence quantitative implique une variation dans le niveau, la taille ou l’intensité, mais les deux éléments restent de la même nature. Exemple : la différence entre deux plantes, l’une mesure 1 m et l’autre 2 m. Niko Tinbergen (1907-1988) : L’éthologie objectiviste Tinbergen a été l’un des pionniers de l’éthologie moderne, et il a développé plusieurs concepts clés pour comprendre le comportement animal. – Schéma d’action spécifique (SAS) : comportement instinctif, non appris, qui se déclenche en réponse à un stimulus spécifique. Ce comportement se déroule jusqu’à son achèvement une fois initié. – Stimuli signe : des signaux spécifiques dans l’environnement qui déclenche un comportement instinctif. Par exemple, la tâche rouge sur le bec du goéland adulte, déclenche chez le poussin, un réflexe de Pico Brage, qui est un SAS. – Stimuli supra normaux : des versions exagérées des stimuli, signe qui peuvent provoquer une réponse plus forte que les stimuli naturels. Objectivisme : c’est un courant empiriste et naturaliste, basées sur l’observation et la compréhension des mécanismes innés du comportement et de l’instinct. Critères taxonomique : classification des animaux, selon certains critères de précision (critère, classe, règne, etc.) Exemples : Réflexe du picorage chez le poussin goéland : Les poussins picorent instinctivement la tache rouge sur le bec de leurs parents pour demander de la nourriture. Ce comportement est un schéma d’action spécifique car il est non- entraîné (inné) et indépendant du contexte. Mécanisme inné de déclenchement : ce système détecte le stimulus signe (par exemple, attache rouge) et active le SAS (le picorage). Cela permet une réponse rapide et automatique, essentielle pour la survie. Stimuli signes Les animaux réagissent de manière sélective à certains stimuli de leur environnement, appelés stimuli signes ou déclencheurs d’action. Ces stimuli spécifiques déclenchent des comportements instinctifs chez l’animal. – Exemple chez l’épinoche mâle : pendant la reproduction, une épinoche mal attaque un leurre avec un ventre rouge, même si le reste du leurre ne ressemble pas à un poisson. Le rouge sur le ventre et le stimulus signe déclencheur d’une attaque, et ce stimulus est plus efficace à cet endroit précis.(ventre, plutôt que dos.) – Effet précoce des stimuli signes : Ces stimuli influencent le comportement dès que l’animal est en mesure de produire les réponses appropriée (par exemple, dès qu’il atteint la maturité sexuelle). L’apprentissage et l’environnement peuvent cependant moduler la réponse instinctive.. Stimuli supranormaux Les stimuli supranormaux sont des versions exagérées des stimuli signes, et ils provoquent souvent une réponse comportementale plus intense que les stimuli naturels. Exemple chez les poussins : le réflexe de picorage des jeunes poussins est plus fort en réponse à des stimuli artificiels qui exagèrent les caractéristiques du stimulus naturel, comme des points rouge, plus grand que la normale. Principe d’invariance Certaines configurations de stimuli restent efficaces, qu’elles soient présentées de façon statique ou dynamique. Par exemple, selon Lorenz, une configuration de visage aplati, crâne bombé et yeux centrés déclenche un réflexe de sollicitude parentale chez l’humain. Cette configuration se retrouve chez de nombreux jeunes animaux non-humains, activant ainsi des instincts de soin chez l’humain également. Valeur absolue de certains stimuli : Sommation hétérogène Certains stimuli peuvent avoir des effets additifs ou soustractifs sur le comportement : Exemple chez le cichlidé : le taux d’attaque de ce poisson peut être influencé par deux stimuli signes : – Une barre noire près de l’œil augmente le taux d’attaques. – Des tâches orangées réduisent ce taux. Lorsque ces deux stimuli sont présent simultanément, leur effet s’annule en partie. En leurre avec à la fois une barre noire et des tâches orangées, déclenche moins d’attaques qu’un leurre avec seulement une barre noire. Récupération des œufs par les oies : Sommation hétérogène et stimuli supranormaux Chez certaines espèces, des stimuli supranormaux peuvent déclencher des comportements encore plus forts que ceux provoqués par les stimuli naturels. Cela s’explique par la sommation hétérogène, où différents aspects d’un stimulus s’additionnent pour produire une réponse plus intense. Exemple, chez les goélands : les goélands préfèrent des œufs qui sont plus grands, verts et tachetés, bien que leurs œufs naturels ne soient pas verts. La taille a un effet particulièrement important sur cette préférence, tandis que la forme influence moins. — Lorsque les œufs sont de la même taille, la couleur verte et la présence de tâches augmentent encore la préférence, leur effets s’additionnant. Ainsi, un œuf plus grand et vert tacheté est préféré à un œuf naturel de taille et de couleur normales. Stimulus supranormal : les goélands montrent une préférence pour des œufs anormalement grands et de couleur verte, même si cette couleur n’existe pas naturellement chez eux. Cela représente un stimulus supranormal, ou un objet artificiel provoque une réponse comportementale plus forte que les stimuli naturel. Ainsi, l’effet des stimuli supranormaux résulte de la combinaison de plusieurs signaux déclencheur, chaque aspect contribuant à renforcer la réponse instinctive de l’animal Les stimuli supranormaux sont des déclencheurs exagérés qui suscitent des réponses instinctives plus fortes que les stimuli naturels. Chez l’être humain, ces stimuli exploitent des biais perceptifs et évolutifs. Par exemple : – Alimentation : les aliments ultra-transformés (sucré, gras) exploite, notre instinct de recherche de calories, créant une attraction plus forte que pour les aliments naturels. – Attractivité : les représentations médiatique, idéalisées (publicité, réseaux sociaux) exagère des traits physiques, perçus comme attrayant ( symétrie, proportion exagérées), stimulant une réponse plus forte que les rencontres en personne. – Technologie : les notifications et interfaces numériques exploitent des billets de récompense immédiate, stimulant notre attention de manière plus intense que des interactions classiques. Ces stimuli influencent nos comportements de manière parfois disproportionnée en raison de leur nature, artificiellement amplifiée. Karl von Frisch (1886-1982) : La danse des abeilles Karl von Frisch a décodé le langage des abeilles en 1946, révélant que les abeilles utilisent une danse complexe pour communiquer des informations sur les sources de nourriture. Danse en 8 : une butineuse, exécute une danse en forme de 8 pour indiquer la direction, la distance et la qualité d’une source de nourriture à ses congénères : Direction : l’axe de la danse par rapport au soleil indique l’angle à suivre ( ex : 15 degrés à droite du soleil). Distance : la fréquence des vibrations du corps, de la danseuse sur la distance de la source. Dialectes innés : les abeilles de différentes régions (tropicales vs tempérées) Utilise des variantes du code. Système abstrait : il n’y a pas de lien direct entre les mouvements et la nourriture (code abstrait, sans analogie). Odeurs : Les informations olfactives complètent les signaux de la danse. Konrad Lorenz (1903-1989) : L’empreinte Lorenz a étudié l’empreinte (ou imprinting), un phénomène observé chez certaines espèces animales, où les jeunes forment un attachement durable à un objet (souvent un parent) peu après la naissance. Phénomène de reconnaissance : L’empreinte permet aux jeunes de reconnaître et des s’attacher à un parent ou un objet en mouvement. Processus rapide : Cet attachement se forme rapidement après la naissance, suite à une exposition brève à l’objet. Période critique : L’empreinte est plus efficace si elle se produit entre 9 et 17 heures après l’éclosion. Une exposition trop tardive (au-delà de 21 heures) peut même provoquer une aversion. Prédisposition à l’empreinte : Certains stimuli sont plus efficaces pour déclencher l’empreinte. Par exemple, un poussin sera plus attiré par par une poule naturalisée (semblable à un parent) qu’un objet inanimé comme un cube rouge. Etude expérimentale de l’empreinte : — Les jeunes animaux sont isolés à la naissance. — Ils sont brièvement exposés à un stimulus. Leur attachement est mesuré par leur préférence pour ce stimulus lorsqu’ils ont le choix entre deux objets (l’un familier, l’autre nouveau). Le rattachement est mesuré par leur préférence pour ce stimulus, lorsqu’ils ont le choix entre deux objets : (l’un familier, l’autre nouveau). Préférence pour les visages chez le nouveau-né humain Les nouveaux-nés humains montrent une préférence pour les visages dès leur naissance, un phénomène qui pourrait s’expliquer par un mécanisme d’empreinte similaire à celui observé chez les animaux. Cette capacité innée à reconnaître les visages serait un exemple d’un comportement instinctif mais modulé par l’apprentissage au fil du temps. Ethologie cognitive – Donald Griffin (1978) L’éthologie cognitive, introduite par Donald Griffin, propose que les animaux possèdent des capacités cognitives comme l’apprentissage, la mémoire, la planification et la communication. Le comportement des animaux ne repose pas uniquement sur des réflexes innés ou instinctifs, mais sur des représentations mentales qu’ils développent à travers leurs interactions avec le monde et les autres. Capacités cognitives chez les animaux : Les apprennent, mémorisent, planifient et communiquent, suggérant une subjectivité animale (difficile à démontrer expérimentalement). Limite de l’anthropomorphisme : Les premières études psychologie comparée tombaient souvent dans le piège de projeter des intentions humaines sur les animaux, en interprétant leurs comportements comme plus complexes qu’ils ne le sont peut-être. Canon de Morgan Le canon de Morgan propose qu’on ne doit pas expliquer un comportement animal par des processus mentaux complexes lorsque des explications plus simples, basées sur des mécanismes élémentaires comme l’apprentissage, suffisent. Exemple des corbeaux de Davis, Californie – Hypothèse intentionnelle : Si les corbeaux lâchent délibérément les noix à l’approche des voitures, on s’attendrait à ce qu’ils les lâchent plus souvent lorsqu’une voiture approche que lorsque la route est dégagée – Interprétation simple vs complexe : Cette observation peut être expliquée de manière simple, par l’apprentissage des corbeaux, ou de manière anthropomorphique, en supposant qu’ils ont une intention consciente d’utiliser les voitures comme outils. Comment départager ces deux hypothèses ? L’anthropomorphisme ne doit pas être exclu a priori, mais il est essentiel de vérifier si il est mécanisme plus simple, comme l’apprentissage, peut expliquer le comportement avant de supposer une intention humaine chez les animaux. Les quatre causes du comportement selon Tinbergen Pour expliquer un comportement animal, Niko Tinbergen a proposé quatre questions qui permettent de distinguer différentes causes : Causes proximales : Ce sont les évènements internes ou externes qui déclenchent un comportement à un moment donné. Il s’agit de mécanismes comme les perceptions sensorielles ou les représentations mentales de l’environnement immédiat. Exemple : Chez les corbeaux de Davis, le fait de lâcher des noix est déclenché par la présence des noix et d’autre Causes ontogénétiques : Elles concernent le développement individuel de l’animal, incluant les apprentissages ou expériences passées qui influencent son comportement. Exemple : L’histoire d’apprentissage des corbeaux de Davis, comme les expériences répétées à utiliser des voitures pour casser des noix, fait partie des causes ontogénétiques de ce comportement. Causes fonctionnelles : Elles sont liées à la valeur adaptative du comportement, à savoir comment celui-ci contribué à la survie ou à la reproduction. Exemple : La fonction du lâcher de noix par les corbeaux est d’obtenir de la nourriture. Des variantes du comportement (comme la modulation de la hauteur) peuvent maximiser l’efficacité et réduire les risques, augmentant ainsi les ainsi les chances de survie. Causes phylogénétique : Elles concernent.. l’évolution du comportement, expliquant comment il a pu apparaître chez une espèce à partir de l’histoire évolutive de ses ancêtres. Exemple : Le comportement de cassage de noix chez corbeaux de Davis pourrait être hérité d’un ancêtre commun à d’autre corvidés, chez lesquels ce comportement est aussi observé Ces différents perspectives permettent une compréhension plus complète du comportement animal, en tenant compte à la fois des mécanismes immédiats, du développement individuel, de la fonction adaptive et de l’évolution. L’explication phylogénétique du comportement Notamment en ce qui concerne les représentations spatiales chez les Hominidés, se base sur deux conditions : 1. Condition “place” : La récompense reste au même endroit, peu importe le déplacement du récipient. 2. Condition “feature” : La récompense suit un récipient distinctif. Les singes des trois espèces étudiées, ainsi que les enfants de 1 an, préfèrent rechercher la récompense à son emplacement initial (condition « place »). A 3 ans, les enfants privilégient la reconnaissance de récipient disctinctif (condition « feature »). Les performances des singes et des enfants de 1 an sont meilleures lorsque la récompense reste à sa place d’origine, tandis que les enfants de 3 ans réussissent mieux lorsque la récompense se déplace avec le récipient. Cela montre une évolution cognitive, ou une stratégie basée sur l’emplacement est d’abord partagée avec les grands singes avant de céder à une stratégie axée sur les caractéristiques au cours du développement humain. Cela suggère un héritage phylogénétique commun pour les stratégies spatiales, évoluant au fil de l’ontogénie humaine. L’évolution correspond au changement des caractères des organismes au fil des générations, causée par la sélection naturelle. Elle repose sur trois propriétés : 1. Hérédité : Les descendants héritent des caractères de leurs parents. 2. Variation : Des mutations ou différences génétiques apparaissent au sein des espèces, créant de la diversité. 3. Sélection : Les individus dont les caractéristiques sont mieux adaptées à l’environnement ont plus de chances de se reproduire, augmentant la fréquence de ces traits. Les déterminants du comportement incluent : Causes proximales : Stimuli externes (stimuli-signe, stimuli supranormaux, empreinte, danse des abeilles), apprentissage, cognition. Causes ultimes : Sélection naturelle et sélection sexuelle. Le comportement et les capacités cognitives, comme les traits anatomiques, peuvent résulter de la sélection naturelle. Un exemple notable est le comportement de cache de nourriture chez certaines espèces de corvidés. Etude comparative des corvidés cacheurs : Les corvidés vivant dans des environnements où la récupération des caches est cruciale (comme les nutcrackers) développent une meilleure mémoire spatiale. Les nutcrackers, vivant en haute altitude, dépendent quasi exclusivement des graines stockées (jusqu’à 100% de leur régime en hiver), tandis que d’autres espèces comme les pinyonjays et les scrub jays dépendent moins des caches. En condition de recherche des caches, les nutcrackers et les pinyonjays surpassent les scrub jays. Les performances des espèces sont liées à leur environnement, mais aussi à leur stratégie de cache. Par exemple, les pinyonjays regroupent leurs caches, ce qui facilite leur récupération. Etude sur la mémoire : Une tâche sur écran tactile montre que le délai de rétention influence les performances des espèces, notamment pour des tâches non-spatiales, potentiellement affectées par l’organisation sociale des oiseaux. Limites de la sélection naturelle : Certains traits, comme les ocelles des papillons ou l’agressivité liée à la ponte chez le merle bleu, ne sont pas forcément le résultat direct de la sélection naturelle. Sur Interprétations évolutionniste Dans les espèces monogames, les mâles qui investissent beaucoup dans leur progéniture sont sélectionné pour éviter d’être trompé. Cela garantit que leur partenaire ne porte pas les jeunes d’un autre mâle, en particulier dans les espèces avec une seule reproduction. Ce raisonnement est ancré dans la théorie de la sélection naturelle, mais doit être confronté à d’autres hypothèses, comme celle de l’apprentissage. Hypothèse de l’apprentissage : Exemple : un mâle exposé à un leurre après la ponte pourrait réagir différemment selon si il a appris à reconnaître le leurre. Cela suggère que certains comportements pourraient être acquis, et non strictement innés. Effet pléiotropique : – Un gène peut affecter plusieurs traits (pléiotropie). – Exemple de l’expérience de Belyaev sur les renards argentés : la sélection pour la docilité, a aussi modifié des traits physiques et comportementaux inattendu (animaux plus proche des chiens). – Cela montre que la sélection sur un trait comportemental (comme la docilité) peut entraîner des changements physiques. 1. Sélection naturelle et comportements inhabituels : — La sélection naturelle favorise les traits augmentant le succès reproductif individuel. — Certains comportements, comme l’infanticide, semblent contraires à cet objectif. — La sélection de groupe est parfois évoquée pour expliquer ces comportements. 2. Théorie de la sélection de groupe : — Proposée par V.C. Wynne Edwards (1962). — Certains comportements (comme l’infanticide) régulent la population pour éviter la surexploitation des ressources. — Les groupes altruistes (individus sacrifiant leur reproduction pour le groupe) survivraient mieux que des groupes égoïstes. L’infanticide : C’est quand des animaux tuent les petits d’une même espèce. 3. Critiques de la sélection de groupe : George C. Williams (1966) affirme que : — L’évolution est principalement guidée par la sélection au niveau individuel. — Les traits avantageux pour les individus se propagent plus vite que ceux bénéfiques pour les groupes. 4. Infanticide et sélection naturelle : Hypothèses : — Sélection de groupe (peu probable) : Régulation de la population en cas de surpopulation. — Comportement pathologique : Cannibalisme déclenché par la surpopulation. Hypothèse darwinienne (Sarah Hrdy) : — Les mâles dominants tuent les petits pour rendre les femelles fertiles plus rapidement. — L’allaitement inhibe l’ovulation, donc en tuant les petits, les mâles augmentent leurs chances de reproduction. Exemple : lions et langurs sacrés. 5. Observations soutenant l’hypothèse darwinienne : — Les mâles ne mangent pas les petits qu’ils tuent. — Les mâles ne tuent pas leurs propres enfants. — Les femelles endeuillées deviennent sexuellement actives et s’accouplent avec les mâles infanticides. — L’infanticide est observé chez d’autres espèces (ex. lions) avec des structures sociales similaires. — Chez certaines espèces (ex. jacanas), les femelles tuent les petits si ce sont les mâles qui s’en occupent. La sélection naturelle : est le mécanisme par lequel les animaux et les plantes qui s’adaptent le mieux à leur environnement survivent et se reproduisent davantage. En résumé : L’infanticide semble être une stratégie évolutive liée à la sélection naturelle et non un comportement altruiste pour le groupe. Les mâles l’utilisent pour maximiser leur succès reproductif dans des situations de compétition sociale. Evolution des compétences sociales chez les chiens : Observée par Hare et Tomasello (2005), ces compétences pourraient être un sous-produit de la sélection sur les systèmes émotionnels, plutôt qu’une adaptation spécifique. Les compétences sociales des chiens ressemblent à celle des humains et pourraient avoir évolué parallèlement à la domestication. Cela illustre que certains traits ne sont pas nécessairement des adaptations directes, mais peuvent être conséquence collatérale de la sélection d’autres traits (comme le tempérament). Sélection sexuelle La sélection sexuelle découle de l’avantage aux productifs qu’un individu a par rapport à ses concurrents, du même sexe et de la même espèce. Exemples : choix des femelles pour des mâles aux parures ou comportements de parade particuliers. Cet avantage reproductif n’est pas forcément lié à la survie, mais à la transmission d’un avantage aux descendants mâles (Darwin, 1871). Types de sélection sexuelle : Sélection intrasexuelle : rivalité directe entre membres du même sexe, souvent entre mâles (ex: combat pour l’accès aux femelles). Sélection intersexuelle : rivalité indirecte ou les mâles se distinguent pour attirer l’attention des femelles (ex : ornement, comportement). Origines évolutionniste de la sélection sexuelle Les mâles et femelles ont des comportements sexuels différents : Les mâles : sont en général plus agressifs et peu sélectifs, tandis que les femelles sont plus sélectives et passives (avec exceptions). Les femelles : investissent plus d’énergie dans la production d’œufs, la gestation et les soins parentaux. Il y a généralement plus de mâles disponibles pour la reproduction que de femelles, ce qui favorise la compétition chez les mâles et la sélectivité chez les femelles. Développement de caractères sexuels secondaires : Les mâles développent des armes (ex : cornes) pour gagner la compétition entre mâles, et des ornements (ex : couleur, vives) pour attirer les femelles. Lien entre dimorphisme sexuel et polygynie : Darwin a observé que dans les espèces polygynes (ou un mâle s’accouple avec plusieurs femelles), il y a un fort dimorphisme sexuel : — Les mâles sont souvent plus grands, plus colorés ou plus armés que les femelles, ce qui reflète la compétition accrue entre mâles. — À l’inverse, dans les espèces monogame, ou la compétition est moindre, les mâles et les femelles ont des caractéristiques physiques plus semblables. Le rôle de l’évaluation dans la sélection sexuelle L’évaluation permet aux animaux d’estimer le potentiel combatif de leurs adversaires avant de s’affronter. Un individu peut exagérer ses caractéristiques physiques pour dissuader ses rivaux sans entrer en confrontation directe. Sélection intersexuelle Définition : La préférence d’un sexe (généralement les femelles) pour des caractères spécifiques chez l’autre sexe. Cette préférence peut favoriser le développement de dimorphisme sexuel (ornements chez les mâles, non liés directement à la survie). Conflit avec la sélection naturelle : Les ornements sélectionnés sexuellement peuvent être un handicap pour la survie ( effets antagoniste entre sélection naturelle et sexuelle). Les raisons du choix des femelles sont parfois cryptiques (difficiles à comprendre), et peuvent inclure la sélection de caractères apparemment handicapants. Théorie du « bon gène » – Les femelles peuvent identifier les mâles avec de bons gènes par la présence de caractère coûteux (ex: longues plumes brillantes). – En mâle capable de développer des caractères coûteux a probablement accès à de bonnes ressources et est résistant aux maladies et parasites. – Le choix d’un caractère coûteux garantit de bons gènes, contrairement à un caractère neutre. Théorie de l’emballement évolutif – Début : Accouplement au hasard, pas de différences entre mâles et femelles. – Mutation : un caractère (ex : longue queue chez le paon) devient corrélé à la survie, les femelles développe une préférence pour ce caractère. – Evolution : le caractère se renforce par sélection sexuelle, mais finit par être limité lorsque son coût (augmentation de la mortalité) dépasse l’avantage. Théorie du handicap (Amos Zahavi, 1975) : – Les ornements sexuels constituent un handicap pour la survie. – Ce handicap est un signal honnête de la qualité du mâle : seuls les plus aptes survivent avec cet handicap. – Les femelles choisissent les mâles avec les plus grands handicaps, renforçant l’évolution des ornements. Hypothèse d’Hamilton et Zuk (1982) : – Les femelles utilisent l’éclat du plumage pour évaluer la résistance des mâles aux parasites. – Les mâles aux plumages éclatants sont plus résistants, tandis que ceux aux plumages ternes sont moins résistants. – Les espèces où le parasitisme est rare, la sélection favorise des plumages plus ternes pour éviter les prédateurs. Exemple des hirondelles de cheminée, (Anders Moller, 1990) : – Les femelles préfèrent les mâles aux rectrices les plus longues. – Ces mâles se reproduisent plus tôt et ont plus de descendants. – L’avantage ultime de la longueur des directrices est liée à la résistance aux parasites : les descendants des mâles avec les plus longues rectrices sont moins parasités. Théorie du biais sensoriel Hypothèse : La référence des femelles précède l’évolution des caractères sexuels secondaires chez mâles. Exemple : Chez le Guppy, les femelles attirées par les fruits oranges favorisent les mâles ayant un caractère rouge. Chez le poisson-épée (Xiphophorus helleri), les femelles préfèrent les mâles avec une nageoire caudale allongée. Cette préférence se manifeste même chez une espèce apparentée (Xiphorus maculatus), malgré l’absence de ce trait. Origine des préférences des femelles Caractères des mâles précèdent les préférences : Théories principales : — Bon gène : Les caractères indiquent une qualité génétique. — Emballement évolutif (Fisher, 1930) : Coévolution des préférences et des traits. — Handicap (Zahavi, 1975) : Traits coûteux signalent une bonne condition. — Hamilton & Zuk (1982) : Handicaps reflètent une résistance aux maladies. Préférences des femelles précèdent les caractères : Biais sensoriel : Les traits masculins exploitent des sensibilités sensorielles préexistantes. Rôles sexuels et caractères sexuels secondaires Théorie du SRO (Sex-ratio opérationnel) : SRO biaisé en faveur des mâles : Femelles sélectives, mâles compétitifs et ornementés. SRO biaisé en faveur des femelles : Femelles compétitives ornementées, mâle sélectifs (ex. Espèces où les mâles soignent les petits). Exemple : “Beauté” des femelles chez le Gobie nageur (Gobiusculus flavescens) Hypothèse : Les mâles préfèrent les femelles aux couleurs ventrales vives. Expériences : Observation des femelles plus colorées et plus rondes. Manipulation de la coloration (taille et poids constants). Résultats : Les mâles préfèrent les femelles les plus colorées, indépendamment de leur taille ou poids. Conclusion : La couleur ventrale est un caractère secondaire évolué en réponse à la sélection des mâles. L’apprentissage Quels sont les déterminants du comportement ? Causes proximales Causes ultimes — Stimuli extérieurs, stimuli-signe, stimuli supra- — Sélection naturelle normaux, empreinte, danse — Sélection sexuelle des abeilles. — Apprentissage — Cognition Définition de l’apprentissage — Apprentissage : Modification de l’état d’un individu résultant d’une experience, conservée dans le système nerveux (travaux d’Eric Kandel, Nobel 2000). — Fonction : Permettre à l’animal d’ajuster son comportement à son expérience personnelle (Shettlaworth,2010). Approche béhavioriste John B. Watson (1878-1958) : Rôle de l’inné remis en question. — Les comportements observables sont mesurables et reflètent des apprentissages de l’environnement. — Objectif : Identifier des lois générales d’apprentissage valables pour toutes les espèces. Apprentissage non-associatif Habituation : Répétition d’un stimulus = diminution de la réponse (ex : contraction du siphon avec un jet d’eau). Deux formes : — Court terme : sur une journée. — Long terme : persiste plusieurs jours, même sans stimulation. Preuve : pas de fatigue mais mémoire de l’événement. Sensibilisation : — Augmentation de l’intensité de la réponse à un stimulus légèrement aversif (ex.réponse d’un rat à son strident). — Transition possible : sensibilisation initiale suivie d’habituation. Apprentissage associatif Conditionnement classique (Pavlov) Association entre un stimulus neutre et un stimulus inconditionné. Exemples : Stimulus neutre (SC) : son de cl Contrairement à l’apprentissage associatif (basé sur des associations stimulus-réponse ou action- conséquence), l’apprentissage non-associatif repose sur des processus cognitifs plus abstraits. Compétition spermatique chez le criquet (Gryllus bimaculatus) Fécondation et spermatophore : — Fécondation semi-directe via un spermatophore muqueux produit avant l’accouplement. — La production de spermatophore est coûteuse, donc les mâles limitent leur taille sauf en cas de compétition. — Lorsque les femelles s’accouplent plusieurs fois, les mâles augmentent la taille du spermatophore pour maximiser leurs chances. Expérience sur la taille du spermatophore : — Trois conditions : présence d’une femelle seule, d’un mâle de la même espèce, ou d’un mâle d’une autre espèce. — Résultat : les spermatophores sont plus volumineux en présence d’un mâle de la même espèce. Résultats comportementaux : — Les mâles produisent des spermatophores plus volumineux après apprentissage compétitif. — Le conditionnement associatif favorise des réponses adaptées au contexte de compétition inter-mâles. Conditionnement opérant Définitions et concepts clés : — Loi de l’effet (Thorndike) : les comportements augmentent ou diminuent selon qu’ils sont suivis d’une récompense ou d’une sanction. — Boîte opérante (Skinner) : association entre une action et sa conséquence (positive ou négative). — Façonnage : renforcement progressif pour guider vers un comportement cible. — Relation entre fréquence de réponse et renforcement étudiée selon des échelles basées sur le délai ou le nombre de réponses. — Acquisition et extinction dépendent des échelles de renforcement. Contiguïté et ordre — Délai optimal entre stimulus conditionné (SC) et stimulus inconditionné (SI) : 200 à 400 ms. — Différence entre le conditionnement Trace et Delay. Exception : Effet Garcia Néophobie alimentaire : mécanisme protecteur contre l’empoisonnement. Caractéristiques uniques : — Une seule association entre un aliment et un effet nauséeux peut suffire. — L’association fonctionne même si les événements sont séparés de 24 heures. — Pas de contiguïté temporelle nécessaire. Limites biologiques : Les associations sont spécifiques : ex. un rat n’associe pas un stimulus sonore ou lumineux à la nausée si le goût est absent. L’apprentissage est influencé par des modules biologiques adaptés à la niche écologique. Chaînes successives vs chaînes simultanées Chaînes successives : — Les stimuli apparaissent un à un dans un ordre spécifique. — Chaque étape fournit un feedback, permettant un apprentissage associatif. Chaînes simultanées : — Tous les stimuli sont présentés en même temps. — Aucune indication immédiate sur l’exactitude de la réponse. — Nécessite une représentation mentale globale de la séquence, excluant un simple apprentissage associatif. Capacité numérique chez les singes rhésus Méthodologie : Utilisation de chaînes simultanées pour tester leur capacité à organiser des stimuli selon leur numérosité (quantité). Entraînement : Sept séquences d’images correspondant à des numérosités spécifiques (1-2-3-4, etc.). Les singes doivent indiquer leur position dans l’ordre croissant des numérosités. Jusqu’à 60 répétitions par séquence dans des configurations variées (évite l’apprentissage basé uniquement sur la configuration visuelle. Renforcement après chaque séquence correcte. Généralisation aux stimuli non-entraînés Test : Présentation de 150 séquences inédites. Protocole : Les performances restent stables, même sans renforcement immédiat, ce qui suggère un apprentissage généralisé. — Présentation de paires de stimuli représentant de nouvelles numérosités (jamais entraînées). — Renforcement limité pour éviter l’effet d’apprentissage par essai-erreur. Résultat : Les singes rhésus parviennent à organiser ces paires selon leur numérosité, prouvant leur capacité à généraliser des concepts numériques abstraits, au-delà des associations spécifiques vues lors de l’entraînement. Conclusion Implication cognitive : — Les singes rhésus démontrent une compréhension abstraite de la numérosité. — Leur apprentissage ne repose pas uniquement sur des associations stimulus-réponse mais sur une capacité cognitive plus élaborée. Ce type de compétences suggère une forme de cognition symbolique rudimentaire, potentiellement comparable à des aspects du traitement numérique humain Perspective élargie : — L’apprentissage non-associatif, basé sur des principes abstraits comme la numérosité, met en lumière les capacités cognitives complexes chez les animaux. — Ces études enrichissent notre compréhension de l’intelligence animale et de ses parallèles avec les processus humains. L’apprentissage social L’apprentissage social repose sur l’utilisation d’informations sociales (indices comportementaux) pour moduler un comportement. Il nécessite : — Un démonstrateur (produisant un comportement). — Un observateur (reproduisant ou s’inspirant de ce comportement). Mécanismes d’apprentissage social Accentuation locale/de l’objet : — Augmente la tendance à visiter un lieu (locale) ou à interagir avec un objet après observation d’autres individus. — Pas besoin de la présence continue du démonstrateur Facilitation sociale : — Induit un comportement spécifique en présence d’individus effectuant ce comportement (ex. baillement). — Pas d’apprentissage de nouveaux comportements. Imitation : — Reproduction d’une action nouvelle après l’avoir observée chez un démonstrateur. Emulation : — Reproduction partielle d’une action complexe, menée vers un but précis. Exemple : Contagion sociale et reconnaissance du prédateur Expérience de Curio : — Démonstrateur (D) voit un prédateur et émet des cris d’alarme. — Observateur (O) voit un objet inoffensif mais réagit en imitant D. Résultat : 0 assimile l’objet inoffensif à un prédateur et transmet cette fausse reconnaissance sur plusieurs générations. Mécanisme : conditionnement classique par observation, établissant une tradition culturelle de peur. Valeur adaptative de l’apprentissage social L’apprentissage social : — Economise temps et énergie : pas besoin que chaque individu apprenne seul. — Réduit les risques liés à l’exploration ou aux erreurs (ex. choix alimentaires). Exemple : comportement alimentaire chez les rats (Galef & Wright, 1995) : Deux types de nourriture : — Attirante mais peu nutritive. — Peu attirante mais nutritive. Résultats : — En groupe, les rats consomment plus rapidement la nourriture nutritive et gagnent du poids plus efficacement. — Apprentissage social atténue la néophobie alimentaire (peur des nouveaux aliments) en renforçant la préférence pour les aliments consommés par le démonstrateur. Transmission des préférences alimentaires Expérience : deux groupes de démonstrateurs : — Groupe 1 : consomme un régime (A : aliments attirants). — Groupe 2 : consomme le régime A avec des noix (A + Nut). Résultat : — Les observateurs préfèrent l’aliment consommée par leur démonstrateur, même en l’absence de celui-ci. — Cela va au-delà de la facilitation sociale, car il reflète une transmission spécifique des préférences. Conclusion — L’appretissage social joue un rôle clé dans la diffusion des comportements et la création de traditions ou cultures animales. — Il permet une adaptation rapide et sécurisée au milieu, en s’appuyant sur les expériences des autres. — Les exemples montrent que ces mécanismes vont de l’accentuation simple à des formes d’apprentissage complexes, comme l’émulation ou la transmission intergénérationnelle de préférences ou de peurs. Mécanismes de l’apprentissage social : L’imitation Imitation simple : — Copier une action observée sans prise en compte de l’intention. — Inclut des comportements comme l’utilisation d’objets ou la reproduction de mouvements corporels. Véritable imitation (définition avancée) : — Nécessite de comprendre l’intention de l’acteur. — L’observateur perçoit les états intentionnels et considère les actions comme orientées vers un but précis. — Unique aux humains et clé dans l’évolution culturelle humaine. Différences entre humains et autres primates : Humains : — Intègrent les intentions dans l’imitation. — Capacité innée dès la naissance, selon Meltzoff & Moore. — Les nourrissons associent les représentations visuelles (expressions faciales) à leurs propres réponses motrices. — Cette imitation précoce disparaît vers 2-3 mois, remplacée par d’autres comportements sociaux. Chimpanzés : — Présence d’une imitation précoce jusqu’à 2 mois, mais sans intentionnalité. — Imitation à faible fidélité chez les chimpanzés adultes comparée aux enfants humains. Singes rhésus : ~ — Imitation basée sur les neurones miroirs, qui activent des programmes moteurs similaires en réponse à des gestes observés. — Incapables d’apprendre des comportements nouveaux par imitation directe. Rôle de l’intention dans l’imitation : Les enfants humains imitent : — Les actions intentionnelles plutôt que les actions accidentelles. — Les parties causales pertinentes d’une action et ignorent les éléments superflus. Complètent parfois les actions inachevées observées chez un modèle. Chez les humains, l’imitation s’inscrit dans un cadre de croyances, de désirs et de compréhension du but de l’acteur. Évolution culturelle et imitation : La véritable imitation, exclusive aux humains, permet : — La transmission des connaissances et des traditions culturelles. — Le développement de pratiques complexes, comme l’utilisation d’outils ou des rituels. Les primates non humains n’accèdent pas à cette forme d’imitation, ce qui limite l’évolution de leurs cultures. Comparaison des capacités d’imitation : Espèce Imitation précoce Imitation intentionnelle Apprentissage culturel Humains Dès le 1er mois, innée Oui, avec prise en compte Oui, véritable culture. (Meltzoff). des intentions. Chimpanzés Présente jusqu’à 2 mois, Faible fidélité chez les Traditions simples. puis disparaît. adultes. Basée sur les neurones Pas d’apprentissage de Limité. Singes rhésus comportements nouveaux. miroirs. Ces différences montrent que l’imitation avancée et intentionnelle est un pilier de l’évolution culturelle humaine. Différences entre imitation et émulation Imitation : — Copier exactement les actions d’un démonstrateur. — Inclut la séquence et les mouvements utilisés par le modèle, même si certaines étapes sont inutiles. — Nécessaire pour transmettre des traditions culturelles complexes. Émulation : — Apprentissage orienté sur le résultat des actions d’autrui. — Copie partielle ou peu fidèle des actions observées, en utilisant d’autres moyens pour atteindre le même but. — Plus fréquente chez les primates non humains. Critères pour distinguer imitation et émulation Imitation :. — Les comportements imités sont nouveaux ou improbables. — Il y a une reproduction motrice exacte des actions du démonstrateur. Émulation : — Le sujet adapte ses actions pour atteindre le but, sans copier strictement les actions du modèle. — Présence d’une compréhension causale des étapes nécessaires. Méthodes expérimentales pour les différencier Mécanismes à double action : — Une tâche est présentée avec deux solutions équivalentes. — Si les sujets reproduisent plus souvent la solution observée, il s’agit d’imitation. Sinon, il s’agit d’émulation. Expériences de diffusion : — Étude de la transmission culturelle en groupe (un ou deux démonstrateurs influencent les comportements d’un groupe). Relation entre causalité et comportements : — Si le sujet distingue entre comportements utiles et inutiles, il montre une tendance à l’émulation. Exemples expérimentaux clés Expériences à double action (Whiten, 1998) — Un dispositif (“fruit artificiel”) permet de libérer de la nourriture par deux procédures différentes. — Les chimpanzés observent un démonstrateur humain effectuant l’une des deux méthodes. Résultats : — Les chimpanzés reproduisent souvent la méthode démontrée (imitation). — Cependant, des comportements peuvent être influencés par des mécanismes comme l’accentuation locale (focalisation sur un objet ou une zone spécifique). Expériences causales (Horner & Whiten, 2004) — Dispositif avec parties utiles et inutiles pour obtenir une récompense. Conditions : — Boîte opaque : Les sujets ne peuvent pas voir quelles actions sont nécessaires → tendance à imiter fidèlement. — Boîte transparente : Les sujets identifient les actions inutiles → émulation (reproduisent uniquement les actions efficaces). Résultats : — Les chimpanzés et les enfants montrent plus d’imitation quand la causalité est ambiguë. — Les enfants imitent plus fidèlement que les chimpanzés, même lorsque la causalité est visible (phénomène de surimitation). Contrôle : compréhension causale chez les chimpanzés Test avec des râteaux pour récupérer une récompense. Résultats : — Les chimpanzés choisissent plus souvent le bon outil (80% de réussite). — Cependant, pas d’effet d’apprentissage sur le long terme. Conclusion — Imitation : plus fréquente et précise chez les humains, base des traditions culturelles. — Émulation : dominante chez les chimpanzés et autres primates, avec une préférence pour les actions causales efficaces. — La différence repose sur la compréhension des intentions et des mécanismes causaux. Chez les humains, l’imitation (même excessive) favorise l’accumulation et la transmission culturelle. Comparaison Enfants (4 ans) vs Chimpanzés Aspect étudié Chimpanzés Enfants (4 ans) Trappe (mécanisme inutile) Réduisent les actions inutiles Reproduisent fidèlement les lorsqu’ils voient que le mécanisme actions observées, même inutiles est inutile (boîte transparente). (peu influencés par la visibilité). Porte latérale (utile) Reproduisent principalement les Copient fidèlement toutes les actions utiles, surtout quand la actions observées (y compris causalité est claire. inutiles). Attention portée Portent plus attention au résultat Portent attention aux intentions des actions (émulation). et aux actions des démonstrateurs (imitation). Interprétation (Horner et al., 2004) — Les humains montrent une sensibilité particulière aux intentions et actions d’autrui, ce qui favorise une imitation fidèle, base des transmissions culturelles complexes. — Les chimpanzés adaptent leur comportement en fonction de la compréhension causale, ce qui favorise l’émulation. Transmission culturelle chez les chimpanzés Études expérimentales (Whiten et al., 2005) Objectif : Déterminer si l’imitation peut servir de base à la transmission culturelle. Protocole : — Une femelle dominante est entraînée à utiliser l’une des deux techniques (lift ou poke) pour obtenir de la nourriture d’un dispositif (pan-pipes). — Réintroduction de cette femelle dans son groupe et observation des comportements des autres membres. Groupes étudiés : — Groupe contrôle : aucun démonstrateur. — Groupe “lift” : démonstratrice utilisant la technique lift. — Groupe “poke” : démonstratrice utilisant la technique poke. Résultats : — Les membres des groupes “lift” et “poke” adoptent préférentiellement la technique démontrée par leur experte. — Observation d’un biais de conformité : — Même lorsque certains chimpanzés maîtrisent les deux techniques, ils se conforment à la norme du groupe. — Très peu de “non-conformistes” utilisent uniquement leur propre méthode. Interprétation : — Les chimpanzés montrent une capacité à maintenir des traditions comportementales alternatives (base de cultures locales). — Ces comportements semblent motivés par des raisons sociales plutôt que matérielles. Influence sociale et transmission Statut social du démonstrateur : — Les chimpanzés suivent préférentiellement les démonstrateurs de haut rang social. — Influence similaire chez les humains (prestige du modèle). — Toutefois, les innovations comportementales proviennent souvent d’individus de rang inférieur, ce qui peut ralentir leur diffusion. Modèle philopatrique (préférence pour les femelles) : — Les démonstratrices femelles attirent plus de spectateurs et inspirent plus de comportements reproductifs que les mâles. — Cela pourrait influencer l’établissement de traditions locales. Conclusion : — Les interactions sociales jouent un rôle clé dans la transmission des comportements innovants. — Les caractéristiques du modèle (statut, sexe) influencent fortement la diffusion des comportements. Comparaison avec les études en milieu naturel Les comportements culturels sont difficiles à observer dans la nature à cause de l’absence de contrôle expérimental. Les études expérimentales révèlent des mécanismes sociaux importants qui pourraient être à l’origine des traditions observées dans les groupes sauvages. Maintien et transfert des préférences alimentaires chez les singes vervets Expérience sur la préférence alimentaire Protocole : — Phase 1 : Une seule couleur de nourriture est comestible (préférence induite). — Phase 2 : Les deux couleurs sont comestibles, mais les individus continuent de choisir leur couleur initiale. Résultats après 4 à 6 mois : — Maintien de la préférence dans les 4 groupes, y compris chez les jeunes. — Apprentissage social des jeunes : — Dans 26 cas sur 27, les jeunes consomment la nourriture préférée de leur mère. — Dans 23 cas sur 26, cette préférence se maintient même en l’absence de la mère. Transfert aux mâles migrants Les mâles migrants adaptent leur préférence alimentaire au groupe d’accueil, même si leur préférence initiale diffère. Exemple : — 7/10 mâles migrants consomment la nourriture typique de leur nouveau groupe. — Les mâles d’origine inconnue adoptent immédiatement les pratiques locales. — Exceptions : les mâles dominants peuvent maintenir leurs préférences personnelles. Conformisme et rôle adaptatif — Observation d’un conformisme social : Les singes vervets se conforment aux normes alimentaires du groupe, indépendamment de leurs préférences initiales. — Avantage adaptatif : Se conformer aux pratiques locales réduit les risques alimentaires dans un nouvel environnement. Enseignement chez les suricates Comportements observés — Les adultes enseignent activement aux jeunes à manipuler des proies dangereuses, comme les scorpions. — L’adulte adapte son comportement en fonction de l’âge et de l’expertise du jeune : — Jeunes inexpérimentés : Proies mortes ou neutralisées. — Jeunes plus âgés : Proies vivantes pour améliorer leurs compétences. Coûts pour l’adulte — Fournir des proies vivantes est coûteux : — Augmentation du risque de perte de la proie. — Temps passé auprès des jeunes pour superviser. Impact sur l’apprentissage — Les jeunes entraînés à manipuler des proies vivantes montrent des performances supérieures à ceux entraînés avec des proies mortes ou non entraînés. — Expérience : Les jeunes entraînés avec des scorpions vivants manipulent plus rapidement Cognition animale Définition — Ensemble des mécanismes par lesquels un animal acquiert, transforme, stocke et agit sur l’information de l’environnement (Shettleworth, 2010). Résolution de problème Insight ou essais/erreurs ? — Chez l’humain, l’insight correspond à une solution soudaine et originale sans essais/erreurs préalables, impliquant des représentations mentales. — Chez l’animal, l’insight est identifié par un comportement inédit (hors répertoire) et non appris. Exemple : utilisation de l’eau comme outil (Mendes, Hanus & Call, 2007) — Sujet : 5 femelles orang-outans (7-32 ans). Observation : — Tous réussissent dès le premier essai à utiliser l’eau pour obtenir une récompense. — Réduction des essais/erreurs au fil des tentatives, indiquant un apprentissage rapide. Mémoire animale Effet de position sérielle (Anthony Wright, 2004) Expérience : Identification de 4 images en séquence par différentes espèces. Résultat : — Effet de récence initialement dominant (mémorisation des derniers items). — Avec un délai de rétention prolongé, effet de primauté (mémorisation des premiers items). Mémoire de travail visuo-spatiale — Sujet : Ayumu, jeune chimpanzé. — Performance : Meilleure que celle d’humains non entraînés pour mémoriser des chiffres dans des délais très courts (430 ms). — Entraînement : Les humains entraînés atteignent les mêmes résultats qu’Ayumu. Mémoire épisodique Chez le geai buissonnier (Clayton & Dickinson, 1998) : — Le geai mémorise quoi, où, et quand il a caché des aliments. — Preuve indirecte d’une mémoire épisodique, bien que sans conscience autonoétique. — Exemple : les geais cachant des vers préfèrent les récupérer rapidement (avant qu’ils ne pourrissent). Projection dans le futur — Geais placés dans des compartiments avec ou sans petit-déjeuner (« breakfast » et « no-breakfast rooms »). — Résultat : Les geais cachent préférentiellement des noix dans les zones où ils anticipent un manque futur de nourriture. Anticipation indépendante des besoins actuels Lorsqu’un geai est rassasié avec un type de nourriture, il anticipe un besoin futur en cachant davantage l’autre type. Théorie de l’esprit (TdE) Expérience chez le geai buissonnier (Emery & Clayton, 2001) : — Les geais re-cachent leur nourriture si un congénère les a observés. — Ce comportement n’apparaît que chez les individus ayant eux-mêmes dérobé de la nourriture par le passé. — Indication de TdE : représentation des intentions et connaissances d’autrui.