Croissance Et Développement - Licence D'excellence, Université Ibn Tofail 2024-2025 PDF
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Université Ibn Tofail
2025
Hindou BADDIH
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These lecture notes cover economic growth and development, including theories and indicators. The course is designed for undergraduate students at the University Ibn Tofail and will focus on the University's "Licence d'excellence" program.
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UNIVERSITE IBN TOFAIL Licence d’excellence: «Ingénierie Faculté d’Economie et de Gestion - économique et financière » Kenitra Semestre 5 CROISSANCE ET DEVELOPPEMENT Pr. H...
UNIVERSITE IBN TOFAIL Licence d’excellence: «Ingénierie Faculté d’Economie et de Gestion - économique et financière » Kenitra Semestre 5 CROISSANCE ET DEVELOPPEMENT Pr. Hindou BADDIH Année universitaire: 2024-2025 Introduction : n Le sous-développement est unanimement reconnu comme l'un des problèmes majeurs de notre époque. Ce phénomène, ainsi que les divers aspects qui le composent, suscite des débats passionnés et des divergences d'opinions. Toutefois, il demeure un manque de consensus quant à l'origine exacte du sous- développement, aux facteurs qui l'ont provoqué, ainsi qu'aux solutions et méthodes appropriées pour l'éradiquer. Introduction : P.Samuelson : “Beaucoup d’auteurs ont essayé de déchiffrer dans l’histoire économique une progression linéaire passant par des étapes obligatoires, telles que l’ économie primitive, la féodalité, le capitalisme…”. Cependant, note-t-il encore, “...les données de fait n’ont pas consenti à se plier à de tels ordres de succession chronologiques”. Il est ainsi vrai que diverses théories ont vu le jour pour expliquer, dégager les causes de la croissance, chacune empreinte d’une “logique” appropriée à ses conditions d’ émergence. Introduction : n La croissance et le développement économiques jouent un rôle fondamental pour saisir les forces qui influencent les sociétés modernes et déterminent le niveau de prospérité des pays. n Dans un contexte mondial en perpétuelle transformation, marqué par des progrès technologiques rapides, des défis environnementaux pressants et des inégalités croissantes entre nations, il est essentiel d'étudier les facteurs, théories et enjeux associés à la croissance et au développement. Introduction : n Ce cours explore les différentes théories économiques, des modèles classiques aux perspectives contemporaines, ainsi que les indicateurs permettant de mesurer la croissance et le développement. Il examine également les obstacles auxquels font face les économies, comme les inégalités et la durabilité environnementale, et pose la question d’une croissance responsable, tournée vers l’avenir. Qu’est-ce que la pauvreté ? « La pauvreté ne se limite pas au manque de revenus ou de ressources productives qui garantissent des moyens de subsistance durables. Elle se manifeste aussi par la famine, la malnutrition, l’accès limité à l’éducation et aux services de base, la discrimination sociale, l’exclusion, ainsi que le manque de participation dans les prises de décision. » Nations Unies (2023) Qu’est-ce que la pauvreté ? Selon les données les plus récentes, plus de 736 millions de personnes vivent en dessous du seuil international de pauvreté. Environ 10 pour cent de la population mondiale vit dans des conditions d’extrême pauvreté et se bat pour satisfaire des besoins élémentaires tels que la santé, l’éducation, l’accès à l’eau potable et à un système sanitaire. Le nombre de femmes vivant dans la pauvreté est supérieur à celui des hommes : 122 femmes âgées de 25 à 34 ans contre 100 hommes dans la même tranche d'âge, et plus de 160 millions d'enfants risquent de continuer à vivre dans l'extrême pauvreté d'ici à 2030. La pauvreté et les objectifs de développement durable (ODD) n Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes est le premier des 17 objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030. n Parmi ces objectifs, la principale référence en matière de lutte contre la pauvreté figure dans la cible 1.A. : «Garantir une mobilisation importante de ressources provenant de sources multiples, y compris par le renforcement de la coopération pour le développement, afin de doter les PVD, en particulier les pays les moins avancés, de moyens adéquats et prévisibles de mettre en œuvre des programmes et politiques visant à mettre fin à la pauvreté sous toutes ses formes. » Concepts de la pauvreté: Définition 1 : n Une personne en situation de pauvreté ne dispose pas des ressources financières suffisantes et vit dans des conditions qui ne lui permettent pas d'exister dignement selon les droits légitimes et vitaux de la personne humaine et qui la condamnent à survivre péniblement au jour le jour. n La pauvreté́ est un phénomène complexe, pluridimensionnel, ne pouvant être réduit simplement à un niveau insuffisant de ressources économiques pour vivre de façon décente. Concepts de la pauvereté: n Le PNUD déclare ainsi que « la pauvreté n’est pas un phénomène unidimensionnel – un manque de revenus pouvant être résolu de façon sectorielle. Il s’agit d’un problème multidimensionnel qui nécessite des solutions multisectorielles intégrées ». n De même, la Banque mondiale affirme que la pauvreté a des« dimensions multiples », de « nombreuses facettes » et qu’elle est « la résultante de processus économiques, politiques et sociaux interagissant entre eux dans des sens qui exacerbent l’état d’indigence dans lequel vivent les personnes pauvres ». Définition 2 : Selon le PNUD Dans le rapport Vaincre la pauvreté humaine (2000), le PNUD définit spécifiquement l’« extrême pauvreté », la « pauvreté générale » et la « pauvreté humaine ». Ainsi, « une personne vit dans la pauvreté extrême si elle ne dispose pas des revenus nécessaires pour satisfaire ses besoins alimentaires essentiels – habituellement définis sur la base de besoins caloriques minimaux [...]. Une personne vit dans la pauvreté générale si elle ne dispose pas des revenus suffisants pour satisfaire ses besoins essentiels non alimentaires – tels l’habillement, l’énergie et le logement – et alimentaires ». La « pauvreté humaine », quant à elle, est présentée comme l’«absence des capacités humaines de base : analphabétisme, malnutrition, longévité réduite, mauvaise santé maternelle, maladie pouvant être évitée ». Définition 3 : selon la Banque mondiale Elle distingue la pauvreté absolue de la pauvreté relative. La pauvreté absolue correspond à un niveau de revenu nécessaire pour assurer la survie des personnes. En général, ce seuil est calculé en fonction d’un régime alimentaire de base. La pauvreté relative, quant à elle, reflète une conception plus axée sur la répartition des revenus ; elle signifie avoir « moins que les autres ». Cette notion renvoie au niveau de revenu nécessaire pour participer à et vivre dans une société particulière (logement, habillement...). Les types de pauvreté abordés par la Banque mondiale sont donc particulièrement centrés sur l’aspect monétaire. Définition 4 : Les fondements philosophiques du concept de la pauvreté sont nombreux. Les 3 principales écoles sont l’école Welfarist, l’école des besoins de base et l’école des capacités. Chaque école conduit à une identification différente des pauvres et à ses propres recommandations en matière d’allégement de la pauvreté. Quoique ces trois approches diffèrent, elles impliquent toutes le fait qu’une personne est jugée pauvre « lorsqu’elle manque d’un minimum raisonnable d’une certaine chose, à définir » Ø Pour l’école Welfarist la chose en question est le bien-être économique. Ce dernier est défini indirectement via l’utilité générée par la consommation totale. Cette approche est, donc, associée au niveau de revenus ou de dépenses de consommation des personnes. Ø L’école des besoins de base considère que la chose manquante est un sous-ensemble de certains besoins de base et services qui sont jugés un préalable pour l’atteinte d’une certaine qualité de vie tels que être adéquatement nourri, habillé et logé. Ø Pour l’école des capacités c’est des habilités ou les capacités d’atteindre un certain sous-ensemble de fonctionnements qui manquent à un pauvre. contenu du module : n Introduction à l’économie du développement (concept, mesure, perspectives….) n Théories du développement n Politiques du développement Les objectifs Travailler sur les Participer à la constructions des construction d'un représentations: esprit critique, utile manières de percevoir, de dans le comprendre, développement d'un d’interpréter et cursus universitaire. donc, d’agir sur le monde. Acquisition de certaines connaissances économiques; fournir des outils méthodologiques et théoriques pour évaluer l'importance d'un «problème social ou économique» au regard de l'évolution de nos sociétés; Chapitre I : « De la croissance au développement …» La croissance économique peut jouer in rôle central dans la concrétisation du développement économique, mais la seule croissance ne constitue qu’une part modeste du développement économique. Le bilan, dans ce domaine, est déterminé non seulement par le revenu individuel, mais par les modalités de création, de dépense et de distribution de ce revenu. Chapitre I : « De la croissance au développement …» La croissance est l’expansion La croissance durable des quantités produites mesurée par la hausse du PNB. Le développement implique en plus de la croissance, une Le développement meilleure satisfaction des besoins fondamentaux, une réduction des inégalités du chômage, et de la pauvreté. Selon Myrdal il s’agit d’un mouvement vers le haut de tout le corps social, et plus précisément du processus de hausse du revenu par habitant sur une longue période accompagnée d’une réduction de la pauvreté et des inégalités. Amartya Sen A.Sen soutient que le développement vise à élargir les potentialités ouvertes aux humains pour mener l’existance qu’ils choisissent d’avoir. Amartya Sen En 1998, Sen a soutenu qu’il nous fallait dépasser l’étude de la faiblesse des revenus et a identifié quatre grands facteurs qui conditionnent la capacité de conversion du revenu en “aptitude à avoir le minimum vital acceptable”: n Les hétérogénéités personnelles, dont l’âge, la prédisposition à la maladie ou l’ampleur des incapacités. n Les diversités tenant à l’environnement, par exemple, l’exposition à des climats spécifiques nécessitant, selon leur froideur ou leur chaleur, des dépenses différentes d’habitat, d’habillement ou de carburant. n Les variations du climat social, l’impact de la délinquance, les troubles de la société et la violance. n Les différences de privation relative, un état de relatif appauvrissement dans une société prospère diminuant la possibilité de prendre part à la vie de la communauté concernée. Amartya Sen Selon Sen, le développement économique suppose de réduire les sources de “la privation des potentalités” qui empêche les gens de jouir de la liberté de mener l’existance qu’ils désirent. La mesure de la croissance La croissance est l'augmentation soutenue de la production de biens et services sur le plan national durant une période F. «La croissance est Perroux l’accroissement de la dimension d’une unité, le plus souvent la nation, exprimé par le produit global brut, référé au nombre d’habitants. » Le dogme de la croissance Comment une économie peut-elle augmenter son PIB ? Théorie de SMITH Théorie de MALTHUS La prospérité peut Il existe un seuil de augmenter prospérité - rôle de l’épargne Conséquence : limiter et - Philosophie contrôler les naissances individualiste : libéralisme pour permettre une - division du travail bonne distribution de la - rôle du commerce richesse pour qu’il y en international : avantage ait le maximum pour tout absolu. le monde. - commerce : facteur de croissance. puisque v Il ne tient pas compte des Le PIB est un productions non indicateur comptabilisées (travail au noir, travail domestique, quantitatif fraude fiscale...) ni de imparfait certaines dégradations (industries polluantes, inégalités, exclusion...). v Le PIB est aussi influencé par la variation des prix. Les moteurs de la croissance c’est une hausse du stock de machines. Keynes a remarqué les effets l'investissement de l’investissement sur la croissance. Il et le progrès existe une relation entre la production et technique l’investissement : c’est l’effet multiplicateur; la Hausse de la consommation -> consommation hausse de la production -> hausse des finale revenus -> hausse consommation.. les Comment exporter davantage? exportations Comment être compétitif? Les facteurs de production Ä(travail et capital) contribuent en grande partie à la croissance de la production. ÄMais il reste une part inexpliquée que l'on attribue notamment aux progrès technique (le résidu). Chaque facteur dépend des éléments suivant: n de la population active occupée, Le facteur n de son niveau de compétence, travail n de la durée n et de la qualité du travail. n de l'investissement, n du taux d'utilisation du capital Le facteur technique capital n et de la qualité du capital technique Le progrès n de la mise au point de produits technique n et procédés nouveaux. À la fin des années 80, de nouvelles théories de la croissance (les théories de la croissance endogène) sont apparues Croissance endogène Processus de croissance auto - entretenu, reposant sur l’hypothèse de rendement croissants avec une productivité marginale du capital positive indépendante du stock de capital. l'idée est que l'activité de certains agents économiques à des répercussions positives (externalités) sur celle d'autres agents et contribue ainsi à la croissance pour la collectivité n Le produit ou productivité marginale (PmL) est l’accroissement de production obtenue si on utilise du facteur travail supplémentaire. Autrement dit, c’est la quantité additionnelle d’output qui résulte de l’accroissement d’une unité supplémentaire d’input travail. Par exemple les connaissances issues de la recherche et développement d'une entreprise peuvent être mises à la disposition d'autres entreprises et engendrer un supplément d'activité (croissance). Les modèles de croissance endogène retiennent différentes sources de croissance : Investissements Investissements en capital humain en capital public Apprentissage Division par la pratique du travail Recherche et Le contexte innovation politique et technologique institutionnel Investissements en capital technique La croissance peut provenir de Croissance l'augmentation quantitative de extensive ces facteurs, (États-Unis : faible taux de chômage) d'une utilisation meilleure de ces Croissance facteurs, (la France mise sur la intensive productivité - cas de l'industrialisation du tertiaire) Si la distinction entre croissance extensive (utiliser plus de facteurs) et croissance intensive (utiliser mieux les facteurs) est simple, la mesure de la part revenant à chacune des deux modalités de croissance est delicate. Les fluctuations de la croissance Les fluctuations sont des variations de l'activité économique : les périodes d'expansion alternent avec des périodes de crise. Ces fluctuations se répètent selon une amplitude et une périodicité plus ou moins régulières : ce sont des cycles économiques. n La durée des cycles varie selon les époques et les pays. n Deux grands types de cycles sont principalement identifiés. les cycles longs ou cycles de Kondratieff : Ä ce sont des cycles de 50 ans environ. Ä Ils sont liés aux transformations profondes de l'activité économique qui correspondent à des changements structurels (modes de production, système financier, normes de consommation, urbanisation..). Selon Schumpeter les phases de croissance de ces cycles longs correspondent à des innovations technologiques importantes; L'évolution des modes de vie, liée à ces innovations, stimule la consommation et favorise aussi la croissance; Plus tard, l'absence de produits nouveaux et la stabilité des modes de vie ralentissent l'activité économique : c'est le début d'une nouvelle crise. les cycles courts ou cycles de Juglar : ce sont des cycles de quelques années qui sont liés à des variations conjoncturelles de l'activité économique. Les causes sont multiples : n Instabilité des taux d'intérêt, n Fluctuations du commerce extérieur, n Mouvements sociaux... Les cycles comportent quatre phases la reprise la crise l'expansion la dépression Les cycles très courts (moins de 4 ans) cycle kitchin: v Les cycles, de durée inégale, se mêlent et se superposent. v les mouvements de l'activité économique sont irréguliers. La croissance : une réalité contestée ØPrendre en compte l'économie informelle Dans sa mesure ØSe soucier du développement durable Une bonne croissance économique doit entraîner un Dans sa finalité développement humain : "élargissement de l'éventail des possibilités offertes à l'homme". n IDH: Indicateur composite calculé par le PNUD combinant le PIB réel par tête, le niveau de scolarisation des adultes et l'espérance de vie à la naissance. n L'Indicateur de Pauvreté Humaine (IPH), mesure le niveau de pauvreté au sein d'une société, en prenant en compte, au-delà des paramètres financiers, des enjeux complémentaires comme les inégalités d'accès à la santé, à l'emploi ou encore à l'éducation. L' IPH mesure le degré de pauvreté ou la proportion de la population vivant dans des conditions de dénuement extrême. IPH IPH1: il y a l'indicateur de IPH2: l'espérance de vie longévité (l'espérance de vie moins de 60 ans, le taux moins de 40 ans), d'analphabétisme des d'instruction et de condition adultes, les conditions de vie de vie (% de population et la participation de n'ayant pas accès à l'eau l'individu à la société potable, à la santé, % (chômage depuis plus d'un d'enfants mal nourris) an). PVD PD Les transformations sociales, culturelles et politiques qui accompagnent la croissance. La croissance, facteur Le changement social est une transformation durable qui affecte la du changement social société dans son fonctionnement, dans sa structure et dans le domaine culturel. Ø L'industrialisation de l'économie: la hausse du niveau de vie; Ø La tertiairisation; Ø La concentration: la taille moyenne des entreprises augmente; Ø L'urbanisation: Ce mouvement affecte les valeurs avec le recul de la société rurale; Ø La féminisation : affecte aussi les valeurs, les relations de couple et la démographie; Ø le monde du travail change en termes de législation, d'organisations, de durée du travail, de qualification; Ø La transition démographique : le passage d’un régime démographique traditionnelle avec une forte natalité et une forte mortalité à un régime démographique moderne avec de faibles natalité et mortalité; Ø Les transformations de la structure sociale: une hausse des cadres, dus à un phénomène de qualification et aussi une baisse des agriculteurs et ouvriers. Le rôle de la religion : M. Weber a écrit un ouvrage sur "l'éthique protestante et l'esprit du capitalisme". Sa thèse est d'approfondir la relation entre l'ascétisme protestant et le Les transformations développement du capitalisme. sociales susceptibles de favoriser la Le rôle de l'État: il croissance répond à une des défaillances du marché. La rentabilité à court terme est insuffisante, elle détourne l'initiative privée. Les transformations La montée de sociales susceptibles l'individualisme et le de favoriser la changement de valeurs: croissance vLe phénomène de sécularisation : C'est un mouvement de recul du religieux dans une société, un glissement vers le profane; vLe processus de rationalisation: Les rationalités en valeur (L'action sociale se justifie par une référence à des valeurs ou à des convictions sans pour autant tenir compte des éventuelles conséquences de l'action) et en finalité (Choisir les moyens les mieux adaptés pour réaliser un objectif (confrontation des moyens et des fins). On peut assimiler cette rationalité à l'efficacité et au calcul) tendent à remplacer les rationalités affectives et traditionnelles; vL'émergence de nouvelles valeurs : passage d'un système de valeurs matérialistes à un système de valeurs post-matérialistes. Chapitre II : Modèles et théorie de développement Après 1945, l'idée s'est répandue que la croissance n'était pas seulement "quelque chose qui arrivait ou qui n'arrivait pas, mais aussi quelque chose à planifier et à promouvoir" (Reynolds). Section I : Les modèles de développement : des classiques aux keynésiens Les modèles de développement ont pour objectif de démontrer la mécanique de la croissance et d'expliquer comment une économie se développe. Smith, c'est la division du travail, dans le cadre des industries, qui est à l'origine de la croissance, grâce à la hausse de la production. Ricardo et S. Mill pensaient que l'économie tendait vers un état stationnaire (où les profits et donc les investissements seraient réduits à zéro) du fait de la rareté de la terre et de l'augmentation des prix des denrées agricoles. Marx: l'accumulation du capital a pour conséquence une baisse tendancielle du taux de profit L'interruption de l'accumulation Fin du capitalisme I – un modèle dualiste: Le développement avec une offre illimitée de main d'œuvre (A. Lewis 1954) La contribution la plus connue de W. Arthur Lewis à l'économie du développement fut son travail de pionnier sur le transfert de main-d'œuvre d'un secteur capitaliste traditionnel à un secteur moderne disposant d'une offre illimitée de main-d'œuvre. Son article, « Development with Unlimited Supplies of Labour (1954) », examine les mécanismes de transfert du surplus de main-d'œuvre du secteur traditionnel à un secteur capitaliste moderne disposant d'une main- d'œuvre illimitée. Ce modèle re-situe le mécanisme de la croissance dans une économie traditionnelle. n Dans ce modèle, les salaires dans le secteur capitaliste moderne ne sont pas déterminés par la productivité de la main-d'œuvre, mais par ses coûts d'opportunité. Un environnement de travail non capitaliste « traditionnel » - ouvriers agricoles, artisans et personnel domestique - auquel s'ajoutent la croissance démographique et l'entrée des femmes sur le marché du travail, offre au secteur capitaliste une « main-d'œuvre illimitée » à des salaires de subsistance. n Avec la croissance du secteur, l'emploi et la production se développent et la part des profits (l'épargne) dans le revenu national augmente. n Finalement, quand le surplus de main-d'œuvre est épuisé, les salaires augmentent. n À ce stade, l'économie franchit une limite, passant d'une économie duale à une économie intégrée, et plus la productivité augmente, plus les salaires augmentent, conformément aux modèles de croissance classiques. 1- Lewis part tout d'abord du principe classique d'accumulation selon lequel les profits sont à l'origine de l'épargne, de l'investissements et donc de la croissance. le développement ne peut survenir que si la répartition des revenus se modifie en faveur des capitalistes. 2- Ensuite, Lewis considère une économie à deux secteurs: le secteur capitaliste et le secteur de subsistance où La productivité des travailleurs et très faible, comme les revenus. 3- l'économie dispose d'un excédent de main d'œuvre. Cette abondance de main d'œuvre non qualifiée explique l'expression "offre illimitée de main d'œuvre" Le secteur moderne trouve dans le secteur de subsistance des réserves de travailleurs sans avoir à augmenter le salaire qui reste fixe. "l'offre de travail est illimitée aussi longtemps que, pour un salaire donnée, elle excède la demande de travail." Lewis 4- Le développement, dans une économie dualiste, consiste dans la réduction progressive du secteur traditionnel et le renforcement du secteur moderne. L'embauche va d'abord durer tant que la productivité marginale des travailleurs est supérieure au salaire. Le profit réalisé va être investi par les capitalistes. Entamer une nouvelle phase d'embauche, jusqu'à l'égalisation salaire – productivité marginale, et ainsi de suite… A la fin du processus toute la main d'œuvre en excédent sera absorbée par le secteur capitaliste. Le modèle met l'accent sur la part croissante des profits dans le revenu national, liée à la progression du secteur capitaliste. Le taux d'investissement va s'élever pour permettre une croissance rapide. II– Une représentation néoclassique: la courbe de possibilité de production La croissance économique est liée au respect des forces du marché et des initiatives individuelles, à l'ouverture au commerce extérieur et aux investissements étrangers, et enfin au maintien de la stabilité politique et sociale. La courbe de possibilité de production A La somme des biens et services que l’on peut produire est limitée 1. par la M1 rareté des ressources 2. par la P1 technologie disponible pour transformer les ressources en produits. La courbe des possibilité de production (CPP) permet de décrire ces limites : elle trace la frontière entre les combinaisons de biens et services qu’il est possible de produire et celles P M B qui sont irréalisables. Le schéma illustre le choix entre bien de production et bien de consommation: la société qui investira le plus et donc sacrifiera la consommation présente, pourra accroître ses capacités de consommation future. n L’efficience dans la production On atteint l’efficience dans la production lorsqu’il n’est plus possible d’augmenter la production d’un bien ou service sans diminuer celle d’un autre bien et service. n L’efficience dans la production ne peut être atteinte qu’aux points situés sur la courbe des possibilité de production. n Un point à l’intérieur : inefficaces, ressources gaspillées ou mal affectées. Problème La plupart des PVD se situent en deçà de leur courbe de production maximum, avec des ressources inemployées et leur problème n'était pas celui du choix entre deux points de la courbe, mais bien de progresser vers cette courbe. Suggestion de Bruton Remplacer la courbe par un labyrinthe des possibilités de production; les mures de labyrinthe représentent tous les obstacles à la croissance dans les PVD: immobilité de la main d'œuvre, absence d'entrepreneurs, crainte du risque, rigidité des prix, instabilité des prix…etc. Y E D A B C X Pour progresser à travers ces barrières, la société avance de façon discontinu, en essayant une route puis l'autre, en se trompant et en revenant en arrière, ce qui explique toutes les difficultés des PVD et l'absence de croissance régulière. conclusion Le problème de développement est donc, plus qu'un problème d'accroissement de production, celui du cheminement à travers toute une série d'obstacle, de nature plutôt sociologique qu'économique. III- Un modèle de croissance néo keynésien: Taux d'épargne et coefficient de capital Les modèles néo keynésiens mettent l'épargne et l'investissement au centre du processus de croissance économique. Le plus utilisé en économie de développement est le modèle de Harrod – Domar, qui peut se résumer par la formule gc=s où: g : taux de croissance ∆Y/Y s : taux d'épargne S/Y c : coefficient marginal du capital I/∆Y on voit que ∆Y/Y * I/∆Y = S/Y puisque l'équilibre macroéconomique se caractérise par I=S. La croissance économique sera d'autant plus forte que le taux d'épargne sera élevé et le coefficient du capital faible. n Les PVD se caractérisent justement par une insuffisance des équipements, infrastructures, biens de production de toute sorte, , qui explique leur sous développement et l'existence d'un chômage structurel. Critiques Il semble plus adapter pour les pays industriels où la croissance est un phénomène ancien, que pour les pays à économie traditionnelle où le problème est plutôt le démarrage, l'initiative d'un processus de croissance régulière. Même dans les pays développés, les études empiriques (Denison, Malinvaud) ont montré que les facteurs non expliqués, ou résiduels (esprit d'entreprise, progrès des connaissances, environnement politique et social, etc.) avaient une grande part dans les sources de la croissance, et que le capital n'en expliquait qu'une partie réduite (de 20 à 25%). Conclusion L'investissement et l'accumulation du capital sont plutôt une condition nécessaire de la croissance et du développement, mais ils sont loin d'en être une condition suffisante, comme une application trop rapide du modèle pourrait le laisser croire. Section II: Les stratégies de développement n L'opposition entre les tenants de la croissance équilibrée et ceux de la croissance déséquilibrée occupe toujours une bonne place dans la littérature économique. Il faut choisir dans quelles branches de l’industrie investir. Deux thèses s’opposent sur le sujet: Ragnar Nurske et Paul À l’inverse, Albert Hirschman et Rosenstein-Rodan considèrent François Perroux font pour leur part la qu’il faut développer une promotion de la croissance croissance équilibrée, c’est-à- déséquilibrée : il faut concentrer les dire répartir les investissements dans les secteurs investissements dans toutes moteurs de l’économie (les «pôles de les branches industrielles afin croissance » de Perroux) afin de d’assurer simultanément une susciter une croissance généralisée par offre et une demande pour la suite à travers des effets éviter tout déséquilibre. Ils d’entraînement et de liaison. Il ne faut s’appuient sur la loi des donc pas gaspiller le capital dans des débouchés de Say. branches qui n’auront pas de retombées positives sur toute l’économie. I- La théorie de la croissance équilibrée Les principaux auteurs défendant cette stratégie (Nurkse, Rosenstein-Rodan) mettent en relief les aspects suivants: 1- Le rôle des infrastructures économiques et sociales (IES) : qui doivent précéder le lancement d'investissements directement productifs, ou au moins être simultanés. 2- La grande poussée (big push): pour que les infrastructures soient utiles il faudra un développement consécutif d'industries diverses, sinon elles seront sous employées. des économies externes : Il s'agit de gains ou de services dont profite une entreprise du fait d'un facteur extérieur. une réduction générale des coûts et une hausse des profits, favorable à la croissance. Critiques de la théorie de la croissance équilibrée: Les libéraux 1 contestent ses aspects interventionnistes et ses tendances protectionnistes. Certains auteurs critiques les aspects 2 industrialistes tendant à renforcer Une autre critique porte sur le dualisme. le risque de dilution des investissements sur un grand 3 nombre de petits projets non viables, inférieurs à la taille optimale et empêchant la réalisation d'économie d'échelle. Nurkse répond à cette objection: "Le principe de la croissance équilibrée a été interprété trop littéralement. Produire un peu de tout n'est pas la clé du progrès. Il s'agit plutôt d'établir un réseau d'investissement se soutenant mutuellement, portant sur diverses industries, et assez étendu pour dépasser l'impossibilité d'une avance isolée." 4 Le dernier argument concerne le manque de réalisme d'un projet assez vaste. Hirschman: un pays qui aurait assez de ressources financières pour mener un programme de croissance équilibrée, ne pourrait être qu'un pays développé! Nurkse admet cette objection puisque il reconnaît que sa présentation de la croissance équilibrée est "un exercice de développement économique avec des ressources illimitées de capital!" II- La théorie de la croissance déséquilibrée: n Hirschman: «Notre objectif est d’éveiller, plutôt que d’éliminer, les déséquilibres… si l’économie doit être maintenue en mouvement, la tâche de la politique économique est de conserver les tentions, les disproportions et les déséquilibres.» n Hirschman: c’est un état de déséquilibre qui met en marche les forces de changements, l’économie progresse de déséquilibres en déséquilibres. Les IES ne doivent pas nécessairement précéder les ADP (Activités Directement Productives). Le démarrage de ces dernières va provoquer des goulets d’étranglement qui vont entraîner la nécessité d’investissement en IES pour les desserrer. Hirschman développe également le concept de liaison entre industries : Ø liaisons aval, lorsqu’une industrie entraîne la création de nouvelles industries qui utilisent sa production ; Ø liaisons en amont, lorsque le développement d’une activité provoque des investissements dans les industries qui la fournissent. Enfin Hirschman aborde la question du choix des industries à mettre en place en premier lieu dans les PVD. Différents auteurs ont présenté des critères pouvant servir de guide pour l’établissement de ces séquences d’industries : Ø Le seuil de production optimale, qui doit être assez bas pour un pays où l’industrie n’est pas développée; Ø Le fait de disposer d’avantages comparatifs évidents (tourisme) ; Ø Le niveau technologique, qui doit être adapté aux capacités techniques pour éviter des technologies coûteuses qui ne permettront d’équiper qu’une partie de la force de travail. n La théorie de la croissance déséquilibrée semble mieux correspondre à la réalité des pays pauvres, pour les quels la croissance va se traduire nécessairement par une suite de déséquilibres. Hirschman a introduit aussi le concept de croissance déséquilibrée conflictuelle illustré par la figure suivante : Dans le processus de croissance conflictuelle, les progrès sont plus lents, car le déplacement vers le nord-est du graphique se fait au prix de reculs successifs pour l’un des deux produits ou secteurs Conclusion: En définitive l’opposition entre croissance équilibrée et croissance déséquilibrée est moins brutale qu’il n’y parait. L’une ou l’autre de ces stratégies semble plus adaptée selon les cas et les pays. croissance croissance équilibrée déséquilibrée une économie déjà Une économie largement diversifiée ouverte sur l’extérieur et acceptant la spécialisation internationale