Psychologie cognitive Licence 3 Cours magistral PDF
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Université Félix Houphouët-Boigny
2024
Pr. Ossei KOUAKOU
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Summary
This document is part of a course on cognitive psychology for undergraduate students. It provides a brief introduction to the topic of problem solving, differentiating between well-defined and ill-defined problems.
Full Transcript
Université FHB/Département de psychologie/UP Psychologie cognitive/ Pr. Ossei KOUAKOU/ 2024-2025 Psychologie cognitive Licence 3 Cours magistral Enseigant-Chercheur : Pr. Ossei KOUAKOU, Maitre de Conférences Introduction La psychologi...
Université FHB/Département de psychologie/UP Psychologie cognitive/ Pr. Ossei KOUAKOU/ 2024-2025 Psychologie cognitive Licence 3 Cours magistral Enseigant-Chercheur : Pr. Ossei KOUAKOU, Maitre de Conférences Introduction La psychologie cognitive ambitionne d’expliciter le fonctionnement cognitif à travers l’étude des grandes fonctions psychologiques comme : la mémoire, le langage, l’intelligence, la perception, l’attention, le raisonnement, la résolution de problèmes… Pour atteindre cet objectif, elle utilise diverses méthodes ou approches qui sont spécifiques. Dans le cadre de cet enseignement, nous allons mettre l’accent sur la résolution de problèmes. Pour ce faire nous proposons le plan suivant : A/ différents types de problèmes, B/ Résolution de problèmes et C/ Effets expérimentaux dans la résolution de problèmes. A/ DIFFERENTS TYPES DE PROBLEMES Définition : Un problème est une situation dans laquelle nous cherchons à atteindre un but en utilisant différents moyens ou méthodes. Par exemple, nous résolvons des problèmes lorsque nous voulons trouver la route pour aller d’un endroit à un autre, pour résoudre une équation mathématique, pour écrire (ou lire et comprendre) un beau poème ou pour résoudre un conflit avec des amis. L’on peut distinguer les problèmes de deux façons : Première distinction : problèmes bien/mal définis. Un problème bien défini est un problème pour lequel la solution est claire et les critères de succès sont précis et objectivement évaluables. Par exemple, un problème de mathématique comme 6 x 8 a une solution claire (48). Un problème mal défini n’a pas de solution ou critère d’arrêt) claire. Par exemple un peintre peut considérer un tableau comme non achevé. Deuxième distinction : problème d’induction de structure/de transformation/ configuration. Les problèmes d’induction de structure requièrent de trouver des points communs entre les différents éléments d’un problème. Exemple, le chien est à la niche ce que le poisson est à : garage, corbeille, aquarium, panier Les problèmes de transformation consistent à faire subir aux éléments du problème des transformations aboutissant à une solution nouvelle. Exemple, on a un état initial de disque bien rangé des plus grands aux plus petits. Le sujet est invité à obtenir un état final en déplaçant les disques suivant le même principe. Enfin, les problèmes de configuration consistent à faire des arrangements entre les 1 Université FHB/Département de psychologie/UP Psychologie cognitive/ Pr. Ossei KOUAKOU/ 2024-2025 éléments du problème. Exemple : quel mot peut-on former avec la suite des lettres suivantes ? ERAIROM. B/ RESOLUTION DE PROBLEMES 1/ Approches de résolution Il existe deux approches dans l’étude de la résolution de problèmes : l’approche gestaltiste et l’approche traitement de l’information ou approche cognitiviste APPROCHE GESTALTISTE APPROCHE TRAITEMENT DE L’INFORMATION Préparation Représentation Incubation Recherche/Sélection Illumination Application Vérification Evaluation ❖ Selon l’approche gestaltiste, la résolution de problèmes se fait par une suite d’étapes : Préparation, incubation, illumination et vérification Préparation : elle consiste à encoder les données du problème ; l’incubation consiste à tenter différentes méthodes pour trouver la solution ; l’illumination caractérise la découverte soudaine de la solution et la vérification permet de s’assurer que la solution trouvée est satisfaisante. La découverte soudaine de la solution, après incubation, est le processus clé de résolution selon l’approche gestaltiste. NB : Pour les gestaltistes, la solution ne peut pas venir de la répétition des essais-erreurs, mais d’un changement soudain de point de vue. Cette découverte brusque d’une organisation (Insight) permettant de comprendre la situation et donc de la résoudre ne dépend pas des tâtonnements préalables et peut survenir d’un seul coup. Une expérience menée par Koehler (1927) au sujet de l’intelligence des singes supérieurs permet d’illustrer cette approche. Koehler a enfermé un chimpanzé dans une cage et posé une banane sur le sol à l’extérieur de la cage de telle sorte que le singe ne puisse pas l’atteindre. Un bâton est également déposé dans la cage. Le singe va d’abord tenter de s’emparer de la banane avec ses bras. N’y arrivant pas, il renonce et va s’assoir dans la cage. Tout à coup, il se lève, se 2 Université FHB/Département de psychologie/UP Psychologie cognitive/ Pr. Ossei KOUAKOU/ 2024-2025 saisit du bâton et va l’utiliser pour déplacer la banane vers la cage afin de s’en saisir. ❖ Selon l’approche traitement de l’information, la résolution de problèmes se fait également par suite d’étapes : la représentation, la recherche et sélection, l’application et l’évaluation. La représentation du problème permet d’encoder les données du problème en MDT et de s’en faire une représentation (ou image) précise et détaillée ; la recherche et sélection d’un opérateur consiste à passer en revue l’ensemble des méthodes possibles de résolution et à en adopter une ; l’application de l’opérateur sélectionné consiste à appliquer ou exécuter l’opérateur sélectionné (ou méthode) pour transformer les données encodées à la première étape, et l’évaluation de l’état du problème permet de déterminer si le nouvel état du problème est l’état final ou un état intermédiaire. La découverte progressive de la solution, ce qui n’exclut pas une illumination soudaine, caractérise l’approche traitement de l’information. NB : Dans cette approche, l’être humain est conçu comme un système de traitement de l’information (Newell & Simon, 1972). Les processus de pensée peuvent alors être formalisés par un programme informatique. Dans cette perspective la résolution de problème est conceptualisée comme un processus d’exploration à l’intérieur d’un espace de recherche. Celui-ci formalise les différents états possibles du problème. Il peut être représenté par un graphique où chaque nœud représente un état possible et chaque lien une action possible. Résoudre le problème revient alors à trouver son chemin dans cet espace de recherche de l’état initial à l’état but. Le problème de la Tour d’Hanoï illustre bien cette approche. Dans ce problème, des disques de tailles différentes sont empilés (du plus grand au plus petit) sur une tige parmi trois fixées sur un support et alignées de gauche à droite. Les disques forment une tour. La tâche consiste à déplacer cette tour sur une autre tige. Cependant, on ne peut déplacer qu’un disque à la fois. Si plusieurs disques sont sur la même tige, on ne peut déplacer que le plus petit. Et on ne peut pas poser un disque sur un plus petit. L’état initial est représenté en haut du graphe (Figure, position 1) ; l’état but en bas à droite (position 27). Le chemin qui relie directement ces états (branche de droite) correspond à la solution la plus rapide pour résoudre le problème. 3 Université FHB/Département de psychologie/UP Psychologie cognitive/ Pr. Ossei KOUAKOU/ 2024-2025 Exemple : Tour d’Hanoï → Limites Bien que l’approche gestaltiste ait posé les fondations du domaine, les propositions théoriques relatives aux mécanismes sont trop vagues (exemple ; par quels mécanismes se fait la préparation ? Que se passe-t-il dans le système cognitif pendant l’incubation ?). L’approche traitement de l’information s’inscrit dans le prolongement de l’approche gestaltiste, mais est plus précise. Elle a fourni des mécanismes précis (parfois implémentés dans des simulations). Par exemple, Anderson (1981) a proposé que l’incubation caractérise l’état mental où des structures cognitives de connaissance inappropriées devenaient de moins en moins activées, ce qui permettait l’activation d’informations. 2/ Résolution de problème et problèmes de résolution Le raisonnement syllogistique et inductif est la base de l'activité scientifique, mais l’homme ne raisonne pas forcément avec logique. La logique humaine présente en effet quelques écueils typiques de la condition humaine, sans nécessairement qu'il y ait de lien avec la résolution logico-mathématique de problèmes... Pour exemple, Chapman et Chapman proposent l'expérience suivante : si l'on a les propositions "Tous les A sont B", et "Tous les C sont B", que doit-on conclure? Tous les A sont C? Certains A sont C, Tous les C sont A? Aucun A n'est C? 4 Université FHB/Département de psychologie/UP Psychologie cognitive/ Pr. Ossei KOUAKOU/ 2024-2025 Dans la logique inductive, plusieurs résultats peuvent se présenter pour un même ensemble de prémisses (données). Ainsi, "Tous les A sont B", et "Tous les C sont B", pourrait signifier que A et C sont identiques, ou totalement différents, ou encore, que certains A sont C, ou tous les C sont A... Il existe plusieurs interprétations possibles et l'on ne peut rien déduire de ces propositions. Les sujets auxquels on a posé la question, auraient du répondre qu'il n'y a aucune bonne réponse. Or les sujets ont tendance à répondre "vrai" à la première réponse qu'ils estiment juste. On peut aussi remarquer que la réponse dépend grandement de la formulation de la question, ce que l'on appelle biais d'atmosphère. Le sujet choisi des stratégies extra-logiques lorsque la logique pure lui fait défaut - alors qu'il n'y a aucune nécessité de trouver une conclusion ! NB : En effet, nous sommes souvent victimes des biais cognitifs qui altèrent notre raisonnement ou décision. Il y a biais cognitif lorsque certains facteurs influencent de façon erronée notre raisonnement. Généralement, le sujet qui en est victime est inconscient de cet état de fait. Ce sont les autres qui perçoivent cela. Exemples : biais de confirmation, c’est la tendance à ne retenir que les informations qui confirment nos croyances. Biais de croyance, la tendance à juger la logique d’un argument en fonction de la croyance en la vérité ou en la fausseté de sa conclusion. Par ce biais, une erreur de logique peut être ignorée quand la conclusion semble correspondre aux croyances de départ. Le biais de la représentativité : consiste à ne pas prendre en compte tous les cas possibles face à un problème à résoudre. Ce biais bien illustré dans l’exemple qui suit. Description d'un problème et problèmes de résolution ! Lors de la résolution d'un problème, on ne passe pas toujours de l'état initial directement à l'état final, on peut passer par des occurrences, des opérateurs légaux, surtout lorsque le problème nécessite des étapes de résolutions. Or, l'homme a tendance à couvrir des étapes sans forcément se représenter l'ensemble du problème. Cette tendance peut même avoir de très fâcheuses conséquences : Au moment de l'atterrissage, un pilote d'avion constate que le voyant commandant la sortie des trains d'atterrissage ne s'est pas allumé. Le problème, c'est que pour atterrir, les trains devraient être sortis. Il appelle donc la tour de contrôle pour que ceux-ci tente de détecter visuellement si les trains sont effectivement sortis ou non. L'avion tourne au dessus de l'aéroport, personne n'arrive à voir si les trains sont sortis. Faute d'essence, l'avion finit par 5 Université FHB/Département de psychologie/UP Psychologie cognitive/ Pr. Ossei KOUAKOU/ 2024-2025 s'écraser... Le problème était le suivant : étape 1, sortir les trains. étape 2, atterrir. Or, le but de la résolution du problème (d'ensemble) est d'atterrir : même si l'étape 1 n'était pas remplie, et le pilote aurait dû tenter l'atterrissage, même sans savoir si les trains étaient sortis. Pilote et tour de contrôle se sont focalisés sur la résolution de la première étape sans voir l'ensemble du problème. Ironie du sort, lors de ce fait réel, ce n'était que le voyant qui était grillé, les trains atterrissage étaient bel et bien sortis. Un problème comporte en tant que tel un espace de la tâche : c'est l'ensemble des opérateurs légaux possibles, en fait tous les états possibles respectant les règles formulées, notamment ceux que l'on trouve entre les états initial et final. Autrement dit, ce sont toutes les possibilités offertes par un problème, parmi lesquelles, on trouve les solutions de ce problème (s'il en a). C'est aussi, théoriquement, ce que l'homme devrait prendre en compte, comme espace potentiel de résolution. Or, l'homme a tendance naturellement à limiter cet espace de la tâche, à l'espace subjectif du problème : c'est l'espace de la tâche tel que nous nous le représentons, tel que nous l'interprétons, avec des règles que l'on se rajoute inconsciemment. 3/ Méthodes d’étude des stratégies de résolution de problèmes Afin d’expliquer par quels processus les participants résolvent des problèmes, les psychologues utilisent plusieurs méthodes. Ils utilisent les méthodes chronométriques (le temps mis entre le stimule et le déclenchement de la réponse), leur permettant d’évaluer l’effet de certains facteurs sur les temps de résolution et les taux d’erreurs et d’analyser ces effets pour inférer les processus mis en œuvre. Ils recueillent également les protocoles verbaux. Lorsque les participants résolvent des problèmes, ils sont invités à dire tout ce qui leur vient à l’esprit (protocoles verbaux immédiats) pendant la résolution. Le chercheur peut aussi les interroger après la résolution du problème (protocoles verbaux différés), notamment lorsqu’il craint que les protocoles verbaux immédiats interfèrent avec les processus de résolution. Les protocoles verbaux représentent une source de données importantes pour comprendre les processus (les verbalisations ne constituent pas les processus), sous certaines conditions décrites notamment par Ericsson et Simon (1980). Ces conditions sont les suivantes : - Les verbalisations peuvent être recueillies au cours de tâches réalisées suffisamment lentement pour pouvoir donner lieu à un symbole en MDT, mais pas trop lentement pour que ce symbole ne soit pas oublié (ce qui 6 Université FHB/Département de psychologie/UP Psychologie cognitive/ Pr. Ossei KOUAKOU/ 2024-2025 entrainerait le sujet à donner des verbalisations non valides ou sans rapport avec le contenu de la MDT au moment de la résolution). - Afin d’éviter les protocoles verbaux inexploitables (ex. je ne sais pas, je ne pense à rien), l’expérimentateur peut aider le participant en lui fournissant des questions indices (l’aidant à retrouver ce à quoi il pensait pendant la réalisation d’une tâche) ou lui faire voir la vidéo enregistrée pendant la réalisation de la tâche et permettre au participant de retrouver ce à quoi il pensait à ce moment là. - Afin d’éviter les interférences entre les processus et les verbalisations, pour les tâches où il n’est pas encore été établi que les verbalisations n’interfèrent pas avec le cours naturel de la résolution de problèmes, il est possible de comparer les performances d’un groupe sans verbalisation. L’équivalence des résultats suggère l’absence d’interférence. - Afin d’établir la validité des verbalisations (càd si les verbalisations fournissent des indices pertinents des processus), il est parfois nécessaire d’obtenir des donner convergentes (ex. le temps de réaction, taux d’erreurs, mouvements oculaires). Il importe de garder à l’esprit que les verbalisations ne sont pas les processus, mais des données renseignant le psychologue sur les processus mis en œuvre. C’est le psychologue qui en analysant ces verbalisations, découvre les processus. En d’autres termes, les protocoles verbaux sont donnés comme d’autres données permettant au chercheur à faire des inférences sur les processus cognitifs. ✓ Stratégies de résolution de problèmes Les protocoles verbaux ont permis aux psychologues de découvrir que, pour résoudre divers types de problèmes, les sujets utilisent différentes stratégies. Plusieurs distinctions ont été proposées pour caractériser les stratégies mises en œuvre pour résoudre des problèmes. Première distinction : algorithmes versus heuristiques. Utiliser un algorithme pour résoudre un problème, c’est mettre en œuvre une série d’étapes de traitement ou actions systématiques, toujours dans le même ordre. Un algorithme peut être long et fastidieux à mettre en œuvre. Toutefois, si elle est appliquée correctement, la série d’étapes donne nécessairement la solution exacte. Par exemple, lorsque les participants doivent résoudre 739 + 295, ils doivent d’abord ajouter les unités, puis les dizaines, puis les centaines. Une heuristique n’a rien de systématique. C’est un ensemble d’actions ou de règles de décision qui aboutissent à une solution satisfaisante. Une heuristique peut être rapide mais imprécise. Par exemple, dans la résolution d’anagrammes, les participants pourraient avoir à trouver un mot formé par les lettres ERAIROM. 7 Université FHB/Département de psychologie/UP Psychologie cognitive/ Pr. Ossei KOUAKOU/ 2024-2025 Ils peuvent utiliser un algorithme de recherche systématique en essayant toutes les combinaisons possibles (120) de 5 lettres pour trouver un mot de la langue française (ARMOIRE). Ils pourraient également utiliser leurs connaissances implicites de la langue française (ex. la syllabe OI est plus fréquente en français que IO) pour contraindre leur espace de recherche. Exemple le nombre de mot contenu dans un texte. On peut utiliser l’algorithme de comptage systématique, cela donne un résultat exact. On peut aussi utiliser l’heuristique d’estimation qui va nous donner un résultat approximatif, imprécis. Deuxième distinction : stratégies (ou méthodes) fortes versus stratégies (ou méthodes) faibles. Il existe deux types de stratégies, des stratégies dites « fortes » et des stratégies dites « faibles ». Les stratégies fortes sont des stratégies générales. Elles concernent plusieurs domaines et peuvent être mises en œuvre dans plusieurs tâches différentes. Les stratégies faibles sont limitées à un domaine particulier et ne peuvent être mises en œuvre dans des tâches ou domaines différents. Par exemple, la stratégie du comptage de un en un (8+4 = 8+1+1+1+1) est une stratégie faible, car elle ne peut être utilisée dans un autre domaine, ni dans le même domaine sur une autre opération arithmétique. La stratégie de recherche en arrière ou à rebours (càd, partir de la situation finale pour remonter, par étapes, à la situation de départ) est une stratégie forte, car elle peut être utilisée dans plusieurs domaines, comme dans la résolution d’une équation mathématique ou dans le problème du labyrinthe. Une autre stratégie forte beaucoup utilisée en psychologie cognitive est l’analogie consistant à rechercher les similitudes entre un problème à résoudre et un problème déjà résolu dans le passé. Certains problèmes peuvent être résolus en mettant simultanément en œuvre à la fois des méthodes faibles et des méthodes fortes. Lorsque les médecins établissent un diagnostic non seulement à partir de leurs connaissances en médecine mais aussi à partir des cas rencontrés dans leur pratique, ils mettent en œuvre simultanément des stratégies fortes et faibles. C/ EFFETS EXPERIMENTAUX DANS LA RESOLUTION DE PROBLEMES Comme dans les autres domaines de la cognition, afin de comprendre par quels mécanismes nous résolvons des problèmes, les psychologues ont conduit des expériences dans lesquelles ils ont testé l’effet de différents facteurs sur les performances. Plusieurs effets empiriques apparaissent robustes en résolution de problèmes. Il s’agit des effets d’incubation, d’insight, de représentation, de structure des problèmes. 8 Université FHB/Département de psychologie/UP Psychologie cognitive/ Pr. Ossei KOUAKOU/ 2024-2025 Effet d’incubation : Il consiste à observer que si, au cours de la recherche de la solution d’un problème, les sujets mettent de côté le problème et font autre chose, lorsqu’ils se remettent à résoudre le problème, la solution est plus aisément et rapidement trouvée. Dans l’étude de Fulgosi et Guilford (1968), par exemple, les participants devaient imaginer les conséquences d’un événement inhabituel, comme la fermeture des pompes à essence. Ils avaient soit 10minutes, soit 20 minutes de pause au milieu de la résolution. Les participants ayant 20 minutes ont fourni plus de conséquences que les autres participants, comme si les 20 minutes de pause les avaient aidés à explorer des espaces problèmes plus élargis. Effet d’insight Il consiste à observer, après une pause, l’apparition soudaine de la solution à un problème, cherchée en vain pendant un certain temps. La première démonstration empirique fut apportée par Katona en 1940. Il a donné aux participants de deux groupes le problème des allumettes à résoudre (les sujets doivent constituer 4 carrés à partir de 5 en déplaçant trois allumettes). Le premier groupe de participants voyait la solution plusieurs fois, tandis que le deuxième voyait des indices les aidant à trouver la solution. Lors de la résolution de problèmes nouveaux, soit immédiatement, soit après un certain délai, les participants recevant des indices ont obtenu de meilleures performances. Les indices les ont aidés à mieux comprendre (càd, avoir un insight sur) le problème à résoudre. Effet de la représentation Il consiste à observer que, si les participants se font une représentation adéquate du problème, leur taux de réussite augmente. L’ une des démonstrations empiriques a été rapportée par Kaplan et Simon (1990) avec le problème de l’échiquier mutilé. Les participants voyaient un échiquier de 64 cases pouvant être recouvertes par 32 dominos, chacun couvrant deux cases adjacentes. Les participants devaient dire si, en retirant les cases en haut et en bas à droite d’un échiquier, l’échiquier pouvait être recouvert par 31 dominos. Lorsque les performances des participants étaient comparées dans une condition où ils voyaient l’échiquier standard (cases blanches et noires) et un échiquier aménagé (échiquier pain-beurre), leurs performances étaient nettement meilleures dans la dernière. Celui-ci (l’échiquier aménagé) les a aidés à se construire une meilleure représentation et a donc facilité la résolution. Effet de structure des problèmes 9 Université FHB/Département de psychologie/UP Psychologie cognitive/ Pr. Ossei KOUAKOU/ 2024-2025 La structure des problèmes, définie comme le type d’éléments (ou son nombre) constituant le problème et leur arrangement, affecte les performances des participants. Par exemple, toutes les recherches étudiant la résolution de problèmes arithmétiques trouvent que les participants mettent plus de temps (et font plus d’erreurs) sur les problèmes simples de multiplications avec des grands opérandes (8 X 7 = ? ) qu’avec des petits opérandes (3X4= ?) ou sur des problèmes à deux opérandes versus à trois opérandes (8X7 vs 5X4X7). Ceci survient car soit plus d’opérations mentales sont impliquées (comme dans le cas des problèmes à trois chiffres vs deux chiffres), soit les mêmes opérations mentales sont plus difficiles à mettre en œuvre avec certains problèmes (comme dans le cas des multiplications avec grands vs petits opérandes). ✓ Les obstacles à la résolution de problèmes Certains facteurs facilitent la résolution de problèmes, comme la structure ou les représentations du problème. Ces mêmes facteurs peuvent aussi parfois perturber la recherche de la solution. Ceci peut être illustré par les effets de fixité fonctionnelle ou les effets de d’Einstellung. - Les effets de fixité fonctionnelle surviennent lorsque les éléments d’un problème doivent servir à une autre fonction que leur fonction habituelle. Dans le problème de deux cordes, Maier (1940) a donné à ses sujets deux cordes attachées au plafond et trop éloignées l’une de l’autre pour pouvoir les attacher ensemble. Les sujets avaient aussi une chaise et une paire de pinces. Il leur était demandé d’attacher les deux cordes, n’ayant pas à l’esprit d’utiliser la chaise et la pince autrement que leur fonction première (s’asseoir et visser). Pourtant tous les participants ont reconnu aisément la solution lorsqu’il leur a été suggéré de monter sur la chaise, d’attacher la pince à une corde, de la balancer jusqu’à pouvoir la saisir et l’attacher à l’autre corde. - Les effets, d’Einstellung consiste à utiliser une méthode qui a marché pour les problèmes similaires mais qui est inappropriée pour de nouveaux problèmes. Dans un problème de jarres Luchhins (1942), par exemple, les participants apprennent que chacune des trois jarres a une contenance particulière. La jarre A contient 8 gobelets d’eau, la jarre B 4 et la jarre C3. Ils doivent trouver une combinaison de jarres de sorte à obtenir par exemple 17 gobelets d’eau, ce qui est possible en prenant 2 jarres A + 1 jarre B-1jarre C(soit 2A+1B-1C). Si l’on donne plusieurs problèmes qui peuvent être résolus par la méthode 2A+1B-1C et que le problème suivant ne peut être résolu que par une autre combinaison, les sujets auront plus de mal sur ce problème que s’ils n’avaient pas résolu plusieurs problèmes avec la méthode 2A+1B-1C ; En effet, ils sont tentés d’utiliser la même 10 Université FHB/Département de psychologie/UP Psychologie cognitive/ Pr. Ossei KOUAKOU/ 2024-2025 méthode, même si elle est inappropriée. Il leur faut faire un effort pour s’apercevoir qu’une autre méthode est nécessaire. La fixité fonctionnelle renvoie à une difficulté à se construire une représentation adéquate du problème, tandis que l’effet d’Einstellung s’explique par une difficulté à sélectionner le bon opérateur. Conclusion Le champ de la psychologie cognitive est vaste même s’il est réduit à l’analyse des processus mentaux. Tous les phénomènes qui concernent l’activité mentale de l’homme sont une préoccupation pour cette discipline. Elle occupe donc une place de choix dans le vaste domaine de la psychologie. Bibliographie Dupuis, JP. (1994). Origines des sciences cognitives. Paris : Editions La découverte. Ferrand, L. (2001). Cognition et lecture. Processus de base de la reconnaissance des mots écrits chez l’adulte. Bruxelles : De Boeck Université. Fortin, C. & Rousseau, R. (1989). Psychologie cognitive : une approche de traitement de l’information. Montréal : Presses Universitaires du Québec. Lemaire, P. (2006). Abrégé de psychologie cognitive. Paris : De Boeck. Sternberg, R.J. (2007). Manuel de psychologie cognitive. Paris : De Boeck. 11 Université FHB/Département de psychologie/UP Psychologie cognitive/ Pr. Ossei KOUAKOU/ 2024-2025 Figure 10 : Le problème de l’échiquier tronqué Figure 11 : Le problème du bal 12 Université FHB/Département de psychologie/UP Psychologie cognitive/ Pr. Ossei KOUAKOU/ 2024-2025 Figure 12 : Le problème du dîner. 13