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This document is a set of notes on the methodology of philosophy dissertations, specifically for Côte d’Ivoire high school students in their final year. It covers topics like understanding the prompt, problematization, and the structure of an essay.

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Niveau: TERMINALE toutes séries CÔTE D’IVOIRE – ÉCOLE Discipline : PHILOSOPHIE NUMÉRIQUE COMPÉTENCE I : TRAITER UNE SITUATION RELATIVE A LA REDACTION DE LA DISSERTATION ET DU COMMENTAIRE DE TEXTE PHILOSOPHIQUE TH...

Niveau: TERMINALE toutes séries CÔTE D’IVOIRE – ÉCOLE Discipline : PHILOSOPHIE NUMÉRIQUE COMPÉTENCE I : TRAITER UNE SITUATION RELATIVE A LA REDACTION DE LA DISSERTATION ET DU COMMENTAIRE DE TEXTE PHILOSOPHIQUE THÈME : LA MÉTHODOLOGIE LEÇON 1 : LA DISSERTATION PHILOSOPHIQUE Situation d’apprentissage C’est la rentrée des classes. Le professeur de philosophie de la Tle A2 du Collège ANADOR d’Abobo présente à ses élèves les bonnes copies de dissertation philosophique du Baccalauréat Blanc de l’année précédente. Pour réussir cet exercice, les élèves cherchent à construire une introduction, produire une argumentation et rédiger une conclusion. PRÉSENTATION La dissertation philosophique est un exercice écrit portant sur un sujet, à partir duquel on ressort le problème central en vue de son analyse. Cette analyse doit se faire à travers une argumentation cohérente. De ce fait, pour parvenir à la rédaction d’un bon devoir il est nécessaire de bien comprendre le sujet. I- LA COMPREHENSION DU SUJET Cette compréhension passe par la phase préparatoire qui comprend deux étapes. A- L’ETUDE PARCELLAIRE Il s’agit d’identifier les mots ou expressions essentiels (indispensable à la compréhension du sujet), et de les définir selon le contexte. B- LA REFORMULATION DU SUJET La reformulation du sujet consiste à donner la signification d’ensemble du sujet. Reformuler le sujet c’est le réécrire dans le souci de le rendre plus explicite sans en altérer le sens initial. II- LA PROBLEMATISATION DU SUJET La problématisation du sujet comprend le problème et ses aspects. Le problème est la difficulté centrale que soulève le sujet. Il apparait à partir d’une contradiction ou d’un paradoxe situé au cœur du sujet. 1 Les aspects du problème sont les diverses questions que suscite le problème. Ils annoncent les axes du développement. III- REDACTION DE LA DISSERTATION PHILOSOPHIQUE La Dissertation philosophique comprend trois parties : l’Introduction, le Développement et la Conclusion. A- L’INTRODUCTION L’introduction consiste à poser clairement le problème du sujet qui est la difficulté intellectuelle à surmonter. Le problème est précédé par une amorce et s’achève par ses aspects. B- LE DEVELOPPEMENT DE LA DISSERTATION PHILOSOPHIQUE Le développement consiste à résoudre le problème. Cette résolution revient à structurer les axes d’analyses du sujet, à les argumenter en s’appuyant des références et des illustrations. Le passage d’un argument à un autre et d’un axe à un autre doit se faire par des transitions (mots de liaisons, connecteurs logiques…). C- LA CONCLUSION DE LA DISSERTATION PHILOSOPHIQUE La conclusion consiste à répondre de façon claire et précise au problème posé dans l’introduction. Cette réponse est précédée du bilan de la réflexion et peut s’achever par une ouverture. Activité d’application Doit-on condamner le progrès technique ? Consignes 1- Cite les différentes composantes de l’introduction. 2- Rédige une introduction au sujet ci-dessus. CORRIGE 1- - Amorce - Le problème du sujet - Les aspects du problème 2- Exemple d’introduction L’expérience quotidienne nous révèle le progrès vertigineux des sciences et techniques dans presque toutes les sphères de la vie. Et cela semble confirmer l’idée selon laquelle l’avenir appartient à la science et à la technique. Malheureusement, cette évolution de la technoscience s’accompagne souvent d’une réelle menace pour l’humanité entière. Dès lors, doit-on souscrire à l’idée selon laquelle la technique est nuisible ? Dans quelle mesure la puissance technique constitue-t-elle une menace ? N’est-elle pas au contraire un facteur de développement ? 2 SITUATION D’EVALUATION Dans le cadre d’un travail de remédiation sur l’élaboration d’une Dissertation philosophique, les élèves de la classe de TA sont soumis au sujet suivant : « Il faut plaindre celui qui vit en société. » Qu’en pensez-vous ? Dans une production argumentée, donne ton point de vue sur cette question, en précisant chaque étape essentielle du travail préparatoire de l’exercice de la Dissertation philosophique. CORRIGE Travail au brouillon 1ère opération : L’Etude parcellaire Il faut plaindre : Il est nécessaire d’avoir pitié de ; il est impératif d’avoir de la compassion pour. Celui qui vit en société : Celui qui est avec ses semblables dans un espace organisé par des règles ; celui qui est en communauté ; celui qui est avec les autres. 2ème opération : La reformulation du sujet Il est impératif d’avoir de la compassion pour celui qui vit en société. 3ème opération : La formulation du problème à analyser Problème : Faut-il avoir un sentiment de pitié pour celui qui vit en société ? 4ème opération : La formulation des aspects du problème *En quel sens peut-on dire qu’il faut plaindre celui qui vit en société ? *Toutefois ne doit-on pas envier celui qui vit en société ? 5ème opération : La conception du Plan du Devoir 6ème opération : La recherche des arguments par Axe 7ème opération : La recherche des références et/ou des citations philosophiques Axe1 : Il faut plaindre celui qui vit en société. Arg1 : La vie en société est le lieu où la sécurité n’est pas toujours garantie à cause de l’agressivité injustifiée d’autrui et de son hypocrisie. Cf. Jean Paul SARTRE : « L’enfer c’est les autres ». Huis clos. Cf. Thomas HOBBES : « L’homme est un loup pour l’homme ». Léviathan. Arg2 : Le Bonheur de l’homme en société est constamment menacé à cause de ce qu’il doit obéissance stricte aux lois et soumission à l’autorité étatique. Cf. BAKOUNINE : « L’Etat est un immense cimetière où viennent s’enterrer toutes les manifestations de la vie individuelle ». Etatisme et anarchisme. Axe2 : Il faut envier celui qui vit en société. Arg1 : Celui qui mène une existence communautaire profite de la société pour combler ses déficiences naturelles, à travers l’assistance, la coopération, la collaboration des autres. Cf. Roger GARAUDY : « L’enfer, c’est l’absence des autres ». Testament philosophique. Cf. Lucien MALSON : « Les hommes ne sont pas des hommes hors de l’ambiance sociale ». Les enfants sauvages. Arg2 : La société sous la forme moderne, à travers l’Etat et les lois issues de la volonté générale, assure la sécurité, l’épanouissement et la liberté de chaque citoyen. Cf. Baruch SPINOZA : « La fin de l’Etat est donc en réalité la liberté ». Traité théologico- politique. 3 EXERCICES Activité d’application 1 Consignes A partir du sujet suivant : Doit-on condamner le progrès technique ? Accomplis les tâches ci-après : 1- Fais son étude parcellaire 2- Reformule-le 3- Problématise-le CORRIGE 1- Etude parcellaire - Doit-on : A-t-on le droit, est-il normal, faut-il… - condamner : blâmer, rejeter, désapprouver - le progrès techniques : les avancées, les exploits réalisés par la technique. 2-Reformulation du sujet : Faut-il blâmer les avancées réalisées par la technique ? 3-La problématisation du sujet La technique est-elle nuisible ? - Aspect1 : En quoi le progrès technique est-il facteur de développement ? - Aspect2 : Le progrès technique ne suscite-t-il pas des inquiétudes ? Activité d’application 2 Consigne Structure l’analyse du sujet suivant : Doit-on condamner le progrès technique ? Activité d’application 3 Parmi les phrases suivantes, relève celles qui correspondent à la reformulation du sujet : « Doit-on condamner le progrès technique » ? a- L’essor de la technique doit-il susciter la crainte ? b- A-t-on des raisons de se féliciter des prouesses de la technique ? c- Est-il nécessaire de craindre les avancées réalisées par l’ensemble des procédés scientifiques employés dans l’investigation et la transformation de la nature ? 4 SITUATION D’EVALUATION 1 Dans le cadre d’une réflexion sur l’impact des diversités culturelles, les élèves des Terminales A sont soumis au sujet suivant : La pluralité des cultures est-elle un obstacle au rapprochement des peuples ? Dans une production argumentée, donne ton point de vue sur cette question. CORRIGE I- Définition des termes et expressions essentiels La pluralité des cultures : la diversité culturelle, la différence entre les cultures. Etre un obstacle à : Constituer une entrave à, s’opposer à, compromettre. Rapprochement des peuples : l’unité du genre humain, l’égalité entre les hommes. II- Problème à analyser L’égalité entre les hommes est-elle une illusion ? III- Axes d’analyse et références possibles. Axe 1 : La diversité culturelle ne favorise pas l’unité du genre humain. Argument 1 : Les différences culturelles sont sources de conflits entre les hommes. Cf. Claude Lévi-Strauss dans Race et culture : « L’attitude la plus ancienne, et qui repose sans doute sur des fondements psychologiques solides, consiste à répudier purement et simplement les formes culturelles : morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions. » Argument 2 : La multiplicité des cultures engendre l’ethnocentrisme et le complexe de supériorité des peuples dits évolués sur les autres. Cf. HEGEL, La Raison dans l’histoire. Cf. Jules Ferry dans son discours sur l’expansion coloniale devant la chambre des députés le 28 juillet 1885 : « il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures.» Axe 2 : La pluralité culturelle peut être facteur de rapprochement entre les peuples. Argument 1 : L’humanité se définit comme l’ensemble de tous les hommes ou de tous les peuples malgré leurs différences de races ou de cultures. La multiplicité des cultures est la richesse du genre humain. Cf. Auguste COMTE dans Catéchisme positiviste : « Vous devez d’abord définir l’humanité comme l’ensemble des êtres humains, passés, futures et présents ». Argument 2 : Le brassage culturel est source d’enrichissement mutuel et permet à l’humanité de progresser. 5 Cf. Aimé CESAIRE dans Discours sur le colonialisme : « j’admets que mettre les civilisations différentes en contact les unes avec les autres est bien ; que marier des mondes différents est excellent ». Cf. Saint Exupéry, Terre des hommes : « Si tu diffères de moi, loin de me léser, tu m’enrichis ». Argument 3 : Le respect des autres malgré nos différences est une exigence morale. Cf. Emmanuel KANT : « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen ». Fondements de la métaphysique des mœurs. SITUATION D’EVALUATION 2 À la fin de la leçon sur la dissertation philosophique, certains élèves de ta classe expriment des difficultés de compréhension. Tu es invité à les aider avec ce sujet : Sujet : Le travail humanise-t-il ? CORRIGE I- Définition des termes essentiels du sujet Travail : activité consciente de transformation de la nature et de l’homme, activité de production de biens utiles… Humanise : ce qui rend humain, ce qui confère à l’homme de la dignité, de la valeur ; ce qui soustrait l’homme de l’animalité c'est-à-dire qui le met à l’abri des tendances primaires, des penchants animaux II- Problème à analyser * Le travail, activité consciente de production de biens utiles, soustrait-il l’homme à l’animalité ? III- Axes d’analyse et références possibles Axe 1 : Le travail, facteur d’humanisation Argument 1 : Le travail est une activité consciente ; il est donc une spécificité humaine et de ce fait, distingue l’homme de l’animal qui, à proprement parler, ne travaille pas. KARL MARX, Le capital « Le travail est de prime abord, un acte qui se passe entre l’homme et la nature (…) En même temps qu’il agit par ce mouvement sur la nature extérieure et la modifie, il modifie sa propre nature et développe les facultés qui y sommeillent » Argument 2 : Le travail comme activité de transformation de la nature et de production de biens utiles, permet à l’homme de satisfaire ses besoins vitaux et d’être ainsi, à l’abri des vices, expression des tendances animales. VOLTAIRE, Candide « Le travail éloigne de nous, trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin … » Axe 2 : Dans sa forme moderne le travail aliène et déshumanise. Argument 1 : Avec l’avènement du machinisme (utilisation de la machine) et de la division du travail, le travailleur est entièrement sacrifié à la machine, il perd ainsi toute dignité et toute noblesse. 6 Il est aliéné. KARL MARX, Manuscrits de 1844 « Le travail produit l’ouvrier en tant que marchandise… » Argument 2 : Le travail est pénible et même dégradant, surtout dans sa forme artisanale. Il déforme le corps mais aussi l’âme. Le travail est donc non seulement aliénant mais aussi deshumanisant. PLATON, La République « Tout ce qui est artisanal et manœuvrier porte honte et déforme l’âme en même temps que le corps ». On peut voir un troisième axe pour montrer que malgré ses aspects négatifs le travail reste l’activité principale de l’homme. Il socialise l’individu, le raffine physiquement, intellectuellement, moralement. C’est pourquoi le refus de travailler n’a pas de sens, il peut même apparaitre comme un mal, un acte contre nature EMMANUEL MOUNIER, Le Personnalisme « Tout travail travaille à faire l’homme » DOCUMENTS A CONSULTER ORGANIBAC, Andrée Pouyanne et Pierre Kardas, Editions Magnard PHILOSOPHIE, Minerva Guide d’exécution 7 Niveau : TERMINALE toutes séries CÔTE D’IVOIRE – ÉCOLE Discipline : PHILOSOPHIE NUMÉRIQUE COMPÉTENCE I : TRAITER UNE SITUATION RELATIVE A LA REDACTION DE LA DISSERTATION ET DU COMMENTAIRE DE TEXTE PHILOSOPHIQUE THÈME : LA MÉTHODOLOGIE LEÇON 2 : LE COMMENTAIRE DE TEXTE PHILOSOPHIQUE Situation d’apprentissage Après la leçon sur la méthodologie de la dissertation philosophique, le professeur de philosophie de la classe de Tle A3 du Lycée Moderne d’Abobo annonce à ses élèves que le prochain cours portera sur le commentaire de texte philosophique. A cet effet, il leur présente quelques bonnes copies du Baccalauréat blanc de l’année précédente. Pour réussir cet exercice, les élèves cherchent à construire une introduction, produire une étude ordonnée, rédiger un intérêt philosophique et une conclusion. PRESENTATION DU COMMENTAIRE DE TEXTE PHILOSOPHIQUE Le commentaire de texte philosophique est un exercice écrit qui consiste à dégager l’intérêt philosophique d’un texte à partir de son étude ordonnée. Commenter un texte, c’est d’abord l’expliquer, c’est à dire mettre en évidence son sens ou sa signification, et ensuite l’évaluer. Le devoir du commentaire de texte philosophique comprend trois parties à savoir : l’introduction, le développement et la conclusion. I- L’INTRODUCTION L’introduction du commentaire de texte philosophique consiste à présenter le texte à partir de l’agencement de trois éléments essentiels : le thème, le problème et la thèse. On peut faire figurer la structure logique à la fin de l’introduction ou au début du développement. II- LE DEVELOPPEMENT Le développement comprend deux parties : l’étude ordonnée et l’intérêt philosophique. 1 A- L’ETUDE ORDONNEE L’étude ordonnée consiste en l’explication du texte à partir de sa structure logique ou de ces différents mouvements. Cette explication revient à mettre en évidence la démarche argumentative de l’auteur, les arguments, les concepts, les allusions, les exemples et les figures de style éventuelles. A cet effet il faut éviter les paraphrases, les contre-sens, les non-sens. Entre les différents mouvements ou articulations il faut élaborer des transitions. A- L’INTERET PHILOSOPHIQUE DU TEXTE. L’intérêt philosophique consiste à évaluer le texte dans la forme et dans le fond. C’est la partie critique du devoir qui comporte deux aspects : la critique interne et la critique externe. 1- LA CRITIQUE INTERNE La critique interne consiste à évaluer le texte dans la forme en montrant :  la cohérence de l’argumentation. * l’adéquation ou l’inadéquation entre la démarche argumentative et l’intention de l’auteur. * les forces et /ou les faiblesses des arguments. * la pertinence de la démarche argumentative. 2- LA CRITIQUE EXTERNE La critique externe consiste à évaluer le texte dans le fond, c’est-à-dire à apprécier la position de l’auteur. Dans un premier temps on justifie sa thèse en s’appuyant sur d’autres auteurs et dans un second temps on la dépasse à l’aide d’autres positions. III- LA CONCLUSION La conclusion est la dernière partie du devoir. Elle consiste en une prise de position par rapport à l’intérêt du texte. Cette prise de position doit être précédée du bilan du débat engagé au niveau de la critique externe. Activité d’application Consigne Rédige une introduction à ce texte Si un philosophe malpropre, négligé et horrible comme un criminel qui sort du cachot, me débite de belles maximes, comment m’attirerait-il ? Comment me fera-t-il aimer la philosophie qui laisse un homme en cet état ? Je ne puis me décider à l’entendre, et pour rien au monde je ne m’attacherais à lui. Ayons donc de la propreté et de la décence. Je dis la même chose des disciples. Pour moi, j’aime mieux qu’un jeune homme qui veut s’adonner à la philosophie vienne m’entendre bien propre et mis décemment, que s’il y venait malpropre, les cheveux gras et mal peignés. Car par là je juge qu’il a quelque idée du beau et qu’il se porte à ce qui est séant et honnête. Il a soin de la beauté qu’on lui fera connaître, de cette beauté intérieure qui consiste à faire usage de sa raison, et auprès de laquelle la beauté du corps n’est que laideur. EPICTETE, Maximes et Pensées, Ed. A. Silvaire, 1962. pp. 151-152. 2 CORRIGE Ce texte d’Epictète extrait de son œuvre Maximes et Pensées parle de la tenue du philosophe et de son disciple. À la question : Le philosophe et son disciple doivent-ils négliger leur tenue ? L’auteur répond que ceux-ci doivent prendre soin de leur corps et de leur âme. Ce texte s’articule autour de deux mouvements : de la L1 à la L7 « Si un philosophe malpropre (…) gras et mal peignés. » il est question de la nécessité de la décence chez le philosophe et son disciple. De la L7 à la L12 « Car par là je juge (…) n’est que laideur » il montre la primauté de la beauté intérieure sur la beauté du corps. SITUATION D’EVALUATION Consigne Rédige une étude ordonnée. CORRIGE Idée principale du 1ermvt : la nécessité de la décence chez le philosophe et son disciple. Idées secondaires du 1ermvt : 1 : identifié à un criminel, le philosophe malpropre inspire répugnance. 2 : exhortation à la propreté et à la décence. Idée principale du 2èmemvt : la primauté de la beauté intérieure sur la beauté du corps. Idées secondaires du 2ème mvt : 1 : la beauté du corps présuppose la beauté intérieure. 2 : la beauté intérieure qui consiste à faire usage de la raison surpasse la beauté du corps. EXERCICES Activité d’application 1 Consigne Rédige une critique interne à ce texte. CORRIGE En usant d’expressions excessives telles que : malpropre, négligé, horrible, l’auteur compare le philosophe à un criminel pour mettre en évidence son caractère répugnant. De là, il suggère la nécessité de la décence chez le philosophe et son disciple. Dans les dernières lignes, il conclut à la primauté de la beauté intérieure sur la beauté du corps. Le ton ironique dont use l’auteur est en conformité avec son intention qui est d’amener le philosophe à améliorer son statut social. 3 Activité d’application 2 Consignes 1- Rédige une critique externe à ce texte. 2- Rédige une conclusion à ce texte. CORRIGE 1-- Axe 1 : Le philosophe et son disciple doivent observer la propreté et la décence. Un esprit sain a besoin d’un corps sain Cf. la maxime grecque « un esprit sain dans un corps sain » Dans la pratique de la religion, la pureté du corps est nécessaire pour préserver la sainteté de l’âme. L’aspect extérieur est important pour la crédibilité du philosophe et de la philosophie. Cf. Platon, Le banquet pour qui l’amour des beaux corps conduit à la culture des belles âmes. Axe 2 : La beauté corporelle est inessentielle pour le philosophe. L’avilissement du corps conduit à l’élévation de l’esprit. Cf. Diogène le cynique. L’âme a plus de valeur que le corps. Cf. Les stoïciens Cf. St Augustin, Confessions 2— En définitive, si pour Epictète et certains moralistes de l’antiquité le philosophe et son disciple doivent observer la propreté et la décence en vue d’améliorer leur statut social, pour d’autres penseurs tels que les cyniques, la beauté corporelle est inessentielle pour le philosophe. Au demeurant, à notre sens, la propreté du corps va de pair avec celle de l’esprit. Activité d’application 3 Relis chaque item à la question lui correspondant ITEMS QUESTIONS Thème Quel est l’objectif immédiat de l’auteur ? Problème Qu’y a-t-il à gagner dans la résolution du problème ? Thèse De quelle manière le problème est-il traité ? Intention De quoi est-il question dans le texte ? Enjeu De quoi s’agit-il dans le texte ? Structure logique Quelle est la position de l’auteur ? Démarche argumentative Quelles sont les étapes de l’argumentation 4 SITUATION D’EVALUATION 1 À la fin de la leçon sur le commentaire de texte philosophique, certains élèves de ta classe expriment des difficultés de compréhension. Tu es invité à les aider avec ce texte. La philosophie n’est pas un système, si on entend par là un ensemble de propositions considérées comme définitives, un ensemble de vérités dernières, indépassables, qui représenteraient à la fois un aboutissement et un arrêt de la pensée. La philosophie en ce sens-là n’est pas un système, car elle ne s’arrête jamais, mais n’existe au contraire comme philosophie que dans l’élément de la discussion, sous la forme d’un débat sans cesse rebondissant. Hors de ce débat, il n’y a pas de philosophie. La philosophie n’est pas un système clos, mais une histoire, un débat qui se transmet de génération en génération, et dans lequel chaque acteur, chaque penseur, intervient en toute responsabilité : je sais que je suis responsable de ce que je dis, des thèses que j’avance. J’en suis responsable au sens le plus littéral du mot : je dois pouvoir en « répondre ». Je dois pouvoir justifier à tout moment mes affirmations. Je dois pouvoir en fournir à tout moment les titres de validité. Et c’est en tant qu’individu que je prends part à ce débat, prenant part du même coup, au dévoilement progressif d’une vérité qui ne sera pas ma chose, mais la chose de tout le monde, le résultat d’une recherche collective faite de confrontation de toutes les pensées individuelles et appelée à se poursuivre indéfiniment. Paulin Jidenu HOUNTONDJI, Sur ‶ la philosophie africaine". CORRIGE PROBLÉMATIQUE DU TEXTE Thème : Définition de la philosophie Problème : la philosophie est-elle un système ? Thèse : La philosophie n’est pas un système mais un débat sans cesse rebondissant. Intention : Rejeter l’opinion qui fait de la philosophie un savoir achevé. Enjeu : la connaissance Structure logique : Deux mouvements -1er mouvement : Ligne 1 – Ligne 6 « La philosophie…………… il n’y a pas de philosophie » Idée principale : La philosophie ne peut se définir comme un système -2ème mouvement : Ligne 6 – Ligne 15 « Hors de ce débat………se poursuivre indéfiniment » Idée principale : La philosophie est essentiellement un débat. INTÉRET PHILOSOPHIQUE Critique interne : En vue de définir la philosophie, l’auteur à travers une démarche polémique a, d’une part, indiqué ce qu’elle n’est pas c’est-à-dire un système, et d’autre part a montré qu’elle réside essentiellement dans le débat. Cette démarche est en adéquation avec son intention qui est de rejeter la position qui fait de la philosophie un système achevé. 5 Critique externe : Axe 1 : La philosophie se caractérise par le questionnement et la quête du savoir Argument 1 : La philosophie est l’amour de la sagesse. Cf. Socrate pour qui la philosophie consiste en une remise en cause perpétuelle : « Ce que je sais, c’est que je ne sais rien » Cf. KARL Jaspers, Introduction à la philosophie : « Philosopher, c’est être en route (…) Les questions, en philosophie, sont plus essentielles que les réponses, et chaque réponse devient une nouvelle question. » Argument 2 : Contrairement à la science, la philosophie n’est pas un savoir apodictique. Cf. KANT « On n’apprend pas la philosophie, on apprend à philosopher. » Cf. Bertrand Russell « La valeur de la philosophie réside dans son incertitude même » Problèmes de Philosophie Axe 2 : La philosophie est une diversité de systèmes et de doctrines Argument1 : Toute philosophie est un système de pensée achevé. Cf. Friedrich HEGEL « Une philosophie qui n’est pas un système ne saurait rien avoir de scientifique. » Précis de l’Encyclopédie des sciences philosophiques Argument 2 : la philosophie est au fondement de toutes les connaissances. Cf. Descartes, Discours de la méthode : « Toute la philosophie est comme un arbre, dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique, et les branches qui en sortent sont toutes les autres sciences, la médecine, la mécanique et la morale. » Conclusion Bilan : Ce texte nous a permis de comprendre que la philosophie est plutôt un débat qu’un système de pensée achevé. Position personnelle : La philosophie est une discipline qui nous permet de développer notre esprit critique. SITUATION D’EVALUATION 2 Ton voisin de classe qui éprouve des difficultés de compréhension du cours sur le commentaire de texte philosophique te sollicite pour lui expliquer cette méthodologie à travers ce texte de David HUME tiré de Dialogues sur la religion naturelle. Aide-le à dégager l’intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée. Mon opinion est que tout homme sent, en quelque façon, la vérité de la religion dans son propre cœur, et que par le sentiment intime de sa faiblesse et de sa misère plutôt que par aucun raisonnement, il est conduit à recourir à la perfection de cet être, dont il dépend, ainsi que toute la nature. Les plus brillantes scènes de la vie sont obscurcies par les nuages de tant d’inquiétudes et d’ennuis, que l’avenir est toujours l’objet de nos craintes et de nos espérances. Nous regardons devant nous et tâchons, à force de prières, d’hommages et de sacrifices, d’apaiser ces puissances inconnues que nous savons, par expérience, être si forts en état de nous accabler. Pauvres créatures que nous sommes ! Quelles ressources aurions-nous au milieu des maux innombrables de la vie, si la religion ne nous fournissait quelques moyens expiatoires et ne calmait ces terreurs qui nous troublent et nous tourmentent sans cesse ? David HUME. - Dialogues sur la religion naturelle. CORRIGE 6 I- PROBLEMATIQUE DU TEXTE Thème : Le rôle de la religion. Problème : Quelle est le rôle de la religion dans la vie de l’homme ? Thèse : La religion apaise les souffrances de l’homme et calme ses douleurs terrestres. Antithèse : La religion aliène l’homme Intention : Montrer l’importance de la religion dans la société. Enjeu : Le bonheur Structure logique : (deux mouvements) 1er mouvement : (L1→L4) : « Mon opinion …toute la nature. » Idée principale : Les fondements de la religion. 2ème mouvement : (L4→L12) : « Les plus brillantes scènes … sans cesse ?» Idée principale : La fonction psychologique de la religion. I- INTERET PHILOSOPHIQUE A- Critique interne L’auteur, à travers une démarche explicative présente d’abord les fondements de la religion ; ensuite, il en précise les fonctions dans la société, qui sont spécifiquement psychologiques. Si l’auteur a voulu montrer l’importance de la religion dans la vie de l’homme, son intention est en parfaite adéquation avec sa démarche. L’auteur fait ainsi preuve de rigueur dans son analyse Transition : Pour l’auteur, la religion apaise les souffrances de l’homme et calme ses douleurs terrestres. B- Critique externe Axe 1 : La religion concourt à l’épanouissement de l’homme Argument 1 : La religion a une fonction pédagogique car elle nous renseigne sur certains phénomènes métaphysiques. « Pour bien se représenter le rôle immense de la religion, il faut envisager tout ce qu’elle entreprend de donner aux hommes : elle les éclaire sur l’origine et la formation de l’univers… » Cf. Sigmund FREUD. - L’avenir d’une illusion Argument 2 : La religion joue un rôle éthique ou moral en réglant les opinions antagonistes des hommes par ses prescriptions et son autorité. « Une fois qu’il n’y a plus de transcendance, religieuse, humaniste ou de tout autre sorte, pour définir une violence légitime et garantir sa spécificité face à toute violence illégitime, le légitime et l’illégitime de la violence sont définitivement livrés à l’opinion de chacun, » Cf. R. GIRARD. - La violence et le sacré Argument 3 : La religion a un rôle social car elle sème l’amour entre les hommes. 7 « Car, afin que l’homme sût s’aimer lui-même, une fin a été fixée où il devrait, pour être heureux, référer toutes ses actions – s’aimer, en effet, n’est pas autre chose que vouloir être heureux – et cette fin c’est de s’attacher à Dieu. » Cf. St AUGUSTIN, La cité de Dieu Axe 2 : La religion apparait comme un fait illusoire et facteur d’aliénation Argument 1 : Les faits religieux ne sont rien que de pures illusions, de la pure fiction. « Nous le répétons : les doctrines religieuses sont toutes des illusions, on ne peut les prouver, et personne ne peut être contraint à les tenir pour vraies, à y croire. » Cf. Sigmund FREUD, L’avenir d’une illusion, Argument 2 : La religion est une source d’affabulations et d’aberrations « Le spectacle de ce que furent les religions, et de ce que certaines sont encore, est bien humiliant pour l’intelligence humaine. Quel tissu d’aberrations ! » Cf. Henri BERGSON, Les deux sources de la morale et de la religion Argument 3 – Le dogmatisme et le fanatisme religieux conduisent à l’immoralité et aux crimes. « Rien n’est aussi dangereux que la certitude d’avoir raison. Rien ne cause autant de destruction que l’obsession d’une vérité considérée comme absolue. » Cf. François JACOB, Le jeu des possibles Conclusion Même si la religion nous assujettit à des rites rigoureux, il n’y a rien de plus utile à l’humanité que la religion, vu son rôle psychologique. Bien qu’illusoire, la religion est un véritable catalyseur de nos élans en permettant à l’homme d’espérer et de supporter les vicissitudes de l’existence. DOCUMENTS A CONSULTER ORGANIBAC, Andrée Pouyanne et Pierre Kardas, Editions Magnard PHILOSOPHIE, Minerva Guide d’exécution 8 Niveau : TERMINALE toutes séries CÔTE D’IVOIRE – ÉCOLE Discipline : PHILOSOPHIE NUMÉRIQUE COMPÉTENCE II : TRAITER UNE SITUATION RELATIVE AUX CONDITIONS DE L’HOMME DANS LA SOCIETE THÈME : LES CONDITIONS DE LA LIBERTÉ LEÇON 1 : LA CONNAISSANCE DE L’HOMME INTRODUCTION Connaître l’homme revient à savoir ce qui fait son essence, c’est-à-dire sa nature ou ce qu’il est. Et cette connaissance revient à mettre en exergue ses caractéristiques essentielles. Généralement l’homme est défini comme un être conscient ou pensant. Pourtant, certains de ses actes semblent échapper à son contrôle. Dès lors, la connaissance de l’homme se réduit-elle à la conscience ? L’homme est-il toujours responsable de ses actes? I- LES CARACTÉRISTIQUES ESSENTIELLES DE L’HOMME A- L’homme, un être de conscience et de mémoire Comme tous les autres êtres vivants, l’homme a une dimension biologique. Toutefois, il possède une faculté spécifique qui le distingue : c’est la conscience. La conscience est la faculté psychique qui permet de se connaître, de connaître le monde et de juger. De cette définition, il ressort que la conscience a deux dimensions : l’une psychologique et l’autre morale. La conscience psychologique est la faculté qu’a l’homme de se connaître et de connaître le monde extérieur. C’est bien ce que découvre René DESCARTES (1596-1650) à travers l’expérience du ‘‘Cogito’’ « Cogito ergo sum », c’est-à-dire « Je pense donc je suis » Discours de la méthode. En effet, en soumettant toutes ses connaissances et certitudes au doute, DESCARTES découvre que la seule chose dont il est absolument certain et dont il ne peut douter est qu’il « pense » pour lui, l’homme est essentiellement conscient. Quant à la conscience morale, elle renvoie à la capacité qu’a l’homme de juger ses actes. C’est ce que Jean-Jacques ROUSSEAU (1712-1778) affirme dans son œuvre Émile ou de l’éducation, Livre IV : « Conscience ! Conscience ! Instinct divin, immortelle et céleste voix (…) juge infaillible du bien et du mal (…), c’est toi qui fais l’excellence de sa nature et la moralité de ses actions ». Au-delà de ces deux dimensions, la conscience a aussi une fonction de rétention et de restitution. En ce sens elle renvoie à la mémoire. Et la mémoire est la faculté de conservation des idées et des pensées antérieurement acquises. Pour Henri BERGSON (1859-1949), la conscience est identique à la mémoire 1 : « Toute conscience est donc mémoire » L’énergie spirituelle. En effet, pour agir, la conscience, choisit dans les souvenirs ce qui est utile. Si tant est que la conscience opère des choix alors elle fait de l’homme un être de liberté. B- L’homme, un être de liberté La liberté est la capacité qu’a l’homme de s’autodéterminer, d’agir sans contrainte, c’est-à-dire de n’obéir qu’à sa volonté. Et être libre pour un être conscient, c’est agir de façon responsable, loin de l’influence ou de l’emprise de toute force extérieure et c’est bien ce que signifie cette expression commune : ‘‘Agir en toute conscience’’. C’est à ce titre qu’il revient à l’homme d’assumer ses actes mais aussi de maîtriser ses opinions ou ses idées. Car selon Henri Bergson, « Notre conscience nous avertit […] que nous sommes des êtres libres (…) Donc, un fait est indiscutable, c’est que notre conscience témoigne de notre liberté. » Leçons Clermontoises En somme, nous retenons de ce qui précède, par rapport à la définition de l’homme, que la pensée ou la conscience et la mémoire sont propres à l’homme et lui permettent de s’assumer comme un être libre, lucide et autonome. Cependant, est-il réaliste de dire que nous sommes toujours maîtres de nous- mêmes ? La conscience est-elle toujours manifeste en nous ? L’homme n’a-t-il pas une autre réalité insoupçonnée qui le détermine en réalité ? Déjà LEIBNIZ, à travers sa théorie de petites perceptions sans aperceptions, remettait en cause la surestimation de la conscience. Mais c’est véritablement avec Sigmund FREUD qu’on parvient à la découverte de l’inconscient. II- L’INCONSCIENT, UNE AUTRE DIMENSION DE L’HOMME A- La découverte de l’inconscient Certes l’homme est un être de conscience et de mémoire, mais il y a beaucoup de faits psychiques qu’il ignore et qu’il ne peut ni expliquer ni justifier : les oublis, les motivations cachées, les phobies, les perceptions insensibles, les rêves etc. Tout ceci révèle les limites de la conscience qui présupposent l’existence d’un inconscient psychique. Selon Sigmund FREUD (1856-1939), l’inconscient est l’ensemble des désirs refoulés qui échappent à la conscience. Cela revient à dire que l’inconscient est l’instance psychique dynamique qui est en nous et où sont emmagasinés les instincts, les pulsions et les désirs refoulés chez un sujet donné. Dans cette perspective, FREUD fait une mise au point importante dans son œuvre L’Interprétation des rêves : « Pour bien comprendre la vie psychique, il est indispensable de cesser de surestimer la conscience ». Ce qui laisse entrevoir que notre vie psychique est faite d’une petite partie d’actes ou de faits conscients et que la grande partie de ces faits ou actes sont inconnus par la conscience. Pour FREUD les preuves de l’existence de l’inconscient sont multiples. Il écrit à ce propos dans Métapsychologie « (…) Nous possédons de multiples preuves de l’existence de l’inconscient ». De ces nombreuses manifestations, nous retenons la violence. A- La violence comme la manifestation de l’inconscient Selon la psychanalyse freudienne, l’inconscient est le siège de la violence qui est en l’homme. Cette violence est synonyme d’agressivité, de barbarie qui se manifestent dans nos relations interhumaines. Aussi FREUD affirme-t-il : « L’homme n’est point cet être débonnaire, au cœur assoiffé d’amour, dont on dit qu’il se défend quand on l’attaque, mais un être au contraire qui doit porter au compte de ses données instinctives une bonne somme d’agressivité ». Malaise dans la civilisation. Ainsi 2 dans notre tentative de caractérisation de l’homme, l’inconscient se présente logiquement comme l’élément déterminant de la nature humaine. Tel que présenté, l’inconscient ne révèle-t-il pas un déterminisme psychologique qui remet en cause la responsabilité de l’homme ? III- LE DÉTERMINISME PSYCHOLOGIQUE ET LA RESPONSABILTÉ DE L’HOMME A- Le déterminisme psychologique et la liberté humaine Par le déterminisme psychologique, nous comprenons que nos actes ou faits psychiques ne sont pas le fruit de nos choix. Ils sont plutôt produits par des forces indépendantes de l’homme. Ainsi, le moi conscient est-il si manipulé que sa responsabilité et sa liberté semblent illusoires. L’homme, subissant le déterminisme de l’inconscient, ne peut donc se prévaloir d’aucune volonté, d’aucune liberté. D’où la justesse de cette conclusion de l’Écrivain et poète français, Paul VALERY (1871-1945) : « La conscience règne mais ne gouverne pas », Extrait des Mauvaises pensées et autres. Cependant, la théorie freudienne de l’inconscient est-elle exempte de toute critique ? B- L’homme, un être responsable Quoique déterminé par l’inconscient, l’homme reste un sujet libre qui assume ses actes. Dans cette perspective, les philosophes moralistes et existentialistes font le procès de la théorie freudienne de l’inconscient. Ainsi, Alain fait de l’hypothèse de l’inconscient une irréalité. Ce qu’il traduit par : « Le freudisme si fameux est un art d’inventer en chaque homme un animal redoutable ». Éléments de philosophie Quant à l’existentialiste Jean Paul SARTRE (1905-1980), l’homme est « condamné à être libre ». Au nom de cette liberté, l’inconscient relève de la mauvaise foi. C’est un prétexte pour justifier nos inconduites. CONCLUSION De l’analyse qui précède, il se dégage l’idée que connaître l’homme est une entreprise difficile car il est tantôt un être conscient et libre, tantôt déterminé par l’inconscient. Au demeurant, l’homme est un être pluridimensionnel et complexe. Activité d’application Consigne Mets une croix en face de la pensée qui justifie que l’homme est violent 1- « L’homme n’est point cet être débonnaire, au cœur assoiffé d’amour, dont on dit qu’il se défend quand on l’attaque, mais un être au contraire qui doit porter au compte de ses données instinctives une bonne somme d’agressivité » 2- « La violence est dans la société et non ailleurs » 3- « La violence engendre la violence » 3 SITUATION D’EVALUATION Dans le cadre d’un travail de recherches sur la connaissance de l’homme, les élèves de la Terminale A sont soumis au sujet suivant : L’inconscient abolit- il la responsabilité humaine ? Dans une production argumentée, donne ton point de vue sur cette question. CORRIGE I- Définition des termes et expressions essentiels du sujet L’inconscient : l’ensemble des actes qui échappent à la conscience ; Instance psychique qui est le siège des pulsions et désirs refoules Abolir : supprimer, rendre caduc, rendre illusoire La responsabilité de l’homme : le fait que l’homme réponde de ses actes, assume ses actes II- PROBLEME A ANALYSER L’inconscient rend-il illusoire la responsabilité humaine ? L’avènement de l’inconscient excuse-t-elle l’homme de tous ses actes ? III- AXES D’ANALYSE ET REFERENCES POSSIBLES Axe1 : la présence de l’inconscient agit sur la responsabilité humaine. L’inconscient détermine les actes de l’homme au détriment de la conscience Cf Freud « la conscience n’est pas toujours maitre dans sa propre maison » Avec l’avènement de l’inconscient l’homme pose des actes involontaires dont il ne peut rendre compte. Cf. Paul Valéry « la conscience règne mais ne gouverne pas » Axe2 : La responsabilité de l’homme demeure malgré la présence de l’inconscient. L’inconscient étant une partie de l’homme ; il doit assumer ses manifestations en toute responsabilité Cf. J P Sartre pour qui l’alibi de l’inconscient conduit à la mauvaise foi La présence de l’inconscient ne supprime pas la conscience Cf. Alain « Il n’y a pas d’inconvénient à employer couramment le terme d’inconscient (…), mais si on le grossit, alors commence l’erreur, et bien pis, c’est une faute » Eléments de Philosophie EXERCICES Activité d’application 1 Relève parmi ces citations, celles qui justifient que l’homme n’est pas totalement libre 1- « La conscience règne mais ne gouverne pas » 2- « Le moi n’est pas maître dans sa propre maison » 4 3- « L’homme subit le déterminisme psychologique » 4- « L’inconscient est de la mauvaise foi » Activité d’application 2 Mets VRAI (V) ou FAUX (F) devant la bonne définition de la liberté 1-La liberté est la capacité qu’a l’homme sain ou malade de faire ce qu’il veut… 2-État de l’être qui n’obéit qu’à sa volonté indépendamment de toute contrainte extérieure… 3-Le fait d’accepter volontairement d’être guidé dans sa vie par un directeur de conscience… Activité d’application 3 Voici un ensemble de propositions relatives à la notion de conscience. Inscris VRAI (V) ou FAUX (F) dans la case qui convient 01 La conscience est une instance psychique qui permet à l’homme d’agir librement. 02 La conscience est une faculté que l’homme et l’animal ont en commun 03 La conscience définit l’homme 04 La conscience est la seule réalité du psychisme humain 05 La conscience est une faculté qui permet à l’homme de se connaitre et d’agir en connaissance de cause 06 La conscience implique la mémoire et la liberté 07 La conscience s’oppose à la mémoire et a la liberté SITUATION D’EVALUATION 1 Dans le cadre d’une réflexion sur la connaissance de l’homme, les élèves de la terminale A ont eu le texte ci-dessous comme support. Fais-en l’étude ordonnée et dégage son intérêt philosophique. Tu es assuré d’apprendre tout ce qui se passe dans ton âme, pourvu que ce soit assez important, parce qu’alors, ta conscience te le signale. Et quand dans ton âme, tu n’as reçu aucune nouvelle de quelque chose, tu admets en toute confiance que cela n’est pas contenu en elle. Davantage, tu vas jusqu’à tenir « psychique » pour identique à « conscient », c'est-à-dire connu de toi, malgré les preuves les plus patentes que, dans la vie psychique, il va en permanence se passer beaucoup plus de choses qu’il n’en peut accéder à ta conscience. Accepte donc sur ce point de te laisser instruire ! Le psychique en toi ne coïncide pas avec ce dont tu es conscient ; ce sont deux choses différentes, que quelque chose se passe dans ton âme, et que tu en sois par ailleurs informé. Je veux bien concéder qu’à l’ordinaire, le service de renseignements qui dessert ta conscience suffit à tes besoins. Tu peux te bercer d’illusions que tu apprends tout ce qui revêt une certaine importance. Tu te comportes comme un souverain absolu, qui se contente des renseignements que lui apportent les hauts fonctionnaires de sa cour, et qui ne descend pas dans la rue pour écouter la voix du peuple. Entre en toi-même, dans tes profondeurs et apprends d’abord à te connaître, alors tu comprendras pour quoi tu dois devenir malade et tu éviteras peut-être de le devenir. FREUD, une difficulté de la psychanalyse, édit. Gallimard, 1933, pp144-146 SITUATION D’EVALUATION 2 5 Dans le cadre d’un travail de recherches sur la connaissance scientifique, le sujet suivant est soumis aux élèves de la Terminale A : Une connaissance scientifique du vivant est-elle possible ? Dans une production argumentée, donne ton point de vue sur cette question. DOCUMENTS A CONSULTER RENE DES CARTES, LE DISCOURS DE LA METHODE LES MEDITATIONS METAPHYSIQUES ALAIN (EMILE CHARTIER), LES ARTS E LES DIEUX HENRI BERGSON, L’EVOLUTION CREATRICE L’ENERGIE SPIRITUELLE ANDRE LALANDE, VOCABULAIRE TECHNIQUE ET CRITIQUE DE LA PHILOSOPHIE EDMUND HUSSERL, LES MEDITATIONS CARTESIENNES JEAN-JACQUES ROUSSEAU, EMILE OU DE L’EDUCATION BLAISE PASCAL, PENSEES ET OPUSCULES FRIEDRICH NIETZSCHE, LA GENEALOGIE DE LA MORALE LEIBNITZ, NOUVEAUX ESSAIS SUR L’ENTENDEMENT HUMAIN EMMANUEL KANT, LA CRITIQUE DE LA RAISON PURE SIGMUND FREUD, L’INTERPRETATION DES REVES CINQ ESSAIS SUR LA PSYCHANALYSE MALAISE DANS LA CIVILISATION THOMAS HOBBES, LE LEVIATHAN JEAN PAUL SARTRE, L’ETRE ET LE NEANT L’EXISTENTIALISME EST UN HUMANISME. 6 Niveau: TERMINALE toutes séries CÔTE D’IVOIRE – ÉCOLE Discipline : PHILOSOPHIE NUMÉRIQUE COMPÉTENCE II : TRAITER UNE SITUATION RELATIVE AUX CONDITIONS DE L’HOMME DANS LA SOCIETE THÈME : LES CONDITIONS DE LA LIBERTÉ LEÇON 2 : LA VIE EN SOCIETE INTRODUCTION De tous les êtres, l’homme est le seul qui vit en société c’est-à-dire avec ses semblables. Mais, cette vie en société lui est-elle bénéfique ? Garantit-elle sa liberté ? I- L’HOMME, UN ÊTRE SOCIAL A- L’origine sociale de l’homme La société est une communauté d’individus ayant des rapports organisés et des échanges de services. Sur son origine, deux thèses s’opposent : la thèse naturaliste et la thèse culturaliste. Pour la thèse naturaliste défendue par Aristote, La société est un fait naturel et l’homme est un être naturellement social. Il affirme dans son œuvre la Politique « A l’évidence la cité fait partie des choses naturelles, et l’homme est par nature un animal politique ». En revanche, pour les culturalistes dont les philosophes du contrat tels que Hobbes, Locke, Rousseau la société est le produit d’un contrat social c’est-à-dire d’un accord passé entre les hommes. Selon Hobbes « Si l’on considère de plus près les causes pour lesquelles les hommes s’assemblent et se plaisent à une mutuelle société, il apparaitra bientôt que cela n’arrive que par accident et non pas par une disposition nécessaire de la nature. » Du citoyen B- La relation nécessaire à autrui Que la sociabilité lui soit naturelle ou artificielle c’est-à-dire contractuelle, l’homme vit toujours nécessairement parmi et avec les autres. Cette évidence a amené certains philosophes rationalistes et existentialistes tels HEGEL et J.P. SARTRE à rejeter le solipsisme c’est-à-dire l’existence solitaire de la conscience ou de la pensée prônés et 1 défendus par la majorité des essentialistes, idéalistes et rationalistes tels que DESCARTES ou LEIBNIZ. En effet, la connaissance de ma conscience m’est révélée par autrui c’est-à-dire mon semblable, mon prochain. Dans L’existentialisme est un humanisme, Sartre affirme : « Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l’autre ». La présence d’autrui me constitue chaque fois comme un être nouveau en contribuant à ma prise de conscience qui devient source et synonyme de liberté et d’épanouissement. Ma liberté, mon épanouissement et mon humanisation dépendent donc essentiellement du respect et de la considération que les autres m’accordent. « Avant la rencontre d’autrui et du groupe, l’homme n’est rien d’autre que des virtualités aussi légères qu’une transparente vapeur » écrit Lucien Malson dans Les enfants sauvages. Si la société se révèle être le lieu de l’intersubjectivité, pour harmoniser les relations entre les individus, une autorité politique s’impose. II- L’ETAT ET LA NATION, FORMES D’ORGANISATION SOCIALE A- La nécessité de l’Etat L’Etat est une forme d’organisation politico- administrative et juridique exerçant une autorité sur un territoire défini. Avec son avènement les hommes sortent de l’état de nature en aliénant leur liberté individuelle afin d’obtenir l’assurance de leur droit ainsi que l’assurance de la justice. L’Etat se charge d’élaborer les lois qui constituent le droit positif. A travers le respect des lois, il garantit la liberté et la sécurité des individus. C’est d’ailleurs ce qu’en pense SPINOZA dans le Traité Théologico-politique : « Non, je le répète, la fin de l’Etat n’est pas de faire passer les hommes de la condition d’êtres raisonnables à celle de bêtes brutes ou d’automates, (…). La fin de l’Etat est donc en réalité la liberté ». La vocation de l’Etat est donc de défendre et de protéger les individus contre les injustices, les inégalités, les violations des libertés par le droit. L’application du droit réalise la justice. La justice signifie l’équité, l’égalité ou encore l’équilibre. C’est aussi une vertu qui nous demande de prendre notre dû et d’attribuer à chacun ce qui lui revient. Dans la vie en société, la justice est une institution chargée d’appliquer le droit, de faire respecter la loi et de réparer les torts subis par les victimes de l’injustice. Jean-Jacques ROUSSEAU, dans du Contrat Social, soutient que les lois, c’est-à-dire le droit est l’émanation de la volonté générale. Ainsi, les lois sont édictées par l’ensemble des citoyens qui constituent cette volonté générale. En somme, le droit et la justice sont des piliers de l’Etat. En outre, l’Etat vise l’unité sociale à travers l’édification de la Nation. 2 B- La nation, garante de l’unité sociale La Nation est à distinguer de l’Etat. En effet, l’idée de Nation implique une idée d’une unité spontanée, celle d’Etat relève d’une organisation qui peut être plus ou moins artificielle. Une Nation peut survivre même lorsqu’elle est partagée entre plusieurs Etats. De même, un Etat peut comprendre plusieurs Nations. Toute société prise spontanément n’est pas une Nation. Pour que la nation se réalise, deux conditions sont nécessaires. D’une part, les conditions objectives : La nation est une unité organique dont les liens sont multiples. Ils sont à la fois géographiques, ethniques, linguistiques, politiques et même religieux. D’autre part les conditions subjectives : La Nation doit aussi son existence à la formation et au développement d’une conscience nationale. C’est ce qu’en pense notamment ERNEST RENAN (1823-1892), une Nation est avant tout : « Une âme, un principe spirituel ». Cette âme se résume à deux choses, l’une est dans le passé, c’est « la possession en commun d’un riche legs de souvenirs » heureux ou malheureux. L’autre est dans l’avenir : « C’est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis ». Qu’est-ce qu’une Nation ? Comme on le voit, certes la Nation doit être enracinée dans l’histoire puisqu’elle est : « l’aboutissement d’un long passé » mais elle est aussi une réalité qui se construit perpétuellement à travers la pleine conscience de soi. À cet effet, RENAN ajoute : « Cette conscience de groupe que suppose nécessairement toute Nation constituée et vivante, n’est nullement une force aveugle et inconsciente, mais elle est une conscience et volonté dans le groupe au même titre et de la même façon que dans l’individu ». Qu’est-ce qu’une Nation ? Retenons que l’Etat et la Nation sont étroitement liés. III- L’OMNIPRESENCE DE LA VIOLENCE DANS L’ESPACE SOCIAL A- Les relations conflictuelles avec autrui La vie sociale est bien souvent le lieu des confrontations, des conflits interpersonnels et de violence. La violence est l’usage abusif da la force. Il y a violence chaque fois qu’un individu ou un groupe de personnes s’emploie par des moyens divers, à asservir, à faire souffrir, à aliéner ou à anéantir un autre individu ou un groupe de personnes. 3 Selon HEGEL et J.P. SARTRE, autrui se révèle à moi dans l’expérience d’un conflit originel. Ce conflit débouche chez Hegel sur la reconnaissance mutuelle (La dialectique du maître et de l’esclave) dans La Phénoménologie de l’esprit. C’est dans cette différence conflictuelle que chacune des consciences acquiert un statut spécifique qui peut être celui de maitre ou d’esclave ou de dominant et de dominé. Chez Sartre, autrui s’oppose d’abord à moi parce qu’il est essentiellement différent de moi : « il est un autre moi, c’est le moi qui n’est pas moi ». Selon SARTRE, ce conflit est aussi vécu intérieurement dans certains phénomènes tels que la honte. SARTRE affirme : « La honte est toujours honte devant quelqu’un (…) J’ai honte de moi tel que j’apparais à autrui. Et par l’apparition même d’autrui je suis en mesure de porter un jugement sur moi-même comme sur un objet » L’être et le néant. Autrui est donc celui qui me chosifie, qui m’aliène et me prive de ma liberté. C’est en ce sens que la force de l’Etat se révèle nécessaire à l’harmonie sociale. B - La violence nécessaire de l’État Au niveau social, la violence permet de répondre aux inégalités socio-économiques et à la misère. Cette omniprésence de la violence dans les rapports sociaux a amené N. MACHIAVEL (philosophe et homme politique italien 1469-1527) à souligner que dans le domaine politique, ce qui compte d’abord c’est l’efficacité, et à ce titre la violence est un moyen pour maintenir l’ordre, la justice et la paix. La violence est inévitable parce que les hommes sont méchants. Dans son œuvre Le Prince, il écrit : « Qui veut faire entièrement profession d’homme de bien ne peut éviter sa perte parmi tant d’autres qui ne sont pas bons ». Autrement dit, l’homme d’Etat qui s’interdirait l’usage de la violence préparerait sa propre déchéance et la ruine de son Etat. La violence serait donc un mal nécessaire. Dans les sociétés modernes, selon Max Weber, l’Etat a le monopole de la violence légitime et légale dont il dispose à travers trois instances ou pouvoirs qui manifestent son autorité et assurent son fonctionnement : le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. Selon L. ALTHUSSER (philosophe français contemporain) l’Etat dispose d’une part d’appareils idéologiques (A.I.E) : mass-média, l’éducation, l’école, la religion, le travail, le sport, la culture en général ; d’autre part d’appareils répressifs (A.R.E) : la police, l’armée, les milices, l’administration judiciaire. Par les premiers, l’Etat véhicule et impose aux citoyens sa conception ou sa doctrine de la réalité sociale. Par les seconds, il exerce la coercition sur les citoyens. 4 CONCLUSION La vie en société confronte l’homme à de nombreux défis, particulièrement à celui de la liberté. Il ressort de l’analyse des notions de Société, d’Etat, de Nation, de Droit et Justice mais aussi d’autrui que l’homme est le principal artisan de sa liberté par le respect des institutions qu’il a créées mais qu’il peut remettre en cause ou encore améliorer lorsqu’elles ne correspondent pas à ses aspirations. Activité d’application Parmi les propositions suivantes, coche celle qui convient à la définition exacte de la société. - La société est l’ensemble des infrastructures économiques d’un Etat. - La société regroupe l’ensemble des hommes et des animaux d’un Etat. - La société désigne un ensemble organisé et structuré de valeurs morales. - La société renvoie à un ensemble d’individus entre lesquels existent des rapports organisés et garantis par des institutions. - La société regroupe autrui et moi. SITUATION D’EVALUATION A la fin de la leçon portant sur la vie en société, les élèves de ta classe sont invités à réfléchir sur le sujet suivant : Autrui est-il absolument mon ennemi ? Dans une production argumentée, donne ton point de vue sur cette question. CORRIGE Autrui est-il absolument mon ennemi ? I – DEFINITION DES EXPRESSIONS ET TERMES ESSENTIELS Autrui : mon semblable, mon prochain. Absolument : forcément, toujours. Ennemi : celui qui cherche à me nuire, à me détruire. II – PROBLEME A ANALYSER Autrui est-il nécessairement nuisible ? III– AXES D’ANALYSE ET REFERENCES POSSIBLES Axe 1 : Autrui se présente comme mon ennemi Argument 1- Autrui est source de gêne et d’angoisse car sa présence, son regard, ses actes etc., m’obligent à renoncer à mes désirs et envies et me dépouillent de mes capacités. 5 Cf. SARTRE, L'être et le néant : « Je saisis le regard de l'autre au sein même de mon acte, comme solidification et aliénation de mes propres possibilités ». Cf. Jean Paul SARTRE, Huis-clos : « L’enfer, c’est les autres ». Argument 2- Autrui est un être égoïste qui vise à m’instrumentaliser, me nuire voire me détruire au profit de ses intérêts. Cf. NIETZSCHE, Par-delà le Bien et le Mal « Vivre c’est essentiellement dépouiller, blesser, violenter le faible et l’étranger… » Cf. Sigmund FREUD, Malaise dans la civilisation : « l'homme n'est point cet être débonnaire, (…). Il est tenté de satisfaire son besoin d’agression aux dépens de son prochain. » Axe 2 : Autrui est indispensable Argument 1 : L’homme est un être naturellement porté à vivre en société. Cf. ARISTOTE, Politique : « L’homme est par nature un animal politique. » Argument 2 : Le prochain est indispensable à mon humanisation et à ma réalisation car, coupé du milieu social, je reste un simple animal. Cf. Seydou Badian, Sous l’orage « L’homme n’est rien sans les autres » Argument 3 : Autrui est une source d’enrichissement. Cf. SAINT-EXUPERY, Terre des hommes : « Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis » EXERCICES Activité d’application 1 Coche la bonne définition du droit parmi les propositions suivantes : L’ensemble des droits et devoirs régissant la vie sociale. Le droit se L’ensemble des droits de l’homme. définit comme Ce qui est juste et honnête. Ce à quoi j’ai droit. Activité d’application 2 Voici une liste de mots : des virtualités - politique- la liberté Complète les phrases suivantes avec les mots qui conviennent « La fin de l’Etat est donc en réalité……………. » « L’homme est par nature un animal ……………………... » « Avant la rencontre d’autrui et du groupe, l’homme n’est rien d’autre que…………. aussi légères qu’une transparente vapeur » 6 Activité d’application 3 Coche parmi les définitions suivantes, celles qui conviennent : La société se présente comme l’ensemble des infrastructures économiques d’un Etat. La société regroupe l’ensemble des hommes et des animaux d’un Etat. La société désigne un ensemble organisé et structuré de valeurs morales. La société renvoie à un ensemble d’individus entre lesquels existent des rapports durables et organisés, le plus souvent établis en institutions et garantis par des sanctions. La société regroupe autrui et moi. SITUATION D’EVALUATION 1 Dans le cadre d’une réflexion sur la vie en société, les élèves de la terminale A ont le texte ci-dessous comme support. Fais-en l’étude ordonnée et dégage son intérêt philosophique. L'état de nature est l'état de rudesse, de violence et d'injustice. Il faut que les hommes sortent de cet état pour constituer une société qui soit un Etat, car c'est seulement là que la relation de droit possède une effective réalité. On décrit souvent l'état de nature comme un état parfait de l'homme, en ce qui concerne tant le bonheur que la bonté morale. ll faut d'abord noter que l'innocence est dépourvue comme telle de toute valeur morale, dans la mesure où elle est ignorance du mal et tient à l'absence des besoins d'où peut naître la méchanceté. D'autre part, cet état est bien plutôt celui où règnent la violence et l'injustice, précisément parce que les hommes ne s'y considèrent que du seul point de vue de la nature. Or, de ce point de vue-là, ils sont inégaux tout à la fois quant aux forces du corps et quant aux dispositions de l'esprit, et c'est par la violence et la ruse qu'ils font valoir l'un comme l'autre leur différence. Sans doute la raison appartient aussi à l'état de nature, mais c'est l'élément naturel qui a en lui prééminence. Il est donc indispensable que les hommes échappent à cet état pour accéder à un autre état, où prédomine le vouloir raisonnable. HEGEL, Propédeutique philosophique, Doctrine du droit, §. 25, tr. M. de Gandillac, éd. Gonthier, coll. Médiations, p. 47 CORRIGE I- PROBLEMATIQUE Thème : L’état de nature et la vie en société Problème : L’état de nature est-il préférable à la vie en société ? La thèse : Il faut sortir de l’état de nature pour instituer l’Etat. L’antithèse : L’état de nature est l’âge d’or de l’humanité. L’intention : Montrer la nécessité de la vie en société. L’enjeu : le bonheur de l’homme. 7 II- STRUCTURE LOGIQUE EN VUE DE SON ÉTUDE ORDONNÉE 1er Mouvement : ligne 1 à ligne 3 : « L'état de nature est … possède une effective réalité. » : Thèse de l’auteur selon laquelle Il faut sortir de l’état de nature pour instituer l’état. 2è Mouvement : ligne 3 à ligne 14 : « On décrit souvent l'état de nature … prédomine le vouloir raisonnable. » : l’auteur remet en cause l’opinion selon laquelle l’état de nature serait parfait. III- INTERET PHILOSOPHIQUE Critique interne Dans ce texte à caractère argumentatif, l’auteur énonce d’abord sa thèse selon laquelle il faut sortir de l’état de nature pour instituer l’état avant de remettre en cause l’opinion selon laquelle l’état de nature serait parfait. Cette démarche est en congruence avec son intention qui est de montrer la nécessité de la vie en société. Critique externe Thèse problématisée : l’Etat garantit-il vraiment le bonheur ? Axe 1 : L’Etat garantit le bonheur. Les hommes sont si naturellement violents qu’il faut un pouvoir fort pour les amener à vivre pacifiquement. Cf. HOBBES, Le Léviathan : « Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun » Cf. HOBBES, Du citoyen : « Dans une société civile, on voit sous l’empire de la raison, régner la paix, la sécurité ». Axe 2 : L’Etat est dans certaines situation facteur d’aliénation. L’Etat constitue pour les anarchistes un obstacle à la manifestation de la liberté individuelle et constitue avec la religion, le mal suprême. Cf. Max STIRNER, L’unique et la propriété : « l’Etat ne poursuit jamais qu’un but : limiter, enchainer, assujettir l’individu ». La société civile et l’Etat corrompent l’homme qui à l’état de nature est bon et innocent. Cf. ROUSSEAU, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes : « L'homme est naturellement bon » 8 SITUATION D’EVALUATION 2 Dans le cadre de la vie en société le sujet suivant t’est soumis : Une société sans lois est-elle envisageable ? Fais-en une production argumentée. CORRIGE I- DEFINITION DES EXPRESSIONS ET TERMES ESSENTIELS Une société : une communauté, une association humaine ; et par extension la vie sociale. Sans : dépourvue de, en l’absence de Lois : Ensemble de règles censées régir l’activité et les comportements dans une société ou un groupe donné. Envisageable : réalisable, possible à vivre, imaginable. II- PROBLEME A ANALYSER La vie sociale est-elle possible en l’absence des lois entendues comme ensemble de règles censées régir l’activité et le comportement ? Les lois en tant qu’ensemble de règles censées régir l’activité et le comportement, sont- elles nécessaires à la vie sociale ? III- AXES D’ANALYSE ET REFERENCES POSSIBLES - Axe 1 : On peut se passer des lois - les hommes étant naturellement bons, il leur est possible de vivre en bonne intelligence et dans la paix sans qu’on les y contraigne. (Cette idée est le principe fondateur de l’anarchisme.) Cf. Jean Jacques ROUSSEAU, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes : « L'homme est naturellement bon ». - La loi en tant qu’expression de la domination, de la contrainte extérieure est vécue comme une obstruction à la volonté individuelle. L’Etat, la religion, etc, qui prennent appui sur la loi introduisent l’aliénation et le malaise dans la vie sociale. Cf. Mikhaïl Aleksandrovitch BAKOUNINE, Aux compagnons de l’Association internationale des Travailleurs au Locle et à la Chaux-de Fonds, Quatrième lettre (28 avril 1869) : « L’État, (…) par son principe même, est un immense cimetière où viennent se sacrifier, mourir, s’enterrer toutes les manifestations de la vie individuelle et locale ». - Contrairement aux discours démagogiques qui la présentent comme l’expression de l’intérêt général, la loi ne représente en réalité que les intérêts de la classe dominante, du pouvoir, Cf. Thomas Hobbes, Du citoyen : « la justice ou l’injustice viennent du droit de celui qui gouverne». - Axe 2 : La loi est indispensable à la vie sociale. - En l’absence de lois, c’est l’état de nature, un état sujet au désordre, l’anarchie car l’égoïsme naturel des hommes les pousserait à n’admettre que le droit du plus fort, la loi de la jungle, synonyme d’Etat de non-droit. 9 Cf. John LOCKE, Traité du gouvernement civil : L’insécurité de l’état de nature « quelque libre qu’elle soit, est pleine de crainte, et exposée à de continuels dangers ». - La loi, en tant que l’émanation de la conscience et l’intelligence d’une société, favorise l’harmonie dans la vie sociale en établissant un accord minimal sur les règles de vie commune afin d’arbitrer pacifiquement les différends éventuels. Cf. KANT, Métaphysique des mœurs « Le droit est l'ensemble des conditions qui permettent à la liberté de chacun de s'accorder avec la liberté de tous ». Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen du 26 août 1789, article 4 : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ». - En tant que son application, la justice n’est pas possible sans la loi qui lui donne sens et existence. En fondant la société sur l’équité et le respect de la dignité de chacun, la loi est facteur de liberté. ROUSSEAU, Lettres écrites de la montagne : « Il n’y a point de liberté sans lois ». DOCUMENTS A CONSULTER ARISTOTE, LA POLITIQUE THOMAS HOBBES, LE LEVIATHAN JEAN-JACQUES ROUSSEAU, DU CONTRAT SOCIAL LES FONDEMENTS DE L’ORIGINE DE L’INEGALITE PARMI LES HOMMES B.SPINOZA, TRAITE THEOLOGICO-POLITIQUE E.RENAN, QU’EST-CE QU’UNE NATION ? HEGEL, PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE DU DROIT ; LA PHENOMENOLOGIE DE L’ESPRIT ALAIN (EMILE CHARTIER), PROPOS SUR LES POUVOIRS N.MACHIAVEL, LE PRINCE J.P.SARTRE, HUIS-CLOS ; L’EXISTENTIALISME EST UN HUMANISME ; L’ETRE ET LE NEANT L. ALTHUSSER, IDEOLOGIE ET APPAREILS IDEOLOGIQUES D’ETAT in POSITIONS ANDRE LALANDE, VOCABULAIRE TECHNIQUE ET CRITIQUE DE LA PHILOSOPHIE SIGMUND FREUD, MALAISE DANS LA CIVILISATION 10 Niveau : Terminale CÔTE D’IVOIRE – ÉCOLE Discipline : PHILOSOPHIE NUMÉRIQUE LEÇON 3 : DIEU ET LA RELIGION SITUATION D’APPRENTISSAGE Les élèves de la Terminale A3 du Lycée Moderne de Koumassi ont participé à un débat portant sur Dieu et la religion. Ils apprennent de ce débat que la plupart des attentats et des actes terroristes perpétrés à travers le monde sont le fait de fanatiques religieux. S’interrogeant donc sur le bien-fondé de la religion, ils décident d’entreprendre des recherches sur la notion de Dieu, le rôle social de la religion et apprécier la relation entre la pratique religieuse et la liberté. INTRODUCTION De tous les êtres vivants, l’homme est le seul qui pratique la religion. C’est dire que la religiosité est une caractéristique essentielle de l’humanité. On est alors en droit de se poser la question du sens de cette pratique. Quelles sont ses différentes implications ? Contribue-t-elle véritablement à la liberté de l’homme et à son épanouissement ? I- DIEU COMME FONDEMENT DE LA RELIGION A- Dieu, être sacré Pour ANDRE LALANDE, la religion se définit comme : « une institution sociale caractérisée par l’existence d’une communauté d’individus unis par la croyance en une valeur absolue : Dieu. » Ainsi, la religion se rapporte à des croyances et pratiques ayant Dieu pour objet. Dans la religion Dieu est un être surnaturel, sacré, objet de déférence. Dieu fait l’objet d’admiration, de respect ou de vénération et ses qualités que sont l’omnipotence, l’omniscience, l’omniprésence, la bonté, la perfection etc. Ces qualités font de lui un être transcendant qui peut se révéler aux hommes. Selon Durkheim « une religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c’est-à-dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale (…) tous ceux qui y adhèrent. » Les formes élémentaires de la vie religieuse Toutefois dans l’histoire de la philosophie, l’existence de Dieu a fait l’objet de plusieurs critiques et même aujourd’hui suscite encore des doutes. B- Les critiques de l’existence de Dieu Il convient d’abord de bien distinguer ici « le concept ou l’idée de Dieu » de « l’existence de Dieu ». Ainsi pour E. KANT (1724-1804), que Dieu soit conçu comme un être parfait ne signifie pas et ne prouve pas qu’il existe nécessairement. Car l’existence d’un être ou d’une chose ne dérive pas de son essence. Dans la Critique de la Raison Pure, il écrit : « Quand je conçois une chose, quels que soient et si nombreux que soient les prédicats par lesquels je la pense, en ajoutant, de plus, que cette chose existe, je n’ajoute rien à cette chose (…) Quelles que soient la nature et l’étendue de concept d’un objet, il nous faut cependant sortir de ce concept pour attribuer à l’objet son existence ». En conséquence, toute preuve de l’existence de Dieu est une spéculation et une illusion de la raison. 1 L’existence de Dieu serait donc un produit de l’imagination humaine et qui de plus contient des contradictions. Car on comprend difficilement que Dieu soit parfait, qu’il ait créé l’univers et le monde de la même façon et que le mal s’y trouve inscrit. L’existence du mal contredirait la perfection de Dieu. Toute cette analyse justifie la conviction des athées qui nient l’existence de Dieu. Malgré ces remises en cause de l’existence de Dieu, la pratique religieuse s’est développée davantage dans l’histoire de l’humanité. I- LES DIFFERENTS ROLES DE LA RELIGION DANS LA SOCIETE A- La religion, facteur de cohésion sociale et de libération Dérivée du mot latin « religio », la religion renvoie d’une part à la relation de l’homme à Dieu (lien vertical) et d’autre part à la relation que les hommes entretiennent entre eux (lien horizontal). La fonction primordiale de la religion est donc de réunir, de rassembler les hommes autour d’un idéal de vie communautaire. Elle est ainsi génératrice d’organisation sociale. Par les rites et mythes qu’elle enseigne et impose, elle assure la cohésion sociale. Joseph Proudhon exprime cette idée en ces termes : « c’est la religion qui cimenta les fondements des sociétés, qui donna l’unité et la personnalité aux nations » De la création de l’ordre dans l’humanité ou principe d’organisation politique Dans le même ordre d’idées, Bergson, dans Les deux sources de la morale et la religion, souligne que la religion assure une triple fonction sociale : elle fournit une assurance contre la désorganisation grâce aux interdits qu’elle impose ; elle est une protection contre la dépression et l’angoisse de la mort ; elle rassure face à l’imprévisibilité de l’existence. En ce sens, la foi en Dieu crée chez l’homme un soulagement, une quiétude et un sentiment de liberté. La religion trace les sillons de la conquête de la liberté, c’est ce que pense Hegel pour qui : « la religion est la vraie libération de l’homme ». Leçons sur la philosophie de la religion. En outre selon les termes de FREUD, la religion « nous éclaire sur l’origine et la formation de l’univers (…) nous assure au milieu des vicissitudes de l’existence, la protection divine et la béatitude finale ». L’avenir d’une illusion. En termes clairs, la religion satisfait notre curiosité en répondant aux questions telles que : d’où venons- nous ? Et où allons-nous ? Elle apaise aussi nos craintes du lendemain en nous promettant l’assurance d’une vie future, ce qui a l’avantage de permettre aux hommes de vivre pleinement le temps présent. B- La religion, source de moralisation de l’homme La morale est l’ensemble des règles de conduite et de mœurs considérées comme bonnes et devant être appliquées en société. Elle repose sur la connaissance du bien et du mal qui trouve son fondement dans la religion. Les enseignements religieux recommandent aux hommes l’amour du prochain, le partage, la communion fraternelle. En mettant en pratique ces préceptes, le croyant s’humanise. La religion met toujours en relief des valeurs, des devoirs ou obligations auxquels l’individu doit se conformer. Pour le croyant, personne d’autre que Dieu n’est mieux placé pour définir le Bien. Emmanuel KANT (1724-1804) montre bien qu’il n’y a pas de différence entre la morale et la religion. Mieux, pour lui, « La religion est la connaissance de tous nos devoirs comme des commandements divins. (…) L’homme puise à cette source la claire vision que sa bonne conduite seule le rend digne du bonheur ». La religion dans les limites de la simple raison. 2 III- L’IMPACT DE LA PRATIQUE RELIGIEUSE SUR LA LIBERTE A- La religion, source d’aliénation La pratique religieuse qui repose essentiellement sur les rites et les préceptes exige des fidèles beaucoup de sacrifices, de renoncement et de privations. La religion contraint l’homme à l’obéissance sans condition. C’est dans cette perspective qu’elle apparaît comme un facteur d’aliénation. « Les hommes ont organisé leurs rapports en fonction des représentations qu’ils se faisaient de Dieu (…) ces produits de leur cerveau ont grandi jusqu’à les dominer de toute leur hauteur. Créateurs, ils se sont inclinés devant leur propres créations ». Faisait remarquer Karl MARX dans l’Idéologie allemande. Pour lui, la véritable liberté et le bonheur ne seront possibles que dans une société où il n’y aura plus de religion pour mystifier, endormir la conscience et soustraire l’homme à ses responsabilités. B- Le rapport entre la liberté et l’obligation morale Les obligations morales prescrites par la religion ne sont pas en contradiction avec la liberté. Elles la présupposent. En effet, l’homme étant un être conscient exerce son libre-arbitre dans la pratique de sa foi. Il choisit de croire ou de ne pas croire, de faire le bien ou le mal. Or en principe, la religion lui recommande le bien et l’instruit à cet effet. L’obligation morale est donc un devoir auquel le sujet conscient et libre peut se soustraire. Avec Emmanuel KANT (1724-1804), le devoir est un impératif catégorique. C’est un impératif en tant qu’il se présente à la conscience comme un commandement. C’est pourquoi l’impératif moral n’est pas une contrainte à laquelle nous serions forcés. Il suppose donc une autorité, Dieu, qui est la valeur suprême à laquelle nous devons obéir. Cet impératif est dit catégorique dans le sens où ce devoir s’impose sans condition, à l’opposé de l’impératif hypothétique subordonné à une condition empirique, à un besoin, à une utilité, à un intérêt particulier. Au total, chez Kant, c’est la crainte du châtiment prévu par Dieu qui peut amener l’individu à se soumettre à l’obligation morale. Comme on le voit, l’obligation morale et la liberté ne sont pas incompatibles. CONCLUSION La religion est naturelle et nécessaire à l’homme. Elle repose fondamentalement sur l’idée de Dieu. Malgré les obligations imposées à l’homme, elle est facteur de liberté. La religion remplit une double fonction psychologique et sociale, car elle fournit à l’homme une connaissance absolue sur l’origine des choses, apaise ses angoisses et lui enseigne les vertus nécessaires à la vie en société. La religion est donc un facteur d’équilibre social et moral pour l’homme. ACTIVITE D’APPLICATION Pour définir l’idée de Dieu et la religion, 4 propositions sont faites dans le tableau ci-dessous : Coche Vrai si la proposition est vraie ou Faux si elle est fausse. PROPOSITIONS Vrai Faux 1 La religion est une institution sociale basée sur la croyance en Dieu. 2 Dieu est l’objet d’admiration des chrétiens et des musulmans seulement. 3 Dieu est le fondement de la religion, il est l’Alpha et l’Omega. 4 La religion se rapporte à des croyances et à des pratiques ayant l’homme pour objet. 3 SITUATION D’EVALUATION Dans le cadre d’une réflexion sur l’idée de Dieu et la religion, les élèves de la Terminale sont soumis au sujet suivant : Doit-on redouter la croyance religieuse ? Dans une production argumentée, donne ton point de vue sur cette question. CORRIGE I- DEFINITION DES TERMES ET EXPRESSIONS ESSENTIELS DU SUJET Doit-on : faut-il, est-il nécessaire de…. Redouter : craindre sérieusement et fortement, avoir une grande peur La croyance religieuse : la croyance en la divinité ; la foi religieuse II- PROBLÈME À ANALYSER Quel regard doit-on porter sur la religion ? III- AXES D’ANALYSE ET REFERENCES POSSIBLES Axe 1 : il faut redouter la foi religieuse Argument 1 : la religion est un obstacle à la liberté et à l’épanouissement de l’homme. Cf. Feuerbach : « l’aliénation majeure est l’idée de Dieu dont les règles ont privé l’homme de sa liberté ». L’essence du christianisme Cf. Karl Marx : « la religion est l’opium du peuple». Critique de la philosophie du droit de Hegel Argument 2 : la religion entretient le fanatisme religieux qui débouche sur la guerre. Cf. Rouhala Khomeini : « la religion d’où la guerre est absente est une religion incomplète ». Extrait d’un discours prononcé le 12 décembre 1984 à l’occasion de la fête anniversaire de Mahomet. Le nouvel observateur Axe d’analyse 2 : la religion édifie l’homme. Argument 1 : la religion est une réponse à l’angoisse existentielle Cf. Henri Bergson : « A l’idée que la mort est inévitable, la religion oppose l’image d’une continuation de la vie après la mort ». Les deux sources de la morale et de la religion Argument 2 : la religion rend vertueux, elle éduque l’homme, consolide les rapports entre les hommes... Cf. Proudhon, C’est la religion « qui cimenta les fondements des sociétés, qui donna l’unité et la personnalité aux nations.» De la création de l’ordre dans l’humanité ou principe d’organisation politique Argument 3 : La religion est inhérente à la nature de l’homme. L’homme est naturellement porté vers la religion. Laquelle religion lui confère quiétude, assurance, accomplissement de soi. Cf. Hegel : «L’homme, seul être doué de raison est aussi le seul animal religieux.» Phénoménologie de l’esprit 4 Cf. Gabriel Marcel: « L’humain n’est authentiquement l’humain que là où il est soutenu par l’armature incorruptible du sacré. » Homo viator Cf. Blaise PASCAL : « Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu’il est, sans hésiter.» Pensées EXERCICES Activité d’application 1 Réponds par vrai ou faux : Pour KANT l’idée ou le concept de Dieu coïncide avec son existence Pour KANT toute preuve de l’existence de Dieu relève de l’imagination Pour FEUERBACH la théologie est une anthropologie CORRIGE Pour KANT l’idée ou le concept de Dieu coïncide avec son existence F Pour KANT toute preuve de l’existence de Dieu relève de l’imagination V Pour FEUERBACH la théologie est une anthropologie V ACTIVITE D’APPLICATION 2 Relie les citations suivantes à leurs auteurs : « L’homme devient authentiquement humain lorsqu’il est VOLTAIRE GABRIEL MARCEL soutenu par l’armature incorruptible du sacré. » PASCAL « Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu’il est, sans hésiter.» CORRIGE HEGEL « Si Dieu n’existait pas, il aurait fallu l’inventer. » «(…) La religion est la vraie libération de l’homme. » « L’homme devient authentiquement humain lorsqu’il est soutenu par GABRIEL MARCEL l’armature incorruptible du sacré. » « Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne B. PASCAL perdez rien. Gagez donc qu’il est, sans hésiter.» « Si Dieu n’existait pas, il aurait fallu l’inventer. » VOLTAIRE «(…) La religion est la vraie libération de l’homme. » HEGEL 5 ACTIVITE D’APPLICATION 3 Réponds par vrai ou par faux Pour KANT l’idée ou le concept de Dieu coïncide avec son existence Pour KANT toute preuve de l’existence de Dieu relève de l’imagination Pour FEUERBACH la théologie est une anthropologie SITUATION D’EVALUATION 1 Dans le cadre d’une réflexion sur les conditions de la liberté, les élèves de la Terminale ont eu le texte ci-dessous comme support. Fais-en l’étude ordonnée et dégage son intérêt philosophique. Reste donc la religion de l’homme ou le christianisme, non pas celui d’aujourd’hui, mais celui de l’Evangile, qui en est tout à fait différent. Par cette religion sainte, sublime, véritable, les hommes, enfants du même Dieu se reconnaissent tous pour frères, et la société qui les unit ne se dissout pas même à la mort. Mais cette religion n’ayant nulle relation particulière avec le corps politique laisse aux lois la seule force qu’elles tirent d’elles-mêmes sans leur en ajouter aucune autre, et par là un des grands liens de la société particulière reste sans effet. Bien plus, loin d’attacher les cœurs des Citoyens à l’Etat, elle les en détache comme de toutes les choses de la terre : je ne connais rien de plus contraire à l’esprit social. On nous dit qu’un peuple de vrais chrétiens formerait la plus parfaite société que l’on puisse imaginer. Je ne vois à cette supposition qu’une grande difficulté ; c’est qu’une société de vrais chrétiens ne serait plus une société d’hommes. Je dis même que cette société supposée ne serait avec toute sa perfection ni la plus forte ni la plus durable : à force d’être parfaite, elle manquerait de liaison ; son vice destructeur serait dans sa perfection même. Jean Jacques Rousseau, Du Contrat social, Livre IV, chap. VII, Nouvelle édition, présenté par Bruno Bernard, p. 175. CORRIGE I- PROBLEMATIQUE DU TEXTE Thème : L’esprit de la religion et la pratique religieuse Problème : La pratique religieuse est-elle en phase avec l’esprit de la religion ? Thèse : selon Rousseau, la pratique religieuse est en déphasage avec l’esprit de la religion Antithèse : la pratique religieuse concorde avec l’esprit de la religion Intention : Amener les hommes à pratiquer la religion selon l’Evangile. Enjeu : Le bonheur II- LA STRUCTURE LOGIQUE EN VUE DE L’ETUDE ORDONNEE : 02 mouvements 1er mouvement (L1-l5) : « Reste donc la religion de l’homme …à la mort » Idée principale : La religion selon l’Evangile 2nd mouvement (L5-L15) : « Mais cette religion …dans sa perfection même » Idée principale : La religion telle que pratiquée dans la société 6 III- INTERET PHILOSOPHIQUE A- La critique interne Pour amener les hommes à pratiquer la religion selon l’Evangile, Rousseau présente l’esprit de la religion ; ensuite il montre l’écart entre cette pratique et l’Evangile. Sa démarche argumentative est en cohérence avec son intention (qui est d’amener les hommes à pratiquer la religion selon l’Evangile) B- La critique externe Axe 1 : la pratique religieuse actuelle n’est plus conforme à l’Evangile Arg.1 : les hommes font passer leur volonté pour la volonté de Dieu. Cf. Feuerbach : « Ce qui est le propre de l’esprit humain, son âme, son cœur, c’est cela son Dieu : Dieu est l’intériorité manifeste, le soi exprimé de l’homme. » L’essence du Christianisme Arg. 2 : Les conflits interreligieux naissent le plus souvent d’une mauvaise interprétation des textes religieux Cf. Rouhallah Khomeini : « La guerre est une bénédiction pour le monde et pour toutes les nations. C’est Dieu qui incite les hommes à se battre et à tuer. », Extrait d’un discours prononcé le 12 Décembre 1984 à l’occasion de la fête anniversaire de Mahomet. Le Nouvel observateur Arg.3 : l’interférence du politique dans la religion : les hommes de Dieu, de nos jours, prennent plaisir à mettre la religion au service de la politique politicienne. Axe 2 : La religion provient du désir des hommes de faire la volonté de Dieu Arg.1 : les actes humains sont inspirés des textes de la religion, mieux de l’Evangile. Cf. Kant qui parle de l’impératif catégorique comme un commandement divin Arg.2 : L’existence de la religion influence positivement la vie sociale. Cf. Pierre-Joseph Proudhon : « C’est elle qui cimenta les fondements des sociétés, qui donna l’unité et la personnalité aux nations, » SITUATION D’EVALUATION 2 Karl MARX, se prononçant sur la religion a dit ce qui suit : « la religion est l’opium du peuple » A travers une production argumentée, donne ta position sur cette pensée. DOCUMENTS A CONSULTER ANDRE LALANDE- Baruch SPINOZA -Emmanuel KANT- VOLTAIRE- Emile DURKHEIM- MONTAIGNE- Sören KIERKGAARD -Karl MARX- Friedrich NIETZSCHE- Henri BERGSON 7 Niveau: TERMINALE toutes séries CÔTE D’IVOIRE – ÉCOLE Discipline : PHILOSOPHIE NUMÉRIQUE COMPÉTENCE III : TRAITER UNE SITUATION RELATIVE AUX CONDITIONS D’EPANOUISSEMENT DE L’HOMME THÈME : LES CONDITIONS DU BONHEUR LEÇON 1 : L’HISTOIRE ET L’HUMANITE Situation d’apprentissage Après les cours d’histoire sur les relations internationales, les élèves de la Terminale A1 du Lycée Moderne 1 de Port-Bouët découvrent la volonté manifeste de certains peuples de dominer le reste de l’humanité. Choqués par l’attitude de ces peuples, les élèves s’interrogent sur le sens de l’humanité. Aussi, décident-ils de connaître davantage la notion d’humanité, montrer que décoloniser et désaliéner sont des exigences humaines et apprécier les conditions de l’humanité. Introduction L’histoire et l’humanité révèlent l’identité spécifique de l’homme parmi l’ensemble des êtres vivants. A ce titre il s’agit de faire une évaluation des caractéristiques de l’histoire et de l’humanité. Ainsi donc l’évolution de l’humanité rend compte des diverses productions accomplies par les hommes. Dès lors l’histoire permet-elle de saisir les caractéristiques fondamentales de la notion d’humanité ? I. LES CARACTERISTIQUES DE L’HUMANITE Comment peut-on caractériser l’humanité ? A. La compréhension de la notion d’humanité à travers l’histoire, la culture, la civilisation et l’existence Au sens propre, l’humanité désigne la totalité des hommes intégrant l’ensemble des communautés sur la terre. De manière spécifique, l’humanité correspond à un ordre éthique et moral qui réunit les hommes et les distingue des autres êtres de la nature notamment les animaux. Selon Sophocle (496-406 AV. J.C) : « Il est bien des merveilles en ce monde, il n’en est pas de plus grand que l’homme. » Antigone. Ce jugement expose la singularité voire la grandeur de l’homme. Et Blaise PASCAL (1623-1662) ajoute : « L’humanité désigne toute la suite des hommes à travers les générations pour apparaître comme un même individu qui apprend continuellement et se transforme sans cesse. » Le Traité du vide. De ce fait le cours des évènements qui jalonnent la vie des hommes et des générations renvoie à l’histoire. Justement l’histoire désigne d’une part l’ensemble des faits et évènements du passé humain, et d’autre part l’étude et la connaissance de ces faits. On découvre alors que dans le cours de l’histoire, les hommes ont réalisé des productions à la fois matérielles et intellectuelles. 1 En effet, la culture et la civilisation caractérisent ces productions. Par culture on entend en premier lieu l’ensemble des modifications que l’homme imprime à la nature qui l’entoure et à sa propre personne. En second lieu, elle révèle les connaissances acquises dans le processus d’éducation. Quant à la civilisation, Leopold SEDAR SENGHOR (1906-2001) l’appréhende comme la culture en action, en ces termes : « Elle est l’ensemble des valeurs morales et techniques et la manière de s’en servir » Liberté. S’agissant de l’existence, on peut la saisir suivant l’étymologie ‘’existentia’’ comme le fait d’exister, d’être présent au monde et d’en prendre conscience. Puis elle traduit les pensées et les jugements qui stimulent les conduites de l’homme. Aussi l’existence se distingue-t-elle de l’essence et de la vie : celle- ci est en partage chez les différents êtres vivants. À propos de l‘essence, on note qu’elle s’oppose à l’existence et traduit ce qu’est une chose ou un être, ce qui les définit indépendamment du fait même qu’ils existent. Selon Jean Paul SARTRE (1905-1980) : « L’existence précède l’essence. » L’existentialisme est un humanisme. Alors, les notions d’existence et d’essence ont suscité des courants de pensées ou doctrines philosophiques notamment l’existentialisme et l’essentialisme. En substance, quels liens peut-on établir entre l’humanité, la culture, la civilisation et l’histoire ? B. Les interactions entre l’humanité, la culture, la civilisation et l’histoire On perçoit sans aucun doute l’idée et l’image de l’homme à travers la culture, la civilisation et l’histoire. Pour ce faire, l’homme se distingue fondamentalement de l’animal. Car la culture, la civilisation et l’histoire confèrent à l’humanité une spécificité. Selon Jean Jacques ROUSSEAU (1712-1778) : « Cette différence de l’homme et de l’animal réside dans une qualité très spécifique, c’est la faculté de se perfectionner. » Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. Ici, l’évocation de la perfectibilité par ROUSSEAU souligne la nécessité de la culture et de la civilisation qui caractérisent l’humanité et l’éloignent de l’animalité. Aussi, Emmanuel KANT (1724-1804) peut- il renchérir : « L’homme ne peut devenir homme que par l’éducation. Et l’éducation fait faire à la nature un pas vers la perfection. » Anthropologie du point de vue pragmatique. Il approfondie cette analyse dans son Traité de pédagogie où il fait l’examen de la discipline et de l’instruction comme les deux branches de l’éducation qui permettent d’humaniser l’être humain. De ce fait, la culture, la civilisation et l’éducation constituent la trame du cadre et des facteurs qui déterminent l’existence humaine et l’évolution de l’humanité. Dans ces conditions, quels rôles l’homme joue-t-il dans le cours de l’histoire ? II. LES DIFFERENTS ROLES DE L’HOMME DANS L’HISTOIRE Tout en admettant l’histoire comme l’étude et la connaissance du passé humain, il n’est pas exclu de souligner le fait que le passé des hommes n’est pas en rupture totale avec le p

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