Cours Philo en 1 PDF

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These are philosophy course notes, discussing topics such as freedom, determinism, science and philosophy, and the concept of happiness, and the nature of desire. It's a general introduction to philosophy.

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INTRO — Notes d’Ava Philo (philein → aimer) sophie (sophia → sagesse) → par le raisonnement, la logique, l´argumentation Le philosophe aime et recherche la sagesse, il ne prétend pas l’avoir. Objectif: ce qui se constate par les faits, ds les objets, et ne se prête pas à la discussion Subjecti...

INTRO — Notes d’Ava Philo (philein → aimer) sophie (sophia → sagesse) → par le raisonnement, la logique, l´argumentation Le philosophe aime et recherche la sagesse, il ne prétend pas l’avoir. Objectif: ce qui se constate par les faits, ds les objets, et ne se prête pas à la discussion Subjectif: ce qui dépend du jugement ou des impressions d´un sujet, et peut donc varier d´une personne à l´autre Sens commun puis on montre ses limites Science et philo Science et philo s´entrecoupent (Descartes, Pascal) Ex: Didier Rahoult → hydrochloroquine: études contradictoires Ex: mamavirus être vivant? Puisqu’il peut être infecté par un autre virus… => scientifiques, pas toujours d´acc → aussi pluralité d´opinions car diff d´interprétation La science utilise la raison pour répondre à comment, tandis que la philo l´utilise pour répondre à pourquoi Science: mécanisme/ philo: pb du sens Heidegger (1889-1976): philo → raison méditante/ science → raison calculante Amour Science: hormones/gènes/neurones Sociologie: classes soc/valeurs Psychologie: traits de caractère Philo et rel (autre discipline du pq) Rel → Pas de critique envers les textes sacrés, autorité indiscutable Philo: raison /= rel: révélation qui fait autorité. Bible/ Coran → possibilité d'interprétation sur certains passages, mais pas de remise en cause du texte Au 17e siècle: Philo: lumière naturelle (ce que tous les hommes peuvent comprendre par la raison) Religion: lumière surnaturelle (connaissance qui dépasse la raison naturelle et qui ne peuvent être connus que par une révélation, une inspiration divine) Spinoza “Le christianisme et la religion de l'amour, qui s'est transformé en religion de la haine.” Le philosophe ne reconnait aucune autorité. Socrate plus sage que les autres car il sait qu´il ne sait rien Introduction : La liberté est-elle seulement l’absence de contraintes ? Définitions : ​ Liberté (sens commun) : pouvoir faire ce que l’on veut, ne pas rencontrer d’obstacles ou ne pas subir de « contraintes » ​ contrainte : quelque chose d'extérieur qui nous bloque (proche de l'obstacle) ou qu'on subit Problème principal : ​ La liberté peut-elle se réduire à l’absence de contraintes extérieures ? Cette définition est-elle suffisante ? ​ Exemple : rester sur un canapé à manger des chips, sans contraintes extérieures, est-il un modèle de liberté ? ​ La définition de contraintes est-elle suffisante ? ○​ différents types de contraintes : internes / externes ○​ les contraintes ne sont pas forcément négatives I. La conception négative de la liberté : Hobbes 1. Définition par Hobbes : ​ Liberté = absence d’obstacles extérieurs qui empêchent le mouvement ⇒ la notion de liberté est intimement liée à celle de mouvement ​ Exemple : une rivière est libre si aucun barrage ne bloque son cours. 2. Précisions / Remarques : ​ On parle aussi bien de liberté pour l’homme que pour l’animal ou l’eau. ​ Si l’obstacle est interne (ex. : maladie), il n’y a pas perte de liberté mais incapacité (absence du “pouvoir de se mouvoir”) ​ Liberté = pouvoir réaliser n'importe laquelle de ses volontés sans rencontrer d'obstacle, donc la liberté n’a pas de rapport avec la nature de la volonté 3. Limites de cette conception : ​ Simplification excessive : ○​ Ne prend pas en compte les obstacles internes (ex. phobies). ○​ Il semble que la liberté dépend de la nature de la volonté ou des désirs : une personne libre de fumer peut être esclave de son addiction. ​ Absence d’échelle de valeurs : ○​ Tous les désirs ou volontés sont placés sur le même plan (ex. : manger des chips contre exercer une liberté politique). II. Les limites de la conception négative : Taylor 1. La vraie liberté est plus qu'une simple possibilité : ○​ Liberté n’est pas seulement être sans obstacles, mais réaliser des actions significatives. Chez Hobbes, il manque en effet l’idée d’accomplissement ○​ Exemple : regarder la télé toute la journée est une possibilité libre, mais peu accomplissante. 2. L’important et le futile : le problème du relativisme ○​ Le relativisme consiste à penser que le sens et l’importance des actions dépendent uniquement des préférences personnelles → devient absurde lorsqu’on parle de questions vraiment importantes ○​ ⇒ Toutes les actions n’ont pas la même valeur. ○​ Exemples : Interdire de manger des chips contre interdire de pratiquer sa religion: ces contraintes n’ont pas le même poids. ○​ Le relativisme est superficiel et illusoire → la liberté doit se concentrer sur ce qui est important. d’où liberté = absence aux choses importantes 3. Conséquence : La lucidité ○​ Il faut comprendre ce qui est vraiment bon pour soi, pas seulement avoir la capacité de le réaliser ○​ Obstacles internes : désirs contradictoires ou irrationnels (ex. peur de parler en public). III. Conceptions positives de la liberté 1. Aristote : être libre, c’est faire des choix Idée principale : ​ Liberté = exercer sa liberté c’est faire des choix délibérés Distinction par Aristote : 1.​ Désir : Ce que l'on veut spontanément (souvent irréfléchi). 2.​ Choix : Acte réfléchi et délibéré, basé sur la raison. La vertu de la phronésis : ​ Capacité à prendre de bonnes décisions, issue de l’expérience pratique. ​ Exemple : un vieux marin expérimenté est mieux placé pour naviguer dans une tempête qu’un théoricien. Film : Rocky 2. L'autonomie Définitions : 1.​ Autonomie : s'imposer ses propres lois (auto-nomos). 2.​ Hétéronomie : Subir les lois des autres, réaliser les objectifs d’autres (hétéro-nomos). Idée principale : ​ Liberté = choisir et poursuivre ses propres objectifs, même sous contrainte. ​ Exemple : Rocky dans son entraînement (contraintes auto-imposées) est plus libre que lorsqu'il subit les ordres d'un patron. ​ Toute vie humaine est faite de contraintes, il est illusoire de penser pouvoir échapper à ces contraintes → il faut donc s’imposer ses propres contraintes pour être libre ​ C’est ici que c’est paradoxal du point de vue de Hobbes, puisque Rocky est plus libre lorsque sa vie est pleine de contraintes liées à son entraînement que lorsqu’il subit des contrainte ponctuelles de son “patron” 3. La Liberté comme authenticité Film : Billy Elliot A. Réalisation de soi : ​ La liberté implique d’être soi-même et de suivre sa vocation (ce pourquoi on est fait). ​ Exemple : Billy Elliot, qui poursuit sa passion pour la danse malgré les pressions sociales et culturelles. (lettre de sa mère : “Sois toujours toi-même”) ⇒ L’opposition principale n’est donc plus entre autonomie et hétéronomie mais entre authenticité et conformisme B. Conformisme vs authenticité : ​ Conformisme : Faire comme les autres, agir en se conformant aux normes sociales, suivre les normes sociales (= quelque chose qui contraint sans être énoncé explicitement, doit donc être distingué de la règle ou de la loi, qui elle est énoncée explicitement.) ​ Authenticité : Faire ce qui nous rend vraiment heureux, indépendamment des normes. ​ Remarques : Film : Le cercle des poètes disparus ○​ Le conformisme est une tendance naturelle ○​ Le conformisme sert à se faire accepter ○​ Se libérer du conformisme /= faire le contraires des autres C. Anti-conformisme et authenticité ​ Anti-conformisme = faire le contraire des normes, mais reste dépendant d’elles (provocation en choquant) ​ Liberté authentique = agir selon ses propres valeurs, sans chercher à se conformer ni à s’opposer systématiquement = “non conformiste” D. Limites : ​ L’authenticité n’est pas la valeur suprême ; d'autres devoirs ou valeurs morales peuvent la surpasser. ​ Exemple : « Breaking Bad » montre les dérives possibles d’une liberté uniquement centrée sur soi = il n’a pas que l’authenticité dans la vie, nous avons aussi des devoirs envers autrui Conclusion La liberté n’est pas une simple absence de contraintes mais exige : 1.​ La capacité à faire des choix réfléchis. 2.​ Une lucide priorité aux désirs importants. 3.​ Une authenticité équilibrée avec des devoirs moraux. C'est en s’imposant des contraintes choisies que l’on réalise pleinement sa liberté Introduction : Qu’est-ce que le bonheur ? Définitions ​ Bonheur : ○​ Définition négative : Absence de troubles, de souffrances physiques ou mentales ○​ Définition positive : État durable de satisfaction, de plaisir ou de jouissance. ​ Satisfaire ses désirs : ○​ Satisfaire : Parvenir à réaliser ses désirs. ○​ Désir : Un manque, un état d’envie non délibéré. À distinguer de : ​ Volonté : Acte réfléchi et conscient. ​ Besoin : Limite naturelle et nécessaire (ex. : manger pour survivre). Le désir, lui, est illimité et artificiel. ​ Analyse : ○​ Le désir semble nécessaire au bonheur : satisfait, il apporte une satisfaction. ○​ Problèmes possibles : ​ Les désirs sont illimités ⇒ semble impossible de tous les réaliser ​ Certains désirs peuvent être nuisibles ou contradictoires. ​ Pas de hiérarchisation des désirs → on peut se perdre dans des désirs superficiels ​ Peut-on être heureux en suivant tous ses désirs ? Problématique : Faut-il limiter ou transformer ses désirs pour être heureux ? I. Il faut limiter ses désirs pour être heureux 1. La maîtrise du désir (Platon) ​ Tempérance : ○​ Vertu qui consiste à maîtriser ses désirs grâce à la raison. ○​ S’oppose à la « démesure », qui conduit à l’esclavage par les plaisirs. Elle constitue le principe de tous les vices ​ Désirs et raison : ○​ désir pas mauvais en soi, mais le problème est que les désirs sont tyranniques: ils ne connaissent pas de limites ⇒ risque de devenir l’esclave de ses désirs, de se laisser dominer ○​ La raison permet alors selon Platon la maîtrise de soi et de ses désirs → commander et introduire de l’ordre dans l’âme ​ Illustration du Phèdre : ○​ « L’âme bien faite » est comme un attelage : la raison (le cocher) dirige le courage (cheval blanc) et le désir (cheval noir) ​ Mise en perspective historique du bonheur : ○​ Chez Homère : heureux à travers la gloire, des actions héroïques (parfois même côté divin : héros aidé par les Dieux) ○​ Chez Platon : pas victoire sur l'ennemi mais victoire sur soi ; cette capacité à se gouverner donne la légitimité de gouverner les autres ○​ Moyen-Âge : Pour Platon, ne pas être capable de maîtriser ses désirs est laid, honteux, déshonorant ; du point de vue du christianisme, cela est mal. Le désir n’est pas seulement chaotique : il est aussi impur ; ​ Ascétisme : doctrine invitant à renoncer aux plaisirs et aux désirs terrestres. ⇒ il faut renoncer au bonheur terrestre pour pouvoir ensuite jouir du bonheur céleste. ○​ Aujourd’hui : « Être raisonnable » peut aujourd’hui avoir un sens un peu niais, Au contraire, « suivre ses désirs » c’est avoir une vie intense et intéressante. ​ Désir et bonheur : désir = illimité → jamais satisfait → doit être limité et maîtrisé aux simples besoins naturels ; 2 remarques : ○​ Platon s’inspire du mythe des Danaïdes ○​ L’idée qu’il faut suivre la nature deviendra importante ensuite ​ Critique de l’hédonisme : ○​ hédonisme : doctrine invitant à vivre suivant le principe du plaisir ○​ L’erreur de l’hédoniste est pour Platon de considérer que tous les désirs sont égaux, qu’ils ont tous la même valeur, et que le but de la vie est de les satisfaire tous. ⇒ la vie n’a pas de forme, d’unité voir de sens → risque de ne rien faire du tout 2. L’hédonisme d’Epicure (Epicure) ​ Classification des désirs : ○​ Naturels et nécessaires : Essentiels (manger, dormir). ○​ Naturels non nécessaires : Superflus mais agréables (plaisirs simples). ○​ Vains : Illimités et artificiels (richesse, gloire). ​ Ataraxie : Paix de l’âme obtenue par la limitation des désirs. ​ Epicure reprend et développe l’idée que pour être heureux, et désirer les bonnes choses, il faut suivre la nature ​ Exemple : Refuser les plaisirs qui apportent plus de souffrance que de joie (drogue, excès) ​ bonheur selon Epicure : ○​ plaisir = dimension hédoniste de sa pensée ○​ ataraxie = paix de l’âme ⇒ pas forcément recherche effrénée des plaisirs, distinction nécessaire 3. Le stoïcisme : ce qui dépend de moi et ce qui n’en dépend pas (Epictète) ​ Distinction : ○​ Ce qui dépend de nous (opinions, désirs). ○​ Ce qui ne dépend pas de nous (richesse, santé). ​ Aversion / désir : ○​ désir = désir de la présence de l’objet désiré ○​ aversion = désir de l’absence de l’objet répugné. ​ But : changer son désir ○​ Désirer uniquement ce qui dépend de nous pour éviter la frustration ○​ Devenir indifférent à tout ce qui ne dépend pas de moi ⇒ exercices spirituels ○​ Exemple : Accepter la perte d’un objet auquel on tient, la mort ou la maladie avec détachement ​ liberté : ○​ ne consiste pas à satisfaire ses désirs personnels. ○​ réside dans : ​ L’acceptation et la compréhension de l’ordre global du monde. ​ Le détachement des intérêts personnels, des envies de richesse ou de gloire. II. Calliclès : être heureux, c'est réaliser tous ses désirs ​ Calliclès (dans le Gorgias, texte de Platon) : ○​ Être heureux, c’est assouvir tous ses désirs. ○​ La tempérance est une invention des faibles pour cacher leur incapacité à réaliser leurs passions. ○​ Il défend une sorte de méritocratie ​ Objection à Calliclès : ○​ Suivre tous ses désirs peut mener à des excès destructeurs (alcoolisme, violence) et au chaos ​ Vision positive : ○​ Transformer ses désirs en une force créatrice (spiritualisation du désir). III. Nietzsche : la spiritualisation du désir Tous étaient d’accord qu’il faut suivre la nature : que signifie “vivre selon la nature” ? 1. Critiques des visions classiques : nature ​ nature longtemps idéalisée : ○​ Grecs : univers comme cosmos, avec une organisation harmonieuse et rationnelle ○​ Christianisme : création de Dieu ​ Mais déclin de la religion et progrès de la science → conception plus sombre de la nature (Houellebecq) : ○​ “la nature n’enseigne rien”, “la nature ne peut conseiller que le crime” ○​ Exemples : catastrophes naturelles ⇒ Idéaliser la nature ou chercher à la limiter est une erreur. ​ deux ambitions contradictoires : ○​ Calliclès : les désirs et les passions intensifient la vie ⇒ diminuer le désir c’est diminuer la vie. ○​ affirmation brutale de la nature risque de mener au chaos, tant au niveau collectif qu'individuel. 2. Spiritualisation du désir comme solution ⇒ Nietzsche propose une solution à ce problème : il faut « spiritualiser » le désir ​ pas apologie pure et simple des passions car “toutes les passions sont stupides” mais spiritualisation = sublimation en les orientant vers des objectifs créatifs ou altruistes ○​ Exemples : gourmandise → gastronomie ; boire → oenologie ; colère → art martial ; envie → émulation ; … ○​ passage de l’état nature à culture Introduction : Qu'est-ce que le déterminisme ? Définition : ​ Principe selon lequel rien n’arrive par hasard dans la nature. ​ Tous les phénomènes naturels sont déterminés par des lois et des causes précises, rendant ainsi les événements prévisibles si ces lois sont connues. Conséquences : ​ Le déterminisme semble éliminer la liberté, car un acte libre serait un effet sans cause, ce qui est incompatible avec les lois de l’univers. ​ La liberté serait une illusion qu’il faut alors expliquer : Pourquoi nous sentons-nous libres si nous ne le sommes pas ? Problème central : ​ Rapport entre liberté et déterminisme ​ Rapport entre : ○​ Le point de vue de la conscience (expérience de se sentir libre). ○​ Le point de vue de la science (il est impossible que je sois libre). « L’homme n’est pas un empire dans un empire » (Spinoza) I. Les trois niveaux de liberté chez Descartes Descartes aborde la liberté du point de vue de la conscience. Il distingue trois niveaux dans l’expérience humaine : 1. Liberté d’indifférence (1er niveau) ​ Définition : Capacité à prendre une décision sans motif, par la seule volonté. ​ Exemple : Choisir une carte au hasard. ​ Remarque : C’est le niveau le plus bas de la liberté, associé aux choix les moins importants. Pourtant, cela reste une faculté positive et importante. ​ Débat : L’âne de Buridan — un animal mourant de faim et de soif faute de raison et capacité à choisir entre la nourriture et l’eau. 2. Liberté éclairée (2ème niveau) ​ Définition : Liberté de faire le bien plutôt que n’importe quoi. → niveau supérieur au premier ​ Débat : Gide, l’acte gratuit : la vraie liberté est d’agir sans motif ; en faisant le bien, on ne fait qu’obéir à la morale (Les caves du Vatican, Lafcadio dans train et pousse un vieux) Fin de la théorie officielle de la liberté selon Descartes 3. Liberté absolue (3ème niveau) ​ Définition : Faire volontairement le mal, allant à l’encontre de Dieu ou de la morale. ​ Exemples : ○​ Lucifer (révolte contre Dieu). ○​ Médée (tragédie grecque) : Elle tue ses enfants pour se venger de son mari. ​ Réflexion : Cette liberté est scandaleuse car elle implique une rébellion extrême. (secrète car Église) Transition : Ces expériences de liberté semblent contraires à l’idée que tout dans la nature est soumis à des lois. II. Le point de vue déterministe 1. Laplace et le déterminisme scientifique Laplace = premier scientifique à oser proposer une explication du fonctionnement de la nature qui ne fasse pas intervenir Dieu ​ Principes fondamentaux : ○​ La nature est homogène : tout y est soumis aux mêmes lois universelles, qu’il s’agisse des planètes ou des atomes. ○​ Rejet des explications traditionnelles : ​ hasard : certains phénomènes → aléatoires à nos yeux mais pour Laplace → cette perception est une illusion (lois trop complexes) ​ causes finales : quand phénomènes réguliers, souvent expliqués par “causes finales” (concept d’Aristote → 4 causes : finale, formelle, efficiente, matérielle), longtemps modèle dominant en sciences ; cause finale devient avec le développement du christianisme au Moyen-âge la volonté de Dieu ⇒ à partir du XVIIe siècle = rejet des causes finales (pas explication sérieuse) pour privilégier les causes efficientes = mécanismes et lois vérifiables ​ Hypothèse d’une intelligence supérieure ○​ Une intelligence qui connaîtrait toutes les lois et toutes les positions des atomes pourrait prévoir l’avenir et comprendre le passé avec certitude ○​ La liberté et le hasard ne sont que des illusions dues à notre ignorance. ○​ L’homme commence à approcher cette intelligence par des avancées en astronomie et en mathématiques, mais reste à une distance infinie. ​ Critique de Laplace : Il explique, du point de vue de la science moderne, pourquoi la liberté est impossible mais pas pourquoi l’illusion de liberté est si forte. Transition : Le déterminisme a deux dimensions : ​ une dimension cosmique : il constitue une conception du monde et du cosmos : pas de sens, de finalité, juste ensemble de causes et d’effets ​ une dimension psychologique : la sensation qu’on a d’être libre doit donc être illusoire ; mais d’où vient cette illusion ? 2. L’illusion de liberté selon Spinoza ​ Origine de l’illusion : les hommes ont conscience de leurs désirs, mais non de leurs causes ​ Illustration : La pierre lancée ○​ Une pierre, si elle était consciente de son mouvement mais ignorait la force qui l’a poussée, croirait se mouvoir librement. ​ Illustration : La pierre lancée ○​ Une pierre, si elle était consciente de son mouvement mais ignorait la force qui l’a poussée, croirait se mouvoir librement. ○​ De même, les hommes sont conscients de leurs désirs mais ignorent les causes qui les déterminent. ​ Exemples d’illusions humaines : ○​ Un enfant croit vouloir du lait, mais c’est son instinct de survie. ○​ Une personne ivre pense parler librement, mais agit sous l’effet de l’alcool. Réflexion / Remarques : ​ L’homme est déterminé par des causes extérieures dont il n’a pas conscience (Spinoza introduit l’idée d’un inconscient). ​ Spinoza ne rejette pas l’idée de liberté en général, seulement l’idée de “libre arbitre”. Il défend au contraire l’idée de l’idée de “libre nécessité” : un chose est libre si elle «agit par la seule nécessité de sa nature» = elle suit sa nature (=/ Kant pour lequel il s’agit de la liberté du tourne-broche) Exemple de Westworld ​ Dans Westworld les robots sont déterminés mais les humains sont libres : Hector déroule un scénario écrit d’avance, mais il est soudainement interrompu par un visiteur. Pour Laplace et Spinoza : hommes autant déterminés que robots (ADN, …) ​ Les robots deviennent peu à peu conscients → parfaite illustration de Westworld ⇒ pourquoi est-ce que les êtres humains sont conscients ? car conscience pas indispensable Nous nous appuyons sur le point de vue de la conscience pour défendre la liberté – mais comment expliquer ce point de vue ? Peut-on expliquer la conscience du point de vue de la science ? Transition : peut-on dépasser cette opposition entre le point de vue de la conscience et le point de vue de la science ? III. Les limites du déterminisme 1. Les limites du déterminisme du point de vue de la science ​ Modèle qui fonctionne très bien en astronomie mais pas dans tous les domaines ​ Physique moderne : ○​ Principe d’incertitude d’Heisenberg : Impossible de prévoir simultanément la position et la vitesse d’un électron. ○​ Théorie cinétique des gaz : prévision probabiliste mais pas précise des comportements des molécules individuellement ​ Remarques : ○​ L’indéterminisme est fondamental dans certains domaines, pas dû à un manque de connaissances ○​ on ne peut pas se le représenter : notre imagination est toujours simpliste et déterministe ○​ Cela réintroduit une place pour le hasard, liberté, … mais toujours écart très grand entre position d’un électron et liberté humaine 2. Bergson : les limites du déterminisme dans la vie humaine ​ heuristique : qui permet de faire des découvertes, qui guide la recherche ​ Hypothèse : le déterminisme ne s’applique pas à la vie et à la conscience. ​ Démonstration par l'absurde de l’hypothèse : l’imprévisibilité de la création : ○​ Les créations humaines (inventions, arts) sont imprévisibles. ○​ Exemple : On ne pouvait pas prévoir l’invention de la roue ou une grande œuvre artistique avant qu’elle n’apparaisse, sinon on l’aurait déjà inventée avant ​ L’illusion rétrospective : ○​ Une fois un événement réalisé, on peut expliquer ses causes, ce qui donne l’impression qu’il était prévisible. ⇒ on confond prédiction et explication ○​ Exemple : Les crises économiques ou guerres ou encore chef d’oeuvre (peinture, …) semblent évidentes après coup, mais aucune prédiction précise n’avait été faite. Conclusion 1.​ Laplace et l’auto-contradiction : ○​ En formulant le déterminisme, il se place hors du système qu’il décrit, créant un paradoxe. 2.​ Une vision religieuse cachée chez Laplace : ○​ L’« intelligence supérieure » reste un concept théorique, jamais atteignable. ⇒ le déterminisme est loin d’être prouvé ○​ Le déterminisme, comme un dogme, conserve une dimension croyante et théorique, dépasse la simple objectivité scientifique Introduction : Qu’est-ce que le devoir ? Définitions et mise en situation ​ Exemple cinématographique : No Country for Old Men 1.​ Pourquoi Llewelyn retourne-t-il sur la scène d’affrontement ? ​ Par devoir moral : il ressent une obligation de donner à boire à un survivant. ​ Malgré le danger, il agit par conscience morale, qui définit son humanité. ​ Deux positions : 1.​ Llewelyn a raison car il exprime son humanité et agit selon un devoir absolu. 2.​ Llewelyn aurait dû rester en sécurité auprès de sa femme. Problème central : ​ Origine et fondement du devoir : ○​ Pourquoi ressentons-nous une obligation morale, même lorsque cela va à l’encontre de nos intérêts ou des lois ? ○​ Exemple : Les Français cachant des Juifs sous l’Occupation agissent par devoir moral, contre la loi. Extrait : Terminator Introduction : définitions 1. Intention et conséquences ​ Déontologie = théorie du devoir ​ 2 grandes manières de définir le devoir : ​ plus d’importance accordée à l’intention, à la motivation = morale de l’intention ​ plus d’importance accordée aux résultats de l’action, à ses conséquences = morale conséquentialistes ​ Exemple : Philippa Foot et le dilemme du tramway (décider de sacrifier une personne pour en sauver plusieurs). 2. Éthiques de conviction et éthiques de responsabilité ​ Éthiques de conviction : se déterminer uniquement en fonction du bien et du mal en soi ​ Éthiques de responsabilité : adapter son action au contexte et aux conséquences (ex. : Simone Veil défend la légalisation de l’avortement pour limiter les drames sociaux et sanitaires) 3. L’origine et le fondement du devoir ​ Différence entre origine et fondement ○​ Origine : ​ Cause temporelle ou historique. ​ Exemple : origine des espèces, d’une rumeur, … ○​ Fondement : ​ renvoie à un principe, à une raison ou au sens de quelque chose ​ Exemple : une rumeur peut avoir une origine mais pas de fondement (car elle ne correspond à aucune réalité) ⇒ souvent l’explication de l’origine du sentiment de devoir se fait par des facteurs psychologiques ou sociologiques : x aide y parce qu’il a beaucoup d’empathie ou un caractère généreux (psychologie), parce que cela correspond à son éducation chrétienne ou aux valeurs de sa famille (sociologie) ​ Limites des approches réductionnistes ○​ Problème 1 : Perte de la spécificité du devoir : Le devoir est une obligation morale ressentie indépendamment du caractère ou de l’éducation. ○​ Problème 2 : Certains individus ont une conscience morale malgré une mauvaise éducation/caractère ○​ Problème 3 : Universalité de la conscience morale malgré diversité de facteurs Comment peut-on expliquer le sentiment du devoir ? Quel fondement faut-il lui donner ? I. Les approches réductionnistes du devoir sentiment du devoir = facteurs psychologiques ou sociaux 1. Calliclès ​ La morale est une invention des faibles pour faire culpabiliser les forts. → voir cours Bonheur 2. La théorie freudienne du surmoi ​ Le devoir moral provient de l’intériorisation des interdits parentaux et sociaux → se sent coupable s’il ne les respecte pas → voir cours Inconscient 3. Néo-darwinisme ​ La morale est le fruit de l’évolution : un instinct de ne pas attaquer ses semblables Mais devoir = sentiment très fort, qui semble venir du plus profond de nous II. Les devoirs viennent d’une conscience morale innée 1. Définition de la conscience morale selon Rousseau ​ Origine du devoir : ○​ Sentiments innés et naturels présents avant la raison et les connaissances. ​ Limites des sentiments innés : ○​ Sans une raison développée pour définir le bien, on peut faire le mal en voulant faire le bien (« l’enfer est pavé de bonnes intentions »). ​ Conception de Rousseau : ○​ Valorisation à la fois de la tendance innée de l’homme à faire le bien et du développement des connaissances ○​ Conception conciliant innéité (tendance naturelle au bien) et perfectibilité (réalisation progressive grâce au développement de la raison). 2. Critiques adressées à Rousseau ​ approche sentimentaliste = trop subjective ​ trop vague, ne permet pas de régler les dilemmes moraux ​ pas de règles précises ni de possibilité de les formuler → Que faire si une personne ne ressent pas ces sentiments naturels ? → formulation de règles morales et des devoirs soit inutile soit vaine : ○​ inutile si on ressent ces sentiments innés, si on a été éduqué conformément à la nature, parce qu’on fera alors naturellement le bien ○​ vaine si on a été perverti par la société car sentiment naturel alors impuissant face à l’amour propre III. Kant : le devoir doit être fondé sur la raison 1. Définition du devoir Agir par devoir et agir conformément au devoir ​ Exemple : Le marchand honnête ○​ Action : Faire payer le même prix à tous les clients. ○​ Intention 1 : Protéger sa réputation pour attirer plus de clients (conformément au devoir, mais pas par devoir). ○​ Intention 2 : Agir par respect pour les clients, sans intérêt personnel (par devoir). ​ Définition du devoir : ○​ « Le devoir est la nécessité d’agir par respect pour la loi. » (Kant) Impératifs hypothétiques et impératifs catégoriques ​ Impératifs hypothétiques : ○​ Basés sur une condition : « Si je veux X, alors je dois faire Y. » ○​ Leur valeur dépend du but visé. ⇒ pas moral en lui-même ○​ Exemples : « Si je veux réussir, je dois travailler dur. » ​ Impératifs catégoriques : ○​ Commandent de manière absolue, sans condition : « Il faut le faire parce qu’il faut le faire. » ○​ Fondent le véritable devoir moral. 2. Le devoir fondamental : les trois formulations de la loi morale Première formulation de la loi morale ​ Test d’universalisation : ○​ Pour savoir si une action est morale, imaginez que tout le monde adopte cette même règle. ○​ Si l’universalisation est contradictoire, alors l’action est immorale. ​ Exemples : ○​ Mentir pour aider quelqu’un : immorale, car si tout le monde ment, la confiance disparaît. ○​ Tenir ses promesses : moral, car l’universalisation ne gène pas. Deuxième formulation de la loi morale ​ Première formulation : Kant se concentre sur la forme (universel ou non). ​ Deuxième formulation : Kant se demande si on peut fonder une morale universelle sur une fin, un but précis. ​ Pb = cela ne peut pas être une fin relative : cela doit-être une fin absolue, une fin en soi, c'est-à-dire une chose valant par elle-même, sans conditions ​ Idée centrale : ○​ Chaque être humain doit être traité comme une fin en soi, jamais uniquement comme un moyen. ​ Conséquences : ○​ Respect de la dignité humaine. ○​ Interdiction morale du suicide ou de la prostitution (se réduire à un moyen). Troisième formulation de la loi morale ​ Liberté morale : ○​ Suivre la raison plutôt que ses désirs (autonomie). ○​ L’homme est à la fois le législateur et le sujet de la loi morale : Chaque homme singulier doit pouvoir se considérer comme l’auteur de la loi morale universelle : cette loi morale étant rationnelle, c'est lui-même, en tant qu'être rationnel, qui se la donne ​ Comparaison avec le déterminisme sensible : ○​ Être soumis à ses désirs = hétéronomie (« liberté du tourne-broche »). ○​ Suivre sa raison = véritable autonomie. Conclusion 1. Limites de la raison comme fondement du devoir ​ Problème : La raison garantit la liberté morale, mais pas le bonheur. ​ Solution kantienne : Postuler une justice divine et une vie après la mort pour réconcilier moralité et bonheur (voir cours sur la religion). 2. Conséquentialisme vs intention morale ​ Dilemme moral : ○​ Ex. : Mentir pour protéger quelqu’un (Dr House, saison 2 épisode 2). ○​ Le conséquentialisme calcule les résultats, mais on ne peut jamais être certain des conséquences. ○​ Pour Kant, seule l’intention peut être moralement pure et certaine.

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