Cours de systèmes et techniques agricoles PDF

Summary

Ce document présente un cours sur les systèmes et techniques agricoles. Il aborde les concepts clés, les objectifs et les types de systèmes agricoles tels que la productivité et la rentabilité, ainsi que les méthodes et techniques de recherche agricole en système. Vous trouverez également des informations sur l'agriculture biologique et ses différences avec l'agriculture conventionnelle.

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Cours : Systèmes et techniques agricole Cycle : Ingénieur Filière : Production végétale Niveau : 4 Enseignant : FOTSO NGANGOUA Moïse Harnold (Phd student, FASA) Contenu du cours Concepts, définitions et classification des systèmes agricoles. Fa...

Cours : Systèmes et techniques agricole Cycle : Ingénieur Filière : Production végétale Niveau : 4 Enseignant : FOTSO NGANGOUA Moïse Harnold (Phd student, FASA) Contenu du cours Concepts, définitions et classification des systèmes agricoles. Facteurs déterminant les systèmes agricoles : physiques, biologiques et socio-économiques. Caractéristiques des systèmes agricoles tropicaux à petite échelle: agriculture itinérante, culture en rotation, jachère, culture permanente, culture en pâturage etc. Cultures intercalaires, monoculture, cultures séquentielles, cultures relais, cultures en bandes, etc. Chapitre 1 : Notion de système de production Introduction Un système est un groupe de composants en interaction, fonctionnant ensemble dans un but commun, capable de réagir dans son ensemble à des stimuli externes et possédant une limite. Par exemple, le corps humain est un système : il possède une limite (par exemple, la peau) entourant un certain nombre de composants (le cœur, les poumons) qui interagissent (le cœur pompe le sang vers les poumons) dans un but commun (maintenir et faire fonctionner le corps vivant). Les exploitations agricoles sont des systèmes parce qu’elles sont limitées dans l’espace, plusieurs activités sont étroitement liées les unes aux autres (l'utilisation commune de la main-d'œuvre, de la terre, du capital) dans le but d’avoir une bonne production agricole. I.1 Etude des systèmes L’étude des systèmes fait recours à une approche dite, approche systémique. Dans l’approche systémique, tous les composants et toutes les activités sont liés, ils s’influencent mutuellement. Il n’est pas raisonnable de considérer un composant en particulier sans reconnaître que ce qu’il fait et ce qui lui arrive affectera d’autres parties du système. Par exemple, imaginez ce qui se passe lorsque vous vous cognez l’orteil : tout le corps peut réagir et différentes parties peuvent réagir différemment. Les yeux peuvent pleurer, la voix peut émettre des sons appropriés, le rythme cardiaque peut augmenter et les mains peuvent essayer de frotter l’orteil endommagé. Il serait très imprudent de modifier un composant d’un système sans tenir compte des conséquences et des réactions ailleurs. On ne peut pas, par exemple, améliorer une voiture (un système) en faisant des recherches sur une roue et en la rendant ensuite plus grosse que les autres. On ne peut pas non plus augmenter la puissance et la taille du moteur sans tenir compte de la capacité du châssis à le supporter. Ces choses qui relèvent du bon sens dans des contextes aussi familiers, s’appliquent également aux systèmes agricoles. En agriculture, les pratiques de gestion sont généralement formulées pour des entreprises individuelles. Cependant, les agriculteurs cultivent différentes cultures à différentes saisons en fonction de leur adaptabilité à une saison particulière, des besoins domestiques et de la rentabilité. Par conséquent, les technologies de production ou les pratiques de gestion doivent être développées en tenant compte de toutes les cultures cultivées au cours d'une année ou de plusieurs années. Un tel ensemble de pratiques de gestion pour toutes les cultures conduit à une utilisation efficace des intrants coûteux, en plus de réduire les coûts de production. Par exemple, l'effet résiduel des amendements, des engrais appliqués et de l'azote fixé peut considérablement réduire les coûts de production si toutes les cultures sont prises en compte plutôt que les cultures individuelles. I.2 Notion de système agricole Le système agricole est défini comme un ensemble unique et raisonnablement stable d'entreprises agricoles que l’agriculteur gère en fonction de son environnement physique, biologique, économique et socioculturel. Au centre de l'interaction se trouve l'agriculteur qui exerce un contrôle et un choix concernant le type et le résultat de l'interaction entre les différentes entreprises agricoles. La mise sur pied d’un système agricole repose sur certains principes à savoir : ❖ Minimisation des risques ; ❖ Recyclage des déchets et résidus ; ❖ Intégration de deux ou plusieurs entreprises ; ❖ Utilisation optimale de toutes les ressources ; ❖ Productivité et rentabilité maximales ; ❖ Équilibre écologique ; ❖ Augmentation de l'efficacité de l'utilisation des intrants ; I.3 Objectifs du système agricole Le système agricole vise à atteindre plusieurs objectifs parmi lesquels : a) La productivité Le système agricole fournit la possibilité d'augmenter le rendement économique par unité de surface et par unité de temps grâce à l'intensification des cultures et des activités connexes. b) La rentabilité Le système dans son ensemble permet d'utiliser les produits/déchets d'une entreprise comme intrants dans une autre entreprise à un coût faible ou nul. Ainsi, en réduisant le coût de production, le rapport rentabilité/coût-bénéfice s'avère élevé. c) La potentialité Dans le système agricole, la supplémentation organique par l'utilisation efficace des engrais et le recyclage des déchets est effectuée, offrant ainsi la possibilité de maintenir le potentiel de base de production pendant une période beaucoup plus longue. d) L’alimentation équilibrée Dans le système agricole, diverses entreprises sont impliquées et elles produisent différentes sources de nutriments, à savoir des protéines, des glucides, des lipides et des minéraux, etc., à partir de la même unité de terre, ce qui contribue à résoudre le problème de malnutrition. e) La sécurité environnementale La nature même du système agricole consiste à utiliser ou à conserver les sous- produits/déchets d'un composant comme intrants dans un autre composant et à utiliser des mesures de lutte biologique contre les ravageurs et les maladies. Ces pratiques respectueuses de l'environnement réduisent l'application d'énormes quantités d'engrais, de pesticides et d'herbicides, qui polluent l'eau du sol et l'environnement à un niveau alarmant. f) Revenus/flux de trésorerie tout au long de l'année Contrairement à l'activité agricole conventionnelle d'une seule entreprise où le revenu n'est attendu qu'au moment de la vente de produits économiques après plusieurs mois en fonction de la durée de la récolte, le système agricole permet un flux de trésorerie tout au long de l'année grâce à la vente de produits de différentes entreprises. Cela améliore non seulement le pouvoir d'achat de l'agriculteur, mais offre également la possibilité d'investir dans des technologies améliorées pour une production accrue. g) Création d'emplois Diverses entreprises agricoles, à savoir les cultures, l'élevage ou toute autre entreprise connexe au sein du système agricole, augmenteraient considérablement les besoins en main- d'œuvre et contribueraient à résoudre le problème du sous-emploi. I.4 Déterminants du système agricole Il existe trois grands groupes de facteurs qui, combinés, déterminent le type de système agricole utilisé par les agriculteurs d'une région donnée. Ces facteurs sont : les éléments physiques, humain endogène et humain exogène. a) Les éléments physiques (Facteur A) Il représente les éléments physiques et biologiques qui définissent les limites du type de produit agricole à produire dans la région donnée. Les éléments physiques comprennent la terre, la qualité du sol, la topographie, le climat, l'eau, la localisation, la distance, etc. Les éléments biologiques comprennent la physiologie des cultures et du bétail, les maladies, etc. qui déterminent le potentiel des entreprises agricoles. Ces éléments peuvent être modifiés par une intervention limitée des agriculteurs et des scientifiques. Par exemple, les scientifiques peuvent mettre au point de départ d’une technologie de production améliorée et les agriculteurs peuvent l'adopter partiellement ou totalement. b) Les facteurs endogènes humains (Facteur B) Ce sont les facteurs endogènes humains qui influencent grandement le type de système agricole adopté dans une région donnée. Le système s'articule autour de l'agriculteur dont la famille et les moyens de subsistance sont étroitement liés. La famille agricole dispose de ressources disponibles sous son contrôle en termes de terre, de main-d'œuvre, de capital et de gestion. La quantité et la qualité de ces ressources sont conditionnées par les caractéristiques de la famille (taille, âge, etc.), l'éducation et les compétences de gestion. Les objectifs et les attitudes de l'agriculteur sont des facteurs initiaux qui déterminent la nature du système agricole. L'agriculteur peut combiner les ressources disponibles d'une manière qui maximisera les objectifs de la famille. c) Les éléments humains exogènes (Facteur C) Ils représentent les variables humaines exogènes qui régissent l'allocation des ressources disponibles par les agriculteurs. Les producteurs agricoles ont besoin d'incitations pour modifier leurs méthodes agricoles et leurs modes de production dans des directions souhaitables. I.5 Classification des systèmes d'exploitation agricole Il existe de nombreux systèmes de classification des systèmes agricoles. Ainsi on a : a) Selon la taille de l'exploitation : - Agriculture collective. - Agriculture de production : i) agriculture à petite échelle ii) agriculture à grande échelle. b) Selon la proportion de terres, de travail et d'investissement en capital : - Agriculture intensive. - Agriculture extensive. c) Selon la Valeur des Produits ou des Revenus ou sur la base des Avantages Comparatifs : - Agriculture spécialisée. - Agriculture diversifiée. - Polyculture. - Exploitation de ranch - Agriculture sèche. d) Selon l'approvisionnement en eau : - Agriculture pluviale. - Agriculture irriguée. e) Selon le type de rotation : - Culture itinérante. - Culture en jachère. - Culture permanente. - Culture multiple. f) Classification selon le degré de commercialisation : - Agriculture commerciale. - Agriculture partiellement commercialisée. - Agriculture de subsistance. g) Classification selon les méthodes et techniques : ▪ Agriculture traditionnelle: elle s’appuie sur des pratiques établies, souvent adaptées aux conditions environnementales locales. ▪ Agriculture moderne : comprend la culture hydroponique, l’aéroponie et l’aquaponie, des méthodes sans sol qui utilisent des solutions d’eau riches en nutriments. ▪ Agriculture biologique : met l’accent sur les engrais naturels, la rotation des cultures et évite les produits chimiques de synthèse. ▪ Agriculture de précision : utilise la technologie pour optimiser l’utilisation des ressources en fonction des données météorologiques Chapitre 2 : Caractéristiques des systèmes agricoles tropicaux Sous les tropiques, quatre éléments peuvent permettre de caractériser les systèmes agricoles: la taille des exploitations ; la main d’œuvre ; le modèle de culture et le type de culture réalisé. II-1. La taille des exploitations La taille des exploitations est très petite dans les tropiques. La taille moyenne des exploitations est souvent inférieure à quatre hectares. Les exploitations sont généralement plus petites dans la zone agroécologique forestière que dans la savane. Il est relativement plus facile de défricher la végétation de la savane que celle de la forêt tropicale. La taille des exploitations est influencée par des facteurs écologiques et socio-économiques. L'augmentation de la population humaine se traduit par des exploitations plus petites. La main-d'œuvre dans les petites exploitations est flexible. Il est plus facile de prendre des décisions sur ce qui doit être fait. Il peut également être difficile pour les agents de vulgarisation et de commercialisation de transmettre les connaissances car la plupart des agriculteurs sont seuls et ne sont pas organisés en coopératives. En Afrique, l'expérience a montré que les petites exploitations pouvaient être plus productives que les grandes à long terme. En raison de la petite taille des exploitations, l'utilisation de tracteurs et leur entretien peuvent être assez coûteux. II-2. La main d’œuvre L'agriculture à petite échelle dépend en grande partie du travail manuel à environ 60- 80%. La traction animale représente environ 20% tandis que l'utilisation du tracteur est négligeable. Sur la plupart des sols des tropiques, l'infiltration d'eau et le faible niveau de micro-organismes posent problème. Les outils utilisés sont généralement peu coûteux, facilement disponibles et les compétences requises sont déjà acquises. Il n'y a pas besoin de formation spéciale contrairement à l'utilisation de machines. Les inconvénients comprennent le problème de l'utilisation efficace de la main d'œuvre. II-3. Le modèle de culture La culture mixte ou intercalaire est une pratique culturale très répandue dans les régions tropicales. Seuls le riz et le blé inondés ne sont pas cultivés en mélange. Les avantages comprennent : - Utilisation efficace des ressources environnementales, en particulier lorsque les cultures de différents cycles de maturité se complètent, - Empêche la propagation des maladies et des ravageurs, - Elle nécessite plus de main d'œuvre que la culture unique et son utilisation est répartie tout au long de la saison. Un inconvénient majeur est la difficulté de mécaniser les opérations telles que le désherbage et la récolte. La pulvérisation de la partie inférieure de la culture dans le mélange est souvent difficile. II-4. Type de culture réalisé Il est courant de produire d'abord des aliments destinés à la consommation domestique avant de considérer une culture commerciale. Une culture vivrière peut devenir une culture commerciale lorsqu'elle est produite en excédent. Chapitre 3 : Description des différents modèles de culture Un modèle de culture renvoie à la séquence annuelle et la disposition spatiale des cultures et de la jachère sur une zone donnée (une ferme). Ainsi, on distingue de nombreux modèle de culture, au rang desquels on retrouve : II-5. Culture itinérante La culture itinérante est un système qui consiste à alterner les cultures pendant quelques années sur des parcelles sélectionnées. Quelques années de culture sont suivies d'une longue période de jachère pendant laquelle la terre est mise au repos pour retrouver sa fertilité d'origine. C'est une technologie qui a été pratiquée dans des régions peu peuplées du monde entier. Elle est particulièrement populaire dans les zones de savane forestière III-1.1 Types de culture itinérante a. Systèmes de végétation Le système peut être pratiqué en forêt, en savane ou en transition forêt/savane où les terres en jachère sont dominées respectivement par la forêt, la brousse ou la prairie. Les zones à faible densité de population, humides et boisées de la République démocratique du Congo en sont des exemples. b. Systèmes de migration Chaque fois qu'une nouvelle terre est cultivée, les ménages agricoles ont tendance à se déplacer avec leur famille si le transport des produits (par exemple des racines) devient problématique. Cela entraîne une migration progressive. En général, les huttes doivent toujours être réparées tous les 2 à 3 ans dans des conditions forestières et il est souvent plus facile de construire une nouvelle hutte que de réparer une ancienne. La fréquence des déplacements et les distances parcourues semblent augmenter avec les précipitations. Le bassin amazonien au Brésil et les Philippines en Asie sont des zones où l'on trouve des exemples c. Systèmes de rotation Pour les cultivateurs sédentaires, un nombre défini d'années de jachère suit souvent un nombre défini d'années de culture dans une séquence régulière. Cependant, cela peut avoir un caractère irrégulier. Dans la zone forestière, 2 à 4 années de culture peuvent être alternées avec une ou trois décennies de jachère. Dans la savane africaine, cela peut être plus compliqué lorsque des périodes de jachère de courte durée de 1 à 2 ans, des périodes de jachère moyenne de 3 à 5 ans ou des périodes de jachère longue de 6 ans ou plus alternent dans un seul cycle d'utilisation des terres. III-1.2 Avantages de la culture itinérante Facile et rapide à mettre en œuvre, respectueux de l'environnement car issu de l'agriculture biologique. Elle peut réduire l'incidence des maladies transmises par le sol et des insectes nuisibles. Elle favorise la biodiversité. III-1.3 Inconvénients de la culture itinérante Ce système n'est pas viable à long terme. Il n'est pas adapté aux terres utilisées pour un seul type de culture. Il ne produit pas suffisamment de nourriture. Il n'est pas rentable. Il est gênant pour les agriculteurs de toujours se déplacer. Il est très sensible à une forte croissance démographique. Il nécessite une grande superficie de terres en raison de l'insuffisance des terres cultivables. III-2. Systèmes de jachère Il existe une variation considérable et un degré d'intensité entre la période de culture et la période de jachère au sein d’un cycle de culture. La durée nécessaire pour la jachère dépend de plusieurs facteurs, notamment : 1. Type de sol : les sols pauvres ou dégradés nécessitent une période de jachère plus longue pour se régénérer. 2. Climat : les régions à climat sec ou à saisonnalité marquée nécessitent une période de jachère plus longue pour permettre la recharge des réserves en eau. 3. Culture précédente : les cultures qui ont épuisé les nutriments du sol, comme les céréales, nécessitent une période de jachère plus longue. 4. Objectifs de la jachère : si l'objectif est de restaurer la fertilité du sol, une période de jachère plus longue peut être nécessaire. En fonction de la durée de la Jachère, on distingue : - Jachère courte (1-2 ans) : pour les sols fertiles et les cultures qui ne nécessitent pas une recharge importante des nutriments. - Jachère moyenne (2-5 ans) : pour les sols qui nécessitent une recharge modérée des nutriments et des cultures qui ont des exigences moyennes en termes de fertilité. - Jachère longue (5-10 ans ou plus) : pour les sols qui nécessitent une recharge importante des nutriments, les cultures qui ont des exigences élevées en termes de fertilité, ou les régions à climat sec ou à saisonnalité marquée. Dans une exploitation agricole, la surface de terre utilisée renseigne sur système de jachère qui peut être mis en place. Ainsi, si le symbole R représente la proportion de surface de terre exploitée dans une ferme, alors si 20 % des terres disponibles dans une exploitation sont cultivées, alors R est de 20 %. Plus R devient grand, plus l'agriculture est stationnaire. Lorsque R est < 33 %, il s'agit de culture itinérante. Lorsque R > 33 % et < 66 %, il s'agit de systèmes de jachère : alors qu'il s'agit de culture permanente lorsque R > 66 %. Les cultures permanentes peuvent être classées selon le degré de polyculture. III-3. Système de culture permanente A mesure que les cultures s'intensifient et que la période de jachère se raccourcit, voire disparaît, l'agriculture devient permanente. C'est particulièrement le cas dans les zones densément peuplées. En raison de la forte lixiviation des nutriments, la culture permanente de cultures annuelles en altitude peut entraîner une baisse sévère de la fertilité des sols et des rendements très faibles. Dans les zones humides Sud et du Sud-Ouest Cameroun, des cultures pérennes comme le palmier à huile, le cacao et le café sont depuis longtemps cultivées sur les hautes terres. Ceci nécessite un apport important pour répondre aux besoins élevés en engrais, en gestion, en capital et en connaissances techniques pour maintenir un bon niveau de production. III-4. Système de culture intercalaire La culture intercalaire est une pratique de culture multiple qui consiste à cultiver deux ou plusieurs cultures ensemble sur la même terre pendant une saison de croissance. L'objectif de la culture intercalaire est de produire un meilleur rendement sur une parcelle de terre donnée en utilisant des ressources ou des processus écologiques qui ne seraient autrement pas utilisés par une seule culture. La mise en place d’une culture intercalaire doit prendre en compte : - Disposition spatiale : Disposez les plantes d’une manière qui correspond à une classification spécifique permettant, une bonne aération, un bon accès à la lumière et aux éléments minéraux et qui limite les concurrences. - Disposition temporelle : Semez les plantes soit en même temps, soit lorsque les autres espèces sont déjà en fleurs ou prêtes à être récoltées. Types de cultures intercalaires - Culture intercalaire en bandes : Culture de plantes ensemble en bandes larges pour laisser suffisamment d'espace entre elles pour une production séparée, mais suffisamment proches pour permettre aux cultures d'interagir. La culture intercalaire en bandes larges de coton et d'arachides combinée à la rotation des bandes peut augmenter la productivité des cultures et stimuler les rendements économiques. - Culture intercalaire mixte : Culture de deux ou plusieurs espèces en même temps sans disposition distincte des rangs. Les arachides sont généralement cultivées en association avec le sorgho dans certaines régions. - Culture intercalaire en relais : Plantation d'une culture dans une culture existante lorsque celle-ci a fleuri mais avant qu'il soit temps de récolter la première culture. Cela peut permettre un rendement en grains plus élevé. La culture intercalaire avec des arachides qui ont été semées en relais entre différents schémas de rangées de riz est connue pour augmenter le rendement du riz rouge dans un système d'irrigation aérobie. - Culture en couloir : Cultures entre des arbres, des arbustes ou des haies formant des couloirs. Les plantes supérieures protègent les plantes inférieures des vents et des rayons du soleil et empêchent l'érosion du sol grâce à leurs systèmes racinaires vigoureux. - Culture intercalaire temporelle : Combinaison de plantes nécessitant des temps de maturation différents. - Culture piège : Aide à piéger les parasites pour protéger la culture principale III-5. Systèmes de monoculture La monoculture est la pratique consistant à planter une seule variété de culture dans un peuplement pur à une densité typique. Elle consiste à cultiver une seule culture dans un champ, soit en une seule culture, soit en une séquence de cultures individuelles au cours de l'année. La monoculture est également appelée plantation en massif et est l'opposé de la culture intercalaire. Ce système présente quelques avantages : les agriculteurs peuvent obtenir des récoltes uniformes sur l'ensemble de leur exploitation en ne plantant qu'un seul type de culture. Ils peuvent accroître la rentabilité de leur exploitation en plantant les cultures les plus lucratives et en utilisant les mêmes semences, les mêmes machines, les mêmes techniques de lutte antiparasitaire et de croissance sur l'ensemble de leur exploitation. III-6. Système de production et recherche scientifique Les systèmes agricoles englobent un large éventail d'approches façonnées par des facteurs environnementaux, des ressources disponibles et des considérations socio- économiques. Ces systèmes représentent l'interaction complexe entre les cultures, l'élevage et l'environnement, influençant les pratiques agricoles dans le monde entier. La recherche en système de production en abrégé FSR (Farming Systems Research) reconnaît l'importance de comprendre ces interactions, en soulignant la nécessité d'approches interdisciplinaires, intégratives et centrées sur l'agriculteur. La FSR utilise la pensée systémique, l'interdisciplinarité et la recherche participative pour analyser les systèmes agricoles. Cette approche reconnaît que les exploitations agricoles ne sont pas des entités isolées mais qu'elles sont intégrées dans des contextes sociaux, économiques et écologiques plus larges. Les outils analytiques utilisés dans la FSR deviennent de plus en plus participatifs, intégrant les connaissances locales et la planification de groupe. Chapitre 4 : Techniques de recherche en système agricole Dans les projets de recherche en agronomie, il est très souhaitable de lancer les activités de recherche en ferme le plus tôt possible. Naturellement, avant que les nouvelles technologies puissent être menées en ferme, un certain temps sera consacré à la recherche purement en station (OSR). Cela est nécessaire pour le dépistage et l'évaluation des espèces à usages multiples et pour l'expérimentation des pratiques de gestion. Cependant, la stratégie de recherche en ferme est que les institutions collaboratrices commencent le travail sur les exploitations dès que les chercheurs ont trouvé un prototype « le plus adapté » aux conditions agroécologiques locales : recherche à la ferme (OFR). IV-1. Définition de la recherche à la ferme La recherche à la ferme (OFR) est un outil indispensable pour développer et valider de nouvelles technologies agricoles. La recherche à la ferme (OFR) peut être définie dans ses termes les plus simples comme une recherche effectuée dans les champs des agriculteurs et dans leur environnement. À partir de cette définition simple, on peut identifier quatre éléments clés de l’OFR. Ceux-ci sont :  L'agriculteur,  La terre de l'agriculteur,  L'implication de l'agriculteur, et  L'environnement de l'agriculteur. IV-1-1 L'agriculteur Dans le cadre de l'OFR, il est essentiel de préciser le type d'agriculteurs auquel s'adresse une intervention particulière, qu'il s'agisse de développement ou de test. Ainsi, si l'on développe une technologie pour les petits exploitants agricoles à faibles ressources, il sera incorrect d'échantillonner les grandes exploitations commerciales pour l'OFR. De même, pour une technologie qui nécessite l'utilisation d'intrants coûteux - semences, engrais, herbicides, insecticides, etc. il faudra traiter avec des agriculteurs de moyenne et grande taille qui peuvent se permettre les intrants essentiels à la technologie, plutôt qu'avec des petits exploitants à faibles ressources. La question du « type d'agriculteur » n'est pas seulement liée à la base de ressources, mais peut aussi être liée au système de production. Par exemple, pour élaborer un programme d'intervention sur le fourrage, il faudrait rechercher une communauté d'agriculteurs où la production animale et végétale est importante, de sorte que la technologie soit pertinente. La question centrale est donc de définir et de décrire le type d'agriculteur pour lequel la technologie à développer ou à tester est appropriée et pertinente. IV-1-2 La terre de l’agriculteur Toute expérience réalisée sur une parcelle de terrain en dehors de la station expérimentale peut être qualifiée de recherche hors station, mais toutes ces recherches ne sont pas considérées comme des recherches à la ferme. Pour être qualifiées de recherche à la ferme, elles doivent être réalisées sur une parcelle de terrain appartenant à l'agriculteur et dans l'environnement de la ferme de l'agriculteur. La recherche hors station n'est donc pas synonyme de recherche à la ferme, bien que toutes les recherches à la ferme soient par définition « hors station ». IV-1-3 L'implication des agriculteurs La nature de l'implication des agriculteurs dans toute activité d’OFR est très importante car elle influence l'interprétation des résultats obtenus. Les scientifiques de l’OFR cherchent à impliquer les agriculteurs à divers degrés. La nature et le degré exact de l'implication des agriculteurs sont déterminés par l'objectif de l’OFR et la nature de la recherche en termes de composants, de systèmes ou de technologies évalués. Le degré d'implication des agriculteurs a également un effet sur la conception de l'expérience et l'interprétation des résultats obtenus. Les quatre manières possibles par lesquelles les agriculteurs sont généralement impliqués dans l'OFR sont les suivantes :  Relation propriétaire/locataire,  Implication passive,  Implication active contrôlée par le chercheur, et  Implication active contrôlée par l'agriculteur. IV-1-4 L'environnement de l'agriculteur L'agriculteur ne vit pas en tant qu'entité indépendante. Il vit au sein d'une structure familiale, qui est elle-même intégrée à une structure communautaire. Ainsi, la contribution de l'agriculteur, son évaluation et son adoption éventuelle d'un système devront être envisagées et évaluées dans le cadre de la communauté dans laquelle il évolue. L'environnement socioculturel, anthropologique et économique de cette communauté devra être pris en compte dans la conception de la technologie, dans ses essais et, finalement, dans l'évaluation de son acceptabilité par les agriculteurs. Le deuxième aspect de l'environnement de l'agriculteur concerne le système de culture et d'exploitation agricole dans lequel il évolue et la vaste base physique dans laquelle se déroule l'activité agricole. Par exemple, les champs des agriculteurs peuvent présenter beaucoup plus de problèmes liés à la fertilité et au drainage du sol que les champs des stations de recherche où des expériences en station ont été menées. Les agriculteurs peuvent également pratiquer un système de culture beaucoup plus complexe que celui utilisé dans les essais en station. Tous ces facteurs soulignent la nécessité de l’OFR et la nécessité de prendre en compte l'environnement de l'agriculteur dans la conception et l'essai des technologies. IV-2. Pourquoi faire de la recherche à la ferme ? Bien qu'il soit nécessaire de consacrer un certain temps à la recherche purement en station (afin de sélectionner et d'évaluer les espèces à usages multiples et d'expérimenter les pratiques de gestion), une mise en route rapide de la recherche en ferme facilitera le processus de recherche et développement. La recherche en ferme joue un rôle essentiel dans les domaines suivants :  Test et validation des technologies agricoles dans les conditions des agriculteurs locaux ;  Développement et adaptation des technologies agricoles aux conditions des agriculteurs locaux  Démonstration et vulgarisation des technologies d'agriculture dans les communautés agricoles locales. La recherche devrait viser à résoudre les problèmes des agriculteurs et à les impliquer dans le processus de recherche le plus tôt possible, plutôt que de les impliquer en tant que bénéficiaires passifs à une date ultérieure. IV-2-1. Tests et validation Dans les conditions réelles des exploitations agricoles, les meilleures pratiques technologiques mises en œuvre en ferme sont rarement aussi performantes. La recherche en ferme est généralement utilisée pour garantir que les technologies développées en ferme seront adaptées aux problèmes et aux priorités des clients ciblés. Dans le cas de l'agriculture intercalaire, les adoptants ciblés sont généralement des petits agriculteurs pauvres en ressources. Pour valider les résultats obtenus en station, des études de rendement sont menées pour évaluer les performances de systèmes ou de technologies spécifiques à la ferme, avec ou sans la participation de l'agriculteur. Ces recherches conduiront probablement à l'observation d'écarts ou de déficits de rendement (figure 5-1). Les recherches visent ensuite à identifier les contraintes à l'origine de ces écarts et à les éliminer ou à les réduire. Les essais en ferme permettent d'évaluer le système selon un large éventail de critères. L'analyse de ces essais doit se baser non seulement sur la productivité et la rentabilité, mais aussi sur tous les autres facteurs susceptibles d'influencer l'acceptabilité du système par l'agriculteur. Il peut s'agir notamment des ressources de l'agriculteur, de l'infrastructure économique et sociale de la communauté, etc. Figure 5-1. Comparaison des performances technologiques en station et à la ferme avec différents niveaux d’implication des agriculteurs. IV-2-2. Développement et adaptation La recherche en ferme est souvent utilisée pour générer des technologies nouvelles ou modifiées. En se déplaçant dans les champs des agriculteurs et en interagissant avec eux, le chercheur peut se faire une idée de leurs conditions et de leurs problèmes. Elle offre également une excellente occasion d'identifier les domaines problématiques et les questions de recherche qui peuvent survenir suite à l'utilisation par les agriculteurs de la technologie développée. Cela conduit à un processus continu de perfectionnement, d'amélioration et de réessai du système. Le temps nécessaire à la normalisation et à l'adaptation de la technologie aux différentes situations spécifiques des agriculteurs peut être réduit grâce aux contributions des agriculteurs participants. Les mécanismes d'ajustement et les expériences des agriculteurs eux-mêmes constitueront des apports importants dans le processus d'adaptation. Les agriculteurs ont un rôle important à jouer à ce stade de la recherche et, lorsque cela est possible, ils doivent être encouragés à expérimenter le système et à proposer des améliorations. IV-2-3. Démonstration et extension Pour qu'une nouvelle technologie ou un nouveau composant technologique soit accepté par les agriculteurs, il faut démontrer sa supériorité par rapport au système existant. Le moyen le plus fiable de le prouver est l'OFR, auquel l'agriculteur participe et l'essai est mené dans l'environnement de la ferme. Ces essais OFR offrent une excellente occasion de comparer de manière fiable les performances du système proposé et les pratiques traditionnelles de l'agriculteur (Figure 5-2). Figure. 5.2 Démonstration des performances améliorées des nouveaux systèmes. Lorsque les chercheurs et les agriculteurs testent les nouvelles technologies sur le terrain, ils font également la démonstration du système à la communauté locale. La recherche en ferme crée ainsi des liens avec la vulgarisation d'au moins trois façons. Tout d'abord, si la recherche en ferme démontre clairement la viabilité de la technologie, elle peut créer un « effet de voisinage », par lequel les vagues d'innovation se propagent au-delà des sites de recherche. Étant donné que la recherche en ferme est susceptible d'être menée dans de nombreux endroits de la région, les vagues d'innovation se propageront à partir de nombreux centres et accéléreront ainsi à la fois la création et la diffusion de la technologie. De plus, une diffusion horizontale (d'agriculteur à agriculteur) est susceptible de se produire, en raison de l'apprentissage latéral au sein de chaque site de recherche. Deuxièmement, l'OFR encourage la collaboration avec les organismes de vulgarisation et de développement, ce qui contribue à améliorer l'efficacité du processus de création et de diffusion des technologies. L'implication des organismes de vulgarisation et de développement en tant que partenaires et participants au processus de création des technologies leur permettra d'entrer directement en contact avec les agriculteurs. Cela leur permettra également de se familiariser avec les caractéristiques essentielles de la technologie au fur et à mesure de sa création. Il s'agit d'une avancée par rapport à la situation plus courante dans laquelle ces organismes doivent attendre qu'un ensemble de technologies de pointe leur soit mis à disposition pour être diffusé. Troisièmement, l’étape de la recherche agricole peut permettre de tester l’adéquation du cadre institutionnel existant pour une diffusion adéquate de la technologie aux utilisateurs. Par exemple, dans la plupart des pays, les services de vulgarisation agricole, d’élevage et de foresterie sont indépendants et ne collaborent guère. De plus, le service de vulgarisation agricole tend à être beaucoup mieux organisé que les deux autres. Étant donné que la portée de la nouvelle technologie s’étend à ces trois domaines, des mécanismes appropriés pourraient être élaborés au stade de la génération de la technologie pour intégrer les rôles de ces divers organismes dans le processus de diffusion. Des mécanismes permettant d’utiliser les institutions non gouvernementales et traditionnelles dans le processus de diffusion, telles que les associations villageoises et les structures de leadership locales, pourraient également être étudiés au stade de la recherche agricole. IV-3. Types de recherche à la ferme Il existe essentiellement deux types d'OFR : OFR expérimental, OFR développemental. IV-1. OFR expérimental Il s'agit du type d'évaluation de la rentabilité le plus connu et le plus pratiqué des deux. Elle est réalisée pour l'évaluation physique, technique et économique à grande échelle de systèmes ou de traitements alternatifs dans le cadre de plans expérimentaux standard. L'évaluation biophysique vise à déterminer le rendement et la productivité biologiques et physiques du système, tandis que l'évaluation économique s'intéresse à la disponibilité de la main-d'œuvre, de la trésorerie et d'autres ressources pour répondre aux besoins prévus du système alternatif, et examine le niveau et la fiabilité du profit. Figure 5-3 Les objectifs de recherche et les niveaux d’implication des agriculteurs varient selon les différents types de recherche à la ferme. Les essais expérimentaux d’OFR sont directement issus de la recherche en station. Leur structure et leur conception sont très similaires à celles utilisées en station. Cependant, en général, l'expérimentation en ferme est aussi simple que possible pour garantir une compréhension efficace des problèmes par les agriculteurs et une participation et une contribution significative. Selon la nature de l'implication des agriculteurs/chercheurs dans les essais, les OFR expérimentales peuvent être classées en trois types différents, à savoir :  Essais gérés par les chercheurs,  Essais gérés par les chercheurs et les agriculteurs,  Essais gérés par les agriculteurs. a) Essais menés par des chercheurs Les essais dirigés par les chercheurs sont très similaires dans leur structure aux essais en station. Le chercheur est responsable de la direction et de la mise en œuvre des traitements conformément au plan et à la méthodologie choisis pour l'essai. Un seul champ d'agriculteur peut être utilisé pour un tel essai, bien que celui-ci puisse être répété sur la parcelle d'un autre agriculteur (si nécessaire). L'agriculteur et le chercheur peuvent avoir une relation de type propriétaire/locataire, ce qui représente le degré le plus faible d'implication de l'agriculteur. Cela s'applique à la situation où un chercheur obtient une parcelle de terre de l'exploitation d'un agriculteur pour mener une activité de recherche dans laquelle l'agriculteur n'a aucun rôle à jouer. L'agriculteur peut également n'avoir aucun intérêt direct dans ce qui se passe et peut considérer son implication uniquement comme une mise à disposition de terres (en location, en prêt ou en cadeau) pour une activité de recherche. L'agriculteur peut aussi avoir une participation passive. Dans ce cas également, l'agriculteur met des terres à disposition, mais n'a aucun rôle direct dans la gestion ou le fonctionnement de l'essai. La principale différence entre ce cas et la relation propriétaire/locataire est que, dans ce cas, la recherche est menée sur la même parcelle que celle que l'agriculteur cultive. Le chercheur peut, de temps à autre, inviter l'agriculteur à observer des opérations particulières ou à voir émerger certaines réponses. Une telle situation se présente généralement dans les essais OFR gérés par le chercheur superposés sur des parcelles existantes de l'agriculteur. b) Essais conjoints menés par des chercheurs et des agriculteurs Il s'agit d'essais dans lesquels la gestion et le fonctionnement relèvent de la responsabilité conjointe de l'agriculteur et du chercheur (figure 5-4). Ces essais doivent être plus simples que les essais gérés par le chercheur, car ils nécessitent une plus grande implication de l'agriculteur. La simplicité garantit une meilleure compréhension de l'essai par l'agriculteur. Le rôle de l'agriculteur peut être qualifié de participation active (contrôlée par le chercheur), car il est directement impliqué dans la réalisation de tout ou partie des opérations de gestion de l'essai. Cependant, la contribution de l'agriculteur est très clairement définie et contrôlée par le chercheur. Il ne peut donc pas utiliser son initiative et fait ce que le chercheur lui a programmé en termes d'applications de traitement et d'exigences de gestion. c) Essais menés par les agriculteurs Dans le cadre d'une gestion des terres par les agriculteurs, la quasi-totalité des opérations de gestion de l'essai est à la charge de ces derniers. Un niveau de simplicité encore plus élevé est donc requis, et le nombre de parcelles unitaires dans le champ d'un même agriculteur est maintenu au minimum pour éviter toute complication pour l'agriculteur. Figure 5-4. Mesure de la biomasse à la ferme. Les chercheurs et les agriculteurs coopèrent pour atteindre des objectifs communs dans le cadre d'essais gérés conjointement ou par les agriculteurs. Le rôle de l'agriculteur est de s'impliquer activement (contrôle de l'agriculteur). L'agriculteur est amené à considérer l'essai comme le sien et il est libre d'apporter des modifications à la gestion du système testé et d'identifier les aspects problématiques du système. Le chercheur assume ce que l'on peut décrire comme un rôle d'observateur actif dans ce processus, en observant régulièrement les performances, les réponses, les attitudes, les impressions et les opinions de l'agriculteur, ainsi que les performances biologiques et techniques du système testé.  Critères d'adoption d'essais gérés par des chercheurs ou des agriculteurs Le principal facteur à prendre en compte pour mener à bien l'un ou l'autre type d'essais expérimentaux de recherche est le niveau de connaissance et de confiance dans la technologie en question. Les technologies pour lesquelles il n'existe pas suffisamment d'informations sont généralement testées dans le cadre d'essais dirigés par des chercheurs avec un degré élevé de contrôle de la part du chercheur. Mais les technologies pour lesquelles il existe suffisamment d'informations précises sont mises en œuvre dans le cadre d'essais dirigés par des chercheurs/agriculteurs ou dans le cadre d'essais dirigés par des agriculteurs. Une généralisation approximative concernant les trois types d'essais est que les essais dirigés par des chercheurs sont des essais de génération de technologie tandis que les deux autres visent à valider ou à démontrer une technologie. Figure 5-5. Dans les essais gérés par les agriculteurs, ces derniers sont responsables de l’élagage, du paillage et d’autres aspects de la gestion d’une ferme en allées IV-3-2. OFR développemental Ce type d'activité d’OFR a reçu moins d'attention que le type expérimental. Il implique : (1) l'introduction de systèmes particuliers dans l'environnement des agriculteurs et (2) l'évaluation de la faisabilité du système et de son acceptabilité par les agriculteurs. L’OFR développemental dans le cadre d'une collaboration recherche-vulgarisation. Son objectif principal est l'extrapolation des résultats testés à la zone cible. On tente d'affiner la technologie et de déterminer les structures de soutien nécessaires avant de la vulgariser à grande échelle. Grâce au processus d’OFR développemental, les agriculteurs de la zone ciblée sont progressivement exposés à une nouvelle technologie et leur gestion du système est surveillée afin d'identifier les zones problématiques et les questions pouvant faire l'objet de recherches. L’OFR développemental fait appel à des techniques et à des méthodologies de vulgarisation pour introduire le concept ou le système et développer la sensibilisation des agriculteurs. C'est pourquoi l’OFR développemental requiert l'implication conjointe des chercheurs, des agriculteurs et des agents de vulgarisation. L'implication de l'agriculteur évolue progressivement jusqu'au point où il considère l'expérience comme la sienne et est libre d'y apporter des modifications et des ajustements en fonction de sa propre situation. Pour une telle recherche orientée vers le développement, les paramètres de performance ne sont pas nécessairement le rendement des cultures ou d'autres indicateurs biologiques ou techniques, mais le niveau d'intérêt et d'adoption de la technologie par l'agriculteur. Il est important de noter que l'adoption de la technologie par l'agriculteur (et tout aussi important, son adaptation et sa manipulation de la technologie) est un outil de validation crucial dans le développement de la recherche agricole durable. IV-3-3. Trois phases en OFR de développement Le processus d’OFR de développement se déroule en trois phases, à savoir : la phase exploratoire, la phase intermédiaire, la phase de projet pilote. a) Phase exploratoire La phase exploratoire est l'étape où un nouveau système ou concept tel que l'agriculture en couloirs est introduit dans une communauté. Cela permet aux agriculteurs d'avoir une image précise et une compréhension pratique du système. Cette phase exploratoire a donc un objectif de démonstration. Elle commence par l'identification des agriculteurs individuels au sein de la communauté avec lesquels les chercheurs travaillent en étroite collaboration pour mettre le système en place sur le terrain. Au cours de cette phase, l'implication des chercheurs est très élevée car la perception du système par les agriculteurs est presque nulle. Seuls quelques agriculteurs (1 à 5) sont sélectionnés pour ces essais ; ils ne doivent pas nécessairement être dans le même village. b) Phase intermédiaire La phase intermédiaire commence après la mise en place des essais exploratoires et le début de la gestion du système. Cette phase, comme la phase exploratoire, s'adresse également aux agriculteurs individuels, mais nécessite une plus grande implication de l'agriculteur dans la mise en place et la gestion de l'expérience. Les agriculteurs participant aux essais intermédiaires auront une perception plus claire du système en raison de l'existence des unités exploratoires (de démonstration) qui fournissent une dimension visuelle aux discussions sur la structure et le potentiel du système. Le nombre d'agriculteurs utilisés à cette étape peut être 3 à 5 fois supérieur à celui des essais exploratoires. Le nombre exact est généralement déterminé par la disponibilité des ressources. c) Phase de projet pilote La phase pilote débute une fois que les essais intermédiaires ont été réalisés et que les agriculteurs ont suffisamment bien compris et acquis leurs capacités de gestion. À ce stade, les chercheurs ne participent plus directement à la gestion et aux autres activités de l'exploitation, et l'implication des agriculteurs est considérablement accrue. L'objectif principal du projet pilote est de placer la technologie dans un cadre communautaire et de permettre l'évaluation de sa pertinence, de sa faisabilité et de son acceptabilité par les agriculteurs. Plus spécifiquement, un projet pilote vise à :  Évaluer les avantages pour les agriculteurs et la communauté découlant de l’adoption de la nouvelle technologie,  Évaluera les exigences institutionnelles et sociales pour l’adoption accélérée de la technologie,  Identifier les contraintes et les problèmes pouvant faire l’objet de recherches dans l’adoption de la technologie par les agriculteurs individuels et la communauté,  Repenser le programme de production si nécessaire pour une mise en œuvre à grande échelle. Au cours de la phase pilote, l'accent est mis sur la communauté plutôt que sur les agriculteurs individuels. Les agriculteurs participants sont responsables de toutes les activités agricoles et de la gestion des parcelles expérimentales. L'implication des agents de vulgarisation, qui est nécessaire dans une moindre mesure au cours des premières étapes, atteint également son apogée pendant la phase pilote. L'agent de vulgarisation devient le lien essentiel entre l'agriculteur et le chercheur. IV-3-4. L'importance des OFR développemental pour les technologies composites L'importance relative des deux types d’OFR décrits ci-dessus est déterminée par la nature des technologies à tester (Figure 5-6). À cette fin, trois types différents de technologies peuvent être identifiés : - Technologie à composant unique (par exemple, engrais, cultivar de manioc). - Technologie de conditionnement, composée de plusieurs composants indépendants (par exemple, semences améliorées, engrais et herbicides). - Technologie composite, constituée de plusieurs composants en interaction (par exemple, l'agriculture en couloirs). Ces différents types de technologies diffèrent par leur complexité de gestion, leur souplesse de gestion et d'exploitation, ainsi que par le temps d'attente avant que les bénéfices ne se fassent sentir. Les technologies à composant unique sont les moins complexes et peuvent être facilement gérées avec peu de flexibilité requise dans les plans opérationnels proposés. Elles ont également un temps d'attente court avant que les réponses ne se manifestent. Par exemple, les résultats d'un essai d'engrais peuvent être observés en une seule saison de culture ou moins. Les technologies composites, comme l'agriculture en couloir, se situent à l'autre extrême. Elles sont plus complexes car elles impliquent plusieurs composants en interaction. Elles nécessitent également un degré plus élevé de flexibilité de gestion pour permettre d'atteindre les objectifs alternatifs. Elles sont généralement de nature à long terme et peuvent nécessiter une période d'attente assez longue avant de pouvoir constater des avantages. Ces facteurs rendent l’OFR sur les technologies composites une tâche beaucoup plus difficile. Les technologies de conditionnement se situent entre les technologies à composant unique et les technologies composites. Le rôle de l'OFR en tant que lien entre la recherche et la vulgarisation est beaucoup plus simple lorsqu'il s'agit de technologies à composante unique. Pour ces technologies, les effets se manifestent rapidement et l'intérêt et la participation des agriculteurs peuvent augmenter si les premiers résultats sont prometteurs. Une participation active de l'agriculteur à l'expérimentation de l'OFR sur ces technologies peut conduire directement à des travaux de vulgarisation sans nécessairement passer par le processus de développement de l'OFR. Cela est conforme à la pensée traditionnelle sur le lien recherche/vulgarisation (Figure 5-7). Cependant, le processus dépendra de l'existence d'un service de vulgarisation efficace qui peut se lier au groupe de recherche pour la diffusion de la technologie. Figure 5-6. Aperçu du lien entre la recherche et la vulgarisation (a) Illustre l'écart qui existe généralement entre la recherche et la vulgarisation dans les pays en développement. (b) Illustre un lien direct entre recherche et vulgarisation. Suggéré pour des technologies simples telles que l'utilisation d'engrais. (c) Illustre la phase de chevauchement entre la recherche et la vulgarisation dans laquelle les deux unités opèrent ensemble dans une activité de développement de l'OFR. Suggéré pour des technologies composites telles que l'agriculture en couloirs. Le lien entre recherche et vulgarisation est plus complexe dans le cas des technologies composites. Pour que les technologies de recherche agricole aboutissent à une adoption et une vulgarisation à grande échelle, il faudra que les agriculteurs soient suffisamment impliqués pour qu'ils puissent gérer le système testé. Compte tenu de la complexité, de la flexibilité et du long délai d'attente avant que les bénéfices ne se fassent sentir, les technologies composites devraient passer par les trois étapes du développement des technologies de recherche agricole. Le développement de l'OFR peut être lié à la fois à la recherche en station et à l'OFR expérimentale, comme illustré dans la figure 5-8. Un mécanisme de rétroaction existe entre les trois processus, de sorte que les problèmes identifiés pendant le développement de l'OFR peuvent faire l'objet d'une attention accrue dans le cadre d'essais d'OFR en station ou expérimentaux. Pour les technologies composites, l'interface entre la recherche et la vulgarisation sera plus probablement assurée par une approche de développement de la RFO plutôt que par une approche expérimentale de la RFO. Les résultats des essais expérimentaux de RFO seront intégrés aux étapes ultérieures du processus de développement de la RFO (c'est-à-dire la phase du projet pilote). L'implication directe des agents de vulgarisation pendant la phase de développement facilitera ce processus. Parallèlement, l'implication du chercheur garantira que les problèmes et les opportunités découlant des modifications et de l'adaptation des agriculteurs seront pris en compte dans le développement ultérieur et le perfectionnement du système. IV-3-5. Relation entre l'OFR de développement et les autres étapes de la recherche et de la vulgarisation Figure 5-8. Relation entre le développement de l'OFR et les autres étapes de la recherche et de la vulgarisation. Ce schéma est plus adapté aux technologies composites telles que l'agriculture en couloirs. Des affiches illustrant les différentes étapes du processus d'implantation sont utiles à ce stade. Cependant, rien ne remplace la visite des fermes en couloirs par les agriculteurs. Des sorties sur le terrain devraient être organisées pour que les futurs agriculteurs puissent voir quelques fermes en couloirs, de préférence dans les champs des agriculteurs plutôt que dans une station de recherche. Des démonstrations participatives d’activités telles que la plantation, la taille et le paillage doivent également être organisées. Les instructions sur les questions techniques, telles que la disposition des espèces d’arbres, l’espacement intra et inter-rangs des arbres, la profondeur et les méthodes de plantation, sont mieux discutées lors de ces démonstrations. Cependant, les agriculteurs doivent être autorisés à bénéficier de la flexibilité inhérente à l’agriculture en couloirs en l’adaptant à leurs propres besoins, priorités et préférences. Un agent de vulgarisation agricole doit être basé dans le village pour aider les agriculteurs en cas de besoin et pour surveiller les activités dans les fermes. L'agent de vulgarisation doit rendre régulièrement visite aux agriculteurs et à leurs fermes. Relation entre l'OFR de développement et les autres étapes de la recherche et de la vulgarisation. Ce schéma est plus adapté aux technologies composites telles que l'agriculture en couloirs. Chapitre 5 : Agriculture biologique et agriculture conventionnel 5-1. Agriculture Biologique L'agriculture biologique est un système agricole qui privilégie l'équilibre écologique, la biodiversité et l'utilisation des ressources et des processus naturels. Elle évite ou interdit largement les intrants synthétiques tels que les pesticides, les engrais chimiques et les organismes génétiquement modifiés (OGM). 5-1-1 Caractéristiques et principes clés de l’agriculture biologique L’agriculture biologique repose sur : - L’usage des intrants naturels : met l’accent sur l’utilisation d’intrants non synthétiques comme le compost, le fumier et la farine d’os. - Équilibre écologique : se concentre sur des techniques telles que la rotation des cultures, la plantation associée et la promotion des insectes bénéfiques pour la lutte antiparasitaire. - Biodiversité : encourage la biodiversité par la création d’habitats pour la faune et les microbes bénéfiques du sol. - Durabilité : vise la durabilité, l’amélioration de la fertilité des sols et l’évitement des produits chimiques dangereux. - Principes : Guidés par les principes de santé, d’écologie, d’équité et de soins 5-1-2 Types d’agriculture biologique : On distingue 2 types d’agriculture biologique : - Agriculture biologique pure : évite tous les produits chimiques non naturels et utilise uniquement des sources naturelles d’engrais et de pesticides. - Agriculture biologique intégrée : combine la gestion des ravageurs et des nutriments pour répondre aux exigences écologiques 5-1-3 Avantages de l’agriculture biologique : Comme avantages, on peut dire que l’agriculture biologique est : - Respectueuse de l’environnement : réduit les dommages causés à l’environnement en évitant les produits chimiques synthétiques. - Économique : élimine le besoin d’engrais et de pesticides coûteux. - Valeur nutritionnelle : Produit des produits alimentaires plus nutritifs et savoureux. - Favorise la durabilité : soutient le développement durable et préserve les écosystèmes. 5-1-4 Inconvénients de l’agriculture biologique : Au rang des inconvénients de l’agriculture biologique, nous avons : - Rendements faibles : La production peut être moindre, en particulier au cours des premières années. - Durée de conservation plus courte : les produits biologiques peuvent avoir une durée de conservation plus courte en raison de l’absence de conservateurs artificiels. - Prix plus élevés : exige souvent des prix plus élevés en raison d’une demande accrue et de rendements potentiels faibles. - Infrastructure : peut souffrir d’une infrastructure et d’un marketing inadéquats 5-2. Agriculture conventionnelle L'agriculture conventionnelle, également connue sous le nom d'agriculture industrielle, s'appuie sur des innovations technologiques, des engrais synthétiques, des pesticides, des herbicides et des cultures génétiquement modifiées pour maximiser le rendement et le profit à un coût minimal. 5-2-1. Caractéristiques principales : L’agriculture conventionnelle se caractérise par : - Des intrants élevées : Utilisation intensive de machines, de combustibles fossiles et de produits chimiques synthétiques. - Monoculture : implique souvent la culture d’une seule culture sur une parcelle de terre, ce qui peut simplifier les opérations d’entretiens et de récolte de la culture mais augmenter la vulnérabilité aux maladies. - Dépendance technologique : elle repose sur des semences génétiquement modifiées et sur des avancées technologiques. 5-2-2. Avantages de l’agriculture conventionnelle Quelques avantages de l’agriculture conventionnelle : - Rendements plus élevés : l’utilisation d’intrants synthétiques assure une plus grande productivité des cultures. - Moins cher : les intrants synthétiques sont généralement moins chers. - Plus grande accessibilité : les produits et les intrants sont facilement accessibles en raison de la prévalence de l’agriculture conventionnelle. - Utilisation efficace des terres : permet de cultiver davantage de cultures par acre de terre. 5-2-3. Inconvénients de l’agriculture conventionnelle Comme inconvénient de l’agriculture conventionnelle, nous avons : - Impact environnemental : Peut polluer l’environnement par la libération de sous- produits provenant d’engrais et de pesticides artificiels. - Problèmes de santé : risques potentiels pour la santé associés à l’utilisation d’engrais et de pesticides chimiques. - Dégradation des sols : l’utilisation excessive d’engrais chimiques peut réduire la fertilité des sols. - Perte de biodiversité : le manque de diversité des cultures et l’utilisation de pesticides peuvent avoir un impact négatif sur la biodiversité. 5-3. Agriculture biologique VS agriculture conventionnelle Dans le tableau ci-dessous, nous comparons l’agriculture biologique à l’agriculture conventionnelle Tableau comparatif : Agriculture biologique et agriculture conventionnelle Fonctionnalité Agriculture biologique Agriculture conventionnelle Intrants Naturel, non synthétique Engrais synthétiques, pesticides, OGM Équilibre écologique, biodiversité, Se concentrer durabilité Rendements élevés, maximisation des profits Respectueux de l'environnement, Impact environnemental favorise la santé des sols Pollution potentielle, dégradation des sols Haute valeur nutritionnelle, Peut avoir une valeur nutritionnelle Qualité du produit meilleur goût inférieure Rendement Généralement plus bas Généralement plus élevé Des coûts d’intrants plus faibles mais des Peut-être plus économique à long coûts environnementaux potentiels à long Coût terme terme Biodiversité Favorise la biodiversité Peut réduire la biodiversité Cela pourrait ne pas être aussi durable à long Durabilité Favorise les pratiques durables terme

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