Cours de Reproduction II - Souames - 2018-2019 PDF
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École Nationale Supérieure Vétérinaire d'Alger
2019
Souames S.
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This document discusses the evaluation of the reproductive potential of female domestic animals, focusing on dairy cattle. It details various parameters, such as fertility and fecundity, and their importance in livestock management. The text also includes the objectives of reproduction in dairy herds, and various calculations.
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EVALUATION DU POTENTIEL REPRODUCTIF DES FEMELLES DOMESTIQUES I. Introduction Chez les mammifères d’élevage, les femelles réalisent au cours de leurs carrières un certains nombre de cycles de reproduction qui se succèdent à un rythme variable. Chaque cycle permet d’obtenir un produit commercialisé...
EVALUATION DU POTENTIEL REPRODUCTIF DES FEMELLES DOMESTIQUES I. Introduction Chez les mammifères d’élevage, les femelles réalisent au cours de leurs carrières un certains nombre de cycles de reproduction qui se succèdent à un rythme variable. Chaque cycle permet d’obtenir un produit commercialisé et/ou un ou plusieurs jeunes destinés à devenir soit des animaux de boucherie, soit des reproducteurs mâles et femelles assurant le renouvellement des troupeaux. II. Cycle de reproduction Définition : C’est la période qui sépare deux (02) mises-bas successives, il comporte une succession d’étapes identiques dans toutes les espèces : - Démarrage et maintien de la sécrétion lactée - Anoestrus post-partum (involution et sommeil ovarien) - Mise à la reproduction (fécondation) - Gestation et lactation qui peuvent être superposées (bovin-equin) ou séparées (ovin-caprin) Durée : Elle est égale à la somme des durées de deux périodes : - Période séparant la mise-bas de la fécondation - Période de gestation III. Evaluation des performances de reproduction chez le bovin laitier Divers paramètres (fécondité et fertilité) offrent la possibilité d’avoir une idée générale des performances de reproduction d’un troupeau laitier. Ils offrent l’avantage de ne requérir pour leurs calculs qu’un nombre minimal de données mais le désavantage de ne pouvoir procéder à une interprétation et à un diagnostic étiologique des contre-performances éventuellement observées. Ces paramètres ont surtout une valeur relative ; ainsi, leur évaluation régulière (mensuelle) est recommandée, et leur évolution au cours du temps ayant davantage de signification que leur valeur absolue à un moment donné. Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 1 III. 1. Paramètres de fécondité Définition de la fécondité La fécondité d’une femelle exprime son aptitude à conduire à terme une nouvelle gestation dans un délai déterminé à partir du vêlage précédent (Figure 1). La fécondité d’un troupeau traduit le fait que ces femelles se reproduisent dans un temps donné : c’est une notion temporelle. Elle est mesurée en élevage bovin par des intervalles exple : intervalle vêlage-vêlage, vêlage-première insémination, vêlage-insémination fécondante…. Paramètres de fécondité primaires des génisses Age au premier vêlage : ou intervalle naissance-premier vêlage L'évaluation de cet intervalle (NV) est importante puisqu'il conditionne la productivité de l'animal au cours de son séjour dans l'exploitation. En effet, la réduction de l'âge au premier vêlage à 24 mois (Tab.1), objectif considéré comme optimal, permet de : - réduire la période de non productivité des génisses, - d'en diminuer le nombre nécessaire au remplacement des animaux réformés - d'accélérer le progrès génétique par une diminution de l'intervalle entre générations. Intervalle naissance –insémination fécondante (NIF) Par rapport au précédant, ce paramètre est plus actuel, les évènements susceptibles de l’influencer étant plus proches du moment de l’évaluation. En effet il est calculé sur les génisses ayant eu une insémination fécondante (confirmée par un diagnostic précoce ou tardif de gestation) au cours de la période d’évaluation. La valeur de référence de cet intervalle est de 15 mois (Tab.1). Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 2 Paramètres primaires de fécondité des vaches Intervalle vêlage-vêlage (IVV) (index de vêlage) Pour les anglo-saxons c’est calving interval, il représente l'intervalle moyen entre les vêlages observés au cours de la période du bilan et les vêlages précédents. Une valeur de 365 jours (Tab.1), est habituellement considérée comme l'objectif à atteindre. La division de 365 par l'index de vêlage donne la valeur de l'index de fécondité c'est-à-dire la production annuelle moyenne de veaux par vache. Exple : si l’IVV est de 365 j donc l’index de fécondité = 365/365=1 Si l’IVV est de 480 j donc l’index de fécondité = 365/480=0,76 Intervalle vêlage-insémination fécondante (VIF) Encore appelé par les anglo-saxons calving-conception interval ou encore days open (Jours Ouverts), cet intervalle revêt une valeur essentiellement prospective puisqu’il fait référence aux animaux inséminés, confirmés gestants et qui n’ont pas encore accouché. La valeur moyenne sera ainsi calculée à partir des intervalles entre la dernière insémination fécondante confirmée, effectuée pendant la période d’évaluation déterminée et le vêlage précédant que celui-ci ait été ou non observé pendant la période d’évaluation même si entre-temps la gestation a été interrompue par un avortement. Un intervalle moyen de 85 jours (Tab.1), est habituellement proposé comme objectif. Paramètres secondaires de fécondité des vaches Intervalle vêlage-première chaleur (VC1) L'évaluation de ce paramètre permet de quantifier l'importance de l'anoestrus du post-partum. Elle est importante car la fertilité ultérieure de l'animal dépend en partie d'une reprise précoce de l'activité ovarienne après le vêlage. La valeur moyenne est déterminée à partir des intervalles entre chaque première chaleur détectée par l'éleveur au cours de la période du bilan Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 3 et le vêlage précédent observé ou non au cours de cette période. Elle constitue une première méthode d'appréciation de la qualité de la détection des chaleurs. Des délais moyens de retours en chaleurs après le vêlage de 35 jours pour la vache laitière et de 60 jours pour la vache allaitante constituent des objectifs normaux. Intervalle vêlage-première insémination artificielle (VIA1) Encore appelé par les anglo-saxons waiting period ou (période d’attente), ce paramètre est important car il détermine 27 % de l'intervalle entre le vêlage et l'insémination fécondante mais seulement 5 % du taux de gestation. Il est exprimé par l'intervalle moyen entre les premières inséminations réalisées au cours de la période du bilan et le vêlage précédent. Une valeur moyenne de 60 jrs (Tab.1) a été retenue comme objectif. Intervalle première insémination-insémination fécondante (IA1- IAF) C’est la période de reproduction, elle dépend essentiellement du nombre d’inséminations nécessaires à l’obtention d’une gestation c’est-à-dire de la fertilité. Il importe cependant qu’elle soit optimisée c’est-à-dire que le nombre d’inséminations réalisées même s’il s’avère être trop élevé soit effectué dans le minimum de temps. Une valeur inférieure à 30 jours doit être considérée comme normale et une période de reproduction « nulle » signifie que la femelle est gestante à sa première insémination artificielle. Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 4 III.2. Paramètres de fertilité Définition de la fertilité La fertilité est l’aptitude à la reproduction d’un individu, ou plus exactement d’un couple. Une femelle, à un certain moment de sa vie, peut être : - Fertile : apte à être fécondée - Infertile : inapte à être fécondée temporairement - Stérile : inapte à être fécondée définitivement Index de fertilité L'index de fertilité est défini par le nombre d'inséminations naturelles ou artificielles nécessaires à l'obtention d'une gestation. L'index de gestation (conception rate) est égal à l'inverse de l'index de fertilité correspondant x 100. Il s'exprime sous la forme d'un pourcentage. L'index de fertilité apparent (IFA) est égal au nombre total d'inséminations effectuées sur les animaux gestants divisé par le nombre de ces derniers. Des valeurs inférieures à 1,5 et à 2 (Tab.1), sont considérées comme normales respectivement chez les génisses et chez les vaches. L'index de fertilité total (IFT) est égal au nombre total d'inséminations effectuées sur les animaux gestants et réformés non-gestants divisé par le nombre d’animaux gestants. Une valeur inférieure à 2.5 est considérée comme normale pour autant que le nombre d’animaux réformés pour infertilité soit normal. Taux de gestation C’est le nombre de gestations observées divisé par le nombre de femelles inséminées. Les taux de gestation apparent (TGA) qui représente l’inverse de l’index de fertilité apparent x 100 ou total (TGT) qui représente l’inverse de l’index de fertilité total x 100, s'expriment sous la forme d'un pourcentage. Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 5 Habituellement, le TGT est utilisé pour évaluer la fertilité le plus souvent lors de la 1ère (IGT1), voire 2ème (IGT2) ou 3ème insémination (TGT3). Habituellement, on observe un taux de gestation total en première insémination compris entre 40 et 50 % dans les troupeaux de vaches laitières ayant une excellente fertilité et compris entre 20 et 30 % chez ceux dont la fertilité est moyenne. Pourcentage d’infertilité Une diminution de la fertilité du troupeau se traduit habituellement par une augmentation du nombre d'animaux qualifiés de Repeat-Breeders c'est-à-dire inséminés plus de deux fois. La littérature renseigne des pourcentages d'animaux repeat-breeders compris entre 10 et 24 %. III. 3. Calcul de la fréquence des pathologies et des réformes Cette évaluation est importante car les performances de reproduction dépendent bien entendu de facteurs zootechniques (nutrition, détection des chaleurs) mais aussi pathologiques. Dans ce contexte, la fréquence des pathologies du post-partum ou de gestation qu’elles soient de nature métabolique, infectieuse ou hormonale revêt une importance certaine. Le pourcentage total de réforme est calculé en divisant le nombre d'animaux réformés par le nombre total d'animaux réformés et non réformés comptabilisés à la fin de la période d'évaluation. La répartition du taux de réforme entre les différents motifs est : - 50% : motifs zootechniques (diminution de la production laitière) - 25% : motifs d’infertilité (femelle ayant reçu plus de 2IA) - 25% : motifs sanitaires (path. Génitale, mammaire, podale…) NB : Il est usuel de considérer comme normal un taux de réforme annuel compris entre 20 et 30 %, celui pour cause d'infertilité devant être moins de 10%. Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 6 Tableau 1: Objectifs de reproduction dans les troupeaux laitiers (Ch. HANZEN) Seuil Objectifs Moyenne d’intervention Fécondité Naissance-1° Vêlage 24 26 29 Naissance - Insém. Fécondante 15 17 20 Naissance-1° Insémination 14 16 19 Intervalle entre vêlages 365 380 390 Vêlage - Insémine. Fécondante 85 100 110 Vêlage-1ère insémination (PA) 60 80 (PA + 20) 70 Vêlage- 1ère chaleurs 60 60 Intervalle 1°IA-IF (PR) 23-30 >30 n.c. Fertilité Index de gestation total en 1°IA des >60 45 1.5 n.c. Chaleurs pourcentage de vaches en chaleur70 95 70 Césarienne (%) 10 5 Pathologies Rétention placentaire (%) 10 4.4 Métrite chronique (20-50jPP) (%) 25 19 Retard d'involution utérine (30-50jPP) 20 13 (%) Kyste ovarien(20-50jPP)(%) < 10 >20 10 Mortalité embryonnaire (25-59jPP) (%)* 20 11 Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 7 Avortement clinique (%) 5 n.c. Réformes Taux de réformes totales (%) 25-30 >30 n.c. Taux de réformes pour infertilité (%) 10 n.c. n.c. non calculé Fertilité Naissance V I I V V 1 A A 2 n 1 F PA PR PG Age Fécon au 1er dité VIF Vêlag e IVV Figure 1 : Paramètres d’évaluation des performances de reproduction IV. Quelques critères d’évaluation utilisés chez les petits ruminants Prolificité C’est l’aptitude à faire naître un ou plus ou moins grand nombre de produits lors d’une mise-bas : c’est un rapport entre le nombre de produits nés (morts et vivants) sur le nombre de femelles mettant bas. Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 8 Productivité C’est un critère à signification économique qui s’apprécie généralement au moment de la commercialisation des produits. Il tient compte de la mortalité depuis la naissance : c’est un rapport entre le nombre de produits vivants à un âge donné (généralement au sevrage) sur le nombre de femelles mises à la reproduction. MAITRISE DES CYCLES SEXUELS CHEZ LES MAMMIFERES DOMESTIQUES I. Importance économique La maîtrise de la reproduction présente plusieurs avantages considérables : - Choisir les périodes de reproduction Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 9 Ajustement aux disponibilités fourragères : dans les troupeaux ovins transhumants il est nécessaire que les femelles soient pleines en printemps afin qu’elles profitent au mieux des pâturages et éviter également qu’elles soient fécondées par un mâle non sélectionné. Adaptation au marché ou à la demande : dans l’espèce équine, les chevaux nés plutôt dans l’année bénéficient d’un avantage certain lors de leur vente parce que la saison sexuelle des juments ne coïncide pas avec la période de monte administrative (période pendant laquelle les saillies sont enregistrées officiellement. Limitation dans le temps des périodes des mises-bas : la concentration des mises-bas sur quelques semaines ou quelques jours limite les temps et donc les coûts. Elle permet une meilleure surveillance, ce qui réduit les mortalités péri- natales. L’ajustement des régimes alimentaires est plus aisé : femelles en lactation, jeunes en cours de sevrage ou en croissance peuvent être regroupés. - Diminuer les périodes improductives : réduire l’anoestrus saisonnier permet d’obtenir plus d’une gestation par brebis et par an, ce qui accroit sensiblement (+25%) la productivité par femelle. Diminuer la durée de l’anoestrus post-partum (APP) accroit le revenu par vache (plus de 1000 DA sont gagnés par jour d’APP en moins (20 litres/j x 50DA/litres). - Optimiser la taille de la portée : dans les systèmes producteurs de viande, le revenu par femelle est fortement lié à la taille de la portée. - Accélérer le progrès génétique : l’introduction de l’insémination artificielle (IA) induit un accroissement considérable du progrès génétique par la «voie mâle». Son utilisation permet la naissance simultanée de descendants des mêmes mâles dans plusieurs élevages et par là, accroit la précision de l’estimation de leur valeur génétique. Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 10 - Mettre au point et développer de nouvelles techniques : transfert embryonnaire, fécondation in vitro, congélation des embryons… II. Mécanisme du contrôle endocrinien des cycles sexuels - Régulation de la GnRH (Gondotrophin releasing hormon) Chez les animaux, l’initiateur et le régulateur fondamental de la fonction reproductrice est la GnRH, synthétisée et libérée par les neurones de l’hypothalamus. Cette hormone se lie aux récepteurs spécifiques situés sur les cellules gonadotropes de l’antéhypophyse, ce qui provoque la synthèse et la libération des gonadotrophines : FSH (Hormone folliculo-stimulante) et LH (Hormone lutéinisante). La sécrétion de GnRH est régulée par des : Facteurs internes : hormones stéroïdes (progestérone et œstradiol) La progestérone agit sur les neurones de la GnRH pour diminuer la sécrétion hypothalamique en abaissant les fréquences des décharges hypothalamiques. L’œstradiol dépend de la présence ou de l’absence de la progestérone durant la période lutéinique : Pendant la phase lutéinique (concentration élevée en progestérone) l’œstradiol agit en synergie avec la progestérone pour diminuer la sécrétion hypothalamique de GnRH, c’est une rétroaction négative sue la GnRH. Pendant la phase folliculaire (absence de progestérone), les fortes concentrations d’œstradiol provoquent une rétroaction positive sur la GnRH avec une concentration élevée responsable des pics pré-ovulatoires de FSH et LH. Facteurs externes : - le statut nutritionnel de la femelle, Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 11 - le stimulus d’allaitement par la production d’opioïdes inhibant ainsi la sécrétion hypothalamique - les phérormones du mâle - Contrôle de la sécrétion de FSH et LH La libération hypophysaire de la follitropine (FSH) provoque la croissance d’un ou plusieurs follicules sur les ovaires. Ces follicules produisent des œstrogènes et de l’activine qui stimulent la libération de l’hormone FSH. Le rôle de cette dernière est de stimuler la croissance folliculaire pour atteindre le stade du follicule dominant. Quand les œstrogènes atteindront un certain seuil, le follicule dominant produit une hormone qui est l’inhibine, cette dernière supprime sélectivement la libération de FSH par l’antéhypophyse sans affecter la sécrétion de LH. La sécrétion intense d’œstrogène et l’inhibine par le follicule dominant exercent une rétroaction positive sur l’hypothalamus qui induira alors la libération hypophysaire de lutropine (LH). Les trois principales fonctions de la LH sont : - Stimulation de la production d’œstradiol pour une bonne maturation folliculaire - Induction de l’ovulation - Stimulation de la sécrétion de progestérone par le corps jaune La LH est secrétée de façon pulsatile. La fréquence des décharges de LH est régulée par - la sécrétion de progestérone durant la phase lutéinique - le déficit énergétique de la vache en post-partum - stimulus de l’allaitement par le veau. Chez la vache en période du post-partum, deux facteurs diminuent la fréquence des décharge de LH et empêchent par conséquent l’ovulation sont : - mauvaise nutrition après le vêlage (perte supérieure à 10% du poids corporel) - allaitement de 4 à 6 semaines après le vêlage Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 12 - Dynamique de la croissance folliculaire Chez la vache, la population des follicules ovulatoires se renouvelle, au cours du cycle, par une succession de croissances et de régressions folliculaires appelées «vague». La durée de cette dernière est de 6 à 10 jrs et il y’a 2 à 3 vagues pendant chaque cycle. L’ensemble des processus de croissance d’un groupe ou «cohorte» de follicules sous l’influence des gonadotrophines puis l’émergence d’un ou plusieurs follicules ovulatoires doit transiter par trois phases (Figure 1): o Recrutement : correspond à l’entrée en croissance terminale d’une cohorte de follicules de 5 à 8 mm suite à une augmentation de FSH o Sélection : cette phase correspond à l’émergence, parmi les follicules recrutés, du follicule ovulatoire. Le développement de ces follicules recrutés s’accompagne d’une double élévation progressive : Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 13 Celle de la production de l’œstradiol par l’intermédiaire d’une augmentation des pulses de LH. Celle de la production d’inhibine L’interaction de ces deux facteurs de rétrocontrôle provoque une réduction de synthèse de FSH suivie d’une atrésie de follicules excédentaires du groupe recruté. o Dominance : elle est associée à l’arrêt de régression des autres follicules recrutés et au blocage de recrutement de nouveaux follicules. La cinétique hormonale de cette phase se caractérise par : diminution de FSH élévation de production des facteurs de croissance locaux IGF1 (insulin Growth Factors 1) et AMP cyclique par le follicule dominant qui stimulent l’aromatisation des androgènes en œstrogènes par la synthèse d’œstradiol. sécrétion active de l’hormone lutéinisante LH suivie d’une augmentation de récepteurs à LH par la granulosa. Important de savoir : Le sort du follicule dominant est déterminé par la fréquence des décharges de LH : il ovulera en réponse à une poussée de LH toutes heures ou deviendra atrésique si la fréquence de LH chute à une poussée toutes les 3 à 8 heures. Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 14 Figure 1 : Notion de recrutement, sélection et dominance III. Induction et synchronisation hormonale des chaleurs et des ovulations des bovins A- Chez les femelles cyclées Il s’agit de maîtriser la durée de la phase lutéale et de contrôler le moment de la décharge pré-ovulatoire. 1. La prostaglandine F2α et ses analogues Mode d’action : le but recherché est la synchronisation des œstrus en provoquant la lyse du corps jaune. Il s’ensuit une chute brutale de la progestérone qui lève le blocage du cycle autorisant ainsi la venue en œstrus et l’ovulation. Pour que la PGF2 α puisse exercer son action lutéolytique, elle doit être administrée entre le 6ème et le 17ème jour du cycle, période où le corps jaune est fonctionnel. Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 15 Important de savoir : la PGF2 α n’a aucun effet lutéolytique sur un corps jaune en voie de développement. Photo d’un corps jaune pleinement fonctionnel Conduite du traitement Lot d’animaux : pour obtenir une bonne synchronisation d’un groupe de vaches cyclées, qui sont toutes à des stades différents et inconnus de leur cycle (voire figure), il faut pratiquer deux injections de PGF2 α espacées de 10-12 j d’intervalle. Les chaleurs vont se manifester 48 à 96h après la seconde injection d’où une double IA s’impose, la 1ère à 72h et la 2ème à 96h. Cependant, on peut pratiquer une seule IA à 84h. Une double IA entraine un gain d’environ 5% du taux de conception par rapport à une seule IA. Un seul animal : Afin d’induire des chaleurs sur une femelles cyclées, l’injection de la PGF2 α doit être accompagnée d’une palpation d’un corps jaune viable (J6-J17). L’IA s’effectuera sur chaleur observée (J3-J5). Cette variabilité dans l’apparition des chaleurs après une seule injection de PGF2 α peut s’expliquer par la dynamique folliculaire pendant le déroulement du cycle (notion de vagues folliculaires). 2. La progestérone et ses analogues Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 16 Les progestagenes bloquent la décharge de LH en exerçant un rétrocontrôle négatif sur l’axe hypothalamo-hypophysaire. Un traitement par un progestagene seul doit donc avoir une durée approximativement égale à la durée de la phase lutéale pour permettre de contrôler le moment de l’œstrus et de l’ovulation chez un ensemble de femelles dont les stades du cycle sont inconnus. Spirale vaginale « PRID » ou Abbovestrol Elle est constituée d’une lame d’acier inoxydable spiralée recouverte d’un élastomère en silicone de 3 mm d’épaisseur et imprégnée de 2,3 g de progestérone. Elle mesure 11 cm de long et 4,6 cm de diamètre. A son extrémité, une cordelette qui permet le retrait facile de la spirale. Sa mise en place se fait au moyen d’un applicateur (voire figure ). La présence de la spirale provoquerait un processus inflammatoire favorable au développement du corynebacterium pyogene bovis. Ces secrétions vaginales disparaissent rapidement et n’ont aucune action néfaste sur la fertilité ultérieure. Protocole : J0 = pose, J6 = injection de PGF2 α, J7= retrait 1 seule IA à 56h ou 2 IA à 48 et 72h Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 17 Spirale vaginale « PRID » Delta « dispositif vaginal » Spirale avec applicateur Implants sous-cutanés « CRESTAR » ou Norgestomet Le Norgestomet est administré à la dose de 3mg par voie sous-cutanée sous la forme d’un implant de polymétacrylate d’une longueur de 18mm et d’un diamètre de 2mm. La mise en place se fait au niveau de la face externe du pavillon de l’oreille au moyen d’un implanteur (voire figure). Cet implant est accompagné d’une solution injectable de 2ml contenant 3mg de Norgestomet. Le retrait se fait par une petite incision de la peau à l’extrémité distale de Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 18 l’implant. Implant sous-cutané « CRESTAR » Applicateur sans implant Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 19 Applicateur avec implant Protocole : J1= pose, J8= injection de PGF2α, J10=retrait 1 seule IA à 56h ou 2 IA à 48 et 72h Cadre réglementaire L’œstradiol 17β et ses dérivés a été considéré comme potentiellement cancérigène en 1999 par le comité scientifique des mesures vétérinaires en rapport avec la santé publique dans le cadre d’une évaluation des risques de certaines hormones. Le 14 octobre 2006, l’utilisation de l’œstradiol 17β et de ses dérivés en reproduction bovine a été interdite en Europe en application de la directive européenne 2003/74/CE du 22 septembre 2003. Ces mesures réglementaires ont obligé les industries pharmaceutiques à rechercher des solutions alternatives à l’utilisation des œstrogènes dans les protocoles de synchronisation de l’œstrus à base de progestagènes. CIDR « Control Internal Drug Releasing » C’est un dispositif intra-vaginal relarguant progressivement et de façon contrôlée de la progestérone naturelle ; il est constitué par un corps de silicone contenant 1,9g de progestérone, moulée sur un support en nylon en forme de T, dont les branches s’ouvrent dans la cavité vaginale lorsqu’il est libéré de l’applicateur. Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 20 Protocole : J1=pose, J6=injection de PGF2α, J8=retrait 1 seule IA à 56h ou 2 IA à 48 et 72h 3. Association de GnRH et PGF2α «OVSYNCH ou GPG» Appelé protocole Ovsynch ou GPG, ce traitement associe l’utilisation de GnRH et de prostaglandine. Celui-ci permet la synchronisation de la vague folliculaire suivie d’une lutéolyse provoquée. - Une première injection de GnRH (100mg) (par voie intramusculaire) provoque soit la lutéinisation ou l’atrésie des follicules non sélectionnés, soit l’ovulation du follicule dominant avec formation d’un corps jaune secondaire. Elle est suivie de l’émergence d’une nouvelle vague folliculaire dans les 3 ou 4 jours - Une injection de prostaglandines (35mg), 7 jours après l’injection de GnRH, qui a pour but de lyser les corps jaunes principaux et secondaires (résultants de l’injection de GnRH). - Une seconde injection de GnRH (100mg), 2 jours après l’injection de prostaglandines augmente la précision de la période d’ovulation du follicule dominant. Le temps séparant les deux injections de GnRH suffit à l’émergence d’un follicule dominant, sa croissance jusqu’au stade préovulatoire et sa réceptivité au pic de LH. Cette injection de GnRH a pour objectif une meilleure synchronisation de l’ovulation, en renforçant le pic de LH préovulatoire, ce qui permet de n’inséminer qu’une fois. Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 21 L’insémination artificielle est réalisée 16 à 24 heures après la dernière injection de GnRH. Important de savoir : Le protocole GPG est très efficace dans la conduite de l’IA chez les vaches laitières sans détection des chaleurs (femelle en subœstrus ) et fournit un taux de gestation variant entre 40 et 54%. B. Chez les femelles non cyclées 1. Spirale vaginale Protocole : J1= pose, J8= retrait + injection 400 à 600 UI de PMSG 1 seule IA à 56h ou 2 IA à 48 et 72h 2. Implant sous-cutané Protocole : J1= pose, J10= retrait + injection 400 à 600 UI de PMSG 1 seule IA à 56h ou 2 IA à 48 et 72h L’injection de PMSG au retrait des progestagènes a pour but de stimuler la reprise de l’activité ovarienne par son effet folliculo-stimulant « FSH » 3. Gonadolibérine GnRH La gonadolibérine ou gonadoréline est une neuro-hormone peptidique (10AA) synthétisée au niveau de la zone antérieure de l’hypothalamus. La relative simplicité de cette structure en a rendu facile, non seulement la synthèse, mais également la mise au point de plusieurs dizaines d’analogues (Busereline, fertireline acetate, gondoréline di-acétate et gonadoréline hypochloride). La GnRH est libérée sous forme d’une émission très brève (pulses) puisqu’en moins de 5mn elle disparait du sang porte hypothalamo-hypophysaire, puis transportée par voie axoplasmique jusqu’au niveau para-ventriculaire et arqués pour parvenir au parenchyme hypophysaire où elle induit la sécrétion de la libération des hormones hypophysaires (FSH-LH). L’effet est surtout marqué pour la LH. Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 22 Conduite thérapeutique de la GnRH - Traitement des pathologies kystiques (kystes lutéaux) : le kyste se lutéïnise davantage afin de se transformer en structure lutéale. 18 à 23j après injection, les femelles présentent des chaleurs et peuvent être inséminées. - Amélioration de la fertilité post-partum : l’injection de la GnRH en période post-partum (15-40j) a pour but de : o stimuler la reprise de la cyclicité ovarienne o diminuer l’incidence des pathologies kystiques o réduire la durée de l’anœstrus post-partum (intervalle vêlage- 1ère chaleur) La manifestation œstrale aura lieu 18 à 20j après l’injection unique de GnRH ANOESTRUS POST PARTUM CHEZ LA VACHE LAITIERE Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 23 I. Définition Syndrome caractérisé par l’absence du comportement normal de l’œstrus à une période où celui-ci devrait normalement être observé. On distingue deux types : - Anoestrus vrai : résulte soit d’une absence de cyclicité soit d’un blocage du cycle : o Absence de cyclicité : c’est une inactivité ovarienne «ovaires lisses» o Blocage du cycle : corps jaune persistant ou kyste lutéinique, bloquant l’ovulation et la manifestation œstrale. - Faux anoestrus ou suboestrus ou encore chaleur silencieuse : la vache a une activité cyclique normale mais n’a pas été observée en chaleur en raison d’un comportement de chaleur absent ou discret ou encore d’une observation mal conduite. II. Classification Age Période Diagnostic Définition Naissance - puberté A. physiologique Absence normale d'activité pré-pubertaire cyclique régulière 12 mois -14 mois A. fonctionnel Absence acceptable d'activité pubertaire cyclique régulière 12 mois -14 mois A. pubertaire de Présence acceptable d'une activité Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 24 détection cyclique régulière non détectée par l'éleveur Génisse > 14 mois A. pubertaire Absence inacceptable d'activité pathologique cyclique régulière fonctionnel > 14 mois A. pubertaire Absence d'activité cyclique pathologique régulière imputable à une congénital pathologie congénitale > 14 mois A. pubertaire Présence inacceptable d'une pathologique de activité cyclique régulière mais non détection détectée par l'éleveur Vêlage - J15/J30 PP A. physiologique Absence normale d'activité du post-partum cyclique régulière (Vache laitière Vache 15 jours, vache allaitante 30 jours) J30 – J45 PP A. physiologique Absence acceptable d'activité fonctionnel du cyclique régulière postpartum Tab.1. Classification par ordre chronologique des anoestrus pubertaires (génisse) et du post-partum (vache) J45 -J60 PP A.fonctionnel Présence d'une activité cyclique pathologique du régulière post-partum J45-J55 A. de détection Présence d'une activité cyclique régulière non détectée par Vache l'éleveur >J60 PP A. pathologique Absence inacceptable d'activité fonctionnel du cyclique régulière post-partum >J60 PP A. pathologique Absence inacceptable d'activité pyometral du cyclique régulière du à la présence post-partum d'un pyomètre III. Etiologies A- L'anoestrus pubertaire Multiples sont les facteurs qui peuvent modifier le moment d'apparition de la puberté. Selon leur nature ils sont appelés à jouer un rôle déterminant ou favorisant. C'est ainsi qu'il a été démontré que la puberté apparaît davantage en réponse à l’acquisition d’un poids plutôt que d’un âge donné. Dans ce contexte, l'alimentation et ses aspects tant quantitatifs que qualitatifs (apport protéocalorique, vitamines, Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 25 minéraux…) des animaux en croissance revêt toute son importance car elle peut également influencer le développement du squelette. Ce gain de poids dépend de l'âge de l'animal. Il doit être supérieur à 800 g de la naissance à 6 mois, de 700 g de 6 à 15 mois, de 800 g de 16 à 21 mois et de 900 g de 21 à 24 mois pour un premier vêlage à 24 mois. L'effet de la saison de la naissance doit être mis en relation avec le régime alimentaire. L'environnement social de l'animal peut selon les circonstances avoir également un effet (taille du groupe, présence d’un mâle qui contribue à réduire la durée de l’anoestrus...) tout comme les conditions sanitaires (pathologies néo- natales, traitements antiparasitaires, vaccinations...) et celles de stabulation et d'éclairement. B- L'anoestrus du post-partum L'obtention d'un intervalle de vêlage moyen de 365 jours, constitue un objectif indispensable à la rentabilité d'une exploitation bovine. Ce délai est très variable et dépend de différents facteurs les uns sont propres à l’animal (caractère allaitant ou lactant et âge), les autres relèvent davantage de son environnement (présence d’un mâle qui contribue à réduire la durée de l’anoestrus, saison et surtout alimentation). 1- La succion De nombreuses observations hormonales ou zootechniques ont confirmé l’effet inhibiteur de la succion du pis sur la reprise d’une activité ovarienne au cours du postpartum. Cette influence dépend non seulement de l'intensité du stimulus mammaire, une vache allaitant deux veaux présentera le plus souvent un anœstrus plus prolongé (96 jours vs 67 jours) qu'une vache qui n'en allaite qu'un seul mais aussi et plus encore de la fréquence de ce stimulus. En effet, la durée de l'anœstrus est plus grande lorsque l'accès à la mamelle est permanent que s'il est limité à une ou plusieurs périodes journalières. Le sevrage s’accompagne d’une sécrétion accrue de la LH. Cliniquement, en ce qui concerne la vache allaitante, trois situations sont possibles: dans le premier cas, l’animal ne présente aucun follicule de diamètre supérieur à 10 mm. Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 26 dans le second, ces follicules sont présents mais n’ovulent pas. dans le troisième enfin, la croissance des follicules présents se poursuit et aboutit à une ovulation (10 % des cas). Chez la vache laitière par contre, le follicule de grande taille apparaît non seulement plus précocement mais ovule dans 70 % des cas. Remarque : La succion du pis semble donc interférer davantage avec la phase terminale de la croissance folliculaire et l’ovulation qu’avec la présence potentielle de follicules cavitaires. Le mécanisme hormonal de l’effet de la succion est loin d’être clarifié. L’implication de la LH est davantage démontré et surtout ses relations avec les peptides opioïdes endogènes (EOP : Endogenous Opioid Peptides). Dérivés de la pro-opio- melanocortine (betaendorphine), de la pro-encephaline et de la pro-dynorphine, ces peptides agissent plus ou moins spécifiquement sur des récepteurs identifiés au niveau du noyau arqué et de l’éminence médiane chez la chèvre et la vache. Ces opioïdes et leurs agonistes telles les morphines inhibent la sécrétion de la LH, stimulent celle de la prolactine et seraient sans effet sur celle de la FSH. 2- La saison La saison et le photopériodisme modifient également la durée de l'anœstrus après le vêlage. Celle-ci est d'autant plus courte que la durée d'éclairement au moment de l'accouchement est grande. Les animaux accouchant de mai à novembre ont un intervalle vêlage-première ovulation significativement plus court que ceux Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 27 accouchant de décembre à avril. Cet effet est plus net chez les primipares que chez les pluripares et est accentué par l'administration d'un régime alimentaire inadéquat. Le mécanisme de cet effet est encore peu précisé. La mise en évidence de concentrations plasmatiques de LH et de prolactine plus élevées en été qu'en hiver pourrait en constituer une explication. Sans doute aussi, les facteurs alimentaires exercent-ils une influence directe ou indirecte dans ce processus. 3- L’alimentation Les effets de l’alimentation avant ou après le vêlage sur la reproduction relèvent de trois types d’études. Les premières ont été réservées aux effets sur la croissance folliculaire et l’activité lutéale. Les secondes ont été consacrées aux paramètres et performances de reproduction dont ils résultent : anoestrus, intervalles entre vêlage et 1ère insémination, entre vêlage et insémination fécondante, index de fertilité. Les troisièmes enfin se sont davantage attachées à décrire les mécanismes hormonaux. Sur la croissance folliculaire Diverses observations confirment la multiplicité des influences de la balance énergétique sur la croissance folliculaire au cours du postpartum. Ainsi doivent être pris en considération, l’aspect quantitatif (modérée ou sévère) de la balance énergétique, l’effet sur le recrutement ou la phase terminale du développement folliculaire, la durée de la période entre le vêlage et le moment ou le déficit énergétique est maximal et la durée de la balance énergétique négative. D’une manière générale, chez la vache allaitante, divers travaux ont démontré qu’une sous-alimentation chronique c-a-d une alimentation qui ne couvrirait que 60 à 80° % des besoins corporels et entraînerait donc une perte journalière de 500 à 800 g aboutirait en quelques semaines à une inflexion de la vitesse de croissance des follicules, à une diminution de la taille des follicules dominants et des corps jaunes, à une réduction du temps de persistance des follicules dominants, sans que pour Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 28 autant la fréquence des ovulations ou la durée des cycles soit modifiée. L’anoestrus apparaîtrait au bout de 100 voire 200 jours de sous-nutrition c’est à dire lorsque les animaux ont perdus 22 à 24 % de leur poids de départ. L’adoption d’un régime alimentaire correct induirait la réapparition progressive au bout de 50 à 100 jours selon les études d’une reprise d’une croissance folliculaire normale et des ovulations. Une étude échographique a démontré que les vaches en lactation témoignant d’une balance énergétique positive présentaient un nombre plus réduit de follicules de diamètre compris entre 3 et 5 mm ou entre 6 et 9 mm et un nombre plus élevé de follicules de diamètre compris entre 10 et 15 mm. De même, des vaches de race laitière non traites présentent un plus grand nombre de follicules cavitaires que les vaches traites. En cas d’insuffisance modérée de l’apport énergétique, une injection de GnRH est susceptible d’induire dans les 24 à 48 heures, l’ovulation des plus gros follicules (diamètre > 10 mm) présents 24 jours en moyenne après le part, une activité cyclique régulière n’étant cependant que rarement observée par la suite. Une balance énergétique négative modérée affecterait donc davantage les stades terminaux de la croissance folliculaire. Le pourcentage de follicules dominants qui ovulent est plus élevé lorsque leur développement débute après plutôt qu’avant le moment où la balance énergétique négative est maximale (75 % d’ovulations vs 24 %). Un état de sous-nutrition avant ou après le part allonge de 4 à 6 jours le moment ou le follicule dominant atteint sa taille maximale (14 vs 10 jours). Il retarde également de 4 à 6 jours le moment de l’émergence de la deuxième et troisième vague de croissance folliculaire. Il en résulte un allongement de 3 semaines de l’intervalle entre le vêlage et la première ovulation (77 vs 51 jours). Si au cours du dernier trimestre de la gestation ou au cours du postpartum, le déficit énergétique est sévère, il est fréquent de constater l’absence de follicules de diamètre supérieur à 8 voire 5 mm sur les ovaires sans que pour autant la stéroïdogenèse des follicules de petite (2 à 4 mm) ou de taille moyenne (5 à 7 mm) en soit affectée. Sur l’activité lutéale Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 29 Il semblerait que la première phase d’activité lutéale normale apparaisse 10 jours en moyenne après le moment où la balance énergétique négative est observée. La synthèse de progestérone serait plus importante chez les vaches présentant une balance énergétique positive que négative. Cette synthèse serait également accrue au cours des 2ème et 3ème phases lutéales chez les animaux ayant présenté une balance énergétique positive au cours de la 1ère semaine du postpartum. De même, le nombre de jours entre le vêlage et le moment de la première augmentation de la progestérone est négativement corrélé avec la balance énergétique moyenne au cours du postpartum. Sur les performances de reproduction La plupart des auteurs reconnaissant que, avant et après le vêlage, la sous alimentation sévère (inférieure de 10 à 20 % aux besoins requis) et prolongée de la vache, affecte la fonction ovarienne et contribue à allonger la durée de l'anœstrus post-partum. L’effet négatif d’une sous-alimentation au cours du postpartum a été démontré chez la vache allaitante. Cet effet n’a cependant pas été unanimement reconnu. Cet effet semble dépendre de l’alimentation antepartum : il est moins important chez les vaches correctement nourries avant le vêlage et plus déterminant chez celles qui ont été sous nourries avant le vêlage. De même, il a été démontré qu’une réduction de 20 à 40 % des apports énergétiques au cours du dernier tiers de la gestation s’accompagne d’une augmentation de la durée de l’anoestrus du post-partum de 1 à 3 semaines. Par ailleurs, ont été reconnus les effets favorables d’un apport énergétique croissant avant la période de reproduction (flushing) ou avant le vêlage (steaming up). Ces effets sont d’autant plus manifestes que l’état corporel des animaux au moment de leur mise en place est faible. De même, l’impact d’un flushing est plus important chez les primipares que chez les multipares. Un excès ou une insuffisance de l'état corporel au moment du vêlage a été rendu responsable d'un allongement de l'intervalle entre le vêlage et la première Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 30 insémination et l'insémination fécondante. Selon certains auteurs, l’apport alimentaire avant le vêlage semble avoir plus d’influence que celui réalisé après. Enfin, une balance énergétique négative serait directement corrélée avec le manque de manifestations œstrales au cours du premier œstrus du postpartum. Mécanismes hormonaux et biochimiques de l’alimentation a. Gonadolibérine et gonadotropines D’une manière générale, il est bien démontré que des états de sous-nutrition s’accompagnant de périodes d’anoestrus plus ou moins prolongées, sont associés à une réduction de la libération de la GnRH par l’hypothalamus et de la pulsatilité des hormones hypophysaires LH et FSH. Les effets de la sous-nutrition sur l’hormone LH ont davantage été démontrés que ceux sur l’hormone FSH. Chez la vache laitière normalement nourrie, la pulsatilité de l’hormone LH coïncide avec le moment ou la balance énergétique redevient positive. La reprise d’une libération pulsatile de l’hormone LH est une condition nécessaire mais non suffisante au développement folliculaire normal. Il est vraisemblable que le processus de libération de la GnRH soit également affecté, cette libération étant indispensable pour assurer une libération maximale de LH et donc l’ovulation. L’anoestrus du postpartum serait plus profond si une faible sécrétion de LH est associée à une faible sécrétion de FSH (Cette hormone est indispensable à la croissance des plus gros follicules et au maintien de l’activité de l’aromatase). L’absence de follicules de diamètre > 5 mm chez les vaches sous nourries pourrait résulter d’une stimulation FSH insuffisante ou l’inhibition de cette stimulation au niveau ovarien. b. L’insuline En début de lactation, la présence d’une balance énergétique négative associée à l’utilisation importante de glucose pour la synthèse de lactose se traduit par une Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 31 hypoglycémie globale. L’implication du glucose dans la fonction de reproduction est réelle. L’administration d’un inhibiteur de son métabolisme empêche l’apparition de l’oestrus et la formation du corps jaune. De même, l’induction d’une hypoglycémie chez des vaches en lactation s’accompagne d’une réduction de l’amplitude des pics de LH. L’hypoglycémie s’accompagne d’une part d’une hypoinsulinémie et d’autre part d’une activation de l’axe corticotrope et de la synthèse de glucocorticoïdes attribuée à une élevation de la corticotropin releasing hormone (CRH) et donc de l’ACTH. L’hypoinsulinémie exerce divers effets directs sur le métabolisme et indirects sur la physiologie de l’hypothalamus et de l’ovaire. Elle se traduit par une augmentation de la lipolyse et donc d’une augmentation des acides gras libres et des corps cétoniques. Ces derniers en association avec les beta-endorphines libérées notamment en réponse à la stimulation de l’appétit par les acides gras libres réduisent la pulsatilité de la GnRH hypothalamique. c. L’Insulin Growth Factor De multiples études ont confirmé la médiation possible par l’Insulin like Growth Factor des effets de la balance énergétique sur l’activité ovarienne au cours du postpartum. Ce facteur d’origine hépatique est connu pour stimuler la stéroïdogenèse (oestradiol et progestérone) des cellules de la granuleuse et des thèques. Sa concentration plasmatique augmente régulièrement au cours du postpartum. Elle est inversement proportionnelle au niveau de production laitière mais positivement corrélée avec le niveau de la balance énergétique. Une réduction de sa concentration s’accompagne de celle de la libération des gonadotropines hypophysaires tout comme de la progestérone au cours des premiers cycles du postpartum. d. La leptine Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 32 Protéine apparentée à la famille des cytokines, la leptine (du grec leptos : mince) est synthétisée et secrétée principalement par les adipocytes mais aussi par les tissus placentaires, mammaires et hépatiques. L’expression du récepteur de la leptine a été identifiée dans de nombreux tissus cérébraux ou périphériques renfermant des adipocytes : ovaire, utérus, pancréas, testicule, rate prostate. Sa concentration sanguine est corrélée avec la quantité d’adipocytes et l’importance des réserves corporelles en graisse. Sa concentration augmente chez la génisse jusqu’à l’âge de la puberté. Facteur satiétogène, elle régule la prise de nourriture et est de ce fait largement impliquée dans toute une série de processus métaboliques tels la thermorégulation et le métabolisme du glucose ou, fonctionnels, comme la reproduction, la croissance, l’activité de la corticosurrénale ou du pancréas. La démonstration de son action régulatrice sur la fonction de reproduction a fait l’objet de nombreuses expériences chez la souris notamment. L’hypothalamus constitue son site d’action privilégié. Son action sur la secrétion de la GnRH s’exercerait selon trois mécanismes. La leptine s’opposerait à l’inhibition de la GnRH par le neuropeptide Y. Elle pourrait également inhiber les effets de l’alpha-MSH (melanocyte stimulating hormone) et des endorphines, molécules inhibitrices de la libération de l’hormone LH. e. Le neuropeptide Y (NPY) Chez les rongeurs et les ruminants, le NPY stimule la prise alimentaire et inhibe la sécrétion de GnRH. Sa concentration augmente nettement dans le liquide céphalo- rachidien lors de sous-nutrition et cette augmentation est susceptible de bloquer la libération de la GnRH. IV. Aspects cliniques de l’anoestrus pubertaire et du postpartum Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 33 Les symptômes de l'anoestrus fonctionnel sont tout à la fois de nature comportementale, l'animal ne manifeste pas de chaleurs, ou génitale: à la palpation, l'utérus est atone, les ovaires sont granuleux voire petits et lisses chez les génisses et ne présentent peu voire aucun signe de croissance folliculaire ou d'activité lutéale cliniquement décelables. L'anamnèse et l'examen clinique de l'animal différentient donc aisément l'anoestrus physiologique ou pathologique d'une absence de détection des chaleurs. A- L'anoestrus pubertaire La puberté a été définie comme l'ensemble des phénomènes anatomique, histologique et hormonal rendant possible la reproduction d'un animal. Ce processus implique donc le passage d'un état «d'inactivité ovarienne» à celui d'une activité régulière aboutissant à une ovulation suivie d'un développement lutéal normal. Cette transition peut être observée 6 à 24 mois après la naissance. Dans un contexte économique, l'atteinte d'un premier vêlage à l'âge de 24 mois doit être considéré comme prioritaire, ce qui laisse supposer une mise à la reproduction vers l'âge de 14 mois. Aussi, sera à priori considéré en anoestrus pubertaire tout animal dont les chaleurs n'ont pas été détectées au cours des 14 premiers mois suivant la naissance. Au cours de la période pré-pubertaire soit entre 7 et 12 mois, la croissance folliculaire se manifeste qualitativement comme chez les animaux pubères sous la forme de vagues, le follicule dominant exerçant par ailleurs de la même manière ses effets sur les autres follicules. Quantitativement cependant plusieurs différences ont été observées par rapport aux caractéristiques décrites à l'encontre des animaux pubères. Au cours de cette période, la majorité des follicules sont anovulatoires. La phase de croissance et de plateau du follicule dominant est plus courte que chez les animaux pubères (4.7 jours vs 6.1 jours et 5.1 vs 5.8 jours). Le diamètre maximal moyen du follicule dominant est inférieur (11.2 mm vs 15.8 mm) et l'intervalle entre deux vagues de croissance folliculaire est plus court (8 vs 9.7 jours). Ces différences morphologiques de la croissance folliculaire ont été imputées à une insuffisance de l'hormone LH malgré la présence d'une faible concentration en progestérone. Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 34 Sur le plan fonctionnel, la croissance folliculaire des animaux prépubères s'accompagne le cas échéant d'un cycle de durée habituellement plus courte, d'un corps jaune de taille inférieure (19.9mm en moyenne vs 25.8 mm) et d'une progestéronémie plus faible (2.8 ng vs 10.15 ng). B - L'anoestrus du postpartum La durée de l’anoestrus du postpartum peut être définie au moyen de plusieurs critères. Cliniquement, le post-partum se caractérise par une période d'anoestrus comportemental plus ou moins longue selon les races. Si les conditions de détection de l'œstrus sont optimales, elle est selon les auteurs de 30 à 70 jours chez la vache laitière. Chez la vache allaitante, elle est beaucoup plus variable et est comprise entre 30 et 110 jours. Le dosage dans le lait ou le sang de la progestérone a permis d'établir que 88 % des animaux de race laitière présentent une structure lutéale 35 jours après le vêlage et 95 % après 50 jours. La première augmentation de la progestérone apparaît selon les auteurs entre 16 et 69 jours après le vêlage chez la vache laitière et entre 56 et 96 jours chez la vache allaitante. Les études échographiques de la croissance folliculaire ont permis de caractériser de manière plus précise la croissance folliculaire au cours des premières semaines du post-partum chez la vache laitière et allaitante. De manière synthétique, on retiendra que le processus de la croissance folliculaire est comparable dans les deux types de spéculation : 1. population folliculaire entre le 5ème et le 10ème jour du postpartum constituée de follicules de petite taille chez la vache laitière et de taille moyenne chez la vache allaitante et apparition d’un follicule dominant entre le 10ème et le 15ème jour du postpartum. Le devenir du folliucle dominant est cependant différent. 2. Il ovule beaucoup plus fréquemment chez la vache laitière qu’allaitante ce qui se traduit dans cette seconde spéculation par un intervalle entre Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 35 le vêlage et la première ovulation 2 fois plus long en moyenne que chez la vache laitière. Chez la vache laitière, au cours de la première semaine du postpartum, la population folliculaire est essentiellement constituée de follicules de diamètre inférieur à 4 mm. Les premiers signes de croissance folliculaire apparaissent 5 jours environ après le vêlage. Entre ce moment et la présence du premier follicule dominant, ils observent la croissance et la régression de follicules pouvant atteindre 8 mm de diamètre. Le premier follicule dominant (unique et de taille supérieure à 10 mm) apparaît en moyenne 12 jours (5 à 39) après l'accouchement. Ce premier follicule dominant ovule dans 74 % des 19 cas étudiés, devient kystique dans 21 % des cas et après régression est suivi de l'apparition d'un nouveau follicule dominant dans 5 % des cas. C - Mécanismes hormonaux L’anoestrus pubertaire Les changements folliculaires chez les génisses prépubères et pubères s'accompagnent de modifications de la sécrétion des hormones gonadotropes. Leur concentration augmente entre le 1er et le 4ème mois suivant la naissance puis diminue par la suite jusque l'âge de 6 mois. La régulation de ces modifications est encore peu connue. En 2003, une équipe de chercheurs américains et français a identifié le gêne (GPR 54) déclencheur de la cascade hormonale responsable aboutissant à la puberté. Cette première augmentation des hormones gonadotropes serait responsable de l'apparition plus ou moins précoce de la puberté. A ce titre, elle revêt une importance critique pour le développement ultérieur d'une activité cyclique régulière. Comme chez les génisses pubères, on observe avant chaque vague de croissance folliculaire une augmentation de la concentration de la FSH. A l'approche de la puberté, les concentrations de l'oestradiol folliculaire et de l'hormone LH augmentent. Cette seconde augmentation de l'hormone LH dont on sait le rôle déclenchant Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 36 important qu'elle exerce sur l'apparition de la puberté, résulterait d'une diminution progressive au cours de la période prépubertaire de l'effet rétroactif négatif exercé par l'oestradiol. L’anoestrus du postpartum Sur le plan hormonal, il est classique de distinguer deux périodes au cours du postpartum: première ou phase 1 : s’étend de la parturition jusqu'à la libération préovulatoire de l’hormone LH, seconde ou phase 2 : comprise entre le moment de cette libération et le retour à une cyclicité normale. Il est bien démontré que l’hormone LH bien plus que l’hormone FSH constitue l’élément clé de cette première phase. Chez la vache laitière, la libération pulsatile de la LH et la sensibilité de l’hypophyse à la GnRH endogène ou à une injection exogène apparaît dès le 10ème jour après le vêlage et est maximale entre le 12ème et le 15ème jour. Chez la vache allaitante par contre, cette synthèse et libération est différée jusqu’au 20ème voire 30ème jour après le vêlage. Ceci expliquerait l’apparition plus tardive de l’ovulation chez la vache allaitante que laitière. Un mécanisme d’initiation de la croissance folliculaire a été décrit. Il peut se résumer de la manière suivante. Pendant la gestation, la progestérone réduit la fréquence et l’amplitude des pics de la LH. De même, la présence de concentrations élevées en oestrogènes en fin de gestation contribue-t-elle à réduire celles de l’hormone FSH. La parturition s’accompagne d’une diminution de la progestérone et de l’augmentation puis d’une diminution dans les 48 heures suivantes des oestrogènes. Progestérone et oestradiol 17-beta atteignent ensuite leur niveau basal au cours respectivement des 48 à 72 premières heures suivant le vêlage. Il en résulte le passage au cours des 3 à 7 premiers jours du postpartum d’un retro-contrôle négatif à un rétro-contrôle positif sur l’axe hypothalamo-hypophysaire. On observe ainsi dans un premier temps une reprise de la pulsatilité tonique puis cyclique de la GnRH, La libération dans un second temps de la FSH (plus sensible à la stimulation de la GnRH que la LH), l’augmentation de la synthèse hypophysaire de la LH dans un troisième temps et enfin dans un quatrième temps la sécrétion de la LH. Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 37 Il semble bien démontré que la croissance des follicules au-dessus d’un diamètre de 4 à 5 mm, valeur considérée comme valeur seuil pour répondre de manière optimale à une stimulation hypophysaire, fasse suite à l’augmentation de la concentration en FSH. La capacité d’un des follicules ainsi recrutés à poursuivre sa croissance et à exercer sa dominance physiologique au cours de la seconde semaine du postpartum va dépendre d’une augmentation de la pulsatilité de l’hormone LH et donc indirectement de celle de la GnRH. Les oestrogènes et en particulier le 17-b oestradiol sont davantage secrétés. Leur rétrocontrôle positif sur l’axe hypothalamo-hypophysaire apparaît plus tard lorsque est atteint le seuil critique de concentration en 17-b oestradiol qui aboutit à la libération du pic préovulatoire de l’hormone LH, à une ovulation et à l’apparition de la seconde phase. La progestérone constitue l’élément hormonal principal de la seconde phase. L’activité lutéale dont elle dépend présente néanmoins des différences. Indépendamment du moment où elles apparaissent après le vêlage chez les animaux lactants ou allaitants, 50 à 80 % des premières périodes d'activité lutéale sont soit de plus courte durée (6-12 jours : SLP: Short Luteal Phase), soit les concentrations plasmatiques de progestérone sont inférieures à celles observées au cours d'un cycle de durée normale (ILP: Inadéquate Luteal Phase). Leurs effets sur la croissance folliculaire sont réels. Ainsi, la présence d’une libération pulsatile maximale de la LH associée à une concentration plus faible de progestérone n’empêche pas une croissance folliculaire et la synthèse d’oestradiol pendant 15 à 20 jours. A l’inverse, une pulsatilité faible de l’hormone LH, le plus fréquemment associée à une concentration élevée en progestérone s’accompagne le plus souvent d’un turn-over accru de la croissance folliculaire. D. Démarche diagnostique de l’Anoestrus post-partum En clinique Afin d’établir un bon diagnostic et une thérapie adéquate le praticien doit faire systématiquement un examen clinique en tenant compte de 2 périodes physiologiques : Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 38 - Période de 15 à 45j post partum : dans cette phase le clinicien doit contrôler systématiquement l’involution utérine. La réduction de la taille de l’utérus se fait lentement les dix premiers jours, puis devient rapide entre le 10ème – 15ème jours pour atteindre une taille de 7cm vers le 24ème jours. Pendant cette phase, le clinicien procède également à l’examen : - des ovaires, sachant que les kystes ovariens sont observés le plus souvent dans les deux mois après le part. - de la cavité vaginale, à l’aide d’une vaginoscopie, pour détecter d’éventuelles lésions anatomiques et de problèmes infectieux (vaginite, cervicite, endométrite ou métrite). - Période de 45 à 60 jours post-partum : cette période correspond à la mise en reproduction de la femelle et l’examen portera essentiellement sur les ovaires. Deux examens ovariens par palpation transrectale, espacés de 10-12 jours, sont nécessaires pour établir un diagnostic de l’activité ovarienne, 3 cas sont à considérer : -si les deux examens révèlent des ovaires petits lisses ou granuleux (ni corps jaune, ni follicule), l’animal est non cyclé : c’est un anoestrus vrai par inactivité ovarienne (voire photo). -si les deux examens révèlent une structure lutéale, l’animal est non cyclé : c’est anoestrus vrai par corps jaune persistant. -si le premier examen révèle soit un corps jaune ou follicule et le deuxième examen corps jaune ou follicule, l’animal est cyclé : c’est un suboestrus ou encore chaleur silencieuse. Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 39 Photo : ovaire lisse En laboratoire L’examen complémentaire consiste au dosage de la progestérone plasmatique après avoir réalisé deux prélèvements sanguins à 10-12 jours d’intervalle. Un dosage radio- immunologique est réalisé, selon une technique adaptée de THIBIER et SAUMANDE (1975). Principe du dosage : Une prise d'essai de sérum contenant une quantité inconnue de progestérone est mise en contact avec une quantité connue de progestérone radio-active. Après extraction et séparation, l'éluât (le mélange) est mis au contact d'anticorps anti-progestérone en quantité connue. Méthodologie : Mode opératoire : Etape 1 : Répartition : Dans les tubes recouverts d’anticorps puis distribuer successivement : 50 µl de standard ou d’échantillon. 500 µl de traceur. puis agiter. Etape 2 : Incubation : Incuber tous les tubes pendant 1 heure à une température ambiante (18-25°c) avec agitation (350-400 rpm). Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 40 Etape 3 : Comptage : - Aspirer soigneusement tous les tubes, sauf ceux préparés pour les cpm totaux. - Mesurer la radio-activité contenue dans les tubes pour obtenir les cpm liés (B) et les cpm totaux (T). Résultat : Courbe standard : Cette courbe est obtenue en employant un mode de tracé semi-logarithmique pour la gamme standard «mode SPLINE» avec, en ordonnée, le rapport B/T (%) et en abscisse, les concentrations en progestérone des standards (ng/ml). Echantillon : Pour chaque échantillon on repère le B/T (%) sur l’axe vertical, puis le point correspondant de la courbe standard et on déduit, par lecture sur l’axe horizontal, la concentration de l’échantillon en progestérone. Cette concentration est donnée en ng/ml. Interprétation : Progestéronémie maintenue à un niveau bas (au dessous de 2ng/ml) : c’est anoestrus vrai par inactivité ovarienne. Progestéronémie maintenue à un niveau élevé (au dessus de 2ng/ml) : c’est anoestrus vrai par blocage du cycle. Progestéronémie élevée (>2ng/ml) puis basse (< 2ng/ml) ou inversement : c’est un suboestrus ou chaleur silencieuse. Important de savoir : Le risque d’erreur d’interprétation entre l’examen clinique et le dosage hormonal n’est pas négligeable, il est compris entre 20-30%. V. Prévention Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 41 Les moyens de lutte contre l’anoestrus du post-partum reposent essentiellement sur l’amélioration des conditions d’élevage par : - Une bonne détection œstrale - Une bonne conduite alimentaire dans le péri-partum - Un bon suivi sanitaire A. Détection des chaleurs Signes de chaleur en période péri-œstrale : Pro-œstrus : cette étape correspond à une étape préparatoire à la vraie chaleur. Elle dure 1-2 jours, les follicules naissants produisent de petites quantités d’hormone sexuelle mâle (testostérone) qui pousse la vache ou la génisse à adopter un comportement sexuel comparable à celui du mâle (chevauchement, agressivité, beuglements, léchage de la région vulvaire des congénères) L’œstrus : cette étape se caractérise par l’intensité et la durée de l’acceptation du chevauchement, c’est le meilleur indicateur de la phase pré- ovulatoire chez la vache. La durée varie de 14-19 heures. L’ovulation aura lieu approximativement 24 à 30 heures après le début de la période de réceptivité. La vache devrait être inséminée entre 12-30 heures après le début des chaleurs. L’augmentation de la fréquence d’observation des chaleurs améliore le taux de détection (voire tableau ci-dessous) Nombre d’observations Heures Taux de détection (%) 8 3 14 74 18 7 10 5 15 90 18 22 Le Post-œstrus : c’est une étape de l’hémorragie post-œstrale (1-3 jours après), se caractérisant par un écoulement vulvaire séro-sanguinolent. Il se produit dans 50% et 85% respectivement chez les vaches et les génisses. Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 42 Important de savoir : Ce symptôme inconstant ne présente aucun rapport avec l’échec ou la réussite de l’IA. Figure : Guide pour le meilleur moment de l’IA Facteurs d’influences des manifestations comportementales Le Mâle : La durée de l’œstrus est moindre lorsque la femelle est en présence continue du mâle. Ce dernier entraine une ovulation plus précoce au cours de l’œstrus par l’effet de l’hormone lutéinisante (LH). Le climat : La chaleur peut réduire non seulement la durée de l’œstrus mais aussi son intensité. La stabulation : L’œstrus de femelles en stabulation entravée est sensiblement plus court que celui des femelles conduites en stabulation libre ou semi-libre. Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 43 Le rythme circadien : Le comportement œstral a plus souvent lieu entre 18h-6h plutôt qu’entre 6h-18h. L’activité de monte apparait le plus souvent en début de soirée et se termine en début de matinée. Le Post-partum : Jusqu’aux 45 jours post-partum, le taux des femelles détectées en chaleur est environ 50%. Ce taux s’améliore après 60 jours et atteint 70% à 70 jours. B. Alimentation Une ration inadéquate peut s’accompagner soit d’une sous-alimentation ou une suralimentation, se traduisant par un état d’amaigrissement ou d’obésité et par conséquent une réduction des performances de production et de reproduction. Ci-joint dans le tableau ci-dessous les apports alimentaires recommandés par l’INRA et correspondant à une ration équilibrée. C. Suivi sanitaire La plupart des maladies puerpérales, essentiellement les métrites, kystes ovariens, pyomètre et cétose sont impliquées dans le retard de l’activité ovarienne post- partum. Même une mammite chronique ou une sévère boiterie durant le premier mois post-partum sont à l’origine d’un retard de la reprise de la cyclicité post-partum. Un diagnostic précoce et rapide suivi d’une thérapie adéquate et surtout le respect d’un bon planning de traitement antiparasitaire sont cruciaux dans le succès de la gestion de reproduction. INFERTILITE A CHALEUR NORMALE : LE REPEAT BREEDING A. Définition Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 44 Une vache est dite infertile à chaleur normale «VICN» lorsqu’elle n’est pas gestante après 3 IA successives pratiquées au moment opportun, son cycle sexuel étant régulier, et son appareil génital ne présentant aucune modification pathologique perceptible. La fréquence du repeat-breeding dans les exploitations bovines est comprise selon les auteurs entre 10 et 24%. B. Etiologies Facteurs intrinsèques - Race : vache laitière hautement productrice - Age : incidence faible chez les génisses et primipares, mais devient élevée chez les vaches âgées, sans doute à cause du vieillissement de l’appareil génital qui sera à l’origine d’une augmentation du risque de mortalité embryonnaire précoce (MEP). - Hérédité : anomalie chromosomique → MEP - Etat du tractus génital Lésions inflammatoires de l’utérus : peuvent s’opposer à la fécondation en détruisant les spermatozoïdes ou au développement embryonnaire précoce exple lors d’infection par Actinomyces pyogene. Absence d’ovulation : certaines études faites après abattage des animaux ont démontré que dans 8 à 10% des cas de repeat-breading l’ovulation n’avait pas eu lieu. Ovulation asynchrone : un asynchronisme dans la séquence oestrus- ovulation a également été invoqué pour expliquer l’absence de fécondation. Ce phénomène serait observé chez 18% des animaux infertiles. Les pathologies de l’oviducte : une mauvaise captation de l’ovocyte par le pavillon tubaire soit une obstruction des oviductes. Les lésions histo-anatomiques de l’oviducte : peuvent être congénitales (ovaires encapsulés, aplasie des oviductes…)ou acquises (adhérences, obstructions, hydrosalpinx. Selon les études 4 à 19% des animaux infertiles seraient concernés par ces problèmes. - Immunisation antispermatique : production locale dans les voies génitales femelles d’anticorps antispermatiques. Ce phénomène immunisation expliquerait certains cas ou des vaches inséminées ou saillies sans succès avec le sperme d’un même taureau, sont gestantes dés la première tentative avec le sperme d’un autre taureau. Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 45 - Immunisation anti-trophoblastique - Ovulation différée (dans 10% des cas) suite à des anomalies de recrutement folliculaire vers le 12ème jour du cycle précédant l’insémination peuvent être à l’origine de modifications de la séquences ovulatoire, de défauts de la maturation ovocytaire voire du développement embryonnaire et par conséquent d’infertilité. De bons résultats sont obtenus après administration d’eCG (PMSG) ou de la GnRH au milieu de la phase lutéale. - Déséquilibre œstro-progestatif sera à l’origine d’une mauvaise migration de l’œuf et par conséquent un mauvais développement embryonnaire. - Superovulation : la viabilité des embryons produits après superovulation est de 60%. Une diminution de la qualité embryonnaire est enregistrée quand une dose élevée d’eCG est administrée. - Une augmentation de la température extrême se traduit par une augmentation de l’infertilité. - Le repeat breeding serait davantage imputable à une perte de poids par l’animal qu’à son état maigre. - La carence ou l’excès de protéines sont nuisibles à la fertilité. - L’augmentation de l’urée et de l’ammoniac est préjudiciable à l’obtention d’une fertilité normale. - Des carences en Ca, P, Mn, Co, Cu, Zn peuvent se traduire par de l’infertilité. Facteurs extrinsèques - Insuffisance de la détection des chaleurs : le repeat-breeders semble être directement proportionnel avec la taille des troupeaux. En effet, dans les grands élevages, la détection des chaleurs est souvent moins bonne. - Choix du moment de l’insémination : en effet, les meilleurs taux de gestation sont obtenus lorsque les animaux sont inséminés au cours de la deuxième moitié des chaleurs (6-18h), des résultats étant encore satisfaisant dans les 6 heures qui suivent la fin des chaleurs. Les taux de gestation obtenus avec des inséminations plus précoces ou plus tardives sont insuffisant. Il a été démontré grâce à des dosages de P4 que 10-30% des vaches inséminées n’étaient pas en chaleur lors de l’IA Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 46 - Endroit anatomique de l’insémination : Le lieu de dépôt de semence est le corps de l’utérus, une réduction de 22% de gestation a été rapportée si le dépôt de la semence se faisait dans le canal cervical ou au niveau de l’exocol. Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 47 Lieu conventionnel de dépôt de semence - Moment de l’IA par rapport au vêlage : une IA avant le 40ème jour post-partum n’est suivi de conception que dans 30% des cas par contre à 70 jours elle est de 70%. C. Diagnostic A l’échelle collective Analyse des critères de fécondité et de fertilité : à partir des renseignements individuels on doit obtenir pour le troupeau : - Taux de retour - % 3 IA (nombre de femelles inséminées 3 fois ou plus) Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 48 - Moyenne et écart type de la période d’attente (V-IA1) et VIF - Intervalle entre IA Ce n’est que grâce à ces chiffres que l’on pourra être sûre pour un individu du diagnostic clinique et pour un troupeau de la réalité du problème d’infertilité. Enquête sur la conduite du troupeau Les renseignements habituels obtenus lors de la visite d’élevage sur : - Méthodes et modalités de la détection des chaleurs - Hygiène du troupeau (surtout lors de la mise bas) - L’alimentation et l’état d’embonpoint des animaux - Conditions de logements, mesures prophylactiques - Dominantes pathologies. A l’échelle individuelle L’examen vaginal L’examen sera préférentiellement réalisé pendant les chaleurs puisque c’est à ce moment que les endométrites dites du premier degré se manifestent sous forme de glaires renferment quelques flocons de pus (voire photo). Endométrite du premier degré L’examen transrectal Chez les génisses, cet examen clinique peut identifier les cas d’aplasie, d’hypoplasie d’une ou de deux cornes utérines signes potentiels de free- martinisme ou maladies des génisses blanches. Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 49 La palpation transrectale permet néanmoins d’identifier les lésions des oviductes et des bourses ovariques telles que les salpingites qui encapsulent l’ovaire dans la bourse ovarique Certains cas d’épaississement de l’oviducte, de kystes ou d’hydrosalpinx sont également identifiables. Les examens complémentaires - Les tests de perméabilité tubaire - L’examen échographique : ovulation retardée ou lutéinisation de follicule anovulatoire - Le dosage de LH : insuffisance du pic préovulatoire. - Le dosage de la progestérone : pour confirmer directement l’état œstral de l’animal - L’évaluation de certains paramètres biochimiques : identifier des erreurs alimentaires, une glycémie inferieure à 0.4-0.5 g/litre est généralement le reflet d’un déficit énergétique, De même un taux élevé d’urée dans le sang (>0.4g/litre) confirmera un excès d’apport protéique. - Biopsie utérine : lésion de l’endomètre. Matériel de biopsie Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 50 Réalisation de biopsie D. Traitement Contre indication : - Tout les animaux porteurs de lésions bilatérales des oviductes Moyen de lutte au niveau du troupeau : – Intensification de la qualité de la détection des chaleurs – Respect des normes alimentaires adaptées au niveau et au statut de production des animaux – Application de plans de prévention sanitaire et antiparasitaire adaptés à la situation et au statut de l’exploitation – Ces principes généraux de base seront idéalement intégrés à un programme de gestion d’élevage Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 51 Moyens de lutte individuelle Les traitements non hormonaux : - Les endométrites : seront traitées par une injection intra-utérine d’antibiotiques (Métrijet) au début de la phase œstrale ou mieux le lendemain de la saillie ou de l’IA. - Une association de 1 million d’unités de pénicilline et d’1 g de streptomycine a été recommandée. Les traitements hormonaux - Progestagène : L’administration de progestérone par voie vaginale sous forme de PRID ou de CIDR contribue chez les vaches à augmenter le pourcentage de gestation. - HCG (Chorulon) : Lors d’un déséquilibre hormonal ou d’une anomalie de l’ovulation : injection d’HCG lors des chaleurs - Gonadolibérine : Déséquilibre hormonal + anomalie de l’ovulation injection de GnRH : deux protocoles 1er protocole - Injection 0.1 mg le 12ème jour du cycle. - On peut améliorer les résultats en administrant le 16 ème jour du cycle la PGf2α avec 2 IA systématiques 72 et 96h. - L’amélioration du taux de conception est d’environ 20 points pour la GnRH seule et 25 points pour l’association GnRH+PGF2α. 2ème protocole - Injection de GnRH au moment des chaleurs. Mortalité embryonnaire : idem traitement précédent/hormones. Traitement complémentaires : - Apport de minéraux - Flushing pour les femelles en mauvais état d’embonpoint E. Prévention Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 52 Détection des chaleurs et IA: - Détection répétée dans la journée - 1ère IA après 40j du post partum et avant le 60ème j (afin d’éviter l’APP) - Essayer de détecter les 1ères chaleurs post partum 15 à 30j après le vêlage. - IA dans la 2ème moitié des chaleurs ou juste après - Utilisation d’un planning d’élevage. Hygiène et alimentation : - Hygiène de la mise-bas (local approprié) - Traitement de la non délivrance - Contrôle de l’involution utérine 30 jours après vêlage - l’alimentation doit être adaptée aux besoins de production - Instaurer un Flushing uniquement lors de sous nutrition AFFECTIONS DES VOIES GENITALES PARTIE 1 : Troubles et affections de : Vulve - Vestibule – vagin 1. Vulvo-vaginite banale Etiologie - Traumatismes de parturition : se sont les causes les plus fréquentes, mises en évidence au moment du vêlage. - Interventions gynécologiques : une vaginoscopie mal lubrifiée, des injections vaginales avec des solutions trop chaudes ou trop concentrées peuvent être à l’origine de vulvo-vaginite. - Agents infectieux : non spécifiques (Actinomyces pyogene, E-Coli, Streptococcus, Staphylococcus, Mycoplsame) et spécifiques (Campylobactere, Trichomonas) peuvent être à l’origine de vulvo-vaginite. Etude clinique Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 53 - Forme aigue : l’animal atteint de vaginite aigue présente une attitude de douleur, il est campé, urine fréquemment en rejetant des secrétions purulentes ou mucco-purulentes. La vulve est tuméfiée, chaude, sensible. La paroi vaginale présente des lésions plus ou moins étendues : congestion, ulcérations, érosion, pétéchies. Le plancher vaginal est recouvert de pus ou de mucco-pus. La majeur partie des cas, les inflammations aigues guérissent spontanément en 8 à 10 jours ou passent à l’état de chronicité. On peut noter cependant des complications de gangrènes, de nécrose, d’abcès et de phlegmons. - Forme chronique : Ecoulements mucco-purulents intermittents aux lèvres vulvaires, la muqueuse vaginale est grisâtre, épaisse. Des complications sont très fréquentes : - Kystes ou abcès des glandes de Bartholin (faces latérales en région postérieure du vagin) - Sténose vaginale : induration des parois qui rétrécissent la lumière vaginale : lors du coït, exploration vaginale ou vêlage, le vagin ne se dilate pas mais se déchire. - Cervicite et parfois métrite Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 54 Vulvo-vaginite - Conséquences : les vulvo-vaginites aigues sont parfois à l’origine d’infertilité en empêchant le coït et peuvent également être une source de contamination. La forme chronique peut provoquer des dystocies lors de sténose vaginale. Traitement - Forme aigue : il faut calmer la douleur. On peut pratiquer une irrigation avec une solution tiède calmante : sulfate dezinc à 1%, puis mettre en place délicatement une pommade émolliente. - Forme chronique : traitement à l’aide de solutions antiseptiques (KMnO4, H2O2, Lugol) ou de pommade antiseptiques ou antibiotiques sont indiquées afin d’éviter les complications de sténose vaginale. - Traitement spéciaux : - Gangrène : retirer les tissus morts puis irriguer avec des solutions oxydantes. - Phlegmons-abcès : ponction avec une antisepsie 2. Vulvo-vestibulite granuleuse Définition : Inflammation vulvo-vestibulaire apparaissant principalement chez des jeunes animaux, caractérisée par l’existence, le plus souvent autour du clitoris, de nombreuses papules ou granulations. Synonymie : Catarrhe granuleux génital, Maladie vénérienne granuleuse ou encore vaginite granuleuse ; Epidémiologie – fréquence : l’affection apparait surtout chez - Jeunes génisses ou primipares (essentiellement après saillie naturelle, lorsque des lésions identiques sont visibles sur le pénis du taureau. - Vaches âgées quelques semaines après le part. Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 55 Conséquences-pathogénie : de nombreux agents pathogènes ont été mis en évidence : streptocoque, actinomyces pyogène, coliformes…. Il s’agirait plutôt d’une réaction inflammatoire non spécifique de la muqueuse vestibulaire suite à une agression bactérienne, virale, mécanique ou chimique. Etude clinique - Forme aigue : la muqueuse vestibulaire, en général, autour du clitoris, présente de nombreuses petites papules visibles en écartant simplement les lèvres vulvaires, de 1 mm de diamètre. Ces nodules peuvent saigner à l’occasion d’un examen ou d’un coït. La vulve est très sensible, légèrement oedématiée, ce qui entraine une douleur à la miction. Le coït est rendu difficile. - Forme chronique : les nodules augmentent en nombre durant 2 à 8 semaines puis régressent et deviennent jaune pâle, localisés seulement autour du clitoris. Leur présence peuvent persister plusieurs mois, même pendant la gestation, et peuvent réapparaitre après le vêlage. - Conséquences sur la fertilité : lors de saillie naturelle, la contamination au taureau est fréquente et on peut observer des lésions sur la totalité du troupeau. La fertilité baisse de 5 à 10% lors de la phase aigue et 2 à 3% lors de la phase chronique. Traitement : purement local et qui consiste à une administration de pommade au Nitrate d’argent, sulfamide, antibiotique ou des solutions calmantes alcalines : 2 fois/semaine pendant 1 mois. Prévention : consiste seulement à ne pas faire saillir une femelle présentant des lésions vestibulaires pour éviter la contamination du mâle et préférer l’IA en respectant les mesures d’hygiène très strictes. Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire – Alger SOUAMES S. Pathologie et Biotechnologies de la reproduction II 2018-2019 56 PARTIE 2 : Cervicites 1. Etiologies - Cervicites primitives L’inflammation du col de l’utérus est presque toujours une conséquence obstétricale lors de