Aspects Psychologiques de la Douleur - Université Internationale Abulcasis
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Université Internationale Abulcasis des Sciences de la Santé
2024
Pr Maria SABIR
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Summary
This presentation details the psychological aspects of pain, covering definitions, characteristics, components, and chronicisation factors. The slides provide an overview of acute and chronic pain, emphasizing the subjective nature of pain and its multifaceted impact. It also touches on coping mechanisms and associated factors like depression, anxiety, and potentially addictive behaviors.
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Les Aspects psychologiques de la douleur Pr Maria SABIR Objectifs du cours : Bien définir la douleur en citant des formes d’illustration. Décrire les caractéristiques et composantes générateurs de la douleur. Décrire les effets psychologiques de la douleur a...
Les Aspects psychologiques de la douleur Pr Maria SABIR Objectifs du cours : Bien définir la douleur en citant des formes d’illustration. Décrire les caractéristiques et composantes générateurs de la douleur. Décrire les effets psychologiques de la douleur aigue et chronique. Connaitre les facteurs de chronicisation de la douleur. Connaitre les principes de prise en charge de la douleur. I) Introduction : La douleur s’accompagne d’émotions et son expression est une conduite adaptative. Signal d’alarme : préjudice possible. Motif fréquent de consultation. Toute Douleur entraîne : ✔ Un retentissement physique ; ✔ et psychologique. Douleur chronique: ✔ Potentielle gravité/pronostic? ✔ Difficultés de prise en charge. II) Définition : La douleur est « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable liée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrite en termes d’une telle lésion ». Selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’International Association for Study of Pain (IASP) Exemple d’une douleur aiguë : - Colique néphrétique; - Rage de dent; - Douleur morale (mélancolie). Exemple d’une douleur chronique : - Douleur cancéreuse; - Plainte hypocondriaque. III) Caractéristiques de la douleur : Une des principales caractéristiques de la douleur : elle est subjective (aucun rapport fiable entre la lésion constatée et l’intensité ressentie). Polymorphe : - Aigue (< 3 mois) : suite à un signal d’alarme, elle s’accompagne de manifestations anxieuses (tachycardie, sueurs, inquiétude) qui accroissent la sensation douloureuse ; - Chronique (> 3 mois) : modérée, elle touche 20 à 50 % de la population. Elle s’accompagne fréquemment de symptômes dépressifs et anxieux. Toute douleur s’appuie a minima sur un ressenti physique douloureux, qui va être investi psychologiquement de façon plus ou moins importante. De façon circulaire, toute douleur chronicisée va induire des désordres. IV) Composantes de la douleur : ▪ La douleur varie selon 4 composantes : ✔ Sensorielle, valeur d alerte (nociception); ✔ Affective et émotionnelle (contexte de la douleur); ✔ Cognitive : processus centraux tels que l éducation et la culture; ✔ Comportementale : toutes manifestations physiques observables (physiques, verbales, sociales). A- Composante sensorielle : - Le thalamus permet le décodage neurophysiologique de la douleur avec évaluation de sa : ✔ Qualité; ✔ Durée; ✔ Intensité; ✔ Localisation. B- Composante affective et émotionnelle : - Le Système réticulaire et limbique permet d’évaluer la tonalité : ✔ Désagréable; ✔ Pénible; ✔ Insupportable; ✔ Prolongement vers état anxieux dépressif. C- Composante cognitive : - Ensemble des processus mentaux influençant : ✔ La perception de la douleur; ✔ Les réactions comportementales. D- Composante comportementale : - Ensemble des manifestations : ✔ Verbales ✔ Non verbales : pouvant aller de l’agitation à la sidération. - Réactions modifiées en fonction : ✔ Apprentissages antérieurs; ✔ Environnement Familial et Ethno- culturel; ✔ Standards sociaux. V) Aspects psychologiques des douleurs aigues et des douleurs chroniques : A- Aspects psychologiques de la douleur aigue : ▪ 3 contextes psychologiques : Réactions psychiques à une douleur organique (organicité); Expression somatique d’une souffrance psychique; Coexistence d’une douleur organique et d’une psychopathologie indépendante de la douleur. B- Aspects psychologiques de la douleur chronique : Si la douleur persiste : - Modification des mécanismes neurophysiologiques : ✓ Neuroplasticité centrale; ✓ Mémorisation de la sensation douloureuse. Modification psycho-comportementale : - Le passage de la douleur aiguë à la douleur chronique serait essentiellement un changement dans le mode de perception de la douleur, qui passe du registre événementiel au registre existentiel : la douleur est en quelque sorte intériorisée, intégrée à la personnalité même de l’individu, ou plus exactement à son modèle de la vie. - Cette expérience peut être associée à des réactions émotionnelles qui peuvent prendre la forme de manifestations d’anxiété, de détresse ou de dépression et donner lieu à des comportements 1) Dépression : Environ un tiers à la moitié des douloureux chroniques présenterait un tableau dépressif. La chronicisation d’un syndrome douloureux s’accompagne souvent de stress, d’insomnies, de diminution de la libido, pertes des activités et de multiples réaménagements dans plusieurs secteurs de la vie du sujet et notamment au niveau intrafamilial. Selon Freud : Tout vécu dépressif prend naissance dans un sentiment de perte. Une douleur chronique - véritable « masque » un état dépressif : Co-occurrence dépression et douleur. Chez un douloureux chronique, l’arrivée permanente d’informations négatives (douleur) entraîne à long terme un déplacement de la thymie dans le sens de la dépression. Son aptitude à percevoir et à traiter des informations négatives est limitée à un débit maximal au-delà duquel se manifestent des signes d’intolérance : il apparaît rapidement une diminution de la tolérance au stress et aux frustrations d’où l’irritabilité, plus ou moins culpabilisée, génératrice d’isolement, de réduction de la vie relationnelle. L’altération de l’image de soi, la disparition progressive des capacités d’initiative et de désir en est les principales conséquences. Ainsi se trouve progressivement réalisé un tableau de dépression complet. 2) Spécificités des sujets âgés souffrant de douleurs chroniques : Forte corrélation entre intensité de la douleur et état dépressif ; La dépression, est fortement corrélée au handicap, à la dépendance et à l’atteinte des activités de la vie quotidienne ; La présence de comorbidités médicales et d’une évaluation négative de son état de santé; La présentation de la dépression chez les sujets âgés fait plus appel à une symptomatologie neurovégétative ou somatique qu’affective; Les symptômes les plus fréquemment présentés sont la fatigue et les troubles du sommeil, bien plus que l’anhédonie ou la sensation de tristesse. 3) L’anxiété : L’épidémiologie prouve que la comorbidité anxiété-douleur chronique existe quelle que soit la douleur. L’anxiété étant susceptible d’augmenter l’intensité perçue du trouble algique, ce d’autant plus que l’affect dépressif donne lieu à une moindre capacité du patient à contenir cette anxiété et à s’y adapter. Les sujets les plus anxieux et les plus attentifs à leurs sensations corporelles rapporteraient plus de douleurs. L’anxiété entraîne dans un cercle vicieux parfois chronicisé une hypervigilance et une attention sélective aux sensations somatiques qui peuvent prendre de véritables allures hypocondriaques. 4) Conduites Addictives : L’addiction est une comorbidité fréquente parmi la population de patients douloureux chroniques. Plusieurs produits, licites et illicites, ont un impact sur la douleur et un risque de développement d’addiction (opioïdes, anti-inflammatoires, benzodiazépines…) Il est observé des addictions au sein des patients douloureux chroniques, parfois à des produits prescrits. Il est également observé une prévalence plus importante de la douleur chez les patients substitués aux opioïdes. On peut aussi avoir une addiction à la chirurgie esthétique dans les cas de dysmorphophobie. 5) Coping : L’attitude de recherche anxieuse de la cause et de lutte active pour s’en débarrasser succède l’acceptation d’un mode de vie désormais différent, adapté à la présence permanente de la douleur, qui est véritablement intégrée au schéma corporel et à la structure psychologique du malade. L’utilisation d’une perception douloureuse pour diminuer un sentiment de culpabilité, obtenir des avantages financiers, être dispensé de travailler ou d’effectuer des tâches domestiques, ou justifier un relatif échec professionnel pourrait être une manifestation normale des capacités d’adaptation de l’individu à une situation devenue «permanente». VI) Facteurs de chronicisation de la douleur (1) : ▪ Facteurs professionnels: contraintes physiques, insatisfaction, stress, mésentente entre collègues, harcèlement, manque de gratification, faible soutien de la hiérarchie, monotonie du travail, crainte de commettre des erreurs; ▪ Facteurs médico-légaux: prise en charge de l’incapacité par le système social, indemnisation au titre d’accident de travail, litige avec système d’assurance; ▪ Facteurs socio-économiques: faibles niveaux de ressources, faible niveau d’éducation, barrière linguistique; VI) Facteurs de chronicisation de la douleur (2) : ▪ Psychologiques : « catastrophizing » dramatisation: « la douleur ne s’en ira jamais », « je ne pourrai pas le supporter » anticipation anxieuse de la douleur, augmentation du sentiment d’impuissance, perte des renforcements positifs; ▪ Physiques/ fonctionnels : évitement, diminution des activités professionnelles et de loisirs, restriction des pôles d’intérêt, de l’implication affective et sociale; ▪ Notion de « coping »: aptitude à faire face à un événement de manière positive, stratégie de comportement face à la douleur. VII) Conclusion : La prise en compte et la reconnaissance de la douleur font donc nécessairement appel à la manière dont l’individu parvient à la mettre en mots et à l’écoute (plus ou moins attentive, compréhensive...). Il est important que la prise en charge thérapeutique soit multidisciplinaire. Intérêt des thérapeutiques non- médicamenteuses. Merci pour votre attention!