Cerveau et Addictions L2 Psychologie 2024-2025 PDF
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Bruno Truchet
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These lecture notes cover the topics of brain, addiction and related concepts for a L2 psychology course. They describe the chemical communication in the central nervous system and the involved brain structures. The document also explores common aspects of addictive substances and their effects.
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Cerveau et Addictions L2 PSYCHOLOGIE 2024-2025 Dr Bruno Truchet Centre de Recherche en Psychologie et Neurosciences (CRPN) Equipe MeMoPsy : "Mémoire, Neuromodulation et Psychothérapie" [email protected]...
Cerveau et Addictions L2 PSYCHOLOGIE 2024-2025 Dr Bruno Truchet Centre de Recherche en Psychologie et Neurosciences (CRPN) Equipe MeMoPsy : "Mémoire, Neuromodulation et Psychothérapie" [email protected] Tel. : 04 13 55 08 56 PLAN PLAN Introduction I. Rappels : communication chimique dans le SNC et neuroanatomie a. Synapse chimique b. Structures cérébrales concernées : localisations et fonctions II. Notions communes aux drogues d’addiction a. Définitions b. Généralités c. Le Système de Récompense d. Addiction = Dopamine ? e. Stress et Addiction III. Les grands types de drogues a. Neuroleptiques b. Stimulants c. Opiacés d. Drogues dites « récréatives » e. Antidépresseurs f. Anxiolytiques g. Alcool IV. Addiction sans drogues V. Traitement des addictions Le système nerveux central : cerveau et moelle épinière I. Rappels : communication chimique dans le SNC et neuroanatomie a. Synapse chimique Influx Nerveux (électrique) Passage de l’information ? La synapse : lieu de jonction entre deux neurones Influx nerveux Molécule de neuromédiateur Recapture du (signal chimique) neuromédiateur Fixation du neuromédiateur sur le récepteur Libération du neuromédiateur Récepteur du neuromédiateur I. Rappels : communication chimique dans le SNC et neuroanatomie b. Structures cérébrales concernées : Localisation I. Rappels : communication chimique dans le SNC et neuroanatomie b. Structures cérébrales concernées : Fonctions Aire Tegmentale Ventrale : traitement secondaire des informations « essentielles » (se nourrir, se reproduire…) Amygdale : émotions « primaires » : peur, colère… Cortex Préfrontal et orbito-frontal : raisonnement, planification, attention, émotions… Hippocampe : apprentissage et mémoire Hypothalamus : maintien du milieu intérieur, régulation hormonale, comportement alimentaire, sexuel… Noyau Accumbens : motivation, « plaisir » Thalamus : traitement précoce des informations sensorielles Attention : ceci est une description simpliste, à but pédagogique. La réalité est nettement plus complexe, chacune des structures mentionnées étant impliquée dans d’autres fonctions, y compris cognitives. II. Notions communes aux drogues d’addiction a. Définitions Drogue : substance psychoactive pouvant entraîner une dépendance Accoutumance : diminution de l’effet d’une substance suite à la répétition des prises. Ce phénomène, qui n’est pas spécifique aux drogues addictives, se traduit généralement par la nécessité d’augmenter les doses pour obtenir un effet identique. L’accoutumance à une substance n’entraîne pas automatiquement une addiction à celle-ci. Le terme Tolérance est parfois utilisé pour désigner ce même phénomène. Dépendance : définitions variables suivant le champ d’investigation. On peut la définir en biologie, au sens le plus strict, comme le besoin physiologique et/ou psychique d’une substance, sans que celle-ci soit forcément néfaste ou toxique. Ex : les diabétiques sont dépendants des injections d’insuline. Dans le cas des drogues, le terme dépendance tend à être remplacé par Addiction, la substance considérée étant alors toxique. II. Notions communes aux drogues d’addiction a. Définitions (suite) Dépendance Physique : besoin d’une substance pour maintenir les paramètres physiologiques de l’individu dans un état « normal », stable et non douloureux. Elle est fréquemment utilisée, à tort, pour définir une drogue « dure ». Dépendance Psychique : besoin d’une substance pour maintenir le psychisme de l’individu dans un état stable et non désagréable. Ces notions de dépendance physique et psychique n’aident pas toujours à l’étude et l’analyse des phénomènes d’addiction, car elles reposent parfois plus sur l’analyse des symptômes que sur les mécanismes mis en jeu. Ainsi, une même drogue peut entraîner l’une ou l’autre des dépendances, ou les deux, suivant l’individu, le contexte, les doses et la durée des prises etc… Sevrage : arrêt de la prise d’une substance. Le sevrage fait en général référence à la diminution progressive des prises pour éviter ou limiter les effets néfastes de l’absence de la substance sur l’organisme. II. Notions communes aux drogues d’addiction b. Généralités Distinction usage/abus/addiction. Usage : consommation occasionnelle Abus : consommation fréquente et à risque. Le consommateur peut s’arrêter seul ou en étant aidé. La recherche de drogues n’est pas la première priorité de l’individu. Addiction : Se caractérise par un certain nombre de critères (voir plus loin), qui se traduisent globalement par une recherche compulsive de la substance par l’individu qui prend le pas sur les autres priorités habituelles de celui-ci. Définition d’Aviel Goodman (1990) : un processus dans lequel est réalisé un comportement qui peut avoir pour fonction de procurer du plaisir et de soulager un malaise intérieur, et qui se caractérise par l’échec répété de son contrôle et sa persistance en dépit des conséquences négatives. NB : Chaque victime d’addiction est particulière → les paramètres à prendre en compte : âge, milieu de vie, motivation(s), type de drogue, quantité, fréquence, mode d’administration, polytoxicomanie, comorbidité… II. Notions communes aux drogues d’addiction. b. Généralités (suite) : critères d’addiction suivant le DSM V (source : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK565474/table/nycgsubuse.tab9/) II. Notions communes aux drogues d’addiction b. Généralités Diagnostiquer l’addiction → quelques exemples de test : Alcohol Use Disorder Test (AUDIT) Test DETA (Diminution, Entourage, Trop, Alcool) 1. Avez-vous déjà ressenti le besoin de diminuer votre consommation de boissons alcoolisées ? 2. Votre entourage vous a-t-il déjà fait des remarques au sujet de votre consommation de boissons alcoolisées ? 3. Avez-vous déjà eu l'impression que vous buviez trop ? 4. Avez-vous déjà eu besoin d'alcool le matin pour vous sentir en forme ? Le test DETA est positif en cas de deux réponses positives ou plus. II. Notions communes aux drogues d’addiction c. Le Circuit de la récompense Le « circuit de la récompense » est constitué par plusieurs structures cérébrales qui communiquent entre elles. Son fonctionnement permet d’associer une connotation « positive » ou « négative » à nos comportements, à des degrés variables, afin de nous encourager à les reproduire ou pas. Ces différentes structures communiquent via des neuromédiateurs, notamment la Dopamine, parfois appelé de manière trop réductrice le « neuromédiateur du plaisir ». De manière très simplifiée, ce circuit fonctionnerait de la façon suivante : -Le duo Aire Tegmentale Ventrale (ATV)-Noyau Accumbens détermine le degré « agréable » d’une expérience (on parle de valeur hédonique). -L’amygdale attribue la connotation émotive de l’expérience en question (peur ou colère par exemple) - Le cortex préfrontal intervient dans la prise de décision et la planification qui conduiraient à reproduire ou pas cette expérience, en fonction des informations transmises par les autres structures. -L’hypothalamus contrôle les effets physiologiques de l’expérience, notamment au niveau du SN végétatif. -L’hippocampe facilite la mise en mémoire du contexte lié à la prise de drogues, c’est-à-dire notamment le lieu, les sensations ressenties et les comportements effectués lors de l’expérience. Ainsi, les drogues addictives, en particulier les stimulants (cocaïne, amphétamines), produisent en général une élévation du taux de dopamine dans le noyau accumbens, grâce à l’activation de l’ATV. Cet effet sur le taux de dopamine peut cependant varier de façon importante suivant la drogue considérée (voir partie « addiction = dopamine ? » La sensation positive qui en résulte serait prépondérante lors des premières prises, conduisant à reproduire les comportements amenant à une nouvelle prise. Cependant, la mise en place d’une véritable addiction reposerait, d’après une théorie récente, sur un « piratage » de la mémoire (Hyman, 2005). En effet, le rôle de ce circuit est à la base de favoriser les comportements « vitaux » pour l’individu et l’espèce : recherche de nourriture, reproduction, survie (par la fuite ou le combat). Ce fonctionnement repose sur des structures pour certaines très anciennes au niveau évolutif (ATV, Noyau accumbens notamment), et dont les effets sont en partie inconscients. Il permettrait ainsi de mettre en mémoire de façon très solide le contexte qui a permis la réalisation de ces comportements, afin de les reproduire au mieux. En agissant sur ce circuit, les drogues addictives conduiraient à une mémorisation « hors besoins vitaux » du contexte de prise de drogues, et donc à un « conditionnement » de cette prise. C’est ce conditionnement qui conduirait à l’addiction proprement dite et aux rechutes, très fréquentes pour les drogues qui stimulent fortement ce circuit de la récompense. The Neuroscience of Drug Reward and Addiction, Physiological Review, Volkow et al., 2019 Alasmari et al., Prog Neurobiol. 2018 December ; 171: 32–49. doi:10.1016/j.pneurobio.2018.10.001. II. Notions communes aux drogues d’addiction d. Addiction = Dopamine ? Comment la théorie dopaminergique des addictions a été élaborée : Olds et Milner (1954) : implantation d’électrodes intracérébrales → autostimulation chez le rat Crow (1972) : zones cérébrales concernées (partie du mésencéphale, notamment aire tegmentale ventrale) contiennent beaucoup de neurones dopaminergiques Di Chiara et Imperato (1988) : grâce à la mise au point de la technique de microdialyse cérébrale chez le rat, démontrent que de nombreuses drogues addictives provoquent une libération de dopamine dans le noyau accumbens (partie du striatum ventral). Volkow et al., (1994), Laruelle et al. (1995) : développement de techniques d’imagerie cérébrale (PET-Scan et SPECT-Scan) chez l’humain permettant de mesurer l’activité du système dopaminergique : démonstration qu’une injection de stimulant (amphétamine) augmente la libération de dopamine dans le striatum. Par la suite, de nombreuses études confirment le lien entre l’action de diverses drogues et la libération de dopamine dans le striatum, chez l’humain. Théorie dopaminergique des Addictions II. Notions communes aux drogues d’addiction d. Addiction = Dopamine ? Wikipédia (septembre 2024) : « La dopamine (DA) est un neurotransmetteur, une molécule biochimique qui permet la communication au sein du système nerveux, et l'une de celles qui influent directement sur le comportement. La dopamine renforce les actions habituellement bénéfiques telles que manger un aliment sain en provoquant la sensation de plaisir ce qui active ainsi le système de récompense/renforcement. Elle est donc indispensable à la survie de l'individu. Plus généralement, elle joue un rôle dans la motivation et la prise de risque chez les mammifères, et donc chez l'être humain. (…) Toutes les substances psychoactives (cocaïne, amphétamine, alcool, opiacés) provoquent une augmentation des taux extracellulaires de dopamine dans le noyau accumbens (Di Chiara et al15 1988) » Couverture du magazine américain « Time », 5 mai 1997 II. Notions communes aux drogues d’addiction d. Addiction = Dopamine ? Résultats d’études mesurant la libération de dopamine dans le striatum chez l’humain (PET-Scan), suite à l’administration de drogues addictives II. Notions communes aux drogues d’addiction d. Addiction = Dopamine ? Les résultats obtenus ces vingt dernières années remettent partiellement en question l’hégémonie de la théorie dopaminergique des addictions du fait notamment : que certaines drogues très addictives, notamment les opiacés, n’ont que peu d’effet sur la libération de dopamine dans le striatum chez l’humain de la faible efficacité des traitements pharmacologiques ciblant le système dopaminergique Ces études en imagerie PET-Scan ou SPECT-Scan présentent cependant des limites, en particulier le fait que, pour certains marqueurs, de faible différence de « binding » correspondent en réalité à de relativement fortes augmentations de libération de dopamine. En conclusion : malgré ces limites, on peut raisonnablement considérer qu’il est peu probable que des phénomènes aussi complexes que les addictions puissent se résumer à un dysfonctionnement d’un seul système de neuromédiateur. D’autres systèmes (GABAergique, Opiacés et Endocannabinoïdes endogènes) jouent très probablement des rôles majeurs. Tous égaux devant l’addiction ? D’après ce protocole, seul 17% des rats développent tous les symptômes d’une véritable addiction, définie dans ce modèle suivant 3 critères : - Persistance à rechercher la drogue, même si elle est inaccessible - Résistance à la punition, c’est-à-dire aux conséquences néfastes de la drogue (choc électrique ici). -Très haut niveau d’effort pour obtenir le produit (« progressive ratio »). II. Notions communes aux drogues d’addiction d. STRESS et ADDICTION II. Notions communes aux drogues d’addiction d. STRESS et ADDICTION Au début du processus d’addiction, lors des premières prises de drogue, c’est la recherche de plaisir qui est prépondérante : on parle de renforcement positif. Si une addiction s’installe, du fait du phénomène d’accoutumance, la drogue produit de moins en moins d’effet. Elle devient alors nécessaire pour simplement maintenir ou se rapprocher d’un état « normal », c’est-à-dire non désagréable ou douloureux. On parle alors de renforcement négatif : la prise de drogue est recherchée non plus pour le plaisir qu’elle apporte mais pour faire diminuer le stress déclenché par son absence. II. Notions communes aux drogues d’addiction d. STRESS et ADDICTION Au niveau cérébral, on observe l’apparition d’une suractivation chronique de certains réseaux de neurones, notamment au niveau de l’amygdale : les neurones qui libèrent du CRF (corticotropin-releasing factor) en augmentant leur activité, induisent un état «négatif » permanent qui est atténué par la prise de drogue. Cette théorie qui relie état de stress et addiction, est appelée théorie allostatique (Koob et le Moal, 2008) Un état allostatique peut être défini comme un état de modification chronique du système de régulation par rapport à son niveau opérationnel normal (homéostatique). Cette théorie n’est pas forcément opposée à la théorie de « piratage » de la mémoire évoquée précédemment, mais peut être complémentaire. NB : malgré la validité de ces théories, les processus d’addiction ne sauraient se limiter à des changements de concentration de dopamine dans certaines structures cérébrales. D’autres neuromédiateurs peuvent intervenir, ainsi que des structures qui ne font pas partie du circuit de la récompense. Les phénomènes d’addiction sont complexes et échappent parfois à la logique de ces théories (ex : tabac/plaisir sexuel). Addiction et « Frustration » : enregistrement de neurones dopaminergiques de l’ATV chez le singe (Schultz et coll., Science, 1997). Avant apprentissage : Augmentation récompense inattendue d’activité des neurones DA Après apprentissage : Maintien récompense attendue d’activité des neurones DA Après apprentissage : Baisse récompense attendue, d’activité des mais non donnée. neurones DA III. Les grands types de drogues Notion de base : les drogues psychoactives ont un effet car leurs structures moléculaires ressemblent à des substances naturellement présentes dans le système nerveux, et/ou agissent sur les mécanismes d’action de ces substances dites endogènes. a. Neuroleptiques b. Stimulants c. Opiacés d. Drogues dites « récréatives » e. Antidépresseurs f. Anxiolytiques g. Alcool L’addiction dépend du type de drogue et de l’âge de l’individu lors de la première prise. Degré d’addictivité des drogues Influence de l’âge de première prise de drogue