Partie 2 : Enjeux et défis actuels pour la politique monétaire PDF

Summary

This document discusses the concept of monetary policy, exploring the evolution from bartering to the modern forms of currency. It outlines the key functions of money, including its use as a medium of exchange, a unit of account, and a store of value. The document also touches on inflation, its importance, and how measures of money supply are calculated.

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Partie 2 : Enjeux et défis actuels pour la politique monétaire A- La monnaie et ses nouvelles formes - Des contraintes du troc à l’apparition de la monnaie  L’apparition de la monnaie trouve ses racines dans les limites du troc. Difficulté à trouver une correspondance : Chaque participant deva...

Partie 2 : Enjeux et défis actuels pour la politique monétaire A- La monnaie et ses nouvelles formes - Des contraintes du troc à l’apparition de la monnaie  L’apparition de la monnaie trouve ses racines dans les limites du troc. Difficulté à trouver une correspondance : Chaque participant devait posséder un bien ou un service que l'autre voulait et inversement. Rendre les échanges complexes et limite leur fréquence. Difficulté à évaluer la valeur des biens : Combien de pommes valent une vache, ou combien de pain pour une paire de chaussures ? Absence d'unité de mesure → transactions imprécises et inefficaces. Indivisibilité des biens : Certains biens sont difficiles à diviser en portions sans en perdre la valeur ou l’utilité. Il est compliqué de "diviser" une vache pour l'échanger contre des pommes. - Qu’est-ce que la monnaie ? La monnaie est un moyen de paiement accepté par tous, utilisé pour acheter des biens et services ou régler des dettes au sein d’un espace monétaire donné. La monnaie a un pouvoir libératoire immédiat et général. Pour être considéré comme de la monnaie, un actif doit remplir trois fonctions : Unité de compte. ( ts les biens sont exprimés en données, chaque donnée a son unité) Intermédiaire des échanges. Réserve de valeur.( elle ne pert pas la valeur) - Intermédiaire des échanges Un actif doit servir de moyen de paiement. Cette fonction permet de simplifier les transactions par rapport à une économie de troc qui nécessite une double coïncidence des besoins entre cocontractants. Le fait que l’euro a cours légal dans la zone euro lui garantit de remplir cette fonction. - Unité de compte Un actif doit servir d’étalon de mesure. Cette fonction permet de comparer simplement la valeur des différents biens et services dans une économie contrairement aux prix relatifs d’une économie de troc. Pour une économie à 𝑛 biens : 𝑛(𝑛−1)/ 2 prix relatifs vs. 𝑛 prix monétaires. Prix relatif : prix d’un bien exprimé prix d’un autre bien - Réserve de valeur Un actif doit permettre de transférer du pouvoir d’achat dans le temps. Cette fonction permet d’épargner et assure la pérennité de la monnaie dans le temps. L’hyperinflation peut remettre en cause cette fonction qui n’est donc jamais définitivement acquise. Certains actifs financiers remplissent cette fonction mieux que l’euro lui-même, c’est pourquoi ces actifs vont être inclus dans la définition de la monnaie au sens large, à condition d’être suffisamment liquides et peu risqués. Pourquoi une inflation contrôlée est-elle cruciale pour préserver les trois fonctions de la monnaie ? (1) Donnez des exemples de pays où la monnaie a perdu ses trois fonctions et expliquez en quoi cela s’est manifesté. (2) Quels impacts cela peut-il avoir sur les décisions des acteurs économiques ? (3) (3) La perte des trois fonctions de la monnaie (unité de compte, intermédiaire des échanges, réserve de valeur) aurait des impacts majeurs sur les décisions économiques : 1. Unité de compte - Ménages : Difficulté à comparer les prix, choix d'achat irrationnels. - Entreprises : Complexité dans l'évaluation des coûts et des prix, planification financière perturbée. - Gouvernements : Évaluation économique compliquée, difficultés dans la prise de décisions politiques. 2. Intermédiaire des échanges - Ménages : Transactions plus difficiles, augmentation de l'incertitude et de la consommation. - Entreprises : Coûts transactionnels plus élevés, retards de paiement affectant la trésorerie. - Gouvernements : Collecte des impôts et distribution d'aides compliquées. 3. Réserve de valeur - Ménages : Érosion de l'épargne, incitation à consommer plutôt qu'à épargner. La monnaie va perdre sa valeur donc ils ne pourront pas pouvoiur épargner. - Entreprises : Réticence à investir à long terme, ralentissement de la croissance économique. - Gouvernements : Difficulté à épargner pour des investissements futurs, gestion des cycles économiques compromise. -Comment mesure-t-on la quantité de monnaie ? La mesure de la monnaie dépend de la définition que l’on retient. Par convention, les banques centrales définissent la monnaie par les agrégats monétaires. En Europe, la BCE calcule et publie 3 agrégats : M1, M2 et M3. Les agrégats sont classés par liquidité décroissante. M1 : Les formes les plus liquides de la monnaie, c-à-d celles qui peuvent être utilisées immédiatement pour des transactions. La Monnaie Fiduciaire (pièces et billets) + dépôts à vue (DAV). M2 = M1 + d'autres types de dépôts qui sont moins liquides, mais peuvent être convertis rapidement en monnaie de transaction. Comptes sur livret + dépôts à terme dont le terme < 2 ans. M3 = M2 + des instruments financiers encore moins liquides mais facilement convertibles. Les pensions livrées + titres d’OPCVM monétaires + TCN émis par les établissements de crédit d’une durée < 2 ans. 3 motifs de monnaie : transaction : régler biens et services Précaution : Spéculation : lié au taux d’interet , pour investir quand le i est bas -Qui crée la monnaie ? Une banque crée de la monnaie lorsqu’elle accorde un prêt : les crédits font les dépôts. L’offre de monnaie dépend de la quantité de crédits accordés par les banques, laquelle est elle-même déterminée par la demande de crédit. Ainsi, la quantité de monnaie en circulation est déterminée par la demande de crédit dans l’économie. La banque centrale va influencer la création monétaire en incitant ou non les agents à demander des crédits, mais elle crée aussi de la monnaie directement avec les émissions de monnaie fiduciaire (les billets et les pièces). -Les Nouvelles formes de monnaie : Les crypto-monnaies sont des monnaies numériques virtuelles qui reposent sur la technologie de la blockchain à travers un registre décentralisé et un protocole informatique crypté. La blockchain est un registre de transactions numériques c’est-à-dire une base de données qui regroupe l’ensemble des transactions depuis la première transaction sous forme de code informatique. Les tokens correspondent à des unités de crypto-monnaie. Les transferts de crypto-monnaie entre utilisateurs nécessitent une validation de la part du système pour éviter les fraudes. La validation d’une transaction en crypto-monnaie entre deux personnes se fait de manière décentralisée par des « mineurs ». Un mineur est une personne qui met la puissance de calcul de ses ordinateurs à disposition du réseau informatique utilisé par la crypto-monnaie pour certifier l’authenticité des tokens échangés. Les mineurs sont rémunérés pour chaque bloc certifié grâce à l’émission de nouveaux tokens ou par des frais de transaction. Les crypto-monnaies ont plusieurs avantages : - L'autonomie : il n’y a pas d’autorité de contrôle central, les crypto-monnaies ont d’ailleurs été pensées pour s’affranchir des banques centrales et du contrôle des États. - La sécurité : les clés cryptographiques qui gèrent le fonctionnement des crypto- monnaies sont supposées inviolables. - La transparence : les opérations enregistrées dans la blockchain sont visibles par tous. - Les coûts de transaction : ils sont faibles car il n’y a qu’un intermédiaire, seuls les mineurs de la transaction sont rémunérés. -et les trois fonctions de la monnaie ? La grande majorité des crypto-monnaies n’est pas largement acceptée comme moyen de paiement. Environ 90% des crypto-monnaies ou des projets de crypto- monnaie ont disparu moins de deux ans après leur lancement (principalement par manque de transactions). Les crypto-monnaies qui ont connu un succès important, comme le Bitcoin ou l’Ethereum, sont plus largement acceptées (le Bitcoin a même cours légal au Salvador). Mais une très grande majorité des détenteurs de ces crypto- monnaies ne les utilisent pas pour le règlement des transactions. Les crypto-monnaies ne sont pas couramment utilisées pour mesurer et comparer les prix, seuls quelques sites de vente en ligne ont libellé leurs prix en crypto-monnaies. Les crypto-monnaies n’ont pas de valeur intrinsèque, leur valeur est donc très volatile, ce qui les rend inadaptées comme réserves de valeur (et comme moyens de paiement). Pour ces raisons, les crypto-monnaies ne peuvent pas être considérées comme des monnaies à l’heure actuelle, et on parle désormais de cryptoactifs. -Les limites et risques des cryptoactifs L’absence de contrôle a fait des cryptoactifs un moyen de contourner les restrictions financières (réglementation et contrôles de capitaux), de blanchir de l’argent et de financer le terrorisme et d’autres activités criminelles. La sécurité qui entoure le fonctionnement de la blockchain ne s’applique pas aux cryptoactifs stockés dans un portefeuille numérique, il est donc possible de se faire pirater. Les mécanismes de validation des transactions sont inadéquats pour une utilisation à grande échelle, ce qui engendre des lenteurs et des coûts de transaction plus élevés que prévu. Les transactions off-chain et l’utilisation de Layer 2 permettent de résoudre en partie l’encombrement d’une blockchain. Les cryptoactifs représentent un risque environnemental élevé car la certification des transactions est très énergivore. -Les stable coins Pour pallier la volatilité des premières générations de cryptoactifs et faciliter les transactions, une nouvelle génération est apparue : les stable coins. Sa valeur est rattachée ou liée à celle d’une autre devise ou d’une matière première. Les principaux stable coins sont gérés par des entreprises privées qui garantissent leur équivalence avec l’actif auquel ils sont adossés Exemple : pour le Tether, c’est l’entreprise Tether Limited qui garantit la parité avec le dollar, l’euro, l’yuan ou l’or. Le PAX Gold est émis par Paxos, et elle est adossé à une once d'or physique stockée dans des coffres-forts (offre aux utilisateurs un moyen de détenir de l'or sous forme numérique). L’entreprise qui a la gestion d’un stablecoin doit donc disposer des réserves suffisantes en monnaie fiat pour couvrir les tokens émis lors des conversions. Or ce n’est pas systématiquement le cas. Pour cette raison, les stablecoins ne parviennent qu’approximativement à stabiliser leur valeur vis-à-vis de l’actif sur lequel ils sont référencés et les rachats de tokens sont généralement limités en taille et soumis à des frais et/ou à des délais de traitement En cas de perte de confiance ou de panique, on assite a un phénomène comparable à un « bank run ». Les détenteurs demandent massivement le rachat de leurs stablecoins afin de récupérer l'équivalent en monnaie fiat, ce qui peut empêcher l'entreprise émettrice de maintenir la parité de son stablecoin. -Effondrement de TerreUSD Le plus gros effondrement de stablecoin (mai 2022). Cet événement a entraîné des pertes estimées à plusieurs dizaines de milliards de dollars pour les investisseurs et les institutions, ainsi qu’une crise de confiance généralisée dans les stablecoins algorithmiques. TerraUSD (UST) maintenait sa parité avec le dollar par un mécanisme algorithmique, lié au jeton Luna (crypto-monnaie): lorsque UST perdait sa parité avec le USD 1:1, des arbitrages avec Luna étaient censés rétablir l'équilibre. En mai 2022, une perte de confiance dans UST a déclenché des ventes massifs, entraînant une pression énorme sur le système. Le mécanisme algorithmique n’a pas réussi à compenser les ventes, entraînant une spirale de la morte -Les nouvelles formes de monnaie : Bien que l’investissement dans les cryptoactifs puisse offrir un potentiel de rendement élevé, les risques sous-jacents ne doivent pas être négligés. La faillite de FTX en novembre 2022 (deuxième plateforme d’échanges cryptographiques) en raison de problèmes de liquidité liés à une mauvaise gestion et les actuelles accusations de tromperies et de conflits d'intérêts à l’encontre de Binance (première plateforme) et de son PDG plaident pour une régulation accrue des intervenants sur le marché des cryptoactifs. Les récentes faillites de Silvergate Bank, Silicon Valley Bank et Signature Bank ont mis en évidence les risques associés à la collecte de dépôts dans le secteur des cryptoactifs. Une monnaie numérique de banque centrale (CBDC) est une nouvelle forme de monnaie émise par une banque centrale, sous un format dématérialisé, qui vient compléter les formes de monnaie déjà existantes. Depuis plusieurs années, les banques centrales explorent la possibilité de créer des monnaies numériques en raison : - du nombre croissant de paiements dématérialisés et de l’essor des cryptoactifs. - de la « tokenisation » de la finance qui consiste à émettre des titres financiers sous forme de jetons numériques grâce à l’usage de la blockchain, permettant ainsi l’utilisation de « smart contracts » Deux versions de monnaie numérique de banque centrale sont envisagées : Une monnaie numérique interbancaire : elle serait utilisée exclusivement par les banques centrales et les banques commerciales pour le règlement entre elles de transactions sur des actifs « tokenisés ». L’euro numérique circulerait directement sur la blockchain pour le règlement de ces transactions à l’aide de « smart contracts » Une monnaie numérique de détail : le grand public pourrait envoyer ou recevoir des paiements en monnaie numérique sans avoir recours à un service bancaire -L’euro numérique : L’euro numérique (de détail) serait une forme numérique d’espèces, un moyen de paiement qui serait émis par la Banque Centrale Européenne. Comme les billets et les pièces, un euro numérique serait un bien public, ce qui signifie que tout le monde dans la zone euro serait en mesure de payer gratuitement en euros numériques. Un euro numérique garanti par la Banque Centrale Européenne aurait toujours exactement la même valeur qu’une pièce d’un euro. -Comment un euro numérique fonctionne-t-il ? La première étape consisterait à créer un portefeuille en euros numériques via votre banque ou une autorité publique désignée, comme un bureau de poste, puis à l’alimenter depuis un compte bancaire ou par dépôt d'espèces. Les euros numériques disponibles dans le portefeuille permettraient alors d’effectuer des paiements en euros sécurisés et instantanés dans les magasins, sur Internet ou entre particuliers. Il y aurait toutefois une limite (qui reste à définir) au montant en euros numériques qu’un particulier ou une entreprise pourrait détenir dans son portefeuille numérique. -Pourquoi créer un euro numérique ? Les modes de paiement ont évolué, les consommateurs effectuent de plus en plus des paiements électroniques plutôt qu'en espèces. En 2016, 79% des payements en espèces. En 2022, 59%. Les paiements en euros numériques seraient gratuits pour tous dans la zone euro, ce qui réduirait le coût des moyens de paiement. En donnant accès aux personnes non bancarisées (moins de 5% de la population en zone euro) à des services financiers, l’euro numérique devrait accroître l’inclusion financière. * L’euro numérique est un moyen de soutenir la numérisation de l’économie car il constituerait une base pour des innovations venant des fournisseurs de services de paiement. L’euro numérique soutiendrait l’autonomie et la souveraineté monétaire de l’Europe face aux fournisseurs de services de paiement non européens. Il concurrencerait de fait les solutions de paiement hors du système bancaire, et peut-être dans une moindre mesure, les cryptoactifs. L’euro numérique permet une traçabilité des transactions pour accroître l’efficacité de la lutte contre la fraude fiscale, le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. -Un projet dangereux ? L’euro numérique pourrait être déployé à partir de 2027 ou 2028. Toutefois des doutes persistent : Une réduction des dépôts bancaires : de -2% à -50% (Azzone et Barucci, 2023). Une réduction des revenus générés par les banques sur les moyens de paiement (source d’instabilité financière). De plus, en offrant une possibilité de contourner les banques commerciales, l’euro numérique pourrait également réduire l’efficacité de la politique monétaire et de sa transmission (débattable). Enfin, la traçabilité des transactions suscite des inquiétudes concernant la confidentialité des transactions et la protection de la vie privée. 84% des Français considèrent que leur vie privée serait davantage contrôlée si les espèces disparaissaient (sondage IFOP pour la Monnaie de Paris, 2022). Exercie Pour déterminer les agrégats monétaires M1, M2 et M3 de la France en 2020, nous devons classer les différents types d'actifs monétaires en fonction de leur liquidité, comme défini par les agrégats monétaires. Définition des agrégats monétaires 1. M1 : C'est l'agrégat monétaire le plus liquide, composé : - des billets en circulation, - des dépôts à vue. 2. M2 : Comprend M1 plus les placements d'épargne à court terme, soit : - M1, - les comptes sur livret, - les dépôts à terme inférieurs à 2 ans. 3. M3 : Inclut M2 plus certains instruments financiers à court terme, soit : - M2, - les pensions livrées, - les titres OPC monétaires, - les titres de créances négociables de maturité inférieure à 2 ans. Calculs des agrégats monétaires M1 - Billets : 297 milliards € - Dépôts à vue : 1366 milliards € M1 = 297 + 1366 = 1663 milliards € M2 - M1 : 1663 milliards € - Comptes sur livret : 747 milliards € - Dépôts à terme < 2 ans : 121 milliards € M2 = 1663 + 747 + 121 = 2531 milliards € M3 - M2 : 2531 milliards € - Pensions livrées : 42 milliards € - Titres OPC monétaires : 257 milliards € - Titres de créances négociables < 2 ans : 54 milliards € M3 = 2531 + 42 + 257 + 54 = 2884 milliards € Résumé des agrégats monétaires - M1 : 1663 milliards € - M2 : 2531 milliards € - M3 : 2884 milliards € Ces valeurs représentent les agrégats monétaires de la France en 2020 selon les informations fournies. B- Les objectifs de la politique monétaire : -Qu’est-ce que l’inflation ? L’inflation correspond à une hausse généralisée et durable des prix des biens et services dans l’économie. En France, l’inflation est calculée chaque mois à partir de l’indice des prix à la consommation (IPC), par l’INSEE. Pour la zone euro, c’est l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) qui est calculé afin d’obtenir un indicateur comparable pour l’ensemble des pays de la zone. -Comment mesure-t-on la variation des prix ? Le calcul de l’IPC se fait en 3 étapes: Étape 1 : identifier les biens et services qui sont achetés régulièrement par les ménages de manière à établir un panier de consommation représentatif. Le panier est actualisé chaque année. Le panier inclut des articles du quotidien (nourriture, essence…) des biens durables (ordinateurs, machines à laver…) ainsi que des services (coiffure, assurance, loyer…). En France, le panier de consommation représentatif comprend 110.000 biens et services répartis en 1600 familles de produits. Étape 2 : relever les prix des biens et services du panier représentatif. Chaque mois, l’INSEE relève 160.000 prix dans environ 30.000 points de ventes physiques et 190.000 prix sont relevés automatiquement sur internet et par transfert de données de caisses. Les relevés se font dans différentes zones géographiques (99 agglomérations choisies aléatoirement mais de façon représentative) et chez différents types de vendeurs (marché, vente en ligne, grande distribution...). Étape 3 : attribuer un poids à chaque famille de produits en fonction de son importance dans le budget des ménages. La pondération attribuée à chaque bien ou service détermine l'impact de la variation de son prix sur l'indice global. Chaque relevé de prix est incorporé dans l’IPC en fonction de son poids dans la consommation des ménages. Ce poids est actualisé tous les ans. Certaines catégories de biens et services peuvent être exclues du calcul de l’inflation totale pour obtenir ce que l’on appelle l’inflation sous-jacente. Généralement, les produits exclus sont les biens et services dont les prix sont administrés par l’État (tabac, tarifs publics) et les produits qui subissent des variations brutales de prix en raison de chocs externes (énergie, alimentation). -Limites concernant le calcul de l’inflation : Le taux d’inflation ne représente que l’inflation subie par le consommateur « moyen » et ne correspond donc à la réalité d’aucun ménage. Exemple : les dépenses liées au logement sont en fait une moyenne pondérée des dépenses effectuées par les ménages locataires et les ménages propriétaires. Le calcul se fait sur une base nationale alors qu’il existe des disparités dans l’évolution des prix selon les territoires. L’évolution de la consommation et les changements dans la qualité des biens sont pris en compte, mais de façon imparfaite. Ex5 : cout de panier : 700*30% + 250*25%+….200*5% = 352.5 année de référence On fait la même chose pour les autres années IPC 2020 : (352.5/352.5)*100 = 100 IPC 2021 : (365/352.5)*100 = 103.25 IPC 2022 : (382.5/352.5°*100 = 108.20 La deff entre les IPC : le taux inflation 2020 – 2021 : (103.25-100)/100 = 3.25%  ( n – nt-1 ) / nt-1 2021-2022 : 4.79% -Pourquoi la stabilité des prix est importante ? L’inflation se traduit par une perte du pouvoir d’achat de la monnaie. L’inflation remet donc en cause la fonction de réserve de valeur de la monnaie. Pouvoir d'achat : quantité de biens et de services qu'il est possible de se procurer avec son revenu disponible. Δ 𝑃𝑜𝑢𝑣𝑜𝑖𝑟 𝑑′𝐴𝑐ℎ𝑎𝑡 ≈ Δ 𝑅𝐷𝐵 − Δ 𝐼𝑃𝐶 Illusion monétaire : désigne une baisse du pouvoir d’achat que les agents ne voient pas ou seulement ex post lorsque la hausse du niveau général des prix a été plus rapide que celle de leur revenu. Exemple: Qui de Adam, Ben ou Carl a fait la meilleure transaction financière après avoir reçu une maison d’une valeur de 200 000 euros il y a un an, si : Adam la revend 154 000 euros (-23%) sachant qu’il y a eu 25% de déflation durant l’année écoulée. Ben la revend 198 000 euros (-1%) sachant que les prix sont restés stables durant l’année écoulée. Carl la revend 246 000 euros (+23%) sachant qu’il y a eu 25% d’inflation durant l’année écoulée. Calcul du taux d’intérêt réel d’une opération : 𝑟=𝑖–𝜋/1+𝜋 avec 𝑟 le taux d’intérêt réel, 𝑖 le taux d’intérêt nominal et 𝜋 le taux d’inflation. Dans l’exemple précédent : Taux réel Adam ≈ 2,67% Taux réel Ben = -1% Taux réel Carl = -1,6% En termes réels, c’est donc Adam qui a réalisé la meilleure opération. Exercice 6 : Calcul du taux d’intérêt réel Dans chaque cas, calculez le taux d’intérêt réel : Un livret A avec une rémunération de 3% lorsque le taux d’inflation est de 5%. Une obligation souveraine avec un taux nominal de 3% lorsque le taux d’inflation est de 2%. Un emprunt bancaire avec un taux d’intérêt à 1% lorsque le taux d’inflation est de -2%. Une augmentation de salaire de 6% lorsque le taux d’inflation est de 10%. Résolvez et expliquez les solutions (3) L’objectif d’inflation Depuis juillet 2021, la Banque Centrale Européenne a redéfini son objectif d’inflation et vise désormais un taux d’inflation moyen autour de 2% par an à moyen terme (l’objectif était auparavant de maintenir une inflation proche mais inférieure à 2%). Aucune banque centrale ne vise un taux d’inflation de 0% de façon à garder une marge de sécurité contre le risque de déflation. Les banques centrales cherchent également à contrôler l’inflation à moyen terme (1-2 ans) et non pas à court terme en raison des délais de transmission de la politique monétaire D’où vient l’inflation ? Théoriquement, il existe trois sources d’inflation : Inflation induite par une création monétaire excessive : à long terme, la croissance de la masse monétaire doit être égale à la croissance des richesses, un excès de masse monétaire engendre de l’inflation. Inflation par la demande : en cas d’augmentation de la demande, les entreprises procèdent à un ajustement par les prix s’il n’est pas possible de produire en plus grande quantité. Inflation par les coûts : si les coûts de production augmentent, les entreprises répercutent cette augmentation sur leurs prix de vente pour préserver leur marge Effets d’hystérèse de l’inflation : Les entreprises de certains secteurs ont augmenté leurs marges au delà de ce qui est justifié par la hausse des coûts des intrants. Le contexte d’inflation élevée offre l’opportunité aux entreprises d’augmenter facilement leurs marges bénéficiaires car il est difficile pour les consommateurs de déterminer si des prix plus élevés sont causés par des coûts plus élevés ou par des marges plus élevées. En parallèle, les salaires nominaux ont aussi augmenté progressivement, sous l’effet des revalorisations du salaire minimum (indexé sur l’inflation en France) et des négociations salariales. Ces hausses de salaires ont entraîné un effet de « second tour », c’est-à-dire que les entreprises ont en partie répercuté l’augmentation des salaires (et donc d’une partie de leurs coûts de production) sur leurs prix de vente. À l’heure actuelle, il n’y a pas à proprement parlé un emballement dans la dynamique entre prix et salaires, mais les banques centrales surveillent étroitement le risque d’apparition d’une spirale inflationniste L’objectif de croissance économique Certaines banques centrales peuvent également avoir comme objectif de soutenir la croissance économique, mesurée à travers l’accroissement du PIB. Cet objectif, comme l’objectif d’inflation, est avant tout conjoncturel, ce qui signifie que la banque centrale cherche à réduire les fluctuations du PIB autour de sa trajectoire de long terme. En d’autres termes, une banque centrale qui a pour objectif de stabiliser l’activité économique tentera de limiter l’ampleur des récessions durant les crises (ou de ralentir la croissance en cas de surchauffe de l’économie) Conflit d’objectifs Toutefois, la croissance économique est généralement associée à une hausse des revenus et de l'emploi, ce qui stimule la consommation et donc la demande, et génère de l'inflation. Stabilité des prix et croissance économique peuvent donc être antinomiques : lutter contre l'inflation tend à réduire la croissance économique et soutenir la croissance tend à créer de l'inflation. Un conflit d’objectifs peut donc apparaître entre la stabilité des prix et la stabilité de l’activité économique, obligeant ainsi les banques centrales à faire un arbitrage entre les deux Beaucoup de banques centrales se voient généralement assigner la stabilité des prix comme objectif prioritaire. Cet objectif, s’il n’est pas l’unique objectif, prime sur les autres objectifs macroéconomiques. On dit que ces banques centrales ont un mandat hiérarchique. C’est le cas de la Banque Centrale Européenne. L’article 105, paragraphe 1, du traité instituant la Communauté européenne stipule que : « l’objectif principal du SEBC est de maintenir la stabilité des prix. Sans préjudice de l’objectif de stabilité des prix, le SEBC apporte son soutien aux politiques économiques générales dans la Communauté, en vue de contribuer à la réalisation des objectifs de la Communauté » C- La mise en œuvre de la politique monétaire Les instruments de la politique monétaire Pour atteindre leurs objectifs, les banques centrales utilisent généralement trois types d’instruments dans les pays développés Deux instruments portant sur les opérations de refinancement : Les opérations d’open market Les facilités permanentes Et le taux des réserves obligatoires (très peu utilisé en zone euro) En plus de ces instruments conventionnels, les banques centrales ont dû étendre leurs moyens d’action après la crise de 2007-2008 : recours à des politiques non-conventionnelles Les opérations d’open market permettent aux banques centrales : De fixer les taux d’intérêt sur le marché interbancaire De contrôler la liquidité du système bancaire De signaler l’orientation de la politique monétaire Parmi les opérations d’open market, on distingue : Les opérations principales de refinancement (Main Refinancing Operations) Les opérations de réglage fin (fine tuning) Les opérations d’open market Les MRO sont les opérations d’open market les plus importantes, et constituent donc à ce titre le principal moyen de refinancement des banques commerciales de la zone euro Elles sont destinées à fournir des liquidités de manière régulière (chaque mercredi) et la liquidité fournie doit être remboursée à une échéance d’une semaine Il s’agit de prêts garantis par la prise en pension d’actifs (pensions livrées), les liquidités octroyées par cette voie prennent la forme de cession temporaire (repurchase agreement) Le taux des opérations principales de refinancement est fixé par la banque centrale. Il est appelé : taux REFI pour la BCE Federal funds rate pour la FED Ce taux constitue le principal taux directeur des banques centrales Il permet à la banque centrale de réguler la quantité de liquidités sur le marché interbancaire Il sert également de référence pour l’établissement des autres taux d’intérêt sur le marché interbancaire Le marché interbancaire Le marché interbancaire est un marché réservé aux banques Elles s’échangent entre elles des actifs financiers de court terme, entre un jour et un an. C’est un marché de gré à gré, cela signifie que les banques traitent et négocient librement entre elles L’offre émane des banques qui ont des liquidités disponibles qu’elles prêtent aux banques qui ont des besoins de financement Une banque peut en même temps être prêteuse et emprunteuse sur le marché interbancaire L’€STR (Euro Short Term Rate) est le taux de référence sur le marché interbancaire depuis le 2 octobre 2019 (en remplacement de l’EONIA - Euro OverNight Index Average) Ce taux est calculé en faisant la moyenne des taux d’intérêt pratiqués dans la journée sur des prêts en blanc à 24h par une cinquantaine d’établissements bancaires Pour les prêts plus longs, on calcule l’EURIBOR (Euro Interbank Offered Rate) à différentes échéances (Euribor 1 mois, Euribor 2 mois… jusqu’à Euribor 12 mois) Sur les marchés non européens, c’est le LIBOR (London Interbank Offered Rate) qui sert de référence Les facilités permanentes Il existe deux facilités permanentes dans la zone euro : Les facilités de dépôt Les facilités de prêt marginal Les facilités de dépôt : elles permettent aux banques commerciales de placer pour 24h leurs liquidités excédentaires auprès de la banque centrale, à un taux prédéterminé par la banque centrale Les facilités de dépôt correspondent à un placement sans risque pour les banques commerciales Les facilités de prêt marginal : elles permettent aux banques commerciales de se refinancer sans limitation de montant pour 24h, en dehors des jours où se déroulent les opérations d’open market, à un taux décidé par la banque centrale C’est grâce aux facilités de prêt marginal que la BCE joue le rôle de prêteuse en dernier ressort dans la zone euro Les taux directeurs On appelle taux directeurs de la BCE : Le taux de soumission minimal des opérations de refinancement (taux REFI) : 4,25% Le taux des facilités de dépôt : 3,75% Le taux des facilités de prêt marginal : 4,50% Les canaux de transmission Quels sont les liens entre la variation des taux directeurs et les variations du taux d’inflation ? taux directeur → ---------- ? ---------- → inflation Les canaux de transmission sont les mécanismes qui permettent d’expliquer comment la manipulation des instruments affecte l’objectif final de la politique monétaire Les banques centrales ont un impact très réduit sur les contraintes d’offre qui pèsent actuellement sur l’économie. Par conséquent, l’action des banques centrales va plutôt se focaliser sur la demande globale taux directeur → ---- ? ---- → demande globale → inflation En relevant ses taux directeurs, la banque centrale a pour but de réduire la demande globale. On parle alors d’un resserrement de la politique monétaire À l’inverse un abaissement des taux directeurs correspond à une politique monétaire accommodante ou expansionniste Le canal du taux d’intérêt Le canal du taux d’intérêt est le canal de transmission traditionnel de la politique monétaire, il est également appelé « canal du coût du capital » Dans le cas d’une politique monétaire restrictive : ↑ REFI → ↑€STR → ↑iLT →↓ crédits → ↓ I et ↓ C → ↓ D → ↓ π Avec iLT : le taux d’intérêt de long terme, I : l’investissement, C : la consommation, D : la demande globale et π : l’inflation Le canal du taux de change Les variations des taux directeurs ont également une incidence sur les mouvements de capitaux internationaux Les flux de capitaux sont les principaux déterminants des taux de change (dans un régime de change flottant), et affectent le prix des importations et des exportations et donc la compétitivité des entreprises domestiques Théoriquement, dans le cas d’une politique monétaire restrictive en Europe (et à politique monétaire américaine inchangée) : ↑ REFI → ↑ (i€- i$)→ ↑ valeur €/$ → ↓ X€ → ↓ D → ↓ π Concernant les importations, lorsque l’euro baisse par rapport au dollar le coût des produits importés augmente, en particulier pour les biens non substituables comme le pétrole Dans le cas où il existe des substituts locaux aux importations, la baisse de l’euro accroît la demande de ces biens auprès des producteurs locaux C’est pourquoi, même si la BCE n’a pas d’objectif de taux de change explicite, on peut penser que les hausses successives de taux ont également été motivées par la nécessité de maintenir un différentiel de taux raisonnable avec la Fed Le canal des effets de richesse Selon Modigliani et sa théorie du cycle de vie, la consommation des ménages dépend des ressources dont ils disposent tout au long de leur vie. Le patrimoine financier et immobilier constitue une de ces ressources Une politique monétaire restrictive qui a pour effet de réduire la valeur du patrimoine financier et immobilier aboutit au mécanisme suivant : ↑REFI → ↓ prix titres et biens immobiliers → ↓C → ↓D →↓π

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