ACRI - La "guerre au terrorisme" (2024-2025) - PDF
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Sorbonne Université - Faculté des Sciences (Paris VI)
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This document analyzes the "War on Terror" from 2001-2021, covering the origins, trajectory, and consequences of this global conflict. It touches on key events like 9/11, the rise of ISIS, and international interventions in Afghanistan and Iraq. It's an undergraduate-level research paper.
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SOMMAIRE ======== II. Le *State building* et la contre-insurrection en Afghanistan et en Irak, les autres fronts jihadistes et la poursuite du contre-terrorisme global (2003-2011) III. Des « printemps arabes » aux guerres civiles internationalisées au Proche-Orient et en Afrique saharo...
SOMMAIRE ======== II. Le *State building* et la contre-insurrection en Afghanistan et en Irak, les autres fronts jihadistes et la poursuite du contre-terrorisme global (2003-2011) III. Des « printemps arabes » aux guerres civiles internationalisées au Proche-Orient et en Afrique saharo- sahélienne (2011-2013) IV. Apogée puis effondrement du « Califat » irako-syrien, regain du terrorisme en Europe, extension du jihadisme en Afrique et retour des Talibans en Afghanistan (2013-2021) INTRODUCTION ============ 1) Origine et trajectoire de la « guerre au terrorisme » -------------------------------------------------------- 1. Le *choc* physique, et symbolique, consista en une série d'actes aériens violents, commis sur la côte Est des Etats-Unis d'Amérique, dont les images furent et seront retransmises en boucle par les médias audiovisuels. A savoir : des avions transformés en missiles, par des ravisseurs armés de couteaux, qui les lancent sur des immeubles au sol, en faisant délibérément le sacrifice de leurs vies, outre celles des passagers et des équipages, soit la combinaison du détournement aérien ciblé et de l'attentat-suicide aveugle. Ce 11 septembre 2001, étaient perpétrés les attentats les plus meurtriers (3000 tués), destructeurs (dix milliards de dollars de dégâts) et spectaculaires (quasi retransmis en direct) de l'histoire, par des membres d'*Al-Qaïda*, au nom du *jihad* donc d'*Allah*, contre la première puissance mondiale elle-même, sur son propre territoire. Tel fut le point de départ : un Evènement, que l'on pourrait appeler « théologico-politique ». Cet évènement avait une généalogie derrière lui, remontant à la Guerre froide, à l'Afghanistan, à la guerre du Golfe et à l'Irak **Annexes 1, 2, 3**. 2) Dès le lendemain, il déboucha sur un *discours* : la qualification d'actes de guerre par le Président Bush^5^. En janvier 2002, le discours fut suivi d'une *désignation* : « l'axe du mal »^6^ comportant Irak, Iran, RDPC, et d'une *occultation* : alors qu'aucun terroriste n'était irakien, iranien ou nord-coréen (ni afghan) et que la plupart (quinze Dénouement de la « guerre au terrorisme » (le semi-échec ou le semi succès des Etats-Unis) ------------------------------------------------------------------------------------------ Le problème de la dénomination et de la configuration d'un moment et d'un aspect de la scène polémologique mondiale^14^ ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Chronologie et séquences de la « guerre au terrorisme » (plan) -------------------------------------------------------------- DES ATTENTATS DU 11 SEPTEMBRE AU NOUVEAU CONTRE-TERRORISME ET A L'INTERVENTION MILITAIRE EN AFGHANISTAN OU AILLEURS PUIS EN IRAK (2001-2003) ============================================================================================================================================ Les attentats d'*Al-Qaïda* sur la côte Est des Etats-Unis et leur généalogie afghano-irakienne (de la Guerre froide et de la guerre du Golfe à la « guerre au terrorisme ») --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Les attaques, sidération et récit --------------------------------- Le retournement d'*Al-Qaïda* contre les Etats-Unis, causes et conséquences -------------------------------------------------------------------------- La réaction américaine aux attentats, de la qualification d'*« actes de guerre »* à la coalition internationale --------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 3. **Les opérations *Liberté immuable*, la reconstruction de l'Afghanistan et la dispersion du label *Al-Qaïda*** dans le monde musulman ---------------------- Le contre-terrorisme global, à l'intérieur comme à l'extérieur des Etats-Unis, ses pratiques illibérales et les problèmes de la coopération internationale policière ou judiciaire en matière anti-terroriste ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Les réformes intérieures du Gouvernement fédéral américain et les écoutes extrajudiciaires de la NSA ---------------------------------------------------------------------------------------------------- Les actions extérieures du Gouvernement fédéral américain : les homicides, les interrogatoires et les détentions extrajudiciaires --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- La facilité de la coopération avec des régimes autoritaires, la difficulté de la coopération avec des régimes démocratiques --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- L'adaptation stratégique des jihadistes --------------------------------------- La crise irakienne, la fin du consensus international diplomatico-militaire avec ou derrière les Etats- Unis et l'opération *Iraqi Freedom* ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- *STATE BUILDING* ET CONTRE-INSURRECTION EN AFGHANISTAN ET EN IRAK, AUTRES FRONTS JIHADISTES ET POURSUITE DU CONTRE-TERRORISME GLOBAL (2003-2011) ================================================================================================================================================ Afghanistan, Irak : essai comparatif général -------------------------------------------- Conflits armés, enjeux géopolitiques et processus constituants (internationalisés) ---------------------------------------------------------------------------------- L'insurrection et la contre-insurrection (ses caractéristiques et ses difficultés) ---------------------------------------------------------------------------------- 1. La COIN occidentale suit l'intervention outre-mer. Elle repose sur le consentement du Gouvernement local. Sur cette base (réversible), elle emprunte le quadruple modèle de « l'empreinte légère », de la « concentration militaire », de « l'assistance internationale » et de « l'action distanciée » : renseignement d'origine technique plutôt que renseignement d'origine humaine^64^ (faute de connaître l'Autre, de l'écouter ou de le rencontrer) ; prédilection pour les frappes aériennes contre les bases et les armements lourds, pour l'usage des drones et les opérations spéciales contre les cadres ; formation des forces de défense et de sécurité locales ; souci de limiter les pertes militaires^65^, de réduire les dommages civils collatéraux et d'éviter d'avoir des prisonniers, dont on ne sait que faire ni même quel statut leur accorder^66^. 2. Les problèmes portent sur les troupes (les acteurs), la mort (la sensibilité à la létalité), le temps (les délais), le budget de défense (le CMI). A. La COIN s'effectue, soit avec des soldats de métier étrangers, onéreux et peu nombreux, même avec le renfort de SMP, issus d'une société (occidentale) qui répugne à percevoir l'impôt du sang, soit avec des armées ou des milices locales à la motivation, à la discipline, à la loyauté et à l'efficacité inégales, et cela, dans des pays dont les forces militaires et policières avaient sombré suite au renversement des Talibans ou du *Baas*, créant un vide sécuritaire. B) Les victimes civiles causées par la COIN alimentent la propagande des insurgés, même s'ils responsables, eux, des trois quarts des pertes civiles. Elles amènent les autorités locales à désavouer le partenaire étranger (occidental), avec lequel les tensions montent, alors qu'on a besoin de lui et que l'on redoute son départ. La solution dégagée est la « retenue courageuse » : pour limiter les dommages collatéraux civils, les troupes (américaines) au sol réduisent les demandes d'appui aérien ou d'artillerie, quitte à prendre davantage de risques et à subir davantage de pertes. Mais c'est alors l'opinion occidentale qui exprimera son mécontentement. C) Fondamentalement, l'insurgé veut lasser le partenaire étranger du Gouvernement local, cependant que l'opinion étrangère, via le Parlement, réclame des résultats à son Gouvernement, d'autant qu'elle comprend mal et n'apprécie pas les interventions au loin, faciles à critiquer du côté de l'opposition. La « date butoir » pour le retrait des troupes est l'autre solution trouvée : elle donne une échéance à la victoire. Elle est la grande erreur stratégique, car elle crée un compte à rebours : quand l'un travaille contre la montre, il suffit à l'autre d'attendre^67^. La lassitude n'a pas joué en Irak, où le gouvernement put s'appuyer sur le gros de la population et sur le principal pays voisin. Elle a joué en Afghanistan, où le gouvernement ne parvint pas à garder à lui la population et où le principal pays voisin s'accommoda de l'insurgé. D) La COIN ne doit pas seulement compter avec l'opinion, mais aussi avec l'industrie. L'accroissement des effectifs de l'*US Army* et des *Marines* pour permettre le *surge* en Irak et en Afghanistan eut de sévères effets d'éviction. L'armée de terre dut renoncer (provisoirement) au *Future Combat System*, conçu pour affronter la Russie ou la RPC, au profit de matériels plus adaptés à la contre- insurrection. D'aucuns craignent qu'en se dimensionnant pour celle-ci, les forces américaines n'en viennent à être déclassées en matière d'affrontement classique. Même l'armée de l'air et la marine se sentent menacées dans leurs grands programmes. Plus généralement, une large part de l'institution militaire demeura réticente vis-à-vis de la COIN, qui semble éloignée du « cœur de métier »^68^. La perspective d'une guerre longue, gourmande en effectifs, ruineuse pour le budget de la défense, déclassant les armées et sans conclusion à terme, s'avère la hantise des autorités politiques. I. L'oscillation américaine sur les deux théâtres ---------------------------------------------- La comparaison Afghanistan/Pakistan et Irak/Iran ------------------------------------------------ Le contraste du dénouement afghan et irakien -------------------------------------------- Le cas irakien, l'implantation puis l'autonomisation d'« *Al-Qaïda* en Mésopotamie » et l'éclatement d'une guerre civile à la fois internationalisée et intercommunautaire -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- La continuation et l'inflexion de la « guerre au terrorisme » sous l'administration Obama et la reconcentration sur l'Afghanistan --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Le drone aérien et l'homicide ciblé, arme et méthode de prédilection sur les zones d'hostilités ----------------------------------------------------------------------------------------------- La « doctrine Biden » en Afghanistan et ses espoirs déçus --------------------------------------------------------- Les autres théâtres du jihadisme et du contre-jihadisme, du Sahara au golfe d'Aden ---------------------------------------------------------------------------------- De l'Algérie au Sahel --------------------- Yémen, Somalie, Corne de l'Afrique et Afrique orientale ------------------------------------------------------- Le terrorisme islamique en Europe occidentale et les problématiques soulevées par-delà du contre- terrorisme ------------------------------------------------------------------------------------------------------------ DES « PRINTEMPS ARABES » AUX GUERRES CIVILES INTERNATIONALISEES AU PROCHE- ORIENT ET EN AFRIQUE SAHARO-SAHELIENNE (2011-2013) ============================================================================================================================= La contagion révolutionnaire, ses succès immédiats, son échec à terme --------------------------------------------------------------------- Les cas tunisien et égyptien : chute rapide de Ben Ali et de Moubarak, stabilisation politique autoritaire et limitation du jihadisme ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Le cas libyen : renversement insurrectionnel (intérieur) et militaire (extérieur) de Kadhafi, effondrement de l'Etat et propagation de la violence armée au Sahel ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Le cas yéménite : départ de Saleh et plongée dans la guerre civile ------------------------------------------------------------------ Le cas syrien : maintien d'Assad, guerre civile avec interventions étrangères de part et d'autre, interaction avec l'Irak, émergence de *Daech* et résilience du régime ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Les similitudes initiales avec la Tunisie et la Libye ----------------------------------------------------- Les différences avec la Libye : jeu communautaire du régime et appui étranger au régime --------------------------------------------------------------------------------------- Les facteurs d'internationalisation de la guerre civile syrienne ---------------------------------------------------------------- La création de l'EIML, la rivalité avec AQL et la prépondérance de l'EIML dans le camp insurgé ---------------------------------------------------------------------------------------------- La perte de sens de la « guerre au terrorisme » en 2011-2013 ------------------------------------------------------------ Le jihadisme en Afrique saharo-sahélienne et les interventions étrangères aux côtés des Gouvernements locaux ------------------------------------------------------------------------------------------------------------ L'insurrection touarègue et l'irruption jihadiste au Mali, l'engagement de la France^118^ et la création du G5-Sahel -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- La formation de la coalition touarègue-jihadiste, l'assaut sur le Mali et la proclamation de l'Azawad islamique --------------------------------------------------------------------------------------------------------------- L'intervention africaine (la MISMA) puis l'intervention française (*Serval*), sollicitée par le Gouvernement malien, et son succès militaire -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Le non-rétablissement de l'intégrité territoriale du Mali, le déploiement de la MINUSMA, l'échec des accords de paix et le tournant vers la contre-guérilla au G5-Sahel (*Barkhane*) ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ B. **L'insurrection de *Boko Haram* au Nigéria** APOGEE PUIS EFFONDREMENT DU « CALIFAT » IRAKO-SYRIEN, REGAIN DU TERRORISME EN EUROPE, EXTENSION DU JIHADISME EN AFRIQUE ET RETOUR DES TALIBANS EN AFGHANISTAN (2013-2021) ========================================================================================================================================================================= « L'Etat islamique », proclamation, assise et impact ---------------------------------------------------- L'isolement de « l'Etat islamique », la coalition internationale hétérogène à son encontre et sa laborieuse victoire -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 20. Les UPP kurdes formaient le groupe au sol le plus combatif. Les Occidentaux comme les Russes les aidaient, y compris en leur dépêchant des forces spéciales. Mais la cause kurde^135^ heurtait la Turquie et l'Iran ainsi que, à terme, l'Irak et la Syrie. Il est notoire que chacun des quatre Etats rivaux utilise la carte kurde contre l'autre, mais que, à un certain stade de développement kurde, tous s'entendent contre le sécessionnisme. Il était clair que, côté kurde, l'objectif ultime n'était pas de vaincre l'EI ni de préserver le régime de Damas (le régime de Bagdad, si, puisqu'il accorde l'autonomie territoriale) ; il était de constituer un Kurdistan syrien autonome (« l'ouest ») qui s'agrégerait au Kurdistan irakien autonome (le « sud »), en attendant un Kurdistan iranien autonome (« l'est ») puis un Kurdistan turc autonome (le « nord »). Les UPP contrôlaient une bande de terre le long des frontières turco-syrienne et irako-syrienne, mais grossie de populations turkmènes et arabes : ils en profitèrent pour créer les FDS, mouvement plus large qui dissimulerait le nationalisme kurde. 21. L'Iran agit comme allié des gouvernements syrien et irakien, mais aussi comme champion du chiisme. D'une part, il assista le *Hezbollah* irakien, d'autres milices chiites et les chiites d'Irak en général, dont l'ayatollah Ali al-Sistani appela au *jihad* contre l'EI^136^. D'autre part, il ne se contenta pas d'envoyer des troupes, armée régulière et *Pasdaran*^137^ : il coordonna un système de volontaires chiites étrangers, *Hezbollah* libanais en Syrie, « brigade fatimide » composée d'Afghans et de Pakistanais en Irak. 5) La Russie privilégia l'appui au régime syrien -- les Occidentaux, au régime irakien. Son appui militaire aux troupes régulières syriennes à Homs, Hama, Idlib et, surtout, Alep, fut crucial. En effet, la capitulation d'Alep en décembre 2016, après un an de siège, marqua la fin 22. Longtemps hostile au régime de Damas, comme les Occidentaux, le gouvernement d'Erdogan s'était adapté à l'évolution du conflit régional depuis l'été 2014 : pour l'essentiel, la mise en place de la coalition internationale sous mandat du CSNU contre l'EI et la participation à cette coalition. Or, parmi la coalition, figuraient les Kurdes. Les UPP progressaient en région syro-kurde (le Rojava) sous couvert de la lutte contre l'EI. Ils pourraient faire jonction avec les Kurdes d'Irak mais aussi ceux de Turquie (le PKK). Elle aussi sous couvert de la lutte contre l'EI, l'armée turque devrait endiguer voire briser la progression kurde, ce qui impliquait un jeu subtil au sein de la Coalition. A partir d'août 2014, la Turquie passa tout doucement de l'engagement contre le régime syrien à l'engagement contre l'EI : fermeture de la frontière syro- et irako-turque, frappes militaires. Le 15 juillet 2016, Erdogan essuya une tentative de coup d'Etat, qu'il attribua à son opposant Fethüllah Gülen, exilé aux Etats-Unis et que l'administration Obama refusa d'extrader. S'estimant trahi par Washington car refusant de croire à une position guidée par le respect de l'asile, le Président turc^138^ se rapprocha de Poutine. Parallèlement, à l'intérieur il se rapprocha aussi des nationalistes turcs non islamiques, eurasistes, hostiles à l'Occident et favorables à l'entente avec la Russie. Le 26 août, l'armée turque, avec ses supplétifs issus de l'ASL, lança l'opération *Bouclier de l'Euphrate*, visant l'EI mais aussi les UPP. Au terme de quatre mois de combats, elle prit le contrôle de la région d'al-Bab, en chassant l'EI mais aussi en coupant les UPP d'Afrin, à l'ouest, de ceux de Manbij, à l'est, tronçonnant ainsi la région syro-kurde. 7. Vu les discordances, la Tour de Babel militaire qui cernait l'EI opéra lentement, d'autant qu'Occidentaux et Russes ne voulaient pas subir de pertes et que les Occidentaux voulaient éviter les dommages civils collatéraux. L'EI n'en fut pas moins réduit puis détruit. En Irak, l'armée régulière fut réorganisée après la défaite de Mossoul de juin 2014. Passée de 110000 hommes à 50000, elle atteignit 80000 ; le gros fit preuve de peu d'empressement à se battre. L'essentiel des combats fut livré, d'une part, par les forces spéciales irakiennes du « SCT » formées par les Américains, d'autre part, par les « milices de mobilisation populaire » chiites formées par les Iraniens. Celles-ci étaient plus nombreuses que celles-là, mais leur affirmation communautaire et les exactions qu'elles commirent contre les sunnites eurent pour effet de jeter ces derniers dans les bras de l'EI. Les forces irakiennes étaient épaulées par l'aviation occidentale, accessoirement l'aviation russe. L'armement lourd de l'EI (chars, canons) fut vite repéré et démoli par les frappes aériennes, mais pas les plus petits systèmes de missiles anti- aériens ou antichars qui s'avérèrent redoutables contre les appareils et les véhicules irakiens. Pour autant, l'assaut sur Mossoul fut entamé en octobre 2016, sans les Kurdes (pour éviter qu'ils n'étendent leur territoire) et sans les 8. A l'automne 2017, l'EI avait donc perdu son assise territoriale. Il avait aussi considérablement reculé au plan numérique : le « Califat virtuel » subit la même érosion que le « Califat territorial ». La « bataille en ligne » s'articula autour de quatre axes : l'interdiction, c'est-à-dire la pénétration par le *Cyber Command* américain du système d'information des jihadistes et la destruction de la totalité de leurs serveurs au terme de quatre mois de cyberattaques ; la régulation, c'est-à-dire les mesures suspensives adoptées par les grandes plateformes numériques qui se refusaient jusqu'alors à supprimer nombre de contenus diffusés par les jihadistes au nom de la Les autres fronts insurrectionnels, du golfe d'Aden au Sahel, et la prolongation de l'opération française --------------------------------------------------------------------------------------------------------- Yémen, poursuite de la guerre civile entre gouvernementaux, houthis et jihadistes, engagement américain et « guerre par procuration » irano-saoudienne ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ Absence d'Etat en Somalie et expansion du jihadisme en Afrique orientale ------------------------------------------------------------------------ Nigéria, apogée et affaiblissement de *Boko Haram*, mais persistance au nord du pays et extension à l'extrême nord du Cameroun ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ L'expansion du jihadisme au Sahel malgré la présence militaire française (jusqu'en 2022-2023) puis le rétablissement de l'intégrité territoriale du Mali avec l'aide russe -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- La poursuite et la terminaison de la « guerre au terrorisme » sous les administrations Trump et Biden, de la priorité redonnée à la « compétition stratégique » avec les grandes puissances et à l'endiguement de l'Iran au retrait d'Afghanistan ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- La politique mondiale de Trump et les difficultés de sa mise en oeuvre ---------------------------------------------------------------------- L'inflexion de la politique régionale de Trump à l'encontre de l'Iran en association avec l'Arabie Saoudite (et Israël) ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- L'accord de Doha et la victoire des Talibans, mais sans plus d'association avec *Al-Qaïda* ------------------------------------------------------------------------------------------ La relance du terrorisme et le contre-terrorisme en France et en Europe occidentale ----------------------------------------------------------------------------------- CONCLUSION ========== LISTE DES NOMS DE PERSONNES =========================== dans l'ordre d'apparition ------------------------- ANNEXES ======= Retour sur l'Afghanistan ------------------------ Retour sur l'Irak ----------------- Retour sur l'Afghanistan et l'Irak ---------------------------------- 4. **La doctrine et la pratique d'*Al-Qaïda*** La théorie du jihadisme réticulaire d'Abou Moussab al-Souri ----------------------------------------------------------- LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES ============================= BIBLIOGRAPHIE ============= TABLE DES MATIERES ================== 1. Origine et trajectoire de la « guerre au terrorisme » 2. Dénouement de la « guerre au terrorisme » (le semi-échec ou le semi succès des Etats-Unis) 3. Le problème de la dénomination et de la configuration d'un moment et d'un aspect de la scène polémologique mondiale 4. Chronologie et séquences de la « guerre au terrorisme » (plan) 1. Les attentats d'*Al-Qaïda* sur la côte Est des Etats-Unis et leur généalogie afghano-irakienne (de la Guerre froide et de la guerre du Golfe à la « guerre au terrorisme ») A. Les attaques, sidération et récit B. Le retournement d'*Al-Qaïda* contre les Etats-Unis, causes et conséquences 2. La réaction américaine aux attentats, de la qualification d'*« actes de guerre »* à la coalition internationale 3. Les opérations *Liberté immuable*, la reconstruction de l'Afghanistan et la dispersion du label *Al-Qaïda* dans le monde musulman 4. Le contre-terrorisme global, à l'intérieur comme à l'extérieur des Etats-Unis, ses pratiques illibérales et les problèmes de la coopération internationale policière ou judiciaire en matière anti-terroriste C. Les réformes intérieures du Gouvernement fédéral américain et les écoutes extrajudiciaires de la NSA D. Les actions extérieures du Gouvernement fédéral américain : les homicides, les interrogatoires et les détentions extrajudiciaires E. La facilité de la coopération avec des régimes autoritaires, la difficulté de la coopération avec des régimes démocratiques F. L'adaptation stratégique des jihadistes 5. La crise irakienne, la fin du consensus international diplomatico-militaire avec ou derrière les Etats-Unis et l'opération *Iraqi Freedom* 1. Afghanistan, Irak : essai comparatif général A. Conflits armés, enjeux géopolitiques et processus constituants (internationalisés) B. L'insurrection et la contre-insurrection (ses caractéristiques et ses difficultés) C. L'oscillation américaine sur les deux théâtres D. La comparaison Afghanistan/Pakistan et Irak/Iran E. Le contraste du dénouement afghan et irakien 2. Le cas irakien, l'implantation puis l'autonomisation d'« *Al-Qaïda* en Mésopotamie » et l'éclatement d'une guerre civile à la fois internationalisée et intercommunautaire 3. La continuation et l'inflexion de la « guerre au terrorisme » sous l'administration Obama et la reconcentration sur l'Afghanistan F. Le drone aérien et l'homicide ciblé, arme et méthode de prédilection sur les zones d'hostilités G. La « doctrine Biden » en Afghanistan et ses espoirs déçus 4. Les autres théâtres du jihadisme et du contre-jihadisme, du Sahara au golfe d'Aden H. De l'Algérie au Sahel I. Yémen, Somalie, Corne de l'Afrique et Afrique orientale 5. Le terrorisme islamique en Europe occidentale et les problématiques soulevées par-delà le contre-terrorisme 1. La contagion révolutionnaire, ses succès immédiats, son échec à terme 2. Les cas tunisien et égyptien : chute rapide de Ben Ali et de Moubarak, stabilisation politique autoritaire et limitation du jihadisme 3. Le cas libyen : renversement insurrectionnel (intérieur) et militaire (extérieur) de Kadhafi, effondrement de l'Etat et propagation de la violence armée au Sahel 4. Le cas yéménite : départ de Saleh et plongée dans la guerre civile 5. Le cas syrien : maintien d'Assad, guerre civile avec interventions étrangères de part et d'autre, interaction avec l'Irak, émergence de *Daech* et résilience du régime, comme à Bagdad A. Les similitudes initiales avec la Tunisie et la Libye B. Les différences avec la Libye : jeu communautaire du régime et appui étranger au régime C. Les facteurs d'internationalisation de la guerre civile syrienne D. La création de l'EIML, la rivalité avec AQL et la prépondérance de l'EIML dans le camp insurgé 6. La perte de sens de la « guerre au terrorisme » en 2011-2013 7. Le jihadisme en Afrique saharo-sahélienne et les interventions étrangères aux côtés des Gouvernements locaux E. L'insurrection touarègue et l'irruption jihadiste au Mali, l'engagement de la France et la création du G5- Sahel 1. La formation de la coalition touarègue-jihadiste, l'assaut sur le Mali et la proclamation de l'Azawad islamique 2. L'intervention africaine (la MISMA) puis l'intervention française (*Serval*), sollicitée par le Gouvernement malien, et son succès militaire 3. Le non-rétablissement de l'intégrité territoriale du Mali, le déploiement de la MINUSMA, l'échec des accords de paix et le tournant vers la contre-guérilla au G5-Sahel (*Barkhane*) F. L'insurrection de *Boko Haram* au Nigéria 1. « L'Etat islamique », proclamation, assise et impact 2. L'isolement de « l'Etat islamique », la coalition internationale hétérogène à son encontre et sa laborieuse victoire 3. Les autres fronts insurrectionnels, du golfe d'Aden au Sahel, et la prolongation de l'opération française A. Yémen, poursuite de la guerre civile entre gouvernementaux, houthis et jihadistes, engagement américain et « guerre par procuration » irano-saoudienne B. Absence d'Etat en Somalie et expansion du jihadisme en Afrique orientale C. Nigéria, apogée et effondrement de *Boko Haram*, mais précarité persistante au nord du pays D. L'expansion du jihadisme au Sahel malgré la présence militaire française (jusqu'en 2022-2023) puis le rétablissement de l'intégrité territoriale du Mali avec l'aide russe 4. La poursuite et la terminaison de la « guerre au terrorisme » sous les administrations Trump et Biden, de la priorité redonnée à la « compétition stratégique » avec les grandes puissances et à l'endiguement de l'Iran au retrait d'Afghanistan E. La politique mondiale de Trump et les difficultés de sa mise en oeuvre F. L'inflexion de la politique régionale de Trump à l'encontre de l'Iran en association avec l'Arabie Saoudite (et Israël) G. L'accord de Doha et la victoire des Talibans, mais sans plus d'association avec *Al-Qaïda* 5. La relance du terrorisme et le contre-terrorisme en France et en Europe occidentale CONCLUSION 1. Retour sur l'Afghanistan 2. Retour sur l'Irak 3. Retour sur l'Afghanistan et l'Irak 4. La doctrine et la pratique d'*Al-Qaïda* 5. La théorie du jihadisme réticulaire d'Abou Moussab al-Souri LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES