Corps et cerveau unifiés PDF - 1A-3_GR1A-sequence1A-2emepartie-2021
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2021
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Ce document explore la corrélation entre la pensée, le corps et le cerveau. Il y a des analyses de la mémoire, des émotions et de la prise de décision, en soulignant l'impact des informations corporelles sur les pensées. Plusieurs exemples d'études sont cités pour illustrer comment l'apprentissage et les actions physiques influencent la mémorisation.
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Quand la pensée passe par le corps. Corps et cerveau unifiés. Les relations entre le corps et le cerveau ne se révèlent pas seulement ils sont atteints dans leur fonctionnement. La mémoire, les émotions, la prise de décision prennent en compte les informations corporelles. No...
Quand la pensée passe par le corps. Corps et cerveau unifiés. Les relations entre le corps et le cerveau ne se révèlent pas seulement ils sont atteints dans leur fonctionnement. La mémoire, les émotions, la prise de décision prennent en compte les informations corporelles. Nos pensées passent par notre corps. Pour présenter cela, il vous est proposé trois textes qui abordent des thèmes différents. Apprendre avec son corps. Un texte pour vous présenter le fait que le corps, par des mouvements, peut nous aider à mieux mémoriser. Imaginez qu’un de vos proches vous donne une liste de courses à faire et que, pour une raison particulière, vous ne puissiez pas emmener cette liste avec vous et qu’il vous faille la mémoriser. Si la liste est longue, vous ne serez pas étonnés d’oublier certains produits. Si la même situation se reproduit plusieurs fois, avec chaque fois, une liste du même nombre de produits, vous pourrez vous rendre compte que le nombre de produits oubliés varie d’une fois à l’autre. Dans certains cas, vous aurez même une explication à donner à cela. En fait, de nombreux facteurs influent sur notre mémorisation, facteurs étudiés en psychologie des apprentissages. Dans ce domaine de la psychologie des apprentissages, des études ont cherché à savoir comment améliorer les performances. Quelques mots d’abord sur une méthode utilisée. Dans beaucoup d’études cherchant à évaluer les capacités de mémoire de sujets humains, on demande à ces sujets de mémoriser une liste de mots. On présente successivement les mots, les uns après les autres, en laissant un délai entre chaque présentation. Puis, une fois que la liste des mots a été présentée, après un certain temps (quelques minutes, heures, jours ou semaines), on peut demander aux sujets de redonner les mots, c’est ce qu’on appelle le rappel libre. Pour revenir au thème de ce texte, dans certaines de ces études, il a été demandé aux sujets de mémoriser une liste de phrases d’action (par exemple : claquer des doigts, ouvrir une fenêtre, mettre des gants, etc.). Pour chacune de ces phrases, on demande aux sujets, soit de mimer l’action, soit seulement de la lire (sans la mimer). Les résultats des études montrent que mimer l’action favorise la mémorisation que ce soit chez des jeunes adultes, des adultes âgés ou âgées présentant une démence de type Alzheimer. Les sujets se souviennent de bien plus de phrases qu’ils ont mimées que de phrases qu’ils ont simplement lues. Ainsi, les gestes, et à travers eux la mise en jeu du corps, participent et facilitent la mise en mémoire des informations à apprendre. En fait, le degré d’engagement est un des facteurs qui contribuent à la mémorisation. Lorsqu’il faut mimer, cet engagement est important puisqu’il faut, pour un verbe donné, faire appel à de nombreux processus mentaux et par là même, à de nombreux circuits et régions du cerveau. Brièvement, il faut porter son attention sur le mot, sélectionner les mouvements qui permettent de mimer le verbe, ce qui signifie avoir évalué ce que le verbe signifiait, puis réalisé ces mouvements tout en contrôlant cette réalisation. Lire ou simplement écouter engage bien moins de processus cognitifs qu’organiser les mots, les idées, écrire, dessiner, etc. Le corps au cœur de nos émotions et de nos prises de décision. Votre corps est là et se rappelle à vous face à un danger ou lorsque vous avez la sensation à un moment donné de revivre une situation dramatique que vous avez déjà vécue : votre cœur bat vite, vos mains sont moites, vos pupilles dilatées, vous avez la sensation d’une boule au ventre, etc. Le danger, vous le vivez corporellement. Cela va contribuer à réorienter vos pensées, vos actions, votre comportement. Mais, on peut aller bien plus loin dans l’influence des signaux internes sur nos pensées, raisonnements, etc. Ce texte résume des travaux de recherche d’Antonio Damasio (et collaborateurs), qui sont présentés notamment dans son livre L’erreur de Descartes. La raison des émotions, Editions Odile Jacob, 1995. « Le cœur a ses raisons que la raison ne connait point ». Combien de fois avez-vous entendu cette phrase ? Elle porte avec elle une conception selon laquelle nous serions doubles, d’une part des êtres émotionnels qui peuvent se laisser guider par leurs émotions pour le meilleur ou pour le pire et d’autre part, des êtres pouvant faire appel à une évaluation de la situation vécue de façon purement logique, écartée de toute considération émotionnelle. A travers cette phrase se cache souvent aussi l’idée qu’une bonne décision doit être prise dans le calme, en s’inspirant de faits, documents, informations, etc., indépendamment de toute émotion. Depuis les années 1990 et les travaux de l’équipe du neurologue, Antonio Damasio, qui a publié en 1994, un livre intitulé L’erreur des Descartes, cette conception est totalement remise en question, laissant place à l’idée que les émotions jouent un rôle essentiel dans la prise de décision, c’est-à-dire dans la prise de nombreuses décisions, même celles qui nous semblent familières ou sans enjeu fondamental. Comment A. Damasio et son équipe en sont-ils arrivés à cette idée ? Antonio Damasio a dû, un jour, évaluer, en tant que neurologue, le comportement d’un patient, nommé Elliot (il n’est jamais donné le nom exact de la personne). Elliott avait subi une opération au niveau cérébral (Commentaire : La région cérébrale affectée est différente de celle qui conduit à ne plus reconnaître une partie de son corps. Les conséquences de l’atteinte de cette région du cerveau n’étaient pas aussi connues qu’aujourd’hui). Suite à cette opération, Elliott n’était plus vraiment lui-même. Sa personnalité avait radicalement changé. Il était devenu une personne qui, dans les circonstances de la vie, ne savait pas prendre de décision ou prenait de mauvaises décisions, faisait toutes sortes d’erreurs, ne se comportait pas socialement comme cela était attendu, et contrairement à ce qu’il faisait auparavant, ne prenait plus en compte les avertissements de ses proches et ne tirait plus aucune leçon de ses erreurs. Ce qui a eu comme conséquence la perte de son emploi, étant donné qu’il était incapable de mener à bien les tâches qu’il réalisait dans son travail avant l’opération et qu’il ne tenait pas compte des remarques de ses collègues. Dans les mois et les années qui suivirent l’opération, A. Damasio indique qu’Elliott fit de mauvais choix financiers et qu’il divorça plusieurs fois. Pourtant, Elliott paraissait en pleine possession de ses capacités cognitives, « intellectuelles » pourrait-on dire. Il pouvait réfléchir, parler, écrire, lire, compter. D’après les tests utilisés par A. Damasio et ses collaborateurs, ses capacités de raisonnement semblaient intactes. Ses connaissances et son attention pouvaient toujours être mises en jeu. Il pouvait parfaitement se souvenir d’évènements connus ou qu’il avait vécus. Il pouvait comprendre la logique d’un problème, etc. Plusieurs pages du livre sont consacrés aux différents tests auxquels Elliott a été soumis et qui n’ont pas révélé de déficits. Cependant, ce que relate A. Damasio c’est le fait que, sur un point, il avait changé : il exprimait et ressentait peu d’émotions (surprise, colère, joie, peur, dégout, tristesse, etc.). Il était toujours calme, envisageant toujours les situations de façon tout à fait neutre. Il racontait ce qui lui était arrivé de façon détachée. Par exemple, Elliott ne se troubla pas lorsque des questions personnelles lui furent posées. Face à des photos choquantes, il ne ressentit aucune émotion. L’hypothèse théorique d’A. Damasio fut alors que les capacités de prise de décision d’Elliot étaient affectées par un déficit émotionnel, qu’une perte dans sa capacité à ressentir des émotions pouvait être la cause de ses comportements inadaptés. Dans ce cadre, A. Damasio proposa l’idée selon laquelle il n’y a pas de prise de décision face à différentes options sans la prise en compte (consciente ou inconsciente) des émotions évoquées par ces différentes options. Pour faire le lien entre les émotions et la prise de décision, il va faire appel à une des composantes des émotions, les changements corporels et il va formuler l’hypothèse des « marqueurs somatiques » (soma pour corps). Cette hypothèse nécessite de prendre en compte plusieurs étapes. Tout d’abord, selon cette hypothèse, nous mémorisons corporellement ce que nous avons vécu. Nous ne mémorisons pas seulement des informations, mais aussi les changements corporels qui ont pu être ressentis en présence de ces informations, si celles-ci se sont accompagnées d’émotions. Cela peut concerner un objet, une personne, une situation, etc., tout ce qui est susceptible d’être mis en mémoire. Ces changements corporels émotionnels vont être associés à ces informations. Puis, dans une nouvelle situation qui va faire appel à notre mémoire, ce ne sont pas seulement les informations qui pourront être rappelées mais aussi leur valeur émotionnelle (positive ou négative) et les variations corporelles émotionnelles pourront resurgir (consciemment ou inconsciemment). Enfin, l’idée-clé est que nous utilisons ces variations corporelles émotionnelles pour prendre nos décisions selon qu’elles sont associées à des émotions plutôt positives ou négatives. Pour mieux faire comprendre cette hypothèse des marqueurs somatiques, voyons, de façon rapide, ce que recouvrent les émotions pour notamment évoquer les changements corporels liées aux émotions. Qu’est-ce qu’une émotion ? Cette question n’appelle, en aucun cas, une réponse simple, d’autant que l’on range dans la catégorie « émotions », des émotions très différentes, comme la peur, la joie, la tristesse, le dégoût, la colère, le plaisir, etc. Ces émotions peuvent être plutôt positives ou négatives, comme c’est le cas de la peur ou du dégoût. De nombreux livres et de nombreuses recherches y ont été consacrés et les conceptions évoluent toujours. Mais, ce que l’on peut en dire et qui n’est pas discuté, est le fait que les émotions s’accompagnent de nombreuses composantes. Parmi celles- ci figure, notamment, une composante physiologique qui se caractérise par des réponses corporelles (des changements du rythme cardiaque, du rythme respiratoire, de la sueur au niveau des mains, etc.), changements qui pourront nous permettre d’être prêts à agir, réagir, interagir. Pour illustrer cela, la peur, par exemple, va s’accompagner d’une augmentation du rythme cardiaque, du rythme respiratoire, etc. qui vont conduire à ce qu’il y ait plus d’oxygène et d’énergie disponibles dans notre corps. Cela pourra nous permettre éventuellement d’agir assez vite face à un danger. Ces changements corporels, nous pouvons les ressentir consciemment, surtout lorsqu’ils sont forts, mais ils peuvent également être présents sans que l’on en ait conscience. Sans cesse, sans s’en rendre compte, à l’écoute d’une phrase, à la vue d’un visage, à l’évocation d’un souvenir, nos paramètres corporels tels que le rythme cardiaque, le rythme respiratoire, etc. changent. L’état de notre corps, par l’intermédiaire de ces paramètres corporels est comme un paysage changeant sans cesse, au gré de nos échanges avec les autres, de ce qu’ils disent, de leurs expressions du visage, des changements dans leur voix, au gré de nos pensées qui peuvent susciter des émotions, etc. Colère Peur Dégoût Joie Tristesse Surprise Neutre Figure : Topographie corporelle des sensations ressenties lors de l’écoute de mots évoquant différents types d’émotions, selon l’étude de Nummenmaa et al., 2014. Les couleurs indiquent dans quelle mesure les sujets ont ressenti une augmentation (couleurs chaudes ; barre à droite) ou une diminution dans leurs sensations (couleurs froides ; barre à droite). Comment les émotions peuvent-elles contribuer à la prise de décision ? Pour reprendre l’hypothèse d’A. Damasio, lorsque nous sommes face à une situation, à une personne, un objet, un aliment, un air de musique, etc. qui suscite une émotion, et donc, notamment des changements corporels, nous mémorisons ces changements corporels en les associant à ce qui les a causés et ils deviennent ce qu’A. Damasio a appelé des « marqueurs somatiques ». Un point important est le fait que ces marqueurs somatiques portent avec eux la valeur positive ou négative de l’émotion ressentie. A partir de là, l’idée qui est développée est celle selon laquelle, lorsqu’on doit prendre une décision et choisir entre différentes options, ces marqueurs somatiques vont nous aider. Si l’une de ces options peut nous conduire, une fois la décision prise, à nous retrouver dans une situation, ou face à des personnes, ou face à quelque chose, qui aura déjà évoqué une émotion auparavant, penser à cette option générera les changements corporels précédemment ressentis et cela nous conduira à envisager ou à rejeter l’option, selon que cette émotion était plutôt positive ou négative. Cette réactivation des émotions liées à la situation, à une personne, un objet, etc. nous aiderait à éliminer les choix qui pourraient, sur la foi de l'expérience, s'avérer préjudiciables. Ce processus peut se réaliser à notre insu (lorsque nous décidons sans trop savoir pourquoi, sur la base de ce que nous allons appeler l'intuition), ou attirer notre attention sur ce qui l’a provoqué, faire resurgir des souvenirs et, in fine, nous conduire à prendre une décision de manière plus consciente, plus intentionnelle. Voici un extrait du livre d’A. Damasio : « Avant que vous ayez entamé le processus de raisonnement devant vous mener à la solution du problème, quelque chose d’important se produit : lorsque vous visualisez dans votre esprit, même fugitivement, la conséquence néfaste d’une réponse que vous pourriez choisir, vous ressentez une sensation déplaisante au niveau du ventre. Puisque cette perception concerne le corps, je donne à ce phénomène le terme de perception d’un “ état somatique ” ; et puisqu’elle est associée à une image particulière, à la façon d’un repère ou d’une marque, je l’appelle “ marqueur ” (...). » Surtout ne soyez pas impressionné.es par ces idées. Voici un exemple anodin. Imaginez qu’à la cafétéria de l’université, un jour vous choisissez une belle pomme jaune mais que celle- ci se révèle avoir un goût particulièrement mauvais. Vous ressentirez alors une émotion d’aversion ou de dégoût, émotion qui se sera exprimée corporellement. Il est alors fort probable que vous associerez pour ce lieu, la cafétéria de l’université, une pomme jaune avec cette émotion de dégoût (par l’intermédiaire des variations corporelles). Maintenant, quelques jours plus tard, à la cafétéria de l’université, vous avez à choisir votre dessert, de façon rapide, vous êtes en pleine discussion. A cause d’une sensation quelque peu négative, mais sans que vous vous en rendiez compte consciemment ou que le souvenir de la pomme mangée précédemment ne revienne, vous ne choisirez peut-être pas, à nouveau, une pomme jaune. Ainsi, le ressenti émotionnel aura assisté le processus de raisonnement au lieu de seulement le déranger comme on l’envisageait de façon courante, auparavant. Maintenant, cela peut s’appliquer à bien d’autres situations, bien plus importantes. L’exemple pris ici est simple, mais il y a une raison à cela. La prise de décision ne concerne pas seulement des grands choix importants et déterminants pour le reste de sa vie. A tous les moments de la journée, et de chaque journée, nous prenons de nombreuses décisions. Certaines sont anodines, d’autres importantes. Elliot prenait souvent de mauvaises décisions, que ce soit dans sa vie quotidienne, sa vie professionnelle ou sa vie familiale, malgré le fait que ses connaissances et ses capacités de raisonnement logique étaient intactes. La région du cerveau, dont le fonctionnement était affecté chez Elliot est une des régions qui reçoivent et régulent les informations émotionnelles et qui jouent un rôle dans la prise de décision. Ce qui a été observé chez Elliot a été depuis, observé chez de nombreuses personnes, qui, une fois adultes ou au cours de leur enfance, ont été victimes d’une atteinte du fonctionnement de cette région. Pour finir, A. Damasio et ses collaborateurs ont, par la suite, réalisé des expériences pour tester l’hypothèse d’une influence des émotions dans la prise de décision par l’intermédiaire de ces marqueurs somatiques. Une fois une hypothèse théorique émise, il faut la mettre à l’épreuve et lui apporter ou non des arguments expérimentaux. C’est surtout sur la base de ces arguments expérimentaux que l’hypothèse est discutée. Depuis les travaux d’A. Damasio et ses collaborateurs, bien d’autres travaux ont été réalisés et notamment par d’autres équipes de recherche. Agir ou s’imaginer agir, est-ce si différent ? Quand l’imagination passe par le corps. Agir ou s’imaginer agir, est-ce si différent ? Pour aborder ce point, on peut commencer par des études de ce qu’on appelle la chronométrie mentale, réalisées dans les années 1960. Il s’agissait de comparer la durée d’une action réellement réalisée à celle de la même action produite mentalement, c’est-à-dire imaginée. Les sujets devaient soit prononcer de vive voix, soit prononcer mentalement le plus vite possible l’alphabet ou une suite de nombres entiers (0, 1, 2, 3…, 10). Les études ont alors montré que, plus la liste de lettres ou de nombres est longue, plus le temps pour les prononcer mentalement est long, comme pour les prononcer réellement. Il a même été possible de mettre en évidence que, plus la tâche est difficile, plus le temps d’exécution est long, réellement comme mentalement. Il a pu même être établi, plus tard, une loi entre la durée d’un mouvement et sa précision, sur la base d’études où les sujets étaient placés dans un environnement virtuel (grâce à un casque) et où il leur était demandé de parcourir mentalement un espace dans lequel au fond se trouvait une porte ouverte. Il a été montré que le temps de marche mentale est d’autant plus long que la porte est éloignée et que son ouverture est étroite. On peut également citer des études portant sur la rotation mentale des objets ou de la main. Par exemple, dans une de ces études, les sujets devaient décider si la main présentée sur une photo correspondait à la main droite ou à la main gauche. Pour répondre, le temps mis par les sujets était lié au temps qui est mis pour faire la rotation réelle de la main considérée et atteindre la position présentée. Bien d’autres études ont été réalisées. Il s’en dégageait l’idée d’une relation forte entre le temps de réalisation d’une action et le temps d’imagination de cette même action, suggérant la mise en jeu des mêmes mécanismes physiologiques. Sur la base de cette hypothèse, des études ont, par la suite, montré que marcher ou courir et s’imaginer marcher ou courir, à différentes vitesses, sur un tapis roulant, pendant 3 minutes, provoquent une augmentation du rythme cardiaque, en relation avec la vitesse demandée. De même, dans d’autres études, où il était demandé à des sujets de pédaler sur un ergomètre (appareil qui permet de régler la pression à exercer sur les pédales pour les faire tourner) ou de s’imaginer pédaler sur cet appareil, il a été établi que ces actions s’accompagnent d’une augmentation des rythmes respiratoires et cardiaques en fonction de l’effort demandé, mentalement et réellement. Il est à noter que ces augmentations sont toutefois moins importantes lorsque le sujet s’imagine produire l’effort demandé. Dans toutes ses études, lorsque les sujets doivent réaliser mentalement une action, il est bien sûr contrôlé, par des enregistrements de l’activité musculaire, que les sujets ne réalisent pas les mouvements. Ainsi, les indices physiologiques apportaient une deuxième série d’arguments en faveur de l’idée de mécanismes communs entre réaliser une action et imaginer la faire. Il peut être ajouté que, faire appel à ce qui est appelé, « l’imagerie motrice », c’est-à- dire à la simulation des mouvements ou de séquences de mouvements, permet d’améliorer les performances. Un exemple d’étude qui montre cela. Dans cette étude, trois groupes de personnes avaient été constitués : un premier groupe devait apprendre à appuyer successivement avec chacun des doigts de sa main droite sur des touches d’un clavier, selon un certain rythme donné par un métronome et sans faire d’erreurs, 2 heures par jour pendant cinq jours ; un deuxième groupe de personnes soumis aux mêmes conditions devait seulement simuler ces gestes (l’enregistrement de l’activité des muscles permettait de s’assurer qu’ils ne bougeaient pas leurs doigts) et dans un troisième groupe (groupe contrôle), des personnes ne faisaient rien. Lorsqu’au bout de cinq jours, les performances des sujets ont été évaluées, les sujets qui devaient simuler réussissaient moins bien que ceux qui pouvaient bouger leurs doigts, mais bien mieux que les sujets du groupe « contrôle » (avant l’expérience, les performances des sujets des trois groupes étaient similaires). L’imagerie motrice est aujourd’hui utilisée par les sportifs, et notamment ceux qui ne peuvent pas s’entraîner, suite par exemple à une blessure, afin de réduire la perte de performances due à la restriction des exercices physiques. Mais cela ne s’observe que pour des mouvements connus par la personne, étant donné qu’il est difficile de simuler mentalement des mouvements que l’on n’a jamais réalisés. A partir des années 2000, le développement des techniques d’imagerie cérébrale a permis de mesurer l’activation cérébrale lorsque les sujets réalisaient ou imaginaient un mouvement. Au cours de la simulation comme lors de la réalisation sont mises en jeu les aires cérébrales spécifiques du mouvement. Mais cela, c’est une autre histoire.