Chapitre 3 PDF - Fondements du commerce international
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Ce document explore les fondements du commerce international et de l'internationalisation de la production. Il examine les objectifs d'apprentissage, notamment la théorie des avantages comparatifs et les effets du commerce international sur les pays.
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Chapitre 3 [Eco.] – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? Questionnement Objectifs d’apprentissage Quels sont les - Comprendre le rôle des dotations factorielles et tech...
Chapitre 3 [Eco.] – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? Questionnement Objectifs d’apprentissage Quels sont les - Comprendre le rôle des dotations factorielles et technologiques (avantages fondements du comparatifs) dans les échanges commerciaux et la spécialisation internationale. commerce - Comprendre le commerce entre pays comparables (différenciation des international et de produits, qualité des produits, et fragmentation de la chaîne de valeur). l’internationalisation - Comprendre que la productivité des firmes sous-tend la compétitivité d’un de la production ? pays, c’est-à-dire son aptitude à exporter. - Comprendre l’internationalisation de la chaîne de valeur et savoir l’illustrer. - Comprendre les effets induits par le commerce international : gains moyens en termes de baisse de prix, réduction des inégalités entre pays, accroissement des inégalités de revenus au sein de chaque pays ; comprendre les termes du débat entre libre-échange et protectionnisme. Introduction : Le commerce international renvoie aux échange de biens, de services (mais aussi de capitaux) entre différents pays. Il est constitué des exportations (lorsqu’un bien produit dans le pays domestique est vendu à un agent économique non résident et des importations (lorsqu’un bien est acheté par un agent du économique du pays domestique à un agent économique non résident). Le commerce international est une caractéristique très importante des économies modernes. Pour s’en rendre compte, on peut notamment s’arrêter sur cette statistique : aujourd’hui, au niveau mondial, un tiers des richesses produites sont échangées au niveau international. On peut aussi regarder une carte du trafic maritime mondial (le trafic maritime assure 90 % du commerce mondial en volume transporté) Ce phénomène soulève logiquement des interrogations : - Pourquoi produire puis échanger au niveau international ? Pourquoi les pays ne produisent-ils pas eux- même ce dont ils ont besoin au niveau national (ce que l’on appelle l’autarcie) ? - Qu’est ce qui fait que certains pays sont plus compétitifs que d’autres (ce qui se traduit par le fait qu’ils exportent plus que les autres) ? - Quelles sont les conséquences du commerce international ? Quelles sont les avantages ou les inconvénients de ce mode d’organisation de la production économique à l’échelle de la planète toute entière ? Faut-il favoriser le libre-échange (et donc encourager l’internationalisation de l’économie), ou au contraire freiner les échanges internationaux en rétablissant certaines barrières protectionnistes ? C’est à l’ensemble de ces questions que nous allons tenter de répondre dans ce chapitre. I - Comment peut-on expliquer le commerce international de biens et services ? 1.1 – Expliquer le commerce international de biens et services entre pays différents. 1.1.1 – La théorie des avantages comparatifs Chapitre 3 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? Cours Page 1/12 L’économiste anglais David Ricardo va montrer au début du 19ème siècle que les pays ont intérêt à se spécialiser et à échanger entre eux. Grâce à cette spécialisation, ils vont produire davantage que s’ils avaient produit l’intégralité des biens dont ils ont besoin. Il part de l’exemple suivant : 2 pays (le Portugal et la Grande Bretagne), qui peuvent produire 2 biens (on suppose 2 biens et 2 pays pour simplifier mais le raisonnement reste valable pour un nombre de pays et de biens beaucoup plus élevé) : Les unités sont des heures de travail nécessaires pour produire une unité de bien. Par exemple, au Portugal, il faut 80 heures de travail pour produire 1 unité de vin et 90 heures de travail pour produire 1 unité de Drap, tandis qu’en Angleterre il faut 120 heures de travail pour produire une unité de Vin, et 100 heures de travail pour produire une unité de Drap. On remarque donc que le Portugal est plus productif que l’Angleterre dans la production de vin et la production de drap. On dit que le Portugal possède un avantage absolu par rapport à l’Angleterre. La question que l’on peut alors se poser est : pourquoi le Portugal aurait-il intérêt à se spécialiser dans la production d’une des 2 biens et à commercer avec l’Angleterre puisqu’il est plus efficace que cette dernière dans la production de vin et de drap ? Voir le doc C’est là que Ricardo réalise un véritable tour de force intellectuel en montrant que les deux pays ont intérêt 1, et à se spécialiser en fonction de leurs avantages comparatifs, c’est-à-dire à produire le bien pour lequel le cette vidéo. coût relatif de production, (c’est à dire le coût d’un bien exprimée en unité d’un autre bien) est le plus faible. En effet, en se spécialisant et en échangeant entre eux, ils parviennent à produire davantage qu’en autarcie, à un prix plus faible. Le commerce international est donc un moyen d’accroître la richesse des pays. Voir le doc 2 Surtout, on tient un élément d’explication à une des questions posées en introduction : si les pays se spécialisent dans la production (et l’exportation) de certains biens ou services, c’est parce qu’ils possèdent un avantage comparatif dans ce domaine ! Cependant, l’analyse de Ricardo laisse une question en suspens : comment expliquer l’origine des avantages comparatifs ? Pourquoi les pays possèdent-ils un ou des avantages comparatifs dans un ou plusieurs domaines, et pas dans d’autres ? Pour répondre à cette question, il faut mobiliser la notion de dotation factorielle 1.1.2 – Comprendre d’où viennent les avantages comparatifs : les dotations factorielles et technologiques Les dotations factorielles La théorie néoclassique du travail, qui prolonge la pensée de D.Ricardo, va expliquer que si les pays bénéficient d’un avantage comparatif dans la production d’un bien, c’est parce qu’ils disposent de facteurs de production nécessaires pour produire ces biens en quantité abondante. C’est ce que l’on appelle les dotations factorielles, formalisée au sein du modèle HOS (du nom des travaux des 3 économistes à l’origine de ce modèle : Eli Heckscher, Bertil Ohlin et Paul Samuelson). Chapitre 3 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? Cours Page 2/12 Un des concepts clés de cette explication est l’intensité factorielle. Les producteurs utilisent des ratios différents de facteurs de production pour la production de bien différents. Par exemple, le raffinage du pétrole est une activité qui a tendance à utiliser un ratio élevé de capital par rapport au travail (on dit qu’elle est intensive en capital). Ce sont donc les pays qui disposent de quantités relatives de facteur capital élevées (par rapport aux autres facteurs) qui vont avoir un avantage comparatif pour cette activité. Inversement, une activité comme la production de téléphones est une activité intensive en travail, parce qu’elle a tendance à utiliser un ratio élevé de travail par rapport au capital. Les pays qui se spécialiseront dans cette activité seront donc ceux qui disposent de quantités relatives de facteur travail abondantes. Pour résumer : un pays aura un avantage comparatif dans un bien dont la production est intensive en facteurs relativement abondants dans ce pays en comparaison des autres pays. Voir le doc 3 L’exemple le plus spectaculaire de la validité de ce modèle est le commerce mondial de vêtements. La production de vêtements est une activité intensive en travail : elle ne nécessite pas beaucoup de capital physique, de même qu’elle ne requiert pas beaucoup de capital humain sous la forme de travailleurs très qualifiés. Il faut donc s’attendre à voir des pays où le travail est abondant tels que l’Inde et le Bangladesh, développer des avantages comparatifs dans la production de vêtements. Et c’est ce qu’ils font. Attention, les dotations factorielles ne concernent pas que le facteur travail ou le facteur capital, mais aussi les ressources naturelles : - Le Canada est abondamment doté en forêts, c’est pourquoi il produit et vend à d’autres pays du bois et les produits dérivés du bois comme la pâte et le papier. - Le Brésil dispose de quantités importantes de terres arables, ce qui permet de comprendre qu’il est le premier exportateur mondial de soja. Les dotations technologiques Dans les années 1970 et 1980, le Japon devint de loin le premier exportateur mondial d’automobiles, en vendant un grand nombre de voitures aux États-Unis et dans le reste du monde. L’avantage comparatif du Japon dans les automobiles n’était pas le résultat du climat. Il ne pouvait pas non plus facilement être attribué à des différences de dotations en facteurs. Mis à part la rareté de la terre, la combinaison des facteurs disponibles au Japon est assez semblable à celle d’autres pays avancés. Par contre l’avantage comparatif du Japon dans les automobiles reposait sur des techniques de production supérieures, ce qui lui permettait de produire davantage de voitures pour un montant donné de travail et de capital que ce qu’étaient capables de faire ses concurrents. L’avantage comparatif du Japon dans les automobiles était un cas d’avantages comparatifs créés par des différences de technologies. [...] Les causes des différences de technologie reposent parfois sur des savoirs accumulés grâce à l’expérience. Par exemple, l’avantage comparatif de la Suisse dans les montres reflète une longue tradition dans la fabrication des montres. Elles sont parfois le résultat d’un ensemble d’innovations qui pour certaines raisons apparaissent dans un pays mais pas dans d’autres. [...] A un moment donné dans le temps, les différences de technologie sont une source majeure d’avantages comparatifs. Source : D’après P. Krugman et R. Wells, Microéconomie, De Boeck Supérieur, 4ème édition, 2019 1.2 - Expliquer le commerce international de biens et services entre pays comparables On a donc expliqué dans la sous-partie précédente pourquoi des pays différents (c’est-à-dire possédant des avantages comparatifs dans différents domaines) produisaient et échangeaient des produits différents. C’est ce que l’on appelle les échanges inter-branches. Chapitre 3 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? Cours Page 3/12 Le problème, c’est que lorsqu’on observe les flux internationaux de biens et services, on se rend compte que des pays aux dotations factorielles et technologiques similaires échangent entre-eux les mêmes types de produits. Par exemple, le premier partenaire commercial de la France est… l’Allemagne ! Voir le doc 4 On appelle ce type d’échange des échanges intra-branches. Le document 4 en fournit d’ailleurs un exemple. Reste maintenant à comprendre l’origine de ces échanges intra-branches : pourquoi des pays produisent puis échangent avec d’autres pays des produits semblables ? On peut mobiliser 2 grands types d’explication : la différenciation des produits (permise notamment par le phénomène des économies d’échelle) et la fragmentation de la chaîne de valeur. 1.2.1 - La différenciation des produits Le commerce intra-branche s’explique en partie par la différenciation des produits. On distingue 2 type de différenciation des produits : - une différenciation verticale : lorsque les produits sont de qualité, de niveaux de gamme différents. Remarque : ce type de commerce intra-branche est compatible avec une analyse en termes d’avantages comparatifs. Les pays se spécialisent sur un niveau de gamme en fonction de leurs dotations relatives en travail et en technologie. Par exemple, produire une Ferrari requiert une technologie spécifique et une main d’œuvre particulièrement qualifiée, très différentes de celles requises pour produire une voiture citadine « lambda » comme une Renault Twingo par exemple. - une différenciation horizontale : lorsque les produits présentent la même qualité tout en possédant certaines caractéristiques différentes (taille, forme, couleur, design...). Dans ces conditions, le commerce entre pays comparables s’explique par les différences de goût des consommateurs. Ces derniers recherchent une large variété pour s’approcher au mieux du produit qui constitue leur idéal,bien spécifique pour chacun d’eux). Même si deux nations se caractérisent par des dotations factorielles et technologiques proches, elles ont intérêt à échanger parce que le commerce Chapitre 3 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? Cours Page 4/12 international augmente la satisfaction des consommateurs en mettant à leur disposition une diversité plus importante de biens et de services. 1.2.2 – Le rôle des économies d’échelle dans la différenciation des produits La différenciation des produits est grandement favorisée par le phénomène des économies d’échelle. En autarcie, les quantités produites par les firmes sont limitées par la taille du marché domestique. L’ouverture au commerce international permet aux firmes d’accéder à un marché beaucoup plus vaste. Elles sont donc incitées à exporter et donc produire plus, ce qui leur permet d’exploiter les économies d’échelle. Voir le doc 5 Les économies d’échelle désignent la diminution du coût moyen (c’est-à-dire le coût unitaire) lorsque les quantités produites par une entreprise augmentent (pour le comprendre, vous pouvez notamment regarder cette vidéo, jusqu’à 3’55’’) Grâce aux économies d’échelle, les consommateurs bénéficient donc de prix plus bas qu’en autarcie. 1.2.3 – La fragmentation de la chaîne de valeur La fragmentation de la chaîne de valeur désigne le processus qui consiste, pour les entreprises, à scinder la réalisation d’un produit (de sa conception jusqu’à sa commercialisation en passant par l’assemblage ou le marketing) en de multiples tâches qui ne seront pas réalisées dans le même pays, afin de des bénéficier des avantages comparatifs respectifs des différents territoires dans le monde. On parle aussi d’internationalisation de la chaîne de valeur. Cela peut conduire à des échanges de biens et services entre pays comparables. L’exemple de la fabrication d’un avion du constructeur américain Boeing illustre bien ce phénomène : Chapitre 3 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? Cours Page 5/12 Attention cependant : L’internationalisation de la chaîne de valeur ne se fait pas qu’entre pays similaires. Elle peut aussi se faire entre des pays différents. Cette fois, c’est la production d’un objet comme l’I-Phone qui peut nous à comprendre ce processus : La localisation des différentes étapes de production du produit ne s’établit pas au hasard : on peut en effet remarquer que les activités de conception ou de marketing sont plutôt localisées dans les territoires fortement dotés en main-d’œuvre qualifiée et en centres de recherche performants alors que les activités d’assemblage sont, quant à elles, surtout localisées dans les territoires dotés en main-d’œuvre peu qualifiée (cela est particulièrement vrai pour le secteur du textile par exemple). C’est ce qu’illustre notamment la « courbe du sourire », présentée dans le document 6. On se rend compte que le gain potentiel que va retirer un pays du commerce international dépend de l’endroit où il est positionné dans Voir le doc 6 cette chaîne de valeur. Tous les pays ne tirent donc peut-être pas autant parti de leur insertion dans le commerce international (à garder en tête pour la partie III) ! Petit résumé de notre réflexion : - On s’est demandé comment expliquer les échanges entre pays différents (entre pays développés et pays en développement par exemple), appelés aussi échanges inter-branches. On a vu que les différences d’avantages comparatifs, qui eux-même s’expliquaient par des différences de dotations factorielles, pouvaient expliquer ces échanges. - On s’est ensuite demandé comment expliquer les échanges entre pays similaires (entre la France et l’Allemagne par exemple), appelés aussi échanges intra-branche. On pourrait en fait dire que ce qui explique les échanges entre pays similaires, c’est que ces pays ne sont finalement pas si similaires que cela quand on y regarde de très près ! Certains pays vont maîtriser une technologie très spécifique, ou disposer d’une Chapitre 3 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? Cours Page 6/12 main d’œuvre maîtrisant un savoir-faire très particulier. Ils vont alors être en mesure de pouvoir différencier leurs produits, ou réaliser une sous-partie spécifique de la production d’un bien, c’est-à-dire un fragment très localisé de la chaîne de valeur. On va maintenant se poser une nouvelle question : pourquoi certains pays exportent-ils plus que d’autres ? II – Les liens entre productivité des entreprises et compétitivité des pays 2.1 – La notion de compétitivité d’un pays L’ouverture au commerce international a accru la concurrence au niveau des pays. L’enjeu pour ces pays est donc de préserver ou d’améliorer leur compétitivité. On peut définir la compétitivité pour un pays comme la capacité de son secteur productif à répondre à la demande intérieure et étrangère. On distingue généralement : - la compétitivité-prix, qui est la capacité à produire à des prix inférieurs à ceux des concurrents pour une qualité équivalente, et - la compétitivité hors-prix, qui est la capacité à imposer ses produits indépendamment de leur prix (mais grâce à leur qualité, leur caractère innovant, le services après-vente, les délais de livraison, l’image de marque, etc.) Exemple de firme qui mise sur un forte compétitivité-prix : ……………………………………… Exemple de firme qui mise sur un forte compétitivité hors-prix : ……………………………………… On mesure la compétitivité d’un pays à travers les parts de marché qu’il réalise, c’est à dire la part que Voir le doc 7 représente les exportations de ce pays dans le total des exportations mondiales. Reste maintenant à expliquer pourquoi certains pays sont plus compétitifs que d’autres ? Ce que nous allons voir, c’est que la compétitivité d’un pays s’explique avant tout par la productivité de quelques entreprises, aux caractéristiques particulières. 2.2 – Comment expliquer les différences de compétitivité entre les pays ? Pour répondre à cette question, il est possible de partir la statistique suivante : en 2015, seules 9,3 % des firmes françaises (hors microentreprises et autoentrepreneurs) déclaraient des exportations selon l’INSEE. L’immense majorité des firmes françaises (plus de 90 %) n’exporte donc pas ! De plus, les deux tiers des exportations françaises étaient réalisés par 1% des exportateurs, appelés « superstars ». On peut donc en conclure que ce qui fait la compétitivité d’un pays, c’est la capacité à exporter de quelques grandes entreprises. Reste maintenant à comprendre comment certaines entreprises parviennent à s’imposer sur le marché mondial. Une des clés réside dans leur productivité. Rappel : La productivité désigne le rapport entre les quantités produites et la quantité de facteurs de production nécessaires pour l’obtenir Une productivité élevée est en effet essentiel pour exporter car : - elle permet de produire à des prix attractifs, et donc de capter une partie de la demande étrangère. - elle permet de faire face aux surcoûts engendrés par le fait de se développer à l’international (transport, recherche de partenaires, adaptation du produit au marché local, etc.) Chapitre 3 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? Cours Page 7/12 - elle permet de dégager les ressources financières nécessaires à certaines dépenses indispensables pour consolider la compétitivité hors-prix de ses produits (R&D, marketing, communication,etc.) On peut schématiser la relation entre productivité des firmes et compétitivité d’un pays de la sorte : Ce point de cours est l’occasion de retravailler les indices : voir le doc 8 III– Les effets induits par le commerce international 3.1 Les effets globalement positifs du commerce international Un consensus semble établir pour reconnaître que les effets potentiels du commerce international sont Voir le doc 9 globalement positifs : - grâce à une allocation optimale des ressources, le commerce international permet des gains de productivité qui se traduisent par des prix plus bas pour le consommateur, et des profits plus élevés pour les entreprises. - Le commerce international permet aussi, en augmentant la taille des marchés, de bénéficier d’économies d’échelles, ce qui permet là aussi de produire à des prix plus faibles et d’améliorer les marges des entreprises. - Le commerce international permet aussi aux consommateurs de bénéficier de biens plus innovants et de meilleure qualité grâce à l’intensification de la concurrence existant entre les entreprises. - Enfin, grâce aux transferts de technologie, le commerce international favorise le rattrapage technologique des pays en développement sur les pays riches, participant ainsi à réduire les inégalités entre les différents pays. Au delà des transferts de technologies, les pays les moins développés peuvent déployer des stratégies de Voir le doc 10 remontées de filières, qui leur permettent de combler leur retard économique sur les pays les plus riches, tel qu’il l’est expliqué dans le document 10. Cependant, si on trouve bien des exemples de remontées de filières (Chine, Inde,…), l’impact global du commerce international sur les inégalités est plus délicat à appréhender. Pour étudier cet impact, on procède généralement en 2 temps : en étudiant d’abord l’évolution des inégalités entre les pays, et ensuite en se demandant comment les inégalités ont évolué à l’intérieur des pays. 3.2 L’impact contrasté du commerce international sur les inégalités Chapitre 3 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? Cours Page 8/12 Note : Le coefficient de Theil, comme le coefficient de Gini, mesure l’écart entre la distribution constatée et la distribution égalitaire, mais il n’est pas estimé à partir de la courbe de Lorenz. Il varie entre 0 = log 1 (distribution parfaitement égalitaire) et log N (un seul individu détient l’ensemble des revenus), N étant la taille de la population L’inégalité mondiale se définit comme l’inégalité entre tous les citoyens du monde. Les données nous montrent que cette inégalité mondiale a eu tendance à diminue sur la période récente (1990-2010). Mais ce qui nous intéresse particulièrement ici, c’est la réduction des inégalités entre les pays sur cette même période. En effet, on peut expliquer une partie de cette baisse par le commerce international : La réduction de l’inégalité entre les pays depuis les années 1990 s’explique essentiellement par l’émergence de grandes nations, comme l’Inde ou la Chine tout particulièrement. En s’insérant dans les chaînes de valeur mondiales, ces pays fortement peuplés ont connu un rattrapage économique et de vastes classes moyennes sont apparues faisant de facto reculer l’inégalité internationale. Par exemple, Branko Milanovic (2019) montre qu’en l’espace de deux décennies (1988-2011), les revenus par tête (après impôts) du huitième décile chinois ont rattrapé ceux du deuxième décile américain (pourtant dix fois supérieurs initialement). De plus, la réduction des inégalités économiques entre les pays est compatible avec les prédictions du Voir le doc 11 modèle HOS, étudié dans la première partie de ce cours. On remarque cependant que les inégalités économiques à l’intérieur des pays ne diminuent pas entre 1990 et 2010, elles ont même tendance à légèrement augmenter. De la même manière que le modèle HOS permettait de prévoir la réduction des inégalités entre les pays, il Voir le doc 12 nous permet aussi d’expliquer l’augmentation des inégalités à l’intérieur des pays riches (voir pour cela le document12). Cependant, les inégalités augmentent aussi à l’intérieur des pays en développement (PED) (cf document Voir le doc 13 13), ce qui n’était pas prévu par le modèle HOS. On peut expliquer cela par le fait que l’entrée dans la mondialisation des pays émergents à bas salaire ont conduit les firmes transnationales à localiser dans ces pays les tâches les plus intensives en travail non qualifié qui étaient jusqu’alors encore produites dans les pays du Nord. Toutefois, ces tâches sont plus intensives en travail qualifié que les tâches qui étaient auparavant réalisées dans les PED. Il en résulte donc une hausse des inégalités dans les PED, parce que la Chapitre 3 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? Cours Page 9/12 hausse de la demande de travail un peu plus qualifié fait aussi augmenter le revenu de ceux qui possèdent quelques qualifications. IV – Le débat entre libre-échange et protectionnisme On a vu dans la partie précédente que le commerce international générait, en moyenne, des gains. Mais une tendance moyenne masque souvent des situations individuelles très contrastées, et l’on a vu que certaines catégories de travailleurs ou certaines nations ne bénéficiaient pas de ces gains de manière homogène. De plus, les gains du commerce international sont surtout démontrés au niveau théorique. Mais les hypothèses qui encadrent ces théories ne sont pas forcément valables dans le monde réel. De la même manière, certains effets pervers du commerce international échappent au cadre théorique de départ. Tous ces éléments font que certains économistes, hommes politiques et citoyens considèrent que le commerce international est une bonne chose, et donc doit être renforcé : Ils sont en faveur du libre- échange. Inversement, une autre position consiste à alerter sur les effets pervers potentiels du commerce international et à vouloir le limiter : ils sont en faveur du protectionnisme. En quoi consistent ces 2 notions précisément ? Quels sont leurs forces et faiblesses respectives ? C’est l’objet de cette dernière partie. 4.1 – Libre-échange, protectionnisme : de quoi parle-t-on ? On parle de libre-échange lorsqu’il n’existe aucune entrave au commerce international, c’est-à-dire que les biens, le services, les capitaux et le facteur travail peuvent circuler librement d’un pays à un autre. Depuis la fin de la 2nde Guerre Mondiale, le libre échange a été renforcé, notamment via - le GATT (General Agreement on Tarifs and Trade) signé au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en 1947, est donc l’objectif était de baisser les droits de douane et donc favoriser le commerce international. - puis l’OMC (Organisation mondiale du commerce), qui a remplacé le GATT en 1995, et qui poursuit les mêmes objectifs Le protectionnisme quant à lui est une démarche visant à protéger de la concurrence internationale le marché intérieur d’un pays, par différentes mesures, détaillées dans le document 14. Il est particulièrement important de faire la différence entre les barrières tarifaires et les barrières non tarifaires, et de connaître Voir le doc 14 2 ou 3 exemples de mesures concrètes qui relèvent du protectionnisme. 4.2 – Le débat entre libre-échange et protectionnisme Pour comprendre le débat entre libre-échange et protectionnisme, il faut se demander quels sont les avantages respectifs de l’un et de l’autre. Concernant le libre-échange, on en a déjà étudiés les effets positifs dans le 3.1 de ce cours, ainsi que dans les documents 9 et 10. Nous ne reviendrons pas dessus. Il convient donc de s’interroger sur les arguments plaidant en faveur du protectionnisme. Le premier d’entre eux est le protectionnisme éducateur, théorisé par l’économiste allemand F.List au début du XIXème siècle. Selon lui, les industries des pays en développement sont nécessairement désavantagées par rapport à celles des pays les plus avancés économiquement, principalement en raison des économies d’échelle : puisque ces dernières permettent des prix de plus en plus bas à mesure que la production augmente, un secteur industriel naissant (où la production est Chapitre 3 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? Cours Page 10/12 relativement faible) ne peut donc concurrencer un secteur industriel mature, qui produit beaucoup, et donc à bas coût. Pour List, il convient donc de protéger temporairement les « industries dans l’enfance » par des barrières protectionnistes temporaires (par exemples des droits de douane), le temps que ces industries parviennent à des niveaux de production leur permettant d’être compétitives au niveau international. Une fois ce stade de la maturité atteint, il convient de lever ces barrières protectionnistes. Autrement dit, le protectionnisme prôné par List est un protectionnisme à la fois limité (aux secteurs industriels pas encore parvenus à maturité) et provisoire. Le protectionnisme éducateur comporte aussi des limites. Mal appliqué (c’est-à-dire notamment si les mesures protectionnistes sont appliquées trop longtemps, ou à un secteur qui ne parviendra jamais à faire face à la concurrence internationale), il peut conduire à ce que les consommateurs du pays appliquant ce genre de mesure soient confrontés à des produits de moins bonne qualité et à des prix beaucoup plus élevés. C’est par exemple ce qu’il s’est passé au Brésil dans les années 1980. Une série de mesures protectionnistes avaient été mises en place afin de protéger le secteur informatique naissant, notamment vis-à-vis de la concurrence américaine. Alors que la production d’équipements informatiques était inexistante en 1974, le secteur représentait en 1986 1,5 milliard de dollars de chiffre d’affaires et employait 16 000 salariés. Le problème, c’est que le manque de compétitivité des biens informatiques brésiliens (prix en moyenne 2,5 fois plus chers que les concurrents étrangers pour des performances bien plus faibles) était tel que les acheteurs se sont tournés vers les produits de contrebande. De plus, ce protectionnisme a contribué à retarder la modernisation de toute l’industrie brésilienne (obligée d’utiliser du matériel moins performant qu’en situation de libre-échange). Chapitre 3 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? Cours Page 11/12 Il existe cependant d’autres justifications au protectionnisme : - lutter contre le dumping social, fiscal ou écologique. Le dumping consiste à proposer des prix artificiellement bas. Par exemple, certains pays parviennent à obtenir un avantage comparatif parce qu’ils pratiquent : ►du dumping écologique : l’absence de normes environnementales (ou de moyens pour les faire appliquer) dans certains pays a pour conséquence de baisser les coûts de production (il s’agit le plus souvent de pays en développement). Cependant, cette concurrence est déloyale vis-à-vis des pays (le plus souvent des pays développés), qui subissent des coûts de production élevés en raison du fait qu’ils utilisent des procédés de production plus coûteux car respectant certaines normes écologiques. Par exemple, une grande partie des déchets plastiques français est exportée en Malaisie, comme le montre cette vidéo. Certains plaident donc pour la mise en place de mesures protectionnistes (comme des droits de douane par exemple), afin de supprimer l’avantage de coût obtenu artificiellement par les pays qui pratiquent ce type de dumping. ►du dumping fiscal : il s’agit d’une pratique qui vise à attirer les filiales des firmes transnationales dans un pays en pratiquant un taux d’imposition sur les sociétés beaucoup plus faibles que les autres pays. Le problème, c’est que cela représente un manque à gagner très important en termes de recettes fiscales pour les autres pays, qui pratiquent des taux plus élevés. C’est de plus un comportement de passager clandestin, car cette stratégie ne fonctionne qu’à une seule condition : un seul pays taxe peu, les autres pays taxent beaucoup. Dans le cas contraire, tout le monde est perdant (tout les pays taxent peu au lieu de taxer beaucoup). C’est notamment ce que pratique l’Irlande aujourd’hui en Europe (voir par exemple cette vidéo, jusqu’à 2’22’’). Des droits de douane frappant les exportations de ces pays pratiquant ce type de dumping seraient pour certains un moyen qu’ils alignent leur taux d’imposition des sociétés sur ceux des autres pays (toutefois, les droits de douane entre pays membres de l’Union Européenne sont absolument interdits). ►du dumping social : cela consiste pour un pays à obtenir un avantage comparatif en pratiquant des salaires très faibles, une réglementation très laxiste à propos des conditions de travail et l’absence de protection sociale (voir par exemple cette vidéo). Cette fois, le problème est que ce dumping menace directement les travailleurs des pays développés, car le faible coût du travail dans les pays pratiquant ce type de dumping peut inciter les FTN à y délocaliser une partie de leur production. Les travailleurs des pays développés sont alors confronté à un dilemme : - accepter une baisse de leur salaire, et/ou une dégradation de leurs conditions de travail (travailler plus pour un salaire inchangé par exemple), ou un effritement de leur degré de protection sociale (moins de droits au chômage, à la retraite…), - ou perdre leur emploi. Là encore, certains économistes et ONG plaident pour la mise en place de droits de douane visant ces productions à prix artificiellement bas, car les avantages comparatifs doivent refléter le jeu d’une concurrence libre et non faussée. Or, le dumping (qu’il soit fiscal, social ou écologique) fausse la Voir le doc 15 concurrence. Chapitre 3 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? Cours Page 12/12