Sociologie des Partis Politiques

La Sociologie des Partis Politiques

• Les partis politiques sont des acteurs centraux de la vie politique depuis la fin du 19e siècle.
• L'existence des partis d'un pays détermine le fonctionnement des régimes politiques.
• Dans les dictatures, un parti unique encadre la population et permet une domination totale.
• Dans les démocraties pluralistes, la compétition politique s'organise entre plusieurs partis pour la conquête du pouvoir.
• Les partis détiennent le monopole de l’offre électorale et contrôlent les institutions politiques.
• Ils jouent un rôle majeur dans la sélection des gouvernants.
• Les régimes politiques modernes ont un rôle central.
• La science politique considère les partis comme un objet structurant et des objets canoniques de recherche.

Introduction: Une Longue Tradition de Recherche

• Entre le 19e et le 20e siècle, les premiers ouvrages d’étude des partis politiques ont été publiés.
• Ces publications marquent l’inauguration de l’étude des partis politiques.

Les Pères Fondateurs

• Parmi les premiers chercheurs, on retrouve James Bryce, parlementaire et universitaire.
• Moisei Ostrogorski était un chercheur russe (1854-1951).
• Ostrogorski a étudié les sciences politiques, a voyagé aux États-Unis et en Angleterre, et s’est inspiré de Tocqueville et Montesquieu.
• Dans son ouvrage de 1902, Ostrogorski a souligné les liens entre l'émergence des partis et le développement de la démocratie en Angleterre.
• L'extension du suffrage impose la mobilisation rationnelle des électeurs par les partis.
• Ostrogorski note la création progressive de machines électorales et l’utilisation croissante de professionnels de la politique.
• Ostrogorski adhère à la philosophie libérale, critiquant les effets pervers de la politique et reste un réformateur social.
• Il critique le manichéisme (partis omnibus simplifiant l'offre politique et partis ad hoc pour une question spécifique), l'embrigadement politique, et le durcissement des conflits politiques.
• En tant que réformateur, il propose de substituer les partis omnibus par des partis ad hoc.
• Selon Ostrogorski, les partis omnibus proposent un programme sur toutes les questions du débat politique.
• Les partis ad hoc se concentrent sur une seule question et disparaissent une fois le problème résolu.
• Ostrogorski aspirait à ce que ces partis ad hoc se manifestent pour d’autres objets.
• Il pensait que ce type d’organisation engendrerait des citoyens moins passifs, soutenant des candidats avec des programmes qu’ils jugent essentiels.
• Roberto Michels (Zur Soziologie des Parteiwesens in der modernen Demokratie, 1911) a inspiré la théorie des élites de Mosca et de Pareto.
• L'œuvre de Michels est basée sur une analyse sociologique du parti social-démocrate allemand.
• Michels souligne que ce parti est une micro-société alternative avec des associations satellites offrant des services aux membres.
• Michels dans son ouvrage insiste sur les contradictions et les dérives des fonctionnements partisans.
• Son étude critique les partis faits pour être des instruments de la démocratie
• Il montre que les exigences de la compétition démocratique et la bureaucratie vont ensemble car les partis doivent prendre des décisions rapides.
• Conséquence : la base du parti est rapidement dépourvue de tous pouvoirs car les organisations à la base issues du peuple échappent à son contrôle.
• L'ouvrage de Michels a été critiqué pour s’être trop appuyé sur un seul parti (SDA) et pour avoir mélangé jugement de valeur et analyse politologue.
• Son mérite : attire l’attention sur les difficultés d’organiser la démocratie et les ambiguïtés de toutes les émiraties représentatives.
• Michel insiste sur les contradictions et dérives des fonctionnements partisans, la professionnalisation des dirigeants, et la bureaucratisation des partis.
• Michels propose une rotation institutionnalisée des mandats et une division des responsabilités.
• Max Weber (Le métier et la vocation de l’homme politique, Économie et société, 1919) est un classique de la sociologie.
• Weber doit son statut à sa notabilité sociologique, sa sociologie des partis n'est pas comparable à ses sociologies économique et religieuse.
• Son étude de l'État est plus riche que son étude des partis politiques.
• Weber insiste sur la professionnalisation de la politique à l’époque moderne: dans son ouvrage « Eco et société » et sa conférence « Le métier et la vocation de l’homme pol ».
• La politique devient une activité principale, exercée par des notables auparavant.
• La professionnalisation de la politique s’accomplit dans les partis politiques, définis comme des organisations à adhésion libre.
• Les partis cherchent à faire accéder leur chef au pouvoir et permettent aux militants de défendre une cause ou retirer des avantages de leur fidélité.
• Au XIXe siècle, les partis se développent sur le mode de la légitimité légale et rationnelle.
• L'entreprise politique devient organisée et bureaucratisée selon la compétition électorale.
• Simultanément on note l'existence d'entreprises politiques traditionnelles. 
• La domination des notables est concurrencée par l'organisation moderne des partis.
• Pour Weber, les nouvelles formations sont des enfants de la démocratie, du suffrage universel, et de la nécessité de recruter et d'organiser les masses.
• Weber note l’évolution des PP vers une unification rigide au sommet et une discipline sévère aux différents échelons.
• Entre les années 1950 et 1970, le champ d'étude a été posé à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.
• Surtout après la Seconde Guerre mondiale, de nouvelles synthèses théoriques ont émergé.

Nouvelles Synthèses

• Maurice Duverger (Les Partis Politiques, 1951) demeure une référence.
• Duverger avait un juridisme politique
• Rupture avec les approches libérales axées sur les croyances unissant les membres et les analyses marxistes sur la base sociale des partis.
• Il s'inspire d'Ostrogorski et Michels, mettant l'accent sur l'organisation partisane en distinguant origine parlementaire et externe.
• Il dresse une typologie selon la force d’articulation des structures et leurs niveaux de centralisation.
• Il distingue idéalement les partis de cadre et les partis de masse.
• La typologie binaire de Duverger a été critiquée car la distinction entre partis de cadre et de masse semblait inadaptée.
• Distinction des partis selon leurs organisations, idéologies et bases sociales.
• Pour Duverger, partis de droite = partis de cadre contre partis socialistes = partis de masse contrôlant leurs adhérents politiquement.
• Il distingue les partis de masse totalitaires (communistes/fascistes) où toute la vie de l'adhérent est marquée par son appartenance.
• Duverger s’intéresse aux systèmes de partis, soulignant l'influence des modes de scrutin.
• Le vote majoritaire favorise le bipartisme alors que le scrutin proportionnel favorise les partis multiples.
• Typologie binaire des partis de cadre et de masse : adaptée
• Otto Kirchheimer a inventé la catégorie de « catch-all party » (naissance en 1905, mort en 1965).
• Selon lui, les partis s'intéressent plus au rassemblement électoral maximal autour de valeurs consensuelles.
• Sa classification est plus pertinente que celle de Duverger, car de plus en plus de PP (partis politiques) se désintéressent de la formation des militants.
• En France, c’est Jean Charlot (le parti des électeurs, 1901-1976) qui a repris les idées de Kirchheimer
• Pour Charlot, le parti des électeurs ne peut être un parti de cadre car il cherche à attirer de nombreux adhérents et à mettre en place une machine politique permanente.
• Son objectif principal est la mobilisation électorale, dénuée d'idéologie structurée.
• Il ne reprend pas le nom de Kirchheimer mais invente la notion de parti des électeurs.
• Autre différence avec Kirchheimer, le catch-all part est un modèle de généralisation qui remplace les partis de masse et parti de cadre.
• Pour Charlot, les deux types peuvent coexister.
• Stein Rokkan (politiste et sociologue) propose une explication génétique des partis politiques.
• Selon Rokkan, les PP expriment les conflits centraux d'une société et contribuent à sa pacification progressive.
• Il ne distingue pas les PP (partis politiques) selon leur organisa-tion interne mais selon le type de conflits et de clivages qu'ils représentent.
• Chaque PP est selon lui héritier d'une longue histoire: travaux devenus incontournables.
• La littérature sur les PP a été abondante en France jusqu’en 1980, un champ d’étude délaissé à la fin du XXe siècle.
• L’intérêt des chercheurs s’est déplacé de l'analyse interne de l'organisation partisane vers celle des électorats.
• Il y a une préférence pour l'analyse sur la forme d'action protestataire et minoritaire.
• On constante une absence d'Intérêt pour les PP, ce qui reflète leur crise et perte d'influence par PP.
• La crise des PP est loin d’être exclusivement française.

Pour Expliquer la Cri