La Troisième République jusqu'en 1914

La Troisième République : L'affirmation du projet républicain jusqu'en 1914

• La Troisième République est proclamée le 4 septembre 1870 après que Napoléon III ait été fait prisonnier par les Prussiens.
• Ce fut le régime le plus stable et le plus long du XIXe siècle en France, durant 70 ans et survivant même à la Première Guerre mondiale.
• La question centrale est de savoir comment le projet républicain s'est affirmé et imposé en France de 1870 à 1914.

I / La naissance difficile de la Troisième République

A / Une naissance difficile dans un contexte de crise

• En 1870, les Républicains ont continué la guerre contre l'Allemagne, mais Paris a été assiégé ; en 1871, la République est contrainte de faire la paix.
• Le traité de Francfort (mai 1871) entraîne la perte de l'Alsace-Moselle, soit 20% du potentiel minier et sidérurgique français, et le versement d'une indemnité de 5 milliards de francs-or.
• Aux élections législatives de février 1871, les monarchistes, partisans de la paix, ont battu les républicains, partisans de la poursuite de la guerre. La République est donc gouvernée par une majorité monarchiste.
• Une partie de la population parisienne se soulève contre le gouvernement provisoire d'Adolphe Thiers, menant à la création de la Commune de Paris.
• Deux visions de la République s'opposent : une république bourgeoise à Versailles, et une république démocratique et sociale à Paris.
• La Semaine sanglante (21-28 mai 1871) voit l'armée réprimer brutalement le mouvement communal, faisant plus de 10 000 morts et 13 000 condamnations.

B / Les Républicains à la conquête de la République

• Les monarchistes sont divisés entre Légitimistes et Orléanistes ; Henri, comte de Chambord, refuse le drapeau tricolore, faisant échouer les tentatives de restauration.
• Leur candidat, Louis-Napoléon Bonaparte, est tué en Afrique du Sud en 1879.
• Face à ces échecs, les républicains « opportunistes » comme Léon Gambetta proposent des réformes modérées, séduisant les électeurs conservateurs.
• Les républicains gagnent progressivement du terrain et forment des gouvernements dès 1876 ; Jules Grévy devient président en 1879.
• En 1914, la majorité des députés sont républicains

II / La diffusion d'une culture républicaine commune

A / Faire adhérer les Français par les symboles

• La mise en avant du drapeau tricolore, de la figure de Marianne, et l'adoption de La Marseillaise contribuent à incarner la République.
• La panthéonisation de figures républicaines comme Victor Hugo renforce l'attachement aux valeurs de la Révolution de 1789.

B / Une République libérale qui apporte des droits

• La Troisième République est un régime parlementaire basé sur le suffrage universel masculin et la séparation des pouvoirs.
• Les droits de réunion et d'association, ainsi que la légalisation des syndicats, contribuent au pluralisme politique et à la liberté.
• Les femmes sont exclues de la vie politique, malgré les revendications féministes.

C / L'instrumentalisation de l'école et du service militaire

• Les lois scolaires de Jules Ferry en 1881-1882 instaurent l'école primaire gratuite, laïque et obligatoire jusqu'à 13 ans.
• Les instituteurs, appelés « hussards noirs de la République », jouent un rôle important dans la diffusion des valeurs républicaines.
• Le service militaire obligatoire développe le patriotisme et renforce l'unité linguistique et culturelle.

III / La République face aux contestations

A / La République face à la montée de l'antiparlementarisme

• La République est affectée par le scandale des décorations et le scandale de Panama, alimentant l'antiparlementarisme.
• La crise boulangiste (1886-1889), menée par le général Boulanger, révèle les tensions et favorise l'émergence d'une nouvelle extrême-droite.

B / L'Affaire Dreyfus (1894-1906)

• L'Affaire Dreyfus, concernant un officier accusé d'espionnage, passionne et divise les Français, opposant dreyfusards et antidreyfusards.
• Cette affaire souligne l'importance de la presse, des valeurs républicaines et de l'État de droit.
• L'Affaire Dreyfus contribue également à l'affirmation d'une extrême droite antiparlementariste.

D / La loi de 1905 : la République et l'Eglise catholique

• L'Église catholique est hostile à la République, tandis que certains républicains sont anticléricaux.
• La loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l'État garantit la liberté de conscience et la neutralité de l'État envers les religions.

Conclusion

• Entre 1870 et 1914, la République s'impose en France, établissant une démocratie libérale.
• Les oppositions à l'extrême-gauche et à l'extrême-droite ne parviennent pas à menacer la stabilité du régime.
• Le suffrage universel et la valorisation des symboles républicains contribuent à l'adhésion des Français.