Culture et société romaines

Introduction

• Le cours vise à découvrir les facettes de la culture romaine à travers sa littérature et son histoire, en mettant l'accent sur les trois grandes étapes de son histoire : la royauté, la République et l'Empire.
• L'accent est mis sur la période républicaine.
• L'Empire est distingué dans le sens politique (régime succédant à la République) et le sens territorial (domaine romain issu des conquêtes).
• Bien comprendre la société romaine: détailler les institutions centrales, les règles et la manière dont elle se représente les citoyens.
• Le concept d'étranger à Rome est complexe, bien qu'il puisse sembler simple au premier abord.
• L'étranger est celui qui ne possède pas la « nationalité » romaine ou le « droit de cité », renvoyant aux peuples vivant en dehors du territoire romain.
• La notion d'étranger est à l'origine du mot français, dérivé du latin externus, signifiant « celui de l'extérieur ».
• L'étranger est aussi une figure interne à la société romaine, constituée d'hommes libres non citoyens romains vivant au cœur de l'empire.
• La dualité est plus complexe en raison des nombreux cas intermédiaires, tels que les populations conquises qui ne sont pas réduites en esclavage.
• Ces statuts se diversifient à mesure que l'empire grandit et qu'il n'existe généralement pas de cadre unique.
• La séparation entre le Romain et l'étranger est moins tranchée qu'on ne le croit, même d'un point de vue juridique.
• Les statuts intermédiaires continuent d'évoluer avec les empereurs, jusqu'à ce que l'édit de Caracalla étende la citoyenneté à tous les habitants de l'empire, en 212 apr. J.-C.
• Cette évolution ne concerne pas la période républicaine.
• La complexité vient des différences entre le terme français « étranger » et ses traductions latines, telles que externus, alienus, advena, incola, barbarus et peregrinus.
• Les traductions latines reflètent les différentes situations pratiques, les perceptions culturelles et la distance entre les catégories antiques et les nôtres.
• La catégorie « étranger » unit dans un même mot un statut juridique et une altérité, définie par différenciation, en fonction de la manière dont un groupe perçoit, socialement et individuellement, un être extérieur.

Plan d'étude

• Examen des définitions pour circonscrire le champ de l'étude.
• Rappel des notions fondamentales, tels que les cadres juridiques de la société romaine et ses bases culturelles.
• Rôle de l'étranger dans les légendes fondatrices romaines et la façon dont les Romains se définissent comme d'éternels étrangers.
• Intérêt porté à l'étranger dans un sens juridique, notamment au statut des colonies et des provinces, ainsi qu'aux hommes libres vivant à Rome sous un statut légal spécifique.
• Étude des représentations culturelles liées à la figure de l'étranger, comme la caractérisation des peuples conquis, ennemis ou alliés.

Définitions

• Si definire signifie « tracer une frontière » en latin, les définitions du terme étranger nous mènent à comprendre combien les concepts romains se différencient des nôtres.

Le Terme « d'étranger » en Français

• Le terme français « d'étranger » se distingue par son vaste champ d'application, s'opposant au familier, au domestique et au national, selon le contexte.
• Il s'agit d'une définition relative qui renvoie à un couple de contraires, comme, dans le domaine du droit d'un État, où l'étranger n'est pas un citoyen.
• La relativité se traduit également par une dépendance au contexte, où un citoyen local devient étranger lorsqu'il traverse la frontière d'un autre pays.
• En français, l'opposition clivant l'étranger à son contraire s'étend sur divers aspects autres que juridique, civique et national, incluant également ce qui distingue un membre intégré d'une communauté.
• Le français ne distingue pas les notions d'étranger à un État et d'étranger à un groupe informel, contrairement à d'autres langues comme l'anglais (foreigner/stranger) et l'allemand (Ausländer/Fremd).
• La notion « d'étranger » en français sous-tend les altérités spatiales, juridiques, nationales, culturelles, intellectuelles, sociales et personnelles, relevant à la fois de l'objectivité du droit et de la subjectivité des sentiments.
• La séparation lexicale en français distingue l'étranger de l'étrange quant au caractère insolite, pouvant susciter un trouble, dans laquelle seul « l'étrange » peut être substantivé, alors que « l'étranger » se veut à la fois multiple dans ses acceptions.
• Historiquement, le terme « étranger » s'est formé au XIVe siècle, se détachant de l'adjectif « étrange » ou « estrange », auparavant utilisés dans tous les cas.
• « Estrange » est un dérivé direct du latin extraneus, voulant dire « celui du dehors ».
• En latin, l'adjectif extraneus possède plusieurs synonymes quasi-similaires : exter, exterus, externus, tous pouvant désigner l'étranger dans un certain sens.
• L'emploi de << forain >> était utilisé dans un sens juridique pour nommer des marchands domiciliés dans une autre ville et devant payer un impôt.

Précaution Préalable

• Le premier élément à prendre en compte est la distinction entre les gens libres et les esclaves afin d'éviter d'appliquer des visions contemporaines à des réalités antiques.
• L'esclavage est la plus importante de toutes les distinctions humaines dans ces sociétés : nul clivage n'est plus fondamental.
• Même avec les différents types d'esclavage ayant pu exister, tous les esclaves partagent un même statut, étant juridiquement définis comme des choses (res) privées de leur liberté.

Conséquences du clivage découlant de l'esclavage

• Le droit des étrangers n'existe pas pour les esclaves, car seul le droit servile compte.
• L'étranger se définit d'abord comme une personne libre, placée dans un rapport atypique avec la vie civique.
• L'origine géographique des esclaves est prise en compte lors de leur vente, avec des distinctions de groupes prisé pour leur expertise (ex. les archers scythes).
• Origine des esclaves ne change pas fondamentalement leur statut et c'est l'origine du maître qui prime.
• Le terme verna distingue clairement les esclaves selon leur origine, désignant ceux nés dans la maison, à titre d'esclave de naissance.
• Les vernae ne s'opposent pas aux esclaves « étrangers » en tant qu'épithète, mais à ceux achetés.
• Un homme ou une femme libres, même issus de fort loin, partagent un point commun fondamental avec le consul : la liberté et la possession de sa propre personne.
• Le droit de chaque individus est d'abord défini par son statut juridique, car les notions modernes de culture ou d'ethnicité n'ont guère de sens dans l'Antiquité.

Termes Généraux

• Externus(exter, exterus, extraneus): référence à un lieu hors de la communauté, une valeur spatiale, l'étranger comme voyageur ou être « venu de l'extérieur ».
• Aliénus: issu d'un pronom indéfini signifiant littéralement « autre », décrit un écart de nature, comme une qualité essentielle à l'individu.

Altérité Juridique

• Ni externus ni alienus ne définissent un cadre juridique.
• Les Romains désignent les étrangers résidant sur leur sol de multiples manières, plutôt qu'avec un concept unifié, en raison d'une grande diversité de situations légales.
• Advena: celui qui est venu vers un lieu, étranger de passage, qui n'est pas nécessairement exclus des réseaux locaux de sociabilité, mais ne reste tout de même pas assez longtemps pour que son accueil doive être encadré juridiquement.
• Peregrinus: de per, « à travers », et ager, « domaine », signifie littéralement « celui qui a changé de territoire », et peut devenir un résident officiel, qui concerne une population plus vaste de migrants individuels. ce statut est pour la plupart des Italiens jusqu'à ce que la totalité de l'Italie obtienne le droit de cité.
• Incola: « établi (col-) dans un lieu (in) »; s'il demeure assez longtemps dans sa cité d'accueil (au moins 10 ans) et commence à s'intégrer, alors il devient un incola. Ils ont le devoir de payer des impôts, ce qui leur donne un rôle plus actif dans la vie communautaire, mais ne sont pas encore pleinement citoyens.
• Socius: terme militaire qui désigne un compagnon, un associé, un allié ayant conclu un traité (foedus), vaincus mais de bonne composition et ayant évité la réduction en esclavage. C'est la grande source des troupes de l'empire.
• Foederatus: lié par un pacte (foedus). Ils doivent initialement leur condition à un traité, mais ce terme est utilisé plus tard pour désigner une quasi-autonomie aux marges du territoire romain.