Croissance et Maturation (3-5 ans)

Croissance physique et maturation cérébrale (3-5 ans)

• La croissance physique ralentit après 2 ans, mais reste régulière, avec une croissance annuelle d'environ 5 à 7 cm et une prise de poids de 2 à 3 kg entre 3 et 5 ans.
• Le cerveau atteint environ 90 % de son volume adulte vers l'âge de 6 ans.
• La latéralisation cérébrale progresse, spécialisant chaque hémisphère, notamment pour le langage (souvent à gauche) et la dominance manuelle (préférence pour la main droite ou gauche).
• La maturation de structures cérébrales telles que l'hippocampe et la formation réticulée améliore l'attention et la mémoire.

Développement de la motricité globale et fine

• Les habiletés motrices fondamentales (courir, sauter, lancer) s'affinent, étant généralement maîtrisées vers 7-8 ans, servant de base aux habiletés sportives et artistiques.
• La motricité fine progresse rapidement entre 3 et 5 ans.
• À 3 ans, l'enfant peut visser/dévisser un couvercle et commence à tenir un crayon avec une prise à quatre doigts (quadripode).
• Vers 4 ans, la prise à trois doigts (tripode) apparaît, permettant l'utilisation correcte d'un pinceau, la réalisation d'un nœud simple et l'assemblage d'un casse-tête d'une quinzaine de pièces.
• À 5 ans, la préférence pour la main droite ou gauche (latéralité manuelle) est établie, et la tenue du crayon devient assurée.
• L'évolution de la motricité fine se reflète dans les dessins : à 2-3 ans, l'enfant dessine un bonhomme simplifié ; à 4-5 ans, le bonhomme comporte plus de détails et de parties du corps, témoignant d'une meilleure coordination œil-main.

Santé, nutrition et sommeil

• Les enfants d'âge préscolaire sont généralement en bonne santé, avec une diminution des maladies grâce à la vaccination.
• La pauvreté peut entraîner malnutrition et retards de croissance.
• Les allergies et intolérances alimentaires peuvent apparaître à cet âge.
• L'exposition aux polluants environnementaux peut nuire au développement.
• Les accidents domestiques et routiers sont une cause importante de blessures, soulignant l'importance de la supervision et de la prévention.
• Le sommeil reste crucial, avec un besoin d'environ 11-13 heures par nuit, siestes incluses.
• Le manque de sommeil peut nuire à l'attention, à la mémorisation et augmenter l'irritabilité.
• Des routines de coucher régulières, un environnement calme et la réduction des écrans favorisent un bon sommeil.

Développement cognitif au préscolaire

• Entre 3 et 5 ans, l'enfant entre dans le stade préopératoire de Piaget, caractérisé par une pensée symbolique et intuitive.
• La fonction symbolique permet à l'enfant de se représenter mentalement des objets ou des situations absentes.
• Le raisonnement est surtout intuitif et centré sur l'apparence immédiate.
• Les enfants de cet âge peuvent comprendre des relations de quantité simples et la compréhension de l’identité.
• Ils comprennent les liens de causalité simples et peuvent classifier des objets.

Limites de la pensée préopératoire

• La centration : l'enfant ne focalise que sur un aspect d'une situation, au détriment des autres.
• L'égocentrisme intellectuel : l'enfant a du mal à adopter un point de vue différent du sien.
• L'animisme : l'enfant prête des intentions ou des sentiments humains à des objets inanimés.
• L'absence de maîtrise du concept de conservation : l'enfant ne comprend pas qu'une quantité reste la même malgré un changement d'apparence.

Perception spatiale et temporelle

• Vers 4 ans, les enfants comprennent des notions spatiales simples (loin vs près, devant vs derrière).
• Vers 5 ans, ils saisissent des notions plus complexes et peuvent comprendre un plan simple.
• À 4 ans, un enfant distingue les grands moments de la journée et commence à réaliser qu'un certain temps le sépare des autres.
• À 5 ans, l'usage des termes hier et demain devient exact.
• La compréhension du temps reste limitée : il a du mal à estimer des durées ou à comprendre des calendriers complexes.

Mémoire

• La mémoire épisodique commence à se consolider, mais les adultes gardent peu de souvenirs de leur vie avant 3-4 ans (amnésie infantile).
• L'enfant préscolaire améliore sa mémoire à court terme, mais elle reste limitée.
• Il ne maîtrise pas encore vraiment de stratégies mnémotechniques.
• Ses souvenirs peuvent être influencés par l'imaginaire.

Développement du langage

• La maîtrise du langage progresse de façon spectaculaire entre 2 et 5 ans.
• Langage réceptif : de 2 à 3 ans, comprend jusqu'à 5 000 mots, de 4 à 5 ans, environ 10 000 mots.
• Langage expressif : vers 3 ans, vocabulaire actif d'environ 1 000 à 1 500 mots, à 4 ans environ 5 000 mots.

Explosion lexicale et syntaxique

• L'augmentation du vocabulaire est très rapide durant cette période, grâce à un phénomène de catégorisation rapide (ou fast mapping).
• Sur le plan de la syntaxe, il apprend progressivement les règles de grammaire (ordre des mots sujet-verbe-complément, accords de pluriel, conjugaisons de base, etc.) et affine l'articulation de phrases de plus en plus longues.

Communication et pragmatique

• La pragmatique désigne l'utilisation appropriée du langage en contexte social.
• Selon Vygotsky, le langage de l'enfant prend trois formes : le langage social, le langage égocentrique ou soliloque, et plus tard le langage intérieur.

Littératie émergente

• Avant l'entrée à l'école, les bases de la lecture et de l'écriture commencent à se mettre en place.
• Entre 3 et 4 ans, l'enfant comprend que les lettres représentent quelque chose.
• À 5 ans, il fait le lien entre les sons et les lettres.

Difficultés de langage

• Il est crucial de dépister tôt les retards ou troubles du langage, car ils peuvent affecter la réussite scolaire et la socialisation plus tard.
• Parmi les troubles, on trouve le trouble développemental du langage (TDL), autrefois appelé dysphasie.
• Un autre problème fréquent à cet âge est le bégaiement, qui touche environ 1 % de la population et apparaît généralement entre 2 et 5 ans.

Le jeu et sa place dans le développement

• Le jeu est l'activité principale de l'enfant d'âge préscolaire, et revêt un rôle essentiel dans toutes les sphères du développement.
• Tous les types de jeux contribuent au développement cognitif, en stimulant le langage, l'imagination et la capacité de résolution de problèmes.

Types de jeu

• Jeux sensorimoteurs ou fonctionnels : développement de la coordination et compétences motrices répétitives.
• Jeux de construction : développement de la motricité fine et notions spatiales.
• Jeux symboliques : imagination de scénarios et de rôles.
• Jeux avec règles simples : préparation aux interactions sociales structurées et au respect des règles.

Aspect social du jeu

• Évolution du jeu solitaire vers le jeu coopératif.
• Au début, jeu solitaire ou en parallèle, puis jeu associatif, et enfin jeu coopératif.
• Cette progression aide à développer des compétences sociales : partage, négociation, résolution de conflits.

Les amis imaginaires

• Avoir un ami imaginaire est normal et même bénéfique : c'est une forme de jeu symbolique élaboré.
• L'ami imaginaire peut servir de compagnon de jeu, d'exutoire émotionnel ou de support pour pratiquer ses habiletés sociales.

Socialisation et premières relations

• Entre 3 et 5 ans, l'enfant élargit progressivement son cercle social au-delà des parents.
• Les parents demeurent les principaux agents de socialisation.
• La fratrie joue aussi un rôle : les interactions fraternelles permettent d'apprendre à négocier, à coopérer mais aussi à gérer les conflits et la jalousie.
• Les pairs (autres enfants du même âge) deviennent très importants.
• Vers 3 ans, les premières amitiés naissantes se forment.
• Les enfants tendent à jouer en groupes non mixtes.

Attachement et indépendance

• L'enfant continue de bénéficier de son lien d'attachement avec ses parents.
• À partir d'environ 3 ans, l'enfant cherche à affirmer davantage son autonomie par rapport aux parents.
• Il peut aussi manifester une préférence marquée pour le parent du sexe opposé.
• Durant cette période, l'enfant élargit également ses liens d'attachement à d'autres adultes de confiance.
• Il développe ainsi des relations verticales (avec des figures d'autorité) et horizontales (avec des pairs).

Concept de soi et identité de genre

• Le concept de soi correspond à l'image globale que l'enfant se fait de lui-même.
• Chez les 3-5 ans, le concept de soi est encore très concret et centré sur des attributs observables.
• Ils commencent tout juste à inclure quelques traits psychologiques simples dans leur description.
• L'identité sexuée se rapporte à la conscience d'être garçon ou fille et à la compréhension de ce que cela implique (genre, rôles associés).
• Vers 2-3 ans, les enfants savent généralement s'identifier comme garçon ou fille.
• Entre 3 et 5 ans, ils apprennent la stabilité du genre.
• C'est généralement vers 5-6 ans qu'ils acquièrent la constance de genre.

Développement émotionnel

• À 3-5 ans, l'enfant prend conscience d'un éventail d'émotions et commence à les nommer.
• Toutefois, il a du mal à comprendre la simultanéité ou la contradiction entre émotions.
• Les peurs évoluent également durant cette période.
• La régulation des émotions commence à s'acquérir à cet âge, bien qu'elle soit encore rudimentaire.
• La théorie de l'esprit émerge aussi vers 4-5 ans : l'enfant commence à comprendre que les autres ont des pensées et émotions différentes des siennes.

Développement moral initial

• La moralité chez le jeune enfant est à un stade préconventionnel (selon Kohlberg).
• Entre environ 4 et 6 ans, l'enfant conçoit le bien et le mal principalement en fonction des conséquences personnelles.
• Piaget, qui s'est aussi intéressé à la moralité, distingue à cet âge une morale hétéronome : l'enfant voit les règles comme fixes et sacrées, édictées par l'adulte.
• Vers la fin du préscolaire (5-6 ans), il comprend mieux ce qui est attendu de lui et peut respecter les consignes même sans surveillance immédiate.

Empathie et comportement prosocial

• L'empathie est la capacité à ressentir ce qu'un autre éprouve et à y répondre de façon compatissante.
• À mesure que l'égocentrisme diminue entre 4 et 9 ans, l'enfant devient plus conscient que chacun a des émotions propres.
• Les comportements altruistes ou prosociaux sont des actions volontaires destinées à aider ou faire du bien à autrui, sans attente de récompense en retour.
• Des études suggèrent qu'un enfant commence à manifester de tels comportements vers 15 à 18 mois.

Agressivité chez le jeune enfant

• Il n'est pas rare qu'entre 2 et 5 ans, les enfants manifestent de l'agressivité physique (pousser, mordre, frapper).
• À cet âge, l'agression est souvent de nature instrumentale.
• Les causes de l'agressivité chez l'enfant sont multifactorielles : facteurs biologiques, sociaux et environnementaux.