Section 5, Chapter 1 - Economics and Society - Joseph Aloïs Schumpeter - PDF

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Clément HENRAT

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economic theory economic history Joseph Schumpeter economic thought

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This document summarizes the economic theories of Joseph Aloïs Schumpeter. The author, Clément HENRAT, analyzes Schumpeter's life and work, focusing on his contributions to understanding economic evolution and innovation. This text is suitable for postgraduate studies and reviews of economic thought.

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Clément HENRAT Chapitre 2 - ESH SECTION 5 - Economie et société selon Joseph Aloïs Schumpeter Un théoricien des sciences sociales…inclassable ar 1. pl ai re de M 1.1. Eléments biographiques m pl ai re de M ar ia G H AF EL EH BA SH IE xe m Schumpeter est un économiste autrichien...

Clément HENRAT Chapitre 2 - ESH SECTION 5 - Economie et société selon Joseph Aloïs Schumpeter Un théoricien des sciences sociales…inclassable ar 1. pl ai re de M 1.1. Eléments biographiques m pl ai re de M ar ia G H AF EL EH BA SH IE xe m Schumpeter est un économiste autrichien, professeur d’économie pendant de nombreuses années à Graz puis Bonn, Ministre des Finances de la République d’Autriche de 1919 à 1920, puis dirigeant de banque en Allemagne. Face à la montée du nazisme, il émigre aux Etats-Unis et devient professeur à Harvard en 1932, jusqu’à sa retraite et sa mort en 1950. Ses analyses furent très diverses : économiques avant tout, mais aussi sociologiques (il dresse comme Marx ou Weber une typologie des classes sociales), politiques et historiques. Il n’est pas rattachable à un courant de pensée en particulier : il évoque fréquemment son admiration pour Walras et sa théorie de l’équilibre général mais ne sera pas un marginaliste ou plus généralement un néoclassique, il partagera certaines analyses de Marx sur le capitalisme tout en refusant le socialisme. Il insistera en revanche sur l’importance des institutions dans le fonctionnement du capitalisme, et sera ainsi considéré comme l’inspirateur des courants institutionaliste et évolutionniste. EH BA SH IE xe m pl ai re de M ar ia G H AF EL EH BA SH IE xe On peut retenir cinq ouvrages majeurs de Schumpeter, regroupables en quatre catégories : - Un premier ouvrage étudiant l’objet et les méthodes de l’économie, notamment la place des statistiques dans la science économique : Nature et contenu principal de la théorie économique (1908) - Deux ouvrages étudiant spécifiquement le processus de développement économique et de croissance : Théorie de l’évolution économique, 1911-1912, suivi de Business Cycles en 1939. - Un ouvrage d’analyse du capitalisme, dans lequel il se montrera pessimiste sur l'avenir du ce système de production, face au socialisme qui gagne du terrain : Capitalisme, socialisme et démocratie, 1942 - Un ouvrage paru à titre posthume par son épouse, mais extrêmement reconnu : Histoire de l’analyse économique, 1954, dans lequel il peint une fresque très détaillée des idées économiques de l’antiquité à son époque. M ar ia G H AF EL Nous allons revenir en détail sur trois de ces ouvrages, qui constituent le coeur de l’analyse schumpéterienne : sa Théorie de l’évolution économique (sous-partie 2), puis Business Cycles (sous-partie 3), puis Capitalisme, socialisme et démocratie en dernière sous-partie (4). re de 1.2. Une pensée réaffirmée depuis quelques années FE LE H BA SH IE xe m pl ai On entend souvent opposer l'éclatante célébrité de Keynes à la relative obscurité qui entoure l'œuvre de Schumpeter. Mais la crise économique mondiale qui avait commencé en 1973, avec les modifications structurelles et les grappes d'innovations techniques qui la caractérisaient, semblait bien au contraire annoncer la revanche de Schumpeter. Plus encore, l’essor récent de l’économie de la connaissance, plaçant au coeur des analyses économiques l’innovation dans les secteurs des NTIC, re-donne d’autant plus de portée à la pensée de Schumpeter. Enfin, ce retour en grâce de Schumpeter est visible sur le plan théorique : les modèles dits néo-schumpeteriens (d’Aghion et Howitt entre autres) ont émergé au début des années 1990, et s’avèrent très consensuels aujourd’hui. ESH & Eco. approfondie - Cours de Clément HENRAT - Copyright Clément HENRAT Chapitre 2 - ESH M Un théoricien de l’évolution économique de 2. ar Donc aujourd’hui encore, Schumpeter apparait comme le penseur du long terme, il nous laisse une œuvre qui est en profond contraste avec la Théorie générale, laquelle se situe dans une perspective de courte période. pl ai re 2.1. Le rôle dans l’innovation dans l’évolution économique pl ai re de M ar ia G H AF EL EH BA SH IE xe m pl ai re de M ar ia G H AF EL EH BA SH IE xe m La notion d'innovation renvoie intuitivement à l'idée de nouveauté, de changement et de progrès. Dans une acception large, l'innovation peut être assimilée à tout changement introduit dans l'économie par un agent quelconque et qui se traduit par une utilisation plus efficace des ressources. En réalité, l'innovation constitue un phénomène économique multiforme, spécifique et complexe. Un phénomène multiforme car, comme le montré Schumpeter dans sa Théorie de l'évolution économique, l'innovation recouvre cinq grands types de changements (de « combinaisons nouvelles ») de nature très différente : la fabrication d'un produit nouveau, l'introduction d'une méthode de production nouvelle (ou de nouveaux moyens de transport), la réalisation d'une nouvelle organisation, l'ouverture d'un débouché nouveau, la conquête d'une nouvelle source de matières premières. L'innovation est aussi un phénomène spécifique et complexe. D'une part, parce que toute nouveauté ne représente pas nécessairement une innovation. D'autre part, parce que l’innovation peut être destructrice de valeur (déclin ou disparition d’activités devenues obsolètes) en même temps qu’elle crée des sources de richesse nouvelle. C’est ce phénomène que Joseph Schumpeter a qualifié de processus de « destruction créatrice ». C’est pourquoi pour Schumpeter, il est essentiel de parler d’ « évolution économique » pour caractériser ce qu’est le capitalisme. Dès les premières pages de Théorie de l'évolution économique, il distingue ainsi le circuit économique de l'évolution économique. Le circuit est un modèle stationnaire, qui décrit en termes walrasiens (équilibre général, raisonnement à la marge, cadre statique, analogie mécanique) une économie sans crédit ni profit. L'évolution est à l’inverse dynamique : les routines du circuit sont ainsi perturbés par l’innovation. IE xe m 2.2. L’entrepreneur : héros du capitalisme FE LE H BA SH IE xe m pl ai re de M ar ia G H AF EL EH BA SH L'innovation est ainsi mise en œuvre par un personnage central, l'entrepreneur, que Schumpeter décrit à travers une « trinité » de caractéristiques : - Un « objet » : l'exécution de nouvelles combinaisons productives dans un environnement incertain. L’entrepreneur est donc un « risk-taker » voire un « risk-lover » - Un « moyen » : le recours au crédit bancaire - Une « fonction essentielle » : il est à l’initiative de l'innovation, il a donc la fonction de chef – Führerschaft. Cet entrepreneur d'un type nouveau cesse ainsi d'être un agent d'équilibre, comme il l'était dans la théorie classique et marginaliste, pour devenir un agent de déséquilibre, de rupture – fût-elle créatrice d'un autre état d'équilibre. Ses motivations ne sont pas décrites en termes d'intérêt, mais de « rêve et [de] volonté de fonder un royaume », ou de « joie de créer une forme économique nouvelle ». L’entrepreneur est le héros du capitalisme car pour Schumpeter, c’est lui seul qui entretien sa dynamique, c’est-à-dire sa survie. Ainsi, lorsque l'innovation connaît un succès, elle lui procure une « rente de monopole » : il peut temporairement pratiquer un prix plus élevé puisqu’il n’a pas encore de concurrent pour le nouveau produit. Cette rente temporaire est ainsi une véritable incitation à innover et entretien les ambitions d’innovation des entrepreneurs qui, sans innovation, sont tellement concurrencés dans le système capitaliste qu’il devient impossible de réaliser un produit. Une fois initiée par l’entrepreneur, l’innovation se généralise par « grappes », c’est-à-dire ESH & Eco. approfondie - Cours de Clément HENRAT - Copyright Clément HENRAT Chapitre 2 - ESH de M ar qu’une innovation majeure (dite « radicale ») conduit aussi à de multiples autres petites innovations dites incrémentales. Schumpeter écrit ainsi que le rôle de l’entrepreneur « consiste à réformer ou à révolutionner la routine de production en exploitant une invention, ou plus généralement, une possibilité technique inédite » (Théorie de l’évolution économique, 1912). pl ai re 2.3. Le banquier : une figure essentielle du schéma schumpétérien M de Un théoricien du cycle des affaires 3.1. Rythmes économiques et rythmes de la technologie re 3. ar ia G H AF EL EH BA SH IE xe m Pour Schumpeter, le banquier détient un rôle essentiel dans la dynamique du capitalisme. En effet, les banques sont celles qui permettent l’octroi des crédits, donc celles qui permettent de s’affranchir de la contrainte de l’épargne préalable. Ainsi, les banques financent les innovations sans que les entrepreneurs aient besoin d’une richesse matérielle pré-existante. Schumpeter voit dans le crédit un facteur majeur de l’évolution économique : il compare elle capitalisme à une « bicyclette » qui, sans lui, « tomberait par terre. » FE LE H BA SH IE xe m pl ai re de M ar ia G H AF EL EH BA SH IE xe m pl ai re de M ar ia G H AF EL EH BA SH IE xe m pl ai Parmi l'ensemble des innovations issues de l'inventivité humaine, certaines sont majeures, en ce sens qu'elles peuvent provoquer quantités d'innovations induites. Ainsi, la machine à vapeur est une innovation majeure : d'abord utilisée pour pomper l'eau dans les mines, elle va se décliner en quantité de machines qui deviendront autant de supports supplémentaires pour la révolution industrielle alors émergente : locomotives, bateaux, machines à battre les grains, sources d'énergie mécanique pour les forges, le tissage, la papeterie, etc. Schumpeter parle de « grappes d'innovations » qui, en se répandant et en se perfectionnant, vont donner naissance à un mouvement long d'expansion. Mais ce dernier se ralentit peu à peu, au fur et à mesure que se raréfient les domaines d'application possibles de l'innovation majeure initiale et que les rentes de situation liées à l'innovation sont réduites par les effets de la concurrence. Il arrive alors un moment où les investissements supplémentaires ne sont plus générateurs de rentabilité : le marché est en quelque sorte saturé. Alors le mouvement long d'expansion cède la place à un mouvement long de dépression, souvent initié par un krach financier (comme en 1873 ou en 1929), produit par l'affaiblissement progressif de la rentabilité des investissement. C'est ainsi que Schumpeter a distingué : - un cycle long de cinquante ans environ, appelé « cycle de Kondratiev » - un cycle moyen de neuf ou dix ans appelé « cycle de Juglar » - un cycle court d'une quarantaine de mois ou cycle de Kitchin. Ce que les économistes appellent aujourd'hui la croissance correspond donc à la phase d'expansion des cycles longs, et Schumpeter insiste sur le fait qu'il n'est de croissance que cyclique ; autrement dit, la croissance ne se comprend pas sans le cycle. Chaque cycle observable présente une individualité historique qui oblige l'analyste à rechercher ses causes spécifiques. Le déroulement du cycle se confond ainsi avec l'histoire du capitalisme pour Schumpeter. 3.2. L’influence du progrès technique sur le changement social Pour Schumpeter, l'introduction du progrès technique a un effet sur les comportements et les habitudes des différents agents économiques. En effet, l'entrepreneur innovateur entraîne dans son sillage nombre d'imitateurs leur dictant un changement radical de leur manière de produire et d’organiser le travail. Par ailleurs, les innovations qui se diffusent dans l'économie vont bouleverser les modes de consommation en imposant de nouveaux besoins. Les marchés vont s’en trouver alors profondément modifiés. Ensuite, le progrès technique marque les structures ESH & Eco. approfondie - Cours de Clément HENRAT - Copyright Un théoricien inquiet ? BA 4. SH IE xe m M de pl ai re économiques : sa diffusion amène une refonte de certaines données de la vie économique ; la combinaison des facteurs de production, à savoir le travail et le capital, se modifie car il y a remplacement des structures anciennes par des structures nouvelles. L'impact est également considérable sur la nature des qualifications et l'emploi en général (comme la répartition par secteur d’activité de la population active), de même que sur leur répartition géographique des activités (zone dynamiques / zone qui se désertifient). En outre, le jeu innovation-imitation amène un changement perpétuel avec l'ascension et le déclin sans cesse renouvelé des entrepreneurs et plus largement de certains groupes sociaux (certains deviennent riches grâce )à leur innovation et accèdent à la bourgeoisie et inversement). ar Clément HENRAT Chapitre 2 - ESH AF EL EH 4.1. Le « crépuscule de l’entrepreneur » et les routines G H AF EL EH BA SH IE xe m pl ai re de M ar ia G H Schumpeter développe en 1942, dans Capitalisme, socialisme et démocratie, une thèse assez pessimiste et opposée à celle qu'il avait proposée trente ans plus tôt. Ici, il n'est plus question de « capitalisme concurrentiel », constitué principalement d'entrepreneurs individuels, comme base de l'innovation et du processus d'évolution économique (Schumpeter parle même, sans doute de manière excessive, de « crépuscule de la fonction d'entrepreneur »). Il s'agit désormais de structures organisées de recherche-développement au sein des grandes firmes industrielles. Ces structures constituent, au sein du capitalisme moderne, la base fondamentale du développement organisé de nouvelles connaissances scientifiques et techniques et de la mise sur le marché d'innovations massives porteuses de progrès économique et social. Dans ce cadre, « l'innovation elle-même est en voie d'être ramenée à une routine ». Schumpeter penser ainsi que ce crépuscule de la fonction de l’entrepreneur et son remplacement par les grandes entreprises conduira à une disparition des innovations radicales. M ar ia 4.2. Vers un effondrement du capitalisme ? 4.2. Une théorie inquiète de la démocratie re de M ar ia G H AF EL EH BA SH IE xe m pl ai re de À la question que se posait Marx sur l'avenir du capitalisme, Schumpeter répond en soulignant qu'il n'y a pas, objectivement, de raisons économiques qui empêchent ce système d'être viable. Si le capitalisme lui paraît condamné à terme, c'est parce qu'il sécrète d'autres contradictions : notamment l’arrivée des grandes firmes qui tarissent l’innovation. Mais surtout, la concentration croissante des entreprises (le fait qu’il y ait de plus en plus de grandes entreprises), va en effet engendrer un climat d'hostilité aux grandes entreprises dans la population, associé à un affaiblissement de l'agressivité politique d'une bourgeoisie qui a perdu sa mainmise familiale sur les entreprises, et au développement d'une classe d'intellectuels nombreuse et de plus en plus insatisfaite et proche des idées « de gauche » . Schumpeter conclut donc, à regret, que tous ces facteurs convergent vers l'avènement d'un socialisme et la disparition à terme du capitalisme. FE LE H BA SH IE xe m pl ai Schumpeter applique à la vie politique les mêmes raisonnements qu’à la sphère économique. Il présente la démocratie comme un simple système institutionnel dans lequel les décisions politiques sont le résultat d’une lutte concurrentielle portant sur le vote des électeurs : comme l’entrepreneur, les politicien est un entrepreneur qui cherche à créer un nouveau marché et à instaurer des monopoles temporaires. Les régimes politiques chez Schumpeter ne sont donc pas au service du bien commun : ce sont des espaces de manipulation de l’opinion publique par des professionnels de la politique qui ne regardent que leur propre intérêt. Cette analyse préfigure celle de l’école de virginie, appelées les analyses du cycle politico-électoral. ESH & Eco. approfondie - Cours de Clément HENRAT - Copyright

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