Summary

These notes discuss the concept of "justice" and the act of judgment, examining different perspectives through a film analysis. They delve into the roles of impartiality and emotion in judgment, exploring the thought process and viewpoints presented in the film. The document also touches on philosophical positions related to judgment and the importance of considering various factors during the process of evaluating.

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⇒ La justice peut être une valeure (on la perçoit), un sentiment (enfants), une institution Pour définir le terme “justice”, il faut faire le choix d’une approche décalée. La vraie question n’est pas tellement de savoir ce qu'est la justice. Il faudrait penser à l’acte de juger plutôt qu’au concept...

⇒ La justice peut être une valeure (on la perçoit), un sentiment (enfants), une institution Pour définir le terme “justice”, il faut faire le choix d’une approche décalée. La vraie question n’est pas tellement de savoir ce qu'est la justice. Il faudrait penser à l’acte de juger plutôt qu’au concept de justice. On doit dès lors se concentrer sur d’autres questions : PAR QUI : qui nous juge? Vaut-il mieux un inconnu? Un proche? COMBIEN : faut-il un juge? Plusieurs? COMMENT : même jugement pour tous? Juger chaque situation différemment? OU : est ce que le tribunal est vraiment le lieu (ornement/toges vraiment utile?) QUAND : dès que quelque chose est injuste? Lorsqu’on dépasse des limites ? II. Juger avec impartialité ou avec sentiment Visionnage film “The Music Box” : une avocate décide de prendre la défense de son père accusé de crimes de guerre. Cette dernière refuse d’émettre l’idée que son père puisse avoir commis horreurs sous prétexte qu’elle le connaît, qu’il l’a élevé qu’il n’aurait jamais été capable de faire ça. ⇒ Les sentiments envers son père faussent-ils son jugement sur son père et sur les témoins au procès? ⇒ La question d’impartialité s’applique aussi à propos du juge, juif or le procès parle de victimes de la shoah : l’implication personnelle possible du juge peut influencer le rendu du jugement ⇒ L’avocate de l’accusé cherche à rendre le procès un débat d’actualité : juifs vs communistes ⇒ On soulève aussi dans ce film la question du positionnement du scénariste face à l’antisémitisme. En effet, le scénariste s’est inspiré du procès de J.Demjanjuk et cherche à comprendre l'implication de son pays d’origine, la Hongrie, dans la Shoah Cela soulève deux questions fondamentales : Sommes-nous capable de prendre une décision juste quand nos sentiments sont impliqués? Pouvons-nous poser un jugement adéquat quand nous ne sommes pas impliqués dans le sujet? Parfois il vaut mieux un juge totalement impartial et un juge impliqué dans la situation est plus adéquat, il est dur de trouver la solution parfaite. Le droit actuel nous répond par le principe d’impartialité : on a le droit de demander de changer de juge si celui-ci à une quelconque relation avec le dossier ou les personnes impliquées Qu’est-ce que le juste et qu’est-ce que la justice? En réalité la vraie question est qu’est-ce que le juste et l’acte de juger. Questions soulevées par Deleuze : Comment juger ? (à distance de la situation, selon nos émotions?) Qui est le plus à même de bien juger ? (proches-personnes indifférentes?) On essayera d’y répondre à l’aide d’écrits de deux économistes et philosophes du siècle des lumières : David Hume (judicious spectator) Adam Smith (impartial spectator) Le siècle des lumières est un mouvement culturel et intellectuel du 18ème siècle rassemblant des penseurs voulant lutter contre les oppressions religieuses et politiques en proposant des projets se basant uniquement sur la raison. On cherche à écarter l’irrationnel et les croyances, on cherche à faire triompher la bourgeoisie sur la noblesse et le clergé 3 1. Propositions de Hume Son objectif est de développer une science de la nature humaine en se basant uniquement sur l’expérience et l’observation On dit de lui qu’il est empiriste : courant philosophique dans lequel se rangent ceux qui considèrent que tout se range dans l’expérience sensible : la raison peut jouer un rôle dans la connaissance mais on doit principalement se baser sur ce qu’on peut observer/percevoir : raison est pas le fondement de la connaissance. ⇒ Théories des empiriste se basent sur les faits qu’ils perçoivent Hume écrira le “Traité de la nature humaine : essai pour introduire la méthode expérimentale du raisonnement dans les sujets morales” ⇒ Il veut, par une méthode expérimentale, nous apprendre comment fonctionne scientifiquement un sujet de morale (comment vivre une vie juste) ⇒ Il applique un moralisme pratique : élaborer une science des vertus et vices pour améliorer nos capacités à bien agir et bien juger ⇒ Son effort n’est pas un pur travail de théorisation : il veut nous aider à devenir des meilleurs sujets de moral, plus vertueux Ex : un peintre saura mieux peindre un portrait avec des notions d’anatomie ⇒ Si on lit son livre, on saura mieux comment agir de façon vertueuse : lire son livre aide à développer notre morale pratique en nous aidant à mieux comprendre notre caractère et celui de nos actions. Sur quoi sont fondés nos jugements ? Faire la distinction entre le bien et le mal, le juste et l'injuste, ne dépend pas de la raison mais du sentiment (s’applique aussi à l'esthétique pour déterminer ce qui est beau ou moche) En cherchant à trouver le vice, on trouvera certaines pensées/passions : le vice nous échappe tant que l’on ne tourne pas notre réflexion vers l’intérieur de notre cœur ou s’y trouve un sentiment de (des)approbation qui naît envers l’action en question (exemple d’un assassinat) Les vices et les vertues sont comparables à des choses observables La raison nous sert pour déterminer ce qui est vrai ou faux et d’établir des liens entre les idées Raison permet de distinguer le vrai du faux Le sentiment permet de distinguer le bien du mal On parle de méthode empiriste car Hume dit qu’au fond, l’esprit s’applique à la perception, ce qu’il nous dit dépend d’un sentiment qu’on peut ressentir : une impression de notre esprit ⇒ On fonde notre jugement sur ce que l’on perçoit et on juge en fonction de ce que cela procure en nous ⇒ Observer quelque chose génère une impression de notre esprit, un sentiment qui nous permettra par la suite d’émettre un jugement 4 Comment juge-t-on sur la base de sentiments ? Hume vise le mécanisme psychologique qui permet de comprendre l’autre, l’empathie qui nous permet d’émettre un jugement (sympathie en anglais) Empathie : être sensible aux sentiments et ressentis des autres Hume met en avant plusieurs choses : o Nous n’avons pas accès à l’intériorité d’autrui : je ne sais pas ce que l’autre ressent exactement o Nous pouvons observer les causes de leur sentiment ce qui nous suscite une idée, un perception atténuée sur le ressenti des autres (parce que je me mets à la place d’autrui, je peux imaginer les sentiments des autres, il y a une notion d’identification) o Les émotions peuvent passer d’un individu à un autre : quand on observe une situation on ressent des émotions même si on n’est pas directement concerné (ex : salle d’opération: pitié pour celle qui va se faire opérer et je ressens son stress) o Empathie : conversion d’une idée en impression Exercice : Hume irait que les public regardant le film “The Music Box” serait touché par les témoignages au procès parce que : En écoutant les témoignages, on se fait une idée des souffrances subies par ces personnes et, par l’imagination, cette idée se transforme en impression, en sentiment : empathie Parce Que nos jugements sont basés sur le sentiment Parce qu’on connait l’histoire et les horreurs de la 2nd guerre mondiale : la connaissance ne rentre pas en jeux dans le jugement et le sentiment Le mécanisme mis en place par Hume s’applique tant aux sentiments qu’aux jugements moraux Vertus : actions/personnes suscitant sentiment agréable en nous Vice : actions/personnes suscitant un sentiment désagréable en nous Il existe deux types de vertus : naturelles VS artificielles Vertu naturelle : facile à observer, facile d'éprouver un sentiment afin de juger si la situation est bien ou pas Vertu artificielle : difficilement observable, demande un effort supplémentaire o Obéissance aux lois des nations, allégeance, pudeur, bonnes manières, justice o Pas naturellement présentes dans les humains : elles sont crées par et pour la société o Difficile d’émettre un jugement car l’identification est plus difficile o Parfois on n’éprouve pas de sentiment de plaisir or Hume nous affirme que ce sont des vertus Ex : justice (règles, tribunaux) : vertu de penser qu’il est bon d’avoir un système de justice dans la société mais parfois quand on observe des procès, on n’éprouve pas de sentiment de plaisir, on a l’impression que la justice n’est pas une vertu, nous devons dès lors fournir un effort supplémentaire d’identification afin de percevoir le caractère vertueux de la justice. ⇒Si j’observe que tout le monde respecte les règles et que les tribunaux sont la pour les faire respecter, alors je comprends que c’est une vertu Les humains sont, selon Hume, égoïstes de nature (généreux uniquement quand cela les arrange). Leurs actions visent uniquement à leur procurer un sentiment de satisfaction. Cela pose un problème pour construire une société. 5 Comment considérer les vertus artificielles comme des vertus? Chacun comprend qu’il est dans son intérêt de limiter son égoïsme On se base sur le sentiment procurant une sensation agréable à l’idée que tout le monde fasse comme nous, forme de convention naît entre toutes et tous sur base des sentiments de chacun On parle de régulation croisée par l’empathie, fondée sur le sentiment et développée par l’imagination Retour à l’exemple : C’est dans mon intérêt de considérer la justice comme quelque chose de bien si tout le monde le considère comme bien. ⇒ Je suis égoïste, je ne veux pas vivre dans le désordre alors je suis les autres pour une bonne société ⇒ Sentiment agréable de respecter la justice pour que les autres respectent aussi la même chose que moi Vertus naturelles : Vertus artificielles Naturellement présente chez l’homme Créées par et pour la société Facilement observable Demande un effort supplémentaire de Facile d’émettre un jugement l’imagination et l’anticipation d’une hypothèse Ex : générosité Création d’une forme de convention et limitation de notre égoïsme Ex : justice, bonnes manières L’imagination est une faculté de l’esprit: Dangereuse car non fondée sur la seule observation empirique o Si on s’imagine n’importe quoi on va mal comprendre une situation Indispensable, magique : nous permet de produire des représentations o L'observation peut nous pousser à réfuter des vertus artificielles alors que si on pousse un peu plus notre imagination, on arrivera à apercevoir la vertu en question Les processus de jugement moraux sont fondés sur l’imagination et se basent sur la seule certitude qui vaille pour un empiriste : celle de l’expérience de chacun Il est + facile de ressentir de l’empathie pour les gens qu’on connaît, pour nos proches De plus, l’empathie est spatiale et temporelle (on aura plus facile à éprouver de l'empathie pour les gens à qui on s’identifie). Comme nous éprouvons de l’empathie plus facilement pour certaines personnes que pour d’autres et que nos jugements sont basés sur nos sentiments et notre empathie, pouvons nous considérer nos jugements comme partiaux? ⇒ Nos jugements moraux sont sans fiabilité si ils basés sur nos sentiments, variant en fonction des situations ⇒ Existe-t-il des jugements généralisables, juste par tout temps/pour tout le monde? Hume constate qu’il y a choses que nous trouvons juste en Chine comme au Royaume-Uni et en conclut que : Il existe des jugements universalisables Nous accordons le même jugement sur certaines qualités morales Nos vertus se recommandent à l’estime d’un spectateur judicieux 6 Certains jugements valent partout dans le monde et il explique sa théorie par la distinction entre jugement et sentiment Sentiment : ce que je ressens : intime, incommunicable, personnel ⇒ Notre sentiment peut varier d’une fois à l’autre et on ne peut pas le contrôler Jugement : ce que j’en dit : expression langagière du sentiment moral ⇒ Jugement est à portée générale, on peut en discuter avec les autres Certaines vertus sont généralisables parce qu’elles se recommandent à l’estime d’un spectateur judicieux ⇒ Le spectateur judicieux n’est pas une personne physique, c'est une méthode, un point de vue voir la raison ⇒ Adopter méthode du spectateur judicieux : méthode de correction de nos sentiments ou tout au moins, de correction de notre langage La raison est ici vue comme une méthode (réflexion personnelle), un point de vue ou endroit ou on se place, de façon détachée, à distance raisonnable de la situation afin de juger cette dernière avec une calme détermination Capacité à adopter un point de vue général sur les choses, pas totalement à distance de la situation mais suffisamment afin de pouvoir adopter une empathie élargie La méthode du spectateur judicieux permet un jugement généralisable (mais pas sans sentiment car sentiment nécessaire pour juger mais on cherche à éprouver sentiment calme et à distance correcte de la situation). On cherche à adopter une empathie généralisée qui permettra de juger sur une base plus nourrie. Pour adopter la posture d’empathie généraliser Adopter successivement le point de vue de chacun puis se faire sa propre idée par la suite Agir comme dans un film : avoir une vue sur l’ensemble, une vision élargie de la situation o Chercher à entrer en empathie avec chacun et adopter tous les points de vus différents o Chercher à s’identifier à tout le monde en gardant une certaine distance, sans s’immerger complètement dans les sentiments de tous Le dialogue est important dans notre jugement, il permet de confronter nos propres jugements avec ceux des autres et ainsi de pouvoir faire évoluer notre jugement ou celui des autres. Sentiment ne changera pas mais discuter avec les autres permettra de créer des normes générales (pas toutes universalisables), de nous mettre d’accord sur certaines manière/règle/jugement général Enjeu du jugement impartial : se baser sur le sentiment (avec empathie et parfois un effort supplémentaire) en tachant d’adopter la position du spectateur judicieux qui consiste à se mettre à distance calme et raisonnable de la situation et d’entrer en empathie successivement avec chaque personne concernée par la situation afin de pouvoir juger calmement du caractère de la situation/action Paradoxe : l’impartialité est ancrée dans le sentiment sur lequel est fondé le jugement mais on se base sur tous les sentiments pour être le plus impartial possible ⇒ On arrive à prendre une décision basée sur notre ressenti mais pas cantonnée sur notre unique ressenti et celui de nos proches Pour juger avec impartialité, il faut faire preuve de raison imaginante, celle-ci étant fondée sur le sentiment et constituant le point du vue du spectateur judicieux 7 Il a été reproché à Hume d’inclure dans sa réflexion une antinomie, une contradiction. En effet, pour lui, tout est affaire de sentiment et tout est affaire de jugement. Tout serait affaire de sentiment : tout individu semble cantonné à la sphère du sentiment et de l’empathie ⇒ Pour trouver un jugement généralisable, il faut trouver un sentiment universalisable Tout serait affaire de jugement : nous sommes des individus vivant dans une société avec des habitudes, certaines choses sont admises et d’autres non o Suscite des idées : on a été formaté par le fait d’être inscrit dans un groupe o Nos sentiments seraient influencés par les jugements donc tout serait jugement Cependant, on ne peut pas dire que tout est sentiment et tout jugement. Il faut différencier le sentiment et le jugement moral ⇒ Nous avons tous une capacité à l’empathie et une capacité à prendre distance avec nos sentiments initiaux ⇒ On ne s’arrête pas au sentiment : on est capable de faire évoluer nos jugements (notre sentiment, propre à nous-même et intime n’évoluera pas forcément pour autant) Il a une forme de formatage qui concerne nos jugements. On accepte des normes, on y contribue bien qu’elles nous aient été imposées. ⇒ Notre jugement peut être influencé par celui des autres mais on reste maître de ce qu’on fait (parfois ce qu’on a observé à l’extérieur va influencer notre jugement bien que notre sentiment soit contraire) 2. Propositions de Smith Adam Smith est considéré comme le père du libéralisme économique moderne. Il prône le fait que le marché doit s’auto-réguler et que l'État doit uniquement protéger certaines libertés fondamentales des individus. Ses réflexions économiques sont basées sur l’idée que les humains sont égoïstes : chacun suit son propre intérêt. Il rejoint Hume sur l’idée qu’une vie sans vertu est une vie qui n’est pas accomplie. Il cherche alors à comprendre les conditions de la vertu : comme agir justement et poser des bons jugements. Comme pour Hume, Smith pense qu’une vie sans vertu n’est pas une vie accomplie : il veut comprendre les conditions ⇒ Il a écrit un livre : “Théorie des sentiments moraux” dans lequel il cherche à définir le principe de notre évaluation morale, la faculté de notre esprit à déterminer le juste et le bon. Smith est également un empiriste de l’époque des lumières. Il cherche à construire un savoir sur base de l’observation : toute connaissance est valable seulement si elle s’applique sur ce qu’on peut observer à partir de nos sens. Comment juger avec impartialité ? Hume a convaincu Smith au sujet de l’importance de l’empathie : les décisions se font sur le sentiment et le sentiment est ressenti car nous sommes capables d’empathie Les humains sont capables d'empathie et d’égoïsme : ce sont deux sentiments originaires habitant les humains, les humains le sont par nature 8 Empathie : capacité à partager des passions avec autrui, véhicule de nos sentiments Source : imagination (suit l’idée d’Hume) : on n’a pas accès à ce que ressentent les autres mais par l’imagination je peux concevoir son ressenti o Les sources sont ni l’amour de soi (égoïsme) ni la raison § Raison : faculté qui nous permet de généraliser des choses, mécanisme de réflexion qui nous permet de tirer des généralités de nos expériences particulières , d’édicter des règles générales de conduite On s’identifie à l’autre en 2 mouvements : j’adopte en premier lieu le sentiment de l’autre et je me l’approprie. Ensuite, on se transporte en dehors de nous-même, dans la situation de l’autre, comme si on formait une seule personne o Ce n’est pas une question d’égoïsme : on n’éprouve pas d’empathie dans le but de ne pas vivre la situation de l’autre (ex : un homme qui ressent de l’empathie pour une femme en train d’accoucher sait bien que ça ne lui arrivera jamais) Empathie est double, elle va dans les 2 sens : du spectateur à l’acteur et vis-versa o Voir que les autres éprouvent de l’empathie pour nous soulage la douleur et accroît le plaisir, on cherche à ce que les autres s’ajustent à l’intensité de ce que nous ressentons o Chercher à ce que les autres ressentent notre sentiment avec la même intensité ne marchera jamais, ils auront qu’une perception atténuée de notre ressenti : c’est une entreprise veine de garder cet espoir o Susciter démesurément le l’empathie des autres peut leur causer du déplaisir o Un acteur vertueux va donc atténuer sa passion qu’au degré où les spectateurs pourront partager son jugement, où ils atteindront un point de concordance § Action pas uniquement vis à vis du respect pour le spectateur, en atténuant sa passion, l’acteur approchera son sentiment de façon plus calme et pourra juger de façon plus juste. § On considérera comme juste le jugement au point de concordance entre les sentiments éprouvés par l’acteur et l’empathie du spectateur § Notre sentiment sera à ce point-là un jugement juste et impartial Pour juger, on s’appuie sur le sentiment qu’on ressent face à la situation grâce au mécanisme d’empathie (se fondant sur l’imagination). Cette empathie est de double sens et permet de modérer nos sentiments afin de les rendre plus audibles pour les spectateurs de la situation et arriver à un point de concorde, point qui fonde le jugement juste et impartial. Afin de poser un jugement adéquat de la situation, 2 éléments peuvent nous être utiles : Idée de perfection o Idée d’un accomplissement parfait dans une vie idéal, d’une façon d’agir totalement vertueuse o Conscience de l’idée de l’agissement d’un individu vertueux, totalement accompli o Horizon de ce que nous voudrions être : cette idée de perfection peut nous aider à juger la situation car nous cherchons à être parfaitement vertueux Degré commun d’excellence o Moyenne par rapport à la perfection des humains, norme sociale ou encore niveau moyen d’accomplissement de soi o Conscience des vertus dont nous et les autres sommes capables 9 Pour juger, notre décision résulte donc de 3 facteurs Sentiment (et empathie) Idée de perfection Degré commun d’excellent La rencontre de ces 3 éléments se trouve la figure du spectateur impartial : Figure abstraite générale et impersonnelle Point de vue d’une personne non concernée par la situation mais qui entre en empathie afin d’accéder au point de concorde Principe ultime d’approbation ou désapprobation des choses/conduire : lieu du jugement impartial Juge qui porterait un jugement sur les situations de la vie ou sur des jugements esthétiques Pour arriver à être impartial, on se base sur notre sentiment, l’idée de perfection et le degré commun d’excellence. Smith en conclut que le jugement, fondé sur le sentiment, circule par l'empathie. L’empathie va dans les 2 sens et consiste à se placer à un stade où les autres peuvent ressentir les mêmes sentiments que nous. Juger vertueusement n’est pas chercher l’empathie excessivement. Pour atteindre le point de vue d’un juge idéal, il faut évaluer et apprécier des situation afin d’agir en conséquence En quoi le spectateur impartial est-il utile ? Le spectateur impartial est utile afin de juger situation : Autrui Nous-même Nos interactions avec autrui Autrui Nous-même Interactions avec autrui Cas où on juge par empathie : Cas où on porte une évaluation sur En imaginant le point de vue du ce que nous sommes, faisons spectateur, on limite notre On juge une situation qui ne égoïsme et on arrive à modérer nous concerne pas Lorsqu’on réfléchit à nos celui des autres On entre en empathie par actions, on se divise en deux : On cherche à évaluer la situation l’imagination ce qu’on fait et ce qu’on essaie avec les yeux d'une tiers On adopte la posture du d’en penser personnes : pas juste mon point spectateur impartial Position de spectateur de nos de vue ou celui des autres: on propres actions et adopter le cherche un juste milieu point de vue du spectateur Spectateur impartial nous permet impartial de corriger par empathie double, Je prends en compte mon les passion égoïste (sans se ressenti et celui des autres décentrer, on privilégie Recherche du point de uniquement notre intérêt et on ne concordance interne pourra pas porter de jugement juste) 10 Comment juge-t-on bien ? En adoptant la position d’un spectateur impartial Les humains ont un don de la nature, une conscience : désir de vivre bien; de réaliser nous- mêmes ce qui serait approuvé par tous et ce que nous approuvons chez les autres Nous avons en nous un juge intérieur, un œil naturel de l’esprit, une instance intérieure o Tout individu a en lui une volonté d’agir vertueusement, de façon juste o Parfois on cherche uniquement l’approbation d’une certaine personne à la place de celle du spectateur impartial mais on ressent la différence Ex : Lorsqu’on reçoit des compliments, même si ils sont sincère, ne nous font plaisir que lorsqu'on les a mérités ⇒ Compliment nous font moins plaisir lorsqu'on a mal agit ou triché ⇒ Approbation venant du compliment vient pas d’un spectateur impartial, il n’est pas au courant de la situation dans son entièreté ⇒ Preuve de cet argument : on est parfois content d’avoir agi bien même lorsqu’on ne nous a pas vu Lorsqu'on cherche l'approbation d’une certaine personne, nos jugements ne seront vertueux qu’en apparence, ils ne sont pas réellement conformes aux exigences de vertus du spectateur impartial Notre conscience nous rappelle que notre conduite n’est pas réellement digne Le fait de rechercher l’approbation spectateur impartial nous aide à atteindre la vertu véritable o On ne cherche pas l’amour des autres via le spectateur judicieux, on cherche de vivre une vie qui en vaut la peine : une vie authentiquement bonne Toute personne a une conscience, œil naturel de l’esprit : il n’y a pas de gens bien ou mauvais par nature : La nature de l’homme est définie par sa constance à se soumettre à l'avis du spectateur impartial o Tout le monde en est capable mais on fait parfois taire cette conscience Les plus vertueux sont ceux qui dans toutes les circonstances de leur vie ne cherchent pas les éloges (amour de soi) mais agissent pour un pur amour de la vertu, qui agissent en empathie désintéressée Ex : Un européen qui apprend qu’il y a eu un tremblement de terre terrible en Chine ⇒ Homme bien va exprimer sa compassion, va d’abord ressentir une empathie pour la souffrance des victimes puis va s’informer pour comprendre la situation pour poser le sentiment le plus juste ⇒ Grâce à ses connaissances acquise et à l'empathie, il peut s’imaginer à la place des victimes mais tout en prenant une distance vu qu’il n’est pas là-bas : cette empathie va l’aider à agir et à apporter de l’aide Le spectateur impartial peut donc être universel. On concorde avec l'ensemble des ressentis. ⇒ Cette idée de Smith a été très critiquée : pouvons-nous vraiment nous défaire de nos propres ressentis? Ce n’est pas simple car notre point de vue, nourrit de notre conscience, est construit en fonction de notre milieu et société (et il y a des milliers de sociétés donc comment avoir un poit de vue universelle) Notre empathie dépendait en partie de notre appartenance culturelle 11 Smith explique qu’il est quand même possible que certains transcende des limites, c’est peut-être une espérance mais c’est un objectif qu’il se fixe, qu’il défend : il répète que le point de vue pour poser un jugement vertueux est celui de n’importe quel/tout spectateur impartial : tout le monde en est capable et cela implique de nous informer afin de mieux comprendre. ⇒ Il l’observe empiriquement au quotidien : nous avons tous cette conscience, ce désir d’agir bien Nous jugeons dans 3 tribunaux différents : L’homme du dehors L’homme dedans la poitrine Juge omniscient du juge Norme sociale Conscience Espoir d’un jugement suprême On a appris par nature à Point de vue du spectateur impartial, juge respecter les sentiments supérieur de notre conduite Dans circonstances ou notre des autres Tribunal troublé par l’homme du dehors : conscience est perturbée, on a On juge en fonction de notre conscience nous donne sa propre l’espoir d’être juger par un ce que les autres vont opinion avec crainte et hésitation personne parfaite, qui connaît penser de nous et nos (interaction sociale peut susciter en nous tout action des passions troublantes : l’impartialité ne ⇒ Aide à résister au poids résiste pas toujours à l’hésitation et regard des autres crainte) ⇒ Horizon d’un jugement dernier qui nous récompensera d’avoir bien jugé Nous ne sommes pas toujours capables de vivre une vie vertueuse. Notre constante nous le permet cependant, parfois nous n’avons pas le courage de faire l’effort et parfois, nous n’arrivons juste pas à identifier comme bien agir. Pour répondre à notre faiblesse (lorsqu’on n’arrive pas à adopter la figure d’un spectateur impartial), nous pouvons nous fonder sur le sens du devoir, une approximation de la vertu. Consiste à respecter ce que l’on observe autour de nous comme être visiblement ce qui se fait, les règles de la société dans laquelle nous vivons Sens du devoir est bien moins parfait que le juge du 2ème tribunal o Retour au 1er tribunal : ne contredit pas pour autant le fondement de la moralité : agir selon le sens du devoir n’est pas hypocrite, c’est conforme à une forme de sentiment à la base de tous les jugements o Raison nous permet d’édicter des normes morales, opération de généralisation qui n’est pas universelle : écouter le juge du premier tribunal et ne pas adopter un modèle de conduite universelle n’est pas généralisable comme un positionnement véritablement vertueux o Règles pas instaurées dans la réalité deviennent la mesure du jugement moral : quand on les respecte, le sentiment du devoir est accompli Lorsqu’on agit avec le sens du devoir nous nous appuyons sur le sentiment du devoir accompli : approximation de la vertu pouvant nous aider dans la vie. ⇒ Prise d’appuie sur des règles morales de la société dans laquelle on vit, mesure de la règle sociale à ce moment-là et dans cette société-là. 12 L’éducation est très importante car elle nous permet de connaître les normes et d’identifier les règles sociales auxquelles il s’agit de se conformer : Quelqu’un de bien éduquer se conforme tellement bien aux règles qu’il agit comme si il avait un sentiment moral o On ne parle pas d’hypocrisie, ces personnes sont motivées par une désir d’accomplir leur devoir o Leur sentiment et action restent digne d'éloges car leur comportement est quasiment identique (de l’extérieur) à celui d’une personne vertueuse o Nous ne pouvons parler de triche : ce sont des personnes faibles se basant sur le sens du devoir Sens du devoir suffit au bon ordre de la société : au vu de la faiblesse des individus, les normes sociales et sens du devoir nous permettent de fonctionner en groupe Ex : un homme ayant du mal à être reconnaissant lorsqu’on est gentil avec lui manifeste quand même de la gratitude du à son éducation bien qu’il n’en ressent pas. ⇒ Agit comme l’aurait fait un spectateur impartial ⇒ Apparaît vertueux de l’extérieur, présence d’une très fine nuance : l’individu manquera de délicatesse de quelques infimes nuances, adoptable que du point de vue d’un spectateur impartial. Les normes sociales sont vagues et c’est important pour travailler notre 2ème tribunal, celui du juge du dedans de la poitrine. Il est impossible de prévoir ce qui pourrait se passer et les actions d’un sujet moral dans une situation particulière : il n’existe pas de catalogue de bonne conduite Il est plus intéressant d’édicter des lignes de conduite (règles générales) de ce qu’il est bon de faire plutôt que des règles strictes et étroites Règles strictes sont celles de la justice écrites selon 2 méthodes o Jurisprudence : définition de grands principes de jugement laissant une ouverture éthique à la diversité des situations o Casuistique : définition méticuleuse de cas particuliers et de la règle qui s’y rapporte Aucun humain ne supportera jamais l’injustice. Il faut des règles (pouvoir de la nation) afin d’éviter une société chaotique où tout le monde se venge. Le pouvoir sert à éviter le chaos et les jugent indispensables afin de prendre des décisions justes et éviter la vengeance privée. Les juges sont indispensables à la bonne conduite de la société Juges s’appuient sur des règles, fondements juridiques Il est important de déterminer les règles de justice afin de rendre une bonne décision La jurisprudence sera considérée comme les règles générales qu’ont les juges à suivre Personne n’est arrivé à déterminer les bonnes règles de justice : les deux méthodes ont été utilisées mais aucune n’est considérée comme suffisante. Smith rejette casuistique et met en avant la jurisprudence o La casuistique est faite de désaccord, c’est une entreprise vaine : il est impossible de recenser toutes les situations possibles et leur résolution à priori § Ex : Certains disent qu'il faut tenir ses promesses (position de les pères de l’église) alors que d’autres disent que, lorsqu’on a promis sous la menace, la promesse n’a pas à être respectée § Juste position : adopter le point de vue du sentiment commun de l’humanité 13 La jurisprudence permet de garder un caractère général et dégager de grands principes généraux et donner une ligne de conduite tout en laissant une marge de manœuvre o Juste position pour poser des principes afin de s’organiser dans l’état et la justice o Seule façon de donner des règles de justice laissant de l’espace pour les vertus et l’éthique § Permet au juge d'effectuer un travail de réflexion lors d’un jugement, de s’adapter au cas par cas et de prendre en compte le contexte o Le spectateur impartial reste nécessaire pour évaluer ce qu’il est bon de faire dans chaque situation particulière Position politique de Smith : Smith affirme que la confession est un problème. En effet, la confession nous dit quoi faire et de ce fait nous coupe dans notre propre cheminement éthique : Prêtre : directeur de conscience Rapport de pouvoir problématique : confesseur remplace le spectateur impartial, prétend savoir quoi faire dans chaque situation et ne permet pas de faire appel à notre propre conscience Or, pour Smith, un bon jugement est d’adopter la position du spectateur impartial devant le 2ème tribunal. Le spectateur impartial doit rester un point de vue, personne ne peut prétendre l’être ⇒ Quête personnelle de chacun vers une vie ou présiderait notre conscience, lieu où se jouent les grands principes N’oublions pas que Smith est à la base un économiste. Pourtant, ses propositions sont loins de ses théories économistes ⇒ Figure de la main invisible : main par laquelle le marché s’autorégule, chacun poursuit son propre intérêt et mené à l’harmonie de la société Smith part de l’idée qu’on est égoïste et qu’on suit nos propres intérêts : confrontation de nos intérêts propres permet harmonie Combinaison entre : o Main invisible : agit sans que les individus n’en ai conscience o Invitation au spectateur impartial : demande un engagement personnel, une responsabilité consciente Théories économistes de Smith : Smith serait libéral, cependant il l’est moins que ce qu’on pourrait penser o État doit réglementer certaines choses o Hommes d’affaires ne doivent pas s’en occuper car ils prendraient des règles allant dans leur intérêt Smith plaide afin que les richesses soient en parties redistribuées o Interdit les plafonds salariaux (salaire maximum) : chacun doit gagner le plus d’argent Main invisible : métaphore se rapportant à l’autorégulation du marché o Il en parle pour la première fois dans le livre : théorie des sentiments moraux o Il en parle au sujet du paradoxe § Riches veulent toujours plus et ce désir a des conséquences bénéfiques sur les plus pauvres 14 o Il en parle après avoir longuement réfléchi à propos de la beauté, jugement moral (question d’esthétique : belle si suscite en nous un sentiment de plaisir) § Smith observe qu’on juge une chose belle lorsqu’on contemple une belle harmonie, un système bien rangé/organisé § Système bien ordonné suscite un sentiment de plaisir § Ex : quand on a bien rangé sa chambre : sentiment de plaisir § Ex : homme qui arrive dans une pièce et chaises pas rangées, l’homme les range et s'essaie pour être content (bien que de base il ne range pas, il le fait sans que son valais soit la) Le fait que les riches veulent acquérir le plus de choses possible, qu’ils aient une soif insatiable de possession n’est pas une satiété corporelle ⇒ On mange tous la même chose, un riche ne peut pas manger 20 000 fois plus qu'un pauvre Vouloir acquérir plus de choses tient à la satisfaction de vouloir voir les choses bien rangée o Un riche achète un champ à côté de chez lui si il le trouve mal rangé afin de le remettre en ordre et éprouver un sentiment de satisfaction Possession sans fin serait liée à un jugement de goût, d’esthétique : riches veulent acquérir de plus en plus et répartissent un peu de leur richesse afin de rendre le monde autour d’eux plus beau, mieux organisé Ruse de la Nature, en lien avec la providence mais les riches ne s’en rendent pas compte de o La cause véritable de leur action est l’amour du beau : on agrandit le patrimoine pour l'organiser et l’harmoniser L’Ambition derrière est de bien équilibrer les choses : Smith se moque des riches : quand des personnes fortunées partagent de leur richesse avec les plus pauvres au nom d’un jugement de goût, il n’est aucunement question d’empathie : acte purement égoïste, désir d’harmonie Ruse de la nature conduit à une forme de répartition des richesse, main invisible, totalement inconsciente pour les riches o Riches deviennent les jouets de quelque chose prévu par la nature : personnes riches sont rabaissés à la base de l’être humain égoïste : rien du spectateur impartial, loin d’un acte empathique et vertueux Enjeu pour Smith est d’éviter de tomber dans la bêtise des riches : partager en posant des actes vertueux et en adoptant le point de vue du spectateur impartial : ne pas se faire prendre par la ruse de la nature Philosophe pourrait partager comme les plus riches mais sans se laisser guider par son seul plaisir égoïste et poser des actes en tant que spectateur impartial Économie et morale ne sont pas totalement imperméable : un peu d’éthique dans ses positions d’économie et main invisible intervient aussi en matière morale Enjeu en économie reste aussi de vivre une vie vertueuse 15

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