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CM8 - Le Louvre et Versailles https://drive.google.com/file/d/1m3ZBX3RjhWUjY-2uXO12pAU1aUf1n277/view? usp=drive_link 8 – Le Louvre et Versailles A la mort de Mazarin (1661), Louis XIV fait savoir que désormais il gouvernera par luimême et ne prendra plus de Premier ministre. Il nomme trois ministre...

CM8 - Le Louvre et Versailles https://drive.google.com/file/d/1m3ZBX3RjhWUjY-2uXO12pAU1aUf1n277/view? usp=drive_link 8 – Le Louvre et Versailles A la mort de Mazarin (1661), Louis XIV fait savoir que désormais il gouvernera par luimême et ne prendra plus de Premier ministre. Il nomme trois ministres d'État, dont Colbert à qui revient la charge de surintendant des bâtiments, arts et manufactures, au 1er janvier 1664, Colbert va jouer jusqu'à sa mort (1683) le rôle d'un ministre des Beaux-Arts, d'autant plus puissant qu'il a aussi la fonction de ministre des Finances. Cette double fonction est essentielle : les finances de l’Etat vont permettre à Louis XIV et à Colbert de mener une politique de grands travaux. On le sait, la politique économique de Colbert, est le protectionniste ; elle entend limiter les importations afin de favoriser le développement économique et manufacturier intérieur : c’est la raison pour laquelle Colbert fait réouvrir les carrières de marbre des Pyrénées pour réduire l'importation des marbres italiens. Le nom de Colbert est également associé à la création de grandes manufactures : tapisseries et de glaces (Gobelins), dont les productions sont destinées à fournir le roi et la cour. En 1667, la manufacture des Gobelins est transformée en « manufacture royale des meubles de la Couronne » sous l’impulsion de Colbert et confiée au peintre Charles Lebrun. Son objectif est double : d’une part, il s’agit de produire du mobilier, des gravures, des ouvrages d’argenterie et des tapisseries à destination des résidences royales et de l’exportation, répondant ainsi aux principes du colbertisme et d’autre part, elle doit contribuer fortement à la construction allégorique de la figure monarchique. Cette marque une véritable rupture par rapport à celle de Mazarin dont l’idée fixe avait été de faire venir de Rome des artistes, Pierre de Cortone et le Bernin en particulier. Mazarin était conscient que pour rattraper son retard dans le domaine artistique – plus en peinture qu’en architecture au CM8 - Le Louvre et Versailles 1 débit du XVIIe siècle -, la France devait se mettre à la l’école romaine. Pour le collège des Quatre nations, Mazarin songeait dès 1657 à faire appel au Bernin (et peut-être même à Borromini) ; c'est Colbert qui lui conseilla de s'adresser plutôt à son architecte ordinaire Louis Le Vau. 1 - La poursuite du Grand dessein du Louvre A compter de 1589, Henri IV se dessine le grand dessein du Louvre, qui poursuit m’ambition de supprimer les constructions du Louvre médiéval, de quadrupler la cour carrée sur la base de l'aile Lescot déjà édifiée, de réunir le Louvre aux Tuileries et de mener une opération d’urbanisme pour assainir les quartiers situés entre le Louvre et les Tuileries. Un ambitieux chantier se met alors en place entre 1594 et 1610 : la galerie du bord de l'eau ou Grande galerie qui réalise la jonction entre Louvre et Tuileries. Longue de 450 mètres et large de 13, cette construction majeure s'élève sur deux niveaux, est l'œuvre de Louis Metezeau pour la partie de la Grande Galerie comprise entre la Petite Galerie et l'enceinte de Charles V, et de Jacques II Androuet du Cerceau pour la suite, jusqu'au palais des Tuileries. Le gros œuvre est achevé en 1600. Dans la seconde moitié du XVIe siècle, le Louvre est un palais qui juxtapose des parties neuves, d'autres en voie d'achèvement et certaines à demi ruinées. Catherine de Médicis, veuve d'Henri II, décide la construction, plus à l'ouest, du château des Tuileries dont les plans sont dessinés en 1564 par Philibert Delorme. Sa construction est suspendue quelques années plus tard. Les règnes de Louis XIII et Louis XIV allaient considérablement marquer l’évolution du Louvre et des Tuileries. Sous Louis XIII est réalisé le prolongement de l'aile ouest de la Cour Carrée qui marque le point de départ d'un ambitieux projet qui sera mené à son terme par Louis XIV et complété sous Louis XV. En 1625, après plus de dix ans d'arrêt, Louis XIII décide la reprise des travaux du Louvre pour réaliser le Grand Dessein imaginé par Henri IV. Il ordonne la démolition d'une partie de l'aile nord du Louvre médiéval pour prolonger l'aile Lescot dans cette direction en symétrie parfaite avec les mêmes détails de décor. En 1539, commence la construction du Pavillon de l'Horloge et de l'aile Lemercier qui servira de modèle aux autres pavillons du palais. En 1660, Louis Le Vau est chargé du projet d'achèvement du Louvre : doublement de la Petite Galerie ; achèvement de l'aile nord de la Cour Carrée ; de 1661 à 1663, prolongement de l'aile sud, dotée d'un pavillon oriental, symétrique du pavillon du Roi de style Renaissance et d'un pavillon central. Dès 1668, Le Vau doublant le palais en largeur, la première façade de l'aile sud, face à la Seine, terminée en 1663, disparaît au profit d'une nouvelle façade. Les derniers vestiges du Louvre médiéval sont démolis. CM8 - Le Louvre et Versailles 2 Louis Le Vau (1612-1670). Il succède à Jacques Le Mercier comme premier architecte, intendant et d'ordonnateur général des Bâtiments royaux. Le Vau devient la figure majeure de l'architecture française à compter de 1654. Il poursuit une brillante carrière avec son collaborateur François d'Orbay à la faveur d’une une riche clientèle privée, de la protection de Mazarin, et de la célébrité du château de Vaux-le-Vicomte. Il est l’auteur de l’hôtel Lambert (1640), de l’hôtel Tambonneau (1642) et de l'hôtel de Lionne (1662), des châteaux du Raincy, de Meudon, de Vaux (1656-1661). Pour Mazarin, il construit le château neuf de Vincennes (pavillons du roi et de la reine, portique et arc triomphal, à partir de 1653). Après la mort de son puissant protecteur, il élève le collège des QuatreNations (Institut) et l’hôpital de la Salpêtrière en 1657. À partir de 1654, Le Vau nommé premier architecte du roi et s’occupe du Louvre, des Tuileries et de Versailles. Au Louvre, il dessine la façade méridionale sur la Seine, qui disparaîtra peu après. Après l'échec de Bernin, Le Vau est associé, en 1667, à Claude Perrault, à Le Brun et à François d'Orbay pour élaborer un projet qui aboutira à la construction de la colonnade. L’achèvement des Tuileries Avant l’achèvement de la cour Carrée du Louvre, Le Vau reconfigure complètement les Tuileries entre 1659 et 1666. Il aménage La « salle des machines » (1659-1662) avec Carlo Vigarani tandis que Le Nôtre dessine les jardins entre 1665-1666. Le palais des Tuileries était resté dissymétrique : la Petite-Galerie bâtie sous Henri IV n'avait en effet pas de pendant au nord. Louis Le Vau et François d'Orbay construisirent : d'abord un pavillon destiné à faire pendant au pavillon de Bullant (et qui fut baptisé « pavillon du Théâtre »), puis une galerie destinée à faire pendant à la Petite-Galerie (et qui fut baptisée « galerie des Machines »), enfin un pavillon destiné à faire pendant au pavillon de Flore (et qui fut baptisé « pavillon de Pomone », puis « pavillon de Marsan »). Le pavillon central (baptisé « pavillon de l'Horloge ») fut entièrement reconstruit dans le style classique : plus large, plus élevé, il fut recouvert d'un dôme volumineux ; les ailes qui le flanquaient, ainsi que la Petite-Galerie, furent également reconstruites. À la fin du XVIIe siècle, le palais des Tuileries acquiert sa physionomie définitive qu'il allait définitivement conserver pendant deux siècles, long de 260 mètres, depuis le pavillon de Marsan au nord jusqu'au pavillon de Flore au sud. Le doublement de la cour carrée Si Colbert s’intéresse à l’achèvement du Louvre, Louis XIV ne pense qu'à Versailles dont le chantier devient prioritaire à partir de 1678, le chantier du Louvre est abandonné inachevé. Louis XIV déteste Paris ; il conserve sa vue durant le souvenir de la fronde. CM8 - Le Louvre et Versailles 3 La Fronde (1648-1653), est une période de troubles graves qui frappent le royaume de France pendant la minorité de Louis XIV (1643-1661), alors en pleine guerre avec l’Espagne (1635-1659). Cette période de révoltes marque une brutale réaction face à la montée de l’autorité monarchique en France commencée sous Henri IV et Louis XIII. Après la mort de Richelieu en 1642, puis celle de Louis XIII en 1643, le pouvoir royal est affaibli par la régence d’Anne d’Autriche et par une situation financière et fiscale difficile. Louis XIV conserve toute sa vie méfiance et rancune à l'égard de Paris. L'abandon définitif de la capitale au profit d’abord de Saint-Germain-en-Laye et surtout de Versailles s’inscrit dans l’idée de déplacer délibérément le centre du pouvoir hors de Paris. La paix des Pyrénées entre la France et l’Espagne en 1654 coïncide avec la décision de reprendre la réalisation du Grand dessein d’Henri IV au Louvre. La poursuite du Grand dessein ne va pas sans poser de nombreux problèmes, de raccordements des parties anciennes aux nouvelles projetées mais encore d’un point de vue urbain : le palais est inséré dans une multitude de constructions qu’il est malaisé de repousser ou de détruire. Le dégagement du Louvre n’interviendra qu’à la fin du XVIIIe siècle pour la colonnade et sous le Second Empire pour toute la partie comprise entre la cour carrée et les Tuileries. Quel partir faut-il prendre dans le prolongement des ailes de la cour carrée ? Le Mercier s’était contenté de reproduire l’aile Lescot au-delà du pavillon de l’Horloge par souci de symétrie. Le Vau poursuivra le même parti en construisant l’aile sur la Seine, ponctuée de gros pavillons couverts de toitures à l’impériale. Mais la façade principale sur la ville, la façade orientale restait à concevoir. Entre 1662 et 1663, Le Vau émet déjà l’idée d’une colonnade ; mais celle-ci ne sera réalisée qu’en 1667. De multiples projets vont voir le jour dans les années 1660 à la faveur du concours célèbre de 1664 dont ceux de François Mansart, des années 16621666. Mansart prend le parti de rythmer la façade par des corps nombreux et distincts qui lui permettent de multiplier les ressauts. Le concours de 1664 En 1665, Louis XIV, par l’intermédiaire de son ministre Colbert, appelle Bernin à Paris dans le cadre du projet de restructuration du Louvre. Le roi désigne Paul Fréart de Chantelou (1609-1694) – illustre collectionneur français du XVIIe siècle – pour accueillir Gian Lorenzo Bernini et l’accompagner durant son séjour parisien. On connait le détail du séjour du Bernin, depuis son arrivée à Paris au début de juin jusqu’à son départ, cinq mois plus tard. Le projet du Bernin fait pendant à Vaux-le-Vicomte ou au collège des Quatre-Nations par son corps ovale, le tambour sans dôme, ses pilastres colossaux. Colbert critique sévèrement le premier projet du Bernin D'ailleurs, CM8 - Le Louvre et Versailles 4 considérant que les portiques et les terrasses ne sont pas adaptés au climat français. En janvier 1665, le Bernin envoie un second projet, qui maintient un avant-corps présente une ordonnance qui aura grand succès en France : rez-de-chaussée traité en soubassement à bossages et deux étages carrés liés par des pilastres colossaux. Ce dernier projet introduit un pan concave. Les projets du Bernin sont jugés trop italiens, trop maniéristes, trop baroque en quelque sorte. Le troisième projet qui sera accepté par le roi est arrêté en 1665. Son exécution, commencée la même année, est arrêtée en 1667. La cour Carrée est doublée intérieurement par des portiques. La façade orientale dont le fossé est traité comme un rocher garde quelque chose de romain ; il semble au demeurant que Le Bernin ait sacrifié au goût français par la présence de trois avant-corps notamment mais les insuffisances des percements, absence de toit lui ont été reproché. Blondel, qui publie le dernier projet du Bernin entre 1752 et 1756, va détailler les reproches adressés au Bernin : le soubassement paraît trop élevé; l'avantcorps central, qui a près de la moitié du tout, est trop large; l'égalité du premier et du deuxième étage n'est pas acceptable les fenêtres sont trop petites, et maladroitement groupées par paires; les trumeaux sont inégaux, parfois trop petits, en général trop larges ; les trois portes, qui ne sont «préparées par aucun corps saillant», n'ont pas le relief attendu de la principale entrée ; enfin les hercules qui gardent celle-ci sont ridicules. Cette analyse conduit à une conclusion de portée générale : «II est essentiel d'asservir sa production au goût dominant d'une nation où l'on est appelé pour exercer ses talents. » Pour avoir une idée précise de ce à quoi le palais du Louvre du Bernin aurait pu ressembler, il n’est pas inutile de se référer au Palais Montecitorio à Rome, érigé à compter de 1650 par le même Bernin à la demande du pape Innocent X (16441655). En réalité, les projets du Bernin avaient peu de chance d’être réalisés. Le concours de 1664-1665 marque une date décisive quant à la définition des architectures nationales, de l’architecture française en l’occurrence au regard de l’architecture italienne. Comment se définit la manière française ? En réalité, le concours du Louvre visait d’une certaine manière à conjuguer l’art de la distribution intérieure (française) et les ordonnances italiennes (façades). A l’issue de l’affaire du Louvre, la France se définit comme classique en réaction aux extravagances baroques et maniéristes. La manière française, faite d’équilibre et de retenu dans ses effets, va consacrer la toiture en ardoise comme un trait spécifiquement national : dans al filiation des cathédrales du XIIIe siècle, la polychromie, le dialogue de la pierre blonde et de l’ardoise devient l’un des traits distinctifs de l’architecture classique. C’est ce que révèle le débat autour du Louvre. Dans le même temps, il faut rappeler que Le Bernin est le CM8 - Le Louvre et Versailles 5 plus grand artiste de son temps, il est d’abord sculpteur avant d’être architecte, auteur de la chapelle de la sainte Thérèse, de la fontaine de la place Navone, du baldaquin et à la chaire de Saint-Pierre La colonnade de Perrault En avril 1667, Colbert réunissait un petit conseil formé de Charles Le Brun, de Louis Le Vau et de Claude Perrault, et commandait des dessins pour la façade orientale. Le petit conseil propose deux dessins, l'un sans colonnade qui serait de Le Brun, l'autre avec colonnade que retint Louis XIV. En réalité, il est difficile d’attribuer avec certitude la paternité de la façade du Louvre. Le dessin avec colonnade faisait la synthèse des projets antérieurs, notamment celui de François Le Vau et peut-être un premier projet de Claude Perrault datant de 1664; il empruntait même à Lescot, avec les pavillons d'angle reproduisant le pavillon du Roi bâti par Lescot à l'angle sud-ouest de la cour Carrée. UN premier projet à colonnade est établit par l'atelier de Louis Le Vau ; il avait peut-être été imaginé par François D'Orbay. Toujours est-il que Le Vau, en tant que responsable du chantier, occupe une position dominante sur le chantier du Louvre jusqu'en 1668, c'est-à-dire jusqu'à ce que Versailles l'absorbe complètement. Le projet initial allait être fortement modifié. Le petit conseil fait le choix du projet de Perrault : une longue façade rythmée par un pavillon central et deux pavillons d’angle réunis par deux colonnades élevées sur un puissant soubassement. Il fallut rabiller la façade sud récemment construite par Le Vau avec ses pavillons couvert à l’impériale. Perrault construit une façade sud devant celle qu'avait déjà construite Le Vau. L'idée du dôme central, qui figurait également sur le projet de façade à colonnade de Le Vau fut abandonnée. La gravure de Sébastien Leclerc montrant la mise en place des rampants monolithes du grand fronton en 1672, donne un état précis des travaux au moment de l'arrêt des travaux en 1678. La construction de la colonnade posait un problème majeur de raccordement avec les autres ailes de la cour Carrée, plus basses d’un étage. La hauteur de la Colonnade appelait donc la création d'un second étage côté cour, alors que sur l'aile Lescot il n'y avait qu'un étage attique, c'est-à-dire un demi-étage. La solution retenue fut d'étendre le deuxième étage entier à trois ailes en respectant l'attique de l'aile occidentale. Le parti d’étendre aux trois ailes de la cour les dispositions de la façade de Le Vau a été décidé en 1671 en respectant les dispositions des ailes Lescot et de Le Mercier. Pour donner une plus grande unité à la cour, de nombreux caractères des ailes du XVIe siècle ont été repris sur les ailes du XVIIe siècle. Le problème le plus aigu est celui du raccordement du deuxième étage. Aux ailes Lescot et CM8 - Le Louvre et Versailles 6 Le Mercier, il ne s’agit que d’un demi-étage tandis que sur les ailes de Le Vau, il s’agit d’un étage complet. A l'arrêt des travaux, en 1678, les bâtiments n'étaient pas couverts et le deuxième étage n'était pas orné. Les questions liées à l’ornementation ne sont pas moins importantes pour l’harmonie de la cour ; comment accorder l’ensemble des ailes ? L'aile Lescot était ornée d'un ordre corinthien au rez-de-chaussée, d'un ordre composite au premier et d’un étage en attique. Quel ordre adopter pour l'étage entier des autres ailes? En 1671, Colbert ouvre un concours pour la création d'un sixième ordre, l'ordre français qui est remporté par Claude Perrault. L'ambition était évidemment de consacrer l'exemple français en le plaçant dans le système des ordres à côté des apports des grecs et des romains. On se souvient que Philibert de l’Orme avait déjà créé un ordre français au XVIe siècle. Aux cinq types de Vitruve (dorique, toscan, ionique, corinthien et composite), Perrault ajoute un nouvel ordre qui sera pratiquement reproduit à la Colonnade. La grande idée de Perrault et de concevoir un ordre associé à des colonnes jumelées (c’est-à-dire associées par deux) ; l’architecte considérait que la lumière atténuée du climat français appelait un grand entrecolonnement pour l'éclairement des intérieurs et que la maîtrise acquise par les Français en matière de stéréotomie de grande portée en facilitait la réalisation. La performance technique que fut la construction de la Colonnade est bien mise en évidence par Sébastien Leclerc qui illustre la mise en place des rampants du fronton et présente au premier plan une machine élévatrice de l'invention de Perrault, mais encore par Pierre Patte. Peu après, en 1673, Claude Perrault reçoit la commande de Colbert d’une nouvelle traduction de Vitruve qui devait faire autorité en France. Médecin et architecte, Claude Perrault (1613-1688) est aussi reconnu pour ses travaux en anatomie, physique et histoire naturelle. Ses frères sont les écrivains Pierre Perrault (1611-1680) et Charles Perrault (1628-1703). En 1673, il publie une nouvelle traduction de Vitruve sous le titre de Dix livres d'architecture de Vitruve. Bien que la question soit encore débattue, on lui attribue la paternité de la colonnade du Louvre (façade est), construite de 1667 à 1670 par Louis Le Vau, ainsi que le retour de portions de la façade sud. Il est l’auteur de l'observatoire de Paris de 1667 à 1672 et de l'Arc de triomphe du faubourg SaintAntoine (1670). Claude Perrault prend parti avec son frère Charles dans la querelle des Anciens et des Modernes, et s'opposera à l'architecte François Blondel qui défend le parti des Anciens. Claude Perrault expose son point de vue moderne dans les notes de sa traduction de Vitruve sous le titre de Dix livres d'architecture de Vitruve (1673). François Blondel publie son Cours d'architecture enseigné à l'Académie royale CM8 - Le Louvre et Versailles 7 d'architecture (1675), dans lequel il défend le point de vue des Anciens. Brièvement, quels sont les points de discordes entre les modernes et les anciens ? D’une part, la fidélité à l’architecture antique (grecque et romaine et à leurs principes de composition), d’autre part la liberté nécessaire pour faire évoluer les règles de composition. Pour les modernes, il ne saurait exister de règle immuable. Pour Claude Perrault, l'ordre, l'ordonnance et la proportion des bâtiments répondent à un ensemble de règles qu'il s'agit de définir, et ne peut résulter d’une conception universelle et rationnelle. Perrault prend également parti pour la symétrie prise au sens moderne de l’équilibre des masses de part et d’autre d’un axe, au détriment de la symmetria ou proportion qui implique le recours à un module et à une « raison de progression » pour régler la correspondance entre les parties. Claude Perrault réclame le droit de se libérer de la tradition gréco-romaine et d’introduire ce motif de colonnes accouplées qui sera reproduit à la colonnade du Louvre. Il ajoute ainsi cet "ordre français", supplémentaire aux cinq ordres hérités de Vitruve. Claude Perrault est enfin opposé aux corrections optiques qui veut que l’on augmente les dimensions des objets situés en hauteur ou à distance. Par cette prise de position, Perrault prend le contre-pied de Vitruve et des pratiques courantes de son époque. Toujours est-il que l’affaire de la colonnade du Louvre marque une date essentielle dans l’histoire de l’art français sur fond d’émancipation culturelle de l’Italie. Le renvoi du Bernin, la commande d’une nouvelle traduction de Vitruve, la création d’un ordre français ne poursuivent au fond qu’un seul but : démontrer la supériorité des artistes modernes sur les anciens et affirmer la capacité de la France à occuper la première place dans le concert artistique européen (Charles Perrault ouvre l’affaire en publiant en 1687 son poème Le Siècle de Louis le Grand et l’année suivante son Parallèle des anciens et des modernes). En remettant en cause la supériorité des anciens, Perrault entend remettre en cause les fondements même de la théorie architecturale ; elle ouvre la voie au classicisme à la française. En 1678, Louis XIV quitte définitivement les Tuileries et le Louvre. L'aménagement progressif de Versailles, où le roi s'installe définitivement en 1678, marque, sur ordre de Colbert, l'arrêt des travaux dans les résidences parisiennes. Les bâtiments de la Cour Carrée sont laissés en l'état, sans toitures et ouverts à tous vents ; ils le resteront presque un siècle. 2 - Versailles et sa constellation CM8 - Le Louvre et Versailles 8 Jusqu’à la fin des années 1660, Versailles demeure un lieu de séjours et de fêtes, elles se succèdent en 1664, 1668 et 1674. L’architecte le Vau sera le maître d’œuvre de ces premières campagnes de travaux. Au début des années 1670, Louis XIV est au sommet de sa gloire : la paix de Nimègue (1678), signée entre les Provinces-Unies et la France, met fin à la guerre de Hollande. En 1677, Louis XIV décide de transférer le siège du gouvernement à Versailles et de faire de la ville la capitale du royaume. Jules Hardouin-Mansart succède à Le Vau et va donner au palais une ampleur sans précédent dans la décennie 1678-1688 : les écuries, l'orangerie, les ailes du Nord et du Midi. Les résidences périphériques se multiplient : Trianon, Marly. En réalité, les événements politiques et militaires du règne ont une incidence directe sur la conduite du chantier. Les années 1680 sont plus difficiles : 1685 la révocation de l’Edit de Nantes, la révolution anglaise de 1688 rendent les temps plus incertains, les guerres reprennent entraînant la fonte du mobilier d’argent en 1689 pour financer la guerre contre la ligue d’Augsbourg (pays protestants). Le pavillon de chasse de Louis XIII Le nom même du domaine de Versailles viendrait du latin versare qui signifie retourner la terre. Versailles est un lieu ingrat mais très giboyeux, raison pour laquelle Louis XIII fait construire un premier pavillon afin de pratiquer son activité de prédilection ; la chasse. Versailles est proche de Saint Germain - autre résidence royale - et de Paris. Louis XIII chasse à Versailles depuis 1607 avec sont père le roi Henri IV. Ce lieu lui plaît beaucoup et il y revient très fréquemment. Las de dormir sur la paille, il décide durant l'année 1623 de se faire construire « une petite maison » afin d'augmenter son confort et de lui permettre de passer la nuit sur les lieux. Le roi fait l'acquisition d’un vaste domaine et d’un château en ruine. La construction du premier château commence le 6 septembre 1623. Le roi y couche la première fois en juin 1624. C'est alors un château qui se présente en U avec un corps de logis pour le roi et un pour le capitaine des gardes. Il y avait deux petites ailes encadrant une coure, aujourd'hui la cour de marbre, un portique de sept arcades reliant les ailes et quatre pavillons aux angles ; un fossé tout autour que franchissait pour le devant un pont-levis et pour l'arrière un pont de pierre ; une avant cour fermée par une grille et flanquée de bâtiments des communs. Mais progressivement le château se révèle exigu et Louis XIII décide sa reconstruction en 1631 en conservant la disposition de l'ancien édifice. Le château s’élève en briques rouges et en pierre : il correspond à la partie qui se trouve autour de la cour de marbre. Il dispose déjà d'un petit jardin qui annonce la configuration des axes et des perspectives qui seront bientôt tracées par Le Nôtre. CM8 - Le Louvre et Versailles 9 Toute la cour s’étonne de l'engouement du roi pour ce lieu si peu accueillant et raille sa "grosse maison" ; son "petit château de gentilhomme" ; "petit château de carte". En effet, le château de Louis XIII s'apparente plus à une demeure de bourgeois ou à une maison de campagne qu'à une résidence royale. Mais le roi, timide, aime à se retirer dans cet endroit, loin de la cour et de l'agitation. Versailles devient très rapidement pour lui un refuge, une retraite. En outre, le site se montre fort prodigue en produit de la chasse et le roi y vient de plus en famille. Louis XIII transmettra sa passion pour le lieu et pour la chasse à son fils Louis XIV. Ce dernier, imprégné fortement par la mémoire de son père, s'attachera durant tous les futurs travaux de Versailles à ne rien changer au château, pourtant si commun, de Louis XIII. A la mort de Louis XIII, Versailles cesse alors d'être une résidence royale pendant 18 ans. Au début de son règne, Louis XIV ne trouve aucune maison royale à son goût, il habita le Palais Royal, le Louvre, les Tuileries, il essaya de se fixer à Vincennes, à SaintGermain-en-Laye au Château Neuf et au Château Vieux puis séjourna à Fontainebleau. Le roi compare les avantages et les inconvénients de ses châteaux, et pour pallier leurs incommodités, entreprend d’importants travaux, mais en vain. C’est en 1651, que Louis XIV effectue sa première visite à Versailles. Dans un premier temps, la demeure constitue seulement un refuge pour les amours du souverain. Il y emmène sa maîtresse Louise de La Vallière. Le 25 octobre 1660, Louis XIV conduit à Versailles sa jeune épouse, la reine Marie Thérèse. Après la mort du cardinal de Mazarin en 1661, le roi prend le pouvoir. Le 17 août 1661 a lieu la fête de Vaux-le-Vicomte, moment charnière qui décide louis XIV à reconstruire Versailles. C'est en moins de cinq ans (1657-1661) que Nicolas Fouquet, surintendant des Finances, réussi à réaliser ce que l'on peut nommer l'ébauche de Versailles. Vaux est une réussite exceptionnelle à bien des égards : si la composition du château lui-même n’est pas sans reproches, l’harmonie qui y règne est au crédit de Fouquet qui a eu l’intelligence de réunir autour de lui les meilleurs artistes du moment : Le Nôtre, Le Brun, Le Vaux, Nicolas Poussin, Molière, Lafontaine... Le roi qui est émerveillé et impressionné, considère alors que Fouquet a détourné l'argent du royaume. Vingt jours après la fête du 17 août 1661 donnée en l'honneur du roi, Fouquet est arrêté et incarcéré. De 1661 à 1662, débutent de nouveaux travaux à Versailles. Louis Le Vau est chargé de reconstruire les communs, le Nôtre dessine les premiers jardins et les travaux de décoration des appartements débutent. À l'époque, Versailles n’était qu’une résidence d’agrément où des fêtes étaient données dans les jardins, le Louvre demeurant le palais royal. Les premières festivités sont données au château en mai CM8 - Le Louvre et Versailles 10 1664. Dès les années 1660, Louis XIV fait aménager Versailles de façon à pouvoir y passer plusieurs jours avec son Conseil. Il décide de conserver le château initial bâti par Louis XIII. Le Vau tripla la superficie du Château, qui fut décoré avec beaucoup de luxe, en reprenant notamment le thème du soleil omniprésent à Versailles. Les jardins, particulièrement appréciés par Louis XIV, virent leur superficie à nouveau augmentée, et sont ornés de sculptures de Girardon & de Le Hongre. Les premières statues sont installées en 1665 dans le jardin et la grotte de Téthys construite. En 1667, commence le creusement du Grand canal. Le Nôtre conçoit l’élargissement de l’allée centrale et prend en charge les jardins et les aménagements extérieurs. Le premier grand architecte du Versailles de Louis XIV n’est autre que Louis Le Vau, auteur des grands appartements du Roi et de la Reine ainsi que de la façade de pierre du Château côté jardin, dénommée « Enveloppe de Le Vau » ou « Enveloppe de 1668 ». Versailles fut assurément la dernière réalisation majeure de l’architecte. En 1668, Louis XIV confie à Le Vau, premier architecte du roi depuis 1654, l’extension du château de brique et pierre de son père Louis XIII. Du côté de la cour, il bâtit dans le même style les ailes symétriques des écuries et des communs mais choisit la pierre pour entourer le château primitif du côté des jardins. C’est la fameuse « Enveloppe ». A l’esthétique française des toits en ardoise côté cour, Le Vau privilégie l’esthétique italienne d’une couverture invisible derrière une balustrade ornée de trophées et de pots-à-feu. Esthétique reprise et étendue dans les ailes par son successeur HardouinMansart. A Versailles, Le Vau érige aussi la première Orangerie et la Ménagerie dans le parc. Il entame la réalisation de l’escalier des Ambassadeurs − fabuleux escalier d’honneur du grand appartement du roi − et les décors des appartements royaux, imaginé par l’architecte Louis Le Vau, il est l’œuvre de son successeur, François d’Orbay, et du peintre Charles Le Brun, entre 1672 et 1679. Richement décoré de marbres polychromes, de bronze doré et de peintures, il est éclairé à la voûte par une verrière. L’ensemble de son décor célèbre la victoire du roi dans la guerre de Hollande (1672-1678). L’escalier sera détruit en 1752. Tous ces travaux seront achevés par François d’Orbay (1634-1697), principal collaborateur et successeur de Le Vau, avant l’arrivée d’Hardouin-Mansart en 1675. Les nouvelles constructions triplent la superficie du château. À la mort de Le Vau, en octobre 1670, les travaux se poursuivirent sous la conduite de François d'Orbay désigné par Colbert. Le château de Louis XIII restait intact du côté ville mais disparaissait du côté jardin, caché par les nouveaux bâtiments. Désormais on distingue le Château Vieux de Louis XIII du Château Neuf élevé par son fils. Le Château Neuf CM8 - Le Louvre et Versailles 11 était un bâtiment de conception italienne tout en pierre. Les longues façades furent ponctuées par des avant-corps et divisés dans la hauteur. La façade ouest fut occupée, au premier étage, par une grande terrasse calée par le pavillon du roi au nord et le pavillon de la reine au sud. Tout comme les architectes de Chambord, le Vau puisa son inspiration dans les modèles italiens mais les volumes, les proportions et l’ornementation en firent une œuvre de l’esprit français. Le rez-de-chaussée, constitué par un soubassement souligné par les lignes horizontales des refends, s’éclaire par des fenêtres cintrées sur les parterres. L’étage fut pourvu de colonnes ioniques, de niches et de hautes fenêtres rectangulaires, cintrées par Mansart. Cet étage reçoit un important décor sculpté : statues dans des niches, et bas reliefs rectangulaires surmontant les fenêtres. Le second étage ou attique reçoit quant à lui une décoration d’ordre corinthien et se trouve surmonté d’une balustrade sur laquelle prennent place des trophées et des pots à feu. L’édifice comprend principalement deux appartements symétriques, pour le Roi au nord et la Reine au sud, de sept pièces en enfilade, séparés du côté ouest par une grande terrasse en belvédère sur les jardins. Les salons, dont les plafonds à voussures en stucs dorés sont peints de figures allégoriques et de divinités mythologiques, sont parfaitement éclairés par de grandes baies. Les murs, quant à eux, sont couverts de marbre polychrome ou tendus de riches étoffes. Petit-neveu de l'architecte François Mansart, Jules Hardouin-Mansart sera la maître d’œuvre des grands travaux de Versailles après Le Vau. Il devient architecte ordinaire en 1675 et entre à l'Académie royale d'architecture. Premier architecte du roi en 1681, il est nommé intendant général des bâtiments du roi en 1685, inspecteur général des bâtiments du roi en 1691, et surintendant des bâtiments du roi en 1699. Il est l’auteur du château de Clagny à Versailles (1675-1683), de l’hôtel de ville d'Arles (1676), de l'église Saint-Louis-des-Invalides à Paris (1676-1706), du château de Saint-Germain-en-Laye (1680), de la place de Victoires à Paris (1686), de l’église Saint-Roch à Paris (17011722). A Versailles, il signe bosquet des Dômes (1677), la façade côté parc, les ailes de retrait du nord et du midi (1679-1689), la Petite et la Grande Écurie, la nouvelle orangerie (1684-1686), le Grand Trianon (1687), la chapelle royale (1698-1710). Le grand appartement du roi Cette enfilade majestueuse de sept salons sert d’appartement de parade, c’est-à-dire de cadre aux actes officiels du souverain. C’est pourquoi ces salons ont été décorés avec une très grande richesse et selon le modèle des palais italiens contemporains. Durant la journée, le Grand Appartement était ouvert à tous, Français et étrangers, qui CM8 - Le Louvre et Versailles 12 venaient y voir le roi lorsque celui-ci le traversait pour se rendre à la Chapelle. Trois soirs par semaine, il était réservé à la Cour. Le salon d'Hercule. Premier salon du Grand Appartement du Roi, le salon d’Hercule a été en réalité le dernier créé, à la fin du règne de Louis XIV. Depuis 1682, la chapelle du château occupait son emplacement sur deux étages et elle servit jusqu’en 1710, date où elle fut remplacée par la chapelle actuelle. Pour décorer ce nouveau salon, on y plaça en 1712 le monumental tableau de Véronèse, Le Repas chez Simon, peint pour le réfectoire du couvent des Servites à Venise vers 1570. En 1664, le doge l’avait offert à Louis XIV afin que ce dernier lui apporte son soutien contre les Turcs. Interrompus par la mort du Roi-Soleil pendant dix ans, les travaux du salon d’Hercule durèrent jusqu’en 1736, date à laquelle François Lemoyne acheva la peinture de la voûte représentant L’Apothéose d’Hercule, voulant figurer que « la Vertu élève l’homme au-dessus de luimême ». Le salon de l’Abondance Le salon de l’Abondance était le lieu des rafraîchissements les soirs d’appartement ; un buffet y proposait café, vins et liqueurs. C’était aussi l’antichambre du cabinet des Curiosités ou des Raretés de Louis XIV (désormais occupé par le salon des Jeux de Louis XVI) auquel on accédait par la porte du fond. Le roi aimait montrer à ses hôtes de marque les vases d’orfèvrerie, les gemmes et les médailles qui y étaient conservés et qui ont inspiré le décor de la voûte. De toute l’enfilade, le salon de Vénus présente le décor le plus baroque. C’est le seul endroit où Le Brun a fait dialoguer architectures, sculptures et peintures, tantôt réelles et tantôt feintes : les pilastres et colonnes de marbre sont repris dans les perspectives peintes par Jacques Rousseau, et deux statues en trompe-l’œil du côté des fenêtres répondent à la figure de Louis XIV par Jean Warin. Le salon de Vénus ainsi que le salon de Diane, constituaient le principal accès au Grand Appartement car le grand escalier, dit « escalier des Ambassadeurs » (détruit en 1752) y aboutissait. Les soirs d’appartement, on y dressait des tables couvertes de corbeilles de fleurs, de pyramides de fruits frais et rares comme oranges et citrons ainsi que de fruits confits et de massepains. Comme toutes les pièces suivantes, ce salon tire son nom d’une planète, thème lié au mythe solaire qui inspira tout le décor de Versailles dans les années 1670. Le salon de Diane. Tout comme le salon de Vénus, le salon de Diane servait de vestibule au Grand Appartement et, au temps de Louis XIV, les soirs d’appartement, de chambre du billard. Un riche répertoire de marbres décore les murs et se conjugue avec les bois dorés et le plafond à voussures. Le salon de Mars. Mars est le dieu de la Guerre. Le choix de ce thème militaire qui inspire CM8 - Le Louvre et Versailles 13 l’ensemble de la décoration du salon s’explique par le fait que cette grande pièce devait à l’origine servir de salle des gardes à l’appartement de parade. Elle fut par la suite réservée, les soirs d’appartement, à la musique et à la danse, si bien qu’on l’appelait communément « la salle du bal ». Le salon de Mercure. À l’origine, le salon de Mercure était la chambre de parade du Grand Appartement, d’où son nom de « chambre du lit », bien que très vite ce lit fût ôté en hiver afin de libérer l’espace et d'y installer des tables de jeu. Jusqu’en 1689, le salon de Mercure accueillait le somptueux mobilier d’argent composé de tables, miroirs, chenets et lustres d’argent massif magnifiquement ciselés par les orfèvres des Gobelins ornaient murs, plafonds et cheminée. Une balustrade également d’argent séparait l’alcôve du reste de la pièce. Toutes ces pièces furent envoyées à la Monnaie pour soutenir cette fois la guerre de Succession d’Espagne. Le salon d’Apollon, dédié au dieu du Soleil, dieu des Arts et de la Paix auquel s’identifiait Louis XIV, était le plus fastueux de tous. Cela se perçoit encore aujourd’hui dans le décor du plafond où toutes les peintures – composition centrale, voussures et écoinçons – sont tout en couleurs et où toutes les sculptures sont en ronde bosse et entièrement dorées. Mais tout le reste a disparu : le mobilier d’argent et en particulier le trône de 2,60 mètres de haut furent fondus en 1689. Un fauteuil en bois doré, dont le style évolua selon les règnes, remplaça le trône de Louis XIV. Il était placé sur une estrade recouverte d’un tapis de Perse à fond d’or et sous un dais. Les tentures qui, comme dans toutes les demeures royales, variaient selon les saisons, étaient faites de velours cramoisi, coupé de dix-huit bandes de broderies d’or et d’argent l’hiver, et de broderies d’or et d’argent sur fond de soie l’été. Le salon de la Guerre, la galerie des Glaces et le salon de la Paix vont structurer le grand appartement sur la façade occidentale du palais. La galerie des Glaces, le salon de la Guerre et de la Paix remplacent la terrasse et les cabinets du Roi et de la Reine au premier étage. C’est à partir de 1678 que Mansart entreprit la construction du salon de la Guerre. La décoration, achevée par Le Brun en 1686, exalte les victoires militaires qui aboutirent à la paix de Nimègue. Les murs sont revêtus de panneaux de marbre ornés de six trophées et de chutes d’armes en bronze doré. Le mur du côté du salon d’Apollon est occupé par un bas-relief ovale en stuc représentant Louis XIV à cheval foulant aux pieds ses ennemis. Ce chef-d’œuvre de Coysevox est surmonté de deux Renommées dorées et soutenu par deux captifs enchaînés. Au-dessous, dans le basrelief occultant l’ouverture d’une fausse cheminée, Clio écrit pour l’avenir l’histoire du Roi. La galerie des glaces a été élevée sur l’ancienne terrasse du château neuf, entre 1678 et 1684, en fermant la terrasse de Le Vau par une longue façade dont les lignes CM8 - Le Louvre et Versailles 14 architecturales reprennent celles du château neuf. Jules Hardouin-Mansart, imagine un ensemble composé d’une galerie flanquée de deux salons à coupole. Charles Le Brun conçoit un décor formé de dix-sept arcades ornées de 357 panneaux de glaces qui ont fini par laisser leur nom à la galerie. Le décor forme un tout, on peut parler d’« art total » : il comprend des glaces, des marbres de couleurs, des bas-reliefs de bronze et de plomb, les fameux chapiteaux d’ordre français aux coqs et aux fleurs de lys, des groupes de stuc en ronde bosse posés sur la corniche, et enfin le morceau de bravoure : la peinture de la voûte réalisée par Charles Le Brun et ses collaborateurs sur près de 1 000 m2. C’est là que se déploie le sens historique et politique voulu par le roi. Le décor de la galerie des Glaces a été réalisé entre 1679 et 1684 ; celui des salons de la Guerre et de la Paix a été terminé en 1687. La grande galerie, limitée au nord par le salon de La Guerre et au sud par le salon de la Paix, s’étend sur 73 mètres de longueur elle occupe toute la façade ouest du Château neuf et servira de passage entre les appartements du Roi et ceux de la Reine. La création de la galerie des Glaces va avoir une incidence majeure sur l’organisation des appartements : désormais l’appartement du roi est déporté dans le château vieux, l’appartement du Soleil deviendra le Grand Appartement et sera utilisé pour les réceptions. Le projet est présenté au roi Louis XIV par Jules Hardouin-Mansart en 1678. Le peintre et décorateur Charles Le Brun en débute la décoration en 1680, la galerie est inaugurée en 1684. Le salon de la Paix. Le salon de la Paix présente le même décor de panneaux de marbre et de trophées d’armes de bronzes dorés et ciselés que le salon de la Guerre qui lui est symétrique. Le décor de Le Brun illustre ici bienfaits de la paix donnée par la France à l’Europe. Ce salon fut, dès la fin du règne de Louis XIV, séparé de la galerie par une cloison mobile et considéré comme faisant partie du Grand Appartement de la Reine dont il constitua dès lors la dernière pièce. Du XVIIe siècle, subsiste encore la salle des Gardes de la Reine qui ouvre que le second escalier du palais construit par d’Orbay, destiné à faire pendant à l’escalier des Ambassadeurs : il s’agit de l’escalier de la Reine. En 1681 Le Brun acheva la décoration des Grands Appartements. Jules Hardouin-Mansart prévoyait la construction de deux immenses bâtiments encadrant le château de Le Vau au nord et au sud et en retrait par rapport à celui-ci. La façade sur les jardins est remaniée. En 1679, débute la construction des ailes du Midi et du Nord (1679-1689), destinées à loger les courtisans qui achèvent la façade côté parc. Entre 1685 et 1689, une véritable fièvre constructrice donna naissance à l’orangerie qui remplaça celle de Le Vau, elle fournissait 3000 arbustes et 150 000 plantes florales chaque année, aux écuries, au Grand Commun, à l’aile nord des courtisans. Vus des CM8 - Le Louvre et Versailles 15 jardins, les trois bâtiments distincts composaient un ensemble harmonieux, la façade se développait sur une longueur de 670 m, les deux nouveaux bâtiments accueillaient les Princes et les courtisans, les écuries, les carrosses, les services généraux et le logement des domestiques. Dans les mêmes années, débutent les travaux de la pièce d’eau des Suisses et du bassin de Neptune, et les terrassements nécessaires au doublement du parterre du Midi et à la construction de la Nouvelle Orangerie (16841686). Dans les années 1680, Hardouin-Mansart engage la construction des Grandes et des Petites Écuries. Le dernier grand chantier de l’architecte à Versailles et celui de la chapelle royale (1698-1710). La chapelle qui compte pour l’un des chefs d’œuvre d’Hardouin-Mansart n’a été achevée qu’en 1710. Elle était aménagée précédemment dans le salon d’Hercule. Cependant, les guerres avaient retardé le chantier de la Grande Chapelle, ouvert dès 1689 par Hardouin-Mansart. L’architecte n’en vit d’ailleurs pas la fin puisqu’il mourut en 1708. À cette date, son beau-frère Robert de Cotte lui succéda, mais les lignes générales de l’architecture et du décor avaient été arrêtées dès 1699 : un plan avec nef, bas-côtés et déambulatoire, une élévation avec tribunes, une harmonie de blanc et or contrastant avec la polychromie du pavement de marbres et des peintures de la voûte ; le tout aboutit à une œuvre originale où se mêlent réminiscences de l’architecture gothique et esthétique baroque. L’œuvre de Le Nôtre Au service de la monarchie dès 1635, André Le Nôtre commence sa carrière comme jardinier de Gaston d’Orléans, oncle de Louis XIV. Issu d’une famille de jardiniers du Roi dès le XVIe siècle, il se forme dans le jardin des Tuileries qu’il modifie en 1666-1672, créant au-devant la vaste perspective des Champs-Elysées. Ses travaux pour Fouquet à Vaux-le-Vicomte en 1656-61 lui attirent gloire et fortune. Louis XIV le prend à Versailles dès 1662. Sur la base du jardin primitif de Louis XIII, Le Nôtre aménage près du château deux grands parterres nord et sud. Il remodèle le grand axe est-ouest qu’il entend prolonger dans une perspective sans fin. A Versailles, Le Nôtre poursuit ses réflexions en matière de jardin : des axes principaux entrecoupés d’allées secondaires délimitent les bosquets ; treillages et charmilles forment de vastes murs de verdure qui soulignent les perspectives ; des allées obliques ou sinueuses mènent aux bosquets afin de ménager la surprise du visiteur ; des décors et jeux d’eau originaux contrastent avec la rigoureuse symétrie des masses boisées. Utilisant toutes les ressources de l’eau, Le Nôtre joue sur l’ombre et la lumière en passant d’espaces obscurs (bosquets) à des zones plus éclairées (parterres). Parterres et allées principales sont jalonnés de statues et d’ifs taillés dans les formes les plus étonnantes qui font de Versailles un haut CM8 - Le Louvre et Versailles 16 lieu de l’art topiaire. Ce savant équilibre entre symétrie des axes et fantaisie des masses est appliqué avec plus ou moins de rigueur dans les autres grandes réalisations du jardinier : Saint-Cloud pour le duc d’Orléans (1665) ; Sceaux pour Colbert (1670-1677) ; Clagny pour Madame de Montespan (1674). Outre Versailles, Le Nôtre réalise pour le roi la grande terrasse de Saint-Germain (1669-1672) et les jardins de Trianon (1672-1688). La composition des jardins de Versailles est centrée sur un grand axe qui se termine à ses extrémités côté parc et côté entrée par une patte d'oie. La patte d'oie de l'entrée revêt une importance particulière puisqu'une ville nouvelle, qui sera un modèle pour l'Europe, va se construire sur ses avenues. En 1661, Louis XIV charge André Le Nôtre de la création et de l’aménagement des jardins de Versailles qui revêtent à l’esprit du roi une importance aussi grande que le Château. Les travaux sont entrepris en même temps que ceux du palais et durent une quarantaine d’années. André Le Nôtre ne travaille pas seul. Jean-Baptiste Colbert, Surintendant des bâtiments du Roi, de 1664 à 1683, dirige le chantier ; Charles Le Brun, nommé Premier Peintre du Roi en janvier 1664, donne les dessins d’un grand nombre de statues et fontaines ; un peu plus tard, l’architecte Jules Hardouin-Mansart ordonne des décors de plus en plus sobres et construit l’Orangerie. Enfin, le Roi lui-même se fait soumettre tous les projets et veut le « détail de tout ». La création des jardins demande un travail gigantesque. D’énormes charrois de terre sont nécessaires pour aménager les parterres, l’Orangerie, les bassins, le Canal, là où n’existaient que des bois, des prairies et des marécages. La terre est transportée dans des brouettes, les arbres sont acheminés grâce à des chariots de toutes les provinces de France ; des milliers d’hommes, quelquefois des régiments entiers, participent à cette vaste entreprise. Les premières constructions qui se font sur la patte d'oie préfigurent (dès 1664) celles de Marly. La patte d'oie voit la construction d’hôtels identiques, massés comme des pavillons le long des avenues. Depuis Richelieu, l’idée de construire une ville qui ait fonction d’écrin au château est une idée permanente. Côté ville, trois voies rayonnent en direction de l'est : au nord, l'avenue de Saint-Cloud ; au centre, l'avenue de Paris, dans l'axe du château ; au sud, l'avenue de Sceaux. Versailles n'est pas qu'un château, c'est une ville, un parc, une région capitale qui comprend plusieurs châteaux et s'étend presque jusqu'à Saint-Germain-en-Laye, c’est-à-dire aux portes de Paris. Les quartiers Notre-Dame (créé en 1672) et Saint-Louis (créé en 1680) sont deux quartiers urbains placés symétriquement de part et d'autre de la patte d'oie, deux dépendances du château qui tentent vainement de constituer une vraie ville. La symétrie est fortement CM8 - Le Louvre et Versailles 17 exprimée par les églises, l'église Saint-Louis étant « occidentée » (son chœur est à l'ouest) pour faire pendant à l'église Notre-Dame, qui est «orientée». Le grand parc de chasse, qui était de 1000 hectares en 1662, passe en trente ans à 6000 hectares (60 km2); il est distribué par une demi-étoile de cinq avenues placée à l'extrémité du Grand Canal. Son mur continu a 24 portes ; il a englobé huit paroisses, des fermes et des hameaux. Autour de Versailles, dont l'emprise étatique s'étend à tout le royaume, se crée une zone d'exploitation directe, comparable à la zone de subsistance qui entoure les grandes villes : cependant, elle ne concerne pas le pain mais l'eau. Les fontaines et bassins du jardin de Versailles sont insatiables comme un contrôleur général. On vide pour eux les étangs de la région, on remonte les eaux de la Seine à Marly avec une machine qui est un chef-d'œuvre de la technique (1678). De nombreuses constructions périphériques s’élèvent dans le grand parc de Versailles parmi lesquelles la ménagerie et le palais de Trianon. La Ménagerie de Versailles a été conçue par l’architecte Louis le Vau dès 1663, à l’extrémité sud-ouest du Parc, dans l’ancienne ferme de La Boissière sur la route de Trappes, achetée par Louis XIV en 1662. Dès 1664, les volatiles, les animaux domestiques et sauvages furent accueillis. Le plan de la Ménagerie est simple : elle est centrée autour d'un bâtiment octogonal couvert par un dôme en ardoise. À l'étage, un balcon entoure le bâtiment, il permet une vue sur les différents enclos disposés tout autour en éventail. Le salon octogonal du premier étage permettait donc d’admirer les animaux isolés dans sept cours séparées par des grilles. Un peu plus loin, un autre bâtiment en longueur contenait la volière. La Ménagerie de Versailles est ensuite reliée au jardin de Versailles par le terrassement et le percement du bras sud du Grand Canal en 1668. L’endroit est un lieu de fêtes et de promenades pour observer les animaux; il sera être embelli pour la duchesse de Bourgogne par Jules Hardouin-Mansart, lors d’une nouvelle campagne de travaux de 1698 à 1700. La constellation versaillaise Louis XIV, très tôt, ressent le besoin de s’isoler de Versailles dans un cadre moins solennel dans lequel il va pouvoir vivre plus librement. C’est la raison de la construction de résidences périphériques à Versailles même et dans la région parisienne qu’il s’agisse du Trianon comme de Marly. Le roi est à la recherche de lieux où il pourra séjourner à la belle saison, loin de Versailles et du protocole de la cour, en famille ou entre familiers. Le grand Trianon CM8 - Le Louvre et Versailles 18 Le Trianon de porcelaine est un édifice construit, en 1670-1671, sur l'emplacement du village de Trianon à l’extrémité du bras nord du Grand Canal. À mi-chemin entre un château et une fabrique de jardin, l'édifice constituait un ensemble de constructions légères, à ossature de bois, revêtues de carreaux de céramique (d'où le nom de « Trianon de porcelaine »). Le chantier est confié à Louis Le Vau et François d'Orbay ; le Trianon de porcelaine se présente sous la forme de cinq pavillons aux façades recouvertes de carreaux de faïence bleue et blanche dite « à la chinoise ». La mode est alors à la Chine et à l'Inde. Cette construction éphémère ne résiste pas aux intempéries et est détruite en 1687 pour être remplacée par le Grand Trianon. Louis XIV commande à son premier architecte Jules Hardouin-Mansart une maison plus vaste et pérenne, construite en quelques mois entre 1687 et le début de 1688. La nouvelle maison, le « Trianon de marbre » ou Grand Trianon, est un édifice qui se développe tout en longueur entièrement en rez-de-chaussée et de plain-pied, ouvrant très largement par de grandes portes-fenêtres sur les jardins. Les façades sur la cour d’entrée et les parterres sont ornées de pilastres et de panneaux en marbre rouge du Languedoc. Séparant la cour d’entrée du jardin, et les deux ailes du château, une galerie ouverte dont le roi à lui-même aurait eut l’idée. L’aile droite se prolonge à angle droit par une galerie qui longe le parterre et qui rejoint une aile, à angle droit elle aussi, qui abrite les appartements des invités. Le roi vient à Trianon en famille, et en compagnie de quelques familiers qui doivent y être invités. Le château de Marly Le château de Marly, construit dans la décennie 1678-1688, comprend un pavillon royal, placé sur un axe d'eau qui va de la «rivière» (un monumental escalier d'eau) jusqu'à l'abreuvoir où les eaux se rassemblent pour le bain des chevaux et de rustiques troupeaux. Six pavillons pour les invités du roi sont alignés de part et d'autre de cet axe. L'entrée se fait sur un axe transversal qui recoupe l'axe principal au milieu du pavillon royal. Sur cet axe secondaire, on trouve, de part et d'autre de l'entrée, un pavillon de garde et la chapelle, et, en pendant par rapport au pavillon royal, un pavillon dit la Perspective. Le pavillon royal, carré, contient un salon central à l'italienne, et, au rez-dechaussée, quatre salons en croix et un appartement dans chacun des quatre cantons. Le parti du pavillon, comme d'ailleurs le parti général, renvoie étonnement à l’architecture de la Renaissance italienne ou italianisante, à l’art de la villa, dont la Rotonda de Vicence. Mais le modèle du plan centré est aussi celui de Chambord. A Marly, le roi n'occupe que le pavillon central, les invités occupent les douze pavillons. La répartition est (théoriquement, car les circonstances en ont souvent décidé autrement) CM8 - Le Louvre et Versailles 19 la suivante : dans les quatre cases du carré central, décorées chacune d'une couleur particulière, le roi, la reine, Monsieur, frère du roi, et Madame; dans les pavillons (un appartement au rez-de-chaussée, un à l'étage), les dames d'un côté et les messieurs de l'autre. Autre trait venu du XVIe siècle et de l'Italie : le décor des façades n'est pas construit, mais peint à fresque en trompe-l'œil. Le pavillon de la Perspective est justement orné d'une colonnade s'ouvrant sur une perspective simulée. Le pavillon du roi a ainsi des vues vraies ou feintes sur les quatre orientations. Pour chacun des pavillons des invités, Le Brun conçoit un décor singulier dont l’iconographie renvoie à la symbolique solaire. Ce reflux doit être mis en relation avec l'évolution de l'iconographie versaillaise, déjà signalée. A Marly, le programme décoratif avait été initialement conçu comme une évocation du système solaire. Les douze pavillons étant les douze signes du zodiaque ou les douze mois de l'année. Le soleil ordonnant l’ensemble. Ces réflexions portant sur les résidences périphériques de Versailles viennent consacrer l’île de France – son flanc ouest en particulier – comme le lieu d’élection des grandes entreprises d la monarchie française à l’époque moderne. Après le val de Loire du XVIe siècle, c’est l’île de France qui voit la réalisation des principales opérations architecturales et urbaines du XVIIe siècle, en composant un véritable système de parcs qui demeure aujourd’hui encore. Cette réflexion n’est pas indépendante des questions urbaines comme l’illustrent les exemples de Richelieu et de Versailles. La politique inaugurée par Henri IV de places royales allait fortement contribuer à magnifier le roi et à travers lui, le prestige de l’Etat. Les places royales s’imposent comme l’un des développements privilégiés de cette politique de prestige. 3 – Les places royales Les places royales sont des espaces publics conçus et destinés à servir de cadre à la statue d'un souverain. La France en a offert les premiers modèles. La première place royale de Paris est la place Dauphine en 1614, aménagée à l’extrémité de l’île NotreDame sous Henri IV. La naissance des places Royales associe deux idées : l’embellissement des villes et la volonté de glorifier la monarchie des Bourbons, d’Henri IV à Louis XV. Outre la place Dauphine, avec la statue d'Henri IV installée au centre du pont Neuf, la place Royale (aujourd'hui place des Vosges) est inaugurée en 1612 ; la statue de Louis XIII ne sera installée qu'en 1639. Sous Louis XIV, entre 1684 et 1686, Jules Hardouin-Mansart aménage à Paris la place des Victoires, sous la forme d’un rond-point majestueux, inaugurée en 1686, et la place Louis-le-Grand (aujourd'hui place Vendôme) en 1699. CM8 - Le Louvre et Versailles 20 La mode des places Royales s'étend à la province : la place Bellecour à Lyon, inaugurée en 1713, la place du Peyrou à Montpellier en 1718, la place Royale de Dijon en 1725 et la place Royale-Louis XIV de Rennes en 1726. Certaines places consacrées à Louis XV ne furent que des projets ; d'autres ne sont pas des créations, mais d'anciennes places au décor desquelles fut ajoutée une statue royale ; il en va ainsi de : la seconde place à Rennes, par Gabriel (le père), la place Royale de Bordeaux, la place Louis XV (place de la Concorde), conçue par Gabriel fils (1755-1775) à Paris, la place de Nancy, construite par Héré e

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