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Cours_Ecopol II_2016-69-149.pdf

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RadiantWilliamsite1340

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69 Partie II. Introduction à la macroéconomie 70 La macroéconomie a pour objet la compréhension de l’activité économique dans son ensemble, une tâche complexe puisque les économies sont très complexes. Cette complexité pousse...

69 Partie II. Introduction à la macroéconomie 70 La macroéconomie a pour objet la compréhension de l’activité économique dans son ensemble, une tâche complexe puisque les économies sont très complexes. Cette complexité pousse les économistes à réduire l’économie nationale à un certain nombre de catégories économiques à propos desquelles ils posent un certain nombre d’interrogations fondamentales. Parmi ces interrogations figurent : - quelles sont les causes des fluctuations de l’activité économique ; - pourquoi certains pays ont des faibles taux d’inflation par rapport à d’autres ? - Pourquoi l’inflation augment ? - les politiques économiques sont-elles efficaces pour résoudre les problèmes économiques qui se posent ? - etc. Ces phénomènes peuvent être conjoncturels ou structurels. Lorsqu’ils sont structurels, ils relèvent de la croissance économique, c'est-à-dire de la longue période. La macroéconomie traite donc des phénomènes conjoncturels de courte période mais aussi de longue période. Dans cette partie du cours nous abordons les questions conjoncturelles. Notre exposé gravite à cet effet autour du niveau de production (PIB), du chômage, de l’inflation ou enfin des équilibres extérieurs. Et pour tenter de comprendre ces phénomènes, les économistes se donnent une représentation simplifiée de la réalité, en recourant à la modélisation. Mais cette tâche est loin d’être aisée, la représentation pertinente de la réalité n’est pas une évidence. Une même réalité peut être représentée de plusieurs manières selon l’objectif visé par l’étude et surtout selon les hypothèses émises sur le système économique et sur son fonctionnement. Les hypothèses sont fondamentales parce qu’elles fixent le cadre général de l’analyse, et les fondements des comportements des variables. En sciences économiques, la multiplicité des écoles de pensée s’explique en grande partie par la multiplicité des hypothèses émises sur le fonctionnement de la sphère économique de la société. Et c’est pourquoi ce cours s’efforce de proposer systématiquement deux approches différentes des phénomènes 71 étudiés : une approche classique (néoclassique) et une approche keynésienne. Le clivage fondamental se rapporte à la pertinence de l’intervention publique dans la vie économique. Cette proposition annonce d’ailleurs l’objet de cette partie du cours : qu’en est-il de l’efficacité des politiques économique dans la résolution des problèmes des fluctuations de la production, du chômage, de l’inflation ou des déséquilibres extérieurs ? La réponse à cette interrogation suppose la construction de modèles économiques (un modèle est une représentation simplifiée d’une réalité complexe). Mais cette construction suppose que les éléments essentiels qui composent ces modèles soient explicités et ceci nous préoccupera dans les premiers chapitres de cette partie du cours. Objet de la macroéconomie L’objet de cette partie du cours est d’initier les étudiants aux concepts et à l’analyse macroéconomique. Cet objectif exige qu’on s’intéresse au comportement de consommation, d’investissement et au fonctionnement des différents marchés. Cette base étant posé, on pourra alors aborder les questions de politiques économiques afin de comprendre les effets des interventions de l’Etat dans l’économie nationale. Les questions d’inflation et de chômage seront enfin abordées. Avant cela, il convient de repréciser que la macroéconomie aborde les aspects globaux de l’économie. Elle s’intéresse à la production globale (PIB), à la consommation des ménages, à l’inflation, etc., bref à des aspects que la microéconomie n’aborde pas. Par ailleurs, en ce qui concerne la méthode, sa spécificité fait qu’elle procède par l’agrégation des comportements individuels. Pour tenter de comprendre ces phénomènes, les économistes se donnent une représentation simplifiée de la réalité, en recourant à la modélisation. Mais cette tâche est loin d’être aisée, la représentation pertinente de la réalité n’est pas une évidence. Et la même réalité peut être représentée de plusieurs manières selon l’objectif visé par l’étude et surtout selon les hypothèses émises sur le système économique et sur son fonctionnement. 72 Les hypothèses sont fondamentales parce qu’elles fixent le cadre général de l’analyse, et les fondements des comportements des variables En ce qui concerne les agents, la macroéconomie consiste :  Le comportement de consommation  Le comportement d’investissement  Le marché de la monnaie  Le marché du travail  Equilibre macroéconomique 73 Chapitre I. Les agents, le circuit économique et la comptabilité nationale Nous commençons ce chapitre par présenter les principaux problèmes macroéconomiques et nous poser des questions qui constituent la trame de fond de la macroéconomie. Par la suite, nous aborderons les principaux agents et le circuit économique et enfin les principaux agrégats de la comptabilité nationale seront abordés. 1.1. Les problèmes L’inflation : le taux d’inflation annuel est l’augmentation en pourcentage du niveau moyen des prix des biens et services. Il est calculé, en RDC, à partir de l’indice des prix de détails ou l’indice des prix à la consommation. Les questions que l’inflation soulève sont liées au fait que la hausse des prix affecte directement le ménages. Elle a pour conséquence la baisse du pouvoir d’achat. Ainsi, on s’interroge sur ses causes, ses conséquences etc. Les interrogations suivantes sont celles qui apparaissent généralement : quelle est la cause de l’inflation, la masse monétaire ? Les syndicats ? Pourquoi les gens se soucient-ils de l’inflation ? Est –elle responsable du chômage ? Telles sont certaines des questions auxquelles nous essaierons de répondre dans ce cours. Le chômage : le chômage correspond au nombre d’individus qui sont censés chercher du travail mais dépourvus d’emploi. Le taux de chômage est le pourcentage de la population active en chômage. La population active est le nombre de personnes qui travaillent ou qui cherchent à travailler. Elle exclut tous ceux qui ne travaillent pas et qui ne cherchent pas un emploi comme les riches propriétaires et les étudiants. En RDC le chômage est très important car il touche plusieurs millions individus 18. Le graphique ci-dessous présente une évolution de taux d’inflation en RDC entre 2002 et 2012. Graphique n°...Evolution du taux de chômage en République démocratique du Congo 18 Définir le chômage au sens du BIT et le sous-emploi. 74 70 60 60,8 50 51,4 50,3 49,1 40 30 20 10 0 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 Ce graphique montre que le taux de chômage était de 49,1% de la population active en 2002. Ce taux a progressé jusqu’à atteindre 60,8% de la population active en 2010. Ce taux a baissé à 51,1% en 2011 puis à 50,3% en 2012. Il y a lieu de constater qu’il reste supérieur à 50% de la population active. Le produit et la croissance : le produit intérieur brut réel mesure le revenu total de l’économie. Il indique la quantité des biens et services que l’ensemble de l’économie a le moyen d’acheter. La croissance économique est une augmentation du PIB réel. Nous définissons cette grandeur dans les lignes qui suivent. Quels sont les déterminants du niveau du PIB, le chômage signifie-t-elle que le PIB réel est plus faible qu’il pourrait être ? Pourquoi la croissance est-elle plus vive dans certains pays que dans d’autres ? La macroéconomie répond à ces types de questionnement. La politique économique : Tous les jours ou presque, les chaînes de télévision et de radio évoquent les problèmes de chômage, de l’inflation et de pauvreté et de ralentissement de la croissance ou de la croissance soutenue dans le cas de la RDC en particulier. Le gouvernement Matata Ponyo ne cessait d’ailleurs de se vanter des performances macroéconomiques atteintes par son gouvernement marqué par une stabilité des prix et des taux de croissance variant entre 5 et 8%. Ces questions sont souvent discutées puisque dans nombre de pays elles orientent le résultat des élections et font que certaines personnes cherchent à apprendre davantage sur la macroéconomie. 75 Le gouvernement dispose de diverses mesures de politique économique par lesquelles il peut tenter d’influer sur le résultat de l’ensemble. Il lève les impôts, engage des dépenses applique la politique monétaire décidée par la banque centrale, il fixe des objectifs et les prix pour les secteurs nationalisés. Ce que le gouvernement peut et doit faire est le thème de débats houleux. Mais il importe de distinguer ici les questions positives qui ont trait au fonctionnement de l’économie, des questions normatives qui concernent les priorités ou jugement des valeurs. Les controverses relatives à la politique économique portent sur les conceptions différentes de la marche de l’économie (conception classique et keynésienne de l’économie). 1.2. Le cadre général : une vue d’ensemble Une économie complète comprend plusieurs millions d’unités économiques distinctes : les ménages, les firmes, les départements ministériels, autorités publiques centrales et locales, etc. Leurs décisions déterminent la dépense totale de l’économie, son revenu total et sa production totale des biens et services. 1. Les agents économiques, les secteurs institutionnels et les marchés Les Ménages, est un agent macroéconomique, dont le rôle essentiel est la consommation finale courante des biens et services, soit la consommation différée dans le temps (épargne). Ces deux aspects forment (épargne et consommation courante) le Secteur de Ménage qui participe également à l’investissement, notamment dans l’immobilier résidentiel. Le secteur de ménage comprend aussi les entrepreneurs individuels. Les ressources principales des ménages proviennent des rémunérations des facteurs de production, des transferts effectués par les autres secteurs, vente des biens et services marchands non financiers. L’Entreprise (société non financière), est un agent dont le rôle est la production des produits et services marchand non financiers demandés par les autres agents économiques. Par les 76 dépenses d’investissement, elle constitue la part privée du système ou secteur productif de l’économie. Les ressources des entreprises proviennent de la vente des biens et services marchand non financiers. Le Reste du Monde, telle que défini par l’économie internationale, c’est l’agent macroéconomique, dont le rôle essentiel est de permettre aux résidents et non-résidents d’un pays d’entretenir des relations économiques. Par ses activités d’importations et d’exportation, il constitue le secteur extérieur L’Etat (les administrations publiques), c’est l’agent macroéconomique, qui a un rôle ambivalent. Sa fonction principale est de produire des services non marchands destinés à la collectivité et effectuer des opérations de redistribution du revenu et des richesses. Les ressources des administrations publiques proviennent des versements obligatoires effectués par les autres secteurs. Les sociétés financières : sont des unités institutionnelles résidentes dont les fonctions principales sont la fourniture des services d’intermédiation financière, l’exercice des activités d’auxiliaires financiers et la pratique de l’assurance. Le secteur institutionnel des sociétés financières comprend cinq sous-secteurs : la banque centrale, les autres institutions financières monétaires les autres intermédiaires financiers, les auxiliaires financiers, les sociétés d’assurance et les fonds de pension. La banque centrale a pour fonction principale d’émettre de la monnaie, de détenir les réserves d’échanges et d’exécuter les décisions de politique monétaires. Les autres institutions financières monétaires sont des sociétés dont l’activité principale consiste à recevoir les dépôts, à distribuer des crédits ou à effectuer les placements mobiliers pour leur propre compte. Il s’agit des banques, les caisses d’épargnes, etc. Les autres intermédiaires financiers ont pour activité principale la fourniture des services d’intermédiation financière, mais ils ne collectent pas des dépôts auprès du public. C’est le cas par exemple des sociétés de crédit-bail, des sociétés de crédit à la consommation, des courtiers en valeurs en valeurs mobilières. 77 Les auxiliaires financiers sont pour l’essentiel les sociétés de gestion de portefeuille, les holdings financiers (société financière possédant une part significative du capital de ses filiales), les bureaux de change et les courtiers d’assurance. Les sociétés d’assurance sont des sociétés financières dont la fonction principale est la fourniture des services d’intermédiation financière résultant de la mutualisation des risques. Les fonds de pensions sont des organismes qui versent des retraites selon le principe de la capitalisation : les individus versent au fond des cotisations volontaires qui sont investies sur le marché financier avant d’être reversés à l’individu au moment de sa retraite. Les marchés Les agents économiques effectuent des transactions sur quatre grands marchés. - Le marché des biens et services : C’est celui où se déterminent la production nationale, la demande et le niveau des prix. - Le marché des facteurs de production: Le marché du travail est le plus important marché des facteurs de production. Il permet de déterminer le niveau des salaires, l’emploi, et le chômage. - Le marché des capitaux : Sur ce marché s’établit le niveau des taux d’intérêt et le prix des différents actifs monétaires et financiers. - Le marché des changes: Il permet d’échanger la monnaie nationale contre ensemble des autres devises et de déterminer la valeur du taux de change. Sur ce marché s’établit le niveau de taux d’intérêt, c’est-à-dire le nombre d’unité de monnaie étrangère que l’on peut obtenir pour une unité de monnaie nationale. Les liaisons qui existent entre entre les agents économiques effectuant des transaction sur les principaux marches sont étudiées, d’une manière simplifié, dans un cicrcuit économique. Le circuit économique et la comptabilité nationale Comme nous l’avons annoncé, une économie complète comprend plusieurs milliers d’unités économiques : ménages, entreprises administrations publiques, etc. Nous avons regroupés ces agents en quatre macros agents. Ces derniers effectuent des transactions sur les 78 différents marchés ci-haut évoqués. Leurs décisions déterminent la dépense totale de l’économie, son revenu total et sa production totale des biens et services. Commençons par présenter une économie avec deux agents. Dans cette économie les ménages consomment tout ce qu’ils gagnent et les entreprises versent sous forme des revenus la totalité de la valeur de leur production. Les liaisons et les échanges sont résumés dans le graphique 1 ci-dessous. Revenus Y=100 Marché Offre travail des Ménages facteurs Flux monétaire Flux réel production Ménages Biens et services Marché des B&S Les entreprises produisent et vendent des biens et des services pour un montant de 1000. Cette production représente un flux réel de biens et services. Les ménages achètent ces biens et services grâce aux revenus versés par les entreprises. Ces achats sont appelés dépense de consommation ou la demande de consommation. Ils constituent un flux monétaire. Pour produire les biens de consommation d’une valeur de 1000, les entreprises ont besoin de facteurs de production (seul le travail est pris en compte ici). Les ménages vendent leur force de travail en contrepartie d’un revenu de 1000 qui leur permet de consommer la production des entreprises. La vente de la force de travail est un flux réel, le revenu perçu est un flux monétaire. Compte tenu des hypothèses retenues au départ, on a les égalités suivantes : Revenu=Y=Valeur d travail = Production des biens et services 79 = Dépenses de consommation On peut donc écrire : Y=C Production =consommation Revenu = Consommation Production=Revenu. Le circuit des échanges peut donc être appréhendé sous deux optiques différentes à savoir, l’optique de la production ou du produit net qui ne prend en considération que les flux réels et sous l’optique de revenu qui ne prend en considération que les flux monétaires. Revenu=dépenses de consommation. Si on suppose que les ménages ne dépensent pas la totalité du revenu, la partie non consommée du revenu est appelée Epargne. Que font les ménages de cette épargne ? Ils peuvent acheter des actions ou des obligations émises par les sociétés non financières. Ces dernières utilisent cette épargne pour acheter des biens d’investissement (terrains, machines, équipements, etc.) ils peuvent aussi effectuer des placements dans des sociétés financières (banques, compagnies d’assurance). Cette épargne est ensuite prêtée aux entreprises qui en ont besoins. Dans notre exemple précédent si on suppose que les ménages dépensent 750 pour l’achat des biens et services de consommation, on aura la situation suivante. - Le revenu des ménages se décompose en deux emplois : 750 en consommation et 250 en épargne. - L’épargne investie (directement sous forme d’achat d’actions ou d’obligation nouvellement émises par les sociétés ou indirectement sous forme de placements auprès des sociétés financières) sert aux entreprises à acheter des biens d’investissement pour un montant de 250. 80 De même que la dépense de consommation constitue une demande de la part des ménages, l’investissement constitue lui aussi une demande qui émane des entreprises. Les biens investissement sont des biens finals car ils sont achetés sur un marché et ne sont En économie, les investissements sont des biens achetés par les entreprises pour produire d’autres biens (notamment des biens de consommation). Ils viennent grossir régulièrement le stock de capital des firmes. Traditionnellement on distingue deux catégories d’investissement. - Investissement en capital fixe : achat de bâtiments, et machines - La formation des stocks (variation de stocks). C’est sont des produits non utilisées ou non vendus à la fin d’une période donnée (matière première, biens de consommation). Ils sont considérés comme investissement puisque les entreprises y ont investi de l’argent ou pour le dire autrement, elles ont de l’argent immobilisé. pas revendus. En reprenant les deux optiques du circuit des échanges, on peut écrire. Production =Y= Revenu =Y=  Demande des biens  Achat de biens de C+I: C de consommation =Y= C+Iconsommation C  Demande de biens La va  Epargne S d’investissement : I En reprenant les valeurs, il vient : 750+250=1000=750+250. Cette égalité signifie que :  La production de biens de consommation et d’investissement égale à la demande de ces deux catégories de biens.  La valeur de la production est égale aux revenus distribués pour assurer la rémunération des facteurs de production  Les revenus sont employés pour faire apparaître la relation entre l’épargne et l’investissement Cette égalité peut être reformulée de la manière suivante (en soustrayant c de chaque membre) : 81 𝐼 =𝑌−𝐶 =𝑆 Production moins consommation=Investissement Production=Revenu Revenu-consommation=Epargne Cette égalité signifie que les investissements sont financés par la constitution d’une épargne générée par les entreprises ou les ménages. L’épargne des entreprises est directement utilisée pour l’autofinancement des investissements. Celle des ménages doit être empruntée pour assurer le financement des investissements du fait que l’autofinancement est inférieur à 100%, hypothèse retenue dans notre cas du circuit simplifié. Le circuit économique complet intègre l’Etat et le reste du monde (RDM) c’est-à-dire l’extérieur. On peut intégrer l’Etat et le RDM dans l’analyse. A partir de ce circuit, considérons d’abord le flux des francs du point de vue des acteurs économiques. Les ménages perçoivent des revenus et les utilisent pour payer les impôts à l’Etat, pour consommer des biens et services et pour épargner via les marchés financiers. Les entreprises perçoivent également des revenus grâce à la vente de leurs biens et de leurs services et elles les utilisent pour payer les facteurs de production. Les ménages comme les entreprises empruntent sur les marchés financiers pour acheter des biens d’investissement comme les logements, les usines, et équipements. L’Etat perçoit des recettes fiscales et les utilisent à son tour pour payer les dépenses publiques. S’il dépense moins qu’il ne gagne, on parle d’Epargne publique positive (surplus budgétaire). Et s’il 82 dépense plus qu’il ne gagne, il emprunte lui aussi sur le marché financier pour couvrir son déficit budgétaire, l’épargne publique étant négative. Comme on vient de le remarquer, au sein ce qui nous intéresse au stade où nous sommes c’est l’idée d’interdépendance à toutes les constructions théoriques des économistes suivant laquelle il existe un ordre, un ensemble de phénomène lié d’une économie, il existe un ordre, un ensemble de phénomènes liés entre eux par des relations d’interdépendance. Par exemple, les ménages dépendent pour vivre, des rémunérations qui leurs sont versées par les entreprises, des transferts de l’Etat ainsi que des biens de consommations que les entreprises leur fournissent. En revanche, les entreprises dépendent des services productifs (en l’occurrence le travail), que leur fournissent les ménages, ainsi que des sommes que les ménages versent aux entreprises pour les biens de consommation que celles-ci écoulent sur le marché. En d’autre termes, il existe un ensemble d’enchainement économique, si étroitement tissé que lorsqu’un des éléments du circuit subit un changement, les autres éléments sont aussi modifiés. Il vient qu’en économie il ne se passe pas n’importe quoi. Ces représentations nous mettent sur la voie d’une vérité importante : c’est qu’en économie, il ne se passe pas n’importe quoi, les événements possibles dépendent de la nature du système étudié. On ne pourra donc comprendre l’économie qu’à deux conditions : 1°) Il faut avoir une vue d’ensemble du système, c’est-à-dire du fonctionnement de la machine économique et de l’interdépendance qui en unit les parties ; 2°) Il faut avoir la connaissance des propriétés caractéristiques du système, c’est-à-dire de ses éléments stables ou n’évoluant que lentement : institutions, mode de civilisation, types de comportement, proportions qui existent entre les différentes partie du système, par exemple quelle est la proportion de la population active qui est engagée dans l’industrie ou dans telle industrie, ? Quelle est le degré de concentration des entreprises commerciale ? Etc. 83 L’ensemble des relations, propriétés et proportions que nous venons d’énumérer définissent ce qu’on appelle la structure d’un système, c’est-à-dire l’ensemble des traits, stable ou quasi stables, qui les caractérisent. 1.1. La comptabilité nationale (mesure de l’activité économique) Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les grandes nations industrielles ont élaboré avec la comptabilité nationale une technique de représentation et de mesure de l’activité de production et de l’échange. La notion production et celle de revenu sont traduites dans l’économie par différents agrégats. Nous essayons de les définir ci-dessous. Les agrégats sont des grandeurs synthétiques qui mesurent le résultat de l’activité économique. Les principaux agrégats sont le produit intérieur, le revenu national19, la consommation, la formation brute de capital fixe (FBCF) et l’épargne. 1. Le produit intérieur brut (PIB) Le produit intérieur brut (PIB) mesure la production fabriquée par les facteurs de production situés dans l’économie nationale, quelles que soient les personnes qui possèdent des facteurs. La comptabilité nationale élargit la notion de production à des opérations non destinées à la vente. Il s’agit par exemple de certaines activités internes aux entreprises : la fabrication d’une machine par une firme pour son propre équipement est considérée comme une production. La firme se vend la machine elle-même. Le PIB se rattache étroitement à la notion de la valeur ajoutée. Il présente deux composantes : une composante marchande et une autre composante non marchande. Il peut être évalué aux prix courants ou aux prix constants. Le PIB est une somme des valeurs ajoutées. La valeur ajoutée par une entreprise pendant une période donnée est la différence entre la valeur des biens et services produits et la 19 Ce qui est produit par la nation prend le nom de produit national. Ce qui est produit dans la nation reçoit le non de produit intérieur. 84 valeur des biens et services utilisés au cours du processus de production. Utilisons un exemple pour comprendre cette notion. Soit deux firmes A et B produisant respectivement de la fonte et de l’acier. A produit pendant l’année 1000 tonnes de fonte à 5UM. B produit au cours de la même période 1500 tonnes à 10 UM la tonne. Quelle est la production totale de la nation en supposant que cette dernière ne soit composée que ces deux entreprises ? H1. Les deux firmes sont indépendantes et n’effectuent aucun échange. La production totale sera de : A: 5.000UM B: 15.000UM 20.000UM H2. Les deux firmes échangent leurs produits. B achète à A une partie 𝑥de la production de fonte. On ne peut plus dire que la production nationale est de 20.000UM, car on copterai dans ce cas deux fois la production de fonte, celle de A et la partie de cette production utilisée dans l’aciérie. Cette partie 𝑥 de la production de A doit être retranchée de la production totale A+B. le solde 𝐴 + 𝐵 − 𝑥𝐴 est la valeur ajouté par les deux entreprises. Supposons que B achète 700 tonnes à 500UM. La production de A est toujours de 5000Tonnes. La production de B est donc : (15000 ∗ 10) − (700 ∗ 5) = 11500. La production totale est alors de : 5000+11500=16500UM. On peut complexifier cet exemple. Supposons que la fonte a achetée 4000UM de matières premières, que B a acheté à A 3500 de fonte et que cette même entreprise a consommée pour 5500U% de matière première. La valeur ajoutée sera : 𝑉𝐴𝐴 = 5000 − 4000 = 1000 𝑉𝐴𝐵 = 15000 − 5000 − 3500 = 6000 La valeur ajoutée peut se calculer de deux manières.  Production totale-produits consommés =16500 − 4000 − 5500 = 7000  Sommes des valeurs ajoutées : 1000 + 6000 = 7000. Si le raisonnement est étendu à l’ensemble des biens et services finals étudiés (investissement, exportation, …), nous obtenons ce qui suit : 85 𝑃𝐼𝐵 = 𝐶𝑜𝑛𝑠 𝐹𝑖𝑛𝑎𝑙𝑒 + 𝐹𝐵𝐶𝐹 + 𝑒𝑥𝑝𝑜𝑟𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 − 𝐼𝑚𝑝𝑜𝑟𝑡 ou : 𝑃𝐼𝐵 + 𝑖𝑚𝑝𝑜𝑟𝑡 = 𝐶𝐹𝑖𝑛 + 𝐹𝐵𝐶𝐹 + 𝐸𝑋𝑝𝑜𝑟𝑡. Il faut noter que dans FBCF sont incluses les variations des stocks. Cette dernière relation traduit l’égalité des ressources et des emplois de biens et services. Si on raisonne dans l’optique revenu, le PIB est égale à la somme des rémunérations des salariés, des excédents bruts d’exploitation, et des impôts à la production et à l’importation versés aux administrations publiques diminués des subventions d’exploitations versées par les administrations publiques. Le PIB marchand et le PIB non marchand La production comprend des biens matériels et immatériels appelés services. Avec le développement la part de services ne cesse de s’accroitre. La production est marchande lorsqu’elle est écoulée ou destinée à être écoulé sur le marché. Elle comprend avant tout les produits (biens et services) vendus à un prix économiquement significatifs, i.e. couvrant plus de 50% du coût de production. Par contre, si un service est rendu à titre gratuit ou quasi gratuit, i.e. à un prix couvrant moins de 50% du coût de production, il est considéré comme non marchand. Variables réelle et variables nominale Les variables ou les agrégats économiques peuvent être évalués au prix courants ou au prix constant. Cette distinction permet de distinguer les variables réelles des variables nominales. Une variable nominale est une variable exprimée en francs ou dollars courant, i.e. en franc ou dollars de l’année courante. Par exemple la consommation de 2015 est évaluée au prix des biens de consommation de 2015 et celle de 2010 évalué au prix des biens de 2010. Dans le tableau ci-dessous, on présente les données relatives aux salaires de 1992 à 1994 en France. Tableau 1. Variables nominales et réelles 1992 1993 1994 1. Salaires nets par salarié en milliers d’euros (courants) 110 112 114 2. Indice de salaires nets par salarié (base1992=100) 100 101,8 103,6 3. Indice des prix (base 1992=100) 100 102,1 103,8 86 4. Indice des salaires nets réels par salarié (base 1992=100 100 99,7 99,8 5. Salaire nets par salarié en millier d’euros constants 1992) 110 109,7 109,8 Source : Begg, D. et al. (2002) (2ième éd.). Macroéconomie, Dunod, Paris La première ligne de ce tableau présente l’évolution des salaires nets par salarié en France de 1992 à 1994. Les chiffres exprimés en euros courants sont des salaires nominaux. La ligne 2 du même tableau est un indice de ce même salaire pour la même période, base 1992=100. Sur une longue période, les prix peuvent ne pas rester stables, comparer dans ces conditions des euros d’aujourd’hui et des euros d’hier fausse l’appréciation de l’évolution d’une variable. Par exemple si votre salaire nominal reste fixe et que les prix ont doublés, vous n’achèterez surement pas les mêmes quantités de biens qu’auparavant. Votre pouvoir d’achat sera divisé par deux. La troisième ligne du tableau présente l’indice de prix à la consommation. La base est 1992. La ligne 4 est l’indice des salaires réels. Il est obtenu en divisant la ligne des salaires nominaux (ligne 2) par l’indice des prix. Ainsi, on peut remarquer qu’en 1993, les salaires réels nets ont diminué, l’indice passant de 100 à 99,7. La diminution du pouvoir d’achat a été de 0,3%. Les salaires nets par salarié sont donnés par la ligne 5. Une variable réelle est une variable nominale dont on a déduit l’évolution des prix, i.e. l’inflation. Lorsqu’on a choisi la période de base pour calculer la variable en terme réel, on dit qu’elle est à prix constants. La ligne 5 dans le tableau 1 retrace les salaires nets par salarié en terme réel. Le chiffre de 109,7 s’obtient en divisant l’évaluation nominale (112) par l’indice des prix correspondants, soit 102,1. Cette manière d’enlever l’inflation s’appelle déflater. L’indice des prix est le déflateur. Comme nous venons de le voir, le variable réelle neutralise les effets des variations des prix d’une période à une autre et permet de comparer à des dates différentes l’évolution de la dite variable. C’est pour on dit qu’il s’agit d’un variable au prix constant puisqu’en générale on choisit le prix de référence à laquelle seront évaluées les différentes quantités des biens et services produits. Si on considère le PIB par exemple, le PIB réel reflète le volume de production de la période courante, et non sa valeur, puisqu’il ne tient compte que de 87 l’évolution, par rapport à l’année de référence, dite année de base des quantités produites, en supposant que les prix n’ont pas bougé. Le déflateur du PIB : à partir du PIB réel et du PIB nominal il est possible de calculer une troisième variable statistique : le déflateur du PIB. Le déflateur du PIB, également appelé déflateur implicite des prix du PIB, se définit comme suit : 𝑃𝐼𝐵 𝑛𝑜𝑚𝑖𝑛𝑎𝑙 𝑑é𝑓𝑙𝑎𝑡𝑒𝑢𝑟 𝑑𝑢 𝑃𝐼𝐵 = 𝑃𝐼𝐵 𝑟é𝑒𝑙 Il est le rapport du PIB nominal au PIB réel. Il reflète ce qui se passe au niveau général des prix dans une économie donnée. Pour mieux comprendre la différence entre les trois variables, supposons une économique dans laquelle on ne produit que du pain. Soit 𝑃 le prix du pain dans cette économie et 𝑄 la quantité produite et vendue au cours d’une année. En toute année donnée, le PIB nominale est égale à 𝑄 ∗ 𝑃. Le PIB réel est le produit de la quantité du pain multiplié par le prix de la période de base. Alors le PIB réel n’est rien d’autre que 𝑃𝑏𝑎𝑠𝑒 ∗ 𝑄. Le déflateur du PIB est le prix du pain pendant l’année courante par rapport au prix au cours de l’année de base, soit 𝑃⁄𝑃. 𝑏𝑎𝑠𝑒 Cette définition nous permet de distinguer deux éléments au sein du PIB nominal. Le premier mesure les quantités (PIB réel), et le second les prix (déflateur du PIB). On obtient donc : 𝑃𝐼𝐵 𝑛𝑜𝑚𝑖𝑛𝑎𝑙 = 𝑃𝐼𝐵 𝑟é𝑒𝑙 ∗ 𝐷é𝑓𝑙𝑎𝑡𝑒𝑢𝑟 𝑑𝑢 𝑃𝐼𝐵. Le PIB nominal mesure la valeur en monnaie de la production de l’économie. Le PIB réel mesure la quantité produite, soit la production évaluée au prix constants de l’année de base. Le déflateur du PIB mesure le prix de l’unité caractéristique de production par rapport à son prix au cours de l’année de base. 𝑃𝐼𝐵 𝑛𝑜𝑚𝑖𝑛𝑎𝑙 𝑃𝐼𝐵 𝑟é𝑒𝑙 = 𝐷é𝑓𝑙𝑎𝑡𝑒𝑢𝑟 𝑑𝑢 𝑃𝐼𝐵 On utilise donc le déflateur pour extraire l’inflation du PIB nominal afin d’obtenir le PIB réel. Le revenu national : deux agrégats portent le nom de revenu nationale. Ils correspondent à deux optiques différentes. La première est celle du revenu issu de la production, c’est-à-dire de la valeur ajoutée. Elle est mesurée par la rémunération des facteurs de production. La 88 seconde optique envisage le revenu sous l’angle de ses deux emplois : la consommation et l’épargne. - Le revenu national : somme de revenus primaires Le revenu national est la somme des revenus primaires, i.e. ceux qui sont la contrepartie d’une activité productive. Il s’agit des rémunérations des salariés, des excédents d’exploitation, des revenus de la propriété reçus du reste du monde (nets de ces mêmes revenus versés au reste du monde) et des impôts liées à la production versés aux administrations publiques (nets des subventions reçus des administrations). - Le revenu national disponible brut Le revenu national disponible brut provient de la répartition de la valeur ajoutée augmentée des revenus de la propriété. Il prend également compte des opérations de redistribution (les impôts sur le revenu, les cotisations sociales et les prestations sociale, etc.). Le revenu national disponible est égal à la somme de la consommation finale et de l’épargne nationales. En économie fermée, le revenu disponible serait égal au PIB puisque ce dernier s’écrirait : 𝑌 = 𝐶 + 𝑆 89 Chapitre I. La fonction de consommation Si nous commençons ce cours de macroéconomie par l’analyse du comportement de consommation, c’est parce que celle-ci revêt une importance capitale en analyse économique en général et en macroéconomie en particulier. En effet, la consommation est un acte fondateur de l’activité économique dans le sens où c’est elle qui permet de satisfaire nos besoins (individuels et collectifs) et que ces derniers sont à l’origine même de l’activité économique. Ce sont les besoins qui transforment l’être humain passif en agent économique actif. Par ailleurs, la consommation est en général la composante principale de la demande globale et à ce titre elle est au cœur du débat sur l’efficacité des politiques macroéconomiques de relance. Et c’est pourquoi son étude est un préalable à toute modélisation des politiques économiques. Ceci étant dit, nous définissons la consommation comme un acte de destruction d’un bien ou d’un service. Cette consommation peut être finale ou intermédiaire. La consommation intermédiaire se rapporte à un bien ou un service qui n’a pas encore achevé son itinéraire dans le processus productif et qui est appelé à être transformé en un autre bien. Elle correspond donc à une destruction créatrice. Mais la consommation finale est un acte de simple « destruction » destiné à satisfaire un besoin humain. Cette consommation peut être publique ou privée. Mais dans ce chapitre, nous nous intéressons exclusivement à la consommation privée des ménages. La consommation publique sera considérée comme exogène et intégrée dans les « dépenses publiques ». 90 Notre objectif est de passer en revue les analyses de la consommation globale des ménages en vue de trouver les variables explicatives de cette évolution, c'est-à-dire de dégager ses déterminants. Le déterminant premier qui a été avancé par les économistes est le revenu. Mais ce concept peut recouvrir diverses réalités : le revenu courant, le revenu relatif ou le revenu permanent. Keynes retient la notion du revenu courant. Mais d’autres auteurs introduisent certains décalages : - Duesembery introduit ce décalage au niveau du revenu avec l’hypothèse du revenu relatif : Ct = aYt + bYt-1 - Brown l’introduit au niveau de la consommation pour tenir compte des habitudes : Ct = aYt + bCt-1 + C0. Ces deux dernières propositions rejoignent celle de Keynes dans la mesure où elles se réfèrent à des facteurs psychologiques.  A l’opposé de la théorie keynésienne, nous trouvons la théorie du choix intertemporel proposée par Fisher qui prend en compte le long terme et donc l’évolution de la richesse. Cette théorie va donner naissance à plusieurs interprétations dont : - Celle du revenu permanent de Friedman et - Celle du cycle de vie de Modigliani. Dans ce cours, nous limiterons nos investigations aux propositions de Keynes, Fisher, Modigliani et Friedman. Section I. L’HYPOTHESE DU REVENU COURANT : LA FONCTION DE CONSOMMATION KEYNESIENNE A) Les fondements et les caractéristiques de l’hypothèse du Revenu Courant 91 Selon Keynes, la consommation des ménages s’explique essentiellement par le revenu disponible courant (Yd), c'est-à-dire le revenu national brut net d’impôts et des charges sociales : Yd = Y – T (où Y est le PIB ou le PNB, et T constitue les charges fiscales et parafiscales). Le point de départ de la théorie keynésienne est une loi dite loi psychologique de Keynes qui s’énonce comme suit : « la loi psychologique fondamentale sur laquelle nous pouvons nous appuyer en toute sécurité, à la fois à priori en raison de notre connaissance de la nature humaine et à posteriori en raison des renseignements détaillés de l’expérience, c’est qu’en moyenne et la plupart du temps, les hommes tendent à accroître leur consommation à mesure que le revenu croît, mais non d’une quantité aussi grande que l’accroissement du revenu »2. De cette proposition, nous retenons que, selon Keynes, la consommation est en relation directe, mais non proportionnelle, avec le niveau du revenu disponible : Ct = f(Ydt) avec dY/dc compris entre 0 et 1 (où Ct est la consommation des ménages de la période t). Par ailleurs, Keynes remarque que même pour un revenu disponible nul, la consommation est positive. Il existe un seuil minimum de consommation qui correspond au minimum vital et qui sera appelé consommation incompressible. Cette remarque et la loi psychologique permettent de formaliser la fonction de consommation keynésienne comme suit : Ct = C0 + cYdt (où C0 est la consommation incompressible et « c » un paramètre positif inférieur à 1) De cette relation, nous pouvons tirer un certain nombre de caractéristiques : La consommation des ménages comporte deux composantes: une composante autonome et une composante induite (cYd). La propension marginale à consommer, qui mesure la variation de la consommation des ménages conséquente à la variation du revenu disponible d’une unité, est constante et comprise entre zéro et un. La propension moyenne à consommer, qui mesure la consommation des ménages par unité de revenu disponible, est décroissante et supérieure à la propension marginale à consommer : La PMC décroît de ∞ a c, c'est-à-dire que pour des revenus disponibles très élevés, la PMC tend vers la PmC. 92 A partir de cette fonction de consommation, nous pouvons déduire celle de l’épargne. En effet, la partie du revenu disponible qui n’est pas consommée sera épargnée, c'est-à-dire que la fonction d’épargne est : St = Ydt – Ct = Ydt – C0 - cYdt = – C0 + (1-c)Ydt = – C0 + sYdt (où St est l’épargne des ménages et s = (1-c). Dans cet enseignement, nous supposons que les transferts extérieurs nets sont nuls et de ce fait PIB = PNB. De cette relation, nous pouvons tirer un certain nombre de caractéristiques : L’épargne apparaît comme un résidu. La propension marginale à épargner, qui mesure la variation de l’épargne des ménages conséquente à la variation du revenu disponible d’une unité, est constante et comprise entre zéro et un : Pms= dYt/ds =s avec s compris entre 0 et 1. La propension moyenne à épargner, qui mesure l’épargne des ménages par unité derevenu disponible, est croissante et inférieure à la propension marginale à épargner : La PMS croît de -∞ a s, c'est-à-dire que pour des revenus disponibles très élevés, la PMS tend vers la PmS. La somme des propensions marginales à consommer et à épargner est égale à un : PmC + PmS = c + s = c + (1 – c) = 1 La somme des propensions moyennes à consommer et à épargner est égale à un Graphique Yd C, S, Yd C s> 0 S à C0 s< 0 s> 0 s< 0 Cd 0 YdE à -C0 à à 93 L’épargne peut être négative ou positive selon le niveau du revenu disponible. Il y a donc un niveau du revenu disponible pour lequel l’épargne est nulle, c’est le seuil d’épargne. Le seuil d’épargne YdE est tel que : Ct = Ydt ⇔ C0 + Yd = Yd ⇔ Yd(1-c) = C0/1- c Remarquons qu’au seuil d’épargne, la propension moyenne à consommer est égale à un et la propension moyenne à épargner est nulle. Remarque : Les fonctions de consommation et d’épargne définies ci-dessus suggèrent que la somme des propensions marginales à consommer et à épargner est égale à un, mais ne permettent pas de savoir laquelle est supérieure à l’autre. Toutefois, dans une économie « viable », la PmC est nécessairement supérieure à la PmS. Le revenu est destiné essentiellement à la consommation et non à l’épargne. B) Les implications et les limites de l’hypothèse du revenu courant a) Les implications - Si nous considérons des ménages à revenus différents, nous observons une PMC de plus en plus faible et une PMS de plus en plus élevée à mesure que le revenu disponible augmente. - Pour un pays donné, la PMC doit diminuer au fur et à mesure que le niveau de vie de la population s’élève. - La comparaison entre pays doit faire ressortir une PMC plus faible et une PMS plus élevée pour les pays les plus riches et inversement. - La consommation est la composante principale de la demande, et de ce fait elle constitue le moteur de la croissance économique. Par conséquent, la baisse de la PMC ne manquerait pas, à terme, de mener les économies qui s’enrichissent vers une stagnation séculaire. 94 b) Les limites La théorie keynésienne de la consommation va être critiquée sur plusieurs flancs. - La première critique est d’ordre empirique. Nombreux sont les travaux empiriques qui remettent en cause l’hypothèse de Keynes. Mais les travaux les plus significatifs sont ceux menés par Kuznets sur l’économie américaine. Ce dernier livre des résultats contrastés : la thèse de Keynes n’est confirmée qu’à court terme où on observe effectivement une baisse du taux de consommation. Mais les tests empiriques relatifs à des séries historiques révèlent, au contraire, une stabilité du taux de consommation et du taux d’épargne. Par ailleurs, l’histoire concrète n’a pas confirmé la stagnation séculaire qui devrait survenir si l’hypothèse keynésienne était suffisamment robuste. - La fonction de consommation keynésienne ne tient pas compte de la répartition du revenu. En effet, si nous considérons deux catégories de ménages ayant des fonctions de consommation différentes : les riches avec une PmC faible, et les pauvres avec une PmC élevée. Et étant donné que la fonction de consommation globale est une agrégation des fonctions de consommation des différentes catégories sociales, alors toute variation au niveau de la répartition des revenus entre riches et pauvres se traduit immanquablement par une modification de la fonction de consommation et donc de la consommation elle-même. - L’hypothèse du revenu courant ne peut rendre compte du comportement de consommation des ménages dont les revenus subissent des variations aléatoires importantes tels que les exploitants agricoles soumis aux aléas climatiques ou certaines activités soumises à des variations saisonnières importantes. En effet, ces catégories de ménages procèdent souvent à un lissage de leurs revenus en épargnant durant les années « grasses » et en désépargnant durant les années « maigres » - La théorie keynésienne donne une explication statique du comportement des ménages dans la mesure où elle ne rend pas compte de l’arbitrage entre la consommation présente et la consommation future et donne à l’épargne un statut de 95 simple résidu. Par ailleurs, il n’y a aucun fondement microéconomique à la formulation macroéconomique du comportement de consommation. L’ensemble de ces limites rend nécessaire la reformulation de la théorie de la consommation. La contribution de Fisher semble l’alternative la plus exhaustive et celle qui a donné naissance à plusieurs interprétations alternatives. Section II. LA THEORIE DU CHOIX INTERTEMPOREL DE FISHER Cette approche a été présentée par Irving Fisher3 en 1930 dans le but de donner un fondement microéconomique à la fonction de consommation macroéconomique. D’inspiration néoclassique, cette théorie suppose des agents rationnels qui agissent dans un environnement de concurrence parfaite. Ces agents raisonnent en terme réel et adoptent un comportement calculateur de maximisation de la fonction objectif sous contrainte. L’hypothèse de base de cette théorie est que la finalité de la consommation des ménages est la maximisation de l’utilité. Mais il ne s’agit pas de maximiser l’utilité pour une période donnée, mais plutôt pour toute la durée de vie. Autrement dit, un ménage serait prêt à sacrifier une certaine quantité de consommation au présent en vue d’avoir une quantité plus élevée au futur et inversement. Si l’espérance de vie d’un ménage représentatif est de n années, ses revenus disponibles réels annuels anticipés sont : Y1, Y2, Y3, …,Yn, et ses consommations réelles annuelles sont : C1, C2, C3, ……,Cn, alors son plan de consommation intertemporel est celui qui maximise son utilité sous contrainte de richesse. - Le plan de consommation intertemporel Pour simplifier notre raisonnement, nous supposons un ménage représentatif dont l’espérance de vie est de deux périodes : le présent (période1) et le futur (période 2), et - qui n’a pas de richesse initiale et qui ne lègue rien à ses héritiers. 96 Supposons que ce ménage a une préférence pour le présent (ρ) c'est-à-dire qu’entre une unité de consommation au présent et la même unité au futur, il préfère consommer au présent. Le taux d’intérêt réel (r) est la récompense de la renonciation au présent, c'est-à-dire la récompense de l’abstinence. Autrement dit, ce ménage obtiendrait (1 + r) unités de consommation au futur s’il accepte de renoncer à une unité de consommation au présent. Ce ménage peut donc, à chaque période, avoir une consommation inférieure à son revenu courant et épargner le reste ou avoir une consommation supérieure à son revenu courant et emprunter la différence. Sous ces hypothèses, l’objet de cette section est d’expliquer les mécanismes d’élaboration du plan de consommation intertemporel. a) La notion de richesse Nous désignons par richesse d’un ménage (W), la somme de ses revenus disponibles réels 𝒀 actualisés. L’équation de richesse : 𝑾 = 𝒀𝟏 + 𝟏+𝒓 𝟐 b) La contrainte budgétaire Par contrainte budgétaire d’un ménage, nous désignons l’égalité entre ses ressources et leur emploi. Il s’agit, ici, de l’égalité entre la somme de ses revenus disponibles réels actualisés et la somme de ses consommations annuelles réelles actualisées. 𝐶2 𝑌1 𝑌2 𝑐1 + = 𝑌1 + =𝑊⇔ = 𝑊 − 𝐶1 ⇔ 𝐶1 = (1 + 𝑟)𝑤 − (1 + 𝑟)𝐶1 1+𝑅 1+𝑟 1+𝑟 Cette dernière relation est l’équation de la contrainte budgétaire ou de richesse. Nous remarquons que c’est une droite décroissante de pente – (1+r). C1 (1+r)w w C2 97 c) La fonction d’utilité L’objectif du ménage représentatif est de maximiser sa fonction d’utilité inter temporelle : U = U( C1 , C2). Cette fonction peut être représentée, dans un espace à trois dimensions, par une colline d’utilité ou, dans un plan, par une carte d’indifférence qui représente l’ensemble des courbes d’indifférence. Une courbe d’indifférence intemporelle est le lieu géométrique de toutes les combinaisons de consommation (C1 , C2) qui donnent le même niveau d’utilité. C1 U3 U2 U1 C2 d) L’optimum Maximiser la fonction d’utilité sous la contrainte de richesse revient à maximiser l’équation 𝐶 de Lagrange suivante : ℑ = (𝐶1 , 𝐶2 ) + 𝜆 (𝑤 − 𝐶1 − 1+𝑟 2 ) est maximum lorsque : 𝜕ℑ 𝜕𝑈 𝜕𝑈 = 𝜕𝐶 − 𝜆 = 0 =𝜆 (1) 𝜕𝐶1 1 𝜕𝐶1 𝜕ℑ 𝜕ℑ 𝜕𝑈 𝜆 (1) 𝜕𝐶1 = 𝜕𝐶 − 1+𝑟 = 0 𝜕𝑈 = 𝜆 (2) = = 1+𝑟 𝜕𝐶2 2 𝜕𝐶2 1+𝑟 (2) 𝜕ℑ 𝜕ℑ 𝐶 𝜕𝐶2 2 𝐶 = 𝑤 − 𝐶1 − 1+𝑟 −𝜆 =0 2 𝑤 = 𝐶1 − 1+𝑟 (3) 𝜕𝜆 𝜕ℑ 𝑈𝑚𝐶 −𝑑𝐶2 Or 𝜕𝐶1 𝜕ℑ = 𝑈𝑚𝐶1 = = 𝑇𝑀𝑆𝐼 2 𝑑𝐶1 𝜕𝐶2 Le TMSI (le taux marginal de substitution inter temporel) mesure la quantité de consommation future que le ménage serait prêt de céder pour avoir une unité 98 supplémentaire de consommation présente et garder le niveau d’utilité constant. C’est le taux d’échange subjectif entre la consommation future et la consommation présente. (1+r) mesure la valeur future d’une unité de consommation présente. C’est le taux d’échange objectif entre la consommation future et la consommation présente. Autrement dit, l’optimum est tel que le taux d’échange objectif est égal au taux d’échange subjectif : 2 𝐶 𝑇𝑀𝑆𝐼 = 1 + 𝑟 𝑒𝑡 𝑤 = 𝐶1 + 1+𝑟 Cet équilibre implique quelques suggestions et remarques : Contrairement à l’hypothèse de Keynes, la consommation des ménages ne dépend pas uniquement du revenu disponible, elle dépend également du taux d’intérêt. Cet équilibre peut déboucher sur deux catégories de ménages : * un ménage créditeur caractérisé par une épargne positive, c'est-à-dire par une consommation présente inférieure au revenu présent : C1* < Y1 ⇔ S > 0. * un ménage débiteur caractérisé par une épargne négative, c'est-à-dire par une consommation présente supérieure au revenu présent : C1* > Y1 ⇔ S < 0. Comme le ménage considéré ne lègue rien à ses héritiers, sa richesse doit être épuisée à la fin de la deuxième période, c'est-à-dire qu’il ne doit avoir à la fin de sa vie ni une épargne, ni des dettes. Autrement dit son épargne à la deuxième période est égale à moins son épargne de la première période. Agent créditeur Agent débiteur C2 C2 𝐶2∗ Y2 Y2 𝐶2∗ 𝐶1∗ Y1 C1 ∗ Y1 𝐶1 C1 B) déplacement de l’équilibre 99 Nous avons montré ci-dessus que la consommation dépend du revenu disponible et du taux d’intérêt, mais nous n’avons pas précisé la nature de la relation (croissante ou décroissante). Pour ce faire, nous devons analyser les conséquences des variations du revenu disponible et du taux d’intérêt, lesquelles variations se traduisent par un déplacement de l’équilibre. a) variation des revenus disponibles et déplacement de l’équilibre La variation des revenus disponibles (r restant constant) se traduit par une variation dans le même sens de la richesse. La droite budgétaire va subir un déplacement parallèle, puisque la pente de la contrainte budgétaire ne se modifie pas et par conséquent les consommations présentes et futures ainsi que l’épargne vont aussi varier dans le même sens. b) variation du taux d’intérêt et déplacement de l’équilibre Toute variation du taux d’intérêt réel (Y1 et Y2 restant constants) implique un déplacement non parallèle de la droite budgétaire et par la même un déplacement de l’équilibre. Ce déplacement de l’équilibre résulte d’un double effet : un effet substitution et un effet richesse.  L’effet richesse résulte du fait que le ménage va se sentir plus riche ou plus pauvre selon le sens de variation du taux d’intérêt et selon que l’agent soit débiteur ou créditeur: Une augmentation du taux d’intérêt enrichit l’agent créditeur et appauvrit l’agent débiteur et inversement. Et tout enrichissement (appauvrissement) implique une augmentation (une baisse) de C1 et de C2.  L’autre effet de la variation du taux d’intérêt est la modification de la récompense de la renonciation au présent, c’est à dire du prix de C1 en termes de C2. Ceci se traduit par un effet de substitution qui est le mêmes quelle que soit la situation de l’agent : une augmentation du taux d’intérêt incite à l’épargne et a donc un effet négatif sur la consommation présente et positif sur la consommation future, et inversement.  Les effets conjugués (effet global) sont donc relativement complexes sur les consommations présentes et futures et sur l’épargne. Ils dépendent du sens de 100 variation du taux d’intérêt et de la situation de l’agent. Toutefois, les tenants de ce modèle font l’hypothèse que lorsque l’effet revenu et l’effet substitution ne vont pas dans le même sens, c’est ce dernier qui l’emporte de sorte que, par exemple, si l’effet revenu est positif et l’effet substitution est négatif, l’effet global sera négatif. Le tableau suivant récapitule les conséquences des variations du taux d’intérêt réel selon la situation de l’agent. c) Conclusion Si nous supposons que l’effet substitution l’emporte sur l’effet revenu, nous pouvons conclure que l’approche de Fisher établit une relation croissante entre la consommation présente et la richesse (la richesse elle-même est fonction croissante des revenus) et 𝜕𝐶 décroissante entre la consommation présente et le taux d’intérêt réel : C= f(Y, r), Avec 𝜕𝑌 > 𝜕𝐶 0 𝑒𝑡 0 𝑷 𝒅𝒀 119 Y 𝑴𝒓 𝑷 b) Le motif de précaution Outre les besoins pour effectuer les transactions courantes, les agents économiques non financiers vont détenir une quantité supplémentaire de monnaie pour pallier aux dépenses imprévues qui peuvent survenir dans le futur. Il peut s’agir par exemple de maladie, d’accident, de voyage imprévu, etc. Cette demande, qui est qualifiée de demande de monnaie pour motif de précaution, est elle aussi fonction croissante de la valeur de la production. Et comme sa valeur est relativement faible, elle sera confondue avec la demande de monnaie pour motif de transaction. Autrement dit, dans la suite de ce cours, nous désignons par demande de monnaie pour motif de transaction, la demande de monnaie pour motif de transaction plus la demande de monnaie pour motif de précaution. c) Le motif de spéculation L’acte de spéculation consiste à acheter des titres financiers (des obligations par exemple) lorsque leur cours est relativement faible et que les agents s’attendent à ce qu’il va augmenter dans le futur, en vue de les revendre lorsque leur cours augmente. Cette activité n’existe que parce que l’évolution future du cours des titres est incertaine de sorte que les anticipations les concernant varient d’un agent à un autre. 120 Un agent qui achète des titres voit ses encaisses spéculatives baisser et inversement. Autrement dit, la demande de monnaie pour motif de spéculation (MS) augmente au fur et à mesure que le cours des titres (CT) augmente et que les agents les vendent. 𝑑𝑀𝑠 𝑀𝑠 = 𝑓(𝐶𝑇) 𝑎𝑣𝑒𝑐 >0 𝑑𝐶𝑇 Or le cours des titres est inversement proportionnel au taux de rendement des titres (RT). En effet, supposons une obligation émise pour une valeur nominale de 100 DT avec un rendement annuel de 10 DT, soit un taux de rendement égal à : RT = 10/100 = 0,1. Si le cours de ce titre augmente et passe à 125 DT, son taux de rendement passe à : RT = 10/125 = 0,08, et si son cours passe à 80 DT, son taux de rendement passe à : RT = 10/80 = 0,125. Et comme le taux de rendement des titres financiers ne peut pas s’écarter durablement et significativement du taux d’intérêt (R), nous pouvons assimiler taux de rendement des titres et taux d’intérêt La préférence pour la liquidité est forte lorsque le taux d’intérêt est faible, et elle sera faible lorsque le taux d’intérêt sera élevé. Toutefois, lorsque le cours des titres arrivent à un niveau tellement faible de sorte que les agents considèrent qu’il ne peut plus baisses (CT minimum), c'est-à-dire que le taux d’intérêt arrive à son niveau maximum, les agents vont chercher à convertir la totalité de leurs liquidités en titres, et la demande de monnaie de spéculation sera donc nulle. Et lorsque le cours des titres arrive à un niveau tellement élevé de sorte que les agents considèrent qu’il ne peut plus augmenter (CT maximum) c'est-à-dire que le taux d’intérêt arrive à son niveau minimum, les agents vont chercher à convertir la totalité de leurs titres en monnaie, et la demande de monnaie de spéculation sera donc infinie. Cette situation d’excès de liquidité est qualifiée de trappe à liquidité. 121 La relation (4) combinée à ces deux dernières remarques permet d’écrire la fonction de demande de monnaie de spéculation : Section II. L’EQUILIBRE SUR LE MARCHE DE LA MONNAIE A) L’approche classique : la théorie quantitative de la monnaie Cette théorie suppose que : (i) l’économie est en concurrence parfaite, (ii) l’information est parfaite, (iii) les agents sont rationnels et (iv) le niveau de production est fixé au plein emploi. Les 3 premières hypothèses impliquent que les agents non financiers ne détiennent pas d’encaisses spéculatives. La monnaie n’est donc demandée que pour le motif de transaction (et de précaution). La fonction de demande de monnaie sera donc : Md = MT = kPY. L’équilibre sur le marché monétaire est tel que : 𝐌𝐝 = 𝐌𝐓 ⟺ 𝐌𝟎𝟎 = 𝐤𝐏𝐘 𝑀00 La solution de cet équilibre est la relation : 𝑃 = (1) 𝑘𝑃 Comme la vitesse de circulation est supposée constante, la relation (1) permet de déterminer, pour un niveau d’offre de monnaie constant, le NGP compatible avec chaque niveau de production. Nous pouvons remarquer que la relation entre P et Y est décroissante. Y Y1 Y2 P1 P2 P Et si nous nous référons à la quatrième hypothèse (Y = Y* = une constante), nous pouvons déduire de la relation (1) une relation entre l’offre de monnaie et le NGP. Nous pouvons alors remarquer que toute politique monétaire expansive se traduit inévitablement par une augmentation du NGP c'est-à-dire par l’inflation. 122 L’explication de ce phénomène est la suivante : la politique monétaire expansive se traduit par une augmentation des liquidités des agents économiques que ces derniers vont convertir en titres. La demande de titres augmente ce qui implique une augmentation du cours de ces titres et par la même une baisse du taux d’intérêt. Ceci va entraîner une augmentation de la demande d’investissement, donc une augmentation de la demande de biens et services. Et comme l’offre de bien et service est constante (Y = Y*), ce déséquilibre sur le marché des biens et service ne peut se résorber que par une augmentation du NGP. Y Y1 𝑴𝟎𝟐 𝑷𝟐 = 𝒌𝒀 𝑴𝟎𝟏 𝑷𝟐 = 𝒌𝒀 P1 P2 B) L’approche keynésienne L’approche keynésienne va tenir compte des trois motifs de détention de la monnaie de sorte que : Md = MT + MS Et parce que la théorie keynésienne de courte période suppose que le taux d’inflation anticipée est nul, c'est-à-dire que le NGP est constant, l’analyse en terme nominal se confond avec celle en terme réel. Pour simplifier notre analyse, nous supposons que le NGP = 1. 𝑀𝑑 = 𝑀𝑇 (𝑌) ∀𝑅 ≥ 𝑅𝑚𝑎𝑥 𝑀𝑑 = 𝑀𝑇 (𝑌) + 𝑀𝑠 (𝑅) ∀𝑅 ≥ 〈𝑅〈𝑅 𝑚𝑎𝑥 Sous ces hypothèses : 𝑀𝑑 = ∞ ∀𝑅 ≤ 𝑅𝑚𝑖𝑛 La demande de monnaie dépend de Y et R. Et en vue de passer à une seule variable Y=Y0 Y=Y1 Y=Y2 nous écrirons une fonction de demande de monnaie pour chaque niveau de production. 123 R Trappe à liquidité Rmax Rmin Md La demande de monnaie dépend donc de Y et de R. Et en vue de passer à une seule variable, nous écrirons une fonction de demande de monnaie pour chaque niveau de production. Etant donné cette fonction de demande de monnaie, l’équilibre sur le marché monétaire qui égalise l’offre et la demande de monnaie permet de déterminer le taux d’intérêt d’équilibre compatible avec chaque niveau de production. En posant : MS = B – g R, et sachant que : MT = kPY = kY (puisque P = 1) Alors : Md = MT + MS = k Y + B – g R L’équilibre est : M0 = Md ⇔ 𝑀00 = 𝑘𝑌0 + 𝐵 − 𝑔𝑅 𝑘𝑌+𝐵−𝑀00 𝑑𝑅 𝑑𝑅 ⇔𝑅= 𝑎𝑣𝑒𝑐 〉 0 𝑒𝑡 〈0 𝑔 𝑑𝑌 𝑑𝑀00 Ainsi, toute augmentation du niveau de production se traduit par une augmentation du taux d’intérêt. Ce phénomène s’explique comme suit : pour une offre de monnaie donnée, afin de financer une production supplémentaire, les agents non financiers vont émettre de nouveaux titres. L’offre de titres va donc augmenter ce qui va se traduire par une baisse du cours des titres, et par conséquent par une augmentation du taux d’intérêt. 124 R Rmax R0 R1 R2 Rmin 𝑀00 Md Pour une offre de monnaie :𝑀0 = 𝑀00 , e taux d’intérêt est : R0 pour Y = Y0, R1 pour Y = Y1 et R2 pour Y = Y2 Et comme : Y2 > Y1 > Y0 alors R2 > R1 > R0 Par ailleurs, toute augmentation de l’offre de monnaie implique au contraire une baisse du taux d’intérêt. En effet, pour un niveau de production donné, la politique monétaire expansive correspond à une injection de monnaie par la Banque Centrale. Cette dernière va demander en contrepartie des titres. La demande de titres va donc augmenter ce qui va se traduire par une augmentation du cours des titres, et par conséquent par une baisse du taux d’intérêt. 125 R Rmax R0 R1 R2 Rmin Md 𝑀00 𝑀10 𝑀20 Pour un niveau de production : Y = Y 0, le taux d’intérêt d’équilibre est : R0 pour 𝑀0 = 𝑀00 R1 pour 𝑀0 = 𝑀20 et R2 pour 𝑀0 = 𝑀20 Et comme : 𝑀00 < 𝑀10 alors R0>R1>R2 Remarque : Au niveau de la trappe à liquidité, la politique monétaire expansive n’a plus d’effet sur le taux d’intérêt qui est à son niveau minimum et qui ne peut donc plus baisser. 126 Chapitre IV.. Le marché du travail Le marché du travail est ce marché particulier où s’échangent une offre de travail émanant des ménages salariés et une demande de travail émanant des entreprises, et où se déterminent les niveaux d’équilibre du taux de salaire et de l’emploi. Dans ce chapitre, nous faisons deux hypothèses : H1 : Le travail est homogène, c'est-à-dire que tous les salariés ont la même qualification, et de ce fait ils ont le même taux de salaire. H2 : Le stock de capital est constant c'est-à-dire que nous sommes en courte période. Section I. L’APPROCHE CLASSIQUE DU MARCHE DU TRAVAIL A) Hypothèses H1 : L’économie est en concurrence parfaite et l’information est parfaite. H2 : Les agents sont rationnels et adoptent un comportement de maximisation de leurs fonctions objectif sous contrainte. Les ménages salariés maximisent leur utilité sous contrainte budgétaire, et les entreprises maximisent leur profit sous la contrainte technique de la fonction de production. H3 : Les travailleurs se font concurrence entre eux. Il n’ya pas de syndicats. H4 : Les travailleurs raisonnent en terme de pouvoir d’achat (salaire réel). H5 : Les prix et le taux de salaire sont parfaitement flexibles à la hausse comme à la baisse et les agents adaptent leur comportement aux variations du taux de salaire réel B) L’offre de travail L’offre de travail est la quantité de travail que les ménages salariés sont disposés à offrir à un moment donné. Pour comprendre les déterminants de cette offre de travail, nous 127 considérons un travailleur représentatif qui offre une quantité de travail pour avoir en contrepartie un salaire monétaire qui lui servira à financer principalement ses dépenses de consommation. Ce ménage dispose, par période, d’un temps maximum, égal à L, qu’il cherche à répartir entre travail (Lo) et loisir (L) dans le but de maximiser son utilité totale. Le loisir procure directement une satisfaction, et le travail procure un salaire qui permet de financer des biens de consommation qui procurent une satisfaction. Ainsi la fonction d’utilité sera : U = U(C , L) (avec C : la quantité de biens à consommer). L’objet de ce paragraphe est de trouver la combinaison (C* , L *) qui maximise cette fonction d’utilité sous contrainte budgétaire. Soit P : le NGP et w : le taux de salaire nominal. Si nous supposons que ce ménage dépense la totalité de son revenu d’une période pour la consommation de la même période, c'est-à-dire que l’épargne est nulle, la contrainte budgétaire sera :wLo – PC = 0 Si nous posons la fonction d’utilité : U = α Log C + β Log L avec L = Lo + L Alors l’utilité est maximale lorsque : Z = α Log C + β Log L + λ(wLo – PC) est maximum. ⇔ Z = α Log C + β Log L + λ(wL – wL – PC) est maximum. 𝜕𝑍 𝛼 𝛼 = 𝐶 − 𝜆𝑃 ⟺ 𝐶 = 𝜆𝑃 (1) 𝜕𝐶 𝛼 𝜕𝑍 𝛽 𝛽 (1) 𝑃 𝛼ℒ 𝑃 𝛼ℒ𝑤 = − 𝜆𝑤 ⟺ = 𝜆𝑤 (2) ⟺𝐶 = ⟺ = ⟺𝐶= 𝜕ℒ ℒ ℒ (2) 𝛽 𝑤 𝛽𝐶 𝑤 𝛽𝑃 𝜕𝑍 ℒ = 𝑤𝐿̅ − 𝑤ℒ − 𝑃𝐶 = 0 (3) 𝜕𝐶 𝛼𝑤 𝛼𝑤 𝛼𝑤 0 𝛼𝑤 0 𝛼𝑤 𝐿̅ −𝐶 Comme ℒ = 𝐿̅ − 𝐿 ⟹ 𝐶 = 𝐿̅ − 𝐿̅ − 𝐶 ⟹ 𝐿 = 0 0 𝛽𝑃 𝐿 ⟺ 𝐿 = 𝛼 𝑤 𝛽𝑃 𝛽𝑃 𝛽𝑃 𝛽𝑃 × 𝛽 𝑃 𝑤 𝐶𝛽 Si nous posons : = 𝑤𝑟 ⟹ 𝐿0 = 𝐿̅ − 𝛼𝑤 𝑃 𝑟 Ainsi, pour un niveau de consommation donnée, l’offre de travail est une fonction croissante 𝑑𝐿0 du taux de salaire réel (wr) : Lo = f (wr) avec 〉 0 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝐿0𝑚𝑎𝑥 = 𝐿̅ 𝑑𝑤𝑟 128 wr 𝐿̅ L0 L’offre de travail est assimilée à un échange entre une certaine quantité de travail et une certaine quantité de biens de consommation. C’est un échange réel qui se fait par l’intermédiaire de la monnaie. Cette courbe d’offre de travail se déplace dans deux cas : - Dans le cas d’une variation de la population active : l’augmentation la déplace vers la droite et la baisse vers la gauche. - Dans le cas d’une variation de la fonction d’utilité des ménages salariés : toute augmentation de la préférence pour les loisirs la déplace vers la gauche et l’augmentation de la préférence pour la consommation la déplace vers la droite. wr 𝐿̅ 𝐿̅, L0 C) La demande de travail 129 Les entreprises demandent du travail dans le but de produire les quantités qui maximisent leur profit sous la contrainte technique de la fonction de production. Soit la fonction de production Y = f(K , L) = A Kα Lβ (où A est l’indicateur de progrès technique) En courte période : K = K0 ⇔ Y = f(L) = A K0α Lβ Soit F : le coût fixe et Π : le profit Π = RT – CT = P Y – w L – F = P f(L) – w L – F 𝑑Π 𝑑𝑓 𝑑𝑓 𝑤 Π est maximum ⇔ =⟺ 𝑃 𝑑𝐿 − 𝑤 = 0 ⟺ = 𝑑𝐿 𝑑𝐿 𝑃 𝒅𝒇 𝑤 Or est la productivité marginale du travail et 𝑃 est le taux de salaire réel (wr). 𝒅𝒍 Autrement dit, les entreprises maximisent leur profit en demandant une quantité de travail telle que la productivité marginale du travail est égale au taux de salaire réel. Et comme la productivité marginale du travail est décroissante, alors la demande de travail sera fonction 𝑑𝐿𝑑 décroissante du taux de salaire réel : 𝐿𝑑 = 𝐿𝑑 (𝑤𝑟 ) 𝑎𝑣𝑒𝑐 〈0 𝑑𝑤𝑟 wr Ld Remarque : la courbe de demande de travail n’est rien d’autre que la courbe de la productivité marginale du travail. Cette courbe de demande de travail se déplace si la productivité marginale du travail se déplace, c'est-à-dire si la fonction de production varie. Or, celle-ci varie dans deux cas : - variation du stock de capital - variation du coefficient de progrès technique 130 ΔK > 0 et/ou ΔA > 0 se traduit par un déplacement vers la droite de la courbe de demande de travail et inversement. wr Ld d) L’équilibre sur le marche du travail L’équilibre sur ce marché est tel que l’offre de travail est égale à la demande de travail. La solution de cet équilibre est le niveau d’emploi et le taux de salaire d’équilibre et par la même, le niveau de production d’équilibre. Lo (wr) = Ld (wr) ⇒ (L* , wr*) ⇒ Y* = f(L*) Cet équilibre est un équilibre de plein emploi dans le sens tous ceux qui désirent travailler au taux de salaire réel du marché wr* trouvent un emploi et toute la demande de travail émanant des entreprises à ce même taux de salaire est satisfaite. Il n’ya pas de chômage involontaire. Il n’ya que du chômage volontaire, c'est-à-dire des personnes qui refusent de travailler au taux de salaire wr* parce que l’utilité procurée par la consommation résultant de ce salaire ne compense pas la perte d’utilité résultant de la renonciation au loisir. 131 wr Ld L0 𝑤𝑟∗ Chômage volontaire L* 𝐿̅ L Y* L Le volume de production Y* qui résulte de cet équilibre est également un volume de production de plein emploi qui ne peut varier que si l’équilibre sur le marché du travail se déplace. Or, l’équilibre sur le marché du travail se déplace si la courbe d’offre et/ou la courbe de demande de travail se déplacent. Toute augmentation de l’offre de travail qui se traduit par un déplacement de la courbe d’offre de travail vers la droite crée un déséquilibre sur le marché du travail (excès d’offre). Les nouveaux arrivants sur le marché du travail ne trouvent à être employés que s’ils acceptent un taux de salaire réel plus faible. Et comme les entreprises égalisent la productivité marginale du travail et le taux de salaire réel, et comme la productivité marginale du travail est décroissante, alors la demande de travail va également augmenter. Ce 132 processus se solde donc par une baisse du taux de salaire réel et une augmentation du niveau de l’emploi d’équilibre : Δ Lo > 0 ⇒ Δwr < 0 et Δ L* > 0 Ld L0 𝐿∗, wr 𝑤𝑟∗, 𝑤𝑟∗ L* 𝐿∗, L Toute augmentation de la demande de travail qui se traduit par un déplacement de la courbe de demande de travail vers la droite crée un déséquilibre sur le marché du travail (excès de demande). Cette demande supplémentaire de travail ne peut être satisfaite que si les entreprises proposent un taux de salaire réel plus élevé. Cette augmentation du taux de salaire augmente l’utilité marginale du travail et rend ce dernier plus attrayant par rapport au loisir, ce qui incite les ménages salariés à augmenter leur offre de travail. Ce processus se solde donc par une augmentation du taux de salaire réel et une augmentation du niveau de l’emploi d’équilibre : Δ Ld > 0 ⇒ Δwr > 0 et Δ L* > 0 wr Ld 𝐿𝑑, L0 𝑤𝑟∗ 𝑤𝑟∗, L* 𝐿∗, L 133 Section II. L’APPROCHE KEYNESIENNE DU MARCHE DU TRAVAIL A) L’offre et la demande de travail Pour Keynes, le concept de marché du travail n’est pas pertinent. Keynes admet les fondements de la courbe de demande de travail, à savoir la loi de la rémunération du travail à la productivité marginale du travail résultant du postulat de rationalité des entreprises qui maximisent leur profit. Il critique, par contre, les fondements de la courbe d’offre de travail selon lesquels la désutilité marginale du travail est égale à l’utilité marginale du salaire. La critique de la relation croissante entre l’offre de travail et le taux de salaire réel se base sur trois arguments : - Les travailleurs sont victimes de l’illusion monétaire. Ils raisonnent en terme de salaire nominal et non réel. Selon Keynes, les contrats salariaux sont fixés en termes nominaux. - L’offre de travail n’est pas concurrentielle, c'est-à-dire que les travailleurs ne se font pas concurrence entre eux, et le taux de salaire nominal est rigide à la baisse. En effet, les salariés entrent sur le marché de travail, appuyés par leurs syndicats qui s’opposent à toute baisse du taux de salaire nominal au dessous d’un seuil jugé minimum (w0). - Il existe un certain nombre de travailleurs (LP) qui acceptent de travailler au taux de salaire minimum, les autres n’acceptent d’offrir leur travail que pour un taux de salaire plus élevé. Sous ces hypothèses la fonction d’offre de travail s’écrit comme suit : 𝑳𝟎 = 𝟎 ∀𝒘〈𝒘𝟎 𝒅𝑳𝟎 𝑳𝟎 = 𝑳𝟎 (𝒘) 𝒂𝒗𝒆𝒄 〉 ∀𝒘〉𝒘𝟎 𝒅𝒘 𝑳𝟎𝒎𝒂𝒙 = 𝑳̅ 134 L0 w w0 LP 𝐿̅ L0 B) L’équilibre de sous emploi En critiquant le concept du marché de travail, Keynes soutient que le niveau d’emploi d’équilibre n’est pas déterminé directement par la confrontation entre l’offre et la demande de travail. Le niveau de l’emploi dépend de la demande de travail par les entreprises, laquelle est déterminée à son tour par le niveau de production, fonction lui-même de la demande anticipée de biens et services, appelée par Keynes demande effective. Niveau de la demande effective → Niveau de production → Niveau de l’emploi. Ld 𝐿𝑑, w L0 𝑤0 Chômage Chômage involontaire volontaire L* 𝐿̅ L LP 𝑌 ∗, Y* L 135 Ainsi, pour un niveau de production Y*, le niveau de l’emploi L* est inférieur au niveau de plein emploi (LP). Et la différence entre L* et LP constitue du chômage involontaire. Cet équilibre est donc un équilibre de sous emploi, dans le sens où il ya du chômage involontaire, c'est-à-dire des personnes qui acceptent de travailler au taux de salaire du marché w0 et qui ne trouvent pas à être employés parce que la demande effective qui s’adresse aux entreprises ne justifie pas leur emploi. Toutefois, Keys ne s’arrête pas à ce constat. Il fait des propositions permettant d’atteindre le plein emploi. Selon lui, si le libre jeu du marché ne mène pas au plein emploi, l’intervention de l’Etat devient nécessaire. Ce dernier peut, par ses politiques économiques de relance, stimuler la demande effective, et résorber par la même le sous emploi. Ainsi, si la production passe à Y*’, le niveau de l’emploi passe à LP, et le chômage involontaire s’annule. 136 Chapitre V. Un modèle de sous-emploi : le modèle keynesien L’objet de ce chapitre est de présenter l’approche keynésienne qui considère le marché comme un régulateur imparfait de l’économie et que les imperfections du marché peuvent, toutefois, être corrigées par l’intervention de l’Etat, qui peut, à travers ses politiques économiques, résorber le chômage ou stimuler l’investissement. Section I : L’EQUILIBRE MACROECONOMIQUE A) Introduction L’analyse keynésienne est en rupture avec l’analyse classique sur plusieurs points :  Contrairement aux classiques, Keynes soutient que l’économie n’est pas concurrentielle. Au contraire, elle est dominée par les monopoles et les oligopoles.  Il soutient que l’information n’est pas parfaite. L’état de l’économie dépend donc largement de la vision des agents concernant le futur. La production, l’investissement et la demande de monnaie dépendent des anticipations.  Keynes conteste la loi de Say dont les limites ont été confirmées par la crise de 1929. Il soutient l’idée selon laquelle les entreprises produisent les quantités qui leurs sont demandées. Le niveau de production est déterminé par la demande globale anticipée par les entreprises, laquelle demande peut être insuffisante pour assurer le plein emploi. C’est pourquoi, le niveau de production d’équilibre peut être un niveau de production de sous emploi.  Les mécanismes de régulation par le marché peuvent donc être relayés par l’Etat qui intervient pour corriger les insuffisances du marché.  Le NGP et le taux de salaire sont rigides. Le taux d’inflation anticipé est nul17. L’ajustement vers l’équilibre se fait donc par les quantités et non par les prix.  L’analyse keynésienne n’est pas dichotomique. Les deux sphères (réelle et monétaire) vont communiquer par l’intermédiaire du taux d’intérêt. En effet, ce dernier 137 qui est déterminé sur le marché monétaire (sphère monétaire), est lui-même déterminant de l’investissement (sphère réelle). B) Le modèle keynésien simplifie : la notion du multiplicateur Ce modèle simplifié a pour objet d’expliquer la relation entre la demande effective et le niveau de production. Pour ce faire, il est nécessaire d’éliminer l’effet du taux d’intérêt en isolant la sphère réelle de la sphère monétaire. Cette séparation suppose que la sphère réelle ne dépend pas du taux d’intérêt, c'est-à-dire que l’investissement est autonome. Pour mieux explique la notion du multiplicateur, nous procédons par étapes, en travaillant dans un premier temps sur une économie à deux agents (fermée et sans état), puis sur une économie à quatre agents. a) Un modèle keynésien simplifié pour une économie à deux agents Supposons une économie à deux agents en situation de sous emploi décrite par le modèle suivant :  C = C𝟎 + c Y18  I = I0  Les Amortissements sont nuls et le NGP est constant et égal à un. Le niveau de production d’équilibre n’est pas déterminé à partir de l’équilibre sur le marché du travail comme c’est le cas d’une économie de plein emploi. Il est déterminé à partir de la demande effective, c'est-à-dire : Y = C + I = C0 + c Y + I0 (C0 + I0 = A0 : les dépenses autonomes) ⇔ ΔY = μ (ΔA0) μ est appelé multiplicateur keynésien des dépenses autonomes. Il se définit comme étant la variation de la production résultant de la variation des dépenses autonomes d’une unité. Y C+I Y 138 C0 Y* Y Remarquons que, puisque la propension marginale à épargner (s) est inférieure à l’unité, la valeur du multiplicateur sera supérieure à un. Autrement dit, toute variation de la demande autonome se traduit par une variation plus élevée du niveau de production. Pour expliquer ce phénomène de multiplication, prenons un exemple d’une économie décrite comme suit : C = 100 + 0,8 Y I = 300 1 ⇔ 𝜇 = 0,2 = 5 et A0 = C0+I0 = 400 Y= 5 *400 2000 Supposons ΔI = 100 ⇒ ΔY = 5 *100 = 500 Cette multiplication résulte du fait que chaque accroissement de la demande donne lieu à un accroissement de la production, mais aussi à un accroissement du revenu du même montant, qui donnera naissance à un accroissement de la production et donc à un nouvel accroissement de la demande, … Etape Δ de la demande Δ de la production Δ de la consommation 1 ΔI=100 ΔY=ΔI=100 ΔC=cΔI=0,8*100=80 2 ΔC=cΔI=80 ΔY= cΔI=80 ΔC=cΔY= c2ΔI=64 3 ΔC= c2ΔI=64 ΔY= c2ΔI=64 ΔC=cΔY= c3ΔI=51,2 Total ∑ ∆𝑌1 = 500 ΔY = ΔI + c ΔI + c2 ΔI + c3 ΔI + …+ cn-1 ΔI 139 = ΔI(1 + c + c2 + c3 + …+ cn-1) C’est une suite géométrique qui, lorsque n tend vers l’infini, elle tend vers : ∆𝑌 = 1 ∆𝐼 1−𝑐 b) Un modèle keynésien simplifié pour une économie à quatre agents Supposons une économie à quatre agents en situation de sous emploi décrite par le modèle. Suivant :  C =𝑪𝟎 + c Yd  T = T0 + t Y  G = G0  I = I0  X = X0  Mp = Mp0 + mY  Les Amortissements et les transferts extérieurs nets sont nuls et le NGP est égal à l’unité. La détermination du niveau de production d’équilibre procède de la même logique que dans l’économie à deux agents, à la différence que les valeurs des dépenses autonomes et du multiplicateur sont différentes. En effet, l’équilibre macroéconomique est tel que : Y = C + I + G + X - Mp Y = C0 + c Y – c T0 - ct Y + G0 + I0 + X0 - Mp0 - m Y ⇔ Y(1 – c + ct + m) = C0 – c T0 + G0 + I0 + X0 - Mp0 𝐂𝟎 – 𝐜 𝐓𝟎 + 𝐆𝟎 + 𝐈𝟎 + 𝐗𝟎 − 𝐌𝐩𝟎 𝑨 𝟏 ⟺𝒀= = 𝟏 – 𝐜 + 𝟎𝐜𝐭 + 𝐦 = 𝐬+ 𝐜𝐭 + 𝐦 𝑨𝟎 𝟏 – 𝐜 + 𝐜𝐭 + 𝐦 ⟺ 𝒀 = 𝝁𝑨𝟎 𝒆𝒕 ∆𝒀 = 𝝁(∆𝑨𝟎 ) 𝟏 𝟏 Avec : 𝑨𝟎 = 𝐂0+ 𝐆0 + 𝐈0 +𝐗 𝟎 − 𝐌p0 et 𝝁 = 𝟏 – 𝐜 + 𝐜𝐭 + 𝐦 = 𝐬+ 𝐜𝐭 + 𝐦 Remarquons que la valeur du multiplicateur dépend des paramètres endogènes de fuites (s, t et m). Plus les fuites endogènes sont élevées, plus la valeur du multiplicateur est 140 faible du fait que les fuites endogènes réduisent la demande induite par les variations du revenu qui s’adresse aux entreprises. Exemple : dans une économie fermée, l’accroissement de la consommation est égal à l’accroissement de la demande qui s’adresse aux entreprises. Mais, si l’économie est ouverte, une fraction de cette demande s’adressera à l’extérieur. C’est ce genre de fuites qui réduit l’effet multiplicateur. Mais l’importation n’est pas la seule fuite, les impôts endogènes et l’épargne le sont aussi. L’importance des fuites est traduite dans la pente de la droite de demande globale (Yd). Yd = A0 + (c – ct – m) Y = A0 + (1 - s – ct – m) Y Plus la valeur des paramètres de fuite (s, t et m) est élevée, plus la pente de la droite de demande globale est faible et plus l’effet multiplicateur est faible. Les graphiques suivant montrent que, pour la même variation de A0, la variation de Y est plus élevée dans le graphique 1 (où la pente de la droite de demande globale est plus élevée) que dans le graphique 2. Graphique 1 Graphique 2 𝑌0 𝑌0 YC 𝑌 𝑑, 𝑌 𝑑, 𝑌𝑑 𝑌𝑑 ∆𝐴0 𝐴,0 ∆𝐴0

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