Communication, Information et Vie Politique - COM-2152 - Automne 2024 - Communication Électorale - PDF

Summary

These lecture notes cover the topic of electoral communication, focusing on its role in democratic processes, and its various aspects, such as organizational dynamics and strategic approaches, in the context of political science. The key themes and concepts in the communication strategy are highlighted. This document analyzes the role of political communication and electoral campaigns in how elections are handled and managed.

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Communication, information et vie politique COM-2152 : Automne 2024 La communication électorale La communication électorale  Les élections sont au centre de la vie démocratique  une dimension fonctionnelle - autorisation et imputabilité dans le système représentatif ...

Communication, information et vie politique COM-2152 : Automne 2024 La communication électorale La communication électorale  Les élections sont au centre de la vie démocratique  une dimension fonctionnelle - autorisation et imputabilité dans le système représentatif  une dimension normative - participation des citoyens et légitimation du pouvoir  La communication électorale se trouve au centre des travaux et des pratiques en communication politique  celle-ci désigne l’utilisation systématique et coordonnée d’outils de communication en vue de maximiser l’appui électoral d’un parti ou d’un candidat à l’occasion d’un scrutin donné (Nadeau et Bastien, 2003) - les stratégies électorales dépendent du système de partis, de la nature de ces derniers et de l’état des enjeux publics L’évolution des campagnes électorales  1945-1960 : apogée des campagnes centrées sur les partis, qui assument un rôle de médiation entre les citoyens et les gouvernements  décentralisation des campagnes  forte identification aux partis  confiance à l’égard des institutions  1960-1980 : essor des campagnes centrées sur les leaders politiques et les programmes électoraux  le recours à la télévision permet de s’adresser, en même temps, à la masse des électeurs  affaiblissement de l’identification aux partis  perte de confiance à l’égard des institutions Les tendances contemporaines  La communication électorale entre dans une troisième phase à partir des années 1980, sous l’effet combiné du développement des moyens de communication et de la professionnalisation du travail politique  la plupart des opérations de communication demeurent centralisées, mais les partis commencent à exploiter la fragmentation de l’environnement médiatique dans le but de rejoindre des segments précis de l’électorat  les grands partis délèguent de plus en plus de tâches à des spécialistes : levée de fonds, analyse de l’électorat, composition des messages, contrôle de l’image, etc. - en lien avec le déploiement du marketing politique  Une quatrième phase émerge dans les années 2000 avec l’essor d’internet et des réseaux sociaux Les objectifs des campagnes  Les partis visent à conforter leur base électorale, mais surtout à convaincre les indécis et les électeurs mous, qui sont susceptibles de changer d’allégeance  une bonne partie des messages et des engagements s’adressent spécifiquement à ces deux catégories  la bataille de l’ordre du jour - imposer et cadrer les enjeux - influencer l’agenda médiatique  la politique de la division (wedge politics) consiste à introduire des thèmes controversés afin de polariser l’électorat et de soutirer des électeurs aux adversaires - il s’agit d’une arme à double tranchant qui, lorsqu’elle est mal employée, risque de fragiliser les appuis partisans Le degré d’allégeance partisane Électeurs Supporteurs Membres Militants (Inspiré de Duverger) Cadrer ou recadrer les débats Le déroulement des campagnes (1)  Entre deux élections : une joute politique sans relâche dont l’intensité varie selon le positionnement des partis  plusieurs facteurs, dont la tenue des élections à dates fixes, induisent une forme de « campagne permanente » - la prévisibilité du scrutin favorise une planification stratégique sur l’ensemble du cycle électoral et retire au parti au pouvoir le grand avantage de déclencher des élections au moment qui lui convient  La longue campagne : 9 à 12 moins avant le scrutin  analyse de l’électorat et de l’offre politique  consultations interne et externe, concertation  mise au point d’un programme et d’une stratégie  La pré-campagne : 2 à 3 semaines avant le scrutin  mise à l’essai du programme dans les médias  recrutement et formation des bénévoles Le déroulement des campagnes (2)  La campagne électorale débute avec la dissolution du parlement et s’étend sur une période de 33 à 39 jours  le système partisan tourne à plein régime : utilisation des ressources, recherche de visibilité, tentative de contrôler l’ordre du jour, attaques et contre-attaques - la campagne est conduite à partir d’un « war room »  premier tiers : une phase intensive d’information, qui permet de constituer une première base électorale  deuxième tiers : ralentissement de la campagne afin, de revoir la stratégie et de tenir les débats des chefs  troisième tiers : dernier droit de la campagne, durant lequel les partis jouent leurs dernières cartes : attaques directes, appels à la peur, invitation au vote stratégique Les débats des chefs  Le premier débat télévisé oppose John F. Kennedy à R. Nixon lors des élections présidentielles de 1960  Kennedy s’adresse directement à la caméra ; il est jeune, beau, bronzé et à l’aise en studio  Nixon s’adresse au modérateur ; nerveux, mal rasé et en sueur, il présente un teint grisâtre  Kennedy l’emporte pour les téléspectateurs alors que le jugement des auditeurs de la radio est plus nuancé - le constat de Nixon: « I spent too much time on substance and too little time on appearance »  Ce débat démontrerait la prégnance de l’image en télévision, qui favoriserait l’éthos (personnalité) et le pathos (émotion), au détriment du logos (message) Un exercice périlleux (1)  Tous les aspects des débats sont négociés avec les partis, du choix du modérateur à l’aménagement du studio, en passant par la formule des échanges  seuls les thèmes abordés sont connus à l’avance  les chefs sont soumis à des simulations et préparés à répondre à toutes les questions prévisibles  Les chefs cherchent à contrôler les échanges en adoptant une position offensive et en confinant leurs adversaires dans une position défensive  le mieux est de réduire les attentes avant le débat afin de surprendre, sinon de ne pas décevoir  les éventuels cafouillages ont souvent pour effet de placer les candidats dans l’embarras Un exercice périlleux (2)  Les débats bénéficient d’une abondante couverture dans les médias ; les performances des chefs sont méticuleusement revues et largement débattues par les analystes, qui s’appliquent à identifier les bons et les mauvais coups, afin de déclarer un gagnant  les enjeux des débats sont élevés car ils peuvent infléchir le déroulement d’une campagne, conférer une impulsion à un parti ou freiner l’élan d’un autre  les débats affectent la perception des chefs et influencent davantage les électeurs indécis, ainsi que ceux qui s’intéressent moins à la politique - plusieurs électeurs attendent les débats des chefs pour fixer leur choix ou se fient, pour ce faire, sur le verdict des analystes politiques Un exercice périlleux (3) L’image du chef  La gestion de l’image des chefs s’avère centrale dans les campagnes électorales contemporaines. Les chefs des partis doivent projeter les qualités suivantes : compétence, honnêteté et empathie  un chef charismatique profitera de la médiatisation, contrairement à ceux qui sont dépourvus de charisme  la médiatisation de la politique confère une importance démesurée aux aptitudes médiatiques des candidats  L’américanisation des campagnes  l’importance acquise par l’image des chefs  le recours aux médias de masse, aux professionnels de la communication et au ciblage des électeurs  l’importance croissante des moyens financiers Les campagnes américaines Quelques précisions  Les experts ne s’accordent pas sur l’américanisation des campagnes électorales dans les sociétés libérales et démocratiques contemporaines  l’Australie, le Canada, le Royaume-Uni et d’autres pays en Europe, en Amérique latine et en Asie de l’Est  selon une première hypothèse, l’américanisation serait le simple produit de l’importation de pratiques politiques d’origine américaine dans les pays concernés  selon une seconde hypothèse, l’américanisation serait plutôt un processus de modernisation endogène qui s’observerait avec un décalage variable selon les pays - l’américanisation correspondrait plus précisément à la professionnalisation des campagnes électorales dans le cadre des sociétés post-industrielles Les flux de communication médiatisation (Benoît, 2017) Le concept de médiatisation  Une perspective quadridimensionnelle  Strömbäck, adapté par Aldrin et Hubé (2017) Opinion publique et sondage  La multiplication des sondages agit comme un catalyseur de la médiatisation de la politique  les sondages instituent l’opinion publique comme un acteur politique à part entière, nonobstant les débats fondamentaux sur sa nature et sa valeur - cette mise en scène relève par essence des médias, car l’opinion publique n’a pas d’existence propre - doxophrénie : une dépendance quasi compulsive de la politique à la quantification de l’opinion (Aldrin, 2017)  Les effets des sondages sur les intentions de vote sont ambivalents, mais leurs effets sur le vote sont plus directs et plus préoccupants pour les partis  abstention par certitude de gagner  abstention par certitude de perdre Les pseudo-événements  L’image ou ce qu’il advient du rêve américain  Daniel Boorstin (1962) définit les pseudo-événements comme des événements fabriqués aux seules fins de leur médiatisation et qui parviennent à se substituer à la réalité dans la perception du monde - ceux-ci sont engendrés par le déploiement des médias de masse, de la publicité et du marketing  les pseudo-événements sont attrayants car ils sont simples, dramatiques, malléables, porteurs de sens, peu coûteux à produire et facile à répandre - une fois médiatisés, les pseudo-événements tendent à engendrer de nouveaux pseudo-événements  conférences de presse, entrevues, mises en scène (photo op), sondages d’opinion, etc. Un exemple (1) Un exemple (2) La campagne de 2018 (1) La campagne de 2018 (2) Les inondations de 2019 (1) Les inondations de 2019 (2) Une caricature

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