Histoire de la pensée économique, Licence d'économie et gestion, Semestre 2 TREC5 / TREC7, PDF, 2024
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Université de la Nouvelle-Calédonie
2024
Séverine Blaise
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This document is a lecture for a course on the history of economic thought at the University de la Nouvelle-Calédonie, covering various schools of economic thought and methodology. The course, in its second semester for the Licence d'économie et gestion, includes 20 hours of lectures and two in-class assignments.
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Licence d’économie et gestion Semestre 2 TREC5 / TREC7 Histoire de la pensée économique 2024 Séverine BLAISE Objectif du cours Ce cours vise à introduire au pluralisme des approches en économie. Dans une perspective hi...
Licence d’économie et gestion Semestre 2 TREC5 / TREC7 Histoire de la pensée économique 2024 Séverine BLAISE Objectif du cours Ce cours vise à introduire au pluralisme des approches en économie. Dans une perspective historique et chronologique, il s’agit de présenter des faits stylisés et de mettre l’accent sur les conditions de production des principaux courants de pensée économique. Organisation du cours et MCC 20h de Cours Magistral (CM) présence obligatoire 2 devoirs de CC sur table de 2h, en présentiel Résultat final = Max (CC1 ; CC2) Plan du cours Introduction : éléments d’épistémologie Chapitre 1. La naissance de l’économie politique A – La pensée mercantiliste B – Les premières analyses en termes de circuit C – La physiocratie Chapitre 2. L’économie devient une science A – Le libéralisme comme philosophie B – La division du travail comme nouveau rapport social C – David Ricardo, une problématique de la valeur D – L’hétérodoxie de Malthus E – Karl Marx et la critique des lois de l’économie politique F – Les néoclassiques « marginalistes » Chapitre 3. Cycles et crises du capitalisme A – Les précurseurs B – L’importance des travaux de Juglar C – Les cycles longs de Kondratiev D – La synthèse de Schumpeter Conclusion Introduction : éléments d’épistémologie 1. Qu’est-ce que l’HPE ? Réflexion sur des textes que l’on nomme théories ou doctrines économiques… Quel point de départ ? - Les œuvres des philosophes grecs (Xénophon, Aristote) ? - Émergence d’un nouveau langage avec les physiocrates ou l’œuvre d’Adam Smith ? - Affirmation d’un nouveau mode de société : le capitalisme ? Premier point de repère : 1615, Traité d’économie politique d’Antoine de Montchrestien 2. Pour quoi faire ? Trois réponses possibles, aux méthodes différentes : 1) Comprendre la place que tient l’économie politique et son rôle dans la structure sociale ; 2) Évaluer l’importance d’une théorie à la lumière de l’histoire matérielle (démarche relativiste) ; 3) Confirmer ou infirmer une théorie (démarche absolutiste). NB : Les limites d’une démarche absolutiste, qui impliquerait notamment que toute théorie est bâtie sur un schéma hypothético-déductif. La construction de l’HPE dépend de la définition qu’on se donne de l’économie politique, puis de la science économique. 3. Qu’est-ce que la science ? A – La science est un savoir absolu « Science » est synonyme de « savoir » Deux types de savoir : Le savoir transcendant et stable dans le temps Le savoir contingent, se modifiant continuellement Platon : les sciences (au pluriel) sont l’arithmétique, la géométrie, l’astronomie et l’harmonie (savoir transcendant), par opposition à l’instruction (savoir mobile, adaptable). Aristote : tous les savoirs sont des sciences. Hiérarchie en fonction du degré de contingence : 1 – Les sciences théoriques 2 – Les sciences pratiques 3 – Les sciences poétiques, les arts Métaphysiciens allemands : La science est une connaissance parfaite Kant : la science est une certitude qui n’a pas besoin d’être démontrée Hegel : la science est un savoir absolu Il ne peut y avoir qu’une seule science « les sciences » sont des applications techniques B – La science se définit par sa méthode A. Comte : la science n’est plus un savoir absolu ou universel, elle devient science « positive ». Elle est une méthode apte à concrétiser, à réaliser telle ou telle option. séparation finalité / moyens une discipline est dite scientifique non par son champ d’investigation mais par les moyens mis en œuvre. Problème : compatible avec les sciences humaines ? Peut-on séparer positivité et normativité ? En économie politique, cela est très difficile… Années 60 : controverse sur les sciences humaines entre Popper et l’Ecole de Francfort. Entre les partisans : 1) du monisme méthodologique : les règles du travail scientifique (la méthode) est la même dans le domaine des sciences de l’homme et de la nature ; 2) et du dualisme méthodologique : les principes méthodologiques doivent être différents. 4. Qu’est-ce qu’une démarche scientifique ? la méthode de l’investigation scientifique a beaucoup évolué : débats sur la place respective de l’induction et de la déduction dans cette méthode. A - La méthode inductive (jusqu’au XVIIIe siècle) J.S. Mill : l’induction repose sur trois étapes distinctes 1) l’observation libre du réel 2) la formulation de lois générales ou universelles 3) par induction, la construction théorique Limite : rôle passif de la science, la croyance relève de l’habitude B - La méthode hypothetico-déductive Une méthode empruntée aux sciences de la nature. On admet qu’il n’y a pas d’observation libre du réel La MHD est un système logique (calcul abstrait) : à partir d’une ou plusieurs hypothèses, il s’agit de réaliser un test (expérimentation). Les résultats permettent de valider ou d’invalider le modèle. Démarche en deux temps : 1) explication du phénomène (relation causale) 2) prédiction de nouveaux phénomènes Problème : il peut y avoir des explications sans prédictions ou une prédiction sans explication. Critique de Hume : qu’est-ce qu’une relation causale ? C’est le rapprochement dans le temps et dans l'espace de deux événements « voisins » (contigus). Double problème de la vérifiabilité Exemple des cygnes blancs C - L’infirmationisme de Karl Popper Infirmationisme : on ne peut jamais prouver qu'une proposition est vraie, on peut par contre prouver qu'une proposition est fausse. Définition de la science : est scientifique une proposition (c'est-à- dire l'hypothèse principale d'une causalité) qui peut être infirmée, mais qui ne l'a pas encore été. Trois propositions principales : 1. La distribution des savoirs : SCIENCES NON-SCIENCES savoirs réfutables savoirs non réfutables physique biologie sciences poésie chimie humaines art histoire littérature 2. Aucune réfutation décisive ne peut cependant jamais être fournie car une infirmation peut conduire à améliorer une théorie. 3.Une théorie ne peut être testée que lorsqu’un chercheur énonce clairement à l’avance, les conditions qui infirmeraient sa théorie. Celles-ci doivent être définies en dehors de l’histoire. Refus de discuter de la signification historique et sociale des hypothèses testées Conséquences : une théorie ne peut être critiquée que de manière interne les théories faisant appel à l’analyse historique ne sont pas scientifiques la simplicité est un critère de scientificité NB : discutable, surtout dans les sciences exactes (exemples : la théorie de la relativité restreinte et la théorie des quanta) 5. Continuité et rupture dans l’HPE A - Le refus de l’historicité Trois approches possibles permettent de guider l’HPE : 1. Si l'économie est un objet indépendant de l'analyse qu'on en fait, l’économie politique peut progresser et la connaissance est cumulative 2. Si l'économie politique est une méthodologie indépendante de son objet d'application, elle peut se réduire à la mise en œuvre d'une méthode d’analyse. 2. On peut aussi s’interroger sur les rapports qu’entretiennent l’économie politique et l’économique : au fur et à mesure que la connaissance évolue, l'objet de cette connaissance évolue aussi modification de la place du discours économique par rapport aux autres savoirs. B – Histoire matérielle et histoire intellectuelle Autre approche : comprendre les mutations dans le discours économique comme autant de mutations au niveau de la société. La démarche de Karl Marx : Les théories sont des réponses à des problèmes concrets que se pose à un moment donné une société. Une théorie ne peut se comprendre qu'en la resituant dans le contexte qui l'a produite. L'économie politique utilise des catégories construites par la pensée comme si elles étaient identiques au réel observé, mais aussi comme si elles étaient transcendantes. Or, elles ont une vie propre. L'économie politique est un langage qui résume des relations de pouvoir : la particularité de son fonctionnement c'est de masquer ces relations de pouvoir sous le vernis d'un discours scientifique. Un discours qui s’autonomise par rapport aux autres SHS. La démarche de Karl Polanyi : L'économie politique, en tant que pensée séparée du reste des sciences humaines, n'est pour lui qu'un projet de société, une forme institutionnelle. La Grande Transformation : le coup de force réalisé par l'économie politique sur l'organisation sociale est la plus grande fracture jamais réalisée dans l'histoire de l'Humanité. Le progrès quantifiable dans la production et la consommation de biens matériels correspond à une perte de sens dans nos sociétés. Intérêt : montre que le principal changement qui intervient à partir du XVIIIe siècle est d'abord une transformation dans le mobile des activités humaines : le mobile du gain doit remplacer celui de la subsistance. L’analyse structuraliste de Michel Foucault : Une analyse globale des discours scientifiques dans la société moderne : « Les mots et les choses » 1966, « L’archéologie du savoir » 1969. Thème récurrent de la pensée critique : analyse des discours scientifiques en termes de légitimation d’un pouvoir. Périodisation de l’évolution d’un savoir autour d’une unité épistémologique. Double rupture : 1) A l'âge classique, XVIIe siècle 2) Période moderne (post révolution industrielle) 2 types de discours économiques radicalement opposés : XVIIe et XVIIIe siècles : analyse de la richesse à l'intérieur d'un ordre naturel qui ne change pas, À partir de 1776 : recherche de lois, plus ou moins transcendantes, qui puissent expliquer l'origine et la production de la richesse (concept de valeur travail) Rupture entre 1776 et 1815 qui correspond à d’importants bouleversements Redistribution des savoirs à l’intérieur d’un trièdre des savoirs : L’homme comme objet des pratiques discursives nouvelles. l'homme n'est plus le sujet de l'histoire, mais seulement un objet d'analyse. l'histoire peut devenir alors le principe unificateur dans le nouvel ordre des savoirs. C – Production et circulation comme critère de périodisation de l’HPE Économie matérielle : réalité historique, résultat d’une praxis L'histoire contemporaine peut se réduire dans le développement d'un projet : la construction de la société de marché. Teboul : chaque doctrine ou théorie économique renvoie (ou explique) à son tour une pratique sociale particulière. la représentation de l'économie et sa conceptualisation sont largement déterminées par l'histoire matérielle, qui sert de cadre de référence ou de justification. L’économie politique comme tentative pour soumettre la nature a des "lois" procédant d'une volonté séculaire d'émancipation de l'homme des contingences matérielles. Quatre grands moments : 1. Les doctrines et les politiques économiques qui pensent l'économie (ou l'échange monétaire) dans le contexte de la mise en place de la nation. 2. Les théories du circuit et les premières théories du revenu national (R. Cantillon, P. de Boisguilbert et les physiocrates) Point commun : l’économie pré-analytique ou préscientifique, défense active du pouvoir monarchique. 3. L’économie classique, une théorie de la production et de l’accumulation du capital. Abandon de la problématique de la circulation (parfaite fluidité des échanges monétaires), subordonnée à la production. espace social identique à l’espace du marché Fondement : la théorie de la valeur travail 4. L'analyse à la marge ou néoclassique, un courant utilitariste qui analyse des correspondances entre des facteurs de production et des biens ou des services produits. Points communs : 1. Individualisme méthodologique 2. Idée de la possible construction d’un marché homogène au niveau de la planète. Économie orthodoxe (versus hétérodoxe) Les travaux hétérodoxes apparaissent surtout dans des périodes de crise profonde de la production : Sismondi, Malthus, Marx ou encore Keynes. La crise et les déséquilibres comme point de départ de l’analyse Une opposition récurrente : confrontation entre ce qui est effectivement, et ce qui devrait être. En définissant des lois qui fondent sa scientificité, l’économie politique s’éloigne des préoccupations de la politique économique, et va vers une abstraction croissante de la réalité des échanges marchands. Critiques : importance de la prise en compte des facteurs spatiaux et temporels (Galiani, Sismondi) Chapitre 1. La naissance de l’économie politique 1ntroduction L’économie pré-scientifique : A. Montchrestien, 1615, Traité de l’oeconomie politic A. Smith, 1776, La richesse des nations Point commun : réflexion approfondie sur la définition et le rôle de l’état (Etat Nation) Evolution en deux temps : 1) Analyse de l’état en opposant l’espace public (politique) et l’espace privé (économique) 2) L’état se subordonne ensuite aux nécessités de l’économie Réflexion sur l'individu, sur sa place dans la société, dans l'organisation de l'ensemble de la vie sociale, parallèlement à la philosophie libérale et individualiste des Lumières. Réalité matérielle de la période de l’Ancien Régime : 1) Production agricole, population essentiellement rurale, la richesse est le produit du travail de la terre 2) Nécessité de combattre les crises agraires, de réguler la production agricole : Par la liberté des échanges et la justice fiscale Par la production industrielle pour exporter A – La pensée mercantiliste Mercantilisme : mouvement d’idées qui ressort de la politique économique (pratiques de gouvernement appliquées au commerce et à l’industrie) pasAdam des penseurs mais "hommes de l'art" Smith s'oppose au système Mercantile Débuts de l’intervention de l’état dans l’économie Originalité : émergence d’un projet de société nouveau Montchrestien : le "politique" se trouve être déterminé par l’ " économique " nécessité de développement de l'artisanat et de l'industrie. Segmentation du savoir et autonomisation de l’économique et du politique Montée en puissance des Etats-Nations et tendances diverses en Europe suivant les pays, déclinaison de la doctrine: Espagnole et Portugais => bullionisme ibère. Royaume-Unis => promouvoi l'importance du commerce maritime afin d'avoir le monopole sur les échanges extérieurs dans l'Europe. A.1 L’autarcie de la nation Idée commune : rechercher un accroissement de la richesse matérielle dans le cadre géographique de la nation. Emergence de nations indépendantes : chaque pays doit pouvoir se suffire à lui-même en ce qui concerne les besoins les plus essentiels. Politique économique qui vise l’unification structurelle du territoire national pour constituer un puissant marché intérieur. Objectif : amélioration des flux de marchandises par l’accroissement des flux monétaires. réforme de l’impôt A.2 Le développement du marché intérieur Remise en question de l’ancien ordre établi : accent sur l’importance des marchands et des manufacturiers dans la circulation et la création de richesse. Importance de l’instruction, remise en cause des pouvoirs des propriétaires fonciers, des seigneurs et des privilèges de l’église. Egalité de traitement des individus, en particulier du point de vue fiscal. Conception dynamique de l’économie : dynamique qui doit être impulsée par le commerce et l’industrie. La puissance de la nation dépend de la capacité du royaume à pourvoir aux nécessités de ses populations. Importance de la division du travail comme progrès pour l’ensemble de la société, Mise en valeur des spécificités régionales, accent sur la facilité et la capacité des moyens de communications. A. Montchrestien, W. Petty : celui qui maîtrise le transport maîtrise aussi la circulation des richesses, donc leur production. Laffemas (1608) : l’intérêt public doit céder le pas à l’affirmation de l’intérêt privé. Mais l’impulsion de l’activité économique doit être donnée par le Roi. J. Locke (1690) : ébauche de la théorie de la valeur travail (la richesse est contenue dans le travail) Prise en compte des concentrations de populations : rôle déterminant de la ville, comme marché potentiel et réserve de main d’œuvre. A.3 La nation et le reste du monde J. Steuart : théorie des stades de développement et transformations dans l’insertion spatiale du commerce : 1) Le commerce naissant 2) Le commerce avec l’étranger 3) Le commerce intérieur Le développement des fonctions commerciales, clé du développement. L’autonomie de la nation n’est pas incompatible avec le développement du commerce extérieur. Double politique commerciale : sélective et prohibitionniste pour les importations, libre-échangiste pour les exportations. Recherche d’un solde commercial positif, nuancée par la suite par le développement des pratiques bancaires. Idée selon laquelle le commerce vaut mieux que la guerre…. Point commun : il est préférable d'importer des matières premières et de les réexporter sous la forme de produits finis, mais pas l’inverse. B – Les premières analyses en termes de circuit L’économie devient progressivement un objet qui peut se représenter par des lois universelles. Nouvelle définition de l’économie : discours de plus en plus abstrait, société fondée sur des rapports économiques. Renversement progressif à partir de deux idées : 1) Analyse et définition de la richesse qui se modifie 2) Développement d’une théorie de la production De Boisguillebert à Turgot, en passant par Cantillon… B.1 Redéfinition de la richesse Contexte : grave crise économique et financière (1695) Apport de Boisguillebert : nouvelle définition de la richesse qui, met en lumière les mécanismes de sa production. Mécanismes qui ont mené le pays à la ruine : transgression des principes moraux élémentaires qui a transformé la société en société de classes et fait de la monnaie une idole. Construit un modèle en termes réels plutôt qu’en termes monétaires La richesse n’est pas seulement une donnée globale mais elle a une dimension matérielle et individuelle : ensemble de biens matériels susceptibles de satisfaire des besoins. Classement des différentes sortes de richesse : - Les richesses nécessaires - Les richesses commodes (superflues) Il y a un ordre dans la satisfaction des besoins L'expansion de la production nationale dépend directement de la croissance de la production agricole B.2 Le circuit économique La richesse est divisée en 4 catégories : 1) La propriété des terres cultivées 2) Les profits issus du travail de la terre 3) Les revenus du travail manuel et du commerce 4) Les autres richesses Le circuit monétaire d’après Boisguillebert B : beau-monde ; L : laboureurs, M : marchands _____ revenus des terres - - - - revenus d’industrie Hiérarchie des classes sociales et renversement de la pyramide sociale Approche nouvelle qui justifie la fluidité des échanges B.3 Espace de production et espace de circulation Deux niveaux distincts d’analyse C'est par la fluidité organisée des échanges qui consolide la solidarité que l'espace peut devenir un espace continu. un système de prix cohérent permet l’harmonie sociale (il faut que chacun soit rémunéré convenablement) Deux conséquences importantes : 1) L’impôt doit être équitable 2) Il ne doit pas y avoir d’entrave à la liberté de commerce Commerce extérieur et développement économique de l’espace national : abaissement des tarifs douaniers. Deux objectifs : aplanir les fluctuations de prix et rendre les étrangers dépendant de la production nationale. Un libéralisme limité B.4 L’apport de Richard Cantillon Principes qui fondent un modèle général, adaptable à de nombreux cas. Chaque sous-espace (le village, le bourg, la ville et la capitale) est analysé rigoureusement dans ses fonctions et attributs. Objectif : justifier les relations politiques et économiques qui existent entre les sous-espaces, Discours très normatif Deux hypothèses clés : 1) Nécessaire complémentarité entre le travail de la terre et le travail de l’homme 2) Nécessaire inégalité entre les hommes dans la propriété de la terre explique la structuration de l'espace et sa forte hiérarchisation Théorie de la circulation des marchandises à partir de la distinction entre espace national et espace international. Accent sur les déséquilibres et les inégalités de prix dans l’espace national qui doivent être résorbés par une politique volontariste. Analyse des échanges internationaux : les déséquilibres sont passagers et peuvent être inversés La richesse est définie à partir du travail de la terre mais aussi à partir des stocks de monnaie détenue Une pensée assez peu libérale C – La physiocratie Un mouvement très spécifique : une véritable école de pensée (pensée homogène, diffusion d’un savoir théorique et pratique) Un maître incontesté : François Quesnay Une pensée abstraite, mais qui se donne des objectifs pratiques. Point de départ d’une analyse scientifique et rigoureuse de l’économie. Une pensée originale, un formalisme qui préfigure la comptabilité nationale… Réflexion approfondie sur la dynamique de production, à partir de la notion de « produit net ». Une pensée qui se veut réformatrice, normative (orientée vers un système politique : vers le maintien voir l’élargissement des inégalités sociales), qui aura une grande influence. C.1 – L’appareillage conceptuel de la physiocratie Au centre de l’analyse : une préoccupation pour l’ordre naturel Une nouvelle façon de lire l’ensemble des rapports sociaux et des phénomènes économiques du point de vue de ce concept. Insertion de l’homme dans cet ordre naturel pour deux raisons : 1) son existence dépend matériellement du travail, ou plutôt du don gratuit de la Nature ; 2) le don gratuit de la Nature sera maximé si l'ordre social correspond à l'identique à un ordre naturel Les inégalités sont nécessaires, elles fondent le droit naturel. Une pensée qui justifie une pratique despotique du pouvoir politique. Interventions : - Circuits de distribution - Modernisation des techniques de production - Eviter l’émigration - Assurer ainsi la croissance du produit net, veiller aux salaires - Administration équitable de l’impôt - Fonction de justice, police et d’armée Travail, richesse et produit net Notion de produit net dont le niveau détermine l’opulence de la nation. Ce n’est pas le travail agricole qui est à l’origine de la richesse mais un don gratuit de la terre. Importance du commerce : il ne peut y avoir de richesse sans échange. Quesnay ne parle jamais de valeur, mais seulement de richesse. Deux types de richesse : richesse naturelle et richesse industrielle Embryon de théorie de la circulation des flux de richesse sur le plan réel et sur le plan monétaire, mais l’attention se porte plutôt sur les rapports monétisés. Seule l’activité agricole produit un surplus échangeable Stérilité du travail industriel et commercial C.2 – L’analyse du tableau économique Trois sortes d’agents économiques : classe productive, classe stérile industrieuse, et classe des propriétaires. Le tableau des physiocrates (1776) Une analyse de la croissance économique : - Au niveau statique - Au niveau dynamique Clé de la croissance : accroissement des avances annuelles au- delà d’une simple reconstitution par les propriétaires terriens Hypothèse de rendements croissants (possibilités d’extension de la « grande culture » et progrès technique) Commerce intérieur et extérieur : accélérer la fluidité des échanges Conditions d’une croissance harmonieuse et facteurs de blocage Analyse du circuit en termes monétaires : une approche quantitativiste C.3 – L’espace des échanges La liberté des échanges : le commerce doit favoriser les propriétaires fonciers Suppression des péages et des douanes, renforcement du réseau de transport Contrôle social et politique de la répartition du produit net Des campagnes et des villes : une hiérarchie qui reflète une hiérarchie des prix Les échanges internationaux : 3 avantages Chapitre 2. L’économie devient une science 1ntroduction Les conditions de l’émergence de l’économie comme une science à part entière L’émancipation par rapport à la philosophie, morale ou politique : une simple pétition de principe ? Point de départ : Adam Smith Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776) Une théorie de la production centrée sur la valeur travail, L’accumulation des richesses comme une fin en soi. Une démarche qui s’éloigne de l’empirisme, l’économie devient positive, dans une logique déductive. Faire de l’économie une science : un projet rapidement contesté A - Le libéralisme comme philosophie Une anthropologie qui se développe à partir de la Renaissance. Une proposition de base : l'homme existe seul, dans son opposition à la nature, mais aussi au reste de la société. Le libéralisme anglais : la volonté individuelle comme déterminant en dernière instance de la société, avènement du règne de la raison Une philosophie matérialiste dont les caractéristiques sont définies par C. Mac Pherson, La théorie de l’individualisme possessif Un modèle de socialisation qui sépare l’homme de ses semblables. L’homme n’existe que par ses fonctions (évacue le devenir de l’homme et sa subjectivité) A. Smith : l’argent comme unique et constant médiateur pour la satisfaction de toutes les passions humaines (bonnes et mauvaises) La recherche d’un gain monétaire (via le marché) devient le principe universel qui fonde le rapport social D. Hume : permet d’assurer la pérennité des institutions politiques, d’évacuer ou limiter les conflits Les nouvelles missions de l’état libéral : l’état comme simple dépendance de la société civile. Il existe à partir de la relation liberté = propriété A. Smith : 3 fonctions principales de l’état J.B. Say : une critique radicale de l’état F. Bastiat : l’état ne peut être que mauvais B – La division du travail comme nouveau rapport social L'économie classique s’attache à décrire une dynamique sociale du progrès, à justifier un ordre social comme pouvant produire le maximum de bien être. La construction de la société de marché : une évidence comme point de départ = la tendance naturelle de l’homme à l’échange (Smith) La division du travail est le résultat direct de cette propension naturelle de l'homme à échanger. Deux phénomènes : le travail et l’échange, expliquent comment la division du travail peut se développer dans les limites de l’espace du marché. l’espace social va se confondre avec l’espace de l’économie, de l’échange marchand Deux facteurs déterminants : la densité de population et la qualité des moyens de transport. L’espace de marché est celui sur lequel une quantité de travail peut s’échanger contre une autre quantité de travail jugée équivalente. Divergence à court terme entre prix nominal et prix réel en travail à cause des dysfonctionnements du marché Négation de l’hétérogénéité de l’espace économique concret La monnaie ou tout autre médiation de l’échange ne peut être tenue pour responsable, la confusion ne peut venir que des imperfections concrètes du fonctionnement du marché Organisation de la fluidité parfaite des échanges Une ébauche de la théorie de la valeur travail : la valeur-travail est une quantité de travail qui sert de base objective à l'échange de marchandises. A. Smith : la valeur d’une marchandise s’évalue à partir de la quantité de travail commandé (et pas nécessairement le travail incorporé) La richesse est le pouvoir que le travail peut donner à un individu sur les produits du travail d'autrui. Rôle central du marché : la fortune est le résultat de l’exercice du pouvoir sur le marché, la valeur y est déterminée à partir de la quantité de travail commandé. Il faut rendre compte de deux réalités différentes : les prix réels et les prix de marché. Une théorie de la répartition des revenus qui précède et conditionne la théorie des prix de production (théorie de l’échange) : Prix = Salaire + Profit + Rente Distinction entre prix réel ou (prix naturel) et prix de marché (prix monétaire). Les taux naturels des salaires, de la rente et du profit définissent des classes sociales fonctionnelles… Le cercle vicieux de la détermination du profit chez Smith : tour à tour la cause et la conséquence du système des prix. La croissance de l’économie est initiée par le développement de la division du travail qui contient la totalité du progrès technique. Mais celle-ci ne peut être effective que si le surplus se transforme en épargne. Importance du travail et de l’épargne pour la croissance Conclusion : la course à l’ambition est le plus puissant des catalyseurs dans la transformation des sociétés. Une philosophie pessimiste sur la nature de l’homme… Il s’agit de montrer comment concilier l’avarice et l’ambition avec le progrès de la société. C – David Ricardo, une problématique de la valeur Tente d'élaborer des lois qui pourraient permettre d'étudier à l'intérieur d'un moule uniforme l'ensemble des formations sociales, quel que soit le lieu et quelle que soit l'époque. Cadre ·méthodologique hypothético-déductif. Ce qui compte dans les mécanismes de l'échange ce sont les quantités de travail mises en oeuvre. La richesse est la somme de trois sortes de biens : Les produits de l’industrie Les produits de l’agriculture Les biens absolument non reproductibles Elabore un modèle de répartition des produits du travail sur un marché à partir d’une typologie des biens en fonction de leur destination : les biens de subsistance ; les biens de luxe et les biens de capital. Un modèle qui se veut universel Trois classes sociales (les salariés, les entrepreneurs et les rentiers) dont les conflits constituent le cœur de la dynamique économique. La théorie de la valeur travail L’évolution de la société est déterminée par la pression démographique, la rareté des terres fertiles et l'échange fondé sur la valeur travail. La marchandise est d'abord un objet qui possède une valeur d'usage intrinsèque qui, lorsqu'elle se porte sur le marché, devient une valeur d'échange. Il montre que ce sont les marchandises qui ont leur valeur d'échange déterminée par le travail (incorporé) qui expliquent l'accumulation du capital. Remet en cause la valeur travail commandé de Smith car la valeur du travail change dans le temps et dans l’espace. Détermination préalable des valeurs des marchandises qui fonde le système des prix, qui fonde et explique l'échange entre les marchandises. Qu’est-ce qui détermine le niveau des prix ? - La rente différentielle ? Non… - Le profit ? Oui… Le prix, ou la valeur d'une marchandise, est en même temps fait du travail direct incorporé dans la marchandise et du travail indirect qu'il a fallu mettre préalablement en œuvre pour le produire. Conséquence : le capital n’est pas un rapport social, il est indépendant du rapport salarial. La répartition des revenus se comprend à partir de la détermination de la valeur des marchandises : Le travail direct qui entre dans la composition des marchandises va se répartir entre salaires et profits. Rapport inversement proportionnel La rente n’est pas importante : les deux classes fondamentales sont les capitalistes et les salariés ; Les profits sont résiduels. Il faut combattre la rente en raison de ses effets négatifs sur le partage de la valeur, et par suite, sur la dynamique du capital. Les modifications de la loi de la valeur travail : Met en avant l’hétérogénéité du travail et considère que salaires, profits et rentes sont la conséquence et non la source de la valeur. S’il ne nie pas l’impact de l’accumulation du capital sur cette règle, il considère qu’elle ne se trouve pas pour autant invalidée. la valeur est une substance objective et transhistorique intrinsèque aux objets. Conclusion Vers un état stationnaire ? D – L’hétérodoxie de Malthus Une œuvre abondante, une pensée complexe articulée autour de deux ouvrages fondamentaux. Une réponse pragmatique, immédiate aux problèmes de son temps. Idée sous-jacente : ni la population, ni le volume de la production s'adaptent d'eux-mêmes, spontanément, pour assurer les grands équilibres. remet en question l'idée qu'il existe des lois naturelles La loi de population Point de départ : toutes les espèces animales ont tendance à accroître leur descendance au delà de ce que leur permet raisonnablement la nourriture disponible. Solution : prise de conscience dans les méfaits du « laisser- faire », politique active de limitation des naissances. Pression de la population sur la production agricole et rendements décroissants. La charité aux nécessiteux aggrave le problème… Défense de la propriété privée et maintien, voire élargissement des inégalités Lui aussi est très pessimiste sur la nature humaine… Nouvelle version de la Loi rédigée en 1803, avec des différences de fonds importantes (progrès technique et rendements, émigration, importation de biens étrangers…) : la croissance de la population peut avoir un effet d’entraînement sur la croissance. le niveau de la population s'ajuste maintenant au niveau des subsistances qu’elle est capable de produire par son travail, en fonction de deux critères : la distribution des revenus et l’injection de progrès technique. État stationnaire peut être reculé par une politique de limitation des naissances et le progrès technique Autre idée fondamentale : le rôle de la demande effective, à l’origine de la production. Contexte de crise de surproduction générale Double rupture avec l’économie classique : 1) Récuse l’hypothèse d’une économie tendant toujours vers la pénurie 2) Ne pense pas qu’un ajustement spontané entre offre et demande puisse assurer le plein-emploi Remet en question la notion d’équilibre et ses fondements micro, et critique la loi des débouchés (à la suite de Sismondi) Double rupture sur le plan de la méthode : 1) Abandon de la logique hypothético-déductive 2) Élargit le champ de l’analyse à des causes extra- économiques Une critique fondamentale sur deux points : 1) Retour à la théorie Smithienne de la valeur : Ricardo a tort de faire de la valeur travail un invariant, revient à la théorie du travail commandé en se fondant sur les différences de productivités du travail. 2) Différence fondamentale entre la notion de demande effective ou solvable et la demande initiale. Abandon de l’analyse microéconomique et étude du comportement des grands groupes d’agents. La loi des débouchés n’est qu’un cas particulier des mécanismes de marchés : les crises sont des éléments constitutifs de la dynamique du capital. Les mécanismes de marché peuvent mener à la surproduction Politique active de lutte contre le sous-emploi et analyse des crises. Analyse de la dynamique d’accumulation du capital : 1) Les causes qui favorisent l’accumulation 2) Une demande solvable doit exister avant même toute augmentation du capital et de la population salariée 3) Insuffisance de la demande effective explique l’encombrement croissant des marchés et la misère ouvrière croissante Politique économique : les variables agissant sur la demande effective, les différentes formes du chômage,… Les solutions : relance de la consommation et fonction de dépenses grâce aux services personnels qui produisent une utilité sociale. Il faut agir en permanence sur les équilibres, mener une politique active de l’état… E – Karl Marx et la critique des lois de l’économie politique Une œuvre centrale dans la pensée occidentale, pas seulement consacrée à l’économie mais aussi à la philosophie et à la politique. 1) Inaugure une tradition critique en dévoilant ce que cache le discours de l’économie politique 2) Identifie de nouvelles conditions de validation des lois d’accumulation du capital Deux sources d’inspiration : Hegel et Ricardo dont il critique les théories Objet d’étude : l’aliénation de l’homme et sa place dans l’Histoire Universelle Il faut penser le monde pour aboutir à sa transformation radicale (contexte : industrialisation rapide en Allemagne et Révolution de 1848 en Europe) Hegel : la raison est dans l’histoire ; Marx : la raison historique est faite des individus qui luttent pour leur survie. L’athéisme de Marx et sa critique de la conception hégélienne du travail humain comme une catégorie universelle. relativise les modes de production de la vie et leurs présupposés Critique de l’état et de la bureaucratie et négation de l’état dans la révolution communiste. Vers une réunification de l’homme : relation dialectique entre théorie et pratique, entre histoire matérielle et histoire spirituelle Travail et société Economie politique = idéologie du travail qui hâte et justifie le développement moderne de la société capitaliste. L’ouvrier est l’homme marchandise. La monnaie devient le but de toute activité, tout le reste perd de sa réalité. La vie est dévalorisée, elle est vide de sens en devenant une simple médiation pour la mise en œuvre du capital. Créé un monde d’aliénation et ramène l’homme au niveau de sous-homme. Contradiction majeure de l’économie politique : les besoins sont satisfaits dans l’ordre de rentabilité du capital et non pas dans l’ordre des intérêts de la société. Le travail et le capital ne peuvent exister dans une relation de complémentarité : ils sont comme des frères ennemis, Le travail, l’état, la culture ne sont pas de simples catégories d’analyse, ce sont des réalités vivantes qui existent à partir des rapports sociaux. Critique de l‘économie politique et lois économiques L’aliénation de l’homme, dans et par le travail, est pour Marx le soubassement réel d’une forme sociale particulière : la société capitaliste. Une critique d’ordre théorique et d’ordre pratique La loi de la valeur Point commun avec les classiques : une marchandise est un objet matériel produit par du travail humain, c’est à la fois une valeur d’usage et une valeur d’échange. Il resitue la loi de la valeur au niveau d’une loi de régulation sociale. Ce n’est pas n’importe quel type de travail qui peut être échangé sur le marché : c’est un travail abstrait, dépouillé de ses qualités particulières. La loi de la valeur n’a pas de caractère universel, elle est dépendante d’une forme sociale particulière et la valeur d’échange n’est qu’une forme spécifique de la valeur. C’est l’expression du fonctionnement du marché. La valeur est postérieure à son existence. Caractère fétiche de la marchandise représente un état particulier du monde dans lequel les relations entre des objets déterminent les rapports entre les hommes. Crises et loi d’accumulation du capital Critique de la représentation de l’accumulation du capital par l’économie politique car elle n’est pas dynamique. La crise est un accident qui vient des imperfections du marché. Pour Marx, Malthus et Sismondi : la crise vient du cœur même des mécanismes de marché. Marx : la crise est la solution des mouvements contradictoires de l’expansion du capital. Le rôle de la monnaie : une monnaie passive, simple agent pour l’échange ? Ou bien une monnaie active, rouage essentiel de l’accumulation ? La vérité du système capitaliste se révèle dans la crise : A – M – A’ où A’ est supérieur à A L’argent est l’essence du système capitaliste à deux niveaux : - c’est la condition première de l’accumulation du capital ; - C’est par et pour l’argent que la marchandise existe comme du travail social généralisé Il ne suffit pas d’améliorer la circulation des marchandises et du capital pour enrayer la crise de surproduction, car elle est inhérente au système lui-même. La loi de la baisse tendancielle du taux de profit : Selon l’économie politique, la concurrence entre capitaux explique l’accumulation du capital. Marx : la concurrence n’est pas naturelle, c’est une contrainte pour la reproduction du capital. La baisse tendancielle du taux de profit explique la nécessité de l’accumulation du capital. Pas de déterminisme : il n’est pas possible de prédire de crise définitive de la société capitaliste. Y = C + V + PL PL / V taux d’exploitation de la force de travail (plus-value) C/V = composition du capital (reflet de la technologie) Taux de profit = PL / (C+V) = (PL/V). 1/(1+C/V) Représente le mouvement de l’accumulation du capital. Le taux de profit baisse car (1+C/V) augmente plus vite que PL/V Les implications de la loi 6 causes expliquent que cette baisse est seulement tendancielle Crises et sorties de crise Une ambiguïté dans la théorie marxienne des crises La crise est une rupture de l’unité entre production et circulation La crise apparaît dans la surproduction de capitaux, qui se révèle dans le gaspillage des richesses sociales (sous- consommation) Deux solutions pour résoudre la crise : 1) Destruction massive des capitaux 2) Élévation du degré d’exploitation de la force de travail (reconstitution des marges de profit) Amorce un nouveau cycle de croissance, mais les conséquences sociales sont lourdes. Des mesures qui nécessitent que de nouveaux débouchés apparaissent sur le marché mondial. Conclusion : la finalité du système capitaliste est la conquête de la planète F – Les néoclassiques « marginalistes » Fin XIXe - début XXe siècle (William Stanley Jevons, Léon Walras,Vilfredo Pareto,Alfred Marshall) Contexte : la révolution industrielle Abandon de l’analyse du facteur de production ressources naturelles et influence de la physique mécaniste Léon Walras, fondateur de l’économie moderne : vise à développer une économie scientifique qui montrera les voies du progrès social Le programme de la science économique se divise en trois branches : économie pure ; économie appliquée et économie sociale. Cadre hypothético-déductif emprunté à la physique Le domaine de l’économie est celui des choses appropriables et reproductibles par le travail Exclut les biens naturels et les biens rares en situation de monopole Théorie de la valeur utilité et notion de rareté Double rupture dans l’analyse de la valeur : 1) Abandonnent l’analyse en termes de classe sociale 2) La demande comme point de départ, dans un cadre de concurrence pure et parfaite Conception subjectiviste de l’utilité (Condillac,Turgot ou Say) Pour Walras, la source de la valeur réside dans une propriété objective des objets qui fonde l’échange : la rareté Rôle de l’hypothèse de l’homo oeconomicus Rupture fondamentale : abandon de la distinction entre valeur d’usage et valeur d’échange (paradoxe du diamant et de l’eau énoncé par Smith) Les hypothèses centrales restrictives de l’équilibre général walrasien les choses ont une valeur objective, indépendante des interactions marchandes, qui trouve son origine dans les préférences individuelles supposées exogènes La valeur utilité se substitue aux autres valeurs sociales Raisonnement « à la marge » (ex. utilité marginale) Exemple de l’eau et du diamant Rationalité et individualisme méthodologique Utilité et préférences : une construction sociale qui vise à stabiliser la séparation marchande en faisant obstacle aux rivalités mimétiques Le débat sur le réalisme des hypothèses : Milton Friedman et la thèse de la non pertinence des hypothèses La critique de Samuelson de la « distorsion de Friedman » Critique de la cohérence interne de la théorie de la valeur utilité Nature tautologique du modèle de maximisation de l’utilité ordinale L’échelle des valeurs n’est qu’une échelle de hiérarchie de choix Théorie de l’équilibre partiel (Marshall) et général (Walras) Hypothèse de concurrence pure et parfaite et allocation optimale des ressources (Optimum de Pareto) La théorie quantitative de la monnaie réapparaît en 1911 (Irvin Fisher et école de Cambridge) Conclusion : cycles et crises du capitalisme Origine et causes des cycles et des fluctuations de l’activité économique ? Politiques économiques qui en limitent les effets Etude des cycles : 3 sortes de cycles 1) Cycle long de Kondratiev (50 ans) 2) Cycle Juglar (10 ans) 3) Cycle Kitchin (2 ou 3 ans) A - Les précurseurs Les mercantilistes et le développement des théories de la sous- consommation (exemple Boisguillebert et la théorie du cycle agricole) XIXe siècle : analyse purement économique de la crise JB Say : le premier à théoriser les crises selon Schumpeter La crise a des causes exogènes aux lois de l’économie réelle (comme pour Ricardo) Sismondi et Malthus : la crise est le résultat de causes endogènes au mouvement de l’accumulation du capital Critique de la théorie de la sous-consommation par K. Marx Sismondi : la crise apparaît comme un processus cumulatif B - L’importance de travaux de Juglar L’étude de la crise est resitué dans un mouvement plus large : le cycle Démonstration de la régularité des cycles Les crises récurrentes sont la contrepartie du développement économique, un mécanisme correcteur des déséquilibres antérieurs. Méthodologie : empirisme et inductivisme Objectif : décrire et prévoir la conjoncture Les causes des cycles résident dans les fluctuations monétaires La crise se manifeste dans un déséquilibre entre production et consommation Le cycle est essentiellement monétaire, il tient au comportement des banquiers Transmission internationale et fatalisme des cycles C – Les cycles longs de Kondratiev Méthode qui vise à mettre en phase fluctuations de la production et mouvements des prix. Deux types de séries longues (réversibles et irréversibles). Démonstration des cycles longs à partir des séries de prix : HAUSSE BAISSE 1er cycle 1770-1790 à 1810-1817 1810-1817 à 1844-1851 2e cycle 1844-1851 à 1870-1875 1870-1875 à 1890-1896 3e cycle 1890-1896 à 1914-1920 1914-1920 à aujourd’hui (moment où écrit Kondratiev) Analyse des causes inspirée par Marx : exclut les causes exogènes, mais aussi les causes purement monétaires. La production de monnaie est le résultat des fluctuations de l’économie réelle Cycle économique et cycle d’investissement Appliqué aux biens capitaux dont le renouvellement est long Prise en compte des « biens capitaux de base », des investissements massifs intervenant dans : 1) l'accroissement ou la densification des réseaux de circulation des marchandises, 2) la modification radicale des techniques de la production. Discontinuité du processus d’investissement, dépend du niveau d’épargne dégagée 2 facteurs pour relancer l’activité (monétaire et réel) D – La synthèse de Schumpeter Analyse de la dynamique économique, mais inscrite dans la transformation sociétale (temps long). Deux facteurs à l’origine de l’évolution économique : 1) Volonté de l’entrepreneur d’innover ; 2) Système monétaire en transformation permettant à l’innovation de se concrétiser. Théorie de l’innovation et de l’évolution, comme le résultat d’une rupture dans le circuit économique, rôle essentiel du crédit. Ébauche d’une théorie du cycle de vie du produit (processus de destruction créatrice) Schumpeter (1939) Business Cycles : A Theoretical, Historical and Statistical Analysis of the Capitalist Process. Logique de cycle long qui marque un changement profond dans la manière de produire et de vivre. Début d’un cycle au creux de la dépression avec l’arrivée de grappes d’innovation (exemple : chemin de fer). Redémarrage d’un cycle de type Kondratiev qui équivaut à un changement de civilisation Trois grands cycles : 1) première révolution industrielle (1770-1820) ; 2) expansion des réseaux de chemin de fer, de la production de la houille et de la sidérurgie (1820-1885) ; 3) industries motrices telles l’électricité et la chimie (1885-1940). Les cycles longs Kondratiev : quatre cycles d’environ un demi-siècle 1817 1875 1920 1973-1979 Croissance et inflation XIXe XXe Politique Récession-stagnation et 1770 1844 Mines d’or 1896 Mines d’or 1945 monétaires 2000s… de d’Afrique du et Guerres Californie Sud et relance, budgétaires et innovation par et relance, automobile et de la ?? inflation, innovation par électricité Synthèse, innovation de la sidérurgie et innovations : ??, désinflation la machine à les chemins de Retour à l’étalon or, fordisme, pétrole, vapeur Baisse de la fer Monométalisme malgré l’inflation chimie et Politiques demande et or et « faim de aéronautique ?? de 14-18, Krach monétaires désinflation, monnaie », épuisement des épuisement des boursier de 29, et ?? innovations début du fordisme, mais innovations épuisement des innovations ??? budgétaires de rigueur, NB : Du XVIe siècle au milieu du XVIIIe on a une phase d’expansion avec inflation (XVIe), puis une Crise du phase de dépression (du XVIIe au milieu du XVIIIe) ; mais c’est plus complexe et plus controversé fordisme Remarque conclusive Deux critères de classification des doctrines et théories : l’objet de l’analyse : circulation / production Cadre spatial de l’analyse : ouvert / fermé Les théories économiques et leur espace Forme théorique spatiale Circulation des biens Production des utilisée et des services marchandises Espace économique fermée, la F. List et l’école Les mercantilistes Nation historique allemande Espace économique ouvert et Boisguillebert, la fermé : la Nation dans le libre- physiocratie échange Espace économique ouvert et Les classiques Marx, Malthus et fini : l’économie à l’échelle de Le marginalisme Sismondi la planète