Le Volcan Merapi (Indonésie) : Espaces et Temporalités du Risque - Édouard de Bélizal 2019 PDF

Summary

Ce document analyse le volcan Merapi en Indonésie, en se concentrant sur la relation entre la population, le volcan et les risques liés à ses activités. Il explore les aspects culturels, économiques, et socio-environnementaux liés au risque volcanique dans la région. Une bonne compréhension du phénomène et donc une bonne gestion des risques permettent de prévenir des catastrophes importantes.

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**[Le volcan Merapi (Indonésie) : espaces et temporalités du risque sur un volcan indonésien singulier : vivre avec le risque]** **Édouard de Bélizal**, **2019** **[Notion clé]** : [vulnérabilité], bonne [culture du risque], gestion du risque, adaptation, résilience/mutation du risque Menacées pa...

**[Le volcan Merapi (Indonésie) : espaces et temporalités du risque sur un volcan indonésien singulier : vivre avec le risque]** **Édouard de Bélizal**, **2019** **[Notion clé]** : [vulnérabilité], bonne [culture du risque], gestion du risque, adaptation, résilience/mutation du risque Menacées par de fréquentes éruptions, les pentes du Merapi sont également exposées aux **lahars**, des coulées de débris volcaniques déclenchées par les pluies. Le risque est élevé pour la population qui entretient avec le volcan une relation ambivalente où l\'importance symbolique et les ressources économiques l\'emportent sur la peur. Si la crise éruptive de 2010 a été gérée institutionnellement, les lahars qui ont suivi pendant plusieurs années ont fait l'objet d'un système d\'alerte original qui a évité que l\'aléa ne se transforme en catastrophe. **Le volcan Merapi est situé au centre de l'île de Java en Indonésie à 30 km au nord de Yogyakarta.** L'île est localisée à proximité de plusieurs zones de convergence, c'est-à-dire la zone de rencontre entre deux plaques tectoniques. Le Merapi est peuplé par plus d'un million d'habitants dont 400 000 vivent sur les hautes pentes du volcan, théoriquement interdites aux activités humaines**.** En effet, le volcan est l'un des plus actifs au monde avec des éruptions relativement fréquentes mais d'intensités différentes, la dernière éruption remonte à janvier 2024. Cette activité volcanique intense n'a pas empêché les sociétés de s'y installer car **l'eau y est abondante, l'air plus frais et surtout les sols sont fertiles.** Cependant, en dépit d'une assez bonne connaissance du danger la vulnérabilité demeure assez élevée, issue de nombreux facteurs économiques, sociaux et culturels jouant profondément sur les représentations du volcan qu'en ont ses habitants. **Les progrès réalisés dans la préparation des populations**, la coordination efficace de la gestion de crise révélée lors de la dernière éruption à la fin de l'année 2010, ainsi qu'une culture du risque de mieux en mieux ancrée dans les mentalités ont permis d'éviter une catastrophe mais ne doivent pas masquer la permanen ++ce et surtout les mutations récentes des risques sur ce volcan si particulier. **[I) Des aléas variables dans le temps et l'espace]** [1.1) les coulées pyroclastiques] Les aléas éruptifs associés au Merapi peuvent être classés en deux grandes catégories : les coulées pyroclastiques et les retombées aériennes.  Les premières se produisent généralement à l'échelle d'un bassin-versant voire d'une vallée et ne dépassent pas quelques kilomètres. Cette dynamique éruptive a été à l'origine d'une très forte récurrence des éruptions, qui survenaient en moyenne tous les 4 à 6 ans. Concerne surtout le flanc ouest du volcan, aléa relativement localisé. [1.2) les retombées aériennes] Ce genre d'éruption est associé à d'autres aléas éruptifs qui sont les retombées aériennes.  les retombées aériennes peuvent couvrir une région bien plus vaste que les coulées et menacer des espaces qui ne sont habituellement pas concernés par les aléas volcaniques. Ces retombées menacent les populations d'asphyxie mais aussi d'empoisonner les cultures et points d'eau. Parfois dans un rayon au-delà de 20km du volcan. [1.3) Les aléas post-éruptifs : les lahars] Si les éruptions ne durent que quelques jours à quelques semaines, les lahars qui les suivent prolongent non seulement le temps du risque de catastrophe mais étendent aussi l'espace concerné. Ils sont produits par la forte intensité des pluies de mousson qui surviennent d'octobre à juin sur les flancs du Merapi et qui entraînent dans les rivières les dépôts mal consolidés d'une éruption sous forme d'une coulée de débris. I**l s'opère un glissement de l'exposition aux aléas : on passe des pentes du volcan à ses parties plus basses.** - **Les aléas volcaniques, variables dans le temps et dans l'espace, exigent de la part des responsables politiques une solide compréhension pour garantir une gestion adaptée et efficace du risque.** **[II) Un système de surveillance et d'alerte qui témoigne d'une bonne culture du risque]** La gestion de crise volcanique au Merapi en particulier et en Indonésie en général est axée autour de trois éléments essentiels : le zonage du risque, la surveillance permanente du volcan et l'information des populations Gouvernement indonésien a établi une carte des risques volcaniques. Théoriquement, il est interdit d'habiter dans les zones à risques mais en réalité, le gouvernement indonésien peine à faire respecter cette interdiction par manque de moyens, ainsi 400 000 personnes résident sur les zones hautes du Merapi, très exposées. Merapi, un volcan très bien surveillé : il est bien doté en capteurs qui en permettent une surveillance d'une très grande précision. Edouard de Bélizal souligne ainsi la bonne organisation du système de gestion de crise indonésien. Les volcanologues du **Bureau de Volcanologie de Yogyakarta** peuvent prédire à quelques jours près l'imminence d'une éruption. Le système de gestion de crise indonésien est ainsi organisé en trois paliers (niveaux 2, 3 et 4) qui correspondent, chacun, à une série d'acteurs à mobiliser et d'actions à engager. Le passage d'un niveau d'alerte à l'autre est déterminé en fonction d'un seuil sismique. Le niveau 4 correspond à l'imminence de l'éruption : l'évacuation de la zone interdite est obligatoire et les centres d'accueil, préparés et équipés dès le niveau 3, sont censés fonctionner immédiatement. En outre, les populations jouent un rôle majeur dans la diffusion de l'information. Le système mis en œuvre repose sur un relais d'information tout simple, organisé à l'échelle d'une vallée voire d'un bassin-versant. Des postes d'observation sont installés en amont dans les parties où les lahars ne présentent aucun risque de débordement. Des équipes se relaient pour surveiller en temps réel la rivière ; lorsqu'un lahar est vu ou entendu, ils transmettent l'information aux postes situés plus en aval. Ces derniers avertissent alors directement les personnes présentes dans le lit majeur de la rivière, notamment les mineurs, par le biais d'un petit gong en bois ou d'un sifflet. Les communautés alentour sont alertées par sms ou directement par deux ou trois membres du poste d'observation qui font le tour des habitations à moto. Edouard Bélizal conclut que ce système a été efficace lors des lahars qui ont suivi l'éruption du volcan en 2010. **[III) Une vulnérabilité qui reste élevée en raison des dynamiques actuelles]** Plusieurs dynamiques récentes recomposent le système risque ayant pour conséquence une accroissement de la vulnérabilité. Bien que les autorités indonésiennes aient instauré un système efficace de gestion des risques, permettant ainsi d\'éviter des catastrophes majeures, l'inadaptation des mesures politiques mises en œuvre après les événements révèle une résilience relativement faible, due à des facteurs socio-économiques. Par exemple, dans le cas des relogements, les populations sont relogées dans des habitations standardisées, souvent plus petites et moins confortables que leurs anciennes maisons. Parfois les populations sont relogées loin de leur lieu d'habitation dans un village où ils ne sont pas les bienvenus. Il en résulte donc un abandon potentiel des quartiers de relogement et un retour des sinistrés dans leur village toujours exposé au risque. Cet exemple témoigne d'une politique qui n'est pas toujours adaptée aux attentes de la société civile, accentuant la vulnérabilité de cette dernière**.** L'extraction de matériau après une éruption volcanique représente une aubaine pour les populations. Ces matériaux, utilisés dans la construction ; sont d'autant plus importants dans une Indonésie en pleine urbanisation**.** L'extraction de sable a longtemps était pratiqué par les habitants du volcan de manière informelle et libre, notamment par les agriculteurs pour compléter leurs faibles revenus. Néanmoins, depuis l\'importante éruption de 2010, qui a laissé derrière elle une grande quantité de matériaux rejetés, l\'État indonésien a encouragé des entreprises privées à extraire le sable à l\'aide de pelleteuses. **L'extraction est devenue en quelques années une industrie dont les importantes retombées économiques ne profitent pas aux populations du volcan**. Cette extraction par les compagnies privées conserve toutefois un caractère anarchique où chaque entrepreneur veut sa part du gâteau. Les sites d'extraction sont donc congestionnés et difficilement évacuable, ce qui augmente la vulnérabilité des travailleurs. Enfin, se développe un tourisme de catastrophe ou *dark tourism* dans les anciens villages dévastés par l'éruption de 2010. Permet au habitants, sans ressource, de se reconvertir dans une activité qui ne nécessite pas de formation particulière mais aussi de conserver un lien avec leur village. Des excursions en jeep sont organisées suivant un itinéraire préétabli entre les différents villages détruits. Le parcours est jalonné de plusieurs arrêts pour observer les paysages volcaniques, boire un verre dans les buvettes ou acheter un souvenir en boutique. - Un risque aggravé par les dynamiques actuelles

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