Virus des Hépatites à Transmission Féco-orale PDF
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University of Rouen Normandy
Mme. Moisan
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Ce document présente des notes de cours sur les hépatites virales à transmission féco-orale, incluant les rappels, épidémiologie, transmission, préventions et traitements.
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Mme.Moisan Virologie C8 29/11/2023 HÉPATITES VIRALES VIRUS DES HÉPATITES À TRANSMISSION FÉCO-ORALE I) Rappels Hépatite a) Définition : Hépatite : atteinte inflammatoire du tissu hépatique. Elle est re...
Mme.Moisan Virologie C8 29/11/2023 HÉPATITES VIRALES VIRUS DES HÉPATITES À TRANSMISSION FÉCO-ORALE I) Rappels Hépatite a) Définition : Hépatite : atteinte inflammatoire du tissu hépatique. Elle est responsable d’une nécrose tissulaire (destructions cellules) avec un relargage des enzymes hépatiques ALAT et ASAT ainsi qu’une perte +/- sévère des fonctions hépatiques. Souvent résolutives sauf dans le cas d’une hépatite fulminante. 2 types d’hépatites : aigue (résolutive) et chronique. b) Étiologie : °Virus à tropisme hépatique prédominant : - Transmission sanguine et sexuelle : VHB, VHC, VHD - Transmission oro-fécale : VHA, VHE °Virus à tropisme hépatique accessoire : - Herpesviridae : CMV, EBV, HSV - Virus de la fièvre jaune - Autres arbovirus - Adenovirus, entérovirus (tropisme très large car ciblent plusieurs tissus) °Infections bactériennes - Syphilis - Tuberculose - Brucellose - Fièvre Q - Typhoïde - Leptospirose °Étiologies non infectieuses - Alcoolique - Toxique - Médicamenteuse - auto-immune Mme.Moisan Virologie C8 29/11/2023 c) Virus de l’hépatite A (VHA) A- Carte d’identité - Taxinomie : Famille : Picornaviridae, genre : Hepatovirus. 1 sérotype et 6 génotypes (seulement 3 infectent l’Homme, les autres infectent les animaux). - Morphologie : C’est un virus à ARN monocaténaire de polarité positive (=traduction directe en protéine), non enveloppé (donc pas très fragile, pas besoin d’un contact rapproché), son diamètre est entre 27 et 32nm, c’est donc un petit virus, à la limite du visible en microscopie électronique. Sa capside est icosaédrique. Son réservoir est l’humain et sa mise en culture est possible. B- Structure Il y a une co-existence de 2 formes de particules virales infectieuses (les 2 sont capables d’infecter les cellules et de faire un cycle de réplication) : - Particules virales quasi enveloppées dans le sang (eHAV) : Vésicules membranaires sans protéines virales à leur surface (c’est une façon de se « cacher » du système immunitaire car les cellules de l’immunité ne peuvent pas s’y fixer). Insensibles aux anticorps neutralisants - Particules virales nues dans les selles et l’environnement : On excrète le virus par les selles, on retrouve donc le virus dans l’environnement. C- Épidémiologie Sa répartition est mondiale (particulièrement Amérique du Sud, Afrique, Asie et Asie du sud- est) avec une grande contagiosité. 100 millions d’infections annuelles dans le monde. Les personnes à risques sont : les voyageurs (en fonction des destinations, on verifie la vaccination VHA), les personnels soignants, les personnels et enfants des crèches, les éboueurs (puisque les selles sont le moyen d’excrétion du virus), les personnels des stations d’épuration, les homosexuels masculins ainsi que les sujets contacts (famille++). Il y a des comportements à risque comme la consommation de coquillages ou de crustacés mal lavés ainsi qu’une promiscuité et une hygiène précaire. D- Modes de transmission La transmission fécale-orale peut être : - Directe : contact avec un individu infecté, promiscuité, manque d’hygiène et contacts rapprochés. - Indirecte : par des intermédiaires comme des objets (verre, poignée de porte, …), aliments (transmission alimentaire) ou des environnements contaminés (eaux de baignade). Et Transmission parentérale (rare). - Mme.Moisan Virologie C8 29/11/2023 Cas groupés : écoles maternelles, des communautés au cadre de vie précaire ainsi que chez les homosexuels masculins (épidémie normande en 2016-2017). Il y a eu une épidémie en 2012 qui touchait des enfants de moins de 15 ans parmis les gens du voyage résidant dans l’agglomération rouennaise. Une autre en 2016 dans la communauté homosexuelle masculine. S’en est suivie une campagne de vaccination pour ce groupe à risque. E- Physiopathologie L’excrétion fécale est maximum au bout de l’incubation (2 à 6 semaines). Important à retenir car lorsqu’une personne revient de voyage, même après un mois il existe encore un risque d’hépatite A puisque l’incubation n’est pas finie. L’excrétion fécale diminue rapidement après l’apparition des symptômes et l’élévation des aminotransférases. Si dans une famille il y a 3 cas d’hépatite A on peut souvent déduire qu’il y a eu un repas de crustacés juste avant. L’ARN viral est détectable par RT-PCR dans le sang et les selles plusieurs semaines. Quand on est à distance d’une infection mais que l’on veut quand même être sûr que ce n’est pas une infection à hépatite A, même si on en retrouve pas dans le sang, on peut chercher dans les selles 8 à 12 semaines après et voir des traces du virus. F- Clinique Son incubation est de 15 à 45 jours. (savoir que c’est autour d’1 mois) L’expression clinique peut-être variable, elle peut être : - Asymptomatique - Symptomatique : o Cytolyse hépatique avec augmentation importante des amino-transférases Mme.Moisan Virologie C8 29/11/2023 o Fièvre, AEG, anorexie, diarrhées, nausées, ictère, urines foncées o Évolution favorable en quelques semaines avec convalescence prolongée - Hépatite fulminante (=risque majeur !!). Elle correspond à une dégradation importante de la fonction hépatique, et on n’arrivera pas à récupérer la fonction perdue (recours à la greffe). Elle peut être mortelle en quelques jours. IMPORTANT : Il n’existe pas de passage à la chronicité (pas de persistance virale). Donc l’hépatite A est seulement aigue. L’expression clinique est variable selon l’âge. G- Diagnostic - Indirect : sérologie ++ o Recherche d’IgM dans le sérum pour le diagnostic d’infection (c’est possible puisque l’on a une longue phase d’incubation, pendant ce temps-là le virus va commencer à répliquer et les anticorps vont commencer à être synthétisés. Et donc au moment des symptômes, on peut déjà avoir les IgM qui peuvent traduire une infection active en cours). On va les chercher chez les patients symptomatiques et asymptomatiques contact. o Chez les patients symptomatiques ET asymptomatiques o Les IgG anti-HAV persistent à vie et protègent de la réinfection - Direct : RT-PCR (car virus ARN) dans le sang ou dans les selles o Détection de la virémie (+ qualitative que quantitative) o Pas d’indication pour le diagnostic d’hépatite aigüe - Quantification des transaminases sériques (ALAT/ASAT) Maladie à déclaration obligatoire ! (MDO) Mme.Moisan Virologie C8 29/11/2023 Cinétique des marqueurs : Prodrome = premiers symptômes non spécifiques. En même temps que l’apparition des symptômes, on a l’augmentation des amino- transférases, l’augmentation des IgM, la virémie qui commence un peu avant l’apparition des symptômes et qui continue assez longtemps après la phase active de l’infection. De même pour l’excrétion fécale (la prof précise qu’elle aurait du prolonger l’excrétion fécale de la même façon que la virémie sur le schéma). Et on a la séroconversion qui apparait avec la baisse des IgM et l’augmentation des IgG car conversion des IgM en IgG. Marqueurs cliniques assez classique pour une infection virale. Modalités de surveillance des cas d’hépatite A en France : Mme.Moisan Virologie C8 29/11/2023 H- Traitement Pas de traitement antiviral spécifique, la prise en charge est symptomatique. On doit etre vigilant au risque d’hépatite fulminante. On peut avoir recours à une hospitalisation en réanimation si l’infection est sévère, on aura donc une surveillance des facteurs de coagulation et des troubles de la conscience. En dernier recours, on peut réaliser une transplantation hépatique si nécessaire. I- Prévention Il y a tout d’abord l’hygiène individuelle et collective, qui a pour but de lutter contre les modes de transmission. Laver les crustacés, bien les cuire, attention à l’hygiène si cas contact. Il existe également la vaccination. C’est un vaccin inactivé, parfois combiné avec l’HBV ou le typhoïde (Tyavax). Le vaccin va être administré en intramusculaire en une injection (avec un rappel selon les spécialités). Le taux de séroconversion est de 98 à 100%, innocuité parfaite. La protection de ce vaccin est estimée à 20 ans (contrairement à une infection naturelle où l’on estime que la protection dure toute la vie). Les personnes ciblées sont les groupes à risque. Cependant des recommandations particulières ont été faite en cas de pénurie de vaccin. On préfère par exemple faire des schémas monodose lors de pénuries puis rattraper après les doses de rappels. Mme.Moisan Virologie C8 29/11/2023 d) Virus de l’hépatite E (VHE) A- Carte d’identité Taxinomie : Il appartient à la famille des Hepeviridae, et son genre est Orthohepevirus, il possède plusieurs génotypes selon l’origine géographique. Morphologie : C’est un virus à ARN monocaténaire de polarité positive, non enveloppé. Son diamètre est de 27 à 34nm (tout petit virus aussi). Sa capside est icosaédrique. Réservoir : l’humain et le porcin. B- Structure similaire à VHA Il existe une co-existence de 2 formes de particules virales infectieuses : - Particules virales quasi enveloppées dans le sang (eHEV) - Particules virales nues excrétées dans le tractus digestif C- Épidémiologie Zones blanches : pas de données. Il existe une répartition selon les différents génotypes : En Amérique et en Europe c’est plutôt le génotype 3, on peut donc dire que c’est celui des pays développés. On voit donc une différence de génotypes qui circulent en fonction des conditions socio-économiques. Mme.Moisan Virologie C8 29/11/2023 D- Transmission Transmission fecale orale : - Genotypes 1 et 2 : épidémies et quelques cas par contamination hydrique, transmission inter-humaine rare. - Genotypes 3 et 4 : transmission zoonotique par contact direct avec le réservoir, consommation de viande de porc ou de gibier contaminée, contamination hydrique. Le virus est inactivé au contact de la chaleur Transmission verticale : - Possible au 3 -ème trimestre de grossesse mais très rare, seulement dans les pays d’hyper endémie. - On retrouve le virus dans le lait maternel. Transmission parentérale : - Transfusion sanguine (rare) - En fonction de la virémie du donneur, de sa Charge Virale et du volume initial E- Clinique Contrairement à l’hépatite A, pour l’hépatite E il existe une forme chronique. Hépatite E aigue Hépatite E chronique - Asymptomatique le + souvent. - Persistance d’une virémie supérieure à - Formes symptomatique et fulminantes 3 mois, ce qui la définit comme possibles. chronique. - Expression clinique variable en fonction - Uniquement chez les patients du niveau socio-économique du pays. immunodéprimés (transplantation, - Formes graves plus fréquentes que pour hémopathies malignes, VIH). le VHA, surtout si hépatopathie sous- - = incapacité du sujet à éliminer jacente. naturellement le virus après une - Mortalité globale de 1 à 3% jusqu’à 20% infection chez les femmes enceintes (pays à - ⧧ réactivation, c’est plutôt que le virus ressources limitées). n’arrête pas de se répliquer. F- Diagnostic Il peut être : - Indirect : o Infection aigue = IgM anti-HEV o IgG persistent plusieurs années - Direct : recherche d’ARN viral par RT PCR dans les selles et le sang o Excrétion virale prolongée (> 2semaines) dans les selles Mme.Moisan Virologie C8 29/11/2023 o Persistance du virus chez l’immunodéprimé définit l’infection chronique Ne pas confondre RT-PCR (reverse transcriptase) dans laquelle on recherche l’ARN du virus Et PCR grâce auquel on recherche l’ADN Cinétique des marqueurs : quasiment pareil que la cinétique des marqueurs de l’hépatite A. On a la synthèse des IgM en même temps que les symptômes. Stratégie diagnostique : Lorsque l’on a une perturbation des ALAT/ASAT, on recherche les 4 hépatites en même temps. Ici la prof nous montre séparément pour la compréhension du cours. Utilisation de la RT PCR comme le VHA. Mme.Moisan Virologie C8 29/11/2023 G- Traitement Chez le patient transplanté : allègement du traitement immunosuppresseur. Ribarivine per os en monothérapie avec une adaptation à la fonction rénale car néphrotoxique. C’est une molécule de choix pour le traitement de l’hépatite E chronique, pour essayer de diminuer la réplication virale. Pour le suivi, on recherche l’ARN viral dans le sang et dans les selles pendant le traitement et 3 mois après l’arrêt du traitement pour objectiver l’éradication virale. Si au bout de 3 mois on a plus de virus, c’est que le patient l’a éliminé H- Prévention - Individuelle : lavage des mains efficace et consommation limitée de viande crue ou insuffisamment cuite. - Collective : approvisionnement des réseaux hydriques avec une eau exempte de pathogène, traitement des eaux usées. - Dépistage des dons du sang, médicaments dérivés du sang - Vaccination : il existe un vaccin recombinant disponible uniquement en Chine car la balance bénéfice risque n’est pas bonne chez nous, de plus, la chine est une zone d’hyperendémie. Donc, pour l’instant, vaccination est un choix discutable en France. Ce qu’il faut retenir : 1) Virus de l’hépatite A : - Virus hépatotrope se transmettant principalement par voie fécale-orale. - L’hépatite A est une inflammation du foie dont l’évolution peut être bénigne ou grave. - Presque toutes les personnes qui contractent une hépatite A en guérissent complètement, tout en étant immunisées pour le reste de leur vie. Néanmoins, une très faible proportion des sujets infectés par le VHA peut mourir d’une hépatite fulminante. - Le diagnostic d’infection est réalisé par sérologie en recherchant dans le sang des les IgM anti-VHA. La recherche directe du génome viral par PCR est possible mais réservée à des laboratoires spécialisés. - Le diagnostic d’immunité repose sur la recherche d’IgG anti-VHA - Il existe un vaccin sûr et efficace pour prévenir l’hépatite A. 2) Virus de l’hépatite E : - Virus hépatotrope se transmettant principalement par voie fécale-orale, principalement par l’intermédiaire de l’eau contaminée. - L’hépatite E est une inflammation du foie dont l’évolution peut être bénigne ou grave. - Habituellement, l’infection est spontanément résolutive en 2 à 6 semaines. Parfois, une hépatite fulminante (insuffisance hépatique aiguë) apparaî t et peut provoquer le décès. Des passages à la chronicité sont aussi possibles. - Le diagnostic d’infection est réalisé par sérologie en recherchant dans le sang des les IgM anti-VHE. La recherche directe du génome viral par PCR est possible mais réservée à des laboratoires spécialisés. Mme.Moisan Virologie C8 29/11/2023 3) Hépatites virales : - Une hépatite est une inflammation du foie causée par des substances toxiques ou des virus (majorité des cas). - 5 virus provoquant une infection ciblée et une inflammation du foie ont été identifiés (A, B, C, D et E) et diffèrent par leur mode de transmission (fécale-orale pour les virus A et E ; parentérale pour les virus B et C) et leur agressivité. - Une fois le foie atteint, ces virus pénètrent dans les hépatocytes et s’y multiplient. Le système immunitaire détruit les cellules infectées, ce qui provoque l’inflammation. - Les symptômes caractéristiques de l’inflammation aiguë du foie sont observés lors de la contamination et peuvent durer plusieurs semaines (ictère, urines foncées, selles décolorées, fatigue extrême, nausées, vomissements et douleurs abdominales). - Au contraire du VHA et du VHE, le VHB et le VHC peuvent conduire à un état de portage chronique, pouvant aboutir aux complications graves d’une hépatite chronique : la cirrhose et le cancer du foie. Présentation clinique et profil évolutif : Infections aigue Incubation (jours) Phase Phase d’état Forme Passage à la d’invasion fulminante chronicité VHA 10-45 Sd pseudo- Ictère fébrile,