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Ce document présente une analyse de l'expertise en psychologie. L'auteur explore les aspects historiques et techniques de cette procédure, en mettant l'accent sur les limites et les avantages des méthodes d'évaluation, ainsi que sur les questions éthiques soulevées par le sujet.

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Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein Michel Tort Tort va donner une autre perspective à cette perspective → Il est historien et psychanalyse donc il aura un regard historique sur la question...

Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein Michel Tort Tort va donner une autre perspective à cette perspective → Il est historien et psychanalyse donc il aura un regard historique sur la question Unité IV – L’expertise L’expertise consiste en une procédure à laquelle on soumet certains patients à la demande d’une instance juridique (juge, avocat mais en tout cas jamais par le sujet évalué). → Un juge consulte un psychologue afin de rendre compte de si oui ou non tel accusé était conscient du crime qu’il a commis. → L’enjeu est le suivant : l’accusé est-il susceptible ou pas d’être jugé et donc éventuellement d’être considéré coupable ? Objectif de l’expertise : → Responsable ou pas ? → Malade ou pas ? → Traitable ou pas ? → Dangereux ou pas ? = donner un avis raisonné concernant la responsabilité de quelqu’un et de son état psychique lorsqu’il a accompli ses actes Limites de l’expertise : 73 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein La demande : → Le sujet ne va pas rencontrer le psy parce qu’il veut mieux comprendre ce qui lui arrive, ni pour demander de l’aide → L’évaluation clinique, les possibilités d’explorations de la subjectivité de quelqu’un sont plus difficiles à faire lorsqu’il n’est pas porteur d’une demande → Si on n’est pas demandeur, on ne voudra pas forcément s’ouvrir et parler de soi. La demande peut paraître anodine mais elle joue un rôle décisif : on n’a pas accès à la subjectivité de la même manière en fonction de si on se trouve face à quelqu’un qui a demandé un entretien ou à qui on l’a imposé Le mensonge : Dans l’expertise, l’accusé peut évidemment mentir. Bien qu’il soit impossible d’identifier le mensonge, il est toutefois possible de recueillir des indices (attention, ce ne sont pas des preuves) par rapport à la question du mensonge L’erreur statique : → Erreur de type I = « faux positifs » : représente la détection d’un effet positif alors qu’l n’existe aucun effet en réalité → Erreur de type II = « faux négatifs » : représente l’échec de détection d’un effet positif alors qu’il existe Pas d’infaillibilité de l’expert : d’ailleurs e juge n'est pas tenu de suivre les recommandations de l'expert 1.Débat autour de l’expertise : Objectivité prédictive (échelles actuarielles) vs Subjectivité compréhensive (entretient clinique) a) L’échelles actuarielles 74 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein Guay, Jean-Pierre & Parent, Genviève : « Les echelles actuarielles », dans : L’expertise pénale, psychologique et psychiatrique, Paris, Dunod, 2014, p.109 « L’évaluation et la prise en charge des auteurs d’infractions sont des tâches complexes qui requièrent quotidiennement un nombre important de décisions cruciales. La justesse de ces décisions repose sur la qualité des évaluations du risque qui en sont faites. L’évaluation clinique traditionnelle (aussi appelée jugement professionnel non structuré – JPNS) repose sur une compréhension dynamique de l’auteur d’infractions par le clinicien, et se fonde généralement sur une étude minutieuse des données obtenues à l’aide de l’entrevue et contenues au dossier de celui-ci. Une lecture personnelle des facteurs susceptibles d’influencer le risque, ainsi qu’une pondération variable du poids relatif des facteurs fait en sorte que cette méthode offre des performances modestes, à peine supérieures au hasard, en matière de prédiction de la récidive → L'expert travaillant cliniquement ne peut pas prédire le hasard sur la récidive donc certaine inquiétude De plus, elle souffre d’importants problèmes de fidélité ce qui ternit la transparence du processus de décision Depuis Meehl (1954), les travaux sur la comparaison de l’efficacité de la prédiction clinique et de la prédiction actuarielle (échelles indicateurs) se sont succédé et les résultats obtenus sont d’une implacable cohérence : les évaluations dites mécaniques (test = évaluations actuarielles) offrent une validité prédictive nettement supérieure au JPNS (démarche clinique). Indépendamment de la qualité des cliniciens, le comportement humain est mieux prédit par un instrument structuré que par l’expertise d’un spécialiste, même le plus qualifié. De tels résultats ont guidé les organismes de prise en charge pénale vers des échelles d’aide à la décision visant à faciliter l’évaluation du risque de récidive » → Les organismes de prise en charges pénales (= prison, instance pénitentiaires juridique) se sont penchés vers les échelles d’aide à la décision) L’intervention RBR : l’intervention fondée sur les principes du Risque, des Besoins et de la Réceptivité Le principe du Risque : le niveau de service ou l’intensité de l’intervention doit être proportionnel aux risques que posent les auteurs d’infractions → En d’autres termes, les interventions doivent cibler prioritairement ceux à haut risque, lesquels doivent faire l’objet d’interventions d’intensité élevée → Il faut donc identifier les facteurs de risques Le principe des besoins : les stratégies d’intervention ciblant en priorité les facteurs de risque associés aux comportements délinquants sont les plus susceptibles d’être efficaces → Il faut trouver des interventions efficaces, répondant aux besoins Le principe de réceptivité générale : les approches comportementales structurées, celles ayant pour bases les principes d’apprentissage social ou les modèles cognitivo-comportementaux, sont les plus à même de réduire la récidive → les modèles-théories produisent des outils permettant d’intervenir davantage, de réduire la récidive alors que le principe de réceptivité spécifique suggère que les interventions doivent se moduler aux particularités des auteurs d’infractions. L’évaluation actuarielle statique Avantages : → facilité et la rapidité d’utilisation → la possibilité de coter l’instrument (test, échelle) sur dossier --> o sur base du dossier (càd sans voir le détenu), on peut remplir des échelles permettant d’évaluer sa dangerosité → son utilisation ne nécessite pas de formation particulièrement poussée. 75 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein Limites : → méthode ne permet pas d’estimer la fluctuation du risque dans le temps. Le niveau de risque évalué ne peut pas être modifié malgré les interventions dont l’auteur d’infractions bénéficie et les changements observés dans sa vie → Ce type d’outil ne fournit que peu ou pas de pistes d’intervention pour les cliniciens → elle n’offre une compréhension de la dynamique de l’acte infractionnel → ce type d’évaluation permet peut-être de prédire, mais pas de comprendre → les outils d’évaluation qui s’en remettent uniquement aux facteurs statiques ne peuvent que noircir le sort des personnes évaluées : o un auteur d’infractions ayant de nombreux antécédents criminels demeurera pour ainsi dire dangereux toute sa vie. o C’est en partie pour cette raison que la notion même de dangerosité, jugée comme un état statique, a été mise de côté par plusieurs au profit de la notion de risque, plus dynamique Instruments actuariels dynamiques Pour pallier ces limites, on a donc créer des « instruments actuariels dynamiques » «Ces instruments d’évaluation du risque ont alors permis de combler une partie des limites des instruments de la génération précédente (statistique) en intégrant les facteurs dynamiques liés au comportement infractionnel. En plus d’offrir une précision accrue dans la prédiction de la récidive par rapport à la simple utilisation des facteurs statiques, l’utilisation des facteurs dynamiques permettait désormais de cibler et d’individualiser l’intervention. Toutefois, cette plus-value a un prix : l’évaluation des besoins criminogènes nécessite une compétence et une formation spécialisée en plus d’exiger que l’évaluateur soit apte à conjuguer nuance et respect des normes dans la cotation des dimensions liées au comportement infractionnel » (p.113) → Cette nouvelle génération nécessite plus de compétence Il y a une réintroduction de la « subjectivité » par la fenêtre, car on en a besoin … «Pour ce qui est des instruments de JPS, la combinaison des facteurs est le résultat de l’appréciation de l’évaluateur. Il va sans dire que ce dernier devrait avoir une expertise dans la réalisation d’évaluations, y compris une expérience et une formation dans la conduite d’entrevues, l’administration et l’interprétation de tests standardisés ainsi que dans le diagnostic de troubles mentaux » (p.114) → il faut un clinicien, autrement pas moyen de faire le test dynamique Exemples d’échelles actuarielles (statiques et/ou dynamiques) Le Level of Service Inventory-Revised (LSI-R) → parmi les premiers instruments évaluant à la fois les facteurs statiques et les facteurs dynamiques. → Il est composé de 54 items évalués sur une échelle binaire (absent, présent = existe ou n’existe pas) et regroupés en 10 sous-échelles (antécédents criminels, éducation/emploi, finances, relations fami- liales/conjugales, hébergement, loisirs, réseau social, alcool/drogues, émotions/personnalité et attitude). → Le score total varie de 0 à 54 et ce score aura la capacité de prédire. → Les travaux sur la validité prédictive de l’instrument montrent que l’ajout des facteurs dynamiques a permis de bonifier la qualité de la prédiction par rapport à la simple évaluation des facteurs statiques 76 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein L’Inventaire de niveau de service et de gestion des cas (LS/CMI) → évaluation intégrée dérivée du LSI-R. → Il contient un total de 11 sections qui sont complétées sur la base de l’évaluation du dossier correctionnel et d’entretiens semi-structurés. → La section 1 de l’outil contient 43-trois items qui sont subdivisés en 8 familles de facteurs de risque (big eight) les plus fortement liés à la récidive selon la littérature scientifique o antécédents criminels, emploi/formation, relations familiales/conjugales, loisirs/activités récréatives, réseau social, attitudes, alcool/drogues et tendances antisociales. o Le score total varie de 0 à 43. → En plus de l’évaluation du risque, il propose o Une section sur les facteurs criminogènes idiosyncrasiques et sur les antécédents de crimes particuliers (crimes sexuels, agression physique et autres crimes), une section o Une section sur l’expérience carcérale et le fonctionnement en établissement de détention o Une section sur les aspects liés à la vie en société, la santé physique et mentale, une section o Une section sur les aspects liés à la réceptivité à l’intervention, o un sommaire du risque et des besoins, lequel fait état des dérogations cliniques et administratives o un profil du risque et des besoins, un sommaire des décisions relatives au programme de suivi ou de placement, o une section sur le plan d’intervention proposé, un registre d’avancement des interventions, ainsi qu’un sommaire de fermeture pour la fin officielle du suivi de l’auteur d’infractions. → Bien que le LS/CMI soit relativement récent par rapport à d’autres instruments, les résultats des travaux de validation indiquent une bonne validité prédictive de la récidive générale. Par ailleurs, une récente méta-analyse (Campbell et al., 2009) indique que le LS/CMI figurerait aussi parmi les meilleurs prédicteurs de la récidive violente Exemples d’échelles génériques conçue spécifiquement pour la récidive violente La Violent Risk Appraisal Guide (VRAG) → un des premiers instruments actuariels spécifiquement conçus pour évaluer le risque de violence. → Il a été élaboré auprès d’un échantillon d’auteurs d’infractions atteints de troubles mentaux afin de prédire la récidive violente. → Les travaux sur sa validité prédictive ont permis d’établir qu’il était également valide auprès des différents auteurs d’infractions et des auteurs d’infractions à caractère sexuel. → Cet instrument englobe 12 items, dont l’un est le score total à l’échelle de psychopathie de Hare (PCL-R) → Le risque de récidive est fixé selon 9 niveaux et le score possible (addition des 12 items) oscille de [ – 27 à + 35] → La VRAG est un instrument qui a pour principal objectif de prédire le passage à l’acte et non de l’expliquer. À cet égard, les différents travaux sur la validité prédictive de la VRAG rappellent son efficacité et suggèrent qu’il figure parmi les instruments les plus puissants (du moins en termes de précision de la prédiction) pour prédire la récidive violente et générale chez les auteurs d’infractions non sexuelles (Campbell et al., 2009) et chez les auteurs d’infractions à caractère sexuel (Hanson et Morton- Bourgon, 2009) 77 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein b) Deux grandes questions en débat L’entretien clinique est subjectif C’est exact, dès lors qu’il se noue dans une interaction entre deux humains. Mais peut-on le disqualifier pour autant ? Le reproche formulé s’apparente assez à celui qui a été fait aux juges par les courants du réalisme américain dans les années 1920. On connaît la formule attribuée (de manière caricaturale) au juge Holmes de la Cour suprême américaine, lequel estimait que si l’on veut prédire une décision de justice, mieux vaut savoir ce que le juge a mangé à son petit déjeuner plutôt que de se plonger dans les codes. Et on sait bien, aujourd’hui, qu’une décision de justice rendue, par exemple en matière de mœurs, dans une chambre à 3 juges féminins ne sera pas nécessairement la même que si elle est rendue dans une chambre composée de 3 juges masculins MAIS considère-t-on pour autant qu’il faut remplacer les juges par des machines « objectives » ? → Peut-être allons-nous vers là. Et peut-être aura-t-on des décision plus « fiables » et « prédictibles » → Mais à quel prix ? → Faire disparaitre le justiciable comme personne, avec son histoire, sa trajectoire, ses accidents, pour le remplacer par un individu réduit à un agrégat de données que l’on fera entrer dans l’ordinateur pour en sortir un « profil de risque » déconnecté de sa réalité subjective. → La question ici est de savoir si nous sommes prêts à sacrifier, sur l’hôtel de « l’objectivité », la subjectivité qui est constitutive de l’humain ? Les échelles actuarielles de risque constitueraient un savoir «objectif», «validé scientifiquement », proposant une « photographie » plus fiable Suivant ses promoteurs, le savoir construit sur base des échelles de risque serait ainsi « neutre, objectif et athéorique » → A ceci, on peut répondre que les échelles de risque sont construites ou fabriquées par des humains qui sélectionnent les variables érigées en « facteurs de risque », comme par exemple le passé judiciaire mais aussi l’emploi, l’origine, le genre ou parfois la couleur de peau. → Le choix de ces variables est loin d’être « neutre, objectif ou athéorique ». → Par ailleurs, nombre de ces critères d’évaluation appellent un travail d’interprétation de la part de l’évaluateur-cocheur (beaucoup, assez, souvent, … = signification ?). o Ex : des facteurs à « scorer » tels que « le style de vie antisocial » ou « le manque de coopération avec l’agent de probation » mettent en jeu des jugements de valeur et supposent une interprétation subjective. → On est très loin de la « neutralité statistique » régulièrement revendiquée. (Cartuyvels, Y. « Expertise et échelles de risques : réaction aux propos du docteur Leistedt », Conférence sur la libération conditionnelle, 17 mars 2018, USL-B, Non publié). 78 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein c) Conclusion La clinique, l’entretient clinique, l’expérience dans le champ de la santé mentale, continuent à être incontournables si on veut préserver la compréhension du crime, de la déviance du délit ou même de l’infraction. Miser tout sur la statistique, même « dynamique », nous amène vers une pratique emplie d’automatismes, ou il n’est pas nécessaire d’avoir une formation spécifique sur la psychopathologie, ou on pourrait même rêver un jour qu’un robot réalise la procédure… 2.Outils de l’expertise a) L’évaluation/entretient clinique L'entretien n'est pas juste une discussion, il y a quelques spécificités → Il faut un cadre → Celui qui mené l'entretien reste dans une position neutre C’est le centre de la démarche, car c’est au cours des rencontres cliniques, des entretiens, qu’on pourra approcher la subjectivité du sujet, de son histoire, de son état actuel, etc. La rencontre clinique apporte un regard sur le sujet qui n’est pas remplaçable par des informations contenus dans un dossier, même si celui-ci est très « complet » Il y a 3 manières de faire un entretien, 3 types Entretien structuré Paradigme de l’anamnèse psychiatriques : avant de rencontrer le patient, on a déjà établi quels sont les contenus que l'on doit recueillir à l'entretien → L’entretien structurel correspond davantage au modèle médical, la manière dont la psychiatrie classique concevait la manière de faire le lien avec le patient. L’intérêt est d’avoir davantage d’informations. Plus l’entretien est structuré, plus on a d’infos C’est le psychiatre qui mené le cours de l’entretien de manière très très forte → Il va poser des questions très précises qui incitent voir font pression pour que l’auteur d’un éventuel crime puisse donner des réponses satisfaisantes pour répondre à ces questions Entretien non-structuré Paradigme de l’entretiens psychanalytique Il n’y a pas de questions précises, on va simplement suivre le discours du sujet → Consiste à donner accès à la subjectivité de la personne. On veut laisser l’entretien se dérouler spontanément. Plus l’entretien est non structuré, moins on a d’informations, certes, mais plus on a accès à la subjectivité de la personne en face nous Entretien semi structuré La manière ou l'expertise peut entretenir l'entretien de manière plus féconde Il y a deux moments, comme un compromis → Mettons un entretien d’une heure avec un inculpé pour assassinat : o durant les 30 premières minutes, l’on fera un entretien non structuré où l’on laissera parler la personne comme elle veut. On lui laisse le champ livre pour la personne l’organise comme elle le souhaite. o La demi-heure restante servira à faire un entretien structuré où l’on posera des questions plus dirigées à l’inculpé afin de recueillir des informations nécessaires. → Entretien non structuré en laissant venir le sujet avec ce qu'il veut et le suivre par rapport à ce qu'il amène 79 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein On combine donc les 2 modèles d’entretien pour parvenir à satisfaire deux nécessités : → avoir accès à la subjectivité et pouvoir raisonner la structure → recueillir des infos très importantes concernant les faits par rapport à l’accusation MAIS il faut au moins 2 entretiens, car certains aspects du fonctionnement mental, tel qu’un clivage, ne pourront apparaître que dans la comparaison des diverses situations d’entretien → Ex BL : : on ne peut pas diagnostiquer un BL avec seulement un entretien parce qu’il passe d’un état à l’autre (clivage) régulièrement. D’un entretien à l’autre, c’est comme si une personne différente se présentait à nous → Souvent, dans le champ pénal, ce minimum n’est pas rempli : il y a souvent des expertises où il n’y a qu’un seul entretien b) Les tests cliniques Les tests psychologiques (fait par des psychologies et non des psychiatres) sont un complément aux entretiens et ils ne peuvent en aucun cas remplacer l’approche clinique. → Une expertise basée uniquement sur des résultats de tests est une démarche mal réalisée → C’est donc une forme d’observation externe qui permettra de donner un autre regard que celui des entretiens. → La même distinction entre entretiens structurés et non-structurés peut s’établir pour les tests : Test structuré La tâche à accomplir est clairement défini ainsi que les stimuli proposés. → Tests de personnalité, test d’intelligence où l’on demande de donner une signification de certains mots. Il n’y a aucune ambiguïté, aucune anxiété. → Exemple : test d’intelligence de Wechsler, échelles de risque Test non-structuré Les stimuli proposés sont moins définis formellement, dont la taché précise n’est pas déterminée → Ex : test projectif (planches du test de Rorschach), test de relation d’objet de Phillipson, le TAT, … Exemple : on nous met nez à nez avec une tâche blanche. Ce n’est pas nécessairement une tâche perceptive. Il ne s’agit pas de reconnaitre une représentation d’un objet dessiné ou photographié. C’est évident que c’est une tâche. → Il s’agit alors de se laisser aller à une certaine aperception, étant une perception plus active dans laquelle on constitue ce que l’on voit. Nous avons injecté quelque chose de notre réalité psychique et cette perception se donne dans la configuration qui se donne à voir pour nous. → On est constitué de ce que l’on perçoit. Du coup, apparait que cette expérience est très proche de la projection telle que la psychanalyse l’avait formulée. Test projectif Comme leur dénomination l’indique, les tests projectifs trouvent leur fondement dans le concept de « projection ». Chez Freud, ce concept renvoie à une opération défensive à travers laquelle l’appareil psychique expulse de soi et localise dans l’autre ou dans une chose, des désirs, des sentiments ou des qualités → La projection traite ce qui est intérieur comme s’il était extérieur. 80 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein De manière plus générale, la psychologie, notamment la psychologie projective à la base de la création de tests de personnalité, connote avec « projection » les processus suivants : « Le sujet perçoit le milieu ambiant et y répond en fonction de ses propres intérêts, aptitudes, habitudes, états affectifs durables ou momentanés, attentes, désirs, etc. Une telle corrélation de l’Innenwelt et de l’Umwelt est une des acquisitions de la biologie et de la psychologie modernes, notamment sous l’impulsion de la « psychologie de la forme » (psychologie de la Gestalt). Elle se vérifie à tous les niveaux du comportement : un animal découpe dans le champ perceptif certains stimuli privilégiés qui orientent son comportement ; tel homme d’affaires considérera tous ses objets du point de vue de ce qui peut s’acheter ou se vendre (« déformation professionnelle ») ; l’homme de bonne humeur est enclin à voir la « vie en rose », etc. Plus profondément, des structures ou des traits essentiels de la personnalité peuvent apparaître dans le comportement manifeste. C’est ce fait qui est au principe des techniques dites projectives : le dessin de l’enfant révèle sa personnalité ; dans les épreuves standardisées que sont les tests projectifs proprement dit (Rorschach ; T.A.T., par exemple) le sujet est mis en présence de situations peu structurés et de stimuli ambigus, ce qui permet de lire, selon des règles de déchiffrement propres au type de matériel et d’activité créatrice proposé, certains traits de son caractère et certains systèmes d’organisation de sa conduite et de ses émotions ». Quand on demande à un enfant de faire un dessin, cela fera transparaitre sa personnalité. C’est comme si, de manière indirecte par la projection qui est à l’œuvre, on pourrait lire la personnalité. → Exemple : on demande à deux enfants de dessiner une maison. Ils produiront évidemment deux dessins différents faisant attrait à deux personnalités différentes → L’un en fait une petite, dans le coin de la feuille, sans fenêtres : il est plutôt timide, renfermé o Il n’y a pas beaucoup de connexion entre l’interne et l’externe → L’autre prend toute la feuille avec des fenêtres : il est plutôt extraverti et pas timide o Il y a une connexion avec l’interne et l’externe et donc pas de difficulté à communiquer Test de Rorschach Le test de Rorschach, plus couramment appelé « test des taches d'encre », est l'un des tests projectifs les plus connus. Il permet d'évaluer les traits et les lignes de force de la personnalité du sujet analysé. → Fait de 10 planche (en noir et blanc, ou avec des taches rouges ou en couleur) → L’on demande au sujet de dire ce qu’il voit, ou à quoi pourrait correspondre ce qu’il voit dans chaque planche. → Ensuite, on interroge : Où voit-il chaque chose ? (localisation) et qu’est ce qui le fait voir ceci ou cela ? (déterminants) Techniquement ce n’est que des tâches donc il n’y a rien à percevoir MAIS il faut tout de même essayer de voir à quoi cela ressemble : → on sollicite l’aperception : quelque chose de sa propre vie psychique participe à la constitution de ce qu'il voit → Quelque chose de notre expérience vient se greffer au réel qui construit ce que nous voyons Le comportement que l’on a face à ces planches est très révélateur également : si on est anxieux, si on tourne la feuille, les verbalisations du style « oh que c’est beau » (verbalisations d’impressions à répétition), si on bouge beaucoup, si on fronce les sourcils, … Les localisations (où voit on chaque chose ?) sont → G = Globales : Intègre toute la tâche d’encre (capacité de synthèse) 81 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein → D = Détails : Se réfère à partie importante (personnalité analytique) → Db = Détail bizarre : Se réfère à petit détail → S = Espace blanc : Angoisse du vide (dépressif, psychotique, borderline) Les déterminants (qu’est ce qui nous faire voir ceci ou cela?) sont fondamentaux et sont : → F = Forme → C’F = Couleur → FM = Mouvement → FC = Perspective → Ft = Texture → Tous les déterminants ont des significations psychologiques particulières, mais à condition de les analyse en référence à l’ensemble du protocole de réponses. Il n’y a pas de déterminants spécifiques, uniques, pour une pathologie. On doit traiter l’ensemble des déterminants comme indicateurs d’un profil de personnalité Qualité formelle (si la forme F est le principal) → Fo = Populaire → F+ = Créative → Fw+ = Bien vues , bien fondées → Fw- = pas très bien vues, ni bien fondées → Fv = Vague → F- = Mal vue, sans fondement perceptif → Fs = Spoiled, gâché, la réponse, fondement commence bien et se détériore en chemin → Il y a une part d’application du clinicien Avec les localisations et les déterminants, on fait une analyse standardisée et formelle du test → Mais, on intègre aussi les contenus, les types de verbalisation et l’attitude générale durant l’évaluation qui permettent une analyse qualitative des résultats c) La divergence entre experts La procédure a des marges d’erreur, ce qui oblige à penser lucidement ce que veut dire « expert » dans un tel contexte. Ce qui est certain est que l’expert donne un , mais qui ne peut se substituer à la délibération du juge. 82

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