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**[SYNTHESE PHILO]** **[A l'examen]** **1 bonus (surement les fesses avec Aristote)** **1 question sur un des textes** **[Chapitre 1 : qu'est -- ce qu'une couleur ?]** 1. **[Achromatopsie : ]** Aussi appelée cécité chromatique, c'est l'incapacité à percevoir les couleurs. C'est donc différent...

**[SYNTHESE PHILO]** **[A l'examen]** **1 bonus (surement les fesses avec Aristote)** **1 question sur un des textes** **[Chapitre 1 : qu'est -- ce qu'une couleur ?]** 1. **[Achromatopsie : ]** Aussi appelée cécité chromatique, c'est l'incapacité à percevoir les couleurs. C'est donc différent du daltonisme qui ne perçoit pas toutes les couleurs. - Photophobie : peur de la lumière - 1homme /10 est daltonien \-\-\-\-- 1femme/ 50 +/- 1/50 000 rare - Sur la rétine, il y a deux types de cellules : cônes et bâtonnets. - Les cônes servent à voir en journée, en pleine lumière - Les bâtonnets servent à voir la nuit, dans l'obscurité **Achromates** : Ils n'ont pas de cônes, ils voient qu'avec les bâtonnets qui ne sont pas aussi précis que les cônes et qui ont une mauvaise acuité visuelle (2/20 -- 1/10) Ils sont hypersensibles à la lumière et ont une vue bénéfique la nuit. Ils voient sans couleurs car les cellules ne distinguent pas les longueurs d'onde lumineuses. Débat philosophique : Qu'est-ce qu'une couleur ? Elles peuvent être énumérées, montrées mais cette réponse par monstration ne les définie pas. De plus, le philosophe radicalise le problème en demandant à un achromate / aveugle d'expliquer ce que c'est. Pex : *Diderot (1713 -- 1784) : Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient.* 2. **[Une chambre en noir et blanc (Frank Jackson -- 1982)]** **Expérience subjective** : une perception, un ressenti, une émotion, personnellement connu par le sujet par sa connaissance directe. Il connait avec la plus grande certitude ce que c'est mais c'est très compliqué à expliquer et communiquer aux autres. Pex : Les caractéristiques attribuées généralement aux couleurs. **Caractère objectif à la couleur** : Les couleurs sont des propriétés, des choses, des objets, et non des expériences subjectives. Les couleurs ne seraient pas dans l'esprit de celui qui voit, mais dans le monde. (une table, une chaise,...) **Comment les philosophes défendent -- ils le caractère objectif des couleurs ?** Ils partent d'un constat largement accepté : chaque expérience subjective des couleurs est corrélée à la présence de lumière, d'une longueur d'onde unique. *Pex : L'expérience du bleu projette des longueurs d'onde Alpha, vert - Beta.* ![](media/image4.png)Certains philosophes, en se fondant dessus, défendent l'idée que les couleurs sont les ondes lumineuses (développent en disant que les couleurs sont les ondes lumineuses et les réactions neuronales. Ils ne se réfèrent pas au subjectif). **Physicalisme** : rien n'existe sans phénomène physique. **Ontologie** : « relatif à l'être, à ce qui est ». **Physicalisme ontologique =** sur le même plan expérience subjective et état physique Selon le physicaliste ontologique, les expériences subjectives n'existent pas, ce sont des illusions. Cependant, les longueurs d'ondes, la matière, les neurones, eux, sont réels, mais pas les émotions, les perceptions ou les pensées. Donc, l'achromate devrait être capable d'expliquer ce qu'est une couleur : une longueur d'onde. **Franck Jackson (**1943) a imaginé une expérience de pensée pour s'opposer au physicalisme ontologique et défendre la conception subjective. Pour cela, il a imaginé un personnage fictif, Mary. Elle vit dans une chambre en noir et blanc. Elle a tout appris sur la physique des ondes lumineuses et leurs corrélations avec l'expression d'expériences subjectives. P*ex : phrase : ciel bleu, action : s'arrêter devant le feu rouge*. Après avoir décrit cette situation, le philosophe pose la question : « Que se passera-t-il lorsque Mary sera libérée de la chambre en noir et blanc ou lorsqu'elle recevra un téléviseur en couleurs ? Apprendra -t-elle quelque chose de neuf ? » Réponse de Jackson : « il est *évident qu'elle apprendra quelque chose de nouveau à propos du monde et de notre expérience visuelle du monde. Cependant, il était indéniable que sa connaissance antérieure était incomplète. Pourtant, elle avait toutes les informations physiques. Ergo (donc en latin), il est possible d'avoir plus d'informations que les seules informations physiques et donc que le physicalisme est faux.* Problème : les expériences de pensée sont parfois très éloignées de toute expérience commune, ce qui rend difficile de savoir notre réaction dans cette situation. Mais si elle perçoit le bleu lorsqu'elle sort de sa chambre, se serait une nouvelle expérience pour elle. Tous ses cours de neurophysiologie des couleurs n'auront pas réussi à lui faire connaître la sensation de percevoir du bleu. L'expérience du bleu ne serait donc pas réductible au conditions physiques (aux ondes lumineuses notamment) qui lui sont corrélées. 3. **[Découper l'argument ]** - **Prémisse 1** : Mary connait tous les faits physiques concernant la vision des couleurs avant de sortir de sa chambre en noir et blanc - **Prémisse 2** : il lui manque la sensation de voir les couleurs - **Conclusion** : les couleurs ne sont pas exclusivement physiques L'avantage de formaliser l'argument en prémisses et en conclusion est de pointer les faiblesses de l'argument plus facilement. 1. **[Le piège de la banane bleue (2007)]** **Daniel Dennett (1942)**, physicaliste, rejette la seconde prémisse (manquer la sensation des couleurs) car si elle connait tous les faits physiques des couleurs, elle connait les sensations produites. En effet, les sensations font partie intégrale de la description physique des couleurs. Il imagine même une autre fin à l'histoire de mary qui ne se fait pas prendre à la supercherie de la banane bleue car elle connait déjà tout. 2. **[L'incomplétude des connaissances physiques.]** D'autres mettent en doute la 1^ere^ prémisse, il est évident que tous les faits physiques ne sont pas connus. Cependant le scénario porte sur un état idéal où tous les faits physiques le sont. Jackson suppose que cet état de connaissances est possible **Owen Flanagan** se demande si des faits inconnus restent inconnaissables ? *Pex : les trous blancs et les couleurs ne sont pas connu à 100%. Ce n'est pas pour autant qu'ils sont non -- physique. Seront -- ils expliqués un jour ? Nos connaissances physiques ne sont-elles pas vouées à rester incomplètes ? L'ignorance est essentielle.* 1. Faire du vélo Il est possible de critiquer le passage des prémisses à la conclusion en distinguant deux types de connaissances : celles théoriques et celles pratiques. Selon David Lewis, la première prémisse traite de la première connaissance(knowing that) et la seconde prémisse de la seconde connaissance (knowing how). *« On pourrait imaginer un scénario similaire à celui de Mary. Eli connait tout sur la mécanique des vélos et sur la physique du mouvement mais n'a jamais roulé à vélo. Elle connait toute la théorie, pourtant, la première fois qu'elle roule à vélo, elle tombe. »* Lorsqu'elle apprend à rouler, elle n'a appris aucune nouvelle connaissance théorique mais a acquis une compétence pratique. Selon Lewis, c'est la même chose qu'avec les couleurs. Mary a obtenu un nouveau savoir -- faire quand elle a vu la banane bleue. L'expérience n'a pas été pensée par lui mais par ceux qui le commentent. 2. [L'épistémologie n'est pas l'ontologie] **Torin Alter** : il remet en cause la conclusion en distinguant l'épistémologie de l'ontologie. Les deux prémisses portent sur la connaissance des faits physiques. On se situe sur un plan épistémologique (désigne tout ce qui rapporte aux connaissances) or la conclusion porte sur l'ontologie (sur ce qui est et pas sur ce qui est connu, plan de l'être). Est -- il permis de passer si vite de de l'épistémologie à l'ontologie ? On peut en tirer une conclusion plus faible : la connaissance des couleurs se base sur un élément non -- physique fictif pouvant être utile comme les nombres imaginaires en math qui sont utiles pour la connaissance tout en étant reconnu comme impossible ontologiquement. Le caractère non -- physique des couleurs pourrait être du même ordre : utile pour parler des couleurs, mais fictif. L'argument de Jackson ne remettrait donc pas en doute le physicalisme ontologique, mais seulement le physicalisme épistémologique (tout ce qui a connaitre est d'ordre physique.) 3. **Au commencement, il y avait l'expérience** Les connaissances théoriques de la première prémisse sont présentées comme acquises et déliées des expériences subjectives qu'on a des couleurs. Cependant, il faut une expérience subjective préalable avant de constituer une nouvelle connaissance (thermomètre), position similaire à celle de Jackson, par une autre voie. **Edmund Husserl (1859 -- 1938)** : philosophe important qui a décrit l'histoire des sciences, notamment celle de la géométrie et de l'astronomie. Il cherchait à constituer la **phénoménologie**, décrire la manière dont les choses apparaissent et pas elle-même **Maurice Merleau -- Ponty** (1908 -- 1961) : Il poursuivait le projet de Husserl et a remarqué que : *« Tout l'univers de la science est construit sur le monde vécu et si pour vouloir penser à la science elle -- même avec rigueur, en apprécier le sens exact et la portée, faut d'abord réveiller l'expérience du monde dont elle est l'expression seconde »* Jackson se dit de tradition phénoménologique. Cependant il n'a pas pris en compte une expérience subjective qui se cachait dans la première prémisse. Il faut une communauté de bien voyants pour écrire les livres de Mary sur les couleurs. Ces livres ne sont qu'une expression seconde des expériences subjectives des couleurs. En prenant en compte cet élément avec Husserl et Merleau, on peut accepter et refuser l'argument de Jackson car celui -- ci commettrait une **pétition de principe**, une conclusion déjà incluse dans une des prémisses. 3. **[La création de concepts ]** A tout argument, il y a un contre -- argument. Les philosophes argumentent sans cesse dans leur quête de vérité. Ce n'est pas pour obtenir une réponse définitive qu'ils argumentent mais pour le processus car celui -- ci les pousse à être créatif. Et à toute création, son caractère presque poétique qui correspond à l'invention d'un concept ( l'expérience subjective, la connaissance totale, le know how, la phénoménologie,...) **Gilles Deleuze (1925 -- 1995) **: « Faire de la philosophie, c'est comme créer des concepts, comme faire de la peinture c'est créer des lignes et des couleurs. » Les questions posées en philo sont souvent très concrètes. Elles sont liées à des problèmes, situations problématiques pouvant être personnelles, sociales, collectives. 4. **[La caverne de Platon ]** L'expérience de pensée inventée au 20^e^ s s'inspire de cette allégorie (narration mobilisant un ensemble de métaphores concrètes pour parler de notions abstraites.) Dans un dialogue intitulé *La République*, **Platon (428 -- 348 acn )** s'interroge sur le type de gouvernement pour régner dans une cité idéale : - Démocratique (= Le pouvoir au peuple) Remise en cause de la conclusion ➔ distinguant ÉPISTÉMOLOGIE de ONTOLOGIE\ Les 2 prémisses portaient sur la connaissance des faits physiques\ On se situe sur un plan épistémologique(= terme pour designer tout ce qui se rapporte\ aux connaissances) MAIS la conclusion porte sur l'ontologie (= sur ce qui est et NON\ sur ce qui est connu)\ ➔ Est-il permis de passer si vite de la connaissance à l'être, de l'épistémologie à\ l'ontologie ?\ On pourrait en tirer une conclusion : la connaissance des couleurs se base sur un élément\ non-physique. Mais cet élément non-physique des couleurs peut être utile tout en étant\ fictif, comme les nombres imaginaires en mathématiques : la racine carré d'un nombre\ négatif, un nombre tout à fait impossible, permet pourtant de résoudre des équations.\ C'est un nombre utile pour la connaissance tout en étant reconnu comme impossible\ ontologiquement.\ Le caractère non-physique des couleurs pourrait être du même ordre : utile pour parler\ des couleurs, mais fictif. L'argument de Jackson ne remettrait donc pas en doute le\ physicalisme ontologique, mais seulement le physicalisme épistémologique (que\ tout ce qu'il y a à connaître est d'ordre physique).\ 3.4.Au commencement, il y avait l'expérience\ ° Dans la première prémisse, les connaissances théoriques sont présentées comme déjà\ acquises. Ces connaissances sont de ce fait présentées comme déliées des expériences\ subjectives que l'on a des couleurs. ➔En reconnaissant l'origine subjective des\ connaissances objectives, nous défendons une position similaire à celle de Jackson, mais\ par une autre voie.\ ° Edmond Husserl (1859-1938) ; philo, a décrit histoire des sciences (géométrie, astronomie)\ de cette façon ➔il cherchait à constituer la PHÉNOMÉNOLOGIE ➔ n'étudie pas les choses\ telles qu'elles sont en elles-même MAIS décrire la manière dont les choses nous apparaissent\ ° Maurice Merleau-Ponty (1908-1961) poursuit le projet d'Husserl ;\ « Tout l'univers de la science est construit sur le monde vécu et si nous voulons penser la\ science elle-même avec rigueur, en apprécier exactement le sens et la portée, il nous faut\ réveiller d\'abord cette expérience du monde dont elle est l\'expression seconde »\ ° Jackson se réclame de la tradition phénoménologique. Néanmoins, il n'a pas pris en compte\ que, cachée dans la première prémisse, se logeait déjà l'expérience subjective : les livres\ consultés par Mary ne sont qu'une « expression seconde » des expériences subjectives des\ couleurs\ ➔ Jackson commit ; pétition de principe = la ccl était déjà incluse dans une des prémisses. 4\. La création de concepts\ - À tout argument il y a un contre argument ➔les philo ne cessent jamais d'argumenter\ dans leur quête de vérité\ - Ils argumentent car le processus de l'argumentation (et non le résultat) les poussent à\ être créatif ➔s'agit presque de création poétique/,artistique MAIS ceci correspond\ l'invention de concepts ; l'expérience subjective, la connaissance totale, le know-how,\ les faits inconnaissables, la phénoménologie\...\ - Gilles Deleuze (1925-1995), philo français : « Faire de la philosophie, c'est créer des\ concepts, comme faire de la peinture c'est créer des lignes et des couleurs. »\ - Courant de présenter la philo comme discipline qui pose questions abstraites et sans lien\ avec la réalité. La philosophie poserait des questions « hors sol ». MAIS questions\ souvent concrètes car ? liés a des problèmes ➔des « situations problématiques »\ pouvant être personnelles ou sociales/collectives\ 5. La caverne de Platon\ - Allégorie de la caverne➔ allégorie est une narration qui mobilise un ensemble de\ métaphores concrètes pour parler de notions abstraites\ - Platon (428-348 av. J.-C.) s' ? // type de gouvernent qui devrait régner dans une cité\ idéal :\ ° Aristocratique (pouvoir à une élite basé sur le mérite\ ° Démocratique (pouvoir au peuple)\ Pour défendre aristocratie ➔ critique connaissances du peuple + compare peuple a prisonniers\ dans une caverne\ ° Prisonniers ➔ une seule source de lumière derrière eux (ne peuvent pas voir directement cette\ source)\ ° Voient paroi devant eux et ombres des personnes se trouvant à l'extérieur de la caverne et qui\ passent devant l'entrée ➔prisonniers estiment que c'est la réalité\ ° comme dans chambre noir et blanc➔ caverne restreint le types de connaissances : Mary\ pouvait pas voir couleurs ; prisonniers voient pas se qu'il se passe à l'extérieur de la caverne\ Que se passe-t-il quand on sort un prisonnier de la caverne ?\ si on les délivre de leurs chaînes et qu\'on les guérisse de leur ignorance ➔il souffrira, et\ l\'éblouissement l\'empêchera de distinguer ces objets dont tout à l\'heure il voyait les ombres. ; Il\ faudra du temps pour le prisonnier libéré de reconnaître les objets à l'extérieur de la caverne.\ Néanmoins, après un certain temps, il comprendra que ce sont ces objets qui étaient la cause de\ l'ombre sur la paroi de la caverne. ; comprendra que objets + réel que ombres. À l'extérieur, il\ pourra même comprendre que ces objets eux-mêmes sont causés par la lumière du soleil Remise en cause de la conclusion ➔ distinguant ÉPISTÉMOLOGIE de ONTOLOGIE\ Les 2 prémisses portaient sur la connaissance des faits physiques\ On se situe sur un plan épistémologique(= terme pour designer tout ce qui se rapporte\ aux connaissances) MAIS la conclusion porte sur l'ontologie (= sur ce qui est et NON\ sur ce qui est connu)\ ➔ Est-il permis de passer si vite de la connaissance à l'être, de l'épistémologie à\ l'ontologie ?\ On pourrait en tirer une conclusion : la connaissance des couleurs se base sur un élément\ non-physique. Mais cet élément non-physique des couleurs peut être utile tout en étant\ fictif, comme les nombres imaginaires en mathématiques : la racine carré d'un nombre\ négatif, un nombre tout à fait impossible, permet pourtant de résoudre des équations.\ C'est un nombre utile pour la connaissance tout en étant reconnu comme impossible\ ontologiquement.\ Le caractère non-physique des couleurs pourrait être du même ordre : utile pour parler\ des couleurs, mais fictif. L'argument de Jackson ne remettrait donc pas en doute le\ physicalisme ontologique, mais seulement le physicalisme épistémologique (que\ tout ce qu'il y a à connaître est d'ordre physique).\ 3.4.Au commencement, il y avait l'expérience\ ° Dans la première prémisse, les connaissances théoriques sont présentées comme déjà\ acquises. Ces connaissances sont de ce fait présentées comme déliées des expériences\ subjectives que l'on a des couleurs. ➔En reconnaissant l'origine subjective des\ connaissances objectives, nous défendons une position similaire à celle de Jackson, mais\ par une autre voie.\ ° Edmond Husserl (1859-1938) ; philo, a décrit histoire des sciences (géométrie, astronomie)\ de cette façon ➔il cherchait à constituer la PHÉNOMÉNOLOGIE ➔ n'étudie pas les choses\ telles qu'elles sont en elles-même MAIS décrire la manière dont les choses nous apparaissent\ ° Maurice Merleau-Ponty (1908-1961) poursuit le projet d'Husserl ;\ « Tout l'univers de la science est construit sur le monde vécu et si nous voulons penser la\ science elle-même avec rigueur, en apprécier exactement le sens et la portée, il nous faut\ réveiller d\'abord cette expérience du monde dont elle est l\'expression seconde »\ ° Jackson se réclame de la tradition phénoménologique. Néanmoins, il n'a pas pris en compte\ que, cachée dans la première prémisse, se logeait déjà l'expérience subjective : les livres\ consultés par Mary ne sont qu'une « expression seconde » des expériences subjectives des\ couleurs\ ➔ Jackson commit ; pétition de principe = la ccl était déjà incluse dans une des prémisses. 4\. La création de concepts\ - À tout argument il y a un contre argument ➔les philo ne cessent jamais d'argumenter\ dans leur quête de vérité\ - Ils argumentent car le processus de l'argumentation (et non le résultat) les poussent à\ être créatif ➔s'agit presque de création poétique/,artistique MAIS ceci correspond\ l'invention de concepts ; l'expérience subjective, la connaissance totale, le know-how,\ les faits inconnaissables, la phénoménologie\...\ - Gilles Deleuze (1925-1995), philo français : « Faire de la philosophie, c'est créer des\ concepts, comme faire de la peinture c'est créer des lignes et des couleurs. »\ - Courant de présenter la philo comme discipline qui pose questions abstraites et sans lien\ avec la réalité. La philosophie poserait des questions « hors sol ». MAIS questions\ souvent concrètes car ? liés a des problèmes ➔des « situations problématiques »\ pouvant être personnelles ou sociales/collectives\ 5. La caverne de Platon\ - Allégorie de la caverne➔ allégorie est une narration qui mobilise un ensemble de\ métaphores concrètes pour parler de notions abstraites\ - Platon (428-348 av. J.-C.) s' ? // type de gouvernent qui devrait régner dans une cité\ idéal :\ ° Aristocratique (pouvoir à une élite basé sur le mérite\ ° Démocratique (pouvoir au peuple)\ Pour défendre aristocratie ➔ critique connaissances du peuple + compare peuple a prisonniers\ dans une caverne\ ° Prisonniers ➔ une seule source de lumière derrière eux (ne peuvent pas voir directement cette\ source)\ ° Voient paroi devant eux et ombres des personnes se trouvant à l'extérieur de la caverne et qui\ passent devant l'entrée ➔prisonniers estiment que c'est la réalité\ ° comme dans chambre noir et blanc➔ caverne restreint le types de connaissances : Mary\ pouvait pas voir couleurs ; prisonniers voient pas se qu'il se passe à l'extérieur de la caverne\ Que se passe-t-il quand on sort un prisonnier de la caverne ?\ si on les délivre de leurs chaînes et qu\'on les guérisse de leur ignorance ➔il souffrira, et\ l\'éblouissement l\'empêchera de distinguer ces objets dont tout à l\'heure il voyait les ombres. ; Il\ faudra du temps pour le prisonnier libéré de reconnaître les objets à l'extérieur de la caverne.\ Néanmoins, après un certain temps, il comprendra que ce sont ces objets qui étaient la cause de\ l'ombre sur la paroi de la caverne. ; comprendra que objets + réel que ombres. À l'extérieur, il\ pourra même comprendre que ces objets eux-mêmes sont causés par la lumière du soleil Remise en cause de la conclusion ➔ distinguant ÉPISTÉMOLOGIE de ONTOLOGIE\ Les 2 prémisses portaient sur la connaissance des faits physiques\ On se situe sur un plan épistémologique(= terme pour designer tout ce qui se rapporte\ aux connaissances) MAIS la conclusion porte sur l'ontologie (= sur ce qui est et NON\ sur ce qui est connu)\ ➔ Est-il permis de passer si vite de la connaissance à l'être, de l'épistémologie à\ l'ontologie ?\ On pourrait en tirer une conclusion : la connaissance des couleurs se base sur un élément\ non-physique. Mais cet élément non-physique des couleurs peut être utile tout en étant\ fictif, comme les nombres imaginaires en mathématiques : la racine carré d'un nombre\ négatif, un nombre tout à fait impossible, permet pourtant de résoudre des équations.\ C'est un nombre utile pour la connaissance tout en étant reconnu comme impossible\ ontologiquement.\ Le caractère non-physique des couleurs pourrait être du même ordre : utile pour parler\ des couleurs, mais fictif. L'argument de Jackson ne remettrait donc pas en doute le\ physicalisme ontologique, mais seulement le physicalisme épistémologique (que\ tout ce qu'il y a à connaître est d'ordre physique).\ 3.4.Au commencement, il y avait l'expérience\ ° Dans la première prémisse, les connaissances théoriques sont présentées comme déjà\ acquises. Ces connaissances sont de ce fait présentées comme déliées des expériences\ subjectives que l'on a des couleurs. ➔En reconnaissant l'origine subjective des\ connaissances objectives, nous défendons une position similaire à celle de Jackson, mais\ par une autre voie.\ ° Edmond Husserl (1859-1938) ; philo, a décrit histoire des sciences (géométrie, astronomie)\ de cette façon ➔il cherchait à constituer la PHÉNOMÉNOLOGIE ➔ n'étudie pas les choses\ telles qu'elles sont en elles-même MAIS décrire la manière dont les choses nous apparaissent\ ° Maurice Merleau-Ponty (1908-1961) poursuit le projet d'Husserl ;\ « Tout l'univers de la science est construit sur le monde vécu et si nous voulons penser la\ science elle-même avec rigueur, en apprécier exactement le sens et la portée, il nous faut\ réveiller d\'abord cette expérience du monde dont elle est l\'expression seconde »\ ° Jackson se réclame de la tradition phénoménologique. Néanmoins, il n'a pas pris en compte\ que, cachée dans la première prémisse, se logeait déjà l'expérience subjective : les livres\ consultés par Mary ne sont qu'une « expression seconde » des expériences subjectives des\ couleurs\ ➔ Jackson commit ; pétition de principe = la ccl était déjà incluse dans une des prémisses. 4\. La création de concepts\ - À tout argument il y a un contre argument ➔les philo ne cessent jamais d'argumenter\ dans leur quête de vérité\ - Ils argumentent car le processus de l'argumentation (et non le résultat) les poussent à\ être créatif ➔s'agit presque de création poétique/,artistique MAIS ceci correspond\ l'invention de concepts ; l'expérience subjective, la connaissance totale, le know-how,\ les faits inconnaissables, la phénoménologie\...\ - Gilles Deleuze (1925-1995), philo français : « Faire de la philosophie, c'est créer des\ concepts, comme faire de la peinture c'est créer des lignes et des couleurs. »\ - Courant de présenter la philo comme discipline qui pose questions abstraites et sans lien\ avec la réalité. La philosophie poserait des questions « hors sol ». MAIS questions\ souvent concrètes car ? liés a des problèmes ➔des « situations problématiques »\ pouvant être personnelles ou sociales/collectives\ 5. La caverne de Platon\ - Allégorie de la caverne➔ allégorie est une narration qui mobilise un ensemble de\ métaphores concrètes pour parler de notions abstraites\ - Platon (428-348 av. J.-C.) s' ? // type de gouvernent qui devrait régner dans une cité\ idéal :\ ° Aristocratique (pouvoir à une élite basé sur le mérite\ ° Démocratique (pouvoir au peuple)\ Pour défendre aristocratie ➔ critique connaissances du peuple + compare peuple a prisonniers\ dans une caverne\ ° Prisonniers ➔ une seule source de lumière derrière eux (ne peuvent pas voir directement cette\ source)\ ° Voient paroi devant eux et ombres des personnes se trouvant à l'extérieur de la caverne et qui\ passent devant l'entrée ➔prisonniers estiment que c'est la réalité\ ° comme dans chambre noir et blanc➔ caverne restreint le types de connaissances : Mary\ pouvait pas voir couleurs ; prisonniers voient pas se qu'il se passe à l'extérieur de la caverne\ Que se passe-t-il quand on sort un prisonnier de la caverne ?\ si on les délivre de leurs chaînes et qu\'on les guérisse de leur ignorance ➔il souffrira, et\ l\'éblouissement l\'empêchera de distinguer ces objets dont tout à l\'heure il voyait les ombres. ; Il\ faudra du temps pour le prisonnier libéré de reconnaître les objets à l'extérieur de la caverne.\ Néanmoins, après un certain temps, il comprendra que ce sont ces objets qui étaient la cause de\ l'ombre sur la paroi de la caverne. ; comprendra que objets + réel que ombres. À l'extérieur, il\ pourra même comprendre que ces objets eux-mêmes sont causés par la lumière du soleil Remise en cause de la conclusion ➔ distinguant ÉPISTÉMOLOGIE de ONTOLOGIE\ Les 2 prémisses portaient sur la connaissance des faits physiques\ On se situe sur un plan épistémologique(= terme pour designer tout ce qui se rapporte\ aux connaissances) MAIS la conclusion porte sur l'ontologie (= sur ce qui est et NON\ sur ce qui est connu)\ ➔ Est-il permis de passer si vite de la connaissance à l'être, de l'épistémologie à\ l'ontologie ?\ On pourrait en tirer une conclusion : la connaissance des couleurs se base sur un élément\ non-physique. Mais cet élément non-physique des couleurs peut être utile tout en étant\ fictif, comme les nombres imaginaires en mathématiques : la racine carré d'un nombre\ négatif, un nombre tout à fait impossible, permet pourtant de résoudre des équations.\ C'est un nombre utile pour la connaissance tout en étant reconnu comme impossible\ ontologiquement.\ Le caractère non-physique des couleurs pourrait être du même ordre : utile pour parler\ des couleurs, mais fictif. L'argument de Jackson ne remettrait donc pas en doute le\ physicalisme ontologique, mais seulement le physicalisme épistémologique (que\ tout ce qu'il y a à connaître est d'ordre physique).\ 3.4.Au commencement, il y avait l'expérience\ ° Dans la première prémisse, les connaissances théoriques sont présentées comme déjà\ acquises. Ces connaissances sont de ce fait présentées comme déliées des expériences\ subjectives que l'on a des couleurs. ➔En reconnaissant l'origine subjective des\ connaissances objectives, nous défendons une position similaire à celle de Jackson, mais\ par une autre voie.\ ° Edmond Husserl (1859-1938) ; philo, a décrit histoire des sciences (géométrie, astronomie)\ de cette façon ➔il cherchait à constituer la PHÉNOMÉNOLOGIE ➔ n'étudie pas les choses\ telles qu'elles sont en elles-même MAIS décrire la manière dont les choses nous apparaissent\ ° Maurice Merleau-Ponty (1908-1961) poursuit le projet d'Husserl ;\ « Tout l'univers de la science est construit sur le monde vécu et si nous voulons penser la\ science elle-même avec rigueur, en apprécier exactement le sens et la portée, il nous faut\ réveiller d\'abord cette expérience du monde dont elle est l\'expression seconde »\ ° Jackson se réclame de la tradition phénoménologique. Néanmoins, il n'a pas pris en compte\ que, cachée dans la première prémisse, se logeait déjà l'expérience subjective : les livres\ consultés par Mary ne sont qu'une « expression seconde » des expériences subjectives des\ couleurs\ ➔ Jackson commit ; pétition de principe = la ccl était déjà incluse dans une des prémisses. 4\. La création de concepts\ - À tout argument il y a un contre argument ➔les philo ne cessent jamais d'argumenter\ dans leur quête de vérité\ - Ils argumentent car le processus de l'argumentation (et non le résultat) les poussent à\ être créatif ➔s'agit presque de création poétique/,artistique MAIS ceci correspond\ l'invention de concepts ; l'expérience subjective, la connaissance totale, le know-how,\ les faits inconnaissables, la phénoménologie\...\ - Gilles Deleuze (1925-1995), philo français : « Faire de la philosophie, c'est créer des\ concepts, comme faire de la peinture c'est créer des lignes et des couleurs. »\ - Courant de présenter la philo comme discipline qui pose questions abstraites et sans lien\ avec la réalité. La philosophie poserait des questions « hors sol ». MAIS questions\ souvent concrètes car ? liés a des problèmes ➔des « situations problématiques »\ pouvant être personnelles ou sociales/collectives\ 5. La caverne de Platon\ - Allégorie de la caverne➔ allégorie est une narration qui mobilise un ensemble de\ métaphores concrètes pour parler de notions abstraites\ - Platon (428-348 av. J.-C.) s' ? // type de gouvernent qui devrait régner dans une cité\ idéal :\ ° Aristocratique (pouvoir à une élite basé sur le mérite\ ° Démocratique (pouvoir au peuple)\ Pour défendre aristocratie ➔ critique connaissances du peuple + compare peuple a prisonniers\ dans une caverne\ ° Prisonniers ➔ une seule source de lumière derrière eux (ne peuvent pas voir directement cette\ source)\ ° Voient paroi devant eux et ombres des personnes se trouvant à l'extérieur de la caverne et qui\ passent devant l'entrée ➔prisonniers estiment que c'est la réalité\ ° comme dans chambre noir et blanc➔ caverne restreint le types de connaissances : Mary\ pouvait pas voir couleurs ; prisonniers voient pas se qu'il se passe à l'extérieur de la caverne\ Que se passe-t-il quand on sort un prisonnier de la caverne ?\ si on les délivre de leurs chaînes et qu\'on les guérisse de leur ignorance ➔il souffrira, et\ l\'éblouissement l\'empêchera de distinguer ces objets dont tout à l\'heure il voyait les ombres. ; Il\ faudra du temps pour le prisonnier libéré de reconnaître les objets à l'extérieur de la caverne.\ Néanmoins, après un certain temps, il comprendra que ce sont ces objets qui étaient la cause de\ l'ombre sur la paroi de la caverne. ; comprendra que objets + réel que ombres. À l'extérieur, il\ pourra même comprendre que ces objets eux-mêmes sont causés par la lumière du soleil - Aristocratique (= le pouvoir a une élite basée sur le mérite.) Pour défendre l'aristocratie, Platon critique les connaissances du peuple et le compare à des prisonniers dans une caverne. Ils n'ont qu'une source de lumière venant de derrière. Ils ne peuvent donc pas voir directement la source. Ce qu'ils voient sur la paroi devant eux, ce sont les ombres des personnes qui sont à l'extérieur de la caverne et qui passent devant l'entrée. Comme ce sont les seules images qu'ils n'ont jamais vues, ces prisonniers estiment que celles-ci sont la réalité. *« Assurément, de tels hommes n'attribueront de réalité qu'aux ombres des objets fabriqués. »* Comme dans la chambre en noir et blanc, la caverne restreint le type de connaissances auxquelles ont accès les prisonniers. Que se passe t -- il quand un prisonnier sort de la caverne, pareil que Mary ? Le prisonnier sera ébloui s'il allait vers la lumière donc même s'il est libéré, il ne le fera pas selon Platon. Il faut se forcer à apprendre, c'est trop difficile par soi-même. Réponse : Il faudra du temps pour le prisonnier libéré de reconnaitre les objets à l'extérieur de la caverne. Néanmoins, après un certain temps, il comprendra que ces objets étaient la cause de l'ombre sur la paroi de la caverne et qu'ils sont plus réel que ces ombres qu'il prenait pourtant auparavant pour la réalité. A l'extérieur, il pourra même comprendre que ces objets eux -- mêmes sont causés par la lumière du soleil. Il y a une structure similaire entre l'expérience de pensée de Jackson et l'allégorie de Platon. Dans les deux cas, l'imagination d'une situation d'enfermement restreignant l'accès à la connaissance nous invite à se poser des questions sur ce qui se passera au moment où elle est levée. Mary à accès à de très bonnes sources de connaissances mais manque de perception, de pratique, à l'inverse des prisonniers. Chez Platon, le soleil représente la vérité théorique. C'est une allégorie au lieu d'une expérience de pensée car les différents éléments du scénario représentent autre chose. *Pex : l'éblouissement est une métaphore pour l'expérience de l'apprentissage compliqué. Les ombres sont nos perceptions ordinaires, fausses selon Platon, un pâle reflet de la réalité qui ne nous est pas directement accessible. Le soleil serait la vérité, appelée Idée - Platon* Dans la chambre de Mary, on cherche à apprendre directement quelque chose sur ce qu'est une couleur. Ce n'est ni un symbole ou autre ni une connaissance théorique. L'expérience de pensée est un scénario simple qui permet de tester nos intuitions concernant certaines théories sans faire usage de métaphores. Le philosophe, selon Platon, est le prisonnier qui s'est libéré de ses chaines qui est sorti de la caverne et qui sait que les ombres ne sont que des apparences causées par un soleil véritable. Platon défend une conception devenue classique de la philosophie selon laquelle la philosophie cherche la vérité au -- delà des apparences. Cela justifie le fait que ça devrait être le philosophe qui gouverne la cité car c'est le seul à connaitre la vérité. Platon défend une aristocratie basée sur le mérite intellectuel. Quand Gilles Deleuze définit la Philosophie comme créateur de concept et non comme à la recherche de vérité, il critique clairement Platon. La conception platonicienne de la philosophie s'oppose aux autres humains, restés prisonniers. A l'inverse de la conception deleuzienne, il y a une continuité entre la philosophie et la non -- philosophie car nous créons tous, à notre niveau, des concepts. Les termes de **William James**, **1842 -- 1910**, pour une conception démocratique de la philosophie. 5. **Encadré : la culture de la caverne** **Alfred North Whitehead** (1861 -- 1847), philosophe britannique, soulignait l'importance de Platon dans notre tradition philosophique *« Toute l'histoire de la philosophie (européen) n'est qu'une suite de notes de bas de pages aux dialogues de Platon ».* La caverne a imprégné notre culture bien au -- delà de la philosophie du *stricto sensu*. Des artistes, auteurs, etc se la sont appropriée. *Pex : Les carnets du sous -- sol* de Fiodor Dostoïesveski*, roman de 1864. OU Undergound* d'Emir Kusturica, film de 1995. La trame narrative du roman est l'exact opposé de l'allégorie de la caverne. L'homme du sous -- sol vit dans une cave pour s'extraire de la société et être libre. Le désordre est notre liberté. On préfère etre esclave que vivre dans dans le chaos, cependant les maths seraient une source pour calmer nos angoisses existentielles car elles sont, pour Dostoïevski, une chaine à laquelle on s'accroche pour nous rassurer « le monde est rationnel et ordonné ». Or, elles étaient la vérité pour Platon. Dans la « version russe », c'est en plongeant dans la grotte, en s'éloignant du soleil qu'on peut espérer trouver une vérité, irrationnelle, qui ne nous apportera jamais de calme, une certitude ou paix intérieure mais qui nous rendrai libre selon Dostoïevski. D'une autre façon, Emir Kusturica a retravaillé l'héritage de Platon dans son film, ce qui vaudra au réalisateur franco -- serbe une seconde Palme d'Or au festival de Cannes. Il raconte la vie d'un enfant vivant dans une cave où vivent plusieurs familles communistes au moment de l'invasion allemande (avril 1941, Yougoslavie). Marko, autre personnage, assure le contact entre la cave et le monde extérieur et demande en contrepartie aux habitants de la cave de produire des armes pour soutenir l'effort de la guerre. C'est tellement lucratif qu'il n'informe pas les habitants de la libération de la ville (20-10-1944) et passe des enregistrements. Cependant, pour le 20^e^ anniversaire de l'enfant, son père l'emmène dehors en pleine nuit. Les deux se retrouvent sur un site de commémoration et tirent sur les acteurs des soldats allemands en pensant que c'est toujours la guerre. Les questions posées par Kusturica : N'est -- il pas possible d'éviter le pénible du moment d'éblouissement en sortant dans la pénombre ? Les prisonniers ne veulent -- ils pas sortir ? Les maintient -- ont enfermé pour profiter des bénéfices de leur ignorance ? Ces deux infrapaginales à la caverne de Platon convainquent de la prégnance (force et stabilité d'une structure perceptive) de cette allégorie dans notre culture. Elles illustrent l'idée de James selon laquelle nous faisons tous de la philosophie. Elles font partie intégrante d'un texte malgré qu'elles ne soient pas toujours lues. Créativité **BIBLIOGRAPHIE :** 1. F. Jackson, « Epiphenomenal qualia », *The philosophical quarterly,* vol.32, 127, 1982, p. 127 -- 130 2. Yoichi Sugita, "Expérience in early infancy is indispensable for color perception", *Current biology*, vol. 14, n°14, 2004, 3. D. Dennett, " What RoboMary Knows", *Phenomenal concepts and phenomenal knowledge,* edit. T. Atler et S. Walter, Oxford University Press, 2007, pp. 16 -- 17 4. Hasok Chang, *The invention of temperature*, chapter 1. 5. Merleau -- Ponty, *Phénoménologie de la perception*, Paris, Gallimard, 1945, pp. II -- III 6. Deleuze, Cours sur Leibniz, séance 2, 22 avril 1980 7. Platon, *République*, trad. Georges Leorux, dans *Œuvres complètes,* Paris, Flammarion, 2008. 8. W. James, *Le pragmatisme*, trad. Nathalie Ferron, Paris, Champs -- Flammarion, chapitre 1. 9. A. F. Whitehead, *Process and reality. An essay in cosmology*, New York, 1978, p. 39 10. Dostoïesvki, *Les carnets du sous-sol*, trad. André Markowiez, Arles, 1992, livre 1, chapitre 3. 11. Pour comparer: Dostoevsky and Socrates : The underground Man and the "allegory of the cave", *dostoevsky Studies*, vol. 6, pp 157 -- 164, 1985. 12. M. Eltchaninoff, *Dostoïevski*. *Roman et Philosophie*, Paris, 1998, pp. 36 -- 45 13. Aussi: P. Hoine, « Schaduwen op een grotwand. Plato in de bioscoop.", Streven, 2019. 14. AUTRES : Vision in a complete achromat: personal account; l'ile en noir et blanc : Oliver Sacks **[Chapitre 2 : Que vaut une expérience de pensée ? ]** 1. **Le dilemme du tramway -- Philippa Foot** Le problème du tramway, « *the trolley problem »*, est un problème d'éthique très connu permettant de mettre en perspective ce qui est possible d'entendre par « expérience de pensée » et comment la jugée. Un tram roule à toute vitesse sans pouvoir s'arrêter devant cinq personnes sur les voies. Si rien n'est fait, le tram écrasera les cinq personnes mais si un badaud se trouve à côté du levier de l'aiguillage et l'active, cela évitera d'écraser les cinq personnes mais tuera une autre sur la voie latérale à la place. **Philippa Foot :** philosophe, créatrice du problème, s'est demandé la réaction des gens dans cette situation. **La philosophie expérimentale** tente de poser les questions classiques de la philosophie à des personnes venant de partout pour essayer de déterminer quelles sont leurs intuitions éthiques. Le problème du tramway est souvent posé à des publics variés (âges, genres et cultures différentes). Le choix majoritaire est agir, l'option A. Auditoire / 76% 24% sondage wooclap USA / 81% 19% Ahlenius 2012 Russie / 63% 37% cité dans le Gold 2023 Chine / 52% 48% Dans les études de philosophie expérimentale interculturelles, des sociétés où le choix B serait plus fréquent que le choix A sont introuvées. L'intuition est favorable pour le choix A, probablement fondée sur une sorte de calcul portant sur les conséquences de l'action : entre deux maux : tuer plusieurs personnes ou une seule. Choisir l'action qui comporte le moins de mauvaises conséquences. **Conséquentialisme** : évaluer les conséquences de nos actes afin de juger ceux qui sont préférables. Puisque la majorité répond selon le calcul conséquentialiste, cette posture éthique semble correspondre à l'intuition éthique la mieux partagée. Le conséquentialisme serait donc une sorte d'intuition morale universelle. Pourtant, En modifiant un peu le problème du tramway, les réponses ne sont plus les mêmes. Si, au lieu de devoir actionner le levier, il faut pousser un passant à côté pour sauver les cinq personnes. Que ferions -- nous ? Le conséquentialisme est -- il vrai ? Les conséquences sont les mêmes dans les deux scénarios mais ce n'est pas la même façon de juger. Même si les variations culturelles existent et que dans le second scénario, les répondants ont une tendance moins forte à agir. Nos principes interfèrent et commandent nos actes indépendamment des effets qu'ils peuvent avoir. Pousser est mal sauf en légitime défense. Or, pousser quelqu'un sur les rails est très proche d'une mauvaise action donc on refuse de passer à l'acte. Ne pas tuer est une justification. **Ethique déontologique :** Nos actes sont guidés par nos principes au lieu des conséquences. C'est une distinction entre le conséquentialisme et l'éthique déontologique. Le problème du tramway met en contraste ces deux positions d'éthique. La philosophie expérimentale collabore étroitement avec la psychologie cognitive, rapproche l'éthique déontologique des centres émotionnels dans le cerveau tandis que l'éthique conséquentialiste serait liée aux zones associées à la raison. En effet, dans le premier cas, les parties cérébrales sont situées dans les amygdales s'activent et une partie primitive du cerveau liée aux émotions. Dans le second cas, le cerveau s'active davantage dans la zone du cortex préfrontal dorsolatéral, une partie plus évoluée du cerveau liée au calcul et à la prédiction. 2. **Que faire de nos intuitions ?** Une approche descriptive du dilemme : détailler la façon dont les gens répondent aux différentes versions du problème et décrire ce qui se passe dans leurs cerveaux pendant qu'ils y répondent. **David Hume** (1711-1776), philosophe écossais insiste sur la différence entre les énoncés à l'indicatif (qui décrivent ce qui est) et les énoncés à l'impératif (qui disent ce qui doit ou ne pas être). Cette distinction souvent désignée par le couplet is/ought. Décrire comment les personnes font les choix moraux (ce qui est) ne permet pas de conclure quoi que ce soit de ce qu'il faut faire (ce qui doit être). Le surnom de la règle selon laquelle on peut justifier une maxime morale à partir d'une description des faits est la « **guillotine de Hume** ». Par rapport au problème du tramway, les philosophes ne peuvent pas se restreindre à décrire les faits pour juger une action morale. Ils doivent chercher à justifier les réponses ou à les corriger. C'est ainsi qu'on aura trois approches philosophiques en plus de l'approche descriptive au dilemme du tramway : - Justifier nos intuitions - Critiquer nos intuitions en favorisant l'option B - Critiquer nos intuitions en favorisant l'option A - Critiquer le dilemme du tramway en tant que tel 1. **Faire et laisser faire** Quand faut -- il adopter une éthique conséquentialiste et quand faut -- il adopter une éthique déontologique ? Philippa suggère d'adopter l'éthique déontologique par défaut lorsque qu'il faut faire quelque chose. Il est demandé si on veut provoquer directement la mort d'une personne qu'on pousserait par -- dessus la balustrade. Cependant, indirectement, cet acte permet de sauver cinq autres personnes. - On fait du mal en espérant que cela provoquera du bien. Dans le premier scénario, on sauve directement cinq personnes en activant le levier. Tuer la personne sur l'autre voie n'est pas voulu. Sa mort est une conséquence indirecte de l'acte, qui est de base pour sauver les cinq autres personnes. - Le bien provoque du mal et laisse le mal advenir. L'expérience de pensée du tramway permet à Foot de distinguer le fait de faire le mal et laisser faire le mal. On juge plus fermement l'acte de quelqu'un qui fait du mal de celui qui le laisse faire. Selon elle, le problème du tramway permet de mettre en avant cette distinction conceptuelle qu'elle cherche à mettre à profit dans certaines situations médicales. *Pex : Que faire dans le cas où le médicament viendrait à être en pénurie ? Donner le médicament à quelques patients critiques ou à un plus grand nombre moins avancé ?* 2. **Le sacrifice est une question personnelle** **Judith Jarvis Thomson** (1829 -- 1920) a critiqué la façon dont Foot justifie nos intuitions en se fondant sur la distinction de faire et de laisser -- faire. Pour cela, elle a imaginé une autre version comme premier scénario. La voie latérale formerait une boucle où le train passerait sur les cinq personnes que l'on actionne ou non le levier. En revanche, si une personne se trouve sur la voie latérale, le tram s'arrêtera par le poids de la personne. Dans ce cas, ce n'est pas en actionnant le levier que les cinq personnes seront sauvées mais par une personne sur la voie latérale directement tuée. En actionnant le levier, c'est la même chose qu'en poussant la personne dans le second scénario. En revanche, dans ce troisième scénario, on risque d'agir de la même façon que dans le premier scénario avec les rails faisant une boucle ou non que l'action soit différente. La question des rails est non pertinente dans un contexte moral. Selon Thomson, la distinction entre faire du mal et laisser faire du mal ne tient donc pas et ne permet pas de justifier les intuitions morales qui nous font agir dans la première version et celles qui nous retiennent dans le second. Il estime que les différentes versions du problème du tramway portent sur la question du sacrifice. Peut-on sacrifier une personne pour en sauver cinq autres ? Néanmoins, le sacrifice devrait toujours être une question personnelle. Celui qui est disposé à se sacrifier est un héros car il n'hésite pas à sauter devant le tram pour le bloquer en mettant en péril sa propre vie, en se sacrifiant. On peut, chacun pour soi, décider de se sacrifier, d'être un héros, mais peut-on obliger quelqu'un d'autre ? Selon Thomson, il ne faut pousser personne car la personne n'a pas consenti pour se sacrifier. Selon ce même raisonnement, il refuse également d'activer le levier car cela signifie tuer une personne pour le bien des autres mais elle devient aussi une héroïne. Or, selon le principe de Thomson, on ne peut pas décider pour une autre si elle veut être une héroïne. Nous ne pouvons donc pas actionner le levier. Dans les deux versions, Thomson estime qu'on pourrait agir si nous avions le temps de demander à la personne si elle est disposée à se sacrifier pour sauver les 5 autres personnes de manière claire et consciente. 3. **Soyons un peu rationnel !** **Joshua Greene** (1974), décrit ce qui se passe dans le cerveau lorsqu'on pense à chacune des deux versions. Il compare les deux manières de résoudre le problème du tramway avec une théorie cognitive appelée la théorie des deux vitesses, défendue par **Daniel Kahneman** (1934). Selon cette théorie, notre cerveau serait composé de deux systèmes. Le plus souvent, le cerveau fonctionne sans réfléchir, de manière inconsciente, automatique. Toutes les parties du cerveau qui s'activent sans nécessiter qu'on en soit conscient correspondent à ce que Kahneman nomme le **Système-1**, actif lorsqu'il s'agit de réflexe : retirer la main d'une source de chaleur sans réfléchir ; ne pas s'approcher d'un précipice,... Le grand avantage du Système-1 est qu'il est très rapide tandis que **Le Système-2** correspond à d'autres parties cérébrales qui ne s'activent que lentement. C'est lui qui permet un contrôle conscient des décisions en train d'être prises. Il est actif lorsqu'on résout mentalement un calcul un peu compliqué comme 13 x 18 (à l'inverse, les calculs courts déjà répétés pleins de fois comme 2 + 2, système-1)Le Système-1 fonctionne très souvent correctement mais produit aussi des erreurs que système-2 peut corriger. Un exemple de Kahneman a souvent été repris. Il relate en quelques lignes l'histoire suivante : « Linda, trente-trois ans, célibataire, ne mâche pas ses mots, très intelligente, est diplômée en philosophie. Quand elle était étudiante, elle se sentait très concernée par les questions de discrimination et de justice sociale, et avait également pris part à des manifestations contre le nucléaire. » Kahneman liste ensuite deux descriptions possibles de la situation actuelle de Linda : « Elle est employée de banque » (A), « Elle est employée de banque et participe à une association féministe » (B). Il demande ensuite aux participants de dire quelle est la description la plus probable, A ou B. Deux tiers ont répondu B. En outre, statistiquement, il est plus probable qu'un événement unique ait lieu qu'un événement en conjonction avec un autre. Par conséquent, il est plus probable que Linda soit employée de banque (événement unique) qu'elle ne soit employée de banque en conjonction avec un autre événement (membre d'une association féministe) Au lieu de répondre à la question en respectant les règles statistiques de base, faudra appliquer selon Kahneman, une méthode heuristique basée sur les stéréotypes. Nous avons du mal à imaginer une étudiante activiste devenir une employée de banque, raison pour laquelle on choisit une réponse qui rend compte de ce préjugé. Deux systèmes seraient à l'œuvre. D'un côté, un système rapide basé sur une méthode heuristique donnant la réponse B. De l'autre, un système lent basé sur le calcul statistique donnant la réponse A. Même si dans la plupart des cas, les systèmes aboutissent au même résultat, dans ce cas, le système 2 corrige le système 1. Selon Greene, la réponse émotionnelle dans la version 2 du problème du tramway est une réponse du Système 1, une réponse automatique qui fonctionne très bien dans la plupart des cas. Dans la plupart des cas, on fait bien d'éloigner la main d'une tasse brûlante. De même, on ne pousse personne sur les rails. Dans la plupart des cas, le Système-1 suffit pour résoudre ce type de problème, mais il peut arriver qu'un bébé se trouve à nos pieds. Dans ce cas, faut résister à la brûlure afin d'éviter un grand mal (faire tomber la tasse sur le bébé). De la même façon, selon Greene, parfois, il faut pousser la personne pour éviter la mort des autres gens. Ce second choix, qui demande un effort mental est le bon choix selon Greene, car il est rationnel. Il se base sur un calcul et non pas sur des émotions. Le problème du tramway serait un exemple de situation dans lequel le Système 1 s'active à mauvais escient et où le Système 2 devrait prendre le relai. **Encadré** **: La déontologie, version Kant** Dans les débats autour du tramway, les philosophes Anglo -- saxons distinguent deux approches éthiques : l'approche conséquentialiste et celle déontologique. La différence entre elles se situe dans le type de justifications données à nos actions. L'approche conséquentialiste calcule les bénéfices et les effets nuisibles d'une action. Lorsqu'on juge une action de manière conséquentialiste, celle -- ci peut être jugée bonne dans une situation et mauvaise dans une autre. À l'inverse, l'approche déontologique juge une action de manière indépendante de la situation et des effets qu'elle comporte. **Emmanuel Kant** (1724 -- 1804) : philosophe allemand très souvent considéré comme défendant une approche déontologique. C'est vrai, à condition de bien comprendre que dans *Les fondements de la métaphysique de mœurs* (1785), Kant distingue les maximes d**'apparence** déontologique et celles **réellement** déontologique. Pour comprendre cette distinction, il faut insister sur le fait que l'investigation de Kant ne portait pas tant sur la formule de la justification mais sur son fondement. Ainsi, dans la justification du schéma 2, de prime abord déontologique : « Je ne tuerai point » ne mentionne pas les conséquences de l'action dans cette situation. Il s'agit d'un principe qui doit s'appliquer de la même façon peu importe le contexte. Par cela, les philosophes Anglo - saxons contemporains cités dans ce chapitre diraient sans hésiter qu'il s'agit d'une maxime déontologique. Pourtant, selon Kant, il ne suffit pas de regarder la maxime pour savoir si elle est véritablement déontologique ou non. Quelqu'un pourrait respecter la maxime simplement parce qu'il craint d'aller en prison. Dans ce cas, même si en apparence la maxime de son action est déontologique, en réalité, elle ne l'est pas. Elle se base sur un calcul (« si je tue, je risque d'aller en prison »). Cette maxime peut -- être respecter par simple automatisme, parce que cette règle a été inculquée depuis l'enfance. Dans ce cas-là, l'action n'est pas faite de manière éthique mais de manière automatique. Selon Kant, cette maxime ne peut être considéré réellement déontologique seulement si celle -- ci satisfait l'impératif catégorique, un principe qui devrait guider la manière de créer les maximes morales (qui servent de justification à nos actions). Ce principe est : « Je dois toujours me conduire de telle sorte que je puisse aussi vouloir que ma maxime devienne une loi universelle. » La question que Kant pose à propos d'une maxime justifiant une action : est-ce que je pourrais vouloir que tout le monde suive cette même maxime ? Si oui, ma maxime serait réellement déontologique. La maxime « Je ne tuerai point » est réellement déontologique si celui qui suit cette règle a pu vérifier par lui-même qu'elle peut être universalisable. Une communauté paisible peut être inventé si tout le monde respecte cette maxime. Au contraire, si certains se mettent à suivre celle contraire (« Je tuerai si nécessaire »), nous vivrions tous dans la peur des uns des autres et se serait impossible d'établir une communauté humaine saine. En quelque sorte, Kant demande d'ajouter une case indiquant le fondement de la justification en dessous de celle -- ci. Si ce fondement est l'impératif catégorique, alors la maxime est réellement déontologique (Kant dit de l'action qui se fonde sur une telle maxime est « réalisée par devoir »). Si le fondement est la peur, l'habitude, le réflexe..., alors il s'agit d'une maxime pseudo-déontologique, déontologique seulement en apparence (Kant dit qu'une action fondée sur une telle maxime est « conforme au devoir » : qui a la forme d'un devoir mais qui n'est pas réalisée « par devoir »). **Schéma 5 : Quel est le fondement de la maxime ?** Les philosophes anglo-saxons contemporains définissent une maxime déontologique uniquement par sa forme (aucune mention du contexte), tandis que pour Kant, à l'inverse, une même maxime peut être en fonction de son fondement soit réellement déontologique soit d'apparence. Joshua Greene estimait que les maximes déontologiques sont guidées par nos émotions. Si c'est le cas, ce ne sont pas des maximes réellement déontologiques selon Kant car celles -- ci doivent être vérifiées qu'elles respectent bien l'impératif catégorique : être toujours rationnelles et pas émotionnelles. Il faut prêter attention aux termes philosophiques, un même terme (pex : « déontologique ») est souvent utilisé d'un auteur à un autre, d'une époque à une autre, d'un champ disciplinaire à un autre, de façon différente. Il ne s'agit pas de départager qui utilise bien le terme, mais de s'habituer, en tant que lecteur, à examiner dans un texte donné, comment tel ou tel terme est employé. 3. **Les limites de l'expérience de pensée** Dans la première section, une approche descriptive est adoptée. Les réponses décrites données aux problèmes du tramway et ce qui se passe dans le cerveau. Dans la seconde section, trois postures possibles : défendre nos intuitions (1er cas) ou remettre en cause nos intuitions (Deux autres cas). Une cinquième approche philosophique par rapport au problème du tramway consiste à critiquer le problème lui-même, ce qui peut se faire de plusieurs façons. L'analogie tient-elle ? À l'origine, Foot avait conçu le problème du tramway pour penser la question de l'avortement. Elle a publié son article en 1967, plusieurs années avant la décision de la Cour suprême américaine dans le cas Woe v. Wade en 1973. C'est aussi l'année où le Royaume Uni a dépénalisé l'avortement (Abortion Act 1967). C'est une période où les pays occidentaux connaissaient des débats importants autour de l'avortement. Pour se forger une opinion, Elizabeth Anscombe (1909-2001), philosophe catholique, demande à plusieurs collègues de défendre leur position. C'est dans ce cadre, sur invitation d'Anscombe, que Foot rédige son article avec la première version du problème du tramway. Le titre est explicite : Le problème de l'avortement et la doctrine du double effet » (doctrine qui distingue entre faire et laisser faire du mal). Foot estimait que même dans un contexte où l'on considère l'avortement comme une mise à mort (construction de son argument sur base d'une concession (consiste à accepter un élément de l'argument inverse afin de montrer que même en acceptant cet élément, la thèse inverse n'est pas tenable), il faut dans certains cas, accepter de recourir à l'avortement. Lorsque la personne enceinte est porteuse d'une maladie nécessitant une intervention chirurgicale qui ne viserait pas à interrompre la grossesse mais l'interromprait quand même. (Lorsqu'on active le levier dans le scénario 1, on ne vise pas à tuer la personne sur la voie latérale mais celle -- ci sera, de fait, tuée). Un grand nombre de féministes ont critiqué l'argumentation de Foot relative à l'avortement car les personnes souffrant d'une maladie non liée à la grossesse sont des cas rares de grossesse. Judith Jarvis Thomson critiquait le contraste entre faire et laisser faire du mal. Elle pointait également le fait que l'analogie entre le tramway et la grossesse n'est pas très bonne parce que dans le cas du tramway, l'action qui permet de sauver une vie est très courte, quelques secondes. À l'inverse, dans le cas d'une grossesse, on parle d'une « action » qui dure plusieurs mois. Selon Thomson, cette considération doit être prise en compte dans l'évaluation de la situation d'une personne qui voudrait avorter. Or, le scénario de Foot élimine l'élément temporel de l'équation. Par conséquent, Thomson invente un contre-scénario, l'expérience de pensée du violoniste : Vous vous réveillez attaché par des tubes à un violoniste qui se trouve en danger de mort à cause d'une maladie aux reins. Vous êtes la seule personne avec les bonnes caractéristiques sanguines pour laver le sang de son rein. C'est pourquoi une équipe médicale est allée chez vous et qu'elle a connecté, à votre insu, le violoniste à votre système sanguin. Si vous le déconnecté, il meurt. Sinon, vous restez connectés, mais dans neuf mois seulement, quand les reins du violoniste seront rétablis. Devez-vous accepter de rester neufs mois connectés à ce violoniste ? Cette question, proposée par Thomson en 1971, a influencé la décision de la Cour suprême des États-Unis qui, deux ans plus tard, allait permettre l'avortement dans tout le pays. Réponse : Probablement en se demandant si la comparaison proposée tient mieux que celle du tramway. Pex, on peut se demander si un fœtus est comparable à un violoniste. Il s'agit d'une question critique à poser pour chaque expérience de pensée : est-elle suffisamment similaire à la situation qu'on est en train d'examiner ? Thomson critique de deux façons distinctes l'argument de Foot. De premier abord, elle estime qu'il ne faut pas défendre l'intuition d'agir dans un cas et pas dans l'autre car, selon elle, il ne faudrait agir dans aucun des deux cas. Dans cette première critique, elle ne traite que du problème du tramway sans se préoccuper du problème concret qu'est l'avortement. Dans un second temps : Thomson s'en prend à l'utilisation de ces scénarios pour éclairer les questions sur l'avortement. Plus générale sur la pertinence des expériences de pensée, **Philip Kitcher** (1947), indique que toute expérience de pensée doit être jugée par rapport au problème qu'elle cherche à éclairer. C'est de cette façon qu'il critique une expérience de pensée de Peter Singer : « Vous êtes bien habillé parce que vous rendez à une soirée mondaine. En chemin, vous passez près d'un étang dans lequel se trouve un enfant clairement en danger. Même si l'étang n'est pas très profond, il se noiera si personne n'intervient. Vous êtes la seule personne à proximité. Entrer dans l'étang mouillera et salira vos vêtements, de telle sorte que vous ne seriez plus en état d'aller à l'évènement où vous vous rendez. Que devriez-vous faire ? » Kitcher est totalement d'accord que la seule bonne action est de sauver l'enfant. Néanmoins, peut-on, de cette expérience de pensée, conclure quelque chose à propos de la faim dans le monde et de nos actions à prendre pour la combattre ? Singer voudrait qu'on ne fasse plus la fête jusqu'à ce que plus personne ne soit en danger de mort. Il existe pourtant un écart important entre une action concrète, unique, aux conséquences évidentes (dans l'expérience de pensée) et des actions diffuses, aux conséquences incertaines (dans le cas de la faim dans le monde). 4. Le monde n'est pas fait de Lego La critique de Thomson est qu'il faut prendre en compte la durée de l'action qui permet de sauver une vie seulement pour l'usage du problème du tramway autour de la question sur l'avortement. Néanmoins, le problème du tramway resterait intéressant pour penser des situations médicales où il y aurait pénurie de médicaments. **Barbara Fried** ( 1951), critique de façon générale l'usage d'expérience de pensée simplifiée à l'excès. Elle remarque que les problèmes, comme celui du tramway ont certaines caractéristiques : - Connaissance parfaite : « Les conséquences des options possibles sont considérées connues avec certitude avant l'action ». - Acteurs individuels : « les acteurs sont tous des individus ». - Victimes identifiables : « les potentielles victimes \[...\] sont des individus généralement identifiables, proches (géographiquement) de l'acteur ou des acteurs supposés ». - Chaîne causale simple : « la chaine causale entre l'acte et le dommage est assez directe et évidente » - Une option décisive : « les acteurs doivent habituellement prendre une décision unique à propos de comment agir. » Ce sont ces caractéristiques qui expliquent la possibilité d'exposer à un enfant le dilemme du tramway avec quelques rails Lego. Néanmoins, il n'existe presque aucune situation dans la vie qui partage ces caractéristiques. Selon Fried, de telles expériences de pensée n'éclaireraient pas nos choix éthiques car ce sont des situations plus complexes et incertaines. 5. A-t-on seulement une intuition ? Thomson critique l'utilisation des scénarios du tramway pour intervenir dans les débats sur l'avortement. Au contraire, Fried critique de façon beaucoup plus large l'utilisation des scénarios de type tramway et Kitcher, aussi, d'une autre façon encore. Il explique que les intuitions naissent de nos expériences dans un domaine donné. C'est par la rencontre un grand nombre de fois des situations plus ou moins similaires qu'on a une intuition concernant la meilleure façon d'agir dans telle situation. Par conséquent, notre intuition n'est efficace que dans des situations assez similaires à celles que nous rencontrons dans nos vies. Or, les situations dans l'expérience de pensée du tramway sont très éloignées de tout ce qu'on a vécu. QUESTION : Avons -- nous des intuitions valables à propos de situations fictives ? Par ailleurs, Kitcher se demande « Pourquoi devoir considérer pousser une grosse personne comme une option ? Lorsque je me promène dans le monde, que je rencontre des personnes, corpulentes ou non, assises sur le rebord d'un pont, ce n'est pas une habitude d'estimer quel pourrait être leur potentiel en tant qu'obstacle pour bloquer un tramway. » Le problème serait donc mal posé : « lorsqu'on me demande de réagir \[second scénario\], une des options supposées n'est même pas envisageable ». La critique portait sur la pertinence de l'analogie entre l'expérience de pensée et un problème donné ou, plus généralement, les problèmes qui se posent dans la vraie vie. Ici, Kitcher pose une autre question aux expériences de pensée : sont-elles assez proches des expériences vécues pour qu'on ait encore des intuitions à leur propos ? Selon Kitcher, la philosophie deviendrait « pathologique » quand elle invente ce genre d'expériences de pensée « dans lesquelles nous sommes incapables d'entrer ». 6. **Des variations libres** Le dilemme de tramway avait un usage restreint chez Philippa Foot. Thomson avait ajouté un troisième scénario : celui où les rails formaient une boucle. Par après, le problème a reçu un très grand nombre de variations. Certains philosophes se sont demandé par exemple ce qui se passerait lorsqu'on change : - Le nombre de personnes : trois contre cinq au lieu d'un contre cinq. - Les qualités des personnes : cinq vieillards contre un enfant. - Les relations qu'on a avec ces personnes : cinq inconnus contre un partenaire de vie. - Les conséquences pour les personnes : l'une meurt, les cinq autres perdent un membre. - Les espèces : cinq cochons contre un humain. -... Une véritable « trolleyologie » s'est constituée. Kitcher s'est demandé ce qu'on cherche à résoudre comme problème avec toutes ces variations ? Il est facile de faire varier cette expérience de pensée, mais y gagne-t-on vraiment ? Dans *What's the use of philosophy?* livre non traduit. Kitcher considère que la philosophie devrait toujours participer à clarifier des situations politiques, sociales, scientifiques ou autres. Que les philosophes devraient toujours être en dialogue avec la société. Lorsqu' ils commencent à discuter seulement entre eux, sans prises avec des problèmes concrets, la philosophie souffrirait d'une « pathologie ». **Encadré : Une éthique diabolique ?** La série *The Good Place* (NBC, 2016-2020), par Michael Schur, présente des personnages ayant chacun des positions éthiques distinctes. Dans un grand nombre d'épisodes, le contraste entre l'éthique conséquentialiste et déontologique est crucial. Un épisode (Saison 2 - ep 5) porte spécifiquement sur le dilemme du tramway. Le diable, qui suit un cours intensif pour tenter de devenir une bonne personne apporte une solution originale au problème : « Le dilemme est évident. Comment les tuer tous les six ? Je passerais une lame tranchante par la fenêtre pour égorger le gars sur l'autre voie pendant qu'on écrase les cinq personnes sur la voie principale. » L'enseignant tente quand même de l'éduquer car au fond, le diable nous apprend quelque chose sur l'éthique conséquentialiste : même quand nos actions sont basées sur un calcul concernant les conséquences de nos actes, il faut encore savoir le « prix » qu'on attribuera à chaque conséquence. Accordons-nous de la valeur à la survie d'une personne ou plutôt à sa mort ? Au cœur de l'éthique conséquentialiste, des principes permettent d'évaluer les conséquences. La série ne dit pas comment le diable réagirait au second scénario : pousserait-il la personne au bord des rails ou non ? En adoptant son éthique conséquentialiste, il ne la poussera pas afin de maximiser les morts mais s'il adopte un principe moral diabolique (« fais le mal, quand tu le peux »), il pourrait vouloir la pousser. Son contraste entre l'éthique conséquentialiste et l'éthique déontologique persiste. **Annexe : Petit commentaire sur Linda** Kahneman considère que la réponse A (un seul des évents de la conjonction) est plus probable que la réponse B (conjonction de deux événements). Pourtant, cette manière de répondre peut être expliquée sur base d'un raisonnement statistique. Si le calcul statistique est réduit aux deux événements mentionnés. Il est clair que la réponse A est plus probable que la B. Néanmoins, un troisième événement doit aussi être pris en compte, celui de l'interrogateur qui raconte toute l'histoire de Linda : Quelle est la probabilité que quelqu'un donne tant d'éléments à son propos pour aboutir à la conclusion qu'elle est employée de banque ? Si la description de Linda est l'événement Q, que la question à laquelle on tente de répondre ne serait pas de savoir si l'événement A (employée de banque) est plus probable que l'événement A + B (membre d'une association féministe), mais de savoir si A + Q serait plus ou moins probable que A + B + Q. Dans la vie, les gens sont plus souvent confrontés à des situations avec des éléments informatifs pertinents dans la conversation de telle sorte que la réponse A + Q est moins probable que A + B + Q **Pour aller plus loin** En 1967, dans son article « The problem of abortion and the doctrine of the double effect » (Oxford Review, vol. 5), Foot ne décrivait qu'un seul scénario du tram, celui du conducteur qui devait choisir de continuer tout droit ou prendre la voie latérale. Dans l'article « Killing, letting die, and the trolley problem » (The Monist, vol. 59, 1976), J. Thomson donne le nom au problème du tramway. Elle transforme le scénario de Foot en imaginant un badaud au bord des voies à côté d'un levier. Elle ajoute aussi le second scénario avec la personne qu'on pousserait sur les voies. Chez Foot, il s'agit d'un scénario dans une Jeep. En rendant les deux scénarios similaires, Thomson renforçait le contraste entre les deux. C'est grâce à cette réécriture des scénarios de Foot par Thomson que ceux-ci sont devenus célèbres. En 2022, Cambridge University Press publie une sorte d'encyclopédie concernant le problème du tramway : The Trolley Problem. Une synthèse basée notamment sur l'introduction qui retrace l'historique du problème du tramway : un chapitre (chapitre 10, par Natalie Gold) porte sur les variations culturelles, l'autre (chapitre 9, par Joshua Greene) sur ce que les sciences cognitives nous apprennent à propos du problème du tramway. **BIBLIOGRAPHIE ET NOTES DE BAS DE PAGE** 1. Sur les études interculturelles concernant le problème du tramway, voir Natalie Gold, « cross -- cultural responses to trolley problems and their implications for moral philosophy or how I learn to stop worrying and love (constructivist) relativism", *the throlley Problem*, éd. Hallvard Lillehammer, Cambridge, 2023, p.182 -- 210. 2. J. Greene, "Trolleyology. What it is, why it matters, what's taught us, and how it's been misunderstood", *The Trolley Problem*, éd. Hallvard Lillehammer, Cambridge, 2023, p. 165. 3. Daniel Kahneman, *Système 1, système 2. Les deux vitesses de la pensée*, Paris, 2013, ch. 15. 4. Thomson, « A defense of abortion", *Philosophy & publics Affairs*, vol. 1, n°1, 1971, p.48 -49 5. Kitcher, *What's the use of philosophy*, p. 71. Reformule problème mentionné par Singer dans « Famine, affluence, and morality », *Philosophy and Public Affairs*, vol. 1, n°. 3, p. 229-243. 6. Fried, « What does matter ? The case for killing the trolley problem (or letting it die) », The Philosophical Quaterly, vol. 62, 2012, p. 2, 7. Kitcher, *What's the use of philosophy?*, Oxford University Press, p. 77  8. *Idem*. : « So when I'm asked what I'd do in Fat Man on Bridge, one of the supposed options isn't even on the cards ». 9. *Idem.* : « Pathology starts where our inability to enter the scenario begins ». **CHAPITRE 3 : Et donc, je pense ? Les méditations de René Descartes** 1. **Un premier doute** **René Descartes** (1596-1650) a rédigé *Les méditations métaphysiques* en latin en 1639 et a publié en 1641. Cette œuvre est l'une des plus importante de l'histoire de la philosophie. Elle compte six méditations avec des idées développées sur une dizaine d'années par René. Les premières ébauches sont écrites en 1629. Pourtant, pour des raisons narratives (et probablement aussi philosophiques, voir 1^er^ encadré), chaque méditation est présentée comme si elle avait eu lieu sur une seule soirée. Le texte est écrit à la première personne. Dans une première lecture, le lecteur peut penser que cette personne désigne Descartes. Néanmoins, une seconde lecture l'oblige à remettre en question cette interprétation en se demandant qui est ce « je » ? La première des six méditations n'est pas tant métaphysique qu'épistémologique. Elle porte sur les différents types de connaissances. Le début : « Il y a déjà quelque temps que je me suis aperçu que, dès mes premières années, j'avais reçu quantité de fausses opinions pour véritables, et que ce que j'ai depuis fondé sur des principes si mal assurés, ne pouvait être que fort douteux et incertain. »  Descartes distingue dès la ligne initiale un type de connaissances : celles basées sur des témoignages. Pex : Il s'agit d'enseignements reçus par les parents, des informations lues dans les bulletins de presse, données par les horloges. Dans la même phrase, Descartes explique que les connaissances par témoignages sont « fort douteuses et incertaines ». Qu'est-ce qui lui permet de mettre en doute ce type de connaissances sans en mentionner aucun exemple explicite ? Il suggère des exemples de connaissances basés sur des témoignages révélés faux. Descartes, enfant, a appris à l'école le modèle géocentrique (le soleil tournant autour de la terre). Adulte, il a lu le *Dialogue sur les deux grands systèmes du monde* de Galilée paru en 1632. Descartes fut convaincu par le modèle héliocentrique présenté, il a même a rédigé un traité d'astronomie défendant le modèle de Galilée, un livre qu'il décida de ne pas publier par peur de la censure qu'a eu Galilée, condamné en 1633 par l'Inquisition à assignation à résidence à vie. Durant cette soirée (fictive) où il réalise la première méditation, Descartes commence par observer qu'il y a un type de connaissances (les connaissances par témoignages) avéré douteux. Cette observation fait commencer le projet de la première méditation. Puisque ce type de connaissance est douteux, il décide d'en examiner d'autres et voir si ceux-là sont aussi douteux ou peuvent être « certains et indubitables » 2. **Un doute tout naturel** Le second type de connaissances est considéré comme celui de celles basées sur nos sens (ce que je vois, sens, touche,...). Il est possible que les autres mentent lorsqu'ils disent qu'il y a une maison à tel endroit mais si je la vois de mes propres yeux, je serais sûr et certaine qu'elle est là. La vision (comme les autres sens) devrait apporter des connaissances « certaines et indubitables ». Néanmoins, comme pour les connaissances par témoignages, Descartes suggère qu'il est facile de trouver des exemples de situations où l'on croyait voir quelque chose avant de se rendre compte qu'il s'agit d'autre chose. On croyait voir au loin un bâtiment arrondi, alors qu'à l'approche, il est en fait rectiligne. Peut -- on faire confiance à un sens qui nous a déjà trompé ? Aujourd'hui, lorsque le doute présenté concerne les connaissances basées sur les sens, il est souvent mentionné les illusions d'optiques telle celle de Franz Müller-Lyer. Cette illusion est conçue en 1989 et donne l'impression qu'une ligne est plus longue que les autres alors qu'elles sont en réalité de même taille. Descartes commence par glorifier ce type de connaissances, à l'inverse de celles par témoignages. C'est une connaissance sûre. Cependant, après ce premier volet « glorificateur », le second volet critique ce type de connaissance. 3. **Un doute légèrement fou ?** Parmi les connaissances basées sur les sens, certaines paraissent moins sujette à l'illusion et à la méprise. A savoir les connaissances portant sur son propre corps ou sur ce avec quoi nous sommes en contact direct (nos vêtements, le feu qui réchauffe). À nouveau, Descartes commence par un moment glorificateur et continue par une critique de ce troisième type de connaissances, celui de son propre corps. Ce passage comporte aussi un des exemples qui marquent la philosophie : « Et comment est-ce que je pourrais nier que ces mains et ce corps ci soient à moi ? Si ce n'est peut-être que je me compare à ces insensés, de qui le cerveau est tellement troublé et offusqué par les vapeurs noires de la bile, qu'ils assurent constamment qu'ils sont des rois, lorsqu'ils sont très pauvres, qu'ils sont vêtus d'or et de pourpre lorsqu'ils sont tout nus, ou s'imaginent être des cruches, ou avoir un corps de verre. Mais quoi ? Ce sont des fous et je ne serais pas moins extravagant, si je me réglais sur leurs exemples. » L'argument qu'il donne et qu'il rejette en un même geste est celui de la folie. *« Les fous se trompent quant aux habits qu'ils portent ou à la forme de leur corps. »* Cet argument paraît solide. Il se pourrait que je sois fou et que donc je me trompe sur mon propre corps et que ces mains que je vois ne soient pas à moi. Néanmoins, cet argument n'est pas acceptable selon lui car on ne peut pas se considérer soi -- même comme fou comme on n'aime pas se considérer comme tel. Cependant, est-ce qu'un fou pourrait mener à bien une enquête sur les types de connaissances ? Est-ce qu'un fou pourrait reconnaître une connaissance « certaine et indubitable », l'objet même de l'enquête ? Ce passage de Descartes marque à la fois la proximité de la philosophie et celle de la folie, ce qui lui permet d'avancer un doute envers un type de connaissances. Cependant, en même temps, il s'empresse à montrer la nécessité de s'en distinguer, la philosophie ne peut se construire que sur la raison et des arguments raisonnables. Il est raisonnable de mettre en doute les connaissances basées sur les témoignages, et de douter des connaissances basées sur nos sens, mais pour pouvoir avancer ces raisons de mises en doute, il ne faut surtout pas se trouver en dehors de la raison. De là, le cri provenant de cette tirade de René, « mais moi, mais moi, mais moi, je ne suis pas fou ». Comme la folie met en risque son projet, il construit un second argument pour mettre en doute les connaissances de son propre corps : **l'argument du rêve**. À l'instant, il parlait des fous qui pensait être habillés alors qu'ils se baladent nus. Il veut marquer la ressemblance entre la folie et le rêve en remarquant que quand il rêve, lui aussi croit être habillé alors qu'il est tout nu. Descartes, dormait-il tout nu ? Aujourd'hui, cela semble bizarre, mais jusqu'au 19^e^ s et l'invention du pyjama, en Europe, il était très courant de dormir nu. Quoi qu'il en soit, s'il signale sa nudité ici, c'est surtout pour mieux marquer la correspondance avec les fous. Même s'il m'est difficile de croire que je sois en train de rêver, il est pourtant possible que j'y suis entrain et tant que je ne me réveille pas, je ne peux pas le savoir. Le rêve est la lueur de folie que nous partageons tous au moins une fois par jour. Nous sommes un petit fou, pensons être quelque part alors que nous sommes dans notre lit. En outre, comme le rêve est circonscrit dans le temps, il ne menace pas le projet philosophique de Descartes de la même façon que la folie. 4. **Le doute hyperbolique** Jusque-là, Descartes a mis en doute les connaissances factuelles, portant sur les choses du monde. Il existe néanmoins un type de connaissance qui ne porte pas là -- dessus, mais sur des êtres idéaux. Si ces mains que je vois n'existent pas, ne sont pas à moi, il n'en demeure pas moins qu'une main doit ressembler à ce que je vois. Donc, la définition d'une main peut être juste, indépendamment de savoir si elle existe ou pas. C'est ce qu'explique Descartes : « Supposons donc maintenant que nous sommes endormis. \[...\] Toutefois il faut au moins avouer que les choses qui nous sont représentées dans le sommeil sont comme des tableaux et des peintures, qui ne peuvent être formées qu'à la ressemblance de quelque chose de réel et de véritable ; et qu'ainsi, pour le moins, ces choses générales, à savoir, des yeux, une tête, des mains, et tout le reste du corps, ne sont pas des choses imaginaires, mais vraies et existantes » Toutefois, si on se trompe sur les définitions des « choses générales », qu'une main ne ressemble pas à ce que je pense être une main. Néanmoins, parmi les « choses générales », il y en a certaines qui sont encore plus générales, celles mathématiques. Même si je me trompe sur la définition des mains, la vérité du nombre 5 reste, 2+3 = 5. Ce quatrième type de connaissances : les connaissances logiques/ mathématiques/ géométriques. Comme pour celles basées sur les sens et celles de son propre corps, Descartes, mathématicien avant d'être philosophe, les glorifie. « Si nous disons que toutes les sciences dépendant de la considération des choses composées, forts douteuses et incertaines ; mais que l'arithmétique, la géométrie, et d'autres sciences de cette nature, qui ne traitent que de choses fort simples et fort générales, si elles sont dans la nature, ou pas, contiennent quelque chose de certain et d'indubitable. Car, que je veille ou que je dorme, 2+3=5 et le carré n'aura jamais plus de quatre côtés ; et il ne semble pas possible que des vérités si apparentes puissent être soupçonnées d'aucune fausseté ou d'incertitude. » Comme pour les autres types de connaissances, après la célébration, Descartes critique les connaissances logiques / mathématiques / géométriques. Il a déjà récusé en doute les trois premiers types de connaissances en invoquant des situations de la vie quotidienne, néanmoins il ne voit pas de situations où 2+3 = pas 5. Même si, lors d'un moment d'inattention, on se trompe, cela ne suffirait pas à remettre en cause la véracité du résultat. Il suffit de s'appliquer un peu mieux la fois suivante. Pour les remettre en doute, Descartes ne se réfère à aucune situation de la vie quotidienne mais à une hypothèse. « Et si Dieu s'amusait à nous tromper chaque fois qu'on s'appliquait à additionner 2+3 = 5 alors qu'en réalité, le bon résultat est autre ? » Cependant, Descartes ne veut pas accepter l'hypothèse, tout comme celle de la folie. Ce refus peut être expliqué une première fois de façon superficielle en suggérant qu'il n'accepte pas l'idée d'un Dieu méchant parce qu'il reste attaché au christianisme (a étudié dans un lycée jésuite, catholique comme ses amis. C'est une société où l'athéisme est très rarement expliqué et peut-être même craint, voir censuré). Néanmoins, d'autres raisons, philosophiques, pourraient expliquer ce refus. De la même façon qu'il avait trouvé un argument remplaçant celui de la folie, Descartes en trouve un autre pour remplacer celui du Dieu trompeur. Il s'agit de l'hypothèse du Malin Génie. C'est lui, et non Dieu, qui s'efforcerait de nous tromper. Elle ne peut ni être vérifiée ni infirmée car rien au monde ne pourrait s'y opposer puisque le Malin Génie pourrait faire tout pour nous tromper sur son existence, il nous veut du mal. Dans ce cas, on ne parle plus d'un doute naturel qui caractérise les premières mises en doute, mais d'un doute exagéré, nommé habituellement hyperbolique mais peut être qualifier de paranoïaque. Il faut comprendre que Descartes ne croit pas qu'un tel Malin Génie existe. Il émet simplement l'hypothèse afin de voir si certaines connaissances pourraient tout de même être « certaines et indubitables ». Le Malin Génie les brise toutes, la question étant : y a-t-il ne serait-ce qu'une seule connaissance qui résistera à cette machine de destruction massive ? 5. **Je suis, j'existe** Source : *Méditations métaphysiques*, aka *Meditationes de prima philosophia,* aka *méditations sur la première philosophie*. La métaphysique (première définition grossière) est la partie de la philosophie qui se demande ce qui est le plus important en philosophie. Le plus souvent, il est considéré que l'ontologie est la philosophie première (savoir de quoi est fait le monde). Parfois, c'est l'épistémologie (1ere question qu'il faudrait arriver à répondre est ce qui est possible de connaître). D'autres ont soutenu l'idée que c'est l'éthique, la philosophie première (pex : Emmanuel Levinas, affirmait qu'avant de savoir de quoi est fait le monde ou ce que nous pouvons connaître du monde, il faut se préoccuper des autres) Dans les Méditations métaphysiques, Descartes se pose ce genres questions : Qu'est-ce qui est le plus important ? La première méditation n'est pas une méditation métaphysique mais épistémologique. (Partie de la philosophie distinguant les différents types de connaissance et évaluant leurs forces et leurs faiblesses.) En résumé, les résultats de cette méditation épistémologique : Descartes assure vouloir continuer sa quête de connaissances « certaines et indubitables », mais ce premier effort effectué l'a fatigué. Le lendemain fictif, au début de la seconde méditation, Descartes reprend les résultats obtenus la veille : « Je suppose que toutes les choses que je vois sont fausses ; je me persuade que rien n'a jamais été de tout ce que ma mémoire remplie de mensonges me représente ; je pense n'avoir aucun sens ; je crois que le corps, la figure, l'étendue, le mouvement et le lieu ne sont que des fictions de mon esprit. Qu'est-ce donc qui pourra être estimé véritable ? Peut-être rien autre chose, sinon qu'il n'y a rien au monde de certain. » Pourtant, il garde espoir et il tombe sur un cinquième type de connaissances : « Moi donc, ne suis-je pas quelque chose ? ». Il est essentiel de distinguer le type de connaissances, celle de soi, du troisième type, celle de son corps :« Mais j'ai déjà nié que j'eusse aucun sens ni aucun corps. J'hésite néanmoins, car que s'ensuit-il de là ? Suis-je tellement dépendant du corps et des sens, que je ne puisse être sans eux ? Mais je me suis persuadé qu'il n'y avait rien du tout dans le monde, qu'il n'y avait aucun ciel, aucune terre, aucuns esprits, ni aucuns corps ; ne me suis-je donc pas aussi persuadé que je n'étais point ? » Pour répondre à cette question, Descartes est contraint de distinguer son être de son corps. Cependant, il arrive à une connaissance « certaine et indubitable », ce qui est l'objet de sa quête depuis le début des méditations : « Je suis, j'existe \[ego sum, ego existo\], est nécessairement vraie, toutes les fois où je la prononce, où je la conçois en mon esprit. » Je peux douter de l'existence de mon corps, mais je ne peux pas douter que je suis en train de douter. Je peux douter de ce que je connais, et si je me trompe, c'est moi qui me trompe. Ce moi existe pour pouvoir se tromper ou se laisser tromper. 6. **Ego ! Ego quoi ?** La dernière phrase « Je suis, j'existe » est nécessairement vraie. C'est une formule attachée à la philosophie de Descartes : « Je pense, donc je suis ». Je pense, je doute, je me trompe, je crois, j'aime, je rêve,... peut-être que je me trompe sur tout, mais dès lors que je pense, il faut nécessairement que je sois. « Je pense, donc je suis » n'apparaît pas dans les Méditations métaphysiques. Il s'agit d'une phrase que Descartes a écrit dans un livre antérieur. *Le discours de la méthode,*1637. Le chapitre 4 est une version plus condensée de la 1^er^ et 2^e^ méditations. Conclusion : « Mais aussitôt après, je pris garde que, pendant que je voulais penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose. Et remarquant que cette vérité : je pense, donc je suis, était si ferme et si assurée, que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n\'étaient pas capables de l\'ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie, que je cherchais » +-----------------------+-----------------------+-----------------------+ | Type de connaissances | Méthode pour les | Type de doute émis | | | mettre en doute par | par Descartes | | | Descartes | | +=======================+=======================+=======================+ | Connaissance par | Exemple de | Doute naturel | | témoignage | connaissances | | | | obtenues par | | | | témoignage qui se | | | | sont révélées fausses | | +-----------------------+-----------------------+-----------------------+ | Connaissance basée | Exemples de | Doute naturel | | sur les sens | connaissances | | | | obtenues par les sens | | | | qui se sont révélées | | | | fausses (illusions) | | +-----------------------+-----------------------+-----------------------+ | Connaissance de son | L'hypothèse de la | Doute naturel | | propre corps | folie et du rêve | | +-----------------------+-----------------------+-----------------------+ | Connaissance | L'hypothèse que Dieu | Doute hyperbolique | | logique/mathématique/ | nous trompe | | | géométrique | | | | | L'hypothèse du Malin | | | | Génie | | +-----------------------+-----------------------+-----------------------+ Souvent, cette phrase est citée en latin, « Cogito, ergo sum » pourtant, Descartes ne l'a jamais écrite en latin. Elle apparaît dans la traduction latine du Discours de la méthode. Lorsqu'il l'utilise, dans un autre ouvrage (*Principe de la philosophie,* 1644), rédigé en latin. Descartes écrit : « Je pense, je suis », à l'inverse de son traducteur latin, Descartes insiste pour mettre les pronoms personnels (ego) dans la formule, ce qui n'est pas une obligation grammaticale. Il y insiste parce que le fait de parler explicitement du « je » (« ego ») permet d'introduire la question qui suit. Maintenant que je sais que j'existe, il faut répondre à une autre question, une ontologique : que suis-je ? La réponse de Descartes : je ne pouvais pas me définir par mon identité sociale (puisque je ne peux pas faire confiance de façon absolue aux témoignages) ou par mon identité corporelle (puisqu'il a mis en doute l'existence du corps propre). Ainsi, Descartes dira que je suis une « chose pensante », « res cogitans ». La première question concerne Dieu. Pourquoi ne pouvait-il pas accepter l'hypothèse d'un Dieu trompeur ? En plus des raisons extra philosophiques déjà mentionnées (éducation, religion, censure), il existe peut -- être aussi des raisons proprement philosophiques à ce rejet. En effet, la conclusion arrivée avec Descartes est triste : la seule chose dont je peux être sûre, j'existe. Comment, après arriver à faire confiance aux autres types de connaissances mises en doute ? Il signale que Dieu joue le rôle d'intermédiaire entre la connaissance de soi-même à celle des mathématiques, de son corps et du monde. Une autre question portait sur le pronom « je ». Par commodité, dans notre première lecture, nous avons assumé que le « je » du texte se référait à l'auteur. Néanmoins, la conclusion, « je suis, j'existe », « je pense, donc je suis » ne peut ni se dire à la troisième personne ni au passé, ni au futur. Si « Descartes pense, donc il est », rend possible de se tromper sur le fait que Descartes pense : peut-être ne pense-t-il pas ? Ce n'est qu'à la première personne que l'argument est valable, car moi, j'ai une connaissance immédiate du fait que je suis en train de penser quand je pense. Le « je » ne peut pas désigner Descartes car dès le début, le lecteur doit tenter de mettre en doute les connaissances qu'il a. Le « je » n'est pas un artifice décoratif mais la pièce essentielle de l'argument, comme une pièce de théâtre qu'on reformule pour soi. Enfin, le « je suis, j'existe » ne se réfère pas à Descartes. Si les méditations ont été écrite à la première personne, c'est parce qu'elles aboutissent à une vérité certaine et indubitable seulement pour la personne qui est vraiment en train de penser. **Encadré : Les Imitations cartésiennes** Dans un accès de fièvre, d'une leçon orale, votre professeur s'est mis à jouer le rôle de Descartes avec un décor. Cette mise en scène représentait peut-être un matériel pédagogique intéressant. Elle permettait aussi et surtout de rappeler les circonstances matérielles indispensables à toute méditation. Pour méditer, il faut pouvoir se séparer du monde, s'isoler, fermer la porte, être au chaud, ne pas avoir faim. Descartes a indiqué à plusieurs reprises tous ces éléments matériels de la méditation : « Maintenant donc, dit-il au premier paragraphe de la première méditation, que mon esprit est libre de tous soins, et que je me suis procuré un repos assuré dans une paisible solitude, je m'appliquerai sérieusement et avec liberté à détruire généralement toutes mes anciennes opinions. » Cependant, cette mise en scène correspond peut-être à la façon dont il faudrait lire idéalement les Méditations. L'argument de Descartes nous contraint à rejouer les méditations, à les penser par nous-mêmes. Ce n'est qu'en rejouant les scènes qu'on peut aboutir à la conclusion que ça ne peut se dire qu'à la première personne. Il s'agit d'arriver un jour à jouer les Méditations de telle sorte à refaire soi -- même, pour soi, exactement les mêmes réflexions de Descartes car elles nécessitent un engagement des lecteurs. La correspondance entre les Méditations et le théâtre en est un indice. Les Méditations respectent trois règles du théâtre classique. Chaque méditation tient en un jour, se passe dans un seul lieu et ne présente qu'une intrigue (qu'un mouvement argumentatif). Il s'agit des trois règles qui ont été rendu célèbres par les vers de Nicolas Boileau (1636-1711) : « Qu\'en un lieu, qu\'en un jour, un seul fait accompli / Tienne jusqu\'à la fin le théâtre rempli. » 7. **Je pense ou je parle ?** Les deux premiers chapitres présentent l'argument de F. Jackson et celui de Philippa Foot. Il faut cartographier le domaine des réponses possibles à l'argument. Il faudrait faire un tel exercice avec celui de Descartes : Quelles réponses, quelles critiques, quelles interprétations, cet argument a-t-il reçu ? Cependant, le nombre de réponses aux Méditations est énorme. Une ligne simple de réponses, à savoir celles qui ont interrogé le rapport de l'argument de Descartes et de la langue avec laquelle il a écrit. Descartes invite en réalité à réfléchir à ce rapport lorsqu'il affirme à la même conclusion : « Je suis, j'existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, «si vous voulez », « en d'autres termes » «  que je la conçois en mon esprit. » Descartes semble considérer que parler et penser, prononcer et concevoir, sont des synonymes. Pourtant, si son argument ne peut se concevoir qu'en une langue, une question apparaît : malgré sa tentative de s'isoler du monde, ce monde n'y pénètre-t-il pas par la langue utilisée pour former ses pensées ? La langue latine, la langue française ne viennent pas de son propre fond, mais de la société par qui il l'a forcément apprise. Cette langue qu'il parle n'a-t-elle pas à son insu fait passer des connaissances douteuses pour des connaissances certaines et indubitables ? 1. **La pensée qui vient à Nietzsche** **Friedrich Nietzsche** (1844-1900) a remarqué que n

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