Sociologie et Anthropologie des Mondes Contemporains (2024-2025) PDF
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2024
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This document is a past paper for LESPO 1113 Sociology and Anthropology of Contemporary Worlds, 2024. It covers the introduction to sociology and anthropology, and provides an overview of the key concepts. This includes the theoretical foundations of the topic, and an explanation of the two disciplines.
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OCIOLOGIE ET S ANTHROPOLOGIE DES ONDES CONTEMPORAINS M LESPO 1113 Amougou (2024-2025) Partie 1 : Amougou Introduction 1. S ociologie et anthropologie des mondes contemporains, c'est-à-dire?...
OCIOLOGIE ET S ANTHROPOLOGIE DES ONDES CONTEMPORAINS M LESPO 1113 Amougou (2024-2025) Partie 1 : Amougou Introduction 1. S ociologie et anthropologie des mondes contemporains, c'est-à-dire? C’est une initiation aux sociétés contemporaines à travers un regard socio-anthropologique sur le politique, la culture et l’économie 2. P our quel but? Vous aider, via certains fondamentaux théoriques, des éléments d’histoire et d’actualité, à équiper et à stabiliser votre vision et votre lecture des mondes contemporains 3. Quelle démarche? a. La sociologie: La sociologie est la science qui étudie la formation du lien social au sein d’une société donnée. Le mot logos renvoie, en grec, à la science, au discours, à la raison. Le mot socius, en latin, réfère au compagnon, à l'associé, au prochain. Les mots société, association, sociabilité ou social en sont dérivés. La sociologie naît au XIXe siècle. Elle est fille de la révolution industrielle et de la révolution démocratique Quelques faits explicatifs de sa naissance: ❖ La déception des Lumières et le caractère abstrait de leurs théories ❖ La naissance de la question sociale avec la révolution industrielle ❖ Le souci de prendre la question sociale au sérieux ❖ La révolution démocratique Les fonctions de la sociologie: ❖ une fonction cognitive: La sociologie sert à expliquer les phénomènes sociaux, non à les modifier ou les évaluer. Dans une très large 2 esure, c'est l'ambition de Tocqueville, Durkheim, m Weber, Marx, Touraine, Habermas… ❖ u ne fonction critique: Dans ce cas, il s'agit non seulement d'expliquer mais aussi d'évaluer les phénomènes sociaux, c'est-à-dire de porter sur eux un jugement critique (qui peut être positif ou négatif). Dans la tradition fondée par Marx, on trouve une illustration particulièrement forte de cette tradition, même si parfois la visée normative se dissimule derrière un discours en apparence uniquement explicatif. ❖ une fonction de conseil d’expert: Joseph Schumpeter parle de fonction « caméraliste » pour désigner ce rôle d'expert que peut jouer le sociologue. ❖ une fonction expressive: Le sociologue s'exprime, c'est-à-dire qu'il tient un discours subjectif sur la société, discours qui vise à susciter des idées et des émotions chez celui ou celle qui le lit. b. l’anthropologie: L'anthropologie sociale et culturelle a pour objet l'étude des institutions et des productions culturelles qui apparaissent dans l'histoire humaine. q uelques faits explicatifs de sa naissance: Alors que le projet sociologique est né de l'interrogation de la société moderne industrielle sur elle-même, le projet anthropologique émerge, au XIXe siècle également, à partir d’une interrogation sur les autres sociétés, non industrialisées et/ou non-modernes. 'est dans le contexte colonial et impérialiste que C l'anthropologie fait ses premiers pas comme ethnologie. En d’autres termes, son lieu d’interrogation n’est pas la question sociale mais la question coloniale. 3 les fonctions de l’anthropologie: une fonction cognitive: Au fil de son développement, l'objet de l'ethnologie s'est élargi. Ce qui justifie le passage à la notion d'anthropologie. L'approche des « sociétés primitives »s'est transformée en une réflexion sur les premiers stades de l'évolution des sociétés humaines. ❖ une fonction critique: Parce qu'elle est une discipline de l'altérité, l'anthropologie s'est souvent présentée comme une critique radicale des formes de domination, consciente ou inconsciente, de l'Occident sur les autres cultures. Elle constitue aussi une des plus vives mises en question de la représentation de la modernité. ❖ une fonction d’expertise: Deux problématiques globales en constituent les foyers. D'abord, la question du développement des pays du Sud met à l'avant-plan les difficultés de l'ancrage culturel du progrès économique ou politique. Ensuite, la question de l'interculturalité devient sans cesse plus pressante, au Nord comme au Sud, suite aux mouvements migratoires du dernier demi-siècle. ❖ une fonction expressive: Elle est autant présente en anthropologie qu'en sociologie. L'anthropologue est volontiers un auteur et un essayiste brillant. Par exemple, Lévi-Strauss fut le Chateaubriand de l'anthropologie. 4 4. Quelle place dans le champ des sciences sociales? a. l’axe socio-culturel: Cet axe s’intéresse aux relations sociales, aux pratiques culturelles et aux identités collectives. Il explore comment les individus interagissent au sein des groupes sociaux et comment des facteurs comme le genre, la classe ou le pouvoir influencent ces relations. Il met également en lumière les valeurs, symboles et traditions qui structurent les sociétés et leur cohésion. b. l’axe socio-politique: L’axe socio-politique se concentre sur l’État, les institutions et les mécanismes de pouvoir. Il analyse comment les sociétés s’organisent pour établir des règles, maintenir l’ordre social et gérer les conflits. Il examine aussi les relations entre gouvernants et gouvernés, ainsi que les dynamiques de contestation et de changement politique. c. l’axe socio-économique: Cet axe étudie la production, la distribution et la consommation des ressources, ainsi que leur impact sur les inégalités et le bien-être collectif. Il s’intéresse aux systèmes économiques, aux 5 ynamiques du marché et à la manière dont les conditions d matérielles influencent la vie sociale et les opportunités individuelles. Quelques remarques fondamentales 1. L es sociétés traditionnelles VS les sociétés modernes: Hétéronomie (sociétés traditionnelles), c’est une société où la régulation se fait par les mythes, les dieux, les coutumes, les traditions,... Versus Autonomie (société moderne), c’est une société qui veut se réguler elle-même par sa raison, les gens croient en dieu, mais d’abord la science et la démocratie. 2. La démarche socio-anthropologique: Rompre avec les préjugés sociaux et culturels parfois issus des savoirs spontanés, des discours officiels et des discours médiatiques Dénaturaliser les phénomènes sociaux et culturels en ne réduisant pas l’humain au biologique. Ex : Genre / sexe; race; violence… Réaliser un effet politique : « rendre étrange l’évident »(Pierre Bourdieu) Dé-substantialiser le social : appréhender des relations plutôt que des entités. (Exemple: Covid-19, on dit que on va confiner. On voit le confinement comme une politique de sécurité. L’anthropologue va lui regarder ce qui va avoir comme conséquence sur le social, on veut analyser le concept dans la réalité réel) Décentrer les perspectives: prêter attentions aux marges, ne pas analyser le phénomène qu’au centre mais aussi au périphérique pour mieux comprendre la société, on analyse aussi les minorités La sociologie et l’anthropologie sont des sciences de la modernisation: Maîtrise technoscientifique de la nature, Salarisation Droit rationnel, État de droit Sécularisation Essor des sciences modernes… 6 D émarche expérimentale : observation Démarche théorique : formalisation (utiliser des modèles et des concepts précis pour mieux comprendre et expliquer les phénomènes sociaux et culturels.) Articulation avec la technique : avancées réciproques Réflexivité : épistémologique (réfléchir sur l'influence des chercheurs sur leurs propres connaissances.) exemple: un chercheur sur les réseaux sociaux pourrait réaliser que son propre usage intensif influence son analyse. 3. Q uelle économie et quelle approche de l’économie? Une approche substantielle de l’économie (société traditionnelle) Versus Une approche formelle de l’économie (société moderne) a. l’approche substantielle de l'économie: L’économie n’est pas réduite à un marché autorégulateur qui n’y existe pas L’économie est non seulement un ensemble d’activités de production, de consommation, d’épargne et d’investissements, mais aussi de circulations et d’interdépendances dans un territoire donné onclusion: Un encastrement social et culturel de l’économie : C valeurs, besoins, sens (rationalité substantielle) b. l’approche formelle de l’économie: Réduction de l’économie au marché autorégulateur Ajustement des forces impersonnelles que sont l’offre et la demande avec détermination des prix et des quantités. Économie = science de la gestion des ressources rares et de leurs usages alternatifs (rationalité formelle) Conclusion: Désencastrement social et culturel de l’économie 4. B refs rappels historique : le modèle “out of Africa”: Le modèle « out of Africa » est l’hypothèse aujourd’hui la plus robuste dans le domaine de la paléontologie. Ellestipule que l’Homo- Sapiens, « 7 l’homme sage » serait né enAfrique et aurait quitté ce berceau pour partir à la conquêtedu monde entier. a première forme de mondialisation est donc l'occupation de la terre par L l’homme étape par étape grâce à des sauts technologiques. a. Le paléolithique: Âge de la pierre taillée Âge de la pierre polie Maîtrise du feu L’homme est un charognard, nomade et prédateur : chasse, pêche, cueillette b. Le néolithique: Sédentarisation Développement de l’agriculture et de l’élevage L’homme passe de prédateur nomade à producteur sédentaire Diffusion lente de la société agraire sur toute la planète : une forme de mondialisation avant la lettre c. La révolution industrielle: Effets conjugués d’un ensemble de facteurs interdépendants (découvertes techniques, surplus agricole, centralisation politique achevée…) Diffusion rapide : une technicisation rapide de la société MONDIALISATION : THÉORIES ET DISCUSSIONS À PARTIR DU COVID-19 ET DE l’EXPLOITATION ARTISANALE DES MINERAIS EN RDC 1. Quelques aspects théoriques: a. Sur le plan économique: 8 dam Smith (1776) soutient que l'enrichissement individuel, motivé A par l'intérêt personnel, profite à la société grâce à la "main invisible". Il met aussi en avant la division du travail, qui améliore la productivité et favorise la croissance économique en permettant une spécialisation des tâches. la monnaie (globalisation financière): C’est la naissance d’un marché mondial de monnaie et de capitaux. Le système financier devient mondial, il devient un bien public et ouvert à tous. Il y a circulation de dettes et de créances. nthropologue et sociologue pense différemment : les A Hommes sont des êtres mimétiques (qui veulent les mêmes choses) donc il y a de la concurrence. La monnaie est l’objet mimétique. Comme elle est désirée par tous, elle pourrait provoquer des tensions et de la violence si elle n’est pas suffisamment accessible. Donc si société prospère, la violence diminue. Il existe des multiplications de monnaies citoyennes (monnaies secondaires) partout au niveau local. Les citoyens veulent reprendre la maîtrise de la mondialisation, de la monnaie. Cela évite les circuits longs, il y a un objectif écologique. C ommerce (échanges): La mondialisation est la hausse des échanges internationaux. Derrière l’échange, il y a un rapport de domination (quelqu’un travail pour moins que rien dans des conditions misérables). M arché (marché mondial): Ce marché global n’est pas présent partout, ce sont les territoires les plus performants et économiques qui participent à ce marché mondial. Il y a des sociétés ou ces échanges n’est pas au centre de leur vie, ce sont des sociétés dominées par la redistribution et la réciprocité. (Fonctionne sous forme de troc). 9 M ultinationales (hausse du degré de liberté): La mondialisation est la hausse de la liberté des multinationales de s’installer où elles veulent. En même temps, cela diminue la liberté des travailleurs (liberté social), il ne peut pas travailler ou il veut, donc il est victime de la liberté de la multinationale. Les multinationales payent moins d’impôts que les petites entreprises car elle emploie beaucoup de monde, elles rapportent beaucoup d’argent et si on les taxe elles partent alors le politique est obligé de ne pas les taxer. L ’urbanisation (cités globales): La mondialisation crée des mégas cités qui concentrent la majorité des échanges. Plus la ville se développe, plus les pauvres sont rejetés en périphérie. b. Sur le plan politique: Fin de l’histoire (communisme contre capitalisme) (Francis Fukuyama, 1192): Pour lui, la mondialisation est la fin de l’histoire car toutes les sociétés qui veulent se lancer dans la modernisation auront pour point final un champ politique réglé par la démocratie libérale et un champ économique organisé par l’économie de marché. ertains pays ne suivent pas ce modèle (Cuba, Chine, Russie, C Corée du Nord). La Chine, par exemple, a une économie de marché capitaliste, mais elle est dirigée par un parti communiste. Ces pays montrent qu’il existe d’autres manières de s’organiser politiquement et économiquement, ce qui contredit l'idée de Fukuyama que tous les pays évoluent vers un même système. F in des non-alignés (BRICS ?) Les non-alignés étaient un groupe de pays qui, pendant la guerre froide, ne voulaient pas prendre parti ni pour le bloc de l'Est, ni pour le bloc de l'Ouest. 10 ujourd'hui, un nouveau groupe de pays, les BRICS (Brésil, A Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), semble aussi refuser de suivre les règles du jeu fixées par l'Occident. Ce groupe montre une autre façon de se développer, loin de la démocratie libérale. Les BRICS cherchent à affirmer leur propre modèle, ce qui crée une sorte de contre-tendance à la mondialisation occidentale. Confrontation entre les cultures et les identités (Samuel Huntington, 1996) Samuel Huntington a avancé une autre idée : après la guerre froide, les grandes tensions mondiales ne sont plus économiques ou politiques, mais culturelles et identitaires. Il parle d'un "choc des civilisations". Cela signifie que les conflits modernes tournent davantage autour de questions d'identité culturelle que de questions de systèmes politiques. Pendant la guerre froide, la question était : De quel côté êtes-vous ?, après la guerre froide, Huntington dit que la question est devenue : Qui êtes-vous ? Les affrontements sont maintenant basés sur les différences religieuses, culturelles, et identitaires. Par exemple, dans les débats sur des sujets comme le mariage homosexuel, certaines cultures ou religions peuvent être en désaccord profond avec d’autres, créant des tensions culturelles. ONCLUSION : On pourrait penser que la mondialisation va C faire que tout le monde va finir par adopter les mêmes systèmes politiques, économiques, et valeurs. Mais en réalité, c'est plus compliqué. Oui, il y a une tendance à la mondialisation, mais il existe de nombreuses exceptions et résistances. Certains pays, comme la Chine, ne suivent pas le modèle démocratique libéral, et il y a aussi des confrontations entre cultures et identités (comme Huntington l’a souligné). La mondialisation n'est donc pas un processus simple et linéaire, mais un phénomène complexe où se croisent des forces économiques, politiques, et culturelles. c. Sur le plan des rapports de production (Karl Marx): 11 C ontinuation de l’exploitation de la terre et des hommes par le capitalisme (détruire l’Homme et l’environnement) Rapports sociaux = rapports d’argent (égoïsme) colonisation de toute chose par la forme marchandise: Le capitalisme transforme tout en marchandise (santé, enseignement,...) Planète = échelle de l’accumulation inégalitaire d. Sur le plan numérique, l’Homme et la société numérique: Les digital natives : personnes qui sont né avec le numérique L a contraction de l’espace et du temps: Il y a des nouveaux rapports sociaux, ceux-ci nous éloignent entre nous, ceux-ci sont plus rapides. L a complexification et l’intensification des liens entre le proche et le lointain, l’ici et l’ailleurs: Le local et le global sont en interaction permanente. Nos rythmes capitalisme ne sont pas en accord avec les rythmes naturels. Parfois le coup de production est trop élevé, il y a des burnout ou faire des cerises à la mauvaise saison. a nouvelle technologie apporte beaucoup de facilité mais L aussi beaucoup de problèmes. L e rêve de l’autonomie totale et le refus des instances de véridiction: On pensait que l’école allait disparaître avec ses révolutions technologiques, car les gens allaient se former eux-mêmes. Mais NON, l’école est devenue centrale car elle nous apprend à différencier le vrai du faux. L e biais de confirmation et le recul démocratique: La révolution numérique fait naître une société qui rêve à l’horizontalité, par le biais de confirmation : les gens vont voir les réseaux sociaux non pas pour avoir des réponses mais pour vérifier que d’autres gens croient comme eux. 12 L e corps-machine, les nouvelles maladie (FOMO): On rêve de l’homme machine, l’humanoïde se développe. Apparitions de nouvelles maladies : FOMO : quand on n'est pas connecté pendant un petit temps, on angoisse. Le téléphone devient une extension de nous-même L a post-vérité (Fake News): on ne sait plus dissocier le vrai du faux Réduire le coût des interactions humaines: e. Sur le plan de la soutenabilité des écosystèmes: Anthropisation: L’ensemble des interactions historiques. L'anthropisation concerne l'impact humain sur l'environnement. A nthropocène: C’est le style de vie de l’humain qui change de monde. En mettant en place un modèle économique productiviste, ça va engendrer des problèmes sur le climat. Pour faire des transitions juste il faut avoir un anthropocène juste. C onscience globale de culpabilité, de vulnérabilité et de la limite de notre planète: Nous sommes anthropocènes, on a une conscience globale du problème, il y a de la culpabilisation. Nous sommes tous au courant des solutions possibles mais personne ne veut mettre son confort en danger. Notre style de vie est plus important que la santé de la terre. C'est comme la seconde guerre mondiale, tout le monde sait mais personne ne fait rien, plus tard, tout le monde se demande comment nous avons pu faire ça. T ransitions justes: Certains pays pauvres n’ont pas assez de ressources pour faire tourner un hôpital, des enfants meurent,... Et on leur demande de faire les mêmes efforts que les pays riches. Ce n’est pas juste car à l’échelle du monde ils ne le détruisent pas autant que d’autres pays. Les africains ont d’autres priorités que de s’occuper du climat. Tu ne vas pas 13 anifester pour le climat alors que depuis ce matin tu m cherches à manger. 2. Deux cas exemplaires dans la mondialisation: a) L’exploitation artisanale des minerais (coltan et cobalt en RDC): Exploitation illégale, ils construisent un corps minier extra-libérale. Ça veut dire que seules les multinationales peuvent prendre du cobalt. Alors ils font des exploitations artisanales interdites par l'État. L’Etat vient leur prendre des taxes mais ne les font pas dégager, sinon ils iront où ? a thèse de Marie Noël Cikuru : “De la violence aux servitudes : Ces L corps combustibles des marchés de la modernité au Kivu, à l’Est de la République Démocratique du Congo” L’au-delà de la violence: Comme le drogué, la violence a besoin d’une dose supplémentaire pour qu’elle reste la violence chaque fois qu’elle se banalise. Le viol ne suffit plus dit la thèse ; « on viole avec une violence inouïe » ; le viol ne suffit pas à la peine et à la souffrance de la femme violée : s’y ajoute son rejet par sa famille, des grossesses indésirées, des enfants rejetées par les familles ; l’impossibilité de trouver un époux. La prostitution devient dès lors son seul moyen de vivre L ’argent: C' est la représentation moderne de la richesse. C' est la chose la plus désirée par tout le monde. Pour parler comme René Girard, il fait l’objet du désir mimétique de toute la société congolaise. Mais, contrairement aux travaux de Michel Aglietta et d’André Orléan, il ne devient pas l’exutoire de la violence sociale, mais un multiplicateur de violence parce qu’il manque pour la majeure partie de la société. L’argent ne devient pas la victime expiatoire par laquelle la violence disparaît mais plutôt son carburant. Il devient ce 14 ue Karl Marx appelait la prostituée universelle, c’est-à-dire q l’équivalent de la vie et le corrupteur de toutes les valeurs. L e marché global La thèse apporte des leçons remarquables sur le marché global des produits miniers. Elle montre, non seulement les petites mains et les forçats invisibles au niveau global, mais aussi les strates tiers mondistes et/ou périphériques dudit marché global des produits miniers. En d’autres termes, derrière nos belles chaînes en or, nos téléphones portables, nos batteries et voitures électriques, se trouvent à la fois la sueur et le sang d’hommes, de femmes et d’enfants et la souffrance des muscles, des vagins, des pénis, des corps et des cœurs meurtris. La thèse montre ainsi l’humanité défigurée que cachent les chaînes de valeurs et les forces impersonnelles du marché que sont l’offre et la demande. b) L a société pandémique moderne: L’expérience du Covid-19 a généré “une société pandémique moderne” La première caractéristique d’une société pandémique moderne est le fait que c’est une société dont l’image réfléchie est son absence totale. Elle n’est pas absente parce qu’elle est ailleurs. Elle est l’absence même par essence. De là le fait qu’elle cherche à se sauver en étant encore plus absente, c’est-à-dire en multipliant et en renforçant le confinement U ne politique de la vie via la discipline corporelle (port de masques, de gants, distanciation sociale, ne pas aller de soi-même à l’hôpital, ne pas saluer, ne pas embrasser, tousser dans le creux interne de son coude), la discipline spatiale (rester chez soi, délimitation d’un rayon possible de circulation, reconfiguration des espaces par une nouvelle 15 s ignalisation), la discipline consumériste (n’acheter que les biens de première nécessité) et la discipline temporelle (fixation des heures de fréquentation de certains lieux comme le super marchés par tranches d’âges) L a conjonction de la mise à distance des corps et de la proximité de leur régulation organique par les vaccins devient ainsi un instrument d’un dispositif sécuritaire qui fait de la société pandémique moderne une société du post-soin et du tout sécuritaire : Elle sécurise plus qu’elle ne soigne L a société pandémique moderne met en place une démondialisation ou une mondialisation à rebours (régression des interconnexions et des interdépendances) via le confinement, le social distancing, la fermetures des frontières et les mesures barrières our ne pas conclure sur la mondialisation: P L’analyse socio-anthropologique de la mondialisation montre qu’elle est un phénomène complexe où des tendances cohabitent avec des contre-tendances: Globalisation financière versus monnaies citoyennes Délocalisation versus localisation (Covid-19) Homogénéisation (harmonisation) versus différenciation (coca cola cohabite avec une consommation ethnique) Marché dominant versus marché dominé Échanges des cultures versus phagocytage des cultures (patrons culturels) Mondialisation comme opportunités versus mondialisation comme épreuves difficiles… 16 LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE ET SES CONSÉQUENCES 1. D éfinition: La révolution industrielle est un processus d’innovations techniques qui débute au XVIIIe siècle et va se développer par vagues successives tout au long du XIX et du XXème siècle. n peut distinguer quatre révolutions industrielles ou quatre O étapes de la révolution industrielle: La première révolution industrielle dès 1765 : la machine à vapeur La deuxième révolution industrielle dès 1870 : l’innovation énergétique (électricité, pétrole, gaz…) La troisième révolution industrielle dès 1969 : le nucléaire La quatrième révolution industrielle aujourd’hui : l’informatique 2. Quelques effets globaux de la révolution industrielle: Hausse de la productivité, de la mobilité, de l’innovation, du surplus agricole, de l'urbanisation et de la centralisation politique. Transformation capitaliste du rapport social : prédominance de l’argent dans les rapports familiaux ; instabilité sociale et institutionnelle (permanence du mouvement) ; profanation du sacré… Production et consommation cosmopolites : naissance d'un marché mondial 3. Quelques effets spécifiques de la révolution industrielle: a) Le machinisme: 17 ythme de travail donné par l’homme mais il doit s’adapter R au rythme de la machine. Si pas en panne, elle continue. Destruction d’emploi manuelle mais création de nouvel emploie pour s’adapter aux nouveaux emplois. Les trois dimensions du machinisme: La centralisation de la machine dans le processus de production L’omniprésence des machines comme objets utilitaires dans la vie courante L’extension de l’imaginaire machinal (un mécanisme fonctionnel et organisationnel) dans la compréhension et la lecture du monde ’apparition de la machine dans la vie quotidienne des gens L modifie les rapports des hommes entre eux et entre eux et l’environnement via quels mécanismes ? le rapport entre les Hommes: ❖ Distanciation sociale dans une proximité géographique ❖ Proximité technologique mais distanciation sociale ❖ Appauvrissement des relations sociales ❖ Régression des débats R apport entre l’homme et l’environnement : Modification du rapport de l’homme à son environnement : passage d’un rapport quasi direct (forces physiques, outils rudimentaires et autres animaux..) à un rapport indirect ou intermédié par la machine l’énergie: La machine se substitue à l’énergie corporelle (humaine ou animale) très limitée une énergie mécanique« inanimée et plus puissante », c’est-à-dire autre que musculaire la cadence du travail: 18 a machine est articulée et capable de séquences de L travail relativement autonomes : une locomotive à vapeur, une fois lancée, fonctionne (presque) seule grâce à des enchaînements mécaniques le corps: Passage d’un outil comme prolongement de la main de l’Homme à un outil comme remplacement de son corps tout entier. Le corps est devenu un accessoire à la machine. Tentative de remplacement du corps vers un corps machine. b) L a valorisation et l’intensification du travail: La richesse est d’abord redéfinie comme un objectif désirable, s’élevant au rang de valeur morale essentielle. Avec l’avènement du capitalisme, cette conception vient supplanter toutes les autres visions traditionnelles de la morale. ans ce contexte, la division du travail devient un indicateur D clé de la richesse, qu’elle soit individuelle ou nationale. En parallèle, le travail est désormais perçu comme le principal moteur de création des richesses : la valeur d’un bien, et donc son prix, repose sur l’ensemble des opérations de travail nécessaires à sa production. ependant, cette vision du travail s’éloigne d’une expérience C vécue, qu’elle soit marquée par la souffrance ou la créativité. Le travail se transforme en une abstraction mesurable, définie mathématiquement par le temps. Il devient alors synonyme de « temps de travail », que l’on cherche à optimiser en divisant les tâches de la manière la plus efficace possible. mile Durkheim, avec sa théorie de la division sociale du É travail, montre que dans les sociétés modernes, le lien social repose de plus en plus sur la complémentarité entre les individus, comparable à celle des organes au sein d’un même corps. Cette organisation crée ce que Durkheim appelle « la 19 s olidarité organique ». Ainsi, le travail devient le fondement de la différenciation sociale, une caractéristique majeure des sociétés modernes. a valorisation du travail, désormais réduit à une simple L mesure de temps, s’accompagne d’un contrôle strict de la productivité ouvrière. Les travailleurs sont soumis à une discipline rigoureuse, basée sur la ponctualité, une attention constante et des objectifs quantitatifs. Les exigences augmentent, et les femmes ainsi que les enfants sont de plus en plus impliqués dans le travail. ’est cependant grâce aux luttes ouvrières du début du XXe C siècle que cette tendance s’infléchit, aboutissant à l’émergence du rapport salarial fordiste c) L a spécialisation industrielle et ses conséquences sur le vécu au travail: Le passage du paradigme artisanal au paradigme industriel via plusieurs aspects : Fin d’un rapport intime entre travailleur et matières premières puis entre travailleur et produits finis La standardisation : production en série et de masse de biens uniformes Décomposition du processus de production: travail à la chaîne Fin de l’autonomie du travailleur d) L ’organisation scientifique du travail de Frederick Winslow Taylor se concrétise par : Passage de l’organisation du travail au management du travail qu’il va nommer l’organisation scientifique du travail (OST): Le taylorisme marque une transition majeure en organisant le travail de façon méthodique et scientifique. L'Organisation Scientifique du Travail (OST) vise à rationaliser les tâches pour maximiser la productivité et éliminer les pertes de temps. 20 L ’entrée des travailleurs dans le processus de production comme des stocks de temps à optimiser dans le flux de la production: Dans le taylorisme, les ouvriers sont perçus comme des unités de temps à exploiter. Chaque minute doit être utilisée de manière optimale pour contribuer au flux de production. C hronométrage des tâches: Chaque étape du travail est minutieusement chronométrée pour identifier les méthodes les plus rapides et efficaces, réduisant ainsi les mouvements inutiles et augmentant l’efficacité. L utte contre la flânerie, les savoirs de métiers et les corporations: Le taylorisme cherche à éradiquer la "flânerie" (baisse volontaire du rythme de travail) et remplace les savoir-faire artisanaux par des techniques standardisées, éliminant les spécificités propres aux métiers et corporations. U ne division verticale (division hiérarchique du travail) des tâches entre la conception et l’exécution: ingénieurs/concepteurs d’un côté et exécutants (ouvriers) de l'autre: Le travail est séparé entre la conception (ingénieurs et planificateurs) et l’exécution (ouvriers). Cela réduit le rôle des ouvriers à une simple application des consignes sans implication dans les décisions. U ne division horizontale et division verticale des tâches à un même niveau d’activité (division fonctionnelle du travail): Au sein d’un même niveau d’activité, le travail est subdivisé en tâches spécifiques (division horizontale), tandis qu’une hiérarchie (division verticale) contrôle le 21 éroulement des activités pour garantir la d productivité. Un salaire au rendement selon le temps mis pour produire : chronométrage strict du processus de production: Les ouvriers sont rémunérés en fonction de leur productivité, mesurée par le temps nécessaire pour exécuter une tâche. Cela repose sur un chronométrage strict du processus de production pour encourager l’efficacité. onclusion: Letaylorisme, bien que innovant pourson C époque, a souvent été critiqué pour réduire les travailleurs à des outils de production, leur ôtant créativité et autonomie. e) Les conséquences du Taylorisme: Une spécialisation fonctionnelle et hiérarchique du travail: Le travail est organisé en fonctions spécifiques, avec une hiérarchie stricte. Cela implique une séparation nette entre ceux qui prennent les décisions (managers, ingénieurs) et ceux qui les exécutent (ouvriers). S patialisation centre-périphérie du travail et des travailleurs: Le travail est géographiquement et symboliquement divisé : ❖ Centre du travail: là où se trouvent les concepteurs qui réalisent des tâches complexes. ❖ Périphéries du travail: zones où les ouvriers effectuent des tâches simples basées sur des instructions standardisées. L a perte de compétence des artisans: Avec la standardisation et la division du travail, les savoir-faire traditionnels des artisans disparaissent, laissant place à des tâches mécaniques et répétitives. 22 La pénibilité et le travail en miette: e travail devient morcelé en tâches simples et L répétitives, ce qui augmente la pénibilité physique et mentale. Les ouvriers perdent la vision d’ensemble de leur contribution à la production. L a perte de sens: La fragmentation des tâches et la réduction du rôle des ouvriers à des opérations répétitives leur font perdre la compréhension et la signification de leur travail, entraînant frustration et désengagement. L ’accumulation du capital immobilisé grâce à la concentration financière: L’accumulation du capital matériel (machines, infrastructures) est rendue possible par la concentration du capital financier. Cette concentration repose sur : ❖ Les banques spécialiséesdans l’octroi de crédits pour financer les investissements. ❖ Les entreprises: qui investissent ces capitaux dans des outils de production et d’expansion. 4. L es mutations du commerce international et la formation du capitalisme: Ce que la révolution industrielle entraîne sur le commerce international : Mise en place d’une stratégie de conquête des parts de marché par les Etats-nations, notamment la France et l’Angleterre au XIXème siècle C onsolidation réciproque du pouvoir étatique et du pouvoir industriel qui entraîne une restructuration des rapports de force qui redéfinissent à leur tour de nouvelles règles du jeu commercial 23 L es conquêtes entraînent une domination qui reconfigure les rapports de forces entre agents économiques sur le plan national et international C e sont moins les règles du marché et encore moins le libre-échange qui expliquent la domination du commerce international du XVIIIème au XXème siècle par les Etats occidentaux, que des stratégies de conquête colonial (la guerre), d’impérialisme, de domination et de contrôle rendues possibles par le pouvoir étatique et le pouvoir technologique de la révolution 5. L e rapport salarial: Né au Moyen Âge, le salariat instaure une nouvelle dépendance économique, différente de la servitude féodale. Avec l’industrialisation, il se généralise et trouve son cadre principal dans les grandes entreprises, devenues le lien central du rapport salarial moderne. e salariat apparaît également comme une réponse réformiste à la L question sociale posée par le capitalisme industriel. Il régule les droits et devoirs entre employeurs et salariés, structurant ainsi les relations de travail dans les sociétés modernes. I l est important de différencier le servage (une personne est attachée à une terre et dépend d’un seigneur, avec des obligations mais quelques droits limités) et l’esclavage (une personne est considérée comme une propriété sans droits et totalement soumise à son maître) a. Esclavage, capitalisme et marché : deux grandes traites: La traite à destination des sociétés arabo-musulmanes du Moyen-Orient et du Maghreb : du XVIIème au XIXème siècle entre 7 et 12 millions d'Africains du Sud du Sahara déportés. La traite transatlantique : du XVème au XIXème siècle 11 à 12 millions d’Africains déportés vers les Amériques. b. L e servage: L’échange entre seigneur et serf estasymétrique:le serf accepte la soumission en échange de protection ou cède une partie de son travail pour cette protection. Contrairement à l’esclave, qui est 24 t otalement privé de liberté, le serf conserve certains droits, bien qu’il reste dépendant de son seigneur. c. Trois limitations majeures caractérisent le servage: La mainmorte : à sa mort le seigneur hérite des biens du serf ou ses descendants paient une taxe dite taxe de mainmorte Le formariage : le serf ne peut se marier en dehors des dépendants de son seigneur (ou bien il paie une taxe dite de formariage) Le chevage : le serf verser une dîme régulière à son seigneur, une partie importante de son travail d. Esclavages et servages modernes: Leservagea persisté dans certains pays d’Europeoccidentale jusqu’au XIXᵉ siècle, notamment enPrusse, Pologneet Hongrie. En Amérique latine, il a continué après la colonisationsous forme de rapports de dépendance au sein deshaciendas, où lestravailleurs étaient liés à la terre par des obligations économiques. CIVILISATIONS, SÉCULARISATIONS, RELIGIONS SÉCULIÈRES ET SITUATIONS COLONIALES e document Fiducia supplicans publié le 18 décembrepar le dicastère L pour la Doctrine de la foi, autorise la bénédiction des couples homosexuels et des couples "en situation irrégulière", c'est-à-dire qui vivent endehors du cadre traditionnel du mariage "Nous, évêques africains, réaffirmons notre désapprobation de l'homosexualité et des unions homosexuelles", déclarent-ils, avant d'ajouter : "En conséquence, nous interdisons formellement toute bénédiction de 'couples homosexuels' dans l'Église africaine". 25 " La personne humaine est créée mâle et femelle", affirment les responsables de l'Église catholique en référence à la Genèse, et ajoutent : "Cette différence invariable, qui est le fondement de leur relation et de leur complémentarité, s'accomplit dans les liens du mariage". "Dans la culture africaine, cette pratique (l'homosexualité) ne fait pas partie des valeurs familiales et sociales. C'est une violation flagrante de l'héritage que nous ont légué nos ancêtres" Trois manières de réguler l’homosexualité en Afrique : le jeu : de toute manière on ne considère pas le jeu dans la société Sorcellerie est un mode de régulation de de l'homosexualité. (j'ai une vie double) En Afrique il y a des rites pour apprendre aux gens à devenir un garçons/une femme. Donc on met des critères sur les femmes ou sur les hommes. Avec la colonisation, après ça deviendra un péché. Par exemple, même la nourriture et le goût sont sexualisés. Les femmes doivent s’asseoir d’une certaine manière. 1. Q u’est-ce que la culture / la civilisation ? « La culture peut être définie comme l’organisation symbolique d’un groupe, de la transmission de cette organisation et de l’ensemble des valeurs étayant la représentation que le groupe se fait de lui-même, de ses rapports avec les autres groupes et de ses rapports avec l’univers naturel. » MAIS cette définition englobe des éléments variés comme la langue, la religion, les coutumes, l’art, la technologie, le rapport au corps et à l’environnement. Dès qu’il y a humanité, il y a culture. Il convient d’étudier les transformations, confrontations et convergences culturelles qui marquent notre époque. 2. La sécularisation de la société occidentale: a. Une définition: La sécularisation désigne le mouvement de sortie de la religion des sociétés occidentales dès la Renaissance b. I l s’agit d’un double mouvement : D’abord d’une relativisation du discours religieux par rapport à d’autres discours (sciences, la morale autonome, la 26 émocratie, le droit…) Ensuite, et simultanément une perte d de l'emprise de l’institution religieuse traditionnelle sur la société ❖ L a sécularisation externe: Elle relativise la place de la religion dans la totalité sociale. La religion est concurrencée de l’extérieur par des pratiques et des discours qui fournissent des repères symboliques alternatifs : la science, la démocratie, l’art, le droit…autres formes de rapport à la nature, aux autres Hommes et à soi es autres discours concurrents au discours religieux L sont : ★ La science : la nature n’est plus une chose créée par Dieu. Elle devient intelligible à la raison humaine et l’explique par des modèles mathématiques et empiriques (la révolution copernicienne et le Darwinisme). La nature devient même manipulable, la modernité la met à son service et la transforme. ★ L ’art moderne : il se construit au XIXème siècle comme une sphère différenciée de la culture. Il s’agit de la musique, de l’image, de la littérature qui deviennent des canaux privilégiés de l’exploration de la subjectivité et de l’intersubjectivité dans le rapport au monde, aux choses et aux autres. ★. La démocratie moderne: Elle entraîne le renversement des fondements du pouvoir politique. Le monde traditionnel est un monde hétéronome où le pouvoir politique provient des forces surnaturelles invisibles (Dieu, les mythes, coutumes, les croyances…). Dans le monde moderne, le pouvoir provient des 27 ommes, c’est-à-dire d'un contrat entre eux H sur terre. ❖ L a sécularisation interne: Elle traduit la façon dont les religions ont intégré/intériorisé certains aspects de la modernité pour modifier leurs contenus, rites et pratiques. Il y a des degré différents de sécularisation dans les trois grandes religions du livre : Christianisme, Islam, Judaïsme uelques étapes et caractéristiques de la Q sécularisation interne du Christianisme: ★ Prolongement de la réforme protestante ; acceptation progressive de la démocratie et de la république comme formes de gouvernement ; la Constitution Civile du Clergé ; l’acceptation de l’Etat de droit comme la reconnaissance d'un fondement moral non-religieux de l'ordre public ★ L ’Eglise tente de nouer un dialogue avec la science plutôt que de lui opposer un refus obstiné ★ L a stratégie missionnaire développée au sein de la société industrielle à partir de la fin du XIXème siècle : c’est une stratégie de reconquête des classes populaires des campagnes devenues ouvrières avec l’industrialisation. L'Église s’empare de la question sociale ★ L a convocation du concile Vatican II (1962-1965). L’Eglise catholique fait le choix de se tourner résolument vers le monde moderne 28 n reconnaissant certains apports de celui-ci : e reconnaissance du Judaïsme et des acquis de l’humanisme (tolérance, option pour les pauvres…) 3. La pluralité des cheminements religieux: a. L'exemple des USA: LesÉtats-Unisont été colonisés par diverses communautés religieuses qui coexistent depuis la fondation du pays. Ainsi, latolérance religieusey est une réalité historique.Cela explique lapersistance du religieux, qui surprendles Européens. Les USA présentent unesécularisation particulière, où le religieux reste très présent dansl’espace public (serment présidentiel sur la Bible, « In God We Trust » sur le dollar), tout en permettant l’exercice de ladémocratie, la séparation des pouvoirs et laliberté religieuse. b. L’exemple de la Turquie: Il y a quelques décennies, laTurquieétait le paysle plus sécularisé du monde islamique. En 1923,Mustafa Kemal remplaça l'Empire ottoman par un État-nation moderne, introduisant des réformes telles que l'abolition de l’enseignement religieux, la suppression des vêtements religieux, et la substitution de l’alphabet arabe par l’alphabet latin. Les femmes obtenaient le droit de vote en 1934, avant la France. Cependant, lasécularisationturque demeura limitée aux élites, tandis que les masses restaient attachées à l'Islam. Le XXe siècle en Turquie fut marqué par une fracture entre une élite occidentalisée et une population traditionnelle et religieuse. Sous laTurquie d’Erdogan,ce paradigme a été inversé, réinstallant l'Islam au cœur de la société turque. 29